LES CONSTITUANTS MEMBRANAIRES
DES PLANTES FOURRAGÈRES
R.
JARRIGE
Marie-Thérèse BEAUFORT, Jeanine JUNG Christiane LE GALLO Station de Recherches sur
l’Élevage
des Ruminants,Centre national de Recherches zootechniques Jouy-en-Josas
(Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Cette étude rapporte les variations de la teneur en constituants membranaires des feuilles, des
tiges
et desplantes
entières desprincipales espèces fourragères
récoltées à différents stades de déve-loppement. On a déterminé les teneurs en hémicelluloses, cellulose et
lignine,
de 165échantillons d’or- ganesséparés,
de 82échantillons deplantes
entières et de 20échantillons de foins depré (tableau
z) ;on a
séparé
les différentspolysaccharides
membranaires de i i4 de ces échantillons, choisisparmi
les
plus représentatifs.
Les résultats ne sont présentés individuellement que pour ces derniers, dansles tableaux situés en annexe
(m
à 22).Exprimées
en pourcentage de la matière sèche, les teneurs en cellulose, enxylanes
et enlignine
ontprésenté
des variations trèsimportantes
avec l’organe, le stade dedéveloppement
et la famille bo-taniqne ;
ainsi, la teneur en cellulose a varié de 9 p. ioo pour les feuilles delégumineuses
à 30-35p. 100 pour laplupart
destiges de graminées
et delégumineuses
récoltées à la floraison, et la teneuren
xylanes
de 2à 2,5 p. 100pour les feuilles de luzerne à 18 p. 100 en moyenne pour les inflorescences degraminées.
Au contraire, les teneurs en arabanes et en hexosaneshydrolysables
ont étébeaucoup
moins variables, et le
plus
souventcomprises
entre 3et 4 p. 100et 2 et 3,5 p. ioorespectivement.
La
composition
des membranes(estimées
par la somme hémicelluloses + cellulose +lignine)
aégalement
présenté des variationscaractéristiques.
Chez toutes lesespèces
étudiées, les membranes des feuilles ont contenuplus
d’hémicelluloses, d’arabanes, d’hexosaneshydrolysables
que les mem-branes des
tiges,
mais moins de cellulose vraie et dexylanes (le
trèfle violet faisantexception
à cedernier point
devue).
A stadebotanique comparable,
les membranes des limbes degraminées
ont contenu
plus
dexylanes
et de cellulose que celles des feuilles delégumineuses,
mais moins d’he-xosanes
hydrolysables
et delignine.
Au cours dudéveloppement,
lacomposition
des membranes est demeurée relativement constante dans les feuilles delégumineuses,
de même que dans les limbeset les tiges de choux, mais elle a présenté une évolution dans toutes les autres
catégories
d’échantil- lons. Cette évolution a été très limitée pour les membranes des limbes, desgaines
et même destiges
de
graminées,
et trèsimportante
pour les membranes destiges
delégumineuses.
INTRODUCTION
Les membranes
représentent
en moyenne de 30 à 4o p. 100de la matière sèche de l’herbe depâture et
de 45à 55 p. 100de celle des foins. Elles constituentgénéralement
la
principale
sourced’énergie,
d’abord pour lapopulation
microbienne du rumenqui
les
dégrade
en acides gras volatils et,ensuite,
pour le ruminantqui
utilise ces derniers.Il est donc nécessaire de bien connaître la teneur, et les
caractéristiquesphysico- chimiques
des membranes pourinterpréter
etprévoir
correctement les varia- tions de la valeurénergétique
desfourrages.
Jusqu’à
ces toutes dernièresannées,
les membranes desplantes fourragères
n’avaient pas fait
l’objet
d’étudessystématiques,
surtout à cause de l’insuffisance et del’imprécision
des méthodesd’analyse disponibles,
notammentquant
àlafraction hémicelluloses. Onpossédait cependant
des données assez nombreuses sur les teneursen cellulose et en
lignine
desprincipales graminées
etlégumineuses fourragères.
(A R
msTRoNG
etal.,
1950- HOMB, 1953 - KIVIMAE,I959).
