A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
M ARIE -A NTOINETTE T ONNELAT
Les fréquences en relativité générale : définitions théoriques et vérifications expérimentales
Annales de l’I. H. P., section A, tome 1, n
o1 (1964), p. 79-115
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p. 79
Les fréquences
enRelativité générale
Définitions théoriques
etVérifications expérimentales
Marie-Antoinette TONNELAT Institut Henri-Poincaré.
Ann. Inst. Henri-Poincaré, VoL I, N°
1,
1964,Section A :
Physique théorique.
RÉSUMÉ. - Le
décalage
desfréquences
est un testclassique
de la relati- vitégénérale.
Le but de ce travail estd’établir,
par l’intermédiaire de cettethéorie,
un lien entregrandeurs effectivement
mesurables : nombres depulsations
d’unepart, potentiels
degravitation
d’autrepart.
Les diverses définitions de la notion defréquence qui
sert d’intermédiaire de calcul sont examinées. Le casstatique
faitl’objet
d’un traitementrigoureux.
Lesapproxi-
mations nécessaires dans le cas stationnaire sont
explicitées.
On examine
quelques applications (satellites).
Le caractère
probant
de cesexpériences
- en tant que test de la Rela- tivitégénérale
ou duPrincipe d’équivalence
- est très brièvement discuté.SUMMARY. - The
displacement
ofspectral lines
is a classical test ofgeneral Relativity. -
The purpose of this work is tolink, by
means of thistheory,
the
effectively
measurablequantities :
numbers ofpulsations
on the onehand, gravitational potentials
on the other hand. The different definitions of the notion offrequency,
which is used as anintermediary
incalculations,
are examined. The static case is
rigorously developed.
The necessaryapproximations
in thestationary
case are madeexplicit.
We examine some
applications (satellites).
The
proving
character of theseexperiments-as
tests ofgénéral
Relati-vity
or of thePrinciple
ofequivalence-is
verybriefly
discussed.ANN. INST. POINCARÉ 6
A. - CAS
STATIQUE :
SOURCE ET OBSERVATEUR EN REPOS RELATIFToute mesure
qui
se propose de déterminer lescaractéristiques
d’unesource vibrante consiste à comparer le
comportement
de cette source à celui d’une autre sourceétalon,
en coïncidence avec l’observateur.Cette
comparaison peut
s’exercer sur deslongueurs
d’ondes : on utilisealors des
procédés qui
ressortent de lagéométrie.
Elle
peut s’effectuer,
aucontraire,
en observant en un mêmepoint
des coïncidences entre les vibrations émises par une source
éloignée, puis enregistrées
par unrécepteur
local et lespulsations
concomitantes d’unesource locale
supposée identique
à lapremière.
Lesprocédés
ainsi misen
jeu s’apparentent
alors à une chronométrie.La
géométrie
et la chronométrie introduites par unepropagation
dessignaux
ne se recouvrent pas defaçon
évidente en Relativitégénérale.
La
plupart
desexpériences
effectuées consistent à comparer deslongueurs
d’ondes.
Toutefois,
lacomparaison
des intervalles entre lespulsations
des sources donne lieu à une
analyse plus
immédiate. Selon J. L.Synge (1),
elle
permet
de réduireplus
aisément la Relativitégénérale
à une théoriede
type opérationnel
au sens deBridgman.
Onpourrait
donc penser que lesprocédés
de ce genre- procédés qui
avaient été à la base de la Relativité restreinte - seprolongent plus aisément,
en Relativitégénérale,
par des méthodeschronométriques.
Notre but est de chercher les
correspondances
entre définitionsthéoriques (fréquences)
etquantités effectivement
mesurables(potentiels
degravitation,
nombres de
signaux).
S’il estpossible
de déduire ensuite d’une théorie donnée(Relativité générale
parexemple)
des relations entre lesgrandeurs théoriques précédemment définies,
ces relationss’appliquent
alorsipso facto
à desquantités
déterminées parl’expérience.
Onpeut
ainsi tester- jusqu’à
uncertain
point,
il est vrai - la théoriequi
aprévu
cesconséquences.
Toute
fréquence
estdéfinie, théoriquement,
en fonction d’un intervalle detemps
entièrement arbitraire. Personne n’a doncjamais
« mesuré »une
fréquence.
Par contre, lerapport
de deuxfréquences
est mesurablesi chacune de ces
fréquences peut s’exprimer
en fonction d’un même arbi- traire. Le rapport desfréquences
est alors celui de deux nombres depul-
sations.(1) J. L. SYNGE, Relativity. The general Theory, p. 105.
