LES PRÉFÉRENCES ALIMENTAIRES DU PORCELET
V. - COMPARAISON DE DIVERS MODES DE DISTRIBUTION DE L’ALIMENT
A. AUMAITRE E. SALMOX-LEGAGNECR J. RETTAGLIATI A. KMOISANT Siation de Recherches sur
l’Élevage,
Ceratre national de Recherches
zoolechniqites, Jouv-en- J os ll s
(Seine-et-Oise)SOMMAIRE
Deux
expériences,
portantrespectivement
sur 1,).+ et i96 porcelets non sevrés, ont été entre-prises
pour étudier successivement :i°
Quel
était le diamètreoptimum
à donner aux aliments pourporcelets, lorsque
ceux-ci étaient présentés sous forme degranulés.
Lescomparaisons portaient
sur desgranulés
de 2,5 - 5 et 7 mm de diamètre.2
°
Quel
mode deprésentation
des aliments, à sec ou en pâtée,provoquait
les consommations et les croissances les plus élevées.Des résultats de ces
expériences,
il ressort que lesporcelets
semblentpréférer
les aliments en granulés de 2,5mm de diamètre, mais que l’on observe peu de différences en cequi
concerne les ré- gimes sec etsemi-liquide.
t’our diverses considérations
pratiques,
l’alimentation desporcelets
à l’aide d’a!limeutsgranulés
de faible diamètre semble, en général, à conseiller.
INTRODUCTION
A
it cours d’une étude
précédente (Au M AiT R E
etSAi!MON-I!EGAGNEUR, 19 6 1 ),
nous avions
souligné
l’intérêt de la consommationprécoce
d’un alimentcomplémen-
taire par le
porcelet
allaité pour la croissance de ce dernier.Parallèlement,
d’autres études avaient montré queparmi
les facteursd’appé-
tence
susceptibles
d’influer sur cetteconsommation,
laprésentation
des alimentspouvait jouer
ungrand
rôle(S..!L!ow-I,!G!cwux, rg 55 ).
C’estainsi,
parexemple,
que nous avions pu montrer que les
porcelets
semblaientpréférer
les aliments granu- lés aux farines.Dans le but
d’approfondir
cettequestion,
nous avons cherché à savoir :1
° Si la consommation des
granulés
avait une influence sur la consommation etquelle
était dans ce cas, la tailleoptimum
à leur donner.2
° Si d’autres modes
d’alimentation,
comme laprésentation
enpâtée (r/ 3
farine2/3 eau), pouvaient également présenter
de l’intérêt. Ce dernierprocédé
sejustifie,
en
effet,
pour deux raisons : c’est souvent celuiqui
estadopté après
le sevrage et ilpeut
aussi être d’unapprentissage plus
facile pour leporcelet
habitué à ne consommerque du lait maternel. Pour cette dernière
raison,
nous avonspris
enconsidération,
dans notre
expérience
non seulement la consommation totaled’aliment,
mais encoreson évolution au cours de l’allaitement.
MATÉRIEL
ETMETHODES
a) Étude de la dimension des
,!ranulés :
Aux
granulés
de c.mm de diamètre et de i cm delong (granulé
I), lesplus
couramment utilisés dans lapratique
pourl’alimentation
desporcelets,
on a comparé deux autresprésentations :
l’une de z,; 111111de diamètre et 5mm de
long (ordinairement employée
pour lespoussins, granulé
I I), l’autre de 7 mm de diamètre et 2 cm de long(employée
pour les moutons,granulé
III). A celas’ajoutait
le fait que la texture des différentsgranulés
n’était pas exactement la même : par le jeu du pressage, les granu- lés lesplus petits
étaient notablementplus
durs que les autres et lesplus grands,
au contraire, beau-coup
plus
friables.Deux groupes d’animaux ont été constitués. Un
premier
groupe de 8portées
(62porcelets)
denotre troupeau
expérimental
recevait au choix deux types d’alimentsgranulés,
I et II, distribuésad libitum et
disposés
côte côte dans depetits
nourrisseursautomatiques,
à raison d’un nourrisseur par aliment.Un deuxième groupe de 8 portées (72 porcelets) recevait en
comparaison
les aliments granulés1 et III.