Lestechniques
desépa-
ration des sucres par
chromatographie
surpapier,
ontpermis
récemment de mettre aupoint
des méthodesd’analyse plus satisfaisantes,
et de réaliser desprogrès impor-
tants dans la connaissance des membranes
(HA RWOOD ,
1954 ; FAUCONNEAUet
JARRIG!,
I(!55 ;GAII,LARD, 1958 a-I958 b ;
MACKENZIË etWYI,AM, I958 ;
H IRS
T et
al.,
I959 ; WAITE et GORROD 1959 a-I959b ! JARRIGE, I96o-I96I ;
BATH,
19 6 0 ) ;
les résultats lesplus significatifs
ainsi obtenus sont résumés dansle tableau I.
Grâce à une méthode relativement
rapide
de fractionnement des membranes par leshydrolyses
acides(J ARRIGE , 19 6 1 ),
associé àl’analyse chromatographique
des
hydrolysats,
nous avons puentreprendre
l’étudesystématique
des constituants membranaires desprincipales espèces fourragères
dans le dessein :a)
depréciser
la nature etl’importance
des constituants membranaires des feuilles et destiges (et
éventuellement desinflorescences),
desprincipales espèces fourragères
aux différents stades dedéveloppement ;
b) d’analyser
ainsi l’influence del’âge
et de lacomposition morphologique
sur lateneur en constituants membranaires de la
plante entière ;
c)
de comparer lacomposition
des membranes desprincipales espèces
ou familles.Nous
rapportons
ici l’ensemble des résultatsobtenus,
dont un résumépartiel
aété
présenté
antérieurement(JARRIG!, I96o).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Nous avons déterminé les teneurs en hémicelluloses, cellulose et
lignine,
de 20foins, de 82 échan-tillons de
plantes
entières(parties aériennes),
et de i65échantillonsd’organes (feuilles,
limbes,gaines, tiges
et inflorescences), desprincipales espèces fourragères.
Pour 81 échantillons
d’organes
et 33échantillons deplantes
entières, choisisparmi
lesplus représentatifs,
les fractions hémicelluloses et cellulose ont faitl’objet
d’uneanalyse chromatogra- phique ;
la nature et lescaractéristiques botaniques
de chacun de ces i i4échantillons sontrapportés
dans les tableaux i à à zz, en même temps que la teneur des différents constituants de la membrane.
ÉCHANTILLONS Organes séparés
Les échantillons des feuilles et des
tiges
de luzerne(inflorescences
noncomprises),
ont étépréparés
en 1955 et, surtout en i957
(tableau
m -figure
i) àpartir
deplantes
de type Flamande, Poitouou Provence,
prélevées
à 3stades dedéveloppement
au cours de chacun descycles
de croissance successifs.Les échantillons de feuilles et de
tiges (inflorescences
noncomprises)
de trèfle violet Goliath(tableau 12 ),
ont étépréparés
en 1959 àpartir
deprélèvements
effectués au zecycle
de croissance,lequel
a eu lieu par temps très sec. C’est la même année qu’on aprélevé
les 2 échantillons de trèfle blanc commun, dont on aséparé
les limbes et lespétioles
(tableau 13).La
plupart
des échantillonsd’organes
degraminées
ont étépréparés
àpartir
deplantes prélevées
à différents stades au cours du
premier cycle
de croissance(tableau 1 8).
Lesplantes
de ray-grassanglais
récoltées en 1956, ont été fractionnées en feuilles(limbes
+gaines)
ettiges
-!- inflorescences ;celles du
dactyle
S 35et defétuque
després
S zr5, récoltées en 1957, ont été fractionnées en limbes,gaines, tiges
et inflorescences. En 1958,8 espèces
de graminées deprairies
temporaires ou permanentesont été récoltées au début de la floraison (tableaux 14 à 17) : on a séparé les limbes, les
gaines,
lestiges
et les inflorescences telsquels,
sans éliminer lesparties
sèches.Les échantillons de limbes et de
gaines
dedactyle
S 26 présentés par la figure 3, ont été obte-nus à différents stades des
cycles
successifs de croissance en 1958.Tous ces échantillons
d’organes
delégumineuses
et degraminées
ont été préparés àpartir
de laplante
vertequ’on
venait de couper et séchés à l’étuve à 70°C avec ventilation forcée.Les échantillons de limbes et de
tiges
de choux (tableau 19) sont des échantillons moyens pré-parés
àpartir
desprélèvements journaliers (déshydratés
à l’étuve à70 °C)
effectués au cours de lapériode
de mesure de ladigestibilité ;
il faut noterqu’on
a mis lespétioles
ainsi que les grosses nervures avec lestiges.
