A NNALES DE L ’ UNIVERSITÉ DE G RENOBLE
L OUIS N ÉEL
Bases d’une nouvelle théorie générale du champ coercitif
Annales de l’université de Grenoble, tome 22 (1946), p. 299-343
<http://www.numdam.org/item?id=AUG_1946__22__299_0>
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Bases d’une nouvelle théorie générale
du champ coercitif
par Louis NÉEL.
RÉSUMÉ
On
rappelle
dans l’introduction(~
t à4)
lesprincipes
de la théorie duchamp
coercitif actuellement admise, basée sur la notion de
déplacement
desparois
deséparation
entre les domaines élémentaires. Laparoi
est freinée par lesinégalités
locales de sa tension
superficielle,
que provoquent, soit lesperturbations
élasti-ques du réseau
(Becker, Döring, etc...)
soit laprésence
d’inclusions nonmagné- tiques (Kersten).
Les calculs onttoujours
été menés de façon telle que tout se passe comme si laparoi
étaitplane
etrigide
et lesperturbations
du réseaurégu-
lièrement
réparties
aux n0153uds d’un réseaucubique simple.
L’auteur montre
(~ ~) qu’en
conservantl’hypothèse
d’uneparoi plane
etrigide,
mais avec une distribution essentiellementirrégulière
desperturbations, beaucoup plus
vraisemblable àpriori,
lesplus grandes inégalités possibles
de latension
superficielle
ne provoquent en réalitéqu’un champ
coercitifnégligeable,
de l’ordre du dixième de gauss.
Lorsqu’on
suppose alors laparoi
déformable, onobtient un
champ
coercitifplus grand
maisqui
reste néanmoins de l’ordre degrandeur
du gauss(§
8 à12).
Ainsi, le mécanismeauquel
les théories actuellesont recours est
impuissant
à rendre compte deschamps
coercitifs deplusieurs
centaines de gauss fournis par
l’expérience.
L’auteur
proposer
12 et13)
un nouveau mécanisme, basé sur l’existence de fluctuations dans la direction ou l’intensité de l’aimantationspontanée,
à l’inté-rieur des domaines élémentaires. Elles sont
provoquées,
en direction, par lesperturbations élastiques
du réseau, en intensité,par les inégalités
de concentra-tion ou par la
présence
d’inclusions ou de cavités. Par suite de l’existence deces fluctuations, la
divergence
du vecteur aimantation n’estplus
nulle, et lescharges magnétiques
fictives ainsi apparues créent uneénergie magnétique qui
varie suivant la
position
de laparoi, indépendamment
de l’existence d’une ten- sionsuperficielle
de laparoi qui
nejoue qu’un
rôle secondaire.On a ainsi calculé sur ces bases
(§
2o à2~)
uneexpression approchée
duchamp
coercitif provenant desinégalités
locales des tensions internes du réseau(formules
84, 85,86),
ainsiqu’une expression approchée
duchamp
coercitifprovenant, des cavités et des inclusions
(formules ()8
et99)’
On montre(~ 26)
que l’ordre de
grandeur
deschamps
coercitifs obtenus est bien celui deschamps
observés : les inclusions
jouant
un rôleprépondérant
dans le cas du fer et lesdéformations dans le cas du nickel. On montre enfin
(§ 27)
que la formule gc~permet de rendre compte d’une manière satisfaisante d’une série de résultats
expérimentaux
rassemblés par Kersten et relatifs à l’influence des inclusions surle
champ
coercitif du fer. La théorieproposée
paraît suffisammentsouple
etgénérale
pour permettre de rendre compte d’un trèsgrand
nombre de faitsd’expérience.
xAu cours de ce travail, l’auteur a été amené à établir et à utiliser une
repré-
sentatiori
mathématique approchée
desirrégularités
des tensionssuperficielles
de
paroi
(~ 5 et(~)
ainsiqu’une expression approchée
desperturbations
del’énergie magnétique provoquées
par des tensions internesirrégulièrement
dis-tribuées
(~
14 à19).
i.
- Champ
coercitif et variations del’énergie superficielle
deparoi.
- Les travaux deBecker (’),
Kondorski(2),
Kersten(3),
etc.,s’accordent pour attribuer les
phénomènes d’hystérésis
aux varia-tions locales de
l’énergie superficielle
desparois
deséparation
entreles domaines élémentaires.
