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La bibliothèque d'André Chavanne ou l'expression de la pensée scientifique du XVIe au XIXe siècle & [et] les procédés d'exploitation informatique des documents anciens ou patrimoniaux

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Academic year: 2022

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La bibliothèque d’André Chavanne ou L’expression de l’histoire des sciences du XVIe au XIXe siècle

&

Les procédés d’exploitation informatique des documents anciens ou patrimoniaux

« Où la science expérimentale s’arrête, un autre domaine s’ouvre : ne démontrons pas ce que l’on ne peut absolument pas démontrer…Où suffit la science, nous n’avons pas, il est vrai, besoin de la foi, mais là où la science se révèle défaillante, ou paraît insuffisante, nous ne devons pas non plus contester les droits de la foi ».

Goethe - Lettre à Falk

Travail présenté à l’Ecole d’Information Documentaire pour l’obtention du diplôme

Genève 1999

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La bibliothèque d’André Chavanne ou L’expression de la pensée scientifique du XVIe au XIXe siècle et Les procédés d’exploitation informatique des documents anciens ou patrimoniaux / Monica Montesinos. – Genève : EID, 1999. – 58 p. : ill. ; 30 cm

Ce travail est issu d’un mandat émanant de la Bibliotheca Bodmeriana (Cologny-Genève). Il porte sur le traitement de la bibliothèque qui leur a été léguée au décès d’André Chavanne. Le fonds est composé de livres scientifiques couvrant une période charnière de l’histoire de la pensée scientifique, à savoir du XVIe au XIXe siècle.

Ce travail a engendré une partie théorique traitant des possibilités d’exploitation informatique et plus particulièrement de la numérisation de documents anciens ou patrimoniaux, notamment au travers d’un exposé du phénomène, de recommandations techniques et de normes. Ceci est complété par une prise de vue des pratiques informatiques des conservateurs et bibliothécaires de Suisse romande.

Le mandat a abouti à l’intégration du fonds Chavanne au reste de la collection Bodmer, à un instrument de recherche (un catalogue) et enfin à une réflexion sur la numérisation et ses limites.

Le travail a été dirigé par Madame Elisabeth MACHERET VAN DAELE – Vice-directrice de la Bibliotheca Bodmeriana

Les propos émis dans ce travail n’engagent que la responsabilité de leur auteur

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INTRODUCTION p. 1

α α L La a b b i i bl b l io i o th t èq qu ue e d d’ An A nd dr é C Ch h av a va an nn n e e o ou u l l’ Ex E xp p re r es ss si io o n n d de e l l a a

pe p en n sé s ée e s sc ci i en e n ti t if fi i qu q ue e d du u X XV VI I e e a au u X XI I X X e e s si iè èc cl le e

p. 3

 I. La Bibliotheca Bodmeriana p. 3

 II. André Chavanne : biographie p. 6

 III. La bibliothèque d’André Chavanne : sa passion pour l’histoire des sciences p. 7  Histoire de la pensée scientifique p. 8  Incursion dans la bibliothèque d’André Chavanne p. 10

-Prise de vue p. 10 -Reliures p. 13 -Illustrations p. 16

Méthodologie

 I. La cotation Bodmer p. 17

 II. Bibliomaker p. 18

 III.Traitement du fonds p. 19 -Catalogage p. 19 -Classement p. 20

 IV.Conservation p. 21

 V. Bilan /Réflexions p. 21

β β La L a n nu um ér ri i sa s at ti i on o n d de es s d do oc cu um me en n ts t s a an nc ci i en e ns s o ou u p pa at tr ri im m on o ni i au a ux x

et e t l l a a G G ED E D ( (G G es e st ti i on o n E El l ec e ct tr ro o ni n i qu q ue e d de es s d do oc cu um me en nt ts s) )

p. 23

1. La numérisation et la GED : description du phénomène p. 25

I. Typologie des documents (dans une perspective globale) p. 25

II. Modélisation de structure et interprétation de documents p. 25

III. L’OCR : reconnaissance optique de caractères p. 26

IV. L’écriture manuscrite p. 27

V. La rétroconversion dans les bibliothèques p. 28

VI. Les différentes catégories de GED p. 29

2. La numérisation : marche à suivre et recommandations techniques p. 30

 I. Les différents supports de stockage de données numériques et leurs usages p. 31

 II. Recommandations selon les différents emplois envisagés p. 32

III.La numérisation des documents p. 33

 IV.Typologie des documents à traiter p. 33

 V. Le matériel et la qualité de l’image p. 33

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 VII. Résolution et format des fichiers informatiques p. 35 -Texte p. 35 -Images noir et blanc p. 36 -Images couleur p. 36 -Compression p. 36

VIII.La numérisation courante p. 37

 IX. La GED p. 37

 X. L’ISBD (CF) p. 38

 XI. Conservation des supports de stockage p. 39

 XII. Législation p. 39

 XIII.Sélection de ressources p. 39 -Sites d’information technique sur la numérisation p. 39 -Fabricants p. 40 -Actualité dans les nouvelles technologies p. 40 -Droit et multimédia p. 41

 XIV.Exemples de projets p. 42 -Compilation p. 42 -Projets internationaux p. 43

3. Prise de vue des pratiques informatiques chez les conservateurs et

bibliothécaires de Suisse romande p. 44

 Commentaire p. 47

C

ONCLUSION p. 48 Bibliographie thématique p. 50

 André Chavanne : documents écrits p. 50

 André Chavanne : documents sonores p. 50

 A propos d’André Chavanne p. 51

 La Numérisation p. 52

 Les sciences p. 54

 Varia p. 54

Table des illustrations p. 56

Remerciements p. 58

Annexes

 Annexe n°1 : Exemple de structure de la cotation Bodmer

 Annexe n°2 : Exemple de fiches du fonds André Chavanne

 Annexe n°3 : Petite galerie d’ex-libris

 Annexe n°4 : Glossaire (dans le cadre de la numérisation)

 Annexe n°5 : Tableau des possibilités de transfert entre supports

 Annexe n°6 : Tableau d’évaluation précédant un programme de numérisation

 Annexe n°7 : Normes (dans le cadre de la numérisation)

 Annexe n°8 : Tableau recensant les différents supports utilisés pour la numérisation

 Annexe n°9 : Exemple de numériseur de microfilms (fiche technique)

 Annexe n°10 : Loi du Parlement européen concernant la protection juridique des bases de données dans le cadre de la propriété intellectuelle

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I I N N TR T RO OD D UC U C TI T I ON O N

André Chavanne…ce nom évoque certainement bien des choses à la plupart des genevois. Mais peut-être davantage de par son action politique et les multiples réformes qu’il a su apporter au système scolaire que pour son amour des livres, bien souvent méconnu.

André Chavanne n’agissait cependant pas en pur bibliophile, ses livres sont beaux certes, mais il les acquérait en premier lieu pour leur contenu. Malgré la diversité de ses intérêts, la majorité de sa collection concerne surtout la physique, les mathématiques, l’astronomie, la chimie et les applications des sciences dans de nombreux domaines dont notamment la philosophie. La plupart des livres sont en langue française mais on en trouve également en latin ainsi que quelques-uns en anglais, en allemand, en italien, en espagnol et même un volume en roumain.

Ces livres ont en commun le fait qu’ils portent la marque de leur possesseur. Des signets sont restés ça et là ou encore de légères traces de crayon soulignent certains passages et cela fait ressortir l’histoire des sciences telle que la vivait André Chavanne, ne se limitant pas à l’analyse de l’évolution des idées, mais plutôt à découvrir comment les idées sont nées. Il a acquis ses livres parce que ceux-ci mettaient en évidence l’aspect personnel et humain des découvreurs. Il a du reste abondamment cité ces auteurs parmi les éditoriaux qu’il écrivait dans diverses revues avant et après sa brillante carrière politique. Il les a tout aussi abondamment cités dans ses discours. Son expérience de la science et de son enseignement l’ont convaincu très tôt que l’histoire et la philosophie des sciences devaient être connues, non seulement de toute personne cultivée, mais surtout des scientifiques eux-mêmes. D’où son acharnement à créer à l’Université une chaire interdisciplinaire d’histoire et de philosophie entre les facultés de sciences et de lettres.

