A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
A NDRÉ L ICHNEROWICZ Variétés de Poisson et feuilletages
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 5
esérie, tome 4, n
o3-4 (1982), p. 195-262
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VARIETES DE POISSON ET FEUILLETAGES
André Lichnerowicz (1)
Annales Faculté des Sciences Toulouse Vol
IV,1982,
P.195 à 262(1) Collège
deFrance,
75005 Paris France.Résumé : Une variété de Poisson
(W,A) est
une variété surlaquelle
estdéfinie,
par un 2-tenseur contravariantantisymétrique A,
un crochet de Poisson sur les fonctions[7] .
Elle est feuilletéeen sous-variétés
symplectiques.
Soit(Mpo/)
une variété munie d’unfeuilletage ~;
le fibréT*~
cotangent
aufeuilletage
admet une structure naturelle de variété de Poissontangentiellement
exacte
qui
peut être caractérisée. Différentes relations entre lescohomologies
associées à un feuil-letage
et à une variété de Poisson sont étudiées. On montrel’existence,
sous une condition coho-mologique,
de*-produits tangentiels
sur une variété de Poisson. Pour(M,.o/)
on met en évidencedes classes de
cohomologie
deChevalley
del’algèbre
de Lie deschamps
de vecteurstangents opé-
rant sur les espaces de formes
normales,
classes définies àpartir
de formescaractéristiques
dufeuilletage
~"~ .Summary :
A Poisson manifold(W,A)
is a manifold on which askewsymmetric
contravariant 2-tensor defines a Poisson bracket for the functions. Such a manifold admits a foliation(or a sin- gular foliation)
withsymplectic
submanifolds. Let(M, F)
be a manifold with a foliationF.
Thecotangent
bundleT*~~
of the foliation admits a natural exact Poisson structure which can be characterized. Various relations between thecohomologies
associated with a foliation or a Poisson structure are studied. We prove theexistence,
under ageneral cohomological condition, of tangen-
tial
*-products
on a Poisson manifold and weintroduce, by
means of characteristic forms of a foliation(M,~ ),
naturalChevalley cohomology
classes of the Liealgebra
of thetangent
vectorfields, acting
on the spaces of normal formsby
Lie differentiation.196
INTRODUCTION
J’ai introduit,
il y aquelque
temps, la notion de variété de Poisson[7]
commegéné-
ralisation contravariante naturelle de celle de variété
symplectique.
Une variété de Poisson(W,A)
est une variété
différentiable
W surlaquelle
estdéfini,
par un 2-tenseur contravariantantisymé- trique A, l’analogue
du crochet de Poisson pour les fonctions.D’après
Kirillov etmoi-même,
surune telle
variété,
A détermine unfeuilletage symplectique,
soit en un sensgénéralisé (variété
dePoisson non
régulière),
soit au sens strict du terme(variété
de Poissonrégulière).
Les deux exem-ples
naturels lesplus simples
de variété de Poisson sont les suivants : soit A unealgèbre
deLie,
A*
l’espace dual ;
le tenseur de structure de A définit sur A* une structure de Poisson A. Les«feuilles» de
(A*,A)
sont lesorbites,
pour lareprésentation coadjointe,
d’un groupe de Lie conne-xe admettant A pour
algèbre.
D’autrepart
le fibrécotangent T*~ d’un feuilletage 9T admet
une structure de Poisson
canonique régulière
dont les feuilles sont les fibréscotangents
des feuilles de~ ;
cette structure esttangentiellement
exacte en un sens convenable.Nous nous proposons, dans cet
article,
d’étudiersystématiquement
lesrapports
entre variétés de Poisson(essentiellement dans,
le casrégulier)
etfeuilletage.
Cet article estrédigé
demanière,
autant quepossible,
à sesuffire
à lui-même. II est divisé encinq chapitres.
Le
chapitre
1 est consacré à la notion de variété de Poisson associée à unfeuilletage
et à ses
principales propriétés, indépendamment
de toute introduction de connexion.Après
avoir
rappelé
les définitions etpropriétés générales
concernantfeuilletages ~
et variétés de Poisson(W,A)
et fixé lesnotations,
on définitT* 9T
comme variété de Poissontangentiellement
exacte et on montre
qu’à
toutfeuilletage
estcanoniquement
associé un fibré ensphères
munid’une structure conforme de
Jacobi [8] .
Apartir
d’un théorème deNagano [16] ,
on caractérise les fibréscotangents
à unfeuilletage
en termes de variétés de Poissontangentiellement
exacte etl’on relie l’orientabilité transverse d’un
feuilletage
à l’orientabilité de sa variété de Poisson associée.Dans un contexte
proche
de celui deGodbillon-Vey,
on introduit une 1-classe deA-cohomologie tangentielle
de(T* 9T ,A),
naturelle parrapport
auximages réciproques
par submersion du feuille- tage. Cheminfaisant,
on a introduit pour une variété de Poisson exacte, mais nontangentiellement
exacte, une classe intéressante de
A-cohomologie.