Imaginons
en effet uneparoi
P,plane, séparant
deux domaines aimantésantiparallèlement, susceptible
dese
déplacer parallèlement
à elle-même etrepérons
cesdéplacements
par l’abscisse x du
plan
desymétrie
de laparoi ( ’’), comptée
suivantun axe OX
perpendiculaire
à laparoi. Supposons
quel’énergie superficielle
~~ de laparoi P, rapportée
à l’unité desurface,
varieavec x d’une manière
irrégulière (courbe
F,figure i).
En l’absencede
champ magnétique,
laparoi
occupe lune despositions A, A’, d’énergie
minimum. Si maintenant nous faisonsagir
unchamp H, dirigé parallèlement
à l’aimantationspontanée .B
du domaine situé du côté des xnégatifs,
laparoi subit,
par unité de surface, une force2H"j,,, dirigée
suivantOX,
et sedéplace
dans ce sensjusqu’en
unpoint
où cette force soitéquilibrée
par la force- a~~ ~ Ainsi, quand
. ax
le
champ
estfaible,
laparoi
sedéplace
réversiblement. Enparticu-
lier, après suppression
duchamp,
elle revient en A. Cette réversi- bilité se maintientjusquà
ce que laparoi atteigne
en B unpoint
d’inflexion de la courbe 1’; soit
h~
lechamp critique correspondant.
Si le
champ dépasse
tant soit peu cette valeurh~,
laparoi
sedéplace jusqu’en
unpoint,
tel queC,
où lapente a’
ôa?dela
courbe 17 soitégale
(1) BECKER et DÖRING, Ferromagnetismus, pp. 203-217.
(’) KONDORSKI, Sowjet Phvs., I()3~, rz, 5g~.
(3) KERSTEN,Physik. Z., tg43) 44, 6:~ ; cf. aussi référence J.
(4) On sait en effet qu’une telle paroi n’est pas assimilable à un plan géométrique, mais possède une épaisseur notable de l’ordre de quelques centaines d’angströms.
à -
2H"s
et ccdéplacement peut
être trèsgrand.
Il est essentielle-ment irréversible car, en ramenant le
champ
à zéro, laparoi
neretourne
qu’au
minimum leplus
voisin : en A’ et non pas dans laFig. i.
position initiale,
en A. Onconçoit qu’il
soitpossible
d’établir surces bases une théorie l’ormelle de 1 hystérésis.1
En
particulier,
lechamp
coercitifH~
est lié d’une manière étroite(~~
auchamp critique correspondant
â la valeur maximum(~X)M
de lapente
de la courbe l’ on a :B~A.
Du
point
de vuephysique,
ilimporte
maintenant depréciser l’origine
de ces variations de tensionsuperficielle.
Deuxphénomènes
ont été
invoqués :
lesinégalités
des tensions internes(Becker, D~ring (’), Kondorski) (2)
et l’existence d’inclusions nonmagné- tiques (Kersten)(3).
2. - Influence des tensions internes. - Becker a montré
(6)
quelorsqu’un ferromagnétique,
dont poursimplifier
lamagnétostriction
à
saturation ~.s
estsupposée isotrope,
est soumis à unetension
pure (5) Cf. NÉEL, Théorie des lois d’aimantation de Lord Rayleigh, Cahiers de Physique.n’l 12, p. l, 1942 et n~ i3, p. 18, 1943, où ces problèmes sont discutes en détail.
(6) BECKER et DöRING, Ferrmnagnetismis, pp. 132-146.
’7, faisant un
angle f)
avec la direction de l’aimantationspontanée,
ilfaut
ajouter
àl’énergie
un terme de déformationélastique égal
à3 ’B . 2 f L C 3 .’ ..
"1 l ’
- 2 as~
2 sin2 fl. La constante C~
2î.sc joue ,ainsi
un rôleanalogue
acelui de la constante-
d’anisotropie K,
de sorte quel’énergie
deparoi égale
à2cJK
dans une substance nondéformée, prend
la valeur2aVJ(lt + I)C)
sous l’action de la tension dans cesexpressions,
a est le
paramètre
du réseau, Jl’énergie d’échange
par centimètre cube et b une constantenumérique,
de l’ordre degrandeur
del’unité, qui dépend
de l’orientation de laparoi
parrapport
aux axesdu cristal
(’).