André Chavanne a réuni un ensemble d’ouvrages qui constitue un instrument de travail idéal pour les jeunes chercheurs rattachés à cette nouvelle chaire.

Selon son souhait, la collection est ouverte aux étudiants de l’Université, et ce, sans approbation préalable du Conseil de la Fondation Bodmer (formalité usuelle).

Sa bibliothèque fut léguée à la Bibliotheca Bodmeriana à son décès, survenu en 1990, mais sa famille a toutefois conservé quelques ouvrages. Le legs a été décidé et supervisé par sa femme et sa fille. Il faut également signaler qu’André Chavanne connut Martin Bodmer personnellement et qu’il siégea au Conseil de sa Fondation, ce n’est donc pas un hasard si sa bibliothèque a rejoint aujourd’hui la collection de Martin Bodmer. On verra d’ailleurs plus avant combien ces deux hommes avaient de points communs.

A l’époque le fonds fut sommairement inventorié puis rangé dans des bibliothèques construites à cet effet. A l’origine, la collection comprend également des livres contemporains qui ont déjà été traités en 1993 dans le cadre d’un travail de diplôme effectué par Elena Balzardi. Cette partie du fonds est rangée dans des compactus, les livres anciens ayant une valeur ornementale et historique intrinsèque correspondant à la vocation de la Bibliotheca Bodmeriana, ils se trouvent dans l’un des deux pavillons.

L’ensemble est néanmoins intellectuellement réuni dans le fichier Bodmer.

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Ce fonds couvre des domaines qui complètent bien la collection de Martin Bodmer et il était donc souhaitable de pouvoir entièrement l’exploiter. Enfin, pour que les étudiants de l’Université puissent avoir accès au fonds, un instrument de recherche était indispensable.

C’est pourquoi, la Bibliotheca Bodmeriana m’a chargée du mandat suivant : -Cataloguer le fonds

-L’intégrer à la collection en introduisant les références des documents dans le logiciel Bibliomaker mais également en constituant des fiches papier

-Créer un instrument de recherche (bibliographie ou catalogue)

La partie ancienne du fonds Chavanne comprend environ 750 unités. La partie contemporaine à peu près mille cinq cents. (Le travail effectué en 1993 durait 6 mois et le mandat présent trois mois).

Ce travail a généré plusieurs interrogations au niveau de la diffusion.

En effet, le fonds renfermant un certain nombre d’éléments bibliophiliques importants tels que gravures, frontispices, ex-libris, etc., pourquoi ne seraient-ils pas visibles par un plus large public que celui, pour l’heure relativement restreint, de la Bibliotheca Bodmeriana ?

Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui une diffusion sans limites via Internet, il était donc intéressant de se pencher sur la question de la mise en valeur des documents et parallèlement des possibilités de conservation sur d’autres supports que le microfilm.

Dans le cadre d’une bibliothèque de conservation, la numérisation de documents peut s’avérer être un excellent vecteur de communication. Ce facteur est à prendre en considération d’autant qu’il peut servir l’identité d’une institution ou tout simplement la faire connaître à des usagers potentiels.

Sera donc développée, dans une seconde partie plus théorique de ce mémoire, la problématique de la numérisation des fonds anciens ou patrimoniaux, tout d’abord au travers d’une analyse du phénomène puis en énonçant une marche à suivre basée sur un certain nombre de normes.

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B B IB I BL L IO I OT T HE H EC C A A B B OD O DM M ER E RI I AN A N A A Fondation Martin Bodmer

Fiche technique

Bibliotheca Bodmeriana 19-21 rte du Guignard CH-1223 Cologny Tel. : 022 / 707 44 33

Fax : 022 / 707 44 30

Horaires :

lu-ve (sur autorisation écrite préalable)

Accès :

!

transports publics : bus A (Cologny-Temple)

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parking : sur place

#

accessibilité aux personnes à mobilité réduite : difficilement

Date de fondation :

1951 (1971 pour la Fondation)

Fonds :

• monographies : 160'000 volumes (y compris les périodiques reliés)

• fonds particuliers : 270 incunables, 300 manuscrits, 2000 autographes, tapisseries, sculptures, 100 médailles, monnaies, manuscrits et premières éditions de la littérature universelle (Dante, Shakespeare, Goethe, Hölderlin, Flaubert, etc.), collection de papyrus bibliques et classiques

• domaines : littérature universelle

Catalogue :

• informatisé : oui, en partie

• manuel : accès auteurs/titres, matières, chronologique

Conditions d’utilisation :

• public autorisé → consultation chercheurs accrédités

• places de travail : 8

• prêt à domicile : exclu

Equipement :

Photocopieuse, lecteur de microfiches et microfilms (sur demande)

Particularités :

Visites organisées pour les groupes

(8)

α α

« J’aime à considérer les nations étrangères et je conseille à chacun d'agir de même de son côté. La littérature nationale, cela n’a plus aujourd'hui grand sens ; le temps de la littérature universelle est venu, et chacun doit aujourd’hui travailler et hâter ce temps. »

Eckermann, 31-1-1827

I. I . L L a a B B ib i b li l io o th t he ec ca a B B od o dm m er e ri ia an na a

--

F F o o nd n da at ti io on n M Ma ar rt ti i n n B Bo od dm me e r r

Issu d'une vieille famille zürichoise, Martin Bodmer naît le 13 novembre 1899 à Zürich.

Il fréquente les Universités de Zürich et de Heidelberg pour un semestre. Il se destine à une carrière littéraire mais très tôt il est attiré par le livre pour ses aspects bibliophiliques et il commence dès lors sa collection. Il n'a que 15 ans lorsqu'il acquiert une traduction allemande de "La tempête" (Der Sturm, illustré par Dulac) de Shakespeare et il reçoit peu après de sa mère le "Faust" de Goethe, ouvrage destiné aux bibliophiles. Il commence à acquérir des livres plus anciens, puis les premières éditions des livres modernes. Ses recherches sur la littérature allemande l'engagent à fonder en 1922 le prix Gottfried Keller, destiné à distinguer des écrivains de talent. En 1930, Martin Bodmer lance une revue littéraire intitulée Corona. Son orientation est de tendance classique, il y édite des textes de Paul Valéry, Benedetto Croce, Viatcheslav Ivanov, Selma Lagerlöf et de beaucoup d'auteurs allemands tels Thomas Mann, Rudolf Borchardt, Fritz Ernst ou Hans Carossa. Le dernier numéro de cette revue paraît en 1943.

Martin Bodmer rassemble avec persévérance une précieuse collection traversant tous les siècles et illustrant toutes les civilisations.

Il veut constituer une bibliothèque de la Weltliteratur (littérature universelle)1. On rencontre déjà cet idéal chez Goethe, qui est l’un des auteurs les plus admirés par Martin Bodmer. André Chavanne appréciait lui aussi cet écrivain et les points communs entre ces trois personnalités sont nombreux.

Goethe est convaincu de l’égalité de principe de tous les hommes. Or il existe des domaines où cette égalité est plus évidente qu’ailleurs : la poésie et la science s’adressent à tous et c’est pourquoi il s’y adonne avec prédilection. Goethe voit la fécondation réciproque des littératures à l’image de son « purisme positif » : il faut emprunter et assimiler tout ce qui manque chez soi. C’est ainsi que par annexions progressives de ce qui est étranger, s’élaborera une littérature nouvelle à laquelle Goethe réserve justement le nom de Weltliteratur. Théorie plutôt novatrice pour l’époque.

Le principe dont s'inspire Martin Bodmer est qu'aucun des ouvrages qui ont marqué la culture occidentale n'est un accident isolé ; tant pour la forme que pour le fond, ils s'inscrivent dans une succession d'essais échelonnés dans le temps. Il y a donc un avant, un pendant et un après. L'intérêt est de pouvoir replacer chaque auteur dans un large contexte historique et littéraire.

1 BODMER, Martin. Eine Bibliothek der Weltliteratur. Zürich : Atlantis , 1947. 168 p.

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Il construit sa bibliothèque autour de cinq œuvres qu'il considère comme autant de monuments inégalés du génie humain et qu'il appelle des piliers, à savoir :

Homère, la Bible, Dante, Shakespeare et Goethe.