Soit
(M,
une variété munie d’unfeuilletage ~.
Lechapitre
1porte
surles conne- xions linéaires sans torsion ditesadaptées
aufeuilletage ~ .
On y montre comment une telle connexion peut être relevée sur la variété de Poisson associée. Si M est munie d’unemétrique riemannienne,
celle-ci détermine d’une manièreunique
une connexionadaptée
déduite de la connexion riemannienne. Lesapproches
deGuelorguet-Joubert
et B. Reinhart sontinterprétées
dans ce contexte un peu différent. On établit l’existence sur toute variété de Poisson de conne-
xions linéaires dites connexions de Poisson
qui
sont lagénéralisation
dans ce cadre des connexionssymplectiques correspondant
aux variétéssymplectiques.
Le
chapitre
II est relatif à lagénéralisation
de la notionde *v-produit
à une variétéde Poisson
(W,A). L’espace
N = admet une structured’algèbre
associative définie par leproduit
usuel des fonctions et une structured’algèbre
de Lie définie par le crochet de Poisson(algèbre
de Lie dePoisson)
que l’on se propose de déformer au sens de Gerstenhaber. De telles dé- formations sontsusceptibles
dejouer
un rôleimportant
dans laMécanique quantique
dessystèmes dépendant
dutemps.
On met en évidence un invariantcohomologique, toujours
nonnul,
de lastructure de
Poisson,
àpartir
de lacohomologie
deChevalley
del’algèbre
de Lie de Poisson. Cetinvariant est l’extension au cas des variétés de Poisson d’un invariant concernant le cas
symplec- tique.
Iljoue
un rôlemajeur
dans la théorie des*v produits tangentiels
de(W,A)
et peut êtregéné-
ralisé d’une manière étroitement reliée à
l’homomorphisme
de Chern-Weil. Sous une conditiongénérale
concernant la nullité de laA-cohomologie tangentielle
en dimension3,
on prouve l’exis- tence sur(W,A)
de*v-produits tangentiels.
Dans le
chapitre
IV onprécise,
àpartir
de l’introduction de connexionsadaptées,
desrésultats concernant les
feuilletages lagrangiens
d’une variétésymplectique,
obtenus récemmentpar A. Weinstein et P. Dazord. Il existe ainsi une connexion
adaptée
sur la variété induisant surchaque
feuille une connexionplate
sans torsion. Les liaisons avec l’holonomie et le cas riemanniensont aussi étudiés.
Le dernier
chapitre
porte d’une part sur des classes deA-cohomologie tangentielle
de(T* ~ ,A)
en dimensionsimpaires
déduites del’algèbre caractéristique
dufeuilletage,
d’autre partsur la mise en
évidence,
àpartir
des 2r-formescaractéristiques
du fibrétransverse,
der-cocycles
deChevalley
del’algèbre
de Lie L des vecteurstangents
aufeuilletage, opérant
par dérivation de Liesur les r-formes normales. Les classes de
cohomologie correspondantes
sont naturelles par rapportaux
images réciproques
par submersion dufeuilletage
et sans liaisonssimples
avec ses classes carac-téristiques.
Cet article caractérisé par l’introduction
systématique
des variétés de Poisson et celle des connexionsadaptées
auxfeuilletages, synthétise
d’une part, en lesprécisant,
un certain nom-bre de résultats antérieurs et d’autre part apporte des résultats nouveaux concernant les différentes
cohomologies
associées à unfeuilletage
ou à une variété de Poisson.Les résultats les
plus
intéressantsfigurent
auxparagraphes
3 à5,
auxparagraphes
13,
16 et17,
ainsiqu’au paragraphe
23.1 NOTION DE VARIETE DE POISSON ASSOCIEE A UN FEUILLETAGE
1. - Eléments attachés à un
feuilletage
a)
Soit M une variété différentiable connexe,paracompacte,
de dimension m et classeC°°.
Tous les éléments introduits sontsupposés
de classeC°°.
Soit~
unfeuilletage
de M de codi-mension q. Nous
désignons
par9T (x)
la feuille connexepassant
par x G M et de dimension p = m - q. Nous posons :Soit T M le fibré
tangent
de M. Nous notonsT~
le sous-fibré vectoriel de T M défini par les vec- teurstangents
aux feuilles. Le fibré T~ tangent
aufeuilletage
admet donc pour fibre en x E Ml’espace tangent Tx
de dimension p. Ainsi dim.T ~ =
m + p. Le fibré vectorielquotient
=
TM/T~
est le fibré transverse à~
Sa fibre en x E M estTx
de dimension q.On a la suite exacte de fibrés vectoriels sur M
b)
On sait que le dual d’un fibré vectoriel est défini comme le fibré deshomomorphis-
mes dans le fibré linéaire trivial. Etudions les duaux
respectifs
v*y,
de v~
etT ~ .