Tout
changement
d’orientation ou degrandeur
de la tensionde
déformation est ainsiaccompagné
d’une modification de la tensionsuperficielle.
Dans les fortesdéformations,
C est de l’ordre de gran- deur de K : onprévoit
ainsi quel’amplitude ò’y
des variations del’énergie superficielle puisse
atteindre l’ordre degrandeur
de y, c’est-à-direquelques
ergs par centimètre carré. "En
supposant
que lesdéformations
nedépendent
que de x, la ten-sion
superficielle
de laparoi P,
dont il a étéquestion plus haut est
ainsisusceptible
de varier d’unequantité 8’y, égale
àquelques ergs
par centimètre carré, dans un intervalle
cl=xlx,j, qui peut
être trèspetit
si lesinégalités
de tension sont àpetite
échellespatiale.
Toute-fois, cet intervalle ne
peut
devenir sensiblement inférieur àl’épais-
seur e de
paroi,
à cause des effets de moyennequi
seproduisent
auxéchelles
plus petites.
Comme e est de l’ordre degrandeur
dequel-
ques centaines
d’angströms,
on voit ainsi que lechamp critique :
peut
atteindrequelques
centaines de gauss pour les fortes déforma- tions. C’est bien l’ordre degrandeur
deschamps
coercitifs des bons aimantspermanents.
3. - Influence des inclusions
(Fremdkorpertheorie
de Ker-sten
(3~ ’). - Depuis longtemps,
les techniciens en matière d’aimantspermanents
ontremarqué
que lesimpuretés
et les additions nonsolubles
augmentaient
lechamp
coercitif du fer par leurprésence
(’) Cf. l’exposé de KERSTEN, Grctncldogen einer Theorie (lei- ferroieiagiielisciteii Hyste-
rese und der Koerzitivkraft (Hirzel, Leipzig, 1943).
même et non par un effet de déformation. Pour
interpréter
cesfaits,
Kersten a fait remarquer récemment
qu’en présence
d’inclusions nonmagnétiques l’énergie superficielle
moyennedépendait
de laposition
de laparoi. Soit,
en
effet,
des cavitéssphériques, régulière-
ment
réparties
aux noeuds d’un réseaucubique simple (figure 2).
Il est clair que dans laposition P,
où laparoi
coupe un certain nombre desphères,
toutes les por-.tions du
plan
deparoi
situées à l’intérieur dessphères correspondent
à uneénergie superficielle
nulle.L’énergie
moyennesuperficielle,
par unité desurface,
est doncplus
faible que dans laposition
P’ danslaquelle
laparoi
passe entre lessphères.
Siles vides
occupent
un volumecomparable
à celui de la substance
magnétique,
lesvariations de
l’énergie superficielle
serontainsi de l’ordre de
grandeur
de ~~ L’ordre degrandeur
duchamp critique correspondant
est encore compa-rable à celui des données
expérimentales.
4. -
Critique
des théoriesprécédentes.
- Onpeut
élever degraves
objections
contre les théories que nous venonsd’exposer.
Elles
supposent
eneffet,
d’unepart,
laparoi plane,
et, d’autrepart,
que les
déformations,
nous dirons désormais d’une manièreplus géné-
rale les (( accidents », sont
également planes puisqu’indépendantes de y
et dez (8) :
un accident d’uneépaisseur
déterminée s’étend ainsilatéralement, parallèlement
à laparoi
sinonindéfiniment,
du moinsà des distances
qui
sont de l’ordre degrandeur
des dimensions laté- rales de laparoi.
Parexemple,
un accident d’uneépaisseur
de 0,1 imicron, correspondant
àl’épaisseur
d’efficacitémaximum,
s’étend latéralement sur au moins 10 micronspuisque
tel est l’ordre degrandeur
des dimensions des domaines élémentaires et desparois qui
les limitent. Ces accidentsthéoriques
dînèrent énormément des accidents réelsqui possèdent
évidemment les mêmes dimensions (8) En réalité, dans la théorie de Kersten, les accidents ne sont pas plans, mais commeil s’agit d’accidents identiques, répartis aux noeuds d’un réseau cubique simple, avec paroi parallèle à l’une des faces du cube, cela revient exactement au même du point de vue
mathématique. ’
Fig. 2.
moyennes suivant toutes les directions de
l’espace.