Parmi les écrivains français de qualité il ne distingue pas d’auteur qui se distance suffisamment des autres pour être - à lui seul - le symbole d'une culture et d'une sensibilité nationales. Cette littérature est cependant bien représentée.

Il décide finalement d’adjoindre aux œuvres constituant les cinq piliers fondateurs de sa bibliothèque et aux nombreux écrivains français qu'il honore, un grand nombre d'auteurs de tous les temps.

Son éthique le conduit à découvrir le texte le plus proche de son origine, c'est-à-dire l'incunable ou le manuscrit le plus authentique lorsqu'il s'agit d'un ancien, soit le manuscrit autographe ou l'édition originale quand il s'agit d'un auteur moderne.

Mais à ce stade, cette bibliothèque ne donne encore d’après lui qu'une vision imparfaite de l'aventure intellectuelle de l'homme en ce monde.

En effet, la pensée consciente étant apparue ailleurs qu'en Europe, il s'intéresse à la littérature et à la civilisation de l'Orient et de l'Extrême-Orient, puis à celles de l'Amérique du Nord, du Mexique et du Pérou. Mais son investigation ne restitue pas encore tout à fait l'histoire intellectuelle. Il s'efforce donc de remonter dans le passé en collectionnant d'abord des tablettes cunéiformes et des papyrus et enfin en s'intéressant aux minéraux et aux fossiles, comme notamment des ichtyosaures de 140 et 170 millions d'années.

Voici un aperçu de quelques trésors réunis à Cologny : des tablettes assyriennes, des rouleaux des morts égyptiens, des papyrus dont l'Evangile selon Saint Jean, des monnaies grecques ou romaines, des manuscrits du Moyen Age, des incunables dont la fameuse Bible de Gutenberg, des éditions princeps, des autographes modernes et même des partitions de musique et œuvres d'art.

En effet, consacrée plus particulièrement à l'écrit, la Bodmeriana contient divers objets qui ont pu servir, au cours du temps, de support à l'écriture. Elle abrite donc aussi des sculptures, des tableaux, des dessins, des tapisseries et des partitions de musique, qui illustrent les chemins parallèles de l'écriture et de l'art.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Martin Bodmer se met au service du Comité International de la Croix-Rouge dont il est vice-président jusqu'en 1964. Il se préoccupe entre autres d'organiser des bibliothèques pour les prisonniers de guerre. Etabli à Genève dès 1939, il acquiert le Grand-Cologny et y aménage les bâtiments afin de les rendre aptes à accueillir sa bibliothèque. En 1951, la collection est transférée des bords du lac de Zürich aux bords du lac Léman. Les travaux de réfection et d'aménagement durent plus de trois ans. La bibliothèque est installée en sous-sol et deux pavillons émergent à la place des deux villas qui existaient antérieurement.

La Bibliotheca Bodmeriana La salle de lecture

(10)

En 1947 il publie le livre dans lequel il donne un sens à son entreprise : « Eine Bibliothek der Weltliteratur2 », il y expose sa conviction profonde, à savoir que le livre contribue au salut de l'homme.

Martin Bodmer voit couronner ses mérites par le titre de docteur honoris causa des Universités de Francfort, de Berne et de Genève. Un mois avant sa mort, le 22 mars 1971, il transforme sa bibliothèque en une Fondation de droit privé, léguant ainsi à Genève une des plus grandes bibliothèques privées du monde. En créant la Fondation qui porte son nom, Martin Bodmer voulut que cet ensemble unique ne soit pas dispersé et qu'il serve aux générations futures à mieux connaître et à mieux comprendre l'histoire de l'homme.

La Fondation est régie par les articles 80 et ss. Du Code Civil suisse et par ses statuts.

Elle a pour but le maintien, le développement et le rayonnement de la Bibliotheca Bodmeriana. La Fondation est gérée par un Conseil composé de cinq membres au moins, qui doit comprendre en tout cas : un représentant de la famille Bodmer comme président, un représentant de l'Etat de Genève, un représentant de l'Université de Genève, un représentant de la Commune de Cologny et un juriste. A l'exception du représentant de la République et canton de Genève - qui est nommé par le Conseil d'Etat - les membres sont désignés par le Conseil de Fondation par cooptation. Le capital de dotation apporté par le fondateur et les subventions octroyées par l'Etat de Genève ainsi que par la Commune de Cologny permettent d'assurer le bon fonctionnement de la Bibliotheca Bodmeriana, qui est confiée à un directeur, actuellement le Dr Professeur Martin Bircher. Il a auparavant travaillé à la "Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel" et s’est notamment distingué au travers de sa bibliographie "Deutsche Drucke des Barock 1600-1720" 3.

Le personnel est composé d'une vice-directrice également bibliothécaire, de deux collaboratrices scientifiques et de deux mandataires, un historien et une bibliothécaire.

La bibliothèque va prochainement subir d’importants travaux d’agrandissement menés par l’architecte Mario Botta. Le projet est d’en faire un musée qui sera largement ouvert au public.

L’un des avantages majeurs de cette entreprise est qu’une plus grande partie de la collection pourra être montrée aux visiteurs. Rendez-vous donc en 2001.

2 BODMER, Martin. Eine Bibliothek der Weltliteratur. Zürich : Atlantis , 1947. 168 p.

3 BIRCHER, Martin. Deutsche Drucke des Barock 1600-1720, in der Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel.

Nendeln : KTO Press, 1977 (réédition : München : Saur, 1995)

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« Non, la science n’est pas une illusion, mais ce serait une illusion de croire que nous puissions trouver ailleurs ce qu’elle ne peut pas nous donner »

Sigmund Freud – L’avenir d’une illusion

I I I I . . A A n n d d r r é é C C h h a a v v a a n n n n e e : : b b i i o o g g r r a a p p h h i i e e

Originaire de Bardonnex (GE), André Chavanne naît à Paris le 2 juillet 1916, de mère française et de père suisse. Après son baccalauréat, il obtient une licence en physique à l'Université de Genève. En 1953, il passe une année en Equateur en tant qu’expert d'assistance technique de l'UNESCO. A son retour, il enseigne les mathématiques et la physique à l'Ecole d'Ingénieurs. Son goût pour les sciences est indéniable et il crée une revue scientifique internationale baptisée "Industries atomiques" dont il est le rédacteur en chef de 1953 à 1954.

Mais son séjour en Amérique du Sud et la pauvreté dont il a été témoin le poussent à un engagement politique et il devient membre du Parti socialiste dont il assure la présidence de la section genevoise dès 1957 jusqu'à son élection au Conseil d'Etat de la République et du Canton de Genève, fin 1961. Chargé du Département de l'instruction publique, il conserve son mandat jusqu'en 1984 ce qui représente un véritable record de longévité. Il est également député au Conseil National de 1967 à 1977. L'idée d'une "démocratisation des études" - c'est-à-dire la possibilité pour chacun d'accéder à la meilleure formation indépendamment de son origine sociale, ainsi que la nécessité pour l'école de s'ouvrir au monde et de tendre à corriger les inégalités de chance de réussite scolaire - se traduit notamment au travers de :

- la construction d'une cinquantaine d'établissements scolaires - la création du Collège du soir et de l'Ecole de culture générale

- l'ouverture de l'Université du 3e âge ainsi que la possibilité aux "sans-maturité" d'y accéder après quelques années de vie active

- la création de la maturité artistique

- l'égalité de formation entre filles et garçons au cycle d'orientation

- l'introduction de la bureautique et de l'informatique à l'Ecole supérieure de Commerce - l'adaptation de l'Ecole d'Ingénieurs aux normes fédérales

Selon Jean Ziegler "il ne supportait tout simplement pas l'inégalité, l'exclusion des pauvres, l'humiliation des timides et l'arrogance de ceux à qui en vertu d'une loi violente de l'argent dans notre République, le Collège, l'Université paraissent dus de toute éternité".

On pourrait envisager d’instaurer une Saint-Chavanne au même titre que la Saint- Charlemagne4, fête que les établissements scolaires célébraient le 28 janvier en l’honneur de Charlemagne, fondateur des écoles. On saluerait ici l’immense contribution apportée au développement de notre système scolaire.