Les aliments étaient offerts à
partir
de la ze semaine et les nourrisseurs étaientchangés
deplace
tous les deuxjours
afin d’éviter que les animaux ne s’habituent à manger au même endroit.Dans
chaque
cas, on notait lesquantités
consommées de chaque aliment et les croissances des animaux.La
composition
de l’aliment utilisé, le même pour les3 présentations,
était celleindiquée
dansdans un travail antérieur (AUMAITRE et SAL:BIO:B-LEGAGNEUR, ig6i).
Une
analyse
de la matière azotée totale d’un échantillon de chacun des granulés a permis des’assurer que dans les trois cas la
composition
des aliments était restée la mêmeaprès
le pressage.Nous avons trouvé
respectivement :
Pour
chaque portée,
lacomparaison
des consommations était faite sur la base desquantités
moyennes
ingérées
parporcelet
(consommation totale, divisée par le nombre deporcelets
au sevrage).Pour
chaque
lot, lacomparaison
des différents traitements était faite par la méthode desconples.
Pour chacune des deux
comparaisons
effectuées, onexprimait l’appétibilité
de l’aliment étudiépar le rapport : - - -. -
b) Comparaison
de l’alimentation à sec(granulo)
et enpâtée :
La
pâtée
était constituée d’unepartie
d’aliment sec et de 2parties
d’eau. Lemélange
étant réa-lisé avec soin
juste
avant la distribution. Les granulés étaient ceux de 5 mm de diamètre.Trois groupes de 8 portées
( 19 6
porcelets) furent constitués et recevaient le même aliment dis- tribué ad libitum, suivant le schémaexpérimental
suivant :(Les extrémités des droites marquent le début et la fin de la distribution).
La pâtée était distribuée deux fois par
jour
dans unepetite
auge, à 8 et i8 heures. En outre, dans chacun des groupes, lesporcelets
avaient une augeremplie
d’eau à leurdisposition.
Lesquantités
d’aliment consommées à chaque repas étaient
appréciées
aussi exactement quepossible
etexprimées
en
quantités
d’aliment(quantité
d’aliment distribué - refus)en quantités a mient sec
3
.1 Les Krefus » étaient retirés une heureaprès
la distribution.Par ailleurs, les consommations de
granulés
étaient mesuréeschaque
semaine, ce<l ui
apermis
desuivre l’évolution de ces consommations au cours de l’allaitement.
La comparaison des consommations individuelles d’aliments sec et de pâtée était effectuée sur
les moyennes obtenues pour
les
groupes à 4et 8 semaines, par le calcul de t, cas de 2 échantillonsindépendants.
RÉSULTATS
1
°
Influence de
la dimension desgranulés :
Le tableau i résume les
caractéristiques
desportées
des deux groupesayant
servi àl’expérience.
La constitution des lots avait été effectuée dès la
naissance,
le nombre moyen deporcelets
parportée
était alorscomparable.
La différence observée au début de l’ex-périence
est due à uneperte
de 50 p. 100 de l’effectif de deuxportées
dugroupeB pendant
lapremière
semaine suivant la mise-bas.Les consommations moyennes d’aliments pour
chaque
groupe sontrapportées
dans le tableau 2.
On
peut
remarquer ici que les consommations moyennes observées parporcelets
à 8 semaines sont
comparables
à celles que nous avions obtenues dans notre étudeprécédente (AuMAiTRE
etSn!,MOw-I,EGaG!EUR, 19 6 1 ).
Mais il
importe
surtout desouligner
les écarts observés au sein dechaque
groupedans les différents
granulés.
C’est ainsi que dans le groupe A lesporcelets
semblentavoir
préféré
legranulé
témoin augranulé III,’mais
la différence n’est passignificative (t
= 1,1 - P =o,.!).
Dans le groupeB,
par contre, lesporcelets
ont manifesté unenette
préférence
pour lesgranulé
II(t
=3 ,8 - P < o,oi).
