• Aucun résultat trouvé

Quelques résultats préliminaires d une enquête sociolingustique

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Quelques résultats préliminaires d une enquête sociolingustique"

Copied!
47
0
0

Texte intégral

(1)

1

Quelques résultats préliminaires d’une

enquête sociolingustique

Fernand Fehlen

Quelques résultats préliminaires d’une enquête sociolingustique 1

1 Introduction 3

2 Note méthodologique 5

3 Un pays multilingue 8

3.1 Les langues présentes au Luxembourg ...8

3.2 Le niveau de maîtrise des langues ...8

4 Intégration linguistique 12 5 Variations régionales 15

5.1 Remarque préliminaire : ...15

5.2 Savoir reconnaître les variétés régionales ...17

5.3 Le parler régional...18

5.4 Persistance des dialectes ...22

5.5 Auto-désignation ...23

(2)

2

5.6 Les « dialectophones »... 24

5.7 Le dialecte refoulé... 26

5.8 Les raisons ... 27

5.9 Raisons de la déperdition des variations régionales ... 28

5.10 Conclusion et synthèse ... 29

6 Perception des langues 30

6.1 Beauté ... 30

6.2 Modernité ... 32

6.3 Familiarité ... 34

6.4 Culture... 36

6.5 Utilité ... 38

7 Questionnaire 40

Université du Luxembourg

Faculté de Lettres, Sciences Humaines, Arts et Sciences de l’Education, UR IPSE - http://ipse.uni.lu/html/

Campus Limpertsberg 162a, avenue de la Faïencerie L-1511 Luxembourg

tél: +352 46 66 44 6634 www.cu.lu/stade

(3)

1 Introduction

3

Le présent document veut faire le point sur l’état d’avancement de la publica- tion de l’étude sociolinguistique financée par le FNR dans le cadre du pro- gramme VIVRE.

Il s’agit d’un document de travail en cours de gestation. La mise en page et la présentation des tableaux et graphiques n’est que provisoire. Tous les tableaux de base (croisement des réponses aux questions avec une série de variables descriptives) ont été réalisés et ils ont été en grande partie analysés. Les quatre chapitres que nous présentons ont été choisis à dessein : le premier reprend les informations de base, les trois autres reprennent des aspects inédits que l’étude de 1997 n’abordait pas. Seul le chapitre sur les variations géographiques est terminé et peut être considéré comme modèle pour les chapitres à venir.

La publication comprendra aussi une comparaison avec l’étude BALEINE ef- fectuée en 1997 qui montrera le renforcement du rôle du français dans la vie publique.

(4)

4

(5)

2 Note méthodologique

5

Enquête par questionnaire réalisée par l'ILReS dans le cadre du projet de re- cherche FNR/02/05/06 par téléphone auprès d'un échantillon de 1708 person- nes en novembre et décembre 2004.

L’échantillon a été réalisé par tirage aléatoire des numéros téléphoniques en respectant des quotas pour certaines variables (sexe, âge, activité salariée, ré- gions, nationalité). Cet échantillon brut (voir sa distribution en 2.3) a été pon- déré par une stratification a posteriori pour respecter la composition de la population luxembourgeoise selon les données les plus récentes du STATEC (voir en 2.2). Il s’agit donc d’un échantillon représentatif de la population rési- dente du Luxembourg de 18 à 70 ans, selon la méthode des quota.

- Discussion des biais et

- renvoi vers un tableau avec les intervalles de confiances en annexe.

- Quelle est la différence entre cette enquête et un sondage ?

(6)

6

2.1 Description de la population du Luxembourg (en milliers)

(7)

2.2 Description de l’échantillon brut de l’enquête 7

(8)

8

3 Un pays multilingue

3.1 Les langues présentes au Luxembourg

L1. Je vous lis une série de langues: Dites-moi chaque fois si au cours de votre vie il y a eu une période plus ou moins importante où vous l'avez utilisée plus ou moins régu- lièrement ?

Cette première question essayait d’avoir une vue exhaustive des connaissances linguistiques générales de la population. Une longue liste de langues était pro- posée aux personnes interrogées et les réponses multiples étaient permises, sans aucune limitation.

Tableau 1 : Langues parlées selon les nationalités

99% des résidents déclarent utiliser plus ou mois régulièrement le français.

Arrivent en seconde place pratiquement ex-aequo le luxembourgeois (82%) et l’allemand (81%). Derrière les « trois langues usuelles du pays », pour repren- dre une formulation que l’on trouve couramment dans les offres d’emploi, vient l’anglais avec 72%, devançant largement toutes les autres langues. Il faut avouer que la façon de poser la première question, le fait de lire une liste de langues, incite les répondants à exagérer leurs compétences et les réponses af- firmatives ne doivent pas être considérées comme une preuve d’une réelle maî- trise. C’est la raison pour laquelle nous ne nous attarderons pas plus longtemps sur cette question.

3.2 Le niveau de maîtrise des langues

Une mesure plus réaliste de la compétence langagière peut se faire par une au- tre question. Au lieu de demander des niveaux de maîtrise – dans le style des descriptions qu’on peut lire dans les CV, genre « notions de base » ou « très bon niveau » – avec toute l’imprécision inhérente à l’autoévaluation, nous avons demandé aux personnes interrogées d’établir une hiérarchie dans le ni- veau de maîtrise des différentes langues et chacun pouvait donner cinq langues dans l’ordre de son niveau de maîtrise. La question était posée à l’identique pour le parler, la compréhension et l’écriture.

L13. a) Vous venez de m’indiquer les langues que vous utilisez, pourriez- vous m’indiquer celles que vous parlez le mieux? et en deuxième lieu? et en troisième lieu? en quatrième lieu? et en cinquième lieu?

b) Pouvez-vous m’indiquer celles que vous savez le mieux compren- dre? et en deuxième lieu? et en troisième lieu? en quatrième lieu? et en cinquième lieu?

c) Pouvez-vous m’indiquer celles que savez le mieux écrire? et en deuxième lieu? et en troisième lieu? en quatrième lieu? et en cinquième lieu?