LES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE 81
Toute théorie
significative
consiste ainsi àexprimer
lerapport
de cesfréquences
en fonction degrandeurs mesurables, susceptibles
de le modifier :potentiels
degravitation,
vitesses relatives. La donnée de cesgrandeurs
d’une
part,
la mesure durapport
desfréquences
d’autrepart,
intervient alors dans des relationsqui
constituent ainsi - au sens usuel - un test de la Relativitégénérale.
I. -
DÉFINITIONS
ET NOTATIONS1.
Temps propre. Période, longueur
d’onde etfréquence
propres.- a. TEMPS PROPRE. - Une source étalon constitue une
horloge.
Elle émetdes vibrations
périodiques
et nous supposerons que la succession de cesvibrations
définit toujours
le temps propre de l’observateurqui
lui estassocié.
Dans le
système
propre local lié à la source, les définitions utilisées enRelativité restreinte sont, bien
entendu, toujours applicables.
b. PÉRIODE PROPRE. - L’unité locale de
temps
propre est, pardéfinition,
l’intervalle
qui,
sur uneligne
d’universC;, sépare
deux battements del’horloge.
Cette unité reste, bienentendu,
totalement arbitraire. Nousl’appellerons période
propre de la radiation considérée.Dans la
notation 039403C4(a)i1,
l’indice i serapporte
à laligne
d’universC;,
l’indice 1 à l’intervalle unité limité par deux
pulsations successives,
l’in-dice
(a)
autype d’horloge atomique
choisie(cadmium, etc.)
par l’obser- vateurP~
surCi (2).
Nous supposerons que les atomes ou que les molécules vibrantes consti- tuent de véritables sources
étalons,
c’est-à-diredéfinissent,
entre deuxbattements consécutifs sur une même
ligne d’univers,
des intervalles detemps
propres
égaux.
Ces sources serontdonc,
pardéfinition,
des «horloges » (3).
N~
vibrations émises surCl
par une sourceSi
définissent alors untemps
propre(2)
Nous regrettons lamultiplication
desindices,
mais elle nous semble unmoindre mal,
préférable
aux obscurités qui résultent souvent de leur omission.(3)
Nous désignerons par N le nombre d’intervalles ou de crêtes d’ondes entre N + 1 vibrations des sources ou bien encore entre N vibrations, lapremière
étant
étiquetée
zéro.c. LONGUEUR D’ONDE. - Deux battements consécutifs d’une
horloge locale,
c’est-à-dire rémission d’une crête d’ondepermet
de définir l’inter- valled’espace-temps
c étant la vitesse de la lumière dans le vide. est une
longueur
définiesur la
ligne
d’universC; :
ellereprésente
lalongueur
d’onde de lapulsation
c’est-à-dire la
portion
deligne
d’universcorrespondant,
surC;,
à l’émission d’une crête d’ondemonochromatique
et, parconséquent,
à unepériode
propre.
d.
FRÉQUENCE
PROPRE. - Nousappellerons fréquence
propre le nombre depulsations
de la source locale émispendant
une unité detemps
propre.Si une
pulsation
est émise surCi pendant
lapériode
propre lafréquence
est alors
Nous conviendrons de surmonter d’une barre toutes les
fréquences
définiesen fonction du
temps
propre.Entre
période, longueur
d’onde etfréquence
propresexistent, d’après
lesdéfinitions
(2)
et(3),
les relations2.
Horloges identiques.
- Aupoint P~
d’uneligne
d’universC~ (4),
on
peut
aisément vérifier l’identité de deux sources. Deux sources sont ditesidentiques
si elles émettent des vibrationssynchrones.
Si vibrationsde la source coïncident avec vibrations de
l’horloge (a)
Deux sources seront
identiques
si =N~S~~
vibrations coïncident avecun même nombre de
pulsations
del’horloge
locale.Supposons
maintenant que les sources à comparer décrivent deslignes
d’univers distinctes
C;,
...,C~.
Leurscaractéristiques peuvent
- au moins(4)
Bien entendu, C~ est une ligne d’univers du genre temps orientée dans le temps.83
LES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE
en
principe
- être mesurées par des observateurs munisd’horloges
en coïnci-dence avec chacune de ces sources. De telles mesures sont effectivement réalisables s’il est
possible
d’utiliser un matériel terrestre, parexemple
s’il
s’agit
d’effet Môssbauer. On doit effectuer alors un ensemble de mesureslocales et, pour chacune des sources, l’observateur
Pi comptera
le nombreNi
des vibrationsémises,
en coïncidence avec vibrations del’horloge
locale.Or,
pour une même source, lerapport N
sera constant aux diverspoints Pl,
...,Pj si
les observateurs utilisent deshorloges identiques
entreelles.