4 Charlemagne avait été canonisé par l’antipape Pascal III (1165), à la demande de Frédéric 1er Barberousse, pour renforcer le prestige impérial. Cette décision ne fut ni ratifiée ni désavouée.

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André Chavanne a été très apprécié et de fait c’est un homme qui a accumulé les surnoms comme notamment : Fidel Bistro pour les jeunes libéraux, André Chavanne était effectivement un redoutable bon vivant, dans certains cafés les habitués l’appelaient André ; ou le Falstaff5 de la politique genevoise, car il savait « gonfler » les problèmes pour se mettre en valeur et triompher avec panache de ses adversaires ; enfin Obélix pour sa force physique et Astérix pour sa finesse d’esprit.

Après son départ du Conseil d'Etat en 1985, il assume la présidence du conseil d'administration de la Fondation Patino, et la présidence d'honneur de la Fondation Korczak. En 1987, le Gouvernement français le décore de la rosette de la Légion d'honneur.

Il s'éteint en 1990, à l'âge de 74 ans.

II I II I. . L La a b bi ib bl li io ot th hè èq qu ue e d d' ' A A nd n dr ré é C Ch h a a va v a nn n n e e : : sa s a p pa as ss si io on n p po o ur u r l l' 'h h is i st to oi ir re e d de es s s sc ci i en e nc ce es s

Tout au long de sa vie, André Chavanne a été passionné par les livres avec un penchant pour les éditions anciennes traitant de l'histoire des sciences et du développement de l'homme, en particulier à partir du siècle des Lumières.

Son attachement aux belles-lettres et son esprit cartésien ne sont pas entré en contradiction avec sa passion pour les sciences les plus ardues et notamment la physique dont il dit : "Elle se consacre à l'étude du vide. C'est là où il n'y a rien. Mais c'est ça qui m'inquiète et m'intéresse."

Durant cinquante ans, sans interruption, André Chavanne a réuni avec patience une belle et riche bibliothèque composée surtout d'ouvrages anciens, sans négliger cependant les ouvrages les plus représentatifs des hommes qui ont marqué le progrès de la science contemporaine. Le choix de ces ouvrages ne résulte pas seulement d'un goût pour la bibliophilie mais reflète également l'image qu'il se faisait de la science ainsi que son rôle dans l'évolution intellectuelle de l'humanité. Cette image et ce rôle, il les a subtilement résumés en inversant la citation de Rabelais « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » qu’il a transformée en « Conscience sans science n’est que ruine de l’humanité » . L’humanisme exige une éthique et André Chavanne était profondément ébranlé lorsqu’il découvrait que les scientifiques pouvaient avoir un comportement différent de celui qu’impose une telle vocation. Cet humanisme basé sur la science et ses progrès se manifeste clairement dans la composition de sa bibliothèque.

Avant de s’aventurer plus concrètement dans le contenu de cette singulière collection, il convient d’aborder l’histoire et l’évolution de la pensée scientifique, essence même de cette bibliothèque.

5 Falstaff : comédie lyrique, livret de Boito, musique de Verdi (1893)

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Histoire de la pensée scientifique

Il ne s’agit ici que d’une synthèse de l’histoire de la pensée scientifique afin de pouvoir mieux apprécier la sélection d’ouvrages qui suivra.

Pour comprendre l’importance des liens entre les différents domaines scientifiques il faut d’abord cerner le concept de la pensée scientifique elle-même ainsi que son évolution dans l’histoire. Il ne s’agit donc pas d’histoire des sciences mais bien de celle de l’esprit scientifique. Apparemment abstrait et artificiel, distingué de la science elle- même, il permet pourtant de mettre en évidence la formation et l’évolution de l’attitude scientifique souvent masquée par les faits.

L’esprit scientifique d’une époque n’est jamais univoque et il est bien entendu inutile d’en souligner les influences culturelles, philosophiques et religieuses. Même lorsque domine une tendance d’esprit, comme notamment au XVIIe siècle le cartésianisme, d’autres tendances apparaissent à ne pas négliger. Dans un même milieu, à la même époque, selon les tempéraments, les traditions intellectuelles et culturelles ou encore les secteurs étudiés, il peut coexister plusieurs attitudes scientifiques souvent même opposées. Ainsi la Grèce connaît presque simultanément le mathématisme platonicien et le qualitativisme aristotélicien ; au XVIIe siècle le mécanisme cartésien est le contemporain de l’empirisme gassendiste ; aux XVIIe et XVIIIe siècles alors que le mécanisme s’impose de plus en plus en astronomie, le qualitativisme règne encore en chimie et même en électricité et en magnétisme.

De plus, l’esprit scientifique ne progresse pas toujours de façon continue et dans une seule ligne. Il connaît des stagnations, parfois des reculs ou des conflits de tendances, souvent durables. On observe des périodes de transformation radicale de la mentalité scientifique, d’autres où elle mûrit et s’affermit. Mais il ne faudrait toutefois pas exclure une unité d’ensemble à l’histoire de l’esprit scientifique dans les diverses branches de la science.

La bibliothèque d’André Chavanne contient en majorité des livres des XVIIe et XVIIIe siècles. Ce n’est certainement pas un hasard puisque l’époque charnière de l’histoire des sciences et de la pensée scientifique se situe entre 1643 et 1715. C’est précisément à ce moment que prend naissance l’esprit scientifique moderne, qu’il est constitué dans l’essentiel. Dans les deux siècles qui suivent il se fortifie et se précise, mais durant cette période une certaine conception de la théorie et de l’expérience ainsi que l’affirmation d’une large autonomie par rapport à la philosophie et la religion se définissent.

En effet, jusqu’au Moyen âge, du fait de la grande autorité d’Aristote, c’est la pensée aristotélicienne qui domine. Par ailleurs les synthèses médiévales sont à la fois scientifiques et philosophiques. L’esprit scientifique dégagera par la suite de l’analyse des faits des concepts bien définis qui seront ensuite coordonnés de façon cohérente, mais cette manière de procéder ne date que du début du XVIIe siècle et sauf de rares exceptions, on ne savait auparavant pas dégager d’une étude positive la réalité des structures rationnelles. C’est seulement avec Galilée, notamment dans son travail sur la chute des corps, que la science accède au raisonnement expérimental. Auparavant deux excès s’opposent, à savoir le recours quasi exclusif à l’expérience qui, faute d’hypothèses

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pour soutenir et diriger la recherche ne sait pas dépasser le stade descriptif et donc ne permet pas d’entrer dans la structure intime des phénomènes, ou au contraire, une conception purement déductive ne faisant à peu près aucune place au contrôle expérimental, c’est le cas de la physique d’Aristote et de celle de Descartes.

Une autre caractéristique de l’esprit nouveau du XVIIe siècle est l’offensive de l’explication qualitative. Vers 1630-1640 naît un idéal d’explication mathématique non seulement des phénomènes physiques, mais de l’ensemble des phénomènes naturels.

Attitude complexe car elle varie d’un savant à l’autre et n’est pas la même chez Descartes que chez Galilée. Si grande soit donc son influence, l’explication mathématique n’est pas universellement admise, le courant empiriste s’en écarte. Du reste elle ne s’étend pas à tous les domaines. Elle est enfin encore imparfaite et c’est avec Huygens (que André Chavanne admirait) et Newton qu’elle commence à se préciser et à devenir efficace. Dès la fin du XVIIe siècle il s’établit enfin une interaction féconde entre les mathématiques et les sciences de la nature qui se développera sans cesse.

Au XIXe siècle c’est la coupure politique, sociale et culturelle. La Révolution française est aussi le point de départ d’un effort scientifique plus ample et plus organique, l’esprit scientifique prend alors une conscience plus marquée de sa méthode et de ses possibilités.

Aujourd’hui l’esprit scientifique se présente plutôt comme un dialogue entre l’hypothèse et l’expérience. Outre le progrès de la précision, l’expérimentation encore assez arbitraire au siècle dernier est conduite de façon très méthodique : de l’analyse des conditions d’expérience on déduit exactement la précision des résultats et la meilleure manière de les utiliser. L’expérimentation fait notamment appel à la statistique. Le rôle toujours accru de la logique, des mathématiques et des mesures manifeste qu’un idéal de rigueur a progressivement pénétré la pensée scientifique.