. Plantes entiéres
Les 70 échantillons de ray-grass
anglais
S z4(tableau
20), dedactyle
S 3!(tableau
zi) et de trèfleblanc S 100
(tableau
r3) ont étéprélevés
au Grassland Research Institute de Hurlev en 1958 et 1959(M l
rtsorr
et al., 1960), à différents stades au cours du 1ercycle et
ensuite tous les mois ou tous les deux mois ; lesplantes
ont étécongelées
immédiatementaprès
la récolte et l’échantillon moyen constitué au cours de lapériode
de mesure de ladigestibilité
et séché à l’étuve.Les 13échantillons de ray-grass
anglais
appartenant auxpopulations
n° 3et n° 23ont été récoltésen 1954au C. N. R. A. de Versailles
(tableau
22) ; 10échantillons ont étéprélevés
à différents stadesau cours du rer
cycle
et 3sur les repousses d’automne.MÉTHODES D’ANALYSE -
Hydrolyses
acidesLes méthodes
d’analyse
utilisées ont étédéjà
exposées en détail(J ARRIGE ,
1961). Lefourrage
finement
broyé
a d’abord été traité par l’eau au bain-marie à 40°C (2ou 3extractions), séché à l’étuveà 70°C,
puis dégraissé
au Soxhlet par lemélange
alcool-benzène (2 :r) pendant
16 heures.Trois
prises
de 300à 600 mg du résidu membranaire ainsi obtenu ont étéhydrolysées
dans deserlenmeyers
à col rodé par SO,H, 5 p. 100(P/P/4 ;
20cm3 par 100mg derésidu) pendant
3 heuressous reflux, au bain de
paraffine
à 12o°C.L’hydrolysat
a été filtré sur unbuchner garni
d’une rondelle tarée depapier-filtre
sans cendres. Le résidu (oulignocellulose)
a été entraîné, lavéplusieurs
foispar de petites
quantités
d’eau et finalement séché par de l’acétone.Il a été
déshydraté
à l’étuve à 70°C,pesé, séparé
dupapier-filtre
et transféré dans unpetit
becher de 30 cm3 où il a été
hydrolysé
par SO,H, à 72 p. 100(I’lp ; 2 Cln3 par 100 mg derésidu)
à la température de la
pièce,
pendant 4heures.L’hydrolysat
a été transféré dans unerlenmeyer
à col rodé, étendu par 23volumes d’eau distillée et maintenu à l’ébullition sous reflux au bain de paraffineà 1200C
pendant
3 heures. La filtration a été effectuée commeprécédemment ;
le résidu(lignine)
lavé, séché par de l’acétonepuis
à l’étuve à ioooc, a été calciné au four à55 o°C pendant
3heures, la perte depoids correspondant
à lalignine
brute. Pour 30échantillons, deux des trois résidus obtenus ont été transférés dans un matras pour déterminer leur teneur en azote parmicrokjeldahl.
Traitement des
hydrolysats
Une partie (50cm3sur 200 ou 250cm3) de chacun des trois
hydrolysats a
5 p. 100&dquo; (hémicelluloses)et des trois
hydrolysats
« 72 p. 100»(cellulose)
dechaque
échantillon a été neutralisée par NaOH aupHmètre.
On en a dosé lepouvoir
réducteur par la méthodeiodométrique
de SOMOGYI(1952)
et ona
préparé
un échantillon moyend’hydrolysat
5p. 100et un échantillon moyend’hydrolysat
72p.l00 pour en fairel’analyse chromatographique.