Ainsi,
pour une même sourceplacée
successivement enPl
et enP;,
la condition
définit des
horloges identiques (horloges
standard au sens de C.M0ller).
L’identité de ces
horloges
estthéoriquement
vérifiable ensupposant
unecomparaison préalable,
en un mêmelieu,
avant de lesrépartir
aux diverspoints
del’espace-temps.
Une tellecomparaison
est, bienentendu, imprati-
cable dès
qu’il
nes’agit plus
de matérielspécifiquement
terrestre. L’émission designaux
nepeut
être alors unprocédé
desynchronisation
des sources, mais s’effectue entre des sourcessupposées
apriori identiques.
C’est en raisonde cette identité
postulée qu’il
estpossible
d’établir une loi de modification desfréquences.
Il existe
donc,
en touterigueur,
unepétition
deprincipe
dans la définitiond’horloges identiques
s’ils’agit
de sourceséloignées.
Ceshorloges
nepeuvent,
en
effet,
être étalonnées au moyen d’autres sources et toutdécalage qui
estcensé traduire l’influence d’un
champ
degravitation pourrait
être aussiattribué à une modification de la nature de l’atome.
Néanmoins,
on admettraque les
spectres atomiques
sont suffisammentcaractéristiques
pourconclure,
dans de nombreux cas, à la
présence d’horloges
localesidentiques (5).
On
choisira,
parexemple,
un même atome vibrant pour une mêmeraie.
L’atome de cadmium vibrant pour la raie D est le type
classique d’horloge
étalon.
L’hypothèse (6)
est nommée par J. L.Synge
«Hypothèse
decompati-
bilité »
(6).
Ellepermet
de considérer commeéquivalent l’emploi
den’importe (5)
Des horlogesidentiques
distribuées enchaque
point d’un référentiel constitué forment un ensemble d’horloges « standard » selon la terminologie de C. Miller.Nous donnerons, au contraire: à
l’adjectif
standard un sens différent(cf
p.98)
comme C. Cattaneo et conserverons ici la notion
d’horloges identiques.
(g) J. L. SYNGE,
Relativity :
thegeneral
theory, p. 106.quel
typed’horloge.
Eneffet,
si nous substituons auxhorloges primitives (a)
d’autres étalons
(b) identiques
entre eux, ilsaccomplissent pendant Ni
etN j
vibrations de la source des nombres etN5b)
depulsations
tels queSi,
parexemple
il viendra
Tout revient à substituer à un battement des
premières horloges,
N bat-tements des
nouvelles,
c’est-à-dire àchanger
seulement l’échelle detemps.
Au
contraire,
lerejet
de(6)
reviendrait àpostuler
l’existence d’une classed’horloges privilégiée.
On
postule,
engénéral
G. C.MACVITTIE,
GeneralRelativity
andCosmology,
p.96)
que des sourcesidentiques
doivent satisfaire la conditionindépendante
dusystème
de coordonnéesadopté.
Il vient en
particulier,
pour un battementIl est évident que cette condition est
plus
restrictive que(6)
et entraînecette dernière.
Désormais,
nous supposerons - sauf indication contraireexplicite
-que les sources et
horloges
utilisées sontidentiques. Aussi,
pouralléger
lesnotations,
noussupprimerons,
engénéral,
l’indice(a) qui
caractérise uncertain
type d’horloges.
3.
Repère physique. Système
de coordonnées.Espace-temps
stationnaire. - La donnée d’une
ligne
d’universC;
orientée suffit à déter- miner unrepère physique.
Onpeut imaginer
la constitution de cerepère
comme un ensemble de
particules
liées sansrigidité
et formant un fluide deréférence. La définition d’un
repère physique
a un sensintrinsèque,
tout àfait
indépendant
du mode dedescription qu’on
enpeut
donner.Pour décrire les
phénomènes
liés aux diverspoints
d’unrepère physique,
il est nécessaire de
rapporter
celui-ci à unsystème
de coordonnées. CesLES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE 85
coordonnées y~ seront dites
adaptées
si elles sont formées par une congruence delignes
orientées du genretemps (coordonnée temporelle y°) complétées
par une
triple
congruence delignes
orientées du genre espace. La donnée dey°
et du vecteur vitesse unitairetangent
ày°
suffit à déterminer lerepère physique.
Par contre, à unrepère physique donné, correspond
une infinité -de
systèmes
de coordonnéesadaptées.
Dans tout ce
qui suit,
nous supposerons que lacoordonnée y0 peut
tou-jours représenter
leslignes
detemps
et les sectionsy°
=Cte, l’espace
cor-respondant. L’espace-temps
est alors dit stationnaire. Onpeut toujours,
dans un tel espace, choisir un
système
de coordonnéesadaptées
telles que lescomposantes
g, du tenseurmétrique
soientindépendantes
dutemps.
