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Caractères communs aux nouvelles méthodes de spectroscopie interférentielle ; Facteur de mérite
P. Jacquinot
To cite this version:
P. Jacquinot. Caractères communs aux nouvelles méthodes de spectroscopie interférentielle ; Facteur
de mérite. J. Phys. Radium, 1958, 19 (3), pp.223-229. �10.1051/jphysrad:01958001903022300�. �jpa-
00235820�
CARACT ÈRES COMMUNS AUXNOUVELLES MÉTHODES DE SPECTROSCOPIE INTERFÉRENTIELLE ;
FACTEUR DE MÉRITE Par P. JACQUINOT,
Université de Paris et Centre National de la Recherche Scientifique (Laboratoire Aimé-Cotton).
Résumé. - On définit un facteur de mérite des dispositifs spectroscopiques W
=MR/TB03B1,
où R est le pouvoir résolvant, M le nombre d’éléments spectraux analysés dans le temps T, B la
plus petite brillance spectrale utilisable et 03B1 un exposant égal à 1 si le bruit de photons est pré- pondérant et égal à 2 si c’est le bruit de récepteur qui est prépondérant.
Ce facteur de mérite est, entre autres, proportionnel à :
2014
l’angle solide 03A9 sous lequel le diaphragme isolateur peut être vu depuis l’élément
«dispersif »
pour que le pouvoir résolvant effectif R soit obtenu ;
2014 à la transparence 03C4 (ou 03C42 dans le cas du bruit de récepteur) du système ; 2014 au nombre m d’éléments spectraux analysés simultanément.
La plupart des progrès ou méthodes nouvelles ont pour objet l’amélioration de l’un ou l’autre de ces facteurs.
Le Fabry-Perot et les systèmes utilisant un interféromètre de Michelson, et de façon presque générale
les systèmes possédant la symétrie de révolution optique, permettent d’obtenir une valeur de Q beaucoup plus grande que les systèmes ne possédant pas cette symétrie. On montre à la fin de l’article pourquoi cette propriété exige que l’ensemble comprenne des lames semi-transparentes (ou dispositif équivalent) effectuant un dédoublement de luminance des rayons incidents.
Ce gain d’angle solide est obtenu dans tous les systèmes Fabry-Perot utilisant la zone centrale
ou des anneaux entiers, dans les dispositifs de P. Fellgett, de L. Mertz, de J. Connes, ainsi que dans la méthode nouvelle de P. Connes utilisant la sélection par amplitude de modulation inter- férentielle.
Un gain plus important encore d’angle solide peut être obtenu si on s’arrange, au moyen de
systèmes afocaux, pour que les rayons qui interfèrent soient confondus : cela conduit en particulier
au Fabry-Perot sphérique de P. Connes, utilisable pour de très hautes résolutions.
Les méthodes photographiques permettent de recevoir simultanément les informations rela- tives à un grand nombre d’éléments spectraux. Les méthodes classiques de la spectrométrie au
moyen de récepteurs
«physiques » n’en étudient qu’un à la fois, ce qui augmente T et diminue
ainsi le facteur de mérite. Au contraire les méthodes spectroscopiques qui seront exposées par P. Fellgett, E. Ingelstam, J. Strong et G. Vanasse, J. Connes, L. Mertz fournissent un signal com- plexe comprenant simultanément toutes les informations relatives à un grand nombre d’éléments,
et le spectre est reconstitué à partir de ce signal par une analyse de Fourier. Cela peut conduire à
un gain considérable sur le facteur de mérite. Ces méthodes nouvelles sont surtout applicables
dans le domaine des très faibles résolvances telles qu’on les rencontre dans l’infra-rouge, mais
leur utilisation dans le visible peut être envisagée pour certains problèmes particuliers. Toutefois
l’influence du bruit doit être considérée avec soin dans le cas où le bruit propre du récepteur peut
être négligé.
Un tableau donne les valeurs du facteur de mérite des différentes méthodes.
Abstract.
-A
"factor of merit
"W
=MR/TB03B1 is defined for any spectroscopic device,
where R is the resolving power, M the number of spectral elements analysed during the total
time T,B the lownt utilizable spectral brilliance and 03B1 is an exponent having the value 1 if photon
noise limits sensitivity, ana the value 2 if receiver noise is preponderant.
This figure of merit is, amongst other factors, proportional to :
2014
The solid angle 03A9 subtended by the isolating diaphragm which must be of such diameter to yield an effective resolving power R.
2014 The transparency 03C4 (or 03C42 in the case where receiver noise limits sensitivity).
2014 The number m of spectral elements analysed simultaneously
Most of the developmental work in spectroscopic technique has as its aim the improvement
of one, or several, of these factors.
The Fabry-Perot interferometer and devices using a Michelson interferometer, or more generally, systems having a rotational optical symmetry, give a value of 03A9 much greater than a system not having this symmetry. It is explained at the end of the article that such systems require for
their operation semi-transparent layers (or equivalent devices) which give a division of luminance of the incidents rays.
This gain in solid angle is obtained with all the Fabry-Perot systems using the central zone
of the interference system or complete rings, in the devices of P. Fellgett, L. Mertz, J. Connes, and also in the new method of P. Connes which employs the selection by the amplitude of interference modulation.
Still further improvement in the allowed solid angle is obtained if the interfering rays are superim- posed by the means of an afocal system : this is achieved, for example, in the spherical Fabry-
Perot of P. Connes, which can be used in the domain of very high resolution.
