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Submitted on 1 Jan 1970
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Calcul de l’intensité induite par collisions dans les spectres d’absorption atomiques
F. Schuller, B. Oksengorn
To cite this version:
F. Schuller, B. Oksengorn. Calcul de l’intensité induite par collisions dans les spectres d’absorption atomiques. Journal de Physique, 1970, 31 (8-9), pp.755-759. �10.1051/jphys:01970003108-9075500�.
�jpa-00206976�
CALCUL DE L’INTENSITÉ INDUITE PAR COLLISIONS
DANS LES SPECTRES D’ABSORPTION ATOMIQUES
Par F. SCHULLER et B. OKSENGORN
Laboratoire des Hautes
Pressions,
C. N. R.S., 92,
Bellevue(Reçu
le 4 mai1970)
Résumé. 2014 On a étudié l’effet de la présence d’un atome perturbateur sur le moment de transi-
tion d’un atome absorbant, en ne faisant intervenir que l’interaction entre dipôles instantanés du
couple. On montre que si cet effet est faible dans le cas des transitions permises, il peut devenir important pour les raies d’intercombinaison ; on prévoit par ailleurs que des transitions normale- ment interdites peuvent être induites par ce mécanisme d’interaction.
Abstract. 2014 We have studied the effect due to the présence of a perturbing atom on the transi- tion moment of an absorbing atom, by taking into account only the interaction between instanta-
neous dipoles of the pair. It is shown that this effect although small in the case of permitted
transitions can become very important for intercombination lines ; furthermore it is predicted that
transitions normally forbidden can be induced through this interaction mechanism.
Introduction. - On admet
généralement
dans lesthéories de
l’élargissement
des raiesspectrales
que laquantité 1 Jln’n 12, qui
mesure laprobabilité
de transitionentre les états n et n’ ne fait intervenir que le moment
dipolaire
nonperturbé y
= Mo ; en touterigueur
celan’est
permis
que si l’on seplace
dans le cadre de la théorie de choc. Eneffet,
on suppose alors que la durée des collisions est infiniment courte cequi signifie
que l’action du momentdipolaire induit, qui
s’exercependant
cettedurée,
n’a pas d’effet sur l’intensitéspectrale
de la raie. En réalité cetteapproximation caractéristique
de la théorie de choc est troprestrictive,
car elle élimine a
priori
toutepossibilité
d’avoir un spectreélectronique
induit par lapression,
telqu’il
aété observé avec certaines molécules
[1] [2].
En cequi
concerne
plus particulièrement
les atomes, certainsrésultats récents semblent
indiquer
que dans ce casaussi des spectres induits peuvent
apparaître [3] [4]
[5].
Notons enfin que ceproblème
est différent de celui del’absorption infrarouge
induite dansl’hydrogène [6] [7].
Eneffet,
dans ce dernier cas, les électrons neparticipant
pas à la transitionoptique,
le momentinduit est d’un tout autre type que celui que nous sommes amenés à considérer ici. En outre, pour les spectres
électroniques
il n’est paspossible
d’introduireun modèle de moment
induit,
sans faire intervenirexplicitement
la structureélectronique
dusystème.
Dans cet article nous
présentons
un calcul de l’in- tensité induite par les collisions entre atomes, en tenant compte de l’interaction entredipôles instantanés,
donc du mécanismequi
est à la base des forces de London. Nous serons amenés àdistinguer
les deux cassuivants : d’une part les transitions donnant lieu à des raies de type
dipolaire,
de l’autre les transitions inter- dites(par
lesrègles
de sélection du momentdipolaire électrique).
Dans lepremier
cas l’intensité de la raie estLE JOURNAL DE PHYSIQUE. - T. 31, N° 8-9, AOUT-SEPTEMBRE 1970.
simplement
renforcée à la suite de l’effet descollisions,
dans le deuxième cas ils’agira
d’une raie purement induite.Expression générale
de l’intensité induite. - Consi- dérons un atomeoptiquement
actif soumis à des per- turbations exercées par les atomes de son environne- ment ; nous supposons par ailleurs que ces pertur- bations sont des fonctions données du temps(hypo-
thèse des
trajectoires classiques).
Enappliquant
leprocédé
bien connuqui
consiste à traiter lechamp électromagnétique
comme uneperturbation
du secondordre,
on montre quel’énergie absorbée,
dans l’in-tervalle de temps t - to, par l’atome actif se trouvant dans l’état initial n est donnée par
l’expression
sui-vante :
où
8,
estl’amplitude
duchamp électrique
de l’ondeincidente et H l’hamiltonien de l’atome soumis aux
perturbations
del’environnement ;
H et Jlz sont desopérateurs
deHeisenberg dépendant
du temps, les crochetsdésignant
des commutateurs(remarquons qu’on
fait ici comme d’habitudel’approximation qui
consiste à introduire à la
place
du facteur de Boltzmannune fonction
delta).
,Enfin,
si l’état n estdégénéré,
il s’introduit dans la relation(1)*
une sommation sur le nombrequantique magnétique m
de cetétat,
cequi
conduit àl’apparition
d’une trace invariante.