Si l’on choisit une
ligne
detemps y;
colinéaire à laligne
d’universC~
- ce
qui
esttoujours possible
dans unespace-temps
stationnaire(7)
-on aura alors sur
Cj
et
II. - COMPARAISON DES
FRÉQUENCES (CAS STATIQUE)
4.
Temps propre
ettemps
coordonnée. - J. L.Synge
asouligné l’importance peut-être
excessive que toute théorie desfréquences
accordeau cas
statique.
Enfait,
c’est dans ce cas seulementqu’une
théoriepeut
êtredéveloppée
defaçon complète
etrigoureuse.
C’est dans ce cas aussi que nous étudierons lasignification
de la notionthéorique
defréquence
et son lienavec des
grandeurs
mesurables.Supposons
que des sourcesvibrantes, atomiques
oumoléculaires,
soienten repos
relatif
dans unespace-temps
stationnaire. Il est alorspossible
de faire coïncider les
lignes
detemps
cto, ct;, ct~ avec deslignes d’univers,
c’est-à-dire avec la congruence de courbes
parallèles Co, Ci, C;.
Nous sup-poserons, en outre,
qu’au voisinage
deCo,
lechamp
degravitation
estpratiquement nul, l’espace
étantasymptotiquement
minkowskien.~
(0 Cf,
parexemple,
A. LICHNEROWICZ, Les théories relativistes de la gravita- tion, p. 110.L’espace-temps
est ditstatique
si, en outre, la variabley°
n’intervient que par le termeLa coïncidence des
lignes
d’univers et deslignes
detemps
n’est pas sans donner lieu à confusion. Enparticulier,
le lien entre «grandeurs
propres » et «grandeurs
coordonnées », l’assimilation des unes ou des autres auxquantités
mesurables ne va pas sansambiguïté.
Pour la
dissiper
par des voiessemi-populaires,
introduisons latranspo-
sition suivante :Des véhicules
identiques parcourent
des routes de difficultés croissantesCo, Q, Ch
lapremière
étant une route idéalequi présente
le maximum de facilité de parcours. Ces véhiculespeuvent
être munis d’unehorloge
et aussi d’uncompteur-tours
qui enregistre
le nombre des tours de roues du véhicule.Le
compteur-tours
mesure deslongueurs qui
ont un sensintrinsèque indépendant
descaractéristiques
de la route et du véhicule.L’horloge
détermine des
temps mais,
selonl’usage
courant, ces dernierspeuvent
être utilisés aussi commerepérage
des distances parcourues. Bienentendu,
ce
repérage
est arbitraire. Ildépend
de l’état de la route(champ
degravi-
tation
local)
et,finalement,
de la vitesse du véhicule.Pour étalonner les
horloges,
onsynchronisera
leshorloges
deC;, Cj
en choisissant
l’horloge
deCo
comme étalon. Dessignaux électromagnétiques
se
propagent
dePo
àPi
et àP~,
suivant unegéodésique
delongueur
nulle.En utilisant de tels
signaux,
on choisira ou l’onréglera
leshorloges
deP~, P;
pourqu’elles
effectuent des nombresde
pulsations
en coïncidence avec le même nombre depulsations No
reçues del’horloge Co (8).
Deshorloges
ainsi construites ne sontplus identiques
s’il existe un
champ
degravitation.
Elles seront diteshorloges
coordonnées etindiquent
enPj
letemps toj correspondant
aux vibrations transmises.L’expression (13)
s’écrit alors - "a. Il est évident
qu’à
des distanceségales,
correspondront
des temps de parcours décroissants(8)
La notationNyj indique qu’il
s’agitd’horloges
locales de type diffé-rent (a) =
(0i),
(a) =(0j), horloges
étalonnées pour que leurs battements soienten synchronisme avec les No signaux transmis de Po
(No
= =1’Jj°j»).
87
LES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE
Fig.
1. -Correspondance
entrehorloges
coordonnées(réglées
parsignaux) (traits pointillés)
pour un même nombre depulsations
deshorloges
localesidentiques (traits pleins) (cas statique).
b. Au
contraire,
à destemps
de parcourségaux,
correspondront
des distances croissantesd’après
l’ordre de difficulté des parcours.Fig.
2. - Casstatique. Correspondance
entre horloges localesidentiques
(traitspleins)
pour un même nombre designaux
transmis(traits poin- tillés).
Le
compteur-tours
etl’horloge
constituent ici des indicateursindépen-
dants. On
peut
néanmoins les relier arbitrairement en choisissant un étalon-nage tel que, sur le chemin
Co,
l’unité delongueur
soit parcouruependant
l’unité de
temps :
5.