Chacun d’eux a été concentré dans descapsules
àl’étuve à vide (40°C) ; les sucres ont été extraits du résidu par l’alcool a 95p. ioo,
puis
dissous parquelques
cm3 d’eau bidistilléeaprès évaporation
de l’alcool ; cette solution aqueuse a été filtrée.Les sucres ont été séparés sur
papier
Arches 302 ou Whatman nO i par lemélange
acétated’éthyle,
acideacétique,
eau (3 : 1 : 3) (JERMYNet IsHExwoD, 1949). Les spots (en double ou entriple
pour
chaque hydrolysat)
ont été localisés par la révélation de bandes témoins par l’oxalate d’aniline à l’étuveà 105 - 1 1 00 C.
Dans wus les cas, nous avonsdécoupé
les bandescorrespondant
auxylose,
à l’arabinose et à l’ensemble
glucose
+ galactose pour leshydrolysats
5 p. 100. auxylose
et auglucose
pour leshydrolysats
72 p. 100. Nous avonségalement découpé
les bandescorrespondant
à d’autres spots
lorsque
ceux-ci étaient suffisamment denses ; cela est mentionné dans le texte et dans les tableaux des résultats détaillés.Le glucose et le
galactose
del’hydrolysat
g p. 100n’ont pas été dosés séparément parce que legalactose n’est présent
qu’en
faiblequantité (o, 5
à 3 p. ioo despolysaccharides totaux)
sauf dans les feuilles de luzerne (tableau i) etqu’il
est malséparé
duglucose
par le solvant utilisé. En revanche, cesolvant présente le gros avantage de séparer de
façon rapide
et satisfaisante lexylose
de l’arabinose d’une part, et l’arabinose des hexoses d’autre part.Après
élution, les sucres ont été dosés par la méthodecolorimétrique
de NELSON-SoMOGn(!9!2),
une courbe témoin étant établie pourchaque
sucre
(xylose
- arabinose -glucose)
pourchaque
sériejournalière.
Pour
exprimer
la teneur dechaque
sucre en pourcentage de la matière sèche de l’échantillon,nous avons admis que :
a) les
proportions
relatives dechaque
sucreaprès séparation chromatographique
sont lesmêmes que dans
l’hydrolysat,
en d’autres termes, que les différents sucres subissent les pertes relatives semblables, au coursdes différentes opérations :
concentration, extraction, filtration, chro-matographie,
élution...b) que les sucres dosés sont les seuls constituants réducteurs de
chaque hydrolysat.
Estirrtalion rle la
lignine rorrige· r
Dans tous les échantillons étudiés
jusqu’en
ig6o, c’est-à-dire la grandemajorité,
nous nouslimitions au
dosage
de lalignine
brute. Il est apparu que celle-ci contenait des matières azotées enquantité importante
et variablequi
nepermettait
pas de comparer correctement lacomposition
des membranes des organes et des
plantes
ayant des teneurs en matières azotées très différentes Nous avons heureusement pu montrer que la teneur en azote de lalignine
brutedépendait
étroi-tement de la teneur en azote du
fourrage (J OURNET
et(ARRIGE ,
r96z) ; nous avons calculé deséquations
derégression
permettant d’estimer avec une erreur limitée, en fonction de la teneur en azote dufourrage,
soit la teneur en azote de lalignine,
soit laproportion
de l’azote du fourrage passant dans lalignine.
De telleséquations
ont été établies pour lescatégories
defourrages
suivantes : ray-grass anglais,dactyle,
ray-grassanglais
etdactyle,
luzerne et foins de pré.Grâce à elles, nous avons estimé les matières azotées de la
lignine
brute et lalignine corrigée
des autres échantillons de ces différentes
catégories analysées
antérieurement ; pour les échantillons degraminées
autres que les ray-grass et lesdactyles,
nous avons utilisé la relation établie pour l’ensemble des ray-grass et desdactyles.
DÉFINITION DES TERMES UTILISÉS
Voici les termes
qui
ont été utilisés pourdésigner
les différentesfractions qui ont été exprimées,
dans un premier temps, en pourcentage, de la matière sèche de l’échantillon.