Nationalité N français luxemb. allemand anglais italien portugais espagnol

flam. -

néerl. autre

luxembourgeoise 1044 99,5% 99,5% 98,9% 80,0% 31,9% 11,4% 17,8% 11,9% 4,9%

portugaise 298 98,2% 50,0% 39,3% 37,5% 25,0% 100,0% 28,6% 1,8% 3,6%

Autre 366 97,1% 62,3% 68,1% 76,8% 44,9% 15,9% 27,5% 23,2% 18,8%

ensemble 1708 99,0% 82,3% 81,3% 71,6% 33,5% 28,1% 21,9% 12,6% 7,4%

source: BaleineBis Langues parlées selon les nationalités (% en ligne)

(9)

9 a) Les langues les mieux parlées au Luxembourg

Cette méthode est bien adaptée à la situation multilingue du Luxembourg et avant de passer au palmarès des langues proprement dit, nous retiendrons que seulement 1% de la population résidente « avoue » ne parler qu’une seule lan- gue, 11% disent parler seulement deux langues, 30% trois langues. Pour les personnes de nationalité luxembourgeoise, le multilinguisme augmente : tous les Luxembourgeois parlent au moins deux langues, 99% parlent au moins 3 langues et 80% parlent au moins quatre langues.

Graphique 1: Langue la mieux parlée par l’ensemble des résidents (N = 1708)

0%

25%

50%

75%

100%

5.beste 1% 2% 2% 8% 2% 10%

4.beste 6% 12% 5% 37% 2% 6%

3.beste 33% 25% 9% 12% 2% 3%

2. beste 42% 35% 7% 7% 4% 2%

beste 16% 5% 55% 2% 14% 3%

Französisch Deutsch Luxemburg. Englisch Portugiesisch Italienisch

La première place du français comme langue la plus présente parmi les rési- dents est confirmée par cet instrument de mesure et son avance par rapport à l’allemand et au luxembourgeois augmente même. L’anglais est confirmé en quatrième position. En même temps sa position est relativée. Seulement 16%

l’indiquent comme la langue la mieux parlée et ainsi le français se dégage comme la langue de communication de la société luxembourgeoise.

L’italien et le portugais sont parlés par pratiquement le même pourcentage de résidents, mais le détail montre que leur fonction est tout à fait différente. Le portugais est principalement la langue des immigrés, tandis que l’italien est principalement une langue apprise à l’école, en somme la langue de la culture et des vacances sur l’Adriatique. En effet, ce sont surtout les 10% qui disent parler l’italien comme 5e langue qui font monter le total à 25%.

b) Les langues les mieux parlées par les Luxembourgeois

Pour les seules personnes de nationalité luxembourgeoise, le graphique prend une toute autre allure : le luxembourgeois est de loin la langue la mieux maîtri- sée : 86% l’indiquent en premier lieu. Arrive en deuxième place, comme lan- gue la mieux parlée le français avec 8% suivi de l’allemand avec 4%. Ces chiffres sont là pour nous rappeler que le Luxembourg est un pays d’immigration et qu’un certain nombre de Luxembourgeois nouveaux venus ont gardé la langue de leur pays de naissance voire de celui de leurs parents (voir question L2).

(10)

10

Graphique 2: Langue la mieux parlée par les Luxembourgeois (N = 1044)

0%

25%

50%

75%

100%

fifth 0% 0% 0% 6% 14% 3%

forth 7% 7% 2% 55% 6% 2%

third 47% 33% 5% 11% 1% 1%

second 37% 53% 6% 2% 1% 1%

best 8% 4% 86% 1% 0% 0%

french german lux embourgish english italian portugese

Tandis que 16% des Luxembourgeois qui indiquent le français comme langue la mieux maîtrisée sont nés à l’étranger, ce chiffre est de 3% seulement parmi ceux ayant indiqué le luxembourgeois comme leur première lange parlée. Sur les 5 luxembourgeois de l’échantillon qui indiquent ne pas parler le luxem- bourgeois 4 sont nés à l’étranger (en Belgique en France, en Roumanie et dans un pays hors de l’Europe).

Graphique 3: Pays de naissance des Luxembourgeois selon la langue la mieux parlée

L’allemand est la deuxième langue la mieux maîtrisée par les Luxembourgeois devançant avec 53% loin le français avec 37%. Au troisième rang la situation est inversée de façon logique. La plupart de ceux ayant indiqué l’allemand en deuxième place, énuméreront le français en troisième et vice versa. 55% des Luxembourgeois indiqueront l’anglais comme quatrième langue la mieux par- lée, suivie de l’italien en cinquième place.

97%

84%

90%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

luxembourgeois (n= 879) français (n= 66) allemand (n =35)

né au Luxembourg né à l'étranger

(11)

11 Vu l’organisation du système scolaire, le français joue toujours le rôle de lan-

gue de sélection dans le lycée luxembourgeois1 et, de par cette fonction, il est considéré comme la langue de prestige du pays, même si ce titre lui est disputé ces derniers temps par l’anglais2. Rien d’étonnant à trouver une certaine corré- lation entre le niveau d’instruction et l’auto-évalution de la compétence en français et allemand. Nous parlons bien d’auto-évaluation, car les réponses données sont conditionnées non seulement par les compétences réelles, mais aussi par les attentes sociales telles qu’elles sont perçues par les répondants. La catégorie des BAC+ réunit ceux qui ont fait des études post-secondaires cour- tes, s’y trouvent non seulement les BAC+3 (p.ex. IST, ISERP, IEES), mais aussi d’autres formations plus courtes.

Graphique 4: Deuxième langue la mieux parlée selon le niveau d‘instruction (N=

1044)

29%

34%

42%

34%

46%

63%

59%

48%

55%

37%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

école primaire secondaire 1er cycle BAC BAC + université

français allemand

Comme la profession dépend souvent de la formation, on retrouve la même structure dans le graphique suivant. Les professions demandant plus de forma- tion sont plus portées vers le français. La catégorie des indépendants étant une catégorie fourre-tout dans la quelle les petits patrons seront probablement les plus nombreux.