Horloges identiques. Horloges
coordonnées. -Nous
désignerons
par des lettres minuscules nOi, nOh nij le nombre depulsations
reçues enPi, Pj
àpartir
de sourcesidentiques So, Sl;
nousrepré-
senterons par des lettres
majuscules No, Nl, Nj
les nombres depulsations
effectuées par des sources locales
identiques décrivant
leslignes
d’universCo C Cj.
Un observateur
Pj peut
ainsiqualifier
d’ «horloge »
:a. soit un étalon
local, arbitraire, identique
à d’autreshorloges disposées
en
Pl,
...,Po.
Un même nombre depulsations N~
=Ni
=No
de ceshorloges identiques
définit alors un même intervalle == Aïo)
sur les
lignes
d’universCh C;, Co (9).
Les fréquences
propres de ceshorloges identiques
sontégales quel
que soit lechamp
degravitation
aupoint
où elles sontplacées
Cette
fréquence
propre est, pardéfinition,
l’inverse de l’unité detemps
propreb. soit un oscillateur choisi ou étalonné par
comparaison
avec un étalondisposé
en unpoint
différent. SiNo
= /2o, = nojpulsations
sont reçuesen
P;, puis
enPj
àpartir
dePo,
elles déterminent sur leslignes
de tempsc~, Ci, Ci parallèles
auxlignes
d’univers dessegments égaux (Ato
=Afo~
= Des
horloges
« coordonnées » seront des oscillateurs locaux -(9)
Au contraire, deshorloges
coordonnées parPo accompliraient
enPj
et en Pipendant
l’émission deNj
= N~signaux
émis par leshorloges
localesidentiques
des nombres noj # no
pulsations.
Ces nombres représentent laretranscription
- pour un temps propre constant - du temps coordonnée de Co dans celui de C~
ou de
Cj ( fig. 1 ).
89
LES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE
évidemment non
identiques - qui accompliront, pendant
la transmission deNo pulsations,
un nombre de vibrationségal
lui-même àNo (10)
S’il
s’agit
de la transmission deNi
= nij vibrations dePi
enP~
Les
fréquences
coordonnées de telleshorloges,
c’est-à-dire lesfréquences synchronisées
dessignaux
transmis àpartir
d’une même source sontégales quel
que soit lechamp
degravitation
auxpoints
ou sontplacées
ceshorloges (11)
De
même,
La
fréquence
coordonnée est, pardéfinition,
l’inverse de l’unité detemps
coordonnée(1°)
Aucontraire,
deshorloges
localesidentiques accompliraient, pendant
laréception
de No = n0i = noj(ou
de Ni =signaux
des nombres différents depulsations.
Ces nombres Ni =1= Nocorrespondent
auxpulsations
efiec-tuées par des
horloges identiques pendant
laréception
de no(ou
den,) signaux.
Ils représentent la
retranscription,
à temps coordonnée constant, du temps propre de Co(ou
deQ)
dans le temps propre deCj
et de C~.(11)
Lesfréquences
propresd’horloges
coordonnées sont, par contre, différentes(ces horloges
étant elles-mêmesdifférentes)
d’où :
D’une manière analogue, les
fréquences
coordonnéesd’horloges identiques
sontdifférentes. Si No
pulsations
de ceshorloges
s’effectuentpendant
laréception
de noj = no; = Nosignaux
issus de Po leursfréquences
coordonnées sontet
Cette unité de
temps
coordonnée est évidemment la même pour toutes leshorloges (horloges
nonidentiques)
coordonnées.6. Réalisation de mesures au moyen
d’horloges
localesidentiques.
- Les observateurs
Pl, P; peuvent
utiliser leurshorloges
localesidentiques :
a. soit pour déterminer les
fréquences
propres relatives de sourceslocales ;
b. soit pour comparer les
potentiels
degravitation
auxpoints Pi
etPj
en utilisant les
signaux
issus d’une sourceP; supposée,
àl’avance, identique
à celle de
Pj.
a. DÉTERMINATION DES
FRÉQUENCES
PROPRES RELATIVES(FRÉQUENCES
A
L’ÉMISSION).
- Encomparant
le nombre de battementscorrespondants NJS)
et
Nj
d’une source localeS~
et d’unehorloge
étalonHj
située au mêmepoint,
l’observateur
P~
peut définir lafréquence
propre relative de la sourceSi
Si les
horloges
locales sontidentiques,
onpeut
choisir arbitrairementet définir les
fréquences
propres relatives par lerapport
du nombre depulsations
Si les sources sont elles-mêmes
identiques
Les
fréquences
propres à l’émission de deux sourcesidentiques
sontégales
si on les mesure, sur
Cj
et surC~,
à l’aided’horloges identiques.
b. COMPARAISON EXPÉRIMENTALE DES POTENTIELS DE GRAVITATION. 2014 Les observateurs
P~, P~, Po
sont munisd’horloges supposées
apriori identiques.