Hémicelluloses
(ou polyoses
noncellulosiques) :
0,9 Xpouvoir
réducteur del’hydrolysat
5 p. 100
(exprimé
englucose)
Cette fraction contient les hexosaneshydrolysables,
lamajeure partie
desxylanes,
et la totalité des arabanes(dans
laplupart
deséchantillons).
Cellulose : 0,9 X
pouvoir
réducteur del’hydrolysat
72 p. 100(exprimé
englucose).
Cette fractioncontient la cellulose vraie et les xylanes résiduels.
Xylanes :
0,9 X teneur enxylose
dechaque hydrol y sat.
Arabanes : 0,9 X teneur en arabinose de
chaque hydrolysat.
Hexosanes 5. p. ioooti hexosanes
hydrolysables :
0,0Xteneur en(glucose-l-galactose)
del’hydro- lysat
5 p. 100.Glucosane 72 p. IOO ou cellulose vraie : 0,9 X teneur en
glucose
del’hydrolysat
72 p. 100.Lignine (corrigée) : lignine
brute - 6,25 X teneur en azote de lalignine
brute.Membranes : hémicelluloses + cellulose +
lignine corrigée.
RÉSULTATS
MODES D’EXPRESSION DES RÉSULTATS - IMPORTANCE RELATIVE DES DIFFÉRENTS CONSTITUANTS ME:BŒRANAIRES
En
pourcentage
de l’échantittonNous avons d’abord
exprima
les teneurs des différents constituants membranairesen
pourcentage
de la matière sèche del’échantillon,
comme on le fait dans toutesles études sur la
composition
et la valeur alimentaire desplantes fourragères.
Cesteneurs ne sont
reportées
individuellement que pour les échantillons dont nous avonsdosé
séparément
les différentspolysaccharides (tableaux
m à22 ).
Les teneurs enhémicelluloses, cellulose et
lignine
de tous leséchantillons,
ont été naturellement utilisées pour étudier les variations de ces constituants et sontprésentées
dans cer-taines
figures.
Pourchaque catégorie d’échantillons,les
teneurs moyennes etextrêmes sont résumées dans le tableau 2 pour leshémicelluloses,
lacellulose,
lalignine
et lesmembranes,
et dans le tableau 3 pour les différentspolysaccharides.
Il ressort de ces tableaux que les
principaux
constituants membranaires ontprésenté
des teneurs très différentes entrecatégories
d’échantillons(même
sans teni rcompte
deschoux, puisqu’ils
ont été «dépectinisés
» par le traitement de l’oxalated’ammonium) :
pour les hémicelluloses : de 7-9p. 100pour les limbes ou feuilles de
légumineuse
sà 24p. 100en moyenne pour les inflorescences des
graminées
récoltées à lafloraison ;
pour la cellulose : de 9 p. 100 pour les limbes ou feuilles de
légumineuses
à 30- 35 p. 100pour laplupart
destiges
degraminées
et de luzerne récoltées à lafloraison ;
pour la
lignine corrigée :
de 2 p. 10:> pour lesgraminées
au début dupremier cycle
de croissance à 10 p. 100, ouplus,
pour lestiges
de luzerne ré2c>lt!2s à la flo-raison ;
pour les
xylanes
totaux : de 2 à à 2,5 p. 100pour les feuilles de luzerne ou les limbes de trèfle blanc à r8 p. 100en moyenne pour les inflorescences desgraminées.
