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Submitted on 1 Jan 1968
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Phosphoroscope spectrophotographique destiné à la mesure des durées de vie des luminescences retardées de
faible intensité
Yvan Rousset, Francois Dupuy, Robert Lochet
To cite this version:
Yvan Rousset, Francois Dupuy, Robert Lochet. Phosphoroscope spectrophotographique destiné à la mesure des durées de vie des luminescences retardées de faible intensité. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1968, 3 (3), pp.250-256. �10.1051/rphysap:0196800303025000�.
�jpa-00242856�
PHOSPHOROSCOPE
SPECTROPHOTOGRAPHIQUE
DESTINÉ
A LA MESURE DESDURÉES
DE VIE DES LUMINESCENCESRETARDÉES
DE FAIBLEINTENSITÉ
Par MM. YVAN ROUSSET, FRANÇOIS DUPUY et ROBERT LOCHET,
Équipe associée au C.N.R.S., n° I6, Laboratoire d’Optique Moléculaire de la Faculté des Sciences de Bordeaux.
(Reçu le 24 juin 1968.)
Résumé. 2014 L’emploi d’un spectrographe de grande luminosité s’impose dans l’étude des luminescences des cristaux moléculaires purs ou dopés, formées de différents spectres de faible
intensité. Le disque unique d’un phosphoroscope à vitesse variable découpe à la fois une exci-
tation d’intensité constante et monochromatisée, et la luminescence. Si E désigne l’éclairement reçu par la plaque photographique, on montre qu’à la condition de choisir convenablement la vitesse n de rotation du disque, la décroissance de log E/n en fonction de 1/n est linéaire et permet de remonter au taux de déclin.
Comme application, on détermine la durée de vie de l’exciton triplet dans la benzophénone (03C4 ~ 1,8 10-4 s) et l’anthracène (03C4 ~ 2,4 10-4 s) cristallisés à 77 °K.
Abstract. 2014 The use of a spectrograph of great luminosity is necessary for studies of luminescence formed from different spectra of weak intensity emitted by pure or doped molecular crystals. A single disc of a phosphoroscope rotating at variable speed cuts the constant and monochromatic excitation beam and the emitted luminescence. E being the light received by the photographic plate, we show, if the proper choice of disc rotation n is made, that the decrease of log E/n as a function of 1/n is linear and allows the calculation of the rate of the decrease of the luminescence.
As an application, we give the triplet exciton lifetime of crystallized benzophenone (03C4 ~ 1.8 10-4 s) and anthracene (03C4 ~ 2.4 10-4 s) at 77 °K.
Introduction. - L’excitation par éclairs brefs et la détection
photoélectrique
en liaison avec un oscillo- graphe constituent un procédé très rapide de mesuredu taux de déclin de la
phosphorescence 03B2
(émis-sion T - S) dans le cas des solutions rigidifiées à
basse température. La durée de vie étant supérieure
à 10-3 s, on peut utiliser les éclairs de stroboscopes
de type commercial dont la largeur à mi-hauteur ne
dépasse pas 2 ps. A l’aide de filtres
optiques
et de monochromateurs, on élimine dans le faisceau lumi-nescent l’excitation et la fluorescence
(S*
~ S), et onn’est pas gêné par les queues de ces deux émissions qui
peuvent ne pas être négligeables
quelques
millièmesde seconde après le maximum de l’excitation [1].
Une difficulté se présente, et le monochromateur devient inopérant si l’on veut étudier une émission
retardée de même composition spectrale que la fluo-
rescence directe, mais d’intensité beaucoup plus faible
que celle-ci (phosphorescence oc des colorants, fluo-
rescence retardée due à l’annihilation de l’énergie
électronique
de deux triplets dans le cas des cristauxou des solutions rigidifiées). La loi de décroissance
avec le temps de la fluorescence directe suit pratique-
ment celle de l’éclair, et la queue de cette émission
quasi instantanée
qui
n’est plus éliminée par le mono-chromateur peut être plus intense que certaines fluo-
rescences retardées. Il en est couramment ainsi dans l’étude de la luminescence des cristaux moléculaires,
purs ou dopés,
qu’il
s’agisse des fluorescences retardéesou des phosphorescences T ~ S des molécules du cristal ou des impuretés. Il faut donc supprimer la
queue de l’éclair d’excitation et utiliser un obturateur
mécanique
pour découper le faisceau incident : ce serale disque
unique
d’un phosphoroscope type Becquereldont les deux séries de secteurs modulent respecti-
vement le faisceau excitateur et le faisceau luminescent.