Il est
également important
de noter lagrande
variabilité des valeurs individuelles autour des moyennes dechaque
groupe, cequi
rend lescomparaisons plus
difficiles.La
comparaison
entre legranulé
II et legranulé
IIIpeut
se faire sur la base desappétibilités précédemment
définies. On trouve pour legranulé
II uneappétibilité
de
3 ,8 0
contre 0,70 pour legranulé
III.Il faut remarquer,
toutefois,
quemalgré
ces différencesd’appétibilité,
les consom-mations totales par animal dans les groupes A et B n’ont
pratiquement
pas varié.2
°
Influence
dit mode de distyibution de l’aliment : 1a)
C o1lsommatio1ls totales : - Lescaractéristiques
de chacun des 3 lots et les consommations d’alimentscorrespondantes
sontrapportées
dans le tableau 3. Lesquantités
sontexprimées
en grammes d’aliment à8 7
p. 100de matière sèche.Comme dans
l’expérience précédente,
onpeut
remarquer lagrande
variabilité des résultats individuels autour de la moyenne dechaque
groupe et, surtout, la trèsgrande
variabilité observée dans le groupe III(pâtée).
En
dépit
d’une comsommation moyennelégèrement supérieure
dans le groupeIII,
iln’apparaît
aucune différencesignificative
entre les consommations de l’unquel-
conque des lots.
Le
tableau 4
résume les valeurs de t calculées pour lescomparaisons
des quan- tités moyennes consomméesà q et
8 semaines.Parallèlement,
les écarts observés entre lespoids
moyens à 8 semaines des ani-maux des différents groupes ne sont pas
significativemennt
différents.b) Évolution
des consommations au cours de l’allaitement : - le tableau 5rapporte
les valeurs trouvées pour les
ingestions
hebdomadaires moyennes d’aliments dans les différents groupes. Les consommations observées dans le groupe 1 sontcomparables
à celles
rapportées
par BRAUDE( 19 6 0 ).
Jusqu’à
la 4esemaine,
les consommations sont faibles dans les trois groupes, cequi
confirme notre travail antérieur(A UMAITRE
etSAi.MON-IyE&AGNEUR, ig6i),
etelles diffèrent assez peu entre elles.
De la q e
à la
7e semaine,
les consommations totalesparaissent plus
élevées dans les groupes recevant soit l’alimentationmixte,
soit lapâtée
seule. Ceci semble mon-trer que le
porcelet ingère plus
volontiers au début de lapâtée
que les aliments secs.Par la
suite,
comme le montrent les résultats du groupeII,
la consommation d’ali- ment sec semblel’emporter.
DISCUSSION
W
Influence
de Ici dimension desg’!!MM/M :
S’il existe un certain nombre de travaux
qui
montrent la nettepréférence
desporcelets
pour les alimentsgranulés
parrapport
aux farines(C A T RON ,
rg53 - SAL-mo,;-L
F GAGNEU R
,
1955 - CnRROt, etK RID E R , 195 6),
aucuncependant
neprécise quelle
doit être la dimenskion de cesgranulés.
Seuls ACKER et CATRON( 1953 )
indi-quent
que lapréférence
se limite auxgranulés
non émiettés.Les résultats du tableau 2montrent assez nettement que dans ce domaine la
pré-
férence du
porcelet
va auxgranulés
depetites
tailles( 2 , 5 mm)
etqu’au
contraireceux de
plus grand
diamètre sont délaissés.Toutefois,
dans laprésente expérience
cettepréférence
ne s’est pas traduite par des consommations totalesplus
élevées. Il est vrai que ledispositif expérimental
nes’y prêtait
pas etqu’il s’agissait
enpremier
lieu de noter les différencesd’appétibilité.
Néanmoins,
il est évident quel’application pratique
de cette observation n’est inté- ressante que si ellepeut
provoquer une consommation accrue et donc une croissance améliorée desanimaux,
ce que nous nous proposons de vérifier ultérieurement.Par
ailleurs,
comme nous l’avionssignalé
au cours d’une autreexpérience (S AL -
Mor·-L!G!.GwLR,I g 5 6),
il estpossible
que le choix duporcelet
ait été influencé par la dureté desgranulés, qui
elle-même est enrapport
avec le diamètre et avec le mode de pressage.Actuellement,
il nous est encoreimpossible
de dissocier ces facteurs.2
°
1 nflue ll ce
du mode d’alimentation: 1On s’est
beaucoup préoccupé
du mode de distribution desaliments,
dans le cas du sevrageprécoce.