Ondéduit de
(1-1 ),
pardualité,
la suite exacte :Le sous-fibré
v*,~
de T*M peut être défini par les covecteurs de M nuls sur les éléments de ;sa fibre est de dimension q. Le fibré
quotient T*~ =
est dit le fibrécotangent
aufeuilletage ;
sa fibre est de dimension p et dim.T*~ =
m + p.Soit 7T :
T*a-~
M laprojection
du fibrécotangent
aufeuilletage.
Si x EM, ’Tf -1 97 (x)
est le fibrécotangent
de la feuille‘~ (x).
Nous définissons ainsi unfeuilletage
de la variété W des feuilles de dimension2p.
Nousnotons ~
=~r* ~ cefeuilletage ;
on ac)
Nous notons(A, B,...
=1,...,m)
une carte locale de M de domaine U. Sia : T* M -~ M est le fibre cotangent de
M,
la carteenvisagée
de M définit une carte= xA, ~ A = xA ~ (K, L,... = 1,...,2m)
de T*M,
de domaineQ 1 (U).
Le
feuilletage ;~
est défini par unsystème
de Pfaffcomplètement intégrable, partout
de rang q sur M. Une
carte { (a,b,... = 1 ,...,q ; i,j,...,m)
de M de domaine U est diteadaptée
aufeuilletage ~ si,
dansU, xa
= const. lelong
des feuilles. une carteadaptée à ~ de
domaine U’ tel que UnU’ ~ ~ ;
on a sur U nu’ :Nous notons A =
(AB~ -
=axB’ / axA)
et(A,
=axA / axB’)
les matricesjacobiennes
reliantles deux cartes.
Une carte
adaptée
deM,
de domaineU,
définit au dessus de U des cartes depeuvent s’écrire :
.
Elle définit
aussi,
au dessus deU,
des cartes dev* f7
etT*~’~ qui
peuvent se noter :Le
feuilletage 1r* 9T
deT*~
est définit au dessus de U par leséquations dxa
= 0.d)
Soit M’ une variété différentiable tellequ’il
existe une submersion p : M’ -~ M. Si~ xa,x~ ~
est une carte deM,
de domaineU, adaptée
aufeuilletage ~ ,
il résulte de lapropriété
de submersion que les q fonctions localesxa
o p sontindépendantes
surp ~ (U);
Il en résulte que la submersion p définit sur M’ unfeuilletage
de même codimension que~ qui
est ditl’image réciproque
de~’~
par p ; on pose~
’ = .En
particulier
1r W = T*~ -~
M est une submersion de W sur M et lefeuilletage
~ _
~r*;’~
de W n’est autre quel’image réciproque
de,f
par 7r.2. - Notion de variété de Poisson
Soit W une variété différentiable de dimension d. Nous posons N =
IR).
Pourabréger
nousappelons
r-tenseur un tenseur contravariantantisymétrique
d’ordre r.a)
Sur de tels tenseurs, Schouten[14]
etNijenhuis
ont introduit un crochet(le
crochetde
Schouten) qui,
à toutcouple A,
B d’un r-tenseur et d’un s-tenseur faitcorrespondre
un(r
+ s -1)-tenseur
noté[A,B] qui
peut être défini de la manière suivante : pour tout(r
+s -1 )-
forme on a :
où
i(.)
est leproduit
intérieur. Pour r= 1, [A,B] = £(A)B,
où£(.)
estl’opérateur
de dérivation de Lie. On vérifie immédiatement que :Si C est un t-tenseur, on a l’identité de
Jacobi généralisée :
où S est la sommation
après permutation
circulaire. Deplus :
Si
Tr
estl’espace
vectoriel des r-tenseurs, introduisons la somme directeIl résulte des définitions et des
propriétés (2-2)
et(2-3)
que le crochet de Schouten déterminesur T une structure
d’algèbre
de Liegraduée.
Un calcul élémentaire fournit pourcomposantes
de[A,B]
sur le domaine d’une carte locale arbitraireoù E est l’indicateur
d’antisymétrisation
de Kronecker et oùô R
=a/a xR.
b)
Une structuresymplectique
est définie engénéral
sur une variété W de dimensiond = 2n par une 2-forme F de rang
2n,
fermée(dF
=0).