Maisalors,
si ilen est
ainsi,
uneparoi plane,
de dimensions latéralesgrandes
vis-à-vis de ces
accidents,
doit enintégrer
tous leseffets,
aussi bien lesaugmentations
de tensionsuperficielle
que les diminutions et l’effetrésultant
doit finalement êtrebeaucoup plus
faible que celuiqui
a
été calculé plus
haut.Il en résulte que pour établir d’une manière définitive si
l’hypo-
thèse d’un
champ
coercitif dû auxinégalités
de tensionsuperficielle
permet d’interpréter
lesphénomènes expérimentaux,
il estindispen-
sable de recourir à des méthodes de calcul
plus perfectionnées.
Ce esera
l’objet
de lapremière partie
de ce mémoire.THÉORIE GÉNÉRALE
DE LA PROPAGATION D’UNE PAROI A TENSION SUPERFICIELLE VARIABLE5. -
Représentation mathématique
desirrégularités
de tensionsuperficielle.
- Considérons d’abord une substanceirrégulièrement perturbée,
sansqu’il
soit d’ailleurs nécessaire depréciser l’origine
des
perturbations qui peut
êtrequelconque :
tensionsinternes,
inclu-sions, inégalités
decomposition,
etc.Supposons simplement
que l’échelle desirrégularités
soitpetite
vis-à-vis des dimensions des domaines élémentaires et que leur intensité soit assez faible pour que la notion de domaine élémentaire conserve un sens. Cesperturba-
tions
provoquent
desinégalités
locales de tensionsuperficielle
dontnous nous proposons avant tout d’établir une
représentation
mathé-matique
maniable.Pour
cela, rapportons
la substance à trois axesrectangulaires
OXYZ. La tension
superficielle yr
d’un élément de surface ds, centréautour d’un
point M(xyz),
est une fonction aléatoire des coordon- nées x, y, z. Soit y la valeur moyenneet
=: ~~T -la partie
pure-ment aléatoire de cette fonction. D’autre
part,
les accidents sontprincipalement
caractérisés par leur intensité et par leur extensiondans
l’espace.
_Leur intensité est liée à la valeur
de
la moyennequadratique
de y. Dans une substance très
perturbée, -~
est du même ordre degrandeur
que~~ô.
L’extension est liée à la valeur 7] d’une certaine distance de corre- tation, telle
qu’en
deuxpoints
M etM’,
dont la distance MM’ soitgrande
vis-à-vis de ~,, les valeurscorrespondantes
de ypuissent
êtreconsidérées comme
indépendantes
etqu’en
deuxpoints
M etM,
dont la distance soit
petite
vis-à-vis de v;, les valeurs correspon- dantes de y soientégales.
Nous supposerons essentiellement que la307
distance de corrélation est
petite
parrapport
aux dimensions des domaines élémentaires.Choisissons alors dans la substance une base B constituée par un cube de côté
2L, qui
soit de l’ordre degrandeur
des dimensionsdes domaines élémentaires. A l’intérieur du
cube,
lapartie
pure-ment aléatoire de la tension
superficielle peut
alors sedévelopper
ensérie de Fourier :
où la somme est étendue à toutes les valeurs
positives
ounulles,
sauf p - q = i- -- o, de p, p, ~°, et en notant
qu’à chaque jeu
devaleurs p, q, r, se rattachent 8 coefficients Ypqr
correspondant
aux8 combinaisons
possibles
des sinus et des cosinus. Nous suppose-rons que la substance
fictive
obtenue enrépétant périodiquement
labase suivant trois directions
rectangulaires,
avec unepériode égale
à2cL, possède
despropriétés pratiquement identiques
à celles de la substance réelle.Les valeurs des coefficients pq,. sont liées aux valeurs de y dans la base B par la formule :
où
l’intégrale
est étendue à tout le volume intérieur à la base(9).
Enchangeant
laposition
de la base dans la substanceréelle,
les valeurs fournies par cette formule sont naturellementdifférentes
de sorteque les coefficients pq,. ne
possèdent
pas de valeurs certaines mais doiventplutôt
être considérés comme des variablespurement
aléa-toires que nous supposerons en outre
indépendantes.