Avec la plupart des cristaux, surtout
lorsqu’ils
sont dopés, il existe plusieurs émissions retardées dont les spectres peuvent chevaucher; il faut donc en fairel’analyse spectrale et pour chacune des émissions isoler
au moyen d’un monochromateur une bande étroite
qui sera reçue par le photomultiplicateur; dans de
nombreux cas, on est alors à la limite de la sensibilité de la détection
photoélectrique.
Nous avons adopté en définitive la détection photo- graphique et en faisant précéder notre spectrographe
d’un phosphoroscope à vitesse réglable jusqu’à
6 000 t/mn, nous avons pu déterminer la durée de
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0196800303025000
251
vie des émissions retardées de très nombreux cristaux purs ou dopés, lorsque cette durée de vie n’était pas inférieure à 10-4 s.
Si la technique photographique est plus longue
que la détection photoélectrique, elle a le double
avantage :
1) D’être encore utilisable avec des émissions d’in- tensités trop faibles pour être mesurées avec un
photomultiplicateur;
2) De permettre la mesure simultanée, dans les
mêmes conditions d’excitation, des durées de vie des différentes émissions, et pour chacune d’elles d’opérer
sur les différentes bandes spectrales qu’on leur attribue.
Principe de montage. - Pour la mesure de la durée de vie, nous verrons qu’il est fondamental que l’inten- sité de la source excitatrice ne varie pas et que l’on
puisse opérer avec différentes vitesses de rotation du
phosphoroscope. Il faut donc renoncer aux arcs au mercure haute pression
qui,
modulés à l’alternance du secteur, ne sont efficaces que si ledisque
du phospho-roscope est entraîné par un moteur synchrone. Nous
avons adopté un arc court au xénon (XBO 450 W).
Un miroir ellipsoïdal en forme une image sur la
fente Fi d’un monochromateur à prisme de quartz
( fcg. 1). Le rayonnement infrarouge est absorbé par l’eau distillée et dégazée d’une cuve hermétique de
5 cm d’épaisseur à faces de silice. Cette cuve et son
contenu sont refroidis par une circulation d’eau froide.
Au moyen d’un diaphragme de grand pouvoir déflec-
teur D, on limite rigoureusement l’ouverture utile du faisceau admis dans le monochromateur à celle du miroir collimateur du monochromateur.
Le monochromateur est du type à déviation
constante de 1800 (Trégor de Jobin et Yvon). Les objectifs sont des miroirs
sphériques
de distancefocale 420 mm. Le prisme en silice fondue a une
hauteur de 9 cm et les faces atteignent 15 cm de longueur. En définitive, l’ouverture utile du mono-
chromateur atteint f/3,2.
C’est immédiatement contre la fente de sortie F2
du monochromateur (fig. 2) que se trouve le plan du
disque
du phosphoroscope. La fente F2 se trouve au voisinage du centre de courbure du miroir sphé-rique
MSE; on obtient sur la poudre cristalline unebonne image de F2 en vraie grandeur après que, grâce
à un miroir plan MPE, le faisceau ait été dévié vers le bas.
Les rayons émis par cette poudre, excitation diffusée
et luminescence recueillis par le miroir
MPo,
vont,après traversée de l’objectif L, former une image de
l’échantillon sur le
disque.
Après traversée dudisque,
les rayons lumineux sont repris par un miroir plan et
un objectif pour former l’image définitive sur la fente du spectrographe. C’est par rotation de l’ensemble
prisme-miroir plan du monochromateur que l’on règle
la longueur d’onde excitatrice. Comme le faisceau excitateur ne rencontre que des miroirs, son réglage
FTG. 2.
n’a pas à être modifié
quand
on change de radiationexcitatrice, depuis l’ultraviolet jusqu’au rouge.