Nous notons p : TW ~ T*Wl’isomorphisme
de fibrés vectoriels défini par X -~
p(X)
= -i(X)
F : v seral’isomorphisme
inverse. Cesisomorphis-
mes s’étendent naturellement aux fibrés tensoriels. Soit A le 2-tenseur
v(F)
de rang2n ;
Aqui
estdit le 2-tenseur de structure
symplectique
vérifie :Inversement une structure
symplectique
peut être définie sur W de dimension d = 2n par un 2- tenseur A de rang 2n vérifiant(2-6) ;
A définit directement v et par suite J.1. Deplus
si A est unr-tenseur, on a :
Si u,v E
N,
le crochet de Poisson de ces deux fonctions est donné par :et définit sur N une structure
d’algèbre
deLie,
la relation(2-6) exprimant
que l’identité deJacobi
est satisfaite par le crochet de Poisson.
c)
Il est donc naturel degénéraliser
la notion de variétésymplectique
de manière contravariante. Sur une variété W de dimension arbitraired,
introduisons un 2-tenseur Aqui
défi-nit sur N une
application
bilinéaire alternée N X N -~N,
donnée par :Pour que ce crochet de Poisson
généralisé
vérifie l’identité deJacobi,
il faut et il suffit que l’on ait : 1Nous sommes ainsi conduits à la définition suivante
[7J :
DEFINITION. Une structure de Poisson est définie sur une variété W par un 2-tenseur A vérifiant
(2-9). L’algèbre
de Lie définie sur N par(2-8)
est ditel’algèbre
de Lie de Poissoncorrespondante.
Si le rang de A est constant, la structure de Poisson est
appelée régulière.
Soient
(W,A)
et(W’,A’ )
deux variétés de Poisson et soit cp : W’ -~ W uneapplication
différentiable. On dit que est unmorphisme
de Poissonsi,
pour toutcouple
u, v EN(W),
on a :Le 2-tenseur A’ est
projetable
par w en le 2-tenseur A auxpoints
de~p(W’).
Sur la variété de Poisson
(W,A),
la donnée de A définit unmorphisme
v de T*W dansT W. Si u G
N,
onappelle champ
de vecteurs hamiltonien associé à u lechamp :
Il résulte de
(2-3)
et(2-9)
queXu
laisse invariant =0),
c’est-à-dire est une transforma- tion infinitésimale de Poisson[7] D’après (2-3),
si u, v EN,
on a :et u -~
Xu
est unhomorphisme
del’algèbre
de Lie de Poisson surl’algèbre
de Lie deschamps
devecteurs hamiltoniens.
d)
Onappelle champ caractéristique
de la variété de Poisson(W,A) l’image
P de v dansTW.
Lorsque
la structure estrégulière,
P est un sous-fibré vectoriel de TWet
on vérifie immédiate-ment
qu’il
estcomplètement intégrable [8] . Lorsqu’il
n’en est pasainsi,
la dimension de l’élémentP
de P en x EW, toujours paire, dépend
dupoint
x considéré.On
appelle
variété:intégrale~
de(W,A)
toute sous-variété connexeimmergée
S deW,
telle que, pour tout
point
x deS,
soit contenu dans l’élémentP
duchamp caractéristique
P.Les
trajectoires
d’unchamp
de vecteurshamiltonien,
parexemple,
sont des variétésintégrales.
Unevariété
intégrale
est dite maximalesi
toute variétéintégrale qui
la contient coincide avec elle.Kirillov
[15]
a établi leremarquable
théorèmesuivant, qui
m’a étésignalé
par Marle : THEOREME. Soit(W,A)
une variété de Poisson. Etant donné unpoint
x arbitraire deW,
il existepour la structure de Poisson une variété
intégrale
maximaleunique S(x)
passant par x. Pour toutyE S(x),
on a :et le rang du
champ caractéristique
P est constant surS(x)
etégal
à sa dimension2p(x).
La restric-tion de A à
S(x)
définit sur cette sous-variété un 2-tenseur de rang2p(x)
vérifiant(2-9)
et par suite une structuresymplectique
surS(x).
Par abus de
langage,
les variétésintégrales
maximales sont dites les feuilles de la struc- ture de Poisson. Ces feuilles forment unepartition
de W en sous-variétéssymplectiques immergées,
de dimensions non nécessairement constantes.
e) Supposons
la variété de Poisson(W,A) régulière.
Elle admet alors unfeuilletage
ausens usuel du terme
[7]
en variétéssymplectiques
de dimension2p,
les feuilles étant les variétésintégrales
maximales. Nous notons encore q la codimension dufeuilletage.