Deux battements consécutifs de ces
horloges
déterminent sur leslignes
d’univers
correspondantes C;, Cl, Co
des segments, pardéfinition, égaux (cf fige 1)
Supposons
queN;
= n; battements issus del’horloge
dePi
soient trans-mis à
P~.
Ils coïncident avec91
LES FRÉQUENCES EN RELATIVITE GÉNÉRALE
pulsations
de sonhorloge identique
enP~.
L’observateurPj
déterminedonc,
pour la radiation
qui
lui esttransmise,
unefréquence
propre àl’absorption
Le
rapport N’
= estégal
aurapport N°‘ des vibrations qu’effectue-
raient les
horloges
localesidentiques
dePi
et dePj pendant No
= no vibrationsqui
leur seraient transmises dePo.
Eneffet,
siN~(No)
=No; pulsations
del’horloge
locale deP; correspondent
àNj(No)
=Noj pulsations
effectuéespar
l’horloge
locale deP~, Ni
= nipulsations
del’horloge
locale de Pi transmises enPj correspondront
à ,pulsations
del’horloge
localeidentique
deP~.
La
fréquence
propre 03BDij àl’absorption
d’une sourceplacée
enPi
et mesuréepar une
horloge identique
dePy
a donc pour mesure,d’après (32)
et(33),
Les nombres
No;
etNos représentent
lespulsations
effectuées par leshorloges identiques
dePi
et dePj
mises encorrespondance
parNo
vibrations issues d’unehorloge identique
enPo.
CesNo
vibrations déterminent sur leslignes
detemps parallèles C~, Cl, C~
dessegments égaux
Dans un
espace-temps statique
cesconditions, d’après (13),
sontéqui-
valentes à
Or
Aïo;,
et sontproportionnels
au nombreNoj, NOl
etNo
de battements deshorloges
localesidentiques pendant No
vibrations trans- mises. Ilvient
doncD’où,
enportant
dans(34)
La relation
est
expérimentalement
vérifiable. Connaissant leschamps
degravitation
en
P~
et enP~
onpeut
aisément tester cette formule encomparant
les nombrescorrespondants
de battements de deux sourcesqu’on
sait apriori
êtreidentiques.
7. Réalisation de mesures au moyen
d’horloges
différentessynchronisées (horloges coordonnées). -
Les observateursP;, P, peuvent
utiliser deshorloges différentes,
maissynchronisées :
a. soit pour déterminer les
fréquences
coordonnées designaux qui
leursont
transmis;
b. soit pour comparer les
potentiels
degravitation
auxpoints Pi
et Pien utilisant en
P~
une sourceidentique
àl’horloge
dePt.
a. DÉTERMINATION DE
FRÉQUENCES
COORDONNÉES A L’ABSORPTION. -Supposons
que l’observateurPj reçoive pulsations
d’une source vibrantesituée en
Pa pendant
queNjhj)
vibrations sont effectuées par sonhorloge
coordonnée
(celle-ci, synchronisée
sur unehorloge
arbitraireH,
constitueune
horloge
du type(hj)).
Il définit pour cette source unefréquence
coor-donnée à
l’absorption
En choisissant arbitrairement
on
peut
donc définirexpérimentalement
lafréquence
coordonnée d’unesource par un
rapport
de nombres depulsations
93
LES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE
Si les sources sont elles-mêmes
identiques,
les nombres des vibrations reçuespendant
un mêmetemps
coordonné(déterminé
par nh = =N5hj)
vibrations transmises d’une
horloge arbitraire)
sontégaux
=Une même source a donc même
fréquence
coordonnée àl’absorption
quelle
que soit la valeur dupotentiel
degravitation
au lieu où se fait l’obser-vation :
Une
fréquence
coordonnée se transmet sanschangement
dans un espace- tempsstatique [cf
G C.MACVITTIE,
GeneralRelativity
andCosmology,
p.
95, éq. (5. 403)].
b. COMPARAISON EFFECTIVE DES POTENTIELS DE GRAVITATION.
- Supposons
que les observateurs
P~
etPi disposent
de sources localesidentiques.