En
revanche,
la teneur en hexosaneshydrolysables
a été relativement peu varia- ble(tableau 3 ),
et leplus
souventcomprise
entre 3et
4 p. 100. Demême,
la teneur enarabanes,
n’a varié que de 2 p. 100 pour les échantillons de trèfleblanc,
à 5 p. 100 pour lesgaines
degraminées ;
elle a étégénéralement
de 2 à 3 p. 100 pour leslégumi-
neuses
entières,
et de 2,5 à 3,! p. 100pour lesgraminées
entières.Au
total,
laproportion
des membranes dans la matière sèche a varié de 20p. 100en moyenne pour les feuilles de
légumineuses
àplus
de 60p. ioo pour certains échan- tillons degaines
et detiges
degraminées
récoltées à la floraison.En
pourcentage
des membvavcesPour étudier la
composition
des membranes et comparer des échantillonsayant
des teneurs en membranes trèsdifférentes,
il fautexprimer
la teneur dechaque
cons-tituant non
plus
enpourcentage
del’échantillon,
mais enpourcentage
des membranes.C’est ce que nous avons donc fait pour
chaque échantillon,
en admettant que les membranespouvaient
êtrereprésentées,
enpremière approximation,
par la sommehémicelluloses -E- cellulose -!--
lignine corrigée, hypothèse qui
sera discutée ultérieu- rement. Les teneurs moyennes ainsi calculées pourchaque catégorie
d’échantillons sont rassemblées dans le tableau 4 ; ellespermettent
de situerl’importance respective
des constituants de la membranes.
La cellulose vraie a
toujours
été le constituant leplus important
dans tous leséchantillons ;
elle areprésenté approximativement
45 p. 100 des membranes desplantes entières,
cetteproportion
variant de 40 p. 100pour les feuilles delégumineuses
et les inflorescences de
graminées,
à 55 p. 100pour lestiges (-!- pétioles)
de choux etles
pétioles
de trèfle blanc. La fraction cellulose(cellulose
!-xylanes résiduels)
areprésenté
en moyenne 47p. 100 des membranes des 20 foins deprairie
à flore com-plexe.
Onpeut
considérer cette valeur comme une moyennegénérale puisque
cesfoins avaient une
composition botanique
très variable. La teneur en celluloseapparaît
donc comme un critère satisfaisant de la teneur en membranes des
plantes entières ;
elle
permet
de comparer à cepoint
de vu! desplantes appartenant
à des famillesdifférentes.
Après
lacellulose,
lesxylanes
ont été lespolysaccharides
membranaires lesplus importants
de toutes lesplantes
entièresétudiées,
àl’exception
des échantillons de trèfle blanc ; chez cesderniers,
ils ont été moinsimportants
que les hexosaneshydrolysables,
de même que dans les autres feuilles delégumineuses
et dans leslimbes de choux. Ils ont été aussi les
polysaccharides
lesplus
variablespuisque
leurproportion
dans les membranes a varié de 12 p. 100pour les feuilles de luzerne et de trèfleblanc,
à 33 p. 100environ pour les inflorescences degraminées.
La teneur des membranes en hexosanes
hydrolysables
aété,
elleaussi,
très va-riable :
5 -6
p. 100pour lestiges
et lesgaines
desgraminées
récoltées à lafloraison,
à ig p. 100 pdur les feuilles de luzerne. D’unefaçon
trèsgénérale
elle a varié en sensinverse de la
proportion
de membranes dans l’échantillon. Les hexosaneshydroly-
sables ont
représenté
une fractionégalement
très variable des hexosanes totaux(tableau 5) :
de 10 p. 100pour lesgaines
et lestiges
desgraminées
récoltées à la floraison,
à 30 p. 100pour les feuilles de luzerne.La teneur des membranes en arabanes a varié
approximativement
dans le même sensque la teneur en hexosanes
hydrolysables,
de 4 p. 100 pour lestiges
desgraminées
récoltées à
la floraison,
à r2 p. 100pour les feuilles de luzerne. Elle a étéplus
faible que la teneur en hexosaneshydrolysables
dans laplupart
desplantes
entières.La teneur des membranes en
lignine
a varié de 5 à 17p. 100pour l’ensemble des échantillonsd’organes
et deplantes
entières degraminées,
et de 10 à 21 p. 100pourl’ensemble des échantillons
d’organes
delégumineuses. Quant
aux teneurs moyennes des différentescatégories
d’échantillons(tableau 4 ),
elles ont étécomprises
entre 10et 17 p. roo.