Le cryostat est simplement constitué par un vase Dewar. L’azote
liquide
est surmonté d’une couched’azote gazeux, sec, froid et dense qui déborde conti- nuellement et évite la formation de givre sur l’échan-
tillon et sur le trajet des faisceaux lumineux. En plon- geant presque entièrement dans l’azote
liquide
le cylindre d’aluminiumqui
supporte la poudre cristal- line, la température de l’échantillon se fixe au voisi- nage de 77 OK. En abaissant le dewar, une nouvelle températured’équilibre
s’établit, d’autant plus élevéeque la longueur émergente du cylindre est plus grande.
Pour accentuer l’effet sur la température du dépla-
cement du niveau de l’azote liquide, on peut donner
au support d’échantillon une forme conique, la pointe dirigée vers le bas.
Le spectrographe est très lumineux : son objectif
catadioptrique
est ouvert à f/0,65 avec une distancefocale de 35 mm. Son
principe
et sa description ontfait l’objet de publications antérieures [2] et [3].
Rappelons ici que, malgré les dimensions réduites du châssis
photographique,
on peut obtenir 8 spectressur une même pellicule circulaire de 18 mm de
diamètre; cette performance est importante pour la suite des mesures photométriques.
Les durées de fermeture de la fente du monochro-
mateur (faisceau excitateur) et de l’image de la fente
du spectrographe (faisceau luminescent)
qui
s’ajoutentau temps mort entre la fin de l’excitation et le début de l’observation doivent être aussi courtes que pos-
sible,
lorsqu’on
étudie des luminescences dont la durée de vie est voisine de 10-4 s; on doit donc opérer avecde grandes vitesses de l’obturateur; on utilise des
disques de grands diamètres (320 mm) animés de grandes vitesses de rotation, jusqu’à 6 000 tjmn. Ces disques parfaitement équilibrés découpés dans une
feuille d’aluminium très mince (1 mm) sont soigneu-
sement calés et centrés sur l’arbre d’un puissant
moteur (1/6 ch) à courant continu dont la vitesse
est stabilisée pour toute valeur choisie à l’avance
comprise entre 6 et 6 000 t/mn. Nous avons utilisé le
varistor de la Compagnie Hugonnot.
L’asservissement est obtenu par une alimentation du moteur en courant redressé : une tension de
consigne correspondant à la vitesse de rotation désirée
et affichée à l’aide d’un potentiomètre est opposée à
la tension délivrée par une dynamo tachymétrique
253
calée sur l’arbre du moteur. L’écart entre ces deux tensions est considérablement amplifié. Le signal obtenu, après une mise en forme convenable, posi-
tionne la phase d’une impulsion de manière à modifier dans le sens voulu la durée, d’une fraction de seconde, pendant
laquelle
le redresseur (Thyristor) est conduc-teur. La stabilité de la vitesse de rotation est voisine de 0,25 %.
Principe de la mesure des durées de vie. - Le
disque
est percé de deux séries de secteurs que tra-versent l’une le faisceau excitateur, l’autre le faisceau luminescent.
L’équilibrage
dudisque
impose unnombre pair de secteurs.
La figure 3 représente un disque percé de 4 secteurs
FIG.3.
d’excitation et 4 secteurs d’observation d’angles au
centre sensiblement égaux et voisins de 03C0/4.
En prenant pour origine des temps le début de
l’excitation, nous désignerons par te la durée de
l’excitation, par tl le début de l’observation et par t2 la fin de l’observation. Ces durées sont reliées aux
angles au centre correspondants pris en radians par :
où N est le nombre de tours par seconde.
Supposons d’abord infiniment étroits les faisceaux excitateur et luminescent. Nous caractérisons le fais-
ceau excitateur par son intensité constante I,. Dé-
composons
chaque
éclair dedurée te
en éclair élé-mentaire de durée dO caractérisé par leur date 0
FIG. 4.
comptée à partir du début de l’excitation ( fig. 4).