SiN~ pul-
sations de la source
Sj
coïncident avec nij =pulsations
reçues d’unehorloge identique
enP~,
c’est-à-dire avecNiij)
= n~;pulsations
d’unehorloge
coordonnée
[horloge
dutype (ij)]
située enPj,
cet observateur attribuera à la sourceS~
unefréquence
à l’émissionLa situation est
analogue
à celle que nous avons examinée au para-graphe
5b,
à ceciprès
quel’horloge
locale dePj(Nij == Nj{Ni)) joue
main-tenant le rôle de source
(Nj)
et que la source deNi
= n; vibrations trans- mises a ici le rôled’horloge (nu
=D’après (33),
on a doncencore
En substituant dans
(44),
il vient doncLe
rapport N°’
est celui du nombre depulsations d’horloges
iden-tiques
situées enP~
et enP~
encorrespondance
avec un même nombre depulsations No
issues dePo.
Cerapport
s’évalue donc àAtoa
constant(1’)
En
portant
dans(46)
Rappelons
que lerapport
desfréquences
propres s’écrivait d’une manièreidentique [cf (3 8)]
Vérifications.
- Lescomparaisons expérimentales,
c’est-à-dire entre nombres depulsations
etpotentiels
degravitation
connus sontindépen-
(12)
Lerapport 03BDij 03BDj
desfréquences
coordonnées ou bien le rapportv‘’
des fré- quences propres s’évalue souvent en fonction despulsations
noj et nos transmises à partir deCo,
c’est-à-dire en fonction de calculé à ATa = Cte. Les relations entrefréquences
et nombres depulsations
sont alors inverses de(46)
ou de(34),
mais les conclusions sont, bien entendu,
identiques.
En effet, si No,
Noj pulsations
d’horloges localesidentiques
sont les nombrescorrespondants
à No = nopulsations
transmises, des nombres égaux No = Ni =Nj
de
pulsations
d’horloges locales identiquescorrespondraient
à des nombres diffé- rents no, noi, noj depulsations
transmises. Ces nombres sont tels queAussi
On obtient donc
95
LES FRÉQUENCES . EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE
dantes du fait que l’on choisit comme intermédiaire les
fréquences
propresou les
fréquences
coordonnées. Demême,
la déterminationexpérimentale
des
potentiels
degravitation
et les nombres depulsations
étantconnus]
nedépendent
pas de la définition entemps
propre ou coordonnée de lafréquence :
celle-ci est un pur intermédiaire de calcul.Le
décalage
desfréquences
se définit donc
expérimentalement
parD’après
la RelativitéGénérale,
il a aussi pour mesureSi le
champ
degravitations
est créé par une seule massestatique
etsphé- rique,
lespotentiels
degravitation
sont définis enP;
et enP/
paren
adoptant
unsystème
de Schwarzschild.U est le
potentiel
newtonienSi
U
>Uj,
c’est-à-dire
Il existe une diminution de la
fréquence
propre transmise parrapport
auxfréquences
propres locales de sourcesidentiques.
D’une manièreanalogue,
on doit constater dans le même cas une diminution de la
fréquence
coor-donnée transmise par
rapport
à lafréquence
coordonnée d’une sourceidentique
liée à l’observateur. Ce «décalage
vers le rouge » se traduitexpérimentalement
par des mesures depulsations qui
doivent être telles quesi les relations
prévues
sont vérifiées.Ces conclusions sont évidemment inversées si
U/ Uj.
ANN. INST. POINCARÉ 7
B. -
DÉCALAGE
DESFRÉQUENCES
DANS LE CASOÙ
LASOURCE ET L’OBSERVATEUR SONT EN MOUVEMENT
RELATIF
Une théorie
rigoureuse
dudécalage
desfréquences
dans unchamp
degravitation
n’a étéréalisée, jusqu’ici,
que dans certainsparticuliers :
lecas
statique,
sans doute leplus important
et leplus
étudié.Si les sources sont en mouvement relatif dans un
champ
degravitation,
le
problème
dudécalage
estplus compliqué.
Pour essayer de lerésoudre,
on calcule souvent un
décalage Doppler
dupremier
ordre(décalage qualifié
souvent de « non relativiste
»)
par des considérationsclassiques appliquées
à un espace euclidien. On superpose ensuite un effet du second ordre
(ralen-
tissement des
horloges
en03B22, décalage gravitationnel en U c2
par des voiesassez
heuristiques).
J. L.Synge
aproposé
une solutionplus systématique
valable dans le cas des
champs
faibles.Enfin,
la méthode utilisée par G. C.MacVittie,
méthode que nousreprendrons partiellement ici,
consisteà utiliser des
développements
deTaylor
dans le casparticulier
d’un espace.temps
de Schwarzschild. Elleconstitue,
elleaussi,
uneapproximation.
97
LES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE
1. -
DÉFINITIONS
ET NOTATIONS8.