Graphique 5: Deuxième langue la mieux parlée selon la profession (N= 1004)

49%

43%

45%

45%

22%

31%

33%

25%

38%

45%

47%

51%

55%

60%

63%

53%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

cadre sup.

emplo yés bureau cadre mo y.

emplo yés indépendant enseignant o uvr.no n-qual.

o uvr. qual.

français allemand

1 Fernand Fehlen, Das Hidden Curriculum des Sprachenunterrichts in der Luxemburger Schule, Forum 264, März 2007

2 Cf. …

(12)

12

4 Intégration linguistique

4.1

Parlons un instant de la situation linguistique propre au Luxembourg

Cette petite phrase faisait la transition avec une nouvelle série de questions censée cerner l’importance de la langue luxembourgeoise pour l’intégration des immigrés au Luxembourg, du moins telle qu’elle est perçue par les Luxem- bourgeois et les étrangers. En effet, depuis les années trente du vingtième siècle l’identité nationale luxembourgeoise est pratiquement assimilée à l’identité linguistique du pays. Et depuis l’arrêté ministériel du 21 janvier 1938 qui exige la « geläufige Beherrschung der Luxemburgische(n) Sprache » comme une

« unbedingte Voraussetzung » de l’obtention de la nationalité luxembour- geoise3 ce lien a même une base légale. Ce qui n’empêche que lors de la ré- forme de la législation sur la nationalité ce point précis a été l’objet de nombreuses controverses.

(À développer : 1) valorisation identitaire vs. Utilité réelle pour certains étran- gers ; 2) le patriotisme linguistique focalisé sur la langue luxembourgeoise ou- blie que le « trilinguisme » est aussi une des spécificités de la société luxembourgeoise)

4.2 L’utilité des langues

L17. Quelles sont les langues les plus utiles pour quelqu’un qui vient s’installer et vivre au Luxembourg à l’heure actuelle ? Veuillez m’indiquer d’abord la langue la plus utile, ensuite la deuxième et puis éventuellement une troisième langue utile pour vivre au Luxembourg ?

4.3 L’importance de l’apprentissage du luxembourgeois pour les résidents adultes

L18. Dans quelle mesure est-il à votre avis important que….

a. les étrangers adultes résidents au pays parlent ou apprennent le luxem- bourgeois

1. très important 2. important 3. plutôt important 4. plutôt peu important 5. pas important 6. pas du tout important

3 Cet arrêté à un statut d’autant plus remarquable que c’est la première fois qu’un texte législatif fait référence à la langue luxembourgeoise. « Erlass des Justizministeriums vom 21. Januar 1938 », in : Jonghémecht, 12 (4), avril/mai 1938, p. 151, voir aussi Benoît Majerus ….

très important important plutôt important plutôt peu important pas important pas du tout important

Luxembourgeois 57,1% 30,8% 9,9% 2,2%

étrangers 33,6% 33,6% 20,3% 7,8% 1,6% 3,1%

(13)

13 Graphique 6: Importance du luxembourgeois pour les étrangers adultes rési-

dents selon le niveau d’instruction – Réponses des luxembourgeois (N = 1044)

71%

59%

59%

50%

40%

24%

28%

31%

35%

40%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

ecole primaire secondaire premier cycle BAC BAC+1 - BAC+3 université

très important important plutôt important plutôt peu important

Graphique 7: Importance du luxembourgeois pour les étrangers adultes rési- dents selon le niveau d’instruction – Réponses des non-Luxembourgeois (N = 664)

20%

36%

37%

38%

25%

29%

20%

28%

37%

38%

50%

25%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

pas de scolarisation ecole primaire secondaire premier cycle BAC BAC+1 - BAC+3 université

très important important plutôt important plutôt peu et pas important

4.4 L’importance de l’apprentissage du luxembourgeois pour les enfants issus de l’immigration et les frontaliers

L18. Dans quelle mesure est-il à votre avis important que….

b. les enfants des étrangers résidents au pays parlent ou apprennent le luxembourgeois

c. les frontaliers qui travaillent, mais ne vivent pas au Luxembourg, parlent ou apprennent le luxembourgeois

1. très important

2. important

3. plutôt important 4. plutôt peu important

5. pas important 6. pas du tout important

(14)

14 Graphique 8: Importance du luxembourgeois pour les étrangers selon différen- tes catégories – Réponses des luxembourgeois (N = 1044)

27%

57%

76%

43%

31%

21%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

frontaliers résidents adultes enfants des étrangers

très important important plutôt important plutôt peu important pas important

Graphique 9: Importance du luxembourgeois pour les étrangers selon différen- tes catégories – Réponses des non-Luxembourgeois (N = 664)

17%

34%

61%

33%

34%

24%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

frontaliers résidents adultes enfants des étrangers

très important important plutôt important plutôt peu important pas important

L19. Finalement pour vous personnellement la connaissance du luxembourgeois est- elle vraiment

utile pour …

(15)

5 Variations régionales

15

5.1 Remarque préliminaire : Variations régionales, dialectes et langue standard

Parmi les nombreuses variations que connaît une langue4, les variations géo- graphiques frappent le plus le locuteur naïf qui les perçoit en règle générale comme des déviations d’une norme universelle, identifiée, par la tradition litté- raire et à l’apprentissage scolaire de la grammaire par des générations d’élèves, à la langue elle-même. Ces parlers locaux ou vernaculaires sont très souvent, et principalement dans un État-nation centralisé, minorés, d’où la connotation généralement négative véhiculée par les mots « patois » et « dialecte ».

Contrairement à Monsieur et Madame Tout-le-monde, le linguiste conçoit une langue comme la somme des dialectes de tous les locuteurs se reconnaissant faire partie d’une communauté linguistique et il considère la langue standard comme un dialecte parmi d’autres.

La situation du Grand-Duché (d’après 1839) se distingue de celles d’autres pays plus grands : Le luxembourgeois est une langue par élaboration (Abs- tandssprache, Kloss) encore jeune et les deux langues des grands voisins sont omniprésentes, surtout dans le domaine de l’écrit. N’ayant pas, ou peu, profité d’une politique linguistique explicite et volontariste de la part de l’État, le luxembourgeois standard n’est que rarement perçu comme une norme contrai- gnante et l’alphabétisation s’effectuant toujours en allemand, ni son orthogra- phe, ni sa grammaire ne sont enseignées à l’école. Il ne faut donc pas s’étonner que l’opinion selon laquelle on a « le droit d’écrire le luxembourgeois comme on le veut » est largement répandue. La citation suivante est issue d’une en- quête de Marielle Rispail sur les contacts des langues en Lorraine et au Luxembourg (enquête basée sur des entretiens semi-directifs avec huit ensei- gnants et futurs-enseignants).