Chacun de ces éclairs d’énergie
Io
dO porte dans l’état excité le même nombre de molécules, si l’on admet que le nombre des molécules dans l’état triplet n’est qu’une faible fraction du nombre de molécules dans l’état fondamental. On peut donc poser qu’en sedésactivant avec une durée de vie T, ces molécules envoient entre les instants tl et t2 un flux dO propor- tionnel à :
et pour l’ensemble des éclairs élémentaires émis entre
l’origine
des temps et la fin del’excitation te :
Posons t1
=te(1
+ oc), leproduit
rxte représentele temps mort entre la fin de l’excitation et le début de l’observation. Si, comme il est courant, les angles
d’ouverture de l’excitation et de l’observation sont
pris égaux, c’est-à-dire si t’) - t, = te, il vient :
On peut alors écrire que l’excitation restant constante, le flux moyen par seconde (ou encore l’énergie E reçue par la
plaque photographique
par unité de temps) estdonné par :
L’éclairement reçu par la plaque
photographique
est donc lié très simplement
à te
et à oc, et donc pourun
disque
déterminé à la vitesse de rotation du disque.Nous allons maintenant justifier la valeur 0,2 que
nous avons adoptée pour ce. Dans
l’hypothèse
dessections infiniment petites pour les faisceaux excitateur
et luminescent, la détermination de oc se réduirait à la mesure d’un angle au centre, que l’on pourrait prendre aussi petit que l’on voudrait de façon à augmenter l’éclairement E dans le cas des lumi-
nescences de très courte durée de vie. Mais la largeur
finie de l’ordre du millimètre des faisceaux excitateur
et luminescent se traduit par une erreur systématique
dans l’évaluation de oc; cette erreur étant indépen-
dante de la vitesse de rotation, on ne peut la diminuer
en valeur relative qu’en augmentant (x, c’est-à-dire le retard tl - te; corrélativement, on ne reçoit sur le spectrographe
qu’une
fraction de plus en plus faibledu flux luminescent. Si l’on veut limiter à 10 %
l’erreur systématique sur oc, compte tenu des largeurs
des faisceaux, il faut que la longueur de l’arc BC
soit au moins égale à 13 mm, ce
qui,
avec un secteurvoisin de 03C0/4, entraîne la valeur 0,20 pour a.
Nous avons tracé une série de courbes représenta-
tives de Log
(EtefT) == f( tefT)
pour des valeurs dif- férentes de oc. Au-delà du maximum, la décroissanceest quasi rectiligne avec la pente a (fig. 5). Si l’on se
fixe
tefT,
c’est-à-dire pour T déterminé, une vitesse deFIG.5.
rotation constante (par exemple :
te/T
= 2), l’or- donnée, donc le flux lumineux reçu par le spectro-graphe, est d’autant plus faible que ce est plus grand.
On vérifie que l’on a intérêt à diminuer le plus pos- sible 03B1, mais nous avons vu que l’on ne pouvait pas descendre au-dessous de 0,20, si l’on fixe à moins de 10 % la limite de l’erreur relative sur ce paramètre.
Si maintenant on trace la courbe Log (Ete) en
fonction de te, on retrouve une décroissance linéaire,
mais en valeur absolue la pente est égale à 03B1/03C4.
Avec le disque que nous avons utilisé, oc = 0,20,
le temps d’excitation en secondes se déduit de la vitesse de rotation n t/mn, par la relation :
Finalement, on tracera le graphique
loglo
E/n enfonction de 1/n et si p est la valeur absolue de la pente de la partie rectiligne, il vient en définitive :
Il n’y a aucune ambiguïté si les points expérimen-
taux
loglo
E/n, 1/n se placent sur une droite de pentenégative. Mais ce n’est pas le cas pour certains d’entre
eux au voisinage du maximum de la courbe
théorique
de la figure 5, soit parce que la vitesse de rotation du
disque
est trop rapide, soit parce que la durée de vie est relativement longue; c’est-à-dire sitefT
estinférieur à 3. On peut en déduire immédiatement une
valeur approchée de la durée de vie et adopter pour la vitesse du disque des valeurs correspondant à la partie rectiligne de la courbe.