C’estainsi,
que parexemple,
LUTHER et R!YNOt,DS( 1955 )
ontcomparé
l’effet d’une rationliquide
et d’une ration sèche sur la croissance de deux groupes deporcelets
sevrés àl’âge
d’une semaine. Ils n’ont pas trouvé de différence entre les consommations totales de matièressèche,
ni entre lespoids
moyens des animaux à 8 semaines. Par contre, une telle étude n’avait pas étéentreprise
dans lecas de
porcelets
normalement allaités.Nos résultats dans ce domaine
rejoignent
ceux de LUTHER et al.( 1955 ).
Nousn’avons pas
réussi,
eneffet,
à mettre en évidence lasupériorité
de l’un ou l’autre denos
régimes.
Dans notreexpérience,
les trois modes de distributions(à
sec, enpâtée,
* mixte)
ontprovoqué
des consommations et des croissancesanalogues
chez lesporcelets.
Tout auplus peut-on
noter unelégère
différence deconsommation,
nonsignificative,
en faveur durégime
enpâtée.
L’évolution desconsommations,
en outre, n’apratiquement
pas différé.Rien ne nous
permet
donc de dire que l’un de cesrégimes
doive êtrepréféré
àl’autre au vu de ces résultats.
On retiendra toutefois que, sur le
plan pratique,
lesrégimes
enpâtée
nécessi-tent un travail de
préparation
et de distributionimportant
etqu’ils provoquent
sou-vent un
gaspillage
considérable.Compte
tenu de ces difficultés et du peu de différence desrésultats,
il semble donc que, dans laplupart
des cas, l’alimentation entièrement à sec(avec
eau de boisson àvolonté)
soitpréférable
chez leporcelet
non sevré.Il nous faut
cependant souligner
que notreexpérience
s’est limitée à la croissance duporcelet
avant le sevrage et que le choix du mode d’alimentation duporcelet
nonsevré doit aussi
s’inspirer
de celuiqui
estpratiqué après
le sevrage.CONCLUSION
La consommation
globale
d’aliments par lesporcelets
est peu affectée par le mode depréparation
à sec ou enpâtée
de ces aliments.Par contre, la
préférence
alimentaire duporcelet
se manifestelorsque
ce dernierpeut
choisir entre desgranulés
de tailledifférente,
en faveur desgranulés
depetite
taille
(2,!
mm dediamètre).
Le choix du mode d’alimentation du
porcelet
doit donc tenircompte
avant tout de considérationspratiques.
Dans ce domaine l’alimentation à sec sembleprésenter
des
avantages
dans laplupart
des cas.L’emploi
d’alimentsgranulés
d’un faible dia- mètre semble alors leplus indiqué.
Reçu en octobre 1961.
SUMMARY
FEEDING PREFERENCES IN PIGLETS
V. - COMPARISON OF DIFFERENT 1IETIIODS OF FOOD DISTRIBUTION.
Two
experiments
have been carried out toinvestigate
the influence of foodpresentation
on foodconsumption
bypiglets
beforeweaning.
The first
experiment
on I34suckling piglets
divided in two groups was a trial tospecify
the bestsize for
feeding pellets.
The
comparison
of the two size ofpellets
of z,5and
7 nun and controlpellets
of 5 mmpointed
outthat
piglets preferred
the z,5mm ones. Thefollowing consumption
ratios have been observed(pala- tability) :
In a second
experiment
based on 196piglets
dividedin
3 groups theconsumption
of the samefood was
compared
fed asdry pellets
or in aliquid
paste( 213
water) or bothtogether.
The results obtained show but small differences between the three moods. The
consumption
perpiglet
and the averageweight
atweaning
wererespectively
as follows for the three groups : I : 6,3and 14,5kg - II : 8,o and i4,7 kg - III : 7,9and r4,3 kg.
From these two
experiments
it seems that forpractical
reasons feedingdry pellets
of smallsizes (2!5
mm)
should be advocated.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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