On pourra donc écrire les relations suivantes oÙ un traitsupérieur signifie
lamoyenne de la
quantité
situéeau-dessous,
parrapport
à toutes lespositions possibles
de la base : ,En
fait,
dans les calculs n’interviendront que les moyennesquadra-
- (9) Cette formule n’est valable que dans le cas où le produit pqr est différent
de
zéro.Quand l’une des quantités p, q, r, est nulle, il faut multiplier le second membre par i : 2
et par i : quand deux des quantités p, q, r sont nulles.
tiques Ypqr
des coefficients.Il s’agit
donc de calculer ces moyennesquadratiques
en fonction dey2
et de -fi, constantescaractéristiques
dela
perturbation.
6. - Calcul des moyennes
quadratiques
des coefficients du déve-loppement
en série de Fourier d’une fonction aléatoire. - En éle-vant au carré
l’équation (4), après
avoirposé dr -- dxdydz
etdT’ =
dx’d dz’,
onobtient,
pour un terme à 3 cosinus parexemple :
Soit,
centré autour dupoint M(xyz)
un cube C de côtéégal
au doublede la
distance 7]
de corrélation. A titred’approximation,
nous suppo-serons que si le
point 9’(xy’z)
est en dehors de cecube,
la valeurmoyenne de
yy,
relative à toutes lespositions
de la base, estnulle,
tandis que si le
point
M’ est à l’intérieur ducube,
cette valeur moyenne estégale
ày2.
Dans cesconditions,
si p, q, r, sont telsque") s q, ’-’ soient petits
parrapport à ’ , l’intégrale (6)
se réduit à:. que L L L soient
petits
parrapport
à2
l’intégral
e (6) se réduit à :soit finalement
Si au contraire
L L’ L deviennent grands
s parrapport
à2
lavaleur moyenne de
cos L cos L cos’L
dans le cube C tend versij
L
ij 7rLzéro et il en est de même de
Ypqr.
Posons alorsN== -
Nous pou-2~
vons alors rassembler et schématiser ces résultats en disant que
lorsque
p, q, r sont tous inférieurs àN,
la moyennequadratique I pOr
est donnée parelle est
indépendante
de p, q, r. Elle est nulle au contrairelorsque
l’une
quelconque
desquantités
p, q, r, estsupérieure
à N. Cesrésultats sont très
simples :
nouspourrions
les admettre àpriori
comme définissant la
perturbation,
idéalementirrégulière,
laplus simple.
Ire
Remarque.
- Les calculsprécédents
nes’appliquent
que dansle cas où le
produit
pqr est différent de zéro.Quand
l’une des quan- tités p, q, r estnulle,
on a parexemple :
et
quand
deux desquantités
p, q, r, sont nulles on a :2e
Remarque.
- En un sens, lesapproximations
de ceparagraphe
reviennent à
fragmenter
la base B en $~3 cubeségaux
au cube C età se
donner,
dans chacun de cescubes, des
valeurs constantes de yindépendantes
les unes des autres.On
retrouve ces 8IN’ variables aléatoiresindépendantes
sous la forme des 8~3 coefficientsindépen-
dants ~ ~,~,, . du
développement (3),
cequi logiquement
est satisfaisant.3e
Remarque.
-- Sansdoute,
une tellereprésentation
desirrégu-
larités de la tension
superficielle
n’est-elle pasrigoureuse
mathéma-tiquement parlant,
du moinsparaît-elle s’approcher beaucoup plus près
de la réalité que la méthode des accidentsplans. Rappelons
d’ailleurs à ce propos que des
procédés
de calculanalogues, appli- qués
aux loisd’approche
à lasaturation,
ont fourni des résultatssatisfaisants,
en accord avec les donnéesexpérimentales (’o) (’1).
4e
Remarque.