Soit no l’abscisse du maximum. L’étude de la fonc- tion Log
(Etel T)
= Log[e-,",,/"(1
-e-te/03C4)2]
montreque le maximum s’obtient pour tefT = Log 2(1 +03B1)/03B1,
soit pour
te/’r
= 2,5 si oc = 0,20, ou enfin en intro-duisant la vitesse de rotation n en t/mn :
Remarque. - Si l’on veut tenir compte de la
périodicité T du phénomène en admettant que l’ex- tinction de la luminescence n’est pas complète avant
une nouvelle excitation, ou plutôt que l’on observe
pendant le temps t2 - tl’ non seulement la lumi-
nescence produite par l’éclair précédent, mais éga-
lement celle
qui
était produite par les éclairs auxdates T, 2 T, 3 T avant le dernier, on doit alors écrire
au lieu de la relation (1) :
Comme la période T est légèrement supérieure
à 2te (en effet, T = te + ate + t2 - tl), le facteur correctif e-T/03C4 n’atteint 10 % que si
te/03C4 1;
ornous avons vu que l’on doit toujours opérer avec des
vitesses telles que le rapport
te/03C4
soit supérieur à 2,5.On peut donc dans tous les cas négliger l’effet des éclairs antérieurs.
Application : luminescence de la benzophénone cristallisée à 77 OK. - Nous disposons de benzo- phénone
qui
ne présente plus, à l’état cristallisé, la phosphorescence verte (spécifique d’une impureté,tant par sa durée de vie que par la
fréquence
de labande
(0,0)
et sa structure vibrationnelle).La luminescence du cristal est bleue, nous en avons
étudié la composition spectrale et le taux de déclin
à la température de 77 OK. Les échantillons étudiés à l’état de poudre étaient prélevés en différents points
255
de la colonne soumise à la fusion de zones après
environ 60 passages.
Avec le montage que l’on vient de décrire, pour
une vitesse de rotation du disque de 2 000 tjmn et la
fente du spectrographe étant ouverte à 100 03BC, on
obtient un bon spectre en moins de 3 mn de pose. Sui-
vant l’échantillon utilisé, on obtient le spectre I ou le spectre II (fig. 6). Le spectre I, analogue à celui obtenu
Fie. 6.
à 20 OK sans phosphoroscope par D. S. McClure et
P. L. Hanst [4], est identique à celui de l’émission de la benzophénone en solution solide dans l’E.P.A. ou
dans le cyclohexane à 77 OK. Les bandes du spectre II peuvent se déduire de celles du spectre I par un dépla-
cement de 1 000 cm-1 vers les grandes longueurs
d’onde.
Mesures. - Avec les échantillons donnant le spectre I, si l’on fait l’étude de l’intensité des bandes
en fonction de la vitesse de rotation du
disque,
onobtient les courbes de la figure 7. Ces courbes relatives à chacune des deux bandes 22 425 et 24110 cm-1 suggèrent pour cette émission deux processus de durées de vie différentes :
03C4I = 1,8 10-4s et ïi= 1,2 X 10-3 s.
Les ordonnées à l’origine, extrapolées pour ra infini,
sont proportionnelles à TI 10 et
03C4’I I’0
(voir relation (2) ),où I, et
Iô
sont les flux que l’on recevrait par secondeen l’absence de phosphoroscope. Comme ici :
FIG. 7.
on en déduit
I’ - 2 0’ c’est-à-dire que l’intensité de la composante lente représente moins de 1 % de
l’intensité totale de l’émission.
En opérant sur un échantillon qui donne le spec-
tre II, on augmente la vitesse sur les clichés obtenus
aux grandes vitesses, le spectre I vient s’ajouter au
spectre II. On peut alors, grâce au spectrographe,
faire simultanément l’étude de la bande 24110 cm-1 du spectre I et celle des bandes 21 475 et 23 125 cm-’
du spectre II (fig. 8). De la partie rectiligne des
courbes relatives aux bandes du spectre II, on déduit
FIG. 8.
une durée de vie moyenne ïjj = 2,6 X 10-3 s.