Enfin et surtout la science contemporaine s’affirme autonome, se prétend seule capable de pénétrer la réalité des choses et c’est précisément un mode de pensée opposé à celui d’André Chavanne. Si pour lui la science est l’instrument indiscutable du progrès, elle ne peut régler tous les problèmes de la société et seule la distance critique commune au savant, au philosophe, à l’historien, empêche qu’elle ne devienne l’instrument d’une toute puissance tyrannique. L’une des raisons pour lesquelles il a tant insisté sur la nécessité d’enseigner l’histoire des sciences c’est qu’il pensait que c’était le moyen de donner un cadre de références à l’explosion des connaissances et à la parcellisation des savoirs enseignés. C’est l’histoire des sciences qui devait construire et réconcilier la culture d’une société nouvelle ce qui n’impliquait ni le rejet ni l’illusion scientifique. Il dit lui-même à ce propos : « Quand j’étais à l’école, j’ai aimé la science et sa puissance de démonstration. Aujourd’hui nous savons mieux qu’avant que toute science est passagère et je préfère une science passagère à une science définitive, car elle nous donne l’occasion de nous émerveiller chaque jour. »

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Incursion dans la bibliothèque d’André Chavanne

Il est intéressant de constater que l’on peut aisément retracer la progression de la science et de sa pensée au travers de quelques figures scientifiques caractéristiques de l’époque (XVIe-XIXe siècles).

Voici un aperçu des auteurs les plus marquants présents dans le fonds6.

Prise de vue

Commençons avec le livre le plus ancien de la collection, il s’agit de De la Sfera del Mondo d’Alessandro Piccolomini, publié à Venise en 1540. Piccolomini, qui passe pour un excellent vulgarisateur des sciences, a écrit l’ouvrage peu avant le « De revolutionibus » de Copernic.

Poursuivons avec La Géométrie de Descartes, Paris, 1705. André Chavanne ne s’est pas trop attardé sur les œuvres de Descartes ; sa physique et son astronomie laissent apparemment trop de place aux spéculations et pas assez à l’observation et à l’expérimentation. Il s’avère par contre certain qu’il ait apprécié Pascal, présent notamment dans une réédition de ses Œuvres complètes, La Haye, 1779. Ce dernier a effectué passablement d’expériences sur la pression atmosphérique, sur le vide, sur l’hydraulique et sur les machines à calculer.

Quant au célèbrissime Newton, ses théories ne se sont pas facilement imposées sur le continent. Voltaire a tenté, entre autres, de les faire connaître par le biais des Elémens de la philosophie de Neuton en 1738. De célèbres ouvrages tels que le Traité de Physique du jésuite Castel, 1724, ou celui de Jacques Rohault en 1675-1676, condamnent sans appel les théories de Newton. Par leur retentissement, ces ouvrages ont considérablement freiné le progrès de la physique dans nos régions. S’il y a un point qui cette fois distingue Bodmer et Chavanne de Goethe, c’est leurs

différentes appréciations de Newton. Les deux premiers l’estiment et ont acquis un certain nombre de ses ouvrages voire même de ses manuscrits. Or Goethe combat avec acharnement, sa vie durant, la théorie newtonienne de la nature composite de la lumière, maintenant envers et contre tout que la lumière ne peut être qu’une dans sa pureté originaire. En fait chez lui la lumière occupe un statut métaphysique et il est compréhensible qu’il ne puisse le retrouver dans le formalisme mathématique de la science physique.

D’autres personnalités, tout aussi acharnées, assimilent avec succès les théories de Newton et s’opposent au cartésianisme avec efficacité. Parmi celles-ci, Musschenbroek, inventeur de la bouteille de Leyde (le premier condensateur électrique) en 1745, qui publie également un Cours de physique expérimentale et mathématique, 1770, dont le titre fait ressortir le modernisme, ainsi que pour S. Gravesand avec ses Eléments de physique, Leyde, 1746, et ses Œuvres philosophiques et mathématiques, Amsterdam, 1774.

6 Les noms d’auteurs en caractères italiques signifient qu’ils sont présents dans la bibliothèque d’André Chavanne

Sir Isaac NEWTON

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Grâce à ce conflit entre les partisans de Descartes et ceux de la physique de Newton, la science devient plus populaire. Des scientifiques de qualité publient de nombreux ouvrages élémentaires clairs, illustrés, très didactiques et fréquemment utilisés dans le cadre de cours populaires.

Les cours à succès au XVIIIe siècle sont ceux de l’Abbé Nollet, à l’instar des Leçons de physique expérimentale, 1765-1767. L’Abbé Nollet est un auteur très influent et très prolifique dont André Chavanne a acquis plusieurs ouvrages. Il a probablement apprécié cette introduction à l’une des éditions de ses Leçons de physique : « La science n’est plus [vers 1750] comme autrefois un vain assemblage de raisonnements non fondés ou de systèmes chimériques, les conjectures sont mises au rang qui leur convient, on ne croit plus ce que l’on voit, et la raison ne se prononce que sur le rapport et le témoignage de l’expérience. »

Revenons à Newton. Grâce à ses théories, de nombreux phénomènes, jusque là inexpliqués, peuvent être compris de même que leur évolution prévue à plus ou moins long terme. Ainsi Halley annonce-t-il en 1705 le retour de la comète qui porte son nom pour 1757 ou 1758 ; Clairaut améliore cette performance en 1731 et fixe la date de retour à un mois près aux environs d’avril 1759.

Le même problème, exemple typique de la capacité de prévision de la physique newtonienne, sera repris et les prévisions encore améliorées par Pontecoulant dans sa Notice sur la comète de Halley et son retour en 1835, Paris, 1835.

La théorie de Newton explique aussi la forme de la Terre, sujet qui préoccupe les philosophes depuis l’antiquité. Il faut cependant vérifier la réalité de la description donnée par Newton.

C’est précisément l’œuvre collective de la génération des Cassini.

[Notamment présents dans le fonds Chavanne avec Giovanni Domenico Cassini : Tables Astronomiques du Soleil, de la Lune, des Planetes, des Etoiles Fixes et des Satellites de Jupiter et de Saturne…, Paris, 1740]

Giovanni CASSINI

Toujours dans la période où s’opposent les concepts cartésianistes et newtoniens, mais cette fois pour expliquer la chaleur et la composition de la matière, G. E. Stahl - habile expérimentateur et adversaire du cartésianisme - introduit en 1697 la notion d’un principe volatile pour expliquer la combustion : Le Phlogistique, théorie ingénieuse bien qu’erronée, qui connaît un extraordinaire succès et retarde elle aussi considérablement le développement de la chimie. Il faut attendre la publication du Traité élémentaire de chimie de Lavoisier, Paris, 1789, pour éliminer définitivement la théorie du « phlogistique ».

Etudiant la combustion, Lavoisier baptise « oxygène » en 1776 le gaz découvert par Priestley en 1774. Il réussit aussi une synthèse de l’eau en 1783 avant d’être victime de la Révolution en 1794. Autre victime de la Révolution, l’astronome Bailly, auteur d’une Histoire de l’astronomie ancienne, Paris 1755 et d’une Histoire de l’Astronomie moderne, Paris, 1775. Parmi les premiers adeptes de la nouvelle chimie introduite par Lavoisier, se trouve Chaptal. Auteur du traité Eléments de chymie, Paris, 1796, il se caractérise, comme presque tous les savants de cette époque, par la volonté d’appliquer les connaissances scientifiques aux besoins de la société. On en a du reste un excellent exemple avec son livre Chimie appliquée à l’agriculture, Paris, 1823.

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Dans le domaine de l’horlogerie on se doit de citer Lepaute, célèbre horloger, créateur d’horloges de précision pour les observatoires, qui écrit un Traité d’horlogerie contenant tout ce qui est nécessaire pour bien connoître et pour régler les pendules et les montres, Paris, 1767. Dans son traité, Lepaute applique les théories et les résultats obtenus par Huygens (étrangement absent de la bibliothèque).