J’ai
établiqu’une
variété de Poissonrégulière (W,A)
admet des atlas de cartes canoni-ques { xa, xa, x" ) (a = 1,...,q ;
a= 1 ,...,p ; a
= a +p) adaptées
aufeuilletage
et pourlesquelles
le2-tenseur A admet comme seules composantes non nu l les :
En
particulier,
elle admet des atlas de cartesadaptées
pourlesquelles
A a descomposantes
constan-tes
(cartes naturelles).
f) L’exemple
leplus simple
de variété de Poisson nonrégulière
naturel est fournipar la
représentation coadjointe
d’unealgèbre
de Lie.Soit A une
algèbre
de Lie de dimension finie surIR,
A*l’espace
vectoriel dual de A.Nous notons
,
> la forme bilinéaire de dualité. Introduisons le 2-tenseur A de A* défini par la relation :On vérifie immédiatement que,
compte-tenu
de l’identité deJacobi,
le 2-tenseur Aqui dépend
linéairement
de ~
G A détermine sur A* une structure de Poisson[1 ].
L’application identique ~
GA* -~ ~
définit sur A* unchamp
de vecteursprivilégié (correspondant
aux homothéties deA*) qui
sera encore noté~.
On aSoit Ad* A
l’algèbre
de Liecorrespondant
à lareprésentation coadjointe
de A dans A*. Lechamp
de
vecteurs
et le tenseur A de A* sont invariants par l’action de Ad* A. Les feuilles de la structu- re de Poisson A sont les orbites de lareprésentation coadjointe
de tout groupe de Lie connexeadmettant A comme
algèbre
de Lie. On note que lechamp i;
n’est pas engénéral tangent
aux or- bites.On obtient un résultat
analogue
en substituant à A un 2-tenseur A = A+ 03A3,
où 03A3 estun 2-tenseur constant
qui
est uncocycle coadjoint
del’algèbre
de Lie A. Tout ceci n’estqu’une
autre
forme, plus synthétique,
de résultatsclassiques
de Kirillov-Kostant-Souriau.3. -
A-cohomologie
d’une variété de Poissona)
Soit(W,A)
une variété de Poisson arbitraire. Il résulte de(2-3) appliquée
au r-tenseur A et aux deux 2-tenseurs B = C = A que, pour tout
A,
on a sur(W,A) :
Introduisons sur
l’espace
T des tenseurs contravariantsantisymétriques l’opérateur
aqui,
à toutr-tenseur
A,
faitcorrespondre
le(r
+ 1)-tenseur :
La relation
(3-1 ) exprime
que a est unopérateur
decohomologie (a2
=0).
Si A et B sont
respectivement
un r-tenseur et un s-tenseur, on établit aisément la for- mule suivante[7] :
Il résulte de
plus
de(2-3)
que l’on a :La
cohomologie
définie par a surl’algèbre
extérieure T des tenseurs contravariantsantisymétriques
est dite
l’algèbre
deA-cohomologie
de la variété de Poisson. Dans le casparticulier
d’une variétésymplectique,
cetteA-cohomologie
estisomorphe d’après (2-7)
à lacohomologie
de G. de Rham de la variété W. Nous notons dans la suiteHr(W,A)
lere
espace deA-cohomologie
de la variété de Poisson(W,A), quotient
del’espace
des r-tenseurscocycles
de(W,A)
parl’espace
des r-tenseurscobords.
Il résulte de
(3-4)
que le crochet de Schouten induit surl’espace
des classes de A-cohomologie
une structured’algèbre
deLiegraduée,
b) Supposons (W,A) régulière
et de codimension q. Soit U un domaine contractile de W. En introduisant une carte naturelle~xa,x~ ~
de domaineU,
on établit aisément[7] .
PROPOSITION. Sur le domaine contractile U de la variété de Poisson
régulière (W,A),
tout r-tenseur
cocycle
est somme d’un cobord et d’un r-tenseur transverse constant surchaque
feuilledu
feuilletage.
Enparticulier
pour r > q, tout r-tenseurcocycle
est un cobord sur U(locale
trivia-lité).
c)
Une variété de Poisson(W,A), régulière
ou non, est dite exacte s’il existe un vecteur Z tel que :soit :
Si Z est tangent aux
feuilles, (W,A)
est ditetangentiellement
exacte.D’après (2-9),
pour une variétésymplectique
exacte, on a F =dcj,
où west la1-forme :
d)
Etant donnée une variété de Poisson(W,A),
il existe un entier p tel que sur W :2p
est le rang maximum de la structure de Poisson. Soit V leplus grand
ouvert de W tel queAP
soit
partout *-
0 surV ;
le 2-tenseur A définit ainsi surchaque
domaine de V une structure de Poissonrégulière
de rang2p.
Cela
posé,
supposons que(W,A)
soit exacte on a A =az,
où Z est défini à un 1-cocycle près.