« Nos enquêtés luxembourgeois ignorent les textes qui régissent la politi- que linguistique de leur pays : ‘ le lux. est la seule langue officielle’, et en sont encore à regarder l'état de leur langue sans penser pouvoir agir sur son présent ou son futur, pensent que sa ‘grammaire change tout le temps’, ou qu'elle est ‘bien trop compliquée pour pouvoir être apprise’ ou que

‘c'est une langue sans littérature’. Ils pouffent de rire quand on leur dit qu'elle est parlée ailleurs et se soucient peu de son histoire. Cette désinvol- ture, qui ne s'inquiète pas de variations dialectales, va de pair avec une méconnaissance métalinguistique de cette langue. Des représentations erro- nées de leur langue, de sa législation, de son aire d'utilisation, de son his- toire, émaillent leur discours. »5

Même si l’image véhiculée par cette citation est désolante, elle corrobore bien nos observations faites comme enseignant à l’ISERP. Et au lieu de tergiverser sur une représentativité aléatoire d’un échantillon trop petit, il faut nous rési- gner à voir dans ces opinions le résultat des défaillances du système scolaire

4 En règle générale on distingue quatre types de variations: la variation diachronique liée au temps, la variation diatopique inscrite dans l’espace géographique, la variation diastratique induite par la position sociale et la variation diaphasique dépendant des situations de discours.

5 Contacts entre francique, français, allemand en Lorraine germanophone et au Luxembourg : situations / phénomènes / attitudes :p. 140

(16)

16 luxembourgeois. Même si le grand public n’en est pas toujours persuadé, le luxembourgeois standard existe bel et bien. C’est en 1910 que René Engel- mann a bien décrit le mécanisme qui a conduit à sa formation et qu’il a utilisé la première fois la notion de koinè pour désigner la langue commune qui s’était développée au cours de la deuxième moitié du 19è siècle :

„Das bedürfnis einer gemeinsamen umgangssprache hat hierzulande in- folge unserer politischen selbständigkeit und des offiziellen bilinguis- mus an der hochdeutschen schriftsprache vorbei zur entstehung einer über den lokalmundarten stehenden κοινη geführt. (Engelmann 1910:

10)

C’est d’après lui le « dialecte local » des habitants de la vallée de l’Alzette au nord de la ville de Luxembourg, allant de Eich à Ettelbruck.

qui est utilisé par „die beamten und geschäftsleute aus allen teilen des landes, die ihre heimat verlassen und ihren lokaldialekt aufgegeben ha- ben“ pour ne pas se faire remarquer. (Engelmann 1910: 12)

Même si la linguistique luxembourgeoise n’a pas pu se mettre d’accord sur la formation de la koiné6 elle ne met pas en cause son existence, au contraire elle contribue par ses travaux à la consolider. Ce n’est pas par un sondage que l’on peut apporter une preuve de son existence réelle, on peut tout au plus mesurer la perception subjective des enquêtés.

Il ne faut pas confondre l’approche présentée ici avec celle des dialectologues.

Avec notre outil, nous n’étudions pas les particularités régionales – p.ex. de la prononciation ou du lexique – telles qu’elles sont actées dans le Luxemburgis- cher Sprachatlas (LSA) et dont nous reproduisons ici deux planches7. Nous étudierons plutôt la perception des locuteurs tout en sachant que certains, ayant

6 Voir aussi: Gilles, Peter (2000): Die Konstruktion einer Standardsprache : zur Koinédebatte in der luxemburgischen Linguistik. In: Dieter Stellmacher (eds.): Dialektologie zwischen Traditi- on und Neuansätzen : Beiträge der Internationalen Dialektologentagung, Göttingen. Stuttgart (Zeitschrift für Dialektologie und Linguistik. Beihefte ; H. 109), 200-212.

7 Depuis peu celui-ci est accessible sur Internet : http://www.luxsa.info/

(17)

17 un accent local prononcé, le dénieront, d’autres parlant dans leurs interactions

professionnelles, voire familiales le luxembourgeois le plus châtié et neutre, prétendront utiliser leur vernaculaire dans toutes circonstances8. D’autant que la concurrence entre les différentes langues présentes au Luxembourg, la re- connaissance des différentes variétés du luxembourgeois – et leur valorisation comme source d’identité régionale, voire locale ou leur stigmatisation comme

« patois » – est un enjeu identitaire et politique. Ainsi, on a pu observer un cer- tain regain de l’affirmation de l’appartenance à un terroir à travers les parlers régionaux ou locaux dont les Marie-Josée Jacobs ou Carlo Wagner (« de naue Minister ») sont les figures de proue. Cet aspect n’est pas non plus l’objet de notre étude.

Après ces remarques préliminaires, le lecteur aura compris qu’il ne devra pas s’attendre à une réponse simple à la question : « quel est le pourcentage des dialectophones parmi les Luxembourgeois ? ».

La série de questions qui va suivre était évidemment seulement posée aux 1423 personnes déclarant parler le luxembourgeois.

5.2 Savoir reconnaître les variétés régionales

Conscient du contexte évoqué, nous avons évité de façon préméditée l’utilisation des vocables langue et dialecte (Sprooch, Dialekt) et nous avons recherché un questionnement qui ne contenait pas déjà la réponse recherchée, respectivement l’affirmation ou la négation de l’existence de dialectes.

L20 Wann ee mat Iech Lëtzebuergesch schwätzt, kënnt Dir dann un der Aussprooch erkennen aus wellecher Géigend vum Land ee kënnt ? (Si quel- qu’un s’adresse à vous en luxembourgeois, savez vous reconnaître à sa prononciation la région du pays dont il est originaire?)

Il faut reconnaître que dans notre souci de ne pas influencer les personnes in- terrogées nous avons créé une formulation ambiguë qui contient implicitement deux questions : Existe-t-il des accents régionaux ? Est-ce que vous êtes capa- bles de les reconnaître ? Mais comme ce n’est pas une existence « objective » des dialectes qui nous intéresse, mais bien leur perception, nous pouvons ac- cepter le flou. Que faudrait-il penser de quelqu’un qui affirme l’existence des dialectes tout en prétendant qu’il ne sait pas les distinguer.

8 Nous avons trouvé dans notre échantillon un cadre supérieur habitant Lintgen qui prétend parler comme les gens de cette commune, donc la koinè, mais déclare dans la question suivante parler « Pafendaller ». On peut s’imaginer qu’il s’agit d’un « émigré » du Pfaffenthal qui a voulu affirmer ses « racines », mais on ne saura pas pour autant ce qu’il parle réellement.