En 1656, Huygens applique une pendule à une horloge et un ressort spiral pour les chronomètres. Avec cette dernière invention, la navigation et les grandes explorations deviennent possibles et moins dangereuses, car le problème des longitudes est alors résolu, et du même coup celui de l’établissement de cartes géographiques précises.

Au XVIIIe siècle, les savants coopèrent volontiers, ce qui nous conduit à parler d’un groupe de fondateurs de la science moderne, presque tous contemporains et simultanément mathématiciens, physiciens et astronomes.

Commençons par d’Alembert, qui est non seulement l’auteur du très remarqué Traité de dynamique (1743), mais qui a pris conscience, en jouant un rôle important lors de la création de l’Encyclopédie avec Diderot (dans la bibliothèque : Recueil de planches faites à Genève, 1778-1779) de la nécessité de diffuser autant que possible les connaissances les plus précises sur tous les sujets et sous la forme la plus compréhensible. C’est pour d’Alembert le devoir social du savant. Point de vue proche de celui d’André Chavanne. Cet idéal est partagé par les deux autres auteurs de la célèbre Encyclopédie Méthodique, Mathématique par d’Alembert, Abbé Bossut et de La Lande, Paris, 1785-1789.

La Lande, auteur d’une Astronomie, Paris, 1771, qui a été le bréviaire de toute une génération d’astronomes, n’hésite pas à installer une lunette astronomique sur le Pont- Neuf, à Paris. Il établit avec Lacaille la première distance précise de la Terre à la Lune.

Quant à la dynamique de d’Alembert, elle trouve quelques années plus tard un prolongement avec l’œuvre de Lagrange dans la Mécanique analytique, Paris, 1811, qui étend au mouvement des fluides les descriptions des phénomènes jusque-là limitées aux mouvements des solides.

Passons à la cosmologie avec Laplace et l’Exposition du système du monde, Paris, 1824, guide de tous les spécialistes du XIXe siècle. Dans le Système du monde, Laplace trace sans calcul et dans un style élégant le tableau du mouvement des corps célestes et montre comment la théorie de la gravité universelle donne l’explication de ces déplacements. De plus, Laplace avance une hypothèse sur le mécanisme de formation des planètes à partir d’une masse gazeuse en rotation. La théorie de Laplace est restée un exemple en matière de théorie déterministe où, les conditions initiales de chaque corps étant données, on peut déterminer toutes les positions à n’importe quelle date. Sous le Directoire, il dédie sa « Mécanique céleste » au Conseil des Cinq-cents et termine son Exposition du système du Monde par des considérations sur la nécessité de disposer d’une société libre pour assurer l’avenir de la science. Plus tard il devient même Ministre de l’Intérieur sous Napoléon, juste le temps d’obtenir une pension pour la veuve de l’astronome Bailly. Il vote la déchéance de Napoléon, se prosterne devant Louis XVIII et modifie les dernières pages de la dernière édition de son Système du Monde, 1824, pour y placer quelques considérations sur l’importance, pour une société, de bénéficier d’un guide éclairé.

Jean d’ALEMBERT

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Signalons encore le Nouveau manuel d’astronomie, Paris, 1837, de John Herschel, ouvrage qui a orienté et influencé les recherches astronomiques anglo-saxonnes jusqu’au début du XXe siècle. C’est en étudiant le spectre du soleil que Herschel découvre le rayonnement infrarouge.

Achevons donc cette prise de vue en rendant hommage aux deux seules femmes présentes dans la bibliothèque d’André Chavanne, ce qui est loin d’être insignifiant étant donné l’époque et les domaines d’application.

Emilie le Tonnelier de Breteuil Marquise du Châtelet, fille d’un dignitaire de la cour de Louis XIV noue en 1733 une liaison affective et intellectuelle avec Voltaire. Il semble du reste qu’il ait passablement collaboré aux Institutions de Physique, Paris, 1740. Elle meurt en 1749 alors qu’elle est en train d’achever la traduction des Principes mathématiques de Newton.

Quant à Maria Gaetana Agnesi, son ouvrage « Institutions analytiques » présente l’avantage de rassembler clairement les résultats et les méthodes de l’analyse de son époque ; il est le premier à juxtaposer la méthode des fluxions de Newton et celle des différentielles de Leibniz. Dans le fonds Chavanne se trouvent les Traités Elémentaires de Calcul Intégral, Paris, 1775.

Bien qu’elle ait fait des découvertes originales, son nom reste attaché à la cubique d’équation x2y = a2(a-y), déjà étudiée par Fermat et par Guido Grandi.

La marquise du CHATELET Maria Gaetana AGNESI

La bibliothèque d’André Chavanne recèle de documents incontournables pour qui souhaite étudier la science, son histoire et sa pensée. Au travers des idées et des écrits de ces grands hommes et femmes, transparaît le progrès dont nous bénéficions aujourd’hui et c’est un plaisir de s’y perdre.

Reliures

Seul quelques-unes des techniques propres à la reliure seront abordées ici, à savoir celles qui concernent étroitement le fonds d'André Chavanne. La reliure est un élément important dans l’interprétation et l’analyse d’un ouvrage car il apporte des renseignements précieux quant à son histoire, ses possesseurs, etc.

La grande majorité des livres faisant partie du fonds Chavanne sont imprimés à Paris.

En effet, un grand nombre d'ateliers y sont installés aux époques concernées puisque c'est là que vivent le roi, la cour, et les principaux bibliophiles. Toutefois Lyon rivalise

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Motif estampé à froid de Dentelle du XVIIIe siècle reliure du XVIIe

volontiers avec Paris en ce qui concerne l'édition, la reliure et la dorure. On trouve également passablement de livres imprimés à Genève ou Amsterdam.

Plus de la moitié du fonds date du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle. Les reliures sont dans l'ensemble assez simples, on trouve peu de reliures de luxe composées par exemple de maroquin. Le sujet qu'est la science influence quelque peu l'aspect extérieur des livres car ce sont souvent des manuels et des ouvrages utilitaires et non pas bibliophiliques ou d'apparat renfermant des textes classiques.

La matière première est en général le veau dont il existe différentes qualités. Celles de second choix (le plus fréquemment utilisées) présentent des irrégularités que les relieurs masquent au moyen de motifs marqués à l'acide, on obtient ainsi du veau granité, jaspé, en écaille ou encore marbré. L'inconvénient de ce procédé est que certaines peaux résistent très mal au temps, l'acide dessèche et détériore le cuir.

On trouve cependant quelques reliures en vélin blanc ou en parchemin recyclé dans la collection.

Pour la plupart, les reliures du fonds Chavanne sont en plein veau avec le dos orné, les plats sont assez sobres ou sont bordés de quelques filets dorés tout au plus. Pour masquer les imperfections éventuelles nées du raccordement des filets aux angles, les relieurs ajoutent un petit fleuron souvent de forme circulaire. Pour les reliures les plus élaborées on trouve des décors dits "à la dentelle", il s'agit d'un encadrement des plats, doré, composé de fleurons placés les uns à côté des autres et formant une sorte de dentelle (essentiellement réalisée à l'aide de fers et de volutes7).

Plusieurs types de décors différents sont à la mode entre le début du XVIIe siècle et la fin du règne de Louis XIV. Contrairement à l'époque précédente, où le mosaïquage compte beaucoup, les ornementations nouvelles sont essentiellement composées de fleurons dorés. On trouve systématiquement des papiers marbrés, évidemment moins salissants que les feuilles blanches collées auparavant au revers des plats, qui dissimulent

7 Volute : forme enroulée en spirale, en hélice

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les taches et plus particulièrement les marques grasses déposées par les cuirs d'alors sur les feuilles avec lesquelles ils restent en contact.

Quant au dos, il est subdivisé en compartiments délimités par les nerfs. En tête, en queue du dos et sur les nerfs on utilise des palettes ornées 8. L'entre-nerf compris entre le premier et le second nerf (en partant du haut) sert à dorer le titre du volume. Dans la plupart des cas, les doreurs se contentent de titres sommairement exécutés, si bien que sur les reliures du XVIIe et du XVIIIe siècle on voit souvent des lettres et des lignes de travers ou encore des mots incomplets. Sur certains dos le fleuron central est parfois remplacé par un motif tiré des armoiries du possesseur du volume ou un fer emblématique voire encore les tomaisons.

