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Contrairement à la première question la deuxième affirme l’existence de par-lers régionaux. Les 364 sondés qui viennent de dire qu’ils ne reconnaissent pas les accents des régions devraient en toute logique répondre par la négative à la question suivante. Mais confronté à l’autorité de l’enquêteur affirmant le contraire un certain nombre va changer d’avis9 :

L21. Zu Lëtzebuerg gët a verschidde Géigenden aaneschtes geschat, wéi an der Stad oder am Zentrum vum Land. Géif Dir soen dat een d’Leit bei Iech an der Géigend un hierer Sprooch erëm erkenne kënnt. (Au Luxembourg on parle dans certaines régions de façon différente qu’à Luxembourg-Ville et au centre du pays. Diriez-vous que l’on peut reconnaître les gens habitant votre région à leur parler ?)

De nouveau l’emploi d’une terminologie scientifique est évité. Au lieu d’utiliser le mot koinè, largement inconnu du public, ou le concept du luxem-bourgeois standard, qui risque d’étonner, sinon de froisser plus d’un, la ques-tion utilise une circonlocuques-tion consensuelle « la langue telle qu’on la parle à

9 28% de ceux qui avaient initialement déclaré ne pas pouvoir identifier une personne à son accent, disent cependant pouvoir reconnaître les habitants de leur région.

19 Luxembourg-Ville10 et au centre du pays ». À force de vouloir finasser, nous

avons de nouveau réussi une formulation équivoque. Au fond, nous pensions à la question suivante : « Parle-t-on le luxembourgeois standard – la langue commune qui n’est pas marquée géographiquement – dans votre voisinage ou peut-on reconnaître ses habitants à leur dialecte ? » Dans le Centre, p.ex. dans les cantons de Luxembourg et de Mersch, pratiquement 100% auraient dû dire que les habitants parlant la langue commune ne sont pas reconnaissables par leur accent. Il n’en est rien. Beaucoup auront compris : On peut les identifier, parce qu’ils ne parlent pas de dialecte particulier, en sous entendant que les habitants des autres régions sont reconnaissables grâce à celui-ci.

62% de tous les luxembourgophones sont d’accord avec l’affirmation que l’on peut identifier les habitants de leur région par leur accent. Parmi les personnes parlant le mieux le luxembourgeois ce taux augmente à 70,8%. Même si la question est floue, elle semble être un indicateur de l’existence de parlers ré-gionaux typés. C’est au moins ce que les données détaillées selon les cantons semblent indiquer et ce qui se recoupe avec les observations de terrain que le dialectologue peut faire.11

Graphique 11 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les cantons (ensemble des luxembourgophones N=1423).

0 20 40 60 80 100

Luxembourg-campagne Mersch Luxembourg-ville Grevenmacher Capellen Diekirch Redange Remich Esch-sur-Alzette Vianden Echternach Wiltz Clervaux

En ne considérant que les 1059 répondants qui déclarent savoir reconnaître les accents (L20 = OUI) le pourcentage augmente à 74,1%. La structure régionale reste cependant plus ou moins inchangée et dans les cantons aux parlers les plus typés – Wiltz, Vianden, Redange, Clervaux – 100% de ceux qui disent reconnaître les accents savent évidemment reconnaître l’accent de leur région.

10 Nous ne sommes pas sans savoir que la koinè n’est pas le dialecte de la capitale, ce parler que les blanchisseuses des faubourgs parlent dans les opérettes.

11 Il faut garder à l’esprit que pour les cantons peu peuplés les effectifs sont faibles (9 personnes pour le canton de Vianden) et que nous ne sommes plus dans la logique d’une enquête quantita-tive, mais plutôt dans le contexte d’une enquête ethnographique ou dialectologique.

20 Graphique 12 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les cantons (Ceux qui savent reconnaître les varia-tions régionales, N= 1059).

0 20 40 60 80 100

Mersch Luxembourg-campagne Luxembourg-ville Grevenmacher Capellen Diekirch Esch-sur-Alzette Remich Echternach Clervaux Redange Vianden Wiltz

La comparaison des deux graphiques précédents attire notre attention sur le canton de Redange qui fait un saut entre les deux classements : de la 7ième place il passe dans le peloton de tête. Faut-il y voir les aléas de l’échantillonnage12 ou l’existence d’un parler typique qui ne se révèle qu’aux plus fines oreilles ? 25,9% de ceux qui disent reconnaître la région d’habitation par la prononcia-tion répondent que les habitants de leur propre région ne peuvent être identifiés par leur accent, qu’ils parlent donc un luxembourgeois standard. Même, si le résultat est certainement trop faible à cause de l’ambiguïté de la

Graphique 13 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de NON selon les cantons (Ceux qui savent reconnaître les varia-tions régionales, N= 1059).

0 20 40 60 80 100

Redange Vianden Wiltz Clervaux Echternach Remich Esch-sur-Alzette Diekirch Capellen Luxembourg-ville Grevenmacher Luxembourg-campagne Mersch

12 Dans l’échantillon se trouvent 22 habitants du canton de Redange.

21 question déjà mentionnée, la distribution du résultat selon les cantons du

gra-phique 1313 est révélatrice. Les deux premiers du classement cadrent bien avec la thèse de la koinè qui serait le parler régional de la vallée de l’Alzette.

Les différences entre les cantons de Grevemacher et de Remich trouvent leur explication dans le découpage de ce dernier qui quitte la vallée de la Moselle pour s’étendre loin vers l’ouest jusqu’à Eisenborn appartenant à la commune de Junglinster. Le résultat inattendu pour la commune-même de Grevenma-cher, représenté par 15 habitants dans notre échantillon, pourra peut-être s’expliquer par la croissance démographique rapide de cette petite bourgade reliée par l’autoroute à la capitale.

Graphique 14 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les communes du canton de Grevenmacher (Ceux qui savent reconnaître les variations régionales, N=94).

0% 20% 40% 60% 80% 100%

BIWER JUNGLINSTER MERTERT GREVENMACHER BETZDORF FLAXWEILER MANTERNACH WORMELDANGE

Le graphique suivant pour le canton d’Esch-sur-Alzette montre le même effet : les communes de sa frange nord-est butant sur le canton de Luxembourg utili-sent, évidemment, plus « la langue telle qu’on la parle à Luxembourg Ville et au centre du pays » que les habitants de la ville d’Esch elle-même .

13 Celui-ci est évidemment le complément du graphique précédent.

22 Graphique 15 : Peut-on identifier les habitants de votre région par leur accent ? Pourcentage de OUI selon les communes du canton d’ESCH/Alzette (Ceux qui savent reconnaître les variations régionales, N=349).

0% 20% 40% 60% 80% 100%

FRISA NGE RECKA NGE LEUDELA NGE ROESER B ETTEM B OURG P ETA NGE SA NEM SCHIFFLA NGE DUDELA NGE RUM ELA NGE DIFFERDA NGE M ONDERCA NGE KA YL ESCHA LZETTE

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