-- Tous ces résultats nes’appliquent qu’autant
que la distance de corrélation -,-, estplus grande
quel’épaisseur
e deparoi.
i - est inférieur à e, il faut limiter la somme(3)
aux valeursde p, q, " r, inférieures chacune à la limite
N’-- ,- -. L
En effet comme2e
nous l’avons
déjà
fait remarquerplus
haut(§ 2),
laparoi intègre
les(1°) NÉEL, La loi d’approche en a : H et une nouvelle théorie de la dureté magnétique (Cahiers de
Physique,
à paraître en 1946; voir aussi: C. R. Ac. Sc., i( )45, 220, ~38).(m) NLEL, Relation entre la constante d’anisotropie et la loi d’approche à la saturation des
ferromagnétiques (Cahiers de Physique, à paraitre en 946 voir aussi : C. R. Ac. Sc.,
1945, ~~o~ 814).
accidents de
petite longueur
d’onde et leurinfluence,
toutes choseségales d’ailleurs,
devient d’autantplus
faible que cettelongueur
d’onde est
plus petite
devant e. Poursimplifier,
nous supposerons donc finalement que les r,,. sont nulslorsque
l’unquelconque
desp, q, r, est
plus grand que
leplus petit
des deux nombres N et N.7. -
Étude
desdéplacements
d’uneparoi plane.
-Étudions
maintenant les
déplacements
d’uneparoi plane, parallèle
auplan
XOY. Son
énergie superficielle, rapportée
au centimètre carré, con- sidérée comme une fonction de z; s’obtient en faisant la moyenne del’expression (3)
parrapport
à x et y et se réduit ainsi à :où le
signe
somme ne s’étendplus qu’aux
2N termescorrespondant
aux valeurs nulles de p et de q. On en déduit :
Pour calculer le
champ
coercitif moyen, il faut connaître la moyenne de la valeur maximum( ~ de -*-
relative à toutes les_ ~
(z )in àz a
positions possibles
de la base B.- Pourl’évaluer,
calculons d’abord la moyennequadratique
deaY,
soitd’après (i3) :
&.2:
Pour établir une relation entre
(L()’ et a-’~ G ~
nous nousinspire-
B~/ az
Ò.., mrons d’une méthode antérieurement
appliquée
àl’interprétation
deslois de
Rayleigh
dans leschamps
faibles(â) :
nousapprocherons
lacourbe j
= f~z~
par un contourpolygonal
de 2N côtés,ayant
chacunune
longueur égale
àL/N
et dont lespentes
sont données par une loi deprobabilité
de Gauss. Dans un cas comme dansl’autre,
onconserve ainsi le même nombre ~11 de variables aléatoires
indépen- 2 /à, -2
dantes. Il est alors aisé de voir que le
rapport a1~ z : -yï est
del’ordre de
grandeur
delog
2N.En utilisant alors
l’expression (i)
duchamp coercitif,
on obtientComme nous l’avons
déjà
faitremarquer, ~ ~
est au maximum del’ordre de 10 c’est-à-dire de
quelques
unités c. g. s., L est de l’ordrede ro-3 cm, N
(ou N)
est auplus
de l’ordre d’une centaine. Lechamp
coercitif que donne la formule(16)
est ainsi de l’ordre dei gauss pour les
plus
fortesperturbations possibles
de la tensionsuperficielle,
bien au-dessous des valeurs deplusieurs
centaines degauss fournies par les méthodes de
D~ring, Kornetzki, Kersten,
etc.8. -
Étude
desdéplacements
d’uneparoi
déformable. - Le résul-tat
précédent
ne prouve pascependant
que lechamp
coercitif neprovienne
pas desinégalités
de la tensionsuperficielle
deparoi,
carune autre des
hypothèses
des auteursprécités
est indéfendable : celle de laparoi plane.
Laparoi
doit en effet se déformer et segondoler irrégulièrement
au cours de sapropagation.
Nous allons lever cetterestriction et étudier les
conséquences
de cephénomène.
Pour celanous utiliserons
l’expression de donnée
en(3),
mais poursimplifier
l’écriture et les calculs ultérieurs, nous supposerons nuls les termes
correspondant
aux valeurs simultanément nulles de p et de q, cequi
ne
présente
aucun inconvénientpuisque
nous venons de montrerque leur influence est
négligeable
etqu’au surplus
ces termes, indé-pendants
de x et de y, ne tendent pas à déformer laparoi.