Temps
standard. - Considérons une sourceP) qui
décrit laligne
d’univers
C;. Rapportons C)
à unsystème
decoordonnées ~
tel que les~!
forment une congruence de
lignes
detemps.
Lesj~
sont arbitraires.On obtient ainsi
(57) ~
==+ +
~ , - - ~
Les vecteurs unités ep, eo
tangents
enPj
aux courbesyf, y0j
déterminentl’espace
euclidientangent.
Onpeut,
dans cet espace, substituer aux vecteurs ep,-
les vecteurs Sp
orthogonaux
ày0j.
L’intervalleds2i peut
alorss’expri-
mer suivant une
décomposition orthogonale
endy0 tangent
à eo et en da- -
tangent
au3-plan
e~ etorthogonal
à eo. Cettedécomposition
en espace ettemps
« associés » nepeut avoir,
bienentendu, qu’un
sens local. Autrementdit,
sij~, dak
est ladécomposition analogue
réalisée en un autrepoint P~,
le
changement
de coordonnéesyf
nepeut conduire,
engénéral,
à latransformation
da;
2014~Jc~.
Localement, l’expression (57)
a la forme suivante :avec
On a
posé
~ ,
v .
Les courbes
coordonnées y j
sonttangentes
enPj
aurepère
natureltel que
Définissons aussi les vecteurs
(~~,);
tels que2014)- 2014 2014~
D’après
la définition(59)
des y~(£o);
est donc nul et les définissent localementl’hyperpïan orthogonal
enP,
à~? :
c’est 1’ « espacephysique
ode
P,.
La
projection
de r(ï;~
=’-)
sur ceplan
normal ày?
est donc(~)
B dt /
avec
A
partir
de(58)
et de(63)
on obtient encorel’expression
ded03C4 = ds c,
soit en fonction du
temps
coordonnée dt.soit en fonction du «
temps
standard »On obtient alors
(13)
Si U i et Uj sont les vecteurs vitesses unitaires tangents en P~ et en Piaux lignes
d’univers Cl et Cj, le transportparallèle
de Pi enPj
lelong
de P;Pj-, ~,
permet de définir
U;j.
Laprojection
deU ij
sur leplan orthogonal
àCj définit, d’après
J. L. Synge, la vitesse relative de Pi par rapport àPj
D’après
C. Cattaneo, la vitesse relative est définie pardT étant l’intervalle de « temps standard » et non l’intervalle d’univers. On constate aisément
[cf (66)]
queCf
J. L. SYNGE, Relativity. The general theory, p. 120; C. CATTANEO, Formulation relative des loisphysiques
en Relativitégénérale,
Coursprofessé
au Collège de France, 1961-1 962, p. 64.LES FRÉQUENCES EN RELATIVITÉ GÉNÉRALE 99
en
posant
Tij
etV ij
sontappelés
temps et vitesse standards par C. Cattaneo. On obtient des relations formellementidentiques
à celles de la Relativité res- treinte. Bienentendu,
cesexpressions présentent
un caractère purement local. Si t~ ==V~
==0,
on a .La durée de N
pulsations d’horloges
localesidentiques
est telle queD’après (66)
et(67) temps
propre,temps
coordonnée ettemps
standard dePi
sont donc entre eux, pour un observateurPj
dont laligne
d’uni-vers
Cj
= dans lerapport
suivantLe
temps
propre estindépendant
durepérage adopté.
Aucontraire,
le
temps
standard et letemps
coordonnée sont essentiellement relatifsau
système
de coordonnée utilisé. Nous avonsexplicité
- en dernièreposition
- l’indicequi
serapporte
ausystème
de référence(ici j),
alorsque cet indice ne
figure
pas habituellement dans lesexpressions
reliant lestemps
ou lesfréquences.
Cette omission nous a parul’origine
de certaines difficultés et de nombreuses confusions.9.
Fréquence
émise.Fréquence
absorbée. - La définition d’une fré- quence - définitionpurement théorique
-peut
serapporter,
soit autemps
propre del’observateur,
soit à sontemps coordonnée,
soit encore à sontemps
standard. Ces diverses entités s’élimineront dans lerapport
des nombres effectivement mesurés. Elles servent néanmoins d’intermédiairethéorique
pour lier le
rapport
desfréquences
à d’autresgrandeurs
mesurables(potentiels
degravitation,
vitesserelative)
et aboutir ainsi à une loiphysique significative.
a.
FRÉQUENCE
ÉMISE. - Pendant lestemps correspondants dT, ~T~
des sources
identiques placées
enPi émettent,
pardéfinition,
le mêmenombre
Ni
depulsations.
Nous
appellerons fréquence
à l’émission d’une sourceSl
pour un obser-vateur