Considèrons le(2p
+1 )-tenseur :
On a
d’après (3-3) :
et C est un
(2p
+ 1)-cocycle.
Sa classe decohomologie
estindépendante
du choix de Z : eneffet,
si X est un
1-cocycle, AP A X, produit
d’un cobordAP
par uncocycle,
est un cobord. Nous pou-vons énoncer :
PROPOSITION. Pour toute variété de Poisson
(W,A)
exacte(avec
A =aZ),
de rang maximum2p,
le
(2p
+ 1)-tenseur ~p
A Z est un(2p
+ 1)-cocycle
dont la classe deA-cohomologie
nedépend
que de la structure de Poisson.En
particulier,
si(W,A)
esttangentiellement
exacte, cette classe est nulle. Dans le cas de la structure de Poisson définie naturellement surl’espace
dual A* d’unealgèbre
de Lie A(nota-
tions de
§ 2, f),
A =a~
est exact ; si les orbites de dimension maximum sont de dimension2p,
letenseur définit une classe intéressante de
A-cohomologie.
4. - Variété de Poisson associée à un
feuilletage
Soit M une variété différentiable de dimension m, munie d’un
feuilletage F
de codi-mension q
(avec
p + q =m)
a)
Si a : T* M -~ M est le fibrécotangent
deM,
la 2-forme de PoincaréF (M)
de T* Mdéfinit sur T* M une structure
symplectique
exacte, dont nous notonsA(M)
le 2-tenseur de struc- ture et v lemorphisme correspondant.
Soit {xA}
une carte de M de domaine U. Dans la carte associée de T*M,
de domainea -1 (U),
on a :et a pour seules composantes non nulles :
Prenons pour {xA} une carte
( (a,b,...
=l ,...q ; 1,j,...
= q +1 ...,n) adaptée
aufeuilletage fi.
.A
chaque
fonction localex~,
nous pouvons fairecorrespondre
sura~~ ( U )
lechamp
de vecteurlocal
P(~)
=qui
a pour composantesIl 1 résulte de
(4-2)
que lesP (a)
ont pour composantes dans laD’après (4-3), chaque P (a)
définit une section locale dev*y .
Au dessus de x EU,
les vecteursP (a)
Bengendrent
la fibre en cepoint
dev* 3’ .
D’autre part il résulte trivialement de(4-2), (4-3)
que l’on a au dessus de U :
Il en résulte que le 2-tenseur
A(M)
estprojetable
sur W = T*~
= T* M/ v* ~
selon un 2-tenseurdont les seules composantes non nulles dans la
carte xa, x~, x’ ~correspondante
de T*sont :
Par suite
A( ~,~ )
est partout de rang2p
et vérifie trivialement[A( ~,~ ) , A(~ )]
= 0. Le 2-tenseurA(~ )
définit ainsi sur T*~~
une structurerégulière
de Poisson de codimension(m
+p) - 2p
= q.Le
feuilletage symplectique
de(W
=T* ~ , A( ~ ))
n’est autre que ~r*~ ,
les feuilles étant les fibréscotangents
aux feuilles de~ .
.b)
SoitZ(M)
lechamp
fondamental du fibré vectoriel T* M -~ M(champ
des homothé-ties) ;
c’est aussi lechamp
fondamental de la variétésymplectique
exacte(T* M, A(M))
et l’on a :Dans la carte de T*
M,
le vecteur a pourcomposantes :
et l’on a au dessus de U
d’après (4-3) :
Par suite
d’après (4-5)
Il en résulte que est
projetable
surT* ~
selon unchamp
de vecteurs dont les seulescomposantes non nulles dans la
carte xa, x’ x’ j- correspondantes
sont :Le
champ Z( F)
est lechamp
fondamental du fibré vectoriel 03C0 :T*F ~
M et est donné par les vecteurs fondamentaux des fibréscotangents
aux feuillesde..
Il esttangent
aufeuilletage
deT*
~~~
etvérifie, d’après (4-4), A( ~ = - [A( ~ ~ , Z( ~ ~ J.
Nous pouvons énoncer :THEOREME. Le fibré vectoriel a : T*
f -~
M cotangent aufeuilletage ~
est muni naturellement d’une structurerégulière
de PoissonA( ~ ~ tangentiellement
exacte, de même codimension que;t.Ona;
:oÙ
Z~’~ ~ est
lechamp
fondamental du fibré vectoriel[17].
.Nous
supprimons
dans la suite l’indicefi
pourA( 57)
etZ(~ ) , lorsqu’aucune
confusion n’est à craindre.
5. - Caractérisation de
T* .’-11
Nous nous proposons de caractériser les variétés
différentiables,
connexes, paracom-pactes
Wqui peuvent
être considérées comme des fibréscotangents
à unfeuilletage.