Nous supposerons les coefficients ^pqr suffisamment
petits
par rap-port
àpour
que laparoi
soit peu déformée etqu’une position quel-
conque de la
paroi, parallèle
en moyenne auplan XOY,
et d’altitudemoyenne
120, puisse
êtrereprésentée
parl’équation :
En
principe,
cetteparoi sépare
deuxrégions :
du côté des znégatifs,
une
région
dont l’aimantationspontanée a1s
estpartout parallèle
à ladirection OX
supposée
être une directionprivilégiée ;
du côté des zpositifs
unerégion
avec aimantationspontanée dirigée
en sensinverse. En
réalité,
l’aimantationspontanée
subit auvoisinage
de laparoi
des déviations locales dont nous auronségalement
à tenircompte.
Nous nous proposons de déterminer la ou les
positions d’équilibre possibles
de laparoi
sous l’action d’unchamp
Hparallèle
à OX. Ilfaudra pour cela déterminer les valeurs
correspondantes
des cocfn-cients
ho
etlap,
: à ceteffet,
nous écrirons quel’énergie
libreF,
con-sidérée comme une fonction de ces coefficients est minimum.
9. - Calcul des différents termes de
l’énergie.
- Cetteénergie
F,
que nousrapporterons
à l’unité de surface deparoi,
est la sommede trois termes :
l’énergie magnétique FH
dans lechamp appliqué
extérieur
H, l’énergie
deparoi Fp
etl’énergie FD
duchamp magné- tique,
dit dedispersion, provenant
descharges magnétiques
fictivesréparties
sur laparoi
par suite de sonobliquité
parrapport
à l’ai-mantation
spontanée.
Énergie
dans lechamp
extérieur. - Elle nedépend
que duchamp
H et de l’altitude moyenne
ho
de laparoi ;
à une constanteprès,
elles’écrit :
Énergie
deparoi.
- Ellecomprend
deux termes. Unpremier
terme
Fp provient
del’augmentation
de surface de laparoi
provo-quée
par la déformation. Pour lecalculer,
en se limitant aux termes du secondordre,
il suffit de supposer la tensionsuperficielle
constante et
égale
à ~~~o. On obtient ainsi :Le second terme
F~ correspond
aux variations locales de la tensionsuperficielle :
on l’obtiendra endéveloppant
la valeurde y donnée
par
l’équation (3)
en série deTaylor
parrapport
à z autour de lavaleur z ===
ho
et en yreportant
la valeur de z donnée en( 17) ;
onfera ensuite la moyenne par
rapport
à x et y et on yremplacera
l’élé-ment réel d’aire de la
paroi
par saprojection
sur leplan
XOY. Onobtient ainsi :
Pour écrire cette
équation (20),
nous utilisons ledéveloppement
ensérie de
Taylor
de la série de Fourier(3).
Ceprocédé
n’est évidem-ment valable que dans le cas où les valeurs des écarts z -
ho
de laparoi
réelle parrapport
à laparoi plane
moyenne restentpetits
vis-à-vis de la
plus petite
desquantités Lp, L/q.
Il en est bienainsi,
car, d’une
part,
dupoint
de vuephysique,
ledéveloppement (3)
peut,
sansinconvénients,
être considéré comme limité et d’autrepart
onpeut
étudier desperturbations d’amplitude
suffisamment faible pour que les écarts z -ho
soient inférieurs à toute limite fixée à l’avance.Finalement le terme
Fp
cherché est donné par :Énergie magnétique.
- Si les deux domaines quesépare
laparoi
conservaient une aimantation
rigide,
ilapparaîtrait
sur cetteparoi
une densité
superficielle
c decharges magnétiques
donnée par :Du
point
de vue des effets de cescharges,
tout se passe enpremière approximation
comme si la densité a était unedensité,
donnée àpriori, portée
par laparoi
moyenne d’altitudeho,
au lieu d’être por- tée par laparoi
réelle(17).
Cescharges
créent unchamp magné- tique
dont lescomposantes
normales à OX vont dévier l’aimantationspontanée
de sa direction initialeparallèle
à OX. Soit parexemple,
dans le domaine
inférieur,
du côté des znégatifs, ~
et y lesangles, supposés petits,
que font avec OX lesprojections
de 1 aimantationspontanée
sur lesplans
XOY et XOZ. Enchaque point,
l’aimanta-tion
spontanée
est enéquilibre
sous l’action des forcesmagnéto-
cristallines dérivant d’un
potentiel K(Nz -I- y~)
et d’unchamp magné- tique
dérivant d’unpotentiel
V. Les conditionsd’équilibre
s’écrivent :
Dans le domaine
supérieur,
leséquations
sontanalogues :
il suffitde
remplacer ls
par -~S.