(18)

18 Graphique 10 : Savez-vous reconnaître la région d’après le parler ? Pourcentage de OUI selon l’âge (ensemble des luxembourgophones N=1423).

#N/A 68,9 61,1 73,7 79,9 91,2 #N/A

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

18 - 24 ans

25 - 34 ans

35 - 49 ans

50 - 64 ans

65 - 70 ans

Sur les 1423 personnes indiquant parler le luxembourgeois, 73,3% prétendent savoir reconnaître un locuteur par sa prononciation. Toutes les études montrent que les dialectes sont pratiqués surtout par les personnes les plus âgées, il ne faut donc pas s’étonner de voir augmenter l’affirmation de leur existence avec l’âge. Seule échappe à cette tendance la classe des plus jeunes qui semble plus sensible à la reconnaissance des variétés régionales que ses ainés.

Nous avons refait le même tableau pour les seules 953 personnes qui indiquent que le luxembourgeois est la langue qu’ils maîtrisent le mieux. Avec une plus grande compétence en luxembourgeois, le taux de ceux sachant faire la diffé- rence selon l’accent augmente à 86,4%. La structure des réponses selon l’âge restant la même. Faut-il pour autant tirer la conclusion que parmi les luxem- bourgophones 13% n’ont pas conscience de l’existence de dialectes régio- naux ? Ceci serait aller trop vite, comme va le montrer la question suivante.

5.3 Le parler régional

Contrairement à la première question la deuxième affirme l’existence de par- lers régionaux. Les 364 sondés qui viennent de dire qu’ils ne reconnaissent pas les accents des régions devraient en toute logique répondre par la négative à la question suivante. Mais confronté à l’autorité de l’enquêteur affirmant le contraire un certain nombre va changer d’avis9 :

L21. Zu Lëtzebuerg gët a verschidde Géigenden aaneschtes geschat, wéi an der Stad oder am Zentrum vum Land. Géif Dir soen dat een d’Leit bei Iech an der Géigend un hierer Sprooch erëm erkenne kënnt. (Au Luxembourg on parle dans certaines régions de façon différente qu’à Luxembourg-Ville et au centre du pays. Diriez-vous que l’on peut reconnaître les gens habitant votre région à leur parler ?)

De nouveau l’emploi d’une terminologie scientifique est évité. Au lieu d’utiliser le mot koinè, largement inconnu du public, ou le concept du luxem- bourgeois standard, qui risque d’étonner, sinon de froisser plus d’un, la ques- tion utilise une circonlocution consensuelle « la langue telle qu’on la parle à

9 28% de ceux qui avaient initialement déclaré ne pas pouvoir identifier une personne à son accent, disent cependant pouvoir reconnaître les habitants de leur région.

(19)

19 Luxembourg-Ville10 et au centre du pays ». À force de vouloir finasser, nous

avons de nouveau réussi une formulation équivoque. Au fond, nous pensions à la question suivante : « Parle-t-on le luxembourgeois standard – la langue commune qui n’est pas marquée géographiquement – dans votre voisinage ou peut-on reconnaître ses habitants à leur dialecte ? » Dans le Centre, p.ex. dans les cantons de Luxembourg et de Mersch, pratiquement 100% auraient dû dire que les habitants parlant la langue commune ne sont pas reconnaissables par leur accent. Il n’en est rien. Beaucoup auront compris : On peut les identifier, parce qu’ils ne parlent pas de dialecte particulier, en sous entendant que les habitants des autres régions sont reconnaissables grâce à celui-ci.

62% de tous les luxembourgophones sont d’accord avec l’affirmation que l’on peut identifier les habitants de leur région par leur accent. Parmi les personnes parlant le mieux le luxembourgeois ce taux augmente à 70,8%. Même si la question est floue, elle semble être un indicateur de l’existence de parlers ré- gionaux typés. C’est au moins ce que les données détaillées selon les cantons semblent indiquer et ce qui se recoupe avec les observations de terrain que le dialectologue peut faire.11

Graphique 11 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les cantons (ensemble des luxembourgophones N=1423).

0 20 40 60 80 100

Luxembourg-campagne Mersch Luxembourg-ville Grevenmacher Capellen Diekirch Redange Remich Esch-sur-Alzette Vianden Echternach Wiltz Clervaux

En ne considérant que les 1059 répondants qui déclarent savoir reconnaître les accents (L20 = OUI) le pourcentage augmente à 74,1%. La structure régionale reste cependant plus ou moins inchangée et dans les cantons aux parlers les plus typés – Wiltz, Vianden, Redange, Clervaux – 100% de ceux qui disent reconnaître les accents savent évidemment reconnaître l’accent de leur région.

10 Nous ne sommes pas sans savoir que la koinè n’est pas le dialecte de la capitale, ce parler que les blanchisseuses des faubourgs parlent dans les opérettes.

11 Il faut garder à l’esprit que pour les cantons peu peuplés les effectifs sont faibles (9 personnes pour le canton de Vianden) et que nous ne sommes plus dans la logique d’une enquête quantita- tive, mais plutôt dans le contexte d’une enquête ethnographique ou dialectologique.

(20)

20 Graphique 12 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les cantons (Ceux qui savent reconnaître les varia- tions régionales, N= 1059).

0 20 40 60 80 100

Mersch Luxembourg-campagne Luxembourg-ville Grevenmacher Capellen Diekirch Esch-sur-Alzette Remich Echternach Clervaux Redange Vianden Wiltz

La comparaison des deux graphiques précédents attire notre attention sur le canton de Redange qui fait un saut entre les deux classements : de la 7ième place il passe dans le peloton de tête. Faut-il y voir les aléas de l’échantillonnage12 ou l’existence d’un parler typique qui ne se révèle qu’aux plus fines oreilles ? 25,9% de ceux qui disent reconnaître la région d’habitation par la prononcia- tion répondent que les habitants de leur propre région ne peuvent être identifiés par leur accent, qu’ils parlent donc un luxembourgeois standard. Même, si le résultat est certainement trop faible à cause de l’ambiguïté de la

Graphique 13 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de NON selon les cantons (Ceux qui savent reconnaître les varia- tions régionales, N= 1059).