Ill. 1 : De gauche à droite, les deux premiers livres datent respectivement de 1774 et 1719, le troisième de 1765. Ce sont des reliures caractéristiques de l’époque, en plein veau. Les dos ornés comportent des nerfs et une pièce de titre en maroquin rouge.

Ill. 2 : Pièce de tomaison

Durant la fin du XVIIIe siècle et jusqu'à la Révolution, les ornementations se modifient et surtout se simplifient. Sous Louis XVI on voit apparaître les encadrements géométriques ou plus exactement les grecques, en outre le titre est composé de caractères italiques. La fin de l'Ancien Régime est marquée, dans la reliure, par une nette décadence de la technique. Le grand nombre de livres à relier et dorer incite certains artisans à se contenter d'un travail sommaire et rapide. Dès la chute de la royauté, un arrêté de la Convention défend l'emploi des fleurs de lys et des formes armoriées, des plaques à caractère républicain ou patriotique sont utilisées à la place. Nombreuses sont les reliures armoriées où l'on découpe le blason ou encore que l'on recouvre d'une pièce de mosaïque, on en trouve d’ailleurs quelques bons exemples dans le fonds Chavanne.

Pour certains travaux on fait à la place des reliures en plein veau des demi-reliures en papier et dos de cuir. Ce procédé économique permet de garder aux bibliothèques la même belle apparence qu'autrefois puisque seul les dos, toujours ornés, sont visibles.

A cette époque on trouve également des reliures dites Bradel, elles sont nommées ainsi car l'un des Bradel (de la famille des relieurs) - on ne sait du reste lequel - a inventé dit- on un procédé de protection des livres en les recouvrant de toile ou de papier ; ce cartonnage est en principe une réalisation provisoire cousue sur ficelles ou rubans.

Le XIXe renoue un peu avec la tradition mais les plats sont désormais plus sobres. Cela dit, durant la période romantique on utilise des couleurs plus audacieuses comme le rose

8 Outil employé pour la dorure des dos, aussi appelée fer

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ou le violet, de nouveaux fleurons sont dessinés. Ces décors mêlent plusieurs techniques d'exécution : l'or, le froid, les fleurons, les roulettes, les mosaïques, ...

Il y en a une belle illustration dans la collection d'André Chavanne avec le Développement de la Partie Elémentaire des Mathématiques de Louis Bertrand, imprimé et relié à Genève en 1778 ; il s’agit d’une reliure romantique généreusement ornée, signée Géraud aîné.

Dans l'ensemble les livres de la collection d'André Chavanne sont assez simples mais ils s'inscrivent très bien dans leurs époques respectives au travers notamment de leurs dos quasi systématiquement ornés.

Illustrations

Les livres scientifiques sont relativement peu illustrés, excepté bien sûr un grand nombre de planches gravées, plutôt en fin de volume, présentant les formules géométriques ou encore mathématiques énoncées dans le corpus.

On trouve également quelques beaux frontispices. Ce sont souvent des gravures au burin, identifiables grâce à la présence d'une "cuvette"9 et du trait fin et régulier de la gravure effectué au moyen d’un "vélo"10.

9 Bordure en relief

10 Petit instrument en forme de râteau

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M ÉTHODOLOGIE

Ne seront relatés ici que succinctement les éléments et les étapes essentiels qui ont mené à la réalisation de ce mandat.

En guise de travail préliminaire, j’ai commencé par réunir autant d’informations que possible sur André Chavanne afin de mieux appréhender sa collection et sa personnalité.

J’ai également essayé de localiser un ou des fonds particuliers semblables de manière à pouvoir les comparer, mais il n’y a à vrai dire en Suisse romande pas vraiment de fonds aussi encyclopédique que celui d’André Chavanne. J’en ai malgré tout relevé deux, en sciences, mais ces derniers sont spécialisés dans le domaine d’application de leur possesseur. Ces fonds se trouvent à la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne :

- En sciences naturelles : le fonds Adolphe von Morlot (professeur à l’Académie de Lausanne) versé par les archives du musée de géologie ; le schéma de classement date de 1969

- En botanique : le fonds Isaac Emmanuel Louis Develey dont l’inventaire date de 1991 Ces fonds sont fréquemment consultés.

Je me suis aussi intéressée à la pensée scientifique et son histoire, c’était un moyen de mettre en évidence la façon dont André Chavanne concevait les sciences. J’ai ensuite brièvement inventorié ce que contenait le fonds et j’ai feuilleté quelques livres afin de mieux m’imprégner de l’esprit d’ensemble.

Leur aspect extérieur m’intéressait également dans la mesure où il apporte des renseignements précieux. Enfin j’ai catalogué un échantillon de livres correspondant à des matières différentes selon la cotation de Martin Bodmer pour les adapter le mieux possible au logiciel Bibliomaker cela en adéquation avec la structure des fiches papier afin d’en maintenir l’accessibilité.

La cotation Bodmer

Martin Bodmer a lui-même mis au point une cotation11 qui réponde à la mission qu’il s’était fixée. A la Bibliotheca Bodmeriana, le catalogage s’effectue en langue allemande.

Toute la connaissance humaine est répartie par domaines, par exemple : Geschichte, Christlische Religion, Naturwissenschaft,… et ces domaines sont eux-mêmes subdivisés et hiérarchisés de façon alphanumérique : par ex. T I, G IV, G I 2a.

La cotation peut paraître complexe, mais elle recouvre bien tous les domaines de la connaissance et je n’ai du reste jamais éprouvé de difficulté à placer un document malgré certaines matières équivoques telles que le « phlogistique »12.

11 Voir exemple en annexe n°1

12 Matière désuète relevant de la chimie

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Bibliomaker

La Bibliotheca Bodmeriana a acquis ce logiciel de gestion de bibliothèque en 1996. Seule une faible partie de la collection y est introduite à ce jour.

Le catalogage se fait en monoposte en l’absence de réseau et le format MARC n’y est pas non plus employé.

Bibliomaker est un logiciel bibliothéconomique crée et distribué par Micro Consulting SA, société suisse de développement d'outils de gestion en interface graphique. La société est basée dans la région de Lausanne.

Bibliomaker est un système de catalogage et de gestion du prêt destiné aux bibliothèques de toutes vocations et de toutes tailles. Le catalogage est conforme aux normes ISBD, toutefois en plus des rubriques normalisées, de nombreuses autres informations peuvent être enregistrées pour chaque document telles que les matières, les mots-clés, le nombre d'exemplaires, etc.

Ce logiciel s'utilise aussi bien en formule monoposte que multiposte avec accès simultané.

Les principales fonctions du programme sont :

!La gestion des documents :

Catalogage de documents (monographies, périodiques, articles, disques, cassettes audio et vidéo, films, etc.) Impression de fiches traditionnelles de catalogue auteurs, systématique ou matières. Gestion des matières avec renvois hiérarchiques. Indices CDU ou autres. Recherches bibliographiques complexes.

! Gestion des commandes :

Enregistrement et suivi des commandes. Impression de bulletins de commande et de rappels aux fournisseurs. Contrôle budgétaire.

! Gestion des fascicules : Bulletinage

!Gestion du fichier d'adresses :

Impression de listes et d'étiquettes. Envoi de lettres circulaires.

! Gestion des emprunts :

Module non présent à la Bodmeriana

!Statistiques :

Plusieurs sortes de graphiques statistiques (si elles concernent les lecteurs elles respectent l'anonymat)

Bibliomaker est un programme souple. C'est pourquoi il convient bien au catalogage de livres anciens.

La gestion du catalogage à niveaux se fait sur la même fiche ce qui évite de saisir plusieurs fois la même information. Le résumé peut accepter de très longs textes et se révèle adapté pour les ouvrages précieux qui méritent de longues descriptions. De plus on dispose de quatre rubriques libres dont les titres peuvent être choisis pour couvrir tous les cas spéciaux.

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Voici brièvement un aperçu de quelques autres modules qui peuvent s’avérer utiles :

! Le module multi-scripts permet de cataloguer les documents en arabe, hébreu, grec, cyrillique, etc. Ce dernier est bien utile dans une bibliothèque de conservation telle que la Bodmeriana.