A ceteffet,
nous utiliserons un théorème de
Nagano [16] qui permet
de caractériser les fibrés vectoriels et quenous allons
rappeler.
’
a)
Considérons une variété W de dimension n, munie d’unchamp
de vecteurs Z dontnous
désignons
par M l’ensemble despoints singuliers (ou zéros).
Si x EM,
lechamp
Z définit surl’espace tangent Tx
W en x unopérateur
linéaireAZ(x),
dont la matrice descomposantes,
pourune
carte zK (K, L,
...= 1,...,n)
de W de domaine U s’écrit(aK ZL) ; AZ(x)
estappelé l’opéra-
teur
caractéristique
de Z en x.Si 1r W -+ M est un fibré vectoriel dont la base
M,
de dimension m, peut être identi- fiée à la section nulle et dont la fibre est de dimension p(avec
m + p =n),
lechamp
fondamental Z des homothéties infinitésimales du fibré vectoriel vérifie lespropriétés
suivantes :PROPRIETES
(P) : (1)
Zengendre
un groupe de Lie à unparamètre exp(t Z
de transformationsglobales
de W.( I I )
M est une sous-variété de W de codimension p. .(I I I ) Si
x EM, l’opérateur caractéristique AZ(x)
vérifie =AZ(x)
et est derang p.
(IV)
Pour toutpoint
z EW,
il existe unpoint unique
x = limexp(t Z)z
de M.t ~ --
Inversement
Nagano
a établi le théorème suivant :THEOREME
(Nagano).
Si lechamp
de vecteurs Z de la variété différentiable W vérifie lesproprié-
tés
(P), (W,Z)
admet une structureunique
de fibré vectoriel de vecteur fondamental Z. Tout diffé-omorphisme
d’un fibré vectoriel(W,Z)
sur un fibré vectoriel(W’,Z’) qui applique
Z sur Z’ est unisomorphisme
de fibrés vectoriels.Si x E
M,
il résulte de quel’opérateur AZ(x) opérant
surTx
W estdiagonalisable
et admet comme valeurs propres 1 à l’ordre p et 0 à l’ordre m. Les vecteurs propres
correspondant
à 0 sont les éléments de
Tx M,
espace tangent àM ;
ceuxcorrespondant
à 1 définissent un sous- espaceN
M deTx
W de dimension p,supplémentaire
deTx
M dansTx
W. L’ensemble N M desvecteurs de
N~
M aux différentspoints
x de M admet une structure naturelle de fibre vectoriel surM,
transverse à M dans W. On établit essentiellement le théorèmeprécédent
en construisant undifféomorphisme
de N M sur W.On a pu ainsi caractériser en termes de
champs
fondamentaux les fibrescotangents
à une variété[16]
et les fibrescanoniques
d’une variété[17].
b)
Donnons-nous une variété de Poisson(W,A) régulière, tangentiellement
exacte, de codimension q. Nous notons2p
le rang de Aqui
définit sur W unfeuilletage symplectique
exact~ .
Si z EW, ~ (z)
est la feuille passant par z. Iexiste,
parhypothèse,
un vecteur Ztangent au feuilletage
tel que :Nous supposons que
(W,Z)
vérifie lespropriétés (P),
où la codimension de M est effectivement p, de telle sorte que sa dimension est m = p + q. Le vecteur Z étanttangent, l’opérateur
caractéristi- queAZ(x),
en x EM,
est à valeurs dans(x).
Sous les
hypothèses faites,
il résulte du théorème deNagano
que(W,Z)
peut être identifié à un fibré vectoriel 77 : W -~M,
dechamp
fondamentalZ,
à fibre de dimension p.Soit ( (A = 1,...,m)
une carte de M admettant le domaine contractile U. On endéduit une
carte {yK} = { (p,a,...
= 1,...,p)
de W de domaine-1 (U),
pourlaquelle
Z apour composantes :
Considérons un domaine V = U X
1 P
deW,
oùyP
E 1 =]-1 ,+1 [ et
où le domaine U de M est iden- tifiéà { yP
=0}.
Soit f une fonctionC°°
définie sur V et constante sur les feuillesde G
restreintes à ce domaine V. Le vecteur Z étant tangent, ona ~~Z 1 V)
f = 0 sur V et f esthomogène
dedegré
0il vient :
Par suite
3~ f(y ,0)
= 0. On en déduit par un rayonnement standard que f estindépendant
desy~.
Ainsi f est
l’image réciproque
sur V par 7r d’une fonction définie sur U que nous notons encore f.Soit { (a
=1,...,q ;
a =1,...,2p)
une carte de W de domaineadaptée
~tage G.
i! résulte du raisonnement
précédent
que tes q fonctionsxa
sont !es:mages réciproques
par 7r de foncttons sur U notées encore
xa.