0 20 40 60 80 100

Redange Vianden Wiltz Clervaux Echternach Remich Esch-sur-Alzette Diekirch Capellen Luxembourg-ville Grevenmacher Luxembourg-campagne Mersch

12 Dans l’échantillon se trouvent 22 habitants du canton de Redange.

(21)

21 question déjà mentionnée, la distribution du résultat selon les cantons du gra-

phique 1313 est révélatrice. Les deux premiers du classement cadrent bien avec la thèse de la koinè qui serait le parler régional de la vallée de l’Alzette.

Les différences entre les cantons de Grevemacher et de Remich trouvent leur explication dans le découpage de ce dernier qui quitte la vallée de la Moselle pour s’étendre loin vers l’ouest jusqu’à Eisenborn appartenant à la commune de Junglinster. Le résultat inattendu pour la commune-même de Grevenma- cher, représenté par 15 habitants dans notre échantillon, pourra peut-être s’expliquer par la croissance démographique rapide de cette petite bourgade reliée par l’autoroute à la capitale.

Graphique 14 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les communes du canton de Grevenmacher (Ceux qui savent reconnaître les variations régionales, N=94).

0% 20% 40% 60% 80% 100%

BIWER JUNGLINSTER MERTERT GREVENMACHER BETZDORF FLAXWEILER MANTERNACH WORMELDANGE

Le graphique suivant pour le canton d’Esch-sur-Alzette montre le même effet : les communes de sa frange nord-est butant sur le canton de Luxembourg utili- sent, évidemment, plus « la langue telle qu’on la parle à Luxembourg Ville et au centre du pays » que les habitants de la ville d’Esch elle-même .

13 Celui-ci est évidemment le complément du graphique précédent.

(22)

22 Graphique 15 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les communes du canton d’ESCH/Alzette (Ceux qui savent reconnaître les variations régionales, N=349).

0% 20% 40% 60% 80% 100%

FRISA NGE RECKA NGE LEUDELA NGE ROESER B ETTEM B OURG P ETA NGE SA NEM SCHIFFLA NGE DUDELA NGE RUM ELA NGE DIFFERDA NGE M ONDERCA NGE KA YL ESCHA LZETTE

5.4 Persistance des dialectes

Tous ceux persuadés que dans leur région les gens se différencient par leur parler (donc ayant répondu par l’affirmative à la question précédente) ont dû préciser le nombre de locuteurs « parlant ainsi ». Dans les attentes des auteurs du questionnaire, il s’agit du nombre des dialectophones.

L22. WA JO: Wéifill Leit bei Iech an der Géigend schwetzen esou ? (Si OUI:

Combien de personnes parlent ainsi dans votre région?)

Les réponses prévues étaient au nombre de 5 : pratiquement tout le monde, beaucoup, une bonne partie, seulement les personnes âgées et d’autres réponses

Graphique 16 : Combien se démarquent par leur parler ? Pourcentage selon les cantons (L21 = OUI, N=1059)

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Clervaux Mersch Esch-sur-Alzette Luxembourg-campagne Grevenmacher Luxembourg-ville Wiltz Diekirch Capellen Redange Echternach Vianden Remich

baal alleguer fill eng gudd Partie nëmmen die eeler Leit

*pourcentages calculés sans les non réponses et autres réponses.

(23)

23 ouvertes. (Seulement les quatre premières modalités qui forment une échelle

ont été reprises dans le graphique.)

Nous avons trié les cantons selon la fréquence de la réponse la plus pessimiste (« ce sont seulement les vieilles gens qui utilisent encore le parler local »).

Sans trop insister sur les chiffres exacts, parce que, vu les petits effectifs, les intervalles de confiance augmentent, nous pourrons cependant en combinant avec le graphique 11 dresser un portrait intéressant de la diffusion des dialectes au Grand-Duché qui n’étonnera cependant pas vraiment. Clervaux et Esch-sur- Alzette sont parmi les cantons ayant un parler bien typé les deux où celui-ci est le plus répandu. C’est surtout à Remich que le parler local semble en déclin, car plus de 40% des habitants déclarent que ce ne sont que les personnes âgées qui l’utilisent encore.

5.5 Auto-désignation

Tout comme les langues nationales, les dialectes sont aussi des constructions.

Découpés dans un continuum dialectal où chaque village avait son propre ac- cent (comme Jean-François Gangler pouvait encore le constater en 1841)14 les dialectes se forment par la conscience des locuteurs d’avoir un parler commun avec leurs voisins et différent de la variété standard. La question suivante posée à tous ceux qui affirmaient l’existence des parlers régionaux ou locaux, n’est donc nullement superflue. Certes, les habitants d’Echternach appelleront leur parler Eechternocher, les habitants de la Moselle se revendiqueront du Miseler.

Mais quel est le rayonnement de ces parlers ? La question étant posée de façon ouverte, nous nous attendions aussi à avoir des enseignements intéressants sur la perception de la langue standard. Comment ceux, supposés utiliser la koinè allaient-ils appeler leur langue?

L23. WANN L20. JO: Wéi géingt Dir déi Aart a Weis ze schwätzen nennen?

Il faut d’abord dire que personne n’a utilisé le mot koinè. 208 personnes ont cependant parlé de: « normalt Lëtzebuergesch » (deux utilsant Zentrallëtze- buergesch) ; suivent « wéi am Minette » (auquel nous avons aussi ajouté le très rare Minetter), Misseler, Eisleker. En cinquième place arrive l’expression géné- rique « Dialekt », utilisée sans ou avec une précision géographique (p.ex Sauerdialekt, Stengeforter Dialekt, Dialekt aus dem Gutland, Dialekt aus dem Süden, Dialekt aus der Jonglënster Géigend, Dialekt vun der letzebuergescher Sprooch, regionalen Dialekt). Le mot « patois » est utilisé 4 fois et ce dans des entretiens qui se sont fait en langue luxembourgeoise. D’ailleurs un habitant de Mersch surenchérit en parlant de « regionalen Patois ». Un habitant de Wel- lenstein parle de « Mammesproch-Dialekt ».

Si l’on fait abstraction des très rares personnes qui auront mal compris la ques- tion15, le détail des réponses selon les cantons paraît très pertinent. On voit sur- tout l’étendue de l’auto-désignation « normalt Lëtzebuegesch » présent dans 10 des 12 cantons.