Les deux modes
d’expression
de la teneur des constituantsmembranaires,
amènent à des constatations
parfois
trèsdifférentes ;
parexemple,
enpourcentage
de la matièresèche,
la teneur en celluloseapparaît
très variable et la teneur en hexo-sanes
hydrolysables
relativement constante ; aucontraire,
enpourcentage
des m2m-branes,
la teneur en cellulose devientbeaucoup
moins variable que la teneur enhexosanes
hydrolysables.
Lafigure 1 permet
de comparer les deux modesd’expression
dans le cas des
tiges
de luzerne.Nous utiliserons ces deux modes
d’expressions
dansl’exposé
détaillé des résultats.pour étudier la
composition
des membranes des feuilles ettiges
desprincipales
es-pèces fourragères, objet principal
de cetravail,
nousexprimerons obligatoirement
les teneurs des constituants membranaires en
pourcentage
des membranes. Aucontraire,
pour lesplantes entières,
nous lesexprimerons
depréférence
enpourcentage
de la matière
sèche, puisque
nous chercherons surtout àdégager
des relations entre les teneurs des différentsconstituants,
et la teneur en membranes.On
peut
enfinexprimer
les teneurs enpolysaccharides
de la membrane en fonction despolysaccharides
totaux dela membrane, c’est-à-dire
de la somme: hémicelluloses -!- cellulose. C’est ce que nous avons fait dans le tableau 5 pour les différentescatégories d’échantillons,
afin de comparer nos résultats à ceux obtenus par les autres auteurs(tableau i) qui,
soit n’ont pas déterminé lalignine,
soit l’ont dosée par des méthodes différant de celle que nous avons utilisée.FEUILLES ET TIGES
Lég2cmineuses
Luzerne.
Feuilles. - Les 27 feuilles de luzerne étudiées ont
présenté
une teneur faibleet assez constante de constituants membranaires : en moyenne
8,8 0
p. 100 ± 0,00d’hémicelluloses, 8,6 9
p. 100 ±o,8 9
decellulose,
3,31 p. 100 ± o,5i delignine
et20
,8o
p. 100 ±i,68
de membranes. lueurs membranes ont donc eu unecomposition
relativement peu variable : 42,4 p. 100 ± 3,37
d’hémicelluloses, 4r,8
p. 100 ±3, 0 8
decellulose et
i5,8
p 100 ± i,7¢ delignine.
Elles sont caractérisées
(tableau il)
par leur faible teneur en cellulose vraie et enxylanes
et leur richesse en arabanes et en hexosaneshydrolysables,
ces derniersreprésentant
en moyenne 31,5 p. 100 des hexosanes totaux ; corrélativement leur fraction hémicelluloses est riche en arabanes et hexosaneshydrolysables.
La compo- sition de ces membranes aprésenté cependant
certaines variationsqui
n’ont pas été suffisammentsystématiques
pour être attribuées à l’influence del’âge,
du numéro ducycle
de croissance de l’année ou de la variété. HIRST et al.( I959 )
en ont observé debeaucoup plus importantes,
notammentdans
lesproportions
deglucosane hydroly-
sable et de cellulose
vraie ;
ellespourraient
être dues enmajeure partie
au faitque ces auteurs ont limité les traitements
préliminaires
à une extraction par l’alcool 80p. ioo, dont nous avons montré
par;ailleurs
l’insuffisance et leseffets’perturbateurs
sur
l’hydrolyse
ultérieure deshexosanes,
toutparticulièrement
pour les feuilles delégumineuse (J.!xIZIG!, 1961).
Tiges.
- Les teneurs encellulose,
enlignine
et en membranes des 27 échantillons detiges
de luzerne étudiés ont varié dans des limites trèslarges (de
35à58
p. 100pour lesmembranes) (figure i)
et ontaugmenté
au cours de chacun descycles
de crois-sance. Il n’en a pas été de même pour la teneur en hémicelluloses
qui
n’aaugmenté
que très peu avec
l’âge,
nepassant pratiquement
que de 13-14 p. 100à14 - 1 6
p. 100quand
la teneur en membranes s’élevait de 35-4o p. 100à 5! p. 100.Par
suite,
lacomposition
des membranes destiges
aprésenté
une évolutionrégulière
avecl’âge,
très semblable au cours de différentscycles
de croissance(figure i) :
leurs teneurs en cellulose et en
lignine
ontaugmenté
alors que leur teneur en hémicellu- losesdiminuait ; plus précisément
ce sont les teneurs en arabanes et hexosaneshydrolysables qui
ont diminué car la teneur enxylanes
est demeurée presque cons-tante(16,2
p. 100dans leshémicelluloses,
19,2p. 100autotal). La lignine a augmenté légèrement plus
vite que lacellulose,
lerapport lignine/cellulose
étant en moyennede l’ordre de 0,31. A
importance égale
dans lestiges,
les membranes du 2ecycle
de croissance ont été sensiblementplus
riches en cellulose que celles du jercycle (figure rb).