* La relation (1) peut-être obtenue facilement par la méthode de Bloom et Margeneau [8] l’orsqu’on intègre sur toute les fré-
quences du spectre.
52
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01970003108-9075500
756
Considérons maintenant
l’opérateur
d’évolutionU(t) qui figure
dans la définition suivante del’opérateur
deHeisenberg :
Hs
étantl’opérateur
deSchroedinger correspondant.
On peut écrire U sous la forme :
où V est un
opérateur qui diagonalise HS
de sorte que l’on ait :il est évident que
l’opérateur V
est obtenu en résolvantl’équation
deSchroedinger
pour uneconfiguration figée
desperturbateurs.
Supposons provisoirement
poursimplifier,
que les états n et n’ ne soient pasdégénérés.
Nous introduisons alorsl’approximation adiabatique qui
consiste à admettre pour les éléments de matrice de 0l’expression
suivante :
L’élément
diagonal
du double commutateur del’expres-
sion
(1)
est ainsi donné par :Si l’on considère l’intensité d’une raie
spectrale
isoléecorrespondant
à la transition n -+n’,
la relation(1) prend
la forme :En
remplaçant
lesénergies En(t)
par leurs valeurs nonperturbées,
cequi
dans notre cas est une très bonneapproximation,
on obtient pourl’énergie
absorbée parunité de temps
l’expression
suivante :avec
(llz)O
étant le momentdipolaire
nonperturbé.
Le second terme de cette relation
représente
doncl’absorption
induite par les collisions.L’expression (4)
peut être facilementgénéralisée
pour le cas d’une
dégénérescence
des niveaux n etn’,
et on montre alors
qu’il
suintd’y rajouter
une som-mation sur les nombres
quantiques magnétiques
met m’
correspondants.
Calcul de la
probabilité
de transition induite dans lecas d’un
couple.
-L’opérateur
V défini plus haut a été calculé par la méthode de perturbation habituelleappliquée jusqu’au
secondordre,
en posant(I
= matriceunité).
On considère ensuite la différence U) des moments
dipolaires qui
s’introduit dans la relation(5),
pourlaquelle
on al’expression :
Soit
He
l’hamiltonien d’interaction entre un atome actif et un atomeperturbateur,
les divers termes dusecond membre de la relation
(6)
sont alorségaux
à :Dans ces formules les
quantités En
etc...désignent
les sommes des
énergies
des deux atomes.Notons en outre
qu’en
touterigueur y_,
devraitrepré-
senter le moment
dipolaire
ducouple ;
toutefois on peut montrerqu’il
suffit de faire intervenir dans(7)
la
partie correspondant
à l’atome actif.On admet que l’interaction
(du
typeattractif)
entreles
particules
ducouple
considéré est limitée au termedipolaire,
cequi
permet d’écrire :où les indices 1 et 2
désignent respectivement
l’atomeactif et l’atome
perturbateur,
R la distance entre lescentres des deux atomes et n le vecteur unitaire
porté
par l’axe
interatomique.
On traite ensuite le
problème
en introduisant les composantessphériques
du momentdipolaire
Mm avec M =0,
± 1 ; on effectue alors une moyenne sur toutesles directions de
polarisation
duchamp incident,
cequi implique
une sommation sur Mqui s’ajoute
donc auxsommations sur m et m’
déjà
mentionnées plus haut.Nous
distinguerons
maintenant deux cas, suivant que le momentdipolaire (Jlz)O
est différent de zéro ou non.a. CAS DES TRANSITIONS DIPOLAIRES. - Dans la relation
(5)
le terme dominant est alorségal
àLe calcul de ce terme se fait en
appliquant
aux élémentsde matrice des composantes
sphériques
Mm le théorème deWigner-Eckart, grâce auquel
on peutexprimer
cesquantités
sous forme d’unproduit
d’un élément dematrice
réduit, indépendant
du nombrequantique magnétique,
et d’un coefficient de Clebsch-Gordan.Il est alors
possible
d’effectuer les diverses sommationssur les nombres
quantiques magnétiques,
et on aboutità
l’expression
suivante :avec :
où les ensembles k et x ne contiennent
plus
les nombresquantiques magnétiques.
Précisons quekl
etkl
serapportent
respectivement
à l’état de base et à l’état excité de la transitionoptique considérée, k2
à l’étatde base de l’atome
perturbateur,
les divers Kdésignant
les états intermédiaires. Les
quantités J(a)’
etc...dépen-
dent
uniquement
des nombresquantiques angulaires ;
elles sont données par les
expressions
suivantes ::’,
où j 1
etj’ représentent respectivement
lapartie
angu- laire dekl
etkl
et xl,xi,
x2 celles de xi,xi
et x2 ; lesymbole W(...)
est un coefficient de Racah. Ces formulesont été obtenues en
supposant j2
=0,
en vue desappli-
cations au cas des gaz rares comme
perturbateurs.