14 „Jedes Dorf hat, so zu sagen, seine eigene (Aussprache)“ Gangler (1841: v)

15 Les deux habitants du canton d’Esch prétendant qu’on y parle Woltzer sont probablement des natifs du Nord expatriés dans le sud du pays et ayant rapporté la question non pas au parler local, mais à leur parler personnel, tandis que l’habitant du canton de Grevenmacher peut très bien être persuadé que dans son village, limitrophe au canton de Wilz, s’apparente linguisti- quement à celui-ci.

(24)

24

Graphique 17: Les principales désignations des parlers régionaux/locaux utili- sées par les enquêtés selon les cantons (L20 = OUI, N=1059)

Voici encore quelques appellations particulièrement truculentes:

Een Mischmasch vun den Dialekter

aal Letzebuergesch

e besschen mei krass Lëtzebuergesch

e bessi vun allem

Héichlëtzebuergesch

Kuddelmuddel

Lëtzebuergesch-Franséisch

liicht ordinär

Stacklëtzebuergesch

vun der Long op Zong.

Patchwork

plompt Lëtzebuergesch

Reiberbaacher

reng Letzebuergesch

traditionnel

Quelques très rares étrangers sont conscients d’avoir un accent et disent p. ex.

parler avec « Däitschen Akzent » ou comme un « nei Belsch ».

45 personnes, soit 6% de ceux qui ont répondu à cette question, ont commencé leur entretien en français. Parmi eux, ceux qui parlent un « luxembourgeois normal » sont surreprésentés, mais certains déclarent aussi parler le dialecte de leur région, notamment ceux qui habitent la région « minette ».

5.6 Les « dialectophones »

Après ces trois questions préliminaires sera posée la question suivante :

L24. WANN L22. JO: Schwätzt Dir och esou ? (Est-ce que vous parlez comme les gens de votre région ?)

70,7% affirment parler comme les habitants de leur région, donc ne pas se dé- marquer par l’accent. La répartition selon l’âge a toujours la même allure que pour les questions précédentes.

Désignation du parler utilisé par les enquêtés normalt'

Lëtzebuerge

wéi am

Minett Éisleker Miseler

Eechternooc

her Wolzer

canton Luxembourg-ville 40 6 2 1 0 0

de résidence Capellen 20 17 6 2 0 0

Esch-sur-Alzette 48 170 6 5 1 1

Luxembourg-campagne 35 1 2 1 0 0

Mersch 23 1 1 0 0 0

Clervaux 0 0 11 0 0 0

Redange 4 0 4 0 0 0

Diekirch 17 1 12 0 0 1

Vianden 0 0 2 0 0 0

Wiltz 4 0 7 0 0 9

Echternach 7 0 1 1 12 0

Grevenmacher 5 0 1 29 2 1

Remich 5 0 0 17 0 0

Total 208 196 55 56 15 12

(25)

Graphique 18: Parlez-vous comme les gens de votre région : « OUI » selon les 25 classes d’âge (L22 = OUI, N= )

BaleineBis

#NV 68,8 65,5 66,1 74,4 80,0 #NV

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

18 - 24 ans

25 - 34 ans

35 - 49 ans

50 - 64 ans

65 - 70 ans

La distribution selon les cantons n’apporte pas de surprise et nous rappelle que le pourcentage de 70,7% ne doit pas être interprété comme un taux de dialecto- phones, car là où les parlers sont peu typés et correspondent le plus à la koinè ce taux est le plus élevé. Peut-on pour autant conclure que ceux qui ont répon- du par la négative (p.ex. dans le canton de Luxembourg) parlent un autre dia- lecte, parce qu’il sont nés dans une autre partie du pays ou parce qu’ils habitent les frontières de ce canton empiétant sur les domaines des dialectes voisins ? Ces difficultés nous montrent bien une des limites des sondages. Les outils statistiques permettent de faire des tableaux en additionnant des réponses indi- viduelles dont on ne sait pas nécessairement ce qu’elles veulent dire.16

Pour les cantons possédant un parler local prononcé l’interprétation des résul- tats est plus simple : les habitants des cantons de Remich et Echternach, pour ne prendre que les deux cas extrêmes, sont biens conscients qu’on y parle un dialecte. Mais ceux qui se revendiquent dialectophones sont dans la minorité : respectivement 40% à Remich et 43% à Echternach.

16 Nous renvoyons à notre chapitre méthodologique évoquant e.a. « le vertige des sondages ».

(26)

26 Graphique 19: Parlez-vous comme les gens de votre région : « OUI » selon les cantons (L22 = OUI, N= )

BaleineBis

0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0% 70,0% 80,0% 90,0%

Remich Echternach Clervaux Vianden Wiltz Capellen Redange Grevenmacher Diekirch Mersch Esch-sur-Alzette Luxembourg-ville Luxembourg-campagne

5.7 Le dialecte refoulé

La question suivante a seulement été posée aux 624 personnes qui disent avoir un parler différent du luxembourgeois parlé dans le centre, donc de la koiné.

Sachant que tout ajustement du comportement, non seulement de l’accent, sur un comportement dominant pour éviter une stigmatisation s’accompagne sou- vent de sa dénégation17, nous n’avons nullement l’illusion de décrire le com- portement réel à travers les réponses données à un enquêteur anonyme. Ce que celles-ci saisissent, c’est plutôt l’image que l’enquêté veut bien présenter de lui.

L25. WANN L24. JO : Kënnt ët Iech fir, datt der bei verschidde Gelegenheeten probéiert esou ze schwätzen, datt een nët erkennt vu wou Der kommt ? (Vous arrive-t- il que vous essayez parfois de parler de façon qu’on ne puisse identifier votre prove- nance ?)

19% avouent cacher quelquefois leur accent. Ils sont surreprésentés parmi les 25-34 ans et surtout parmi ceux qui n’ont suivi que l’école primaire. Cette ten- dance semble augmenter avec le niveau d’instruction, sauf pour les universitai- res qui revendiquent leur parler régional18.