Remarquons que
l’abscisse 1,
0 avec n0 =1000 tlmn du maximum de la courbe conduit à la même valeur pour la durée de vie. Sur le même cliché donc, on aretrouvé pour la bande 24 110 cm-1 la durée de vie
(TI = 1,5 X 10-4 s) de la composante rapide du
spectre I. A partir des ordonnées à l’origine des droites, on déduit de la même façon que
précédem-
ment qu’en l’absence de phosphoroscope le spectre 1
est 20 fois plus intense que le spectre II. Ce résultat
explique que, dans ces conditions, on comprend
qu’il
soit très difficile d’observer nettement les bandes du spectre II à côté de celles du spectre I. L’intensité du spectre II est très variable d’un échantillon à
l’autre; et en
particulier,
si l’on utilise certaines partiesmonocristallines de l’extrémité de la colonne, le spectre II a disparu. Mais si ces échantillons sont
fondus et brusquement refroidis dans l’azote
liquide,
le spectre II apparaît avec une forte intensité. Nous
en avons déduit que cette émission était liée à la
formation, dans le réseau cristallin, de défauts dont le nombre par unité de volume dépend des cir-
constances de la solidification [5]. C’est donc de la décroissance du spectre I que l’on peut déduire la durée de vie r = 1,8 X 10’4 s pour l’exciton triplet
de la benz-ophénone cristallisée à 77 OK.
Cas de l’anthracène cristallisé. - Nous avons opéré
sur un anthracène cristallisé pur,
qui
ne présente plus,au phosphoroscope, à température ordinaire l’émis- sion verte S* - S du naphtacène impureté.
Quelles que soient les températures
(300
OK ou77 °K) et les excitations utilisées (U.V. ou jaune),
nous avons toujours opéré sur les bandes bleues carac-
téristiques
d’une transition S* ~ S de l’anthracène,identiques
à celles de la fluorescence directe du cristal d’anthracène à la même température.Mesures. - A 300 OK, avec une bande d’excitation centrée sur 380 m03BC. ( fig. 9), nous trouvons que la luminescence a une durée de vie de 0,75 ms. Ce
résultat est en parfait accord avec celui que nous avions obtenu pour l’émission du naphtacène dissous
dans l’anthracène, dans l’hypothèse où l’énergie élec- tronique reste piégée avant de remonter dans la bande de l’exciton singulet [6].
A 77 OK, avec la même excitation, de l’étude de la décroissance de l’émission on déduit deux durées de vie T = 1,2 X 10-4 s et T’ = 5,5 X 10-4 s. L’extra- polation des droites log (Eln) = f(ljn) montre que l’intensité de l’émission de longue durée de vie repré-
sente seulement 3 % de l’intensité totale. Si l’on pose que cette émission S* - S ne provient que de l’an- nihilation des excitons triplets [7], on en déduit pour cet exciton une durée de vie TT N 2,4 X 10-4 s.
On retrouve d’ailleurs cette même durée de vie
avec l’anthracène cristallisé à 77 °K à partir d’une
bande excitatrice centrée sur 5 800 A
(qui
coïncideavec un maximum d’absorption « interdite » T - S
[8] ).
A cette émission de courte durée de vie succède une
FIG. 9.
émission dont la durée de vie atteint la milliseconde.
A 300 oK, et toujours l’excitation jaune, on n’ob-
serve plus à travers le
phosphoroscope
que la secondeémission, car à la température ordinaire la durée de vie de l’exciton
triplet
est devenue trop courte.Si l’on fixe à 6 000 tjmn la vitesse de rotation du
phosphoroscope, la luminescence excitée par l’U.V.
est environ 80 fois plus intense à température ordinaire qu’à basse température. Par contre, avec l’excitation
jaune, si l’on se limite à l’étude des émissions de longue
durée de vie, les intensités ne varient pas avec la
température, mais elles sont environ 1 000 fois plus
faibles que celles obtenues à 77 OK avec l’exci- tation U.V.
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