Ces q fonctions étantindépendantes
sur U on peut tescompléter
et définir unecarte (a = 1....
q ; i= 1 ,...p)
de M de domaine U.Les relations
xa
= const. déterminent sur M unfeuilletage ~
tel que, pour la submersionà,
on aitG
=7r*F.
On voit queF est
de codimension q et quechaque
feuille de%est
de dimension p.Si z E W et x =
7r(z),
on pose~ (x) = fr ~ (z).
La est une carteadaptée
au feuille-tage ~ .
c) D’après (5-1 ), l’opérateur
pour x EM,
estreprésenté
dans lapar la p x
p-matrice (8 yP
=bQ ).
Choisissons un
point ZQ quelconque
de W et soitxo
= saprojection
sur M. Nous nous pro- posons d’étudier lafeuille ~ (la)
de W. Lechamp
de vecteurs Z étanttangent, Z I ~ (la)
est unchamp
de vecteurs Zde cg (zQ) qui engendre
un groupe de Lie à unparamètre
de transformationsglobales de G (la),
soitexp(t Z)
=exp(t Z) G (z0).
La variété M étant considérée comme sous-variété de
W,
la sous-variété~ (x0)
de Mpeut être
identifiée à(z~)
et est la sous-variété des zéros de Zdans ~ (z0).
Pour la variété
~ (zO)
de dimension2p,
on a :PROPRIETES
(P’) : (l’) Z engendre
un groupe de Lie à unparamètre exp(t Z)
de transformationsglobales
de ~(zO).
( t ! ’) ~ (x0)
est une sous-variété de~
de codimension p(et
dimensionp ) (I I !’)
Si x(xQ), l’opérateur caractéristique
restriction deAZ(x)
à) et
défini sur cet espace, vérifieA~(x)
=A-(x)
et est de rang p. .(IV’)
Pour toutpoint
z(z0),
il existe unpoint unique
x de~ (xO)
telque x = lim
exp(t Z)z.
On déduit des résultats de
Nagano [16]
que la restriction de vr(zQ)
définit~ (zQ)
de manière
unique
comme fibrécotangent
de5T (xO).
Il en résulte immédiatement que, pour M muni dufeuilletage ~ ,
, la variété(W, A, Z)
peut être identifiée à T* muni de sa structure dePoisson
tangentiellement
exacte. On a : .THEOREME. Soit
(W, A, Z)
une variété de Poissonrégulière, tangentiellement
exacte, de codi- mension q etrang 2p,
telle que sonchamp
fondamental Z vérifie lespropriétés (P).
La variété(W, A, Z) )
admet alors une structureunique
de fibré cotangent à unfeuilletage
T* , pour unfeuilletage y
de codimension q deM
telle que A et Z soient les éléments fondamentaux de T *XX.
.6. - Structure conforme de
Jacobi
associée à unfeuilletage
Soit M une variété différentiable de dimension m, munie d’un
feuilletage
de codi-mension q
(avec
p + q =m).
a)
Considérons la variétéTÔ f
obtenu enprivant
le fibré cotangent aufeuilletage T* ~
de sa sectionnulle ; T~ ~
est feuilleté en feuillesTÔ ~ (x) qui
sont les fibréscotangents
aux feuilles de
F privés
de leurs sections nulles. SurT~ ~,
le vecteur Z est sans zéros. Soit p la relationd’équivalence
définie surT~ .0/ par
lestrajectoires
de Z et considéronsl’espace quotient
TQ
0* ~’~ .
C’est une variété de dimension(2p
+q - 1 )
dont les éléments sont les direc-tions
cotangentes
aux feuilles de~ ;
la variété 0 *~
est un fibré sur M ensphères
de dimension(p - 1 ),
admettant unfeuilletage
dont les feuilles sont les fibrés encosphères
des feuilles de~,
soit
0 * ~ (x) (x E M).
b) Adoptons
surT*0 F des
cartes{x03B1} = { x0,x03BB} (CY.,{3,...
=0,1,...,2p+q-1,
~,~,...
=1,..2p+q-1 )
de domaineU,
telles que Z ait pour seule composante nonnulle,
surU,
Z
= 1. Dans l’intersection U F) U’ des domaines de deux telles cartes on a :Il résulte de
(4-6)
que l’on a sur U dans la carte introduite :Posons sur U :
de telle sorte que les sont
indépendants
dex°.
Sur Uprojection
deU,
nous sommes conduits à introduire un vecteurE[j
et un 2-tenseurÂr.
définis par :et vérifiant sur U :
Sur le domaine