Les membranes des
tiges
ont unecomposition
très différente de celle des membra-nes des feuilles
corre3p 3 ndantes (tableau II ) :
elles sdntbeaucoup plus
riches encellulose
(5¢, 2 p.
100 au lieu tl d ; 41,9p. 100pour les 2échantillons),
en cellulose vraie et enxylanes
etplu
pauvres enhémicelluloses,
arabanes et hexosaneshydrolysables (en
moyenne 14,5 p. 100des hexosaneitotaux),
ces différences s’accroissant pour laplupart
avecl’âge ;
elles sontlégèrement plus
riches enlignine.
Ces données sont en bon accord avec celles obtenues par HIRST et al.
( 1959 )
sur les
tiges
de la luzerne duPuits, qu’elles
soientrapportées
à l’échantillon ou à lasomme des
polysaccharides
de la membrane(comparer
les tableaux i et5 ).
Type.
- Les membranes ontprésenté
une concentrationsignificativement plus
élevée(P
<0 , 05 )
dans les luzernes Flamande que dans les luzernes du Poitou à la fois dans lestiges
et dans lesfeuilles ;
en revanche elles ont eupratiquement
lamême
composition
dans les deuxtypes.
Cettecomparaison,
dont le tableau 6 donne lesrésultats,
a été effectuée sur 8 échantillons dechaque type,
cultivés etprélevés
dans les mêmes conditions : 3 ont été
prélevés
cours du iercycle,
3 au cours du 2e
cycle,
i au3 e
et i au4 e cycle.
Trè fle
violet.Les données obtenues sur le trèfle violet Goliath sont moins sûres que celles obtenues sur la
luzerne,
d’abord parce que nous n’avons étudiéqu’un petit
nombred’échantillons et,
ensuite,
parce que leshydrolysats
parS0 4 H,
5 p. 100 contenait uncertain nombre de
produits
que nous n’avons pas identifiés ni dosés. Ils donnaientsur les
chromatogrammes
desspots
biencaractérisés,
aussi bien pour les feuilles que pour lestiges,
d’unepart
en avant duxylose ( 1
à3 ),
d’autrepart
entre l’arabinose et leglucose (i
à2 )
ainsiqu’en
arrière dugalactose
dans certains échantillons.Les membranes n’ont
représenté qu’une
faibleproportion ( 21 , 1
p.100 )
des3
échantillons de feuilles
étudiés, prélevés
à différents stades au cours du 2ecycle
de croissance(tableau 12 ). Comparées
à celles des feuilles deluzerne,
elles ont eu sensiblement la même teneur faible en cellulose(q.r,r
p. 100 de cellulosevraie)
maiselles ont été
beaucoup plus
riches enxylanes
etplus
pauvres en hexosaneshydro- lysables ;
elles ont ainsi contenuplus
dexylanes
que les membranes destiges (ce qui
est une
exception
parrapport
à toutes les autresespèces étudiées).
Ces dernières ont en revanche contenubeaucoup plus
de cellulose( 49 , 4
p. 100 de cellulosevraie)
moins d’hémicelluloses et aussi moins de
lignine
que celles des feuilles.En même
temps
que leurimportance augmentait
dans lestiges
au cours du2
e
cycle
decroissance,
les membranes ont subi une évolution dans leurcomposition :
leur teneur en cellulose et en
lignine
aaugmenté
et leur teneur enhémicelluloses,
en arabanes et en hexosanes