En écrivant ces
équations,
nousnégligeons
les forcesqui
dériventdes interactions à courte distance de
Weiss-Heisenberg,
cequi
n’estlégitime qu’autant
que le rayon de courbure de laparoi
déforméeréelle est
grand
devantl’épaisseur
deparoi (o,
i micron pour lefer).
Nous supposerons que cette condition est réalisée.
Comme l’aimantation n’est
plus uniforme,
ilapparait
une densitécubique
m decharges magnétiques,
liée aupotentiel
V parl’équa-
tion de Poissou OV +
fnm
V o et donnée parau deuxième ordre
près.
En éliminant~5,
y et m entre lesquatre équations précédentes,
on trouve finalement que lepotentiel
V satis-fait à
l’équation
aux dérivéespartielles
suivantes :après
avoirposé pour abréger
l’écriture :Il faut maintenant trouver deux
expressions analytiques
dupotentiel,
solutions de(2 i~),
l’une V valable dans larégion
desz -
ho négatifs,
l’autre V’ valable dans larégion
desz - h,, positifs,
nulles pour z infini et
satisfaisant,
sur laparoi
deséparation,
à lacondition :
en
désignant
par l’indice o les coordonnées duplan
deparoi
etcompte
tenu descharges
r, et descharges provenant
de la rotationde l’aimantation.
D’après
leséquations (a 3)
et(25), l’équation (26)
s’écrit aussi ; -.
On trouve alors pour V :
avec les notations :
Pour obtenir
l’expression
de~",
il suffit deremplacer
V par V’ et m par - m dans la seuleéquation (28).
Connaissant V et
V’,
il est aisé d’en déduire;~,
y et~’, ~~’.
Ce
qui
nousimporte d’ailleurs,
c’estl’énergie
de ladistribution,
obtenue en
ajoutant
enchaque point l’énergie magnéto-cristalline
àl’énergie magnétique
et enintégrant
dans toutl’espace.
On obtientainsi, compte-tenu
de(~~> :
Tous calculs
faits, l’énergie correspondant
à un centimètre carré deparoi
s’écrit :Si nous avions
supposé
F aimantationrigide,
cequi
revient à sup- poser Kinfini, l’énergie correspondante
aurait été obtenue en rem-plaçant Q
par 1 dansl’équation précédente.
On voit ainsi que les déformations deslignes
d’aimantationqui
seproduisent
dans laréalité divisent
l’énergie
par un facteur au moinségal
àB/Q,
c’est-à-dire par au moins
6,6
dans le casdu fer,
et au moins5, ~
dans lecas du
nickel,
à latempérature
ordinaire, etdavantage
à haute tem-pérature.
On commettrait donc une grosse erreur ennégligeant
cettedéformation.
10. -
Équilibre
de laparoi.
-L’énergie totale,
obtenue enajoutant
les valeurs deFH, FP
etFË,, FD
données par leséquations
(18), (i g), (20)
et(3~),
est une fonction deho
et deshp9.
Al’équi-
libre,
les dérivéspartielles
del’énergie
totale parrapport
à chacunede ces variables seront
nulles,
cequi
donne leséquations :
dans
lesquelles
on aposé,
poursimplifier
l’écriture :En éliminant les
hj, l’équation (33) prend
la forme :avec la notation :
L’équation (36) représente l’équation d’équilibre
d’uneparoi
fic-tive, plane
etrigide, séparant
les deux domaines élémentaires encause, avec une
énergie qui
est une fonctionirrégulière
de l’altitudeho
donnée parl’équation (3~).
Leproblème complexe
dudéplace-
ment d’une
paroi
déformable est ainsi ramené auproblème
beau-coup
plus simple
dudéplacement
d’uneparoi rigide.
11. Détermination du
champ
coercitif. - Pour calculer lechamp
coercitif, nous calculerons d’abord
~r d’après l’équation
(3~~ ;Puis nous calculons la moyenne
quadratique
de cettequantité (38)
pour toutes les valeurs de
ho,
et toutes lespositions possibles
de labase