!Les recherches bibliographiques peuvent être définies par des critères multiples en nombre illimité reliés par les opérateurs logiques ET et OU. Toute information stockée sur un ouvrage donné peut être retrouvée à l'aide de la fonction Rechercher. De plus, les critères de sélection peuvent être sauvegardés et réutilisés ultérieurement.

! La recherche publique Internet : le module OPAC Web offre la possibilité de publier le catalogue de la bibliothèque sur le Web, qu'il s'agisse d'Internet ou d'un Intranet. La bibliothèque n'a pas à se préoccuper de la mise à jour des informations : celle-ci est effectuée automatiquement en temps réel.

De plus la sécurité est totale, personne ne peut modifier ou supprimer des notices par ce biais. L'interface utilisateur est similaire à celle de recherche publique initiale.

Autres fonctions intéressantes :

! Bibliomaker dispose d'une aide à l'écran que l'on peut solliciter à tout moment. Elle est contextuelle, cela signifie que l'on obtient des informations concernant la partie du programme où l'on se trouve.

! On peut également faire des imports/exports. Les données stockées dans différents fichiers peuvent être transférées sous différents formats vers d'autres programmes (traitement de texte par exemple). Le format "Echange" permet l'échange de données entre bibliothèques travaillant sur ce même logiciel. Par ailleurs, Bibliomaker peut également recevoir des données venant d'autres programmes ou ordinateurs, ce qui peut s'avérer utile lors du passage d'un autre système informatique vers Bibliomaker.

En outre, il accepte aussi des données en format MARC.

Ce programme s’est révélé très bien adapté au traitement de documents anciens parce qu’il offre une grande liberté d’action.

Traitement du fonds Catalogage13

En ce qui concerne les règles de catalogages, elles sont aussi bien fidèles à l’ISBD sur Bibliomaker que dans le catalogue papier.

La bibliothèque ne possède pas de thesaurus et les mots-clé sont donc contrôlés par le catalogueur. Toutefois, Bibliomaker dispose d’un système qui permet de n’introduire que les trois premières lettres d’une vedette ou d’un mot et le programme fait ensuite une série de propositions pertinentes. Chaque nouvelle vedette est systématiquement contrôlée en premier lieu dans le catalogue Bodmer, si inexistante, sur RERO et en dernier recours dans le British Museum Catalogue ou autres répertoires spécialisés.

Pour ce travail, il a fallu réfléchir aux futurs termes de recherche.

13 Voir l’exemple de fiches en annexe n°2

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C’est pourquoi j’ai systématiquement mis en mots-clé des éléments importants dans le domaine du livre ancien comme :

- Les imprimeurs et les villes d’impression (ex : Didot, Firmin . – impr.) ou (Paris, ville d’impr.) Les imprimeurs sont toujours cités avec leur prénom étant donné les potentielles confusions dues aux grandes générations d’imprimeurs, tels justement les Didot.

- Les ex-libris. (Le fonds Chavanne contient des ex-libris intéressants, il est donc important de pouvoir effectuer des recherches ultérieurement14.)

- Les frontispices

- Le nom d’André Chavanne était systématiquement introduit afin de pouvoir isoler le fonds et tirer des listes.

- …

Le catalogage de livres anciens implique de passablement bibliographier ne serait-ce que pour vérifier les imprimeurs et les villes d’impression quelquefois erronés et notamment pour les ouvrages en latin dont les lieux d’impression sont souvent intraduisibles spontanément. De plus, les bibliographies sont essentielles pour compléter les éléments manquants comme les prénoms des auteurs ou autres collaborateurs, etc.

Elles sont systématiquement mentionnées en notes avec le résultat de la recherche si nécessaire.

L’usage à la Bibliotheca Bodmeriana veut que la cotation se reporte au crayon gris en fin d’ouvrage et ceci bien entendu pour des raisons de conservation. En effet des étiquettes collées au dos ou des gaufrages ne seraient pas appropriés dans une bibliothèque telle que la Bodmeriana sans omettre le souci esthétique lié à l’exposition des documents.

Classement

Le classement au rayon est le suivant :

Le fonds Chavanne est isolé et tous les livres sont donc côte à côte (ils ne sont intégrés au reste de la collection que virtuellement) cela pour éviter de leur ôter leur identité.

Les livres sont rangés par matières (elles mêmes hiérarchisées alphabétiquement), à savoir :

- Almanach - Architektur - Astronomie

- Biologie/Botanik/Zoologie - Chemie

- Geologie /Geographie/Meteorologie - Geschichte/Politik

- Mathematik - Medizin

- Naturwissenschaft Geschichte - Philosophie

14 Voir la galerie d’ex-libris en annexe n°3

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- Physik

- Technologie (Kulturgeschichte) - Theologie

- Varia

Sur les rayons on trouve d’abord les anonymes puis ensuite un classement alphabétique auteurs. Les matières regroupées le sont car elles contiennent des ouvrages évoquant fréquemment plusieurs de ces matières simultanément. La classe matière des Varia regroupe tous les ouvrages peu appropriés pour aller dans les autres sections trop bien définies à leur égard ou alors ceux en insuffisance pour constituer une classe à eux tous seuls. On y trouve notamment un ouvrage sur les techniques militaires, ou un recueil des planches de l’œuvre de Diderot et d’Alembert, etc.

Le classement de ce fonds est somme toute assez conventionnel.

Conservation

L’état général du fonds n’est pas optimal. J’ai relevé un certain nombre de dégradations et de surcroît répétitives telles que : piqûres d’insectes, taches d’humidité, oxydation…

Toutefois ces atteintes n’ont pas l’air récentes et par conséquent peu dangereuses car elles n’engendreront pas de contamination.

Les quelques actions de restauration entreprises par la restauratrice de la Fondation, Madame Florence Darbre, ont été :

La réalisation de pochettes de protection ou d’étuis pour certains documents dont un almanach de 1549 ; le raccordement de plats détachés de leurs volumes, la réparation de

« vandalismes » tels que présence de scotch ou autres adhésifs et enfin le nettoyage de deux volumes.

Mais dans l’ensemble on peut considérer que le fonds est relativement stable et surtout ces phénomènes ne sont visibles que par un œil averti.

Bilan / Réflexions

Je n’ai pas rencontré de difficultés lors du catalogage de ce fonds. Les 750 documents ont pu être traités assez rapidement (en deux mois et demi) car j’étais déjà familiarisée avec la cotation Bodmer et le logiciel Bibliomaker mais également parce que les suites étaient nombreuses, d’où gain considérable de temps. Cela ne signifie pas pour autant que le catalogage soit aisé, le livre ancien requiert beaucoup d’attention et chaque volume demande au minimum une vingtaine de minutes. Pour ce type d’ouvrage le moindre détail compte sans oublier le temps imparti pour les vérifications.

Un détail à relever toutefois, les renvois de collectivités n’apparaissent pas dans le catalogue papier car Bibliomaker permet de n’imprimer à cet effet que des notices simples. Ces renvois se trouvent toutefois dans le fichier Bodmer.

Ce mandat a également engendré un certain nombre de réflexions. En effet, j’ai lors de ce travail rencontré des éléments bibliophiliques d’intérêt tels que frontispices, ex-

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libris15, planches gravées (parfois coloriées à la main) et toute une somme de facteurs qui m’ont menée à la réflexion suivante : comment mieux exploiter ces éléments dans une perspective de diffusion ?

J’en ai déduit qu’à l’heure actuelle la numérisation peut représenter une solution. Mais la question de la conservation se pose immédiatement. Les supports numériques et optiques sont-ils reconnus fiables au niveau de la conservation à long terme ? Ou encore, pourquoi ne pas intégrer des images au sein du catalogue informatisé ?

Toutes ces questions méritaient d’être étudiées, d’autant que la Bibliotheca Bodmeriana en plus des nombreux changements structurels qu’elle va connaître, projette de s’ouvrir davantage aux nouvelles technologies. Cette étude peut s’avérer intéressante pour eux autant que pour tous les professionnels des bibliothèques travaillant au contact de documents anciens ou patrimoniaux.

15 Voir la galerie d’ex-libris en annexe n°3

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