Dans la relation
(8)
on peutremplacer
les éléments de matrice réduits par les forces d’oscillateur corres-pondantes [9] ;
on peut en effet démontrer que l’on a :(e
=charge
del’électron,
M = masse del’électron)
où¡K’K
est la force d’oscillateurd’absorption
pour la transi- tion K K’ et oùu(x, x’)
est défini comme suit :Signalons
encore les deux casparticuliers
suivants :Les
quantités
N, N’ et N" sont alors donnéespar les
expressions
suivantes :758
b. CAS DES TRANSITIONS INTERDITES. - On a alors
(Pz)’n
= 0 etl’expression (5)
se réduità PI = D2.
Le calcul de cette dernière
quantité
s’effectue commeprécédemment,
en sommant sur les nombresquantiques magnétiques
et en introduisant les forces d’oscillateur à laplace
des éléments de matrice réduits. Nous nedonnerons ici que le résultat du
calcul, représenté
par les
expressions
suivantes :avec
où la fonction N est donnée par :
On a pour les
quantités DA
les relations suivantes :Enfin,
les coefficientsangulaires Jpo)
sont donnés parles
expressions :
Une remarque
importante
sedégage
de ces résultats : elle concerne lesrègles
de sélection pour les transitions induites par les collisions à l’endroit d’une transition normalement interdite. En considérantl’expression (11),
on constate en effet
qu’elle
nepossède
une valeur nonnulle que si l’état de base et l’état excité de cette tran- sition sont reliés par une suite de trois transitions
permises.
Si l’on considère le cas des raiesspectrales
des atomes
alcalins,
notre modèle conduit à larègle
de sélection Al =
3,
cequi correspond
à une transi-tion S - F.
Valeurs
numériques
pour l’intensité induite. - On aconsidéré d’abord le cas des transitions
d’origine dipolaire,
et on a calculé le rapportpi/l (Jlz)O 12
pour les raiesspectrales
suivantes :premier
doublet du sodium(5896 A
et 5890A), singulet
du calcium
(4227 A)
et raie d’intercombinaison du calcium(6573 A), perturbés
parl’argon.
On a utilisépour les forces d’oscillateur des atomes actifs les valeurs
théoriques
données par Griem[10],
sauf dans le dernier cas pourlequel
on s’est servi d’une valeurexpérimentale [11] ;
en cequi
concernel’argon,
on apris
les valeursexpérimentales [12], [13] déjà
utiliséesdans
[9].
En écrivant :
on a trouvé pour a les valeurs
suivantes,
R étantexprimé
enAngstrôms :
On peut aussi
exprimer
ces résultats en fonction de la densité du gazperturbateur,
en se limitant au cas deschocs binaires et en admettant que les atomes se
comportent comme des
sphères rigides.
On peut alorsmontrer que
l’intégrale
sur le tempsfigurant
dansl’expression (4)
se ramène à uneintégrale
surl’espace
pour une distribution uniforme des atomes
perturba-
teurs ; on obtient ainsi la relation suivante pour le rapport de l’intensitéinduite Ii
et de l’intensité de la raie nonperturbée Io :
où
Ro
estégal
à la somme des rayons des atomes ducouple (en angstrôms)
et n la densiténumérique
dugaz
perturbateur.
Les valeurs pourIiII0
par unitéde densité pour les raies
déjà
considérées sontégales
à :D’après
cestableaux,
on voitqu’aux
densités modé- rées(quelques
dizainesd’amagats)
l’intensité induite est très faible dans le cas des raiespermises ;
par contre, pour la raie d’intercombinaison on peut s’attendre à un effet trèsimportant. Toutefois,
nous nepouvons pas faire de
comparaison
avecl’expérience,
car il n’existe pas de
données,
à notreconnaissance,
concernant l’effet de la
pression
sur l’intensité pource type de raies
spectrales.
En ce
qui
concerne les transitionsinterdites,
nousavons
calculé,
àpartir
des formules(10)
à(13)
la forced’oscillateur f; correspondant
àl’absorption induite,
et nous avons trouvé dans le cas de la transition
62S1/2
-4 2Fdu
césiumperturbé
parl’argon
la valeursuivante :
fi
=6,8
x103/R12 (R
enangstrôms).
Enintroduisant comme
précédemment
la densité du gazperturbateur,
on obtientOn peut remarquer que pour
quelques
dizainesd’amagats
cette force d’oscillateur devientcomparable
à celle des transitions
quadrupolaires ;
ilsemble
doncpossible
de mettre en évidenceexpérimentalement
lesraies
spectrales
induitescorrespondant
à ce type de transitions.Conclusion. - Nos calculs montrent que si
l’absorp-
tion induite par la
pression
est unphénomène
peuimportant
dans le cas des transitionspermises,
elle peut toutefois se manifester par un renforcement considé- rable de l’intensité des raies d’intercombinaison et même être àl’origine
del’apparition
souspression
de raiesspectrales
interdites.Enfin,
on peut se poser laquestion
de savoir si les bandes satellites observéesprès
de certaines raies interdites dutype S -
D[3] [4]
sont dues à unphé-
nomène
d’absorption
induite.D’après
notremodèle,
cette
absorption
ne peut pas êtred’origine dipolaire,
mais il n’est pas exclu
d’envisager
uneinterprétation
de ces bandes sur la base d’une intensité induite du typequadrupolaire.
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