17 Cf. la notion de violence simbolique …

18 Khi carré !!

(27)

Graphique 20: Utilisation d’un luxembourgeois qui ne permet pas la reconnais- 27 sance régionale : «OUI » selon les classes d’âge ( L24 = OUI, N= )

BaleineBis

#NV 18% 21% 19% 19% 17% #NV

0%

5%

10%

15%

20%

25%

18 - 24 ans

25 - 34 ans

35 - 49 ans

50 - 64 ans

65 - 70 ans

Graphique 21: Utilisation d’un luxembourgeois qui ne permet pas la reconnais- sance régionale : «OUI » selon le niveau d’instruction. ( L24 = OUI, N= )

BaleineBis

#NV 31% 16% 19% 20% 18% #NV

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

ecole primaire

secondaire premier cycle

BAC BAC+1 -

BAC+3

université

5.8 Les raisons

Les 117 personnes qui avouent cacher quelquefois leur accent sont priées d’indiquer les situations occasionnant ce comportement.

L26. WANN L25. JO : Bei welleche Geleenheten ass dat ? SPONTAN (si L25 OUI Vous le faites à quelle(s) occasion(s)?)

Comme il s’agissait d’une question ouverte avec la possibilité de réponses mul- tiples, nous avons recodé les indications dans les classes suivantes :

Loisirs 47%

travail 29%

administration 7%

école 6%

autres 29%

(28)

28 Plus instructifs que ces catégories assez abstraites, voici quelques exemples parlants :

bei aneren Leit, déi een net esou gudd kennt

bei besseren Leit

bei Besuch an am Frëndeskrees

bei engem Affekotbesuch, bei wichtegen Leit

bei Familjenfeieren

bei Receptiounen oder wann ech mech an der Stadt ophalen

bei Kollegen,wann ech Komissiounen machen

op Partyen

Terminons avec ce médecin qui indique utiliser un parler neutre pour améliorer le contact avec ses patients.

5.9 Raisons de la déperdition des variations régionales

La dernière question de la série s’adressait à tous ceux qui avaient indiqué ne pas parler la variété régionale de leur commune. Ainsi 263 sondés ont donné leur raison de façon spontanée sans réponses prédéfinies.

L27. WANN L24. NEE : Virwart schwätzt Dir nët esou? SPONTAN (si L24. NON : Pourquoi ne parlez-vous pas ainsi ?

La déperdition des dialectes régionaux n’est pas causée par l’influence perni- cieuse des médias comme d’aucuns le pensent, mais a une raison bien plus simple et d’autant plus profonde et incisive : la mobilité résidentielle. En effet 52% indiquent comme raison le fait d’être né dans une autre région, 22% disent ne jamais avoir parlé ainsi à la maison, peut être parce que la famille avait déjà migré dans la région. Seulement 7% disent avoir désappris le parler local. Pour terminer, nous présentons ces raisons selon les cantons, tout en rappelant les petits effectifs de ce tableau19.

Graphique 22: Raison pour ne pas parler le parler local en pour centsselon les cantons. ( L24 = NON, N= 263)

29%

36%

36%

41%

54%

60%

60%

60%

64%

70%

80%

53%

25%

29%

18%

27%

20%

20%

20%

27%

21%

15%

20%

22%

42%

36%

46%

18%

16%

15%

12%

10%

18%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Luxembo urg-ville Luxembo urg-campagne M ersch Diekirch Esch-sur-A lzette Wiltz Grevenmacher Remich Capellen Echternach Clervaux ensemble pays

an enger aanerer Géigend gebuer ech hu mer ët ofgewinnt mir hunn ni eesou doheem geschwat aner

19 Deux cantons ayant des effectifs de moins de 10 ne sont pas représentés-

(29)

5.10 Conclusion et synthèse 29

(30)

30

6 Perception des langues

L16. Je vous énumère quelques langues20. Dites-moi svp pour chacune l’effet qu’elle a sur vous, c’est-à-dire comment vous la ressentez : p.ex. beau – laid, moderne - vieil- lot. Indiquez votre réponse sur une échelle de 1 à 10

S1. français S2. allemand S3. anglais

S4. luxembourgeois

a. beau 1 ... 10 laid, moche b. moderne 1... 10 vieillot c. familier 1... 10 étranger d. cultivé 1... 10 brutal e. utile 1... 10 superflu

Pour un commentaire succinct voir F. Fehlen, Babylon im Kleinformat: Spra- chenvielfalt in Luxemburg pp 25sq.

6.1 Beauté

Ensemble population

beau laid

3,3 2

2,7

4,5

6,7 8

7,3 5,5

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

luxembourgeois français anglais allemand

Résidents luxembourgeois

beau laid

2,5 2,1

2,8 4

7,5 7,9

7,2 6

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

luxembourgeois français anglais allemand

20 L’ordre des langues énumérées varie pour chaque entretien.

(31)

Résidents luxembourgeois (N = 1044) Résidents étrangers (N= 664) 31

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse allemand

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse allemand

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse anglais

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse anglais

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse français

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse français

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse luxembourgeois

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Beau 2 3 4 5 6 7 8 9 Laid

moche Non- réponse luxembourgeois

(32)

32 6.2 Modernité

Ensemble population

moderne vieillot

4,5 3,2 2,5

4,5

5,5 6,8 7,5

5,5

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

luxembourgeois français anglais allemand

Résidents luxembourgeois

moderne vieillot

4,2 3,4 2,6

4,5

5,8 6,6 7,4

5,5

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

luxembourgeois français anglais allemand

Références

Documents relatifs

Compléter cette figure pour obtenir un patron du polyèdre, sachant qu’il comporte deux triangles équilatéraux et que toutes les autres faces sont identiques.. Au Maroc, alors que

Avec un ordinateur équipé de Windows XP, on peut utiliser Windows Vista en même temps.. Avec un ordinateur équipé de Windows 7, on peut utiliser Linux en même

Il faut aller vers une éducation sexualisée, différente d'une éducation à la sexualité, qui nécessite un partenariat entre les enseignants, l'infirmière scolaire et le planning..

Problème 2 : Avec 50 roses, un fleuriste doit composer des bouquets de

Sachant que la mesure en éducation se distingue de celle des domaines scientifiques traditionnels, nous allons maintenant discuter d’un minimum de cinq défis à relever pour

- Le coût total éligible de votre opération est inférieur à 1M€ (cf. Article 3 de la décision juridique) => les recettes générées après l’achèvement de votre

2 – Application : résolution d’un problème dans une situation nouvelle en l’absence de tout exemple de résolution.. 3 étapes : ∞ Identification

Ça monte progressivement d'un cinquième à l'autre et dans le cinquième le plus riche, votre revenu si vous êtes une personne seule est autour de 50 000$ et si vous êtes une famille,