The photographie methods allows all the specral elements to be registéred simultaneously ;
PHYSIQUE 19, 1958,
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01958001903022300
224
on the contrary the conventional methods using physical receptors examine only one element at a
time, which increases T, and thus reduces W. But the methods developed by P. Fellgett, E. Ingel-
stam, J. Strong and G. Vanasse, J. Connes, L. Mertz yield simultaneoustly a complex signal con- taining the information concerning a great number of spectral elements and the spectrum is, reconstituted from this signal by a Fourier analysis. Hence, a great improvement of W is obtained.
because of the shortening of T. These new methods are above all applicable in the domain of low resolution encountered in the far infrared, but can be used in the visible in certain particular
cases. However the way in which the noise deteriorates the signal must be carefully considered
if the receiver noise can be neglected.
A table is given allowing a comparison of the factors of merit of the different methods.
Je me propose, dans cette communication, d’essayer de dégager quelques relations entre les
différentes méthodes de Spectroscopie Interfé-
rentielle qui seront étudiées au cours de ce Colloque, et de tenter d’établir une comparaison entre elles.
Il est utile, avant de commencer cette étude, de rappeler brièvement les qualités fondamentales
qu’un spectroscopiste peut attendre de ses appa- reils.
I. Qualités fondamentales d’un dispositif spec-
troseopique.
-1) La première qualité qu’on
attend d’un appareil c’est qu’il analyse un spectre, c’est-à-dire qu’il, découpe celui-ci en petits élé-
ments SX sur lesquels il donne des indications dis- tinctes. Plus 8X est petit, plus le spectre est fine-
ment analysé ou résolu : 8x (ou la quantité 86 qui
lui correspond, ci étant le nolnbre d’ondes) est appellé la limite de résolution. On peut dire que SX
(ou 8a) constitue l’élément spectral résolu, qu’on appellera le plus souvent élément spectral, tout simplement. On considère souvent aussi le pouvoir
de résolution (ou résolvance) défini par
D’une façon très générale, quelque soit le dispositif utilisé, prisme, réseau ou système interférentiel,
on a la relation :
d étant la différence de marche maximum entre les rayons qui interfèrent ; on retrouve cette relation,
par exemple, dans la méthode de Michelson-Fourier, qui sera étudiée par la suité.
,
Il ne faut pas croire que le but essentiel de tout
spectroscopiste est d’obtenir un pouvoir résolvant
aussi élevé que possible. Il y a beaucoup de cas, même pour les utilisateurs de la Spectroscopie Interférentielle, où l’on désire un pouvoir de résô-
lution modéré. Mais c’est cependant une qualité qu’il faut toujours considérer, à cause de ses liens
avec les autres qualités fondamentales.
Pour obtenir des résolvances modérées (par exemple inférieures à 100000), il n’est pas nécessaire de faire appel aux méthodes interférentielles pro-
prement dites, et réseaux et prismes peuvent suf- fire ; mais cela peut cependant être avantageux, à
cause des autres qualités. Par contre, si l’on veut obtenir ô-’ , très grand (cas de la structure hyperfine,
par exemple) il est nécessaire de faire appel à la Spectroscopie Interférentiellé, car même les plus grands réseaux ne peuvent fournir de résolvance
supérieure à 400000, même en supposant l’énergie disponible illimitée.
2) Le deuxième désir du spectroscopiste est de
faire l’étude d’un spectre suffisamment étendu ;
d’une manière plus précise on pèut caractériser l’étendue de ce spectre par le nombre total d’élé- ments spectraux résolus, M, sur lequel on obtient
des informations,
3) Ces M éléments spectraux, on désire évidem-
ment les étudier en un temps aussi court que pos- sible. Dans les mesures d’énergie lumineuse, comme
dans beaucoup d’autres, le rapport signal/
bruit (sib), dont dépend la précision de la mesure,
est, toutes choses égales d’ailleurs, proportionnel à
la racine carrée du temps utilisé pour la mesure de
chaque élément spectral. C’est-à-dire que, pour
mesurer M éléments spectraux, le temps total con-
sacré à l’ensemble de la mesure devra être au moins
égal à T, qui dépend d’ailleurs de la valeur tolérée pour le rapport s/b, valeur que nous supposerons fixée une fois pour toutes dans la suite de l’èxposé.
4) Un autre désir du spectroscopiste est de pouvoir étudier, avec la résolvance . lR, le
nombre M, et le temps T qu’il s’est fixés, des
sources lumineuses qui ne soient pas nécessairement
très intenses. Ceci amène donc à introduire la plus petite luminance B nécessaire à la réalisation des conditions a, M, T. Ici encore, cette luminance minima dépend, entre autres, du rapport s Jb toléré.
Pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté dans la suite
de l’exposé, précisons tout de suite que B désigne
icila luminance d’une radiation monochromatique.
Si l’on a affaire à des distributions spectrales
continues dont la largeur ne soit pas petite part rapport à SX, il faudra remplacer B par la lumi-
nance 2013- SX ~03B3 À de l’élément spectral, (JB IH spectral
aI étant la
densité spectrale de luminance.
Voici donc rappelées les quatre grandeurs fonda-
mentales lR., M, T et B. Naturellement ces gran- deurs ne sont pas indépendantes entre elles, c’est-à-
dire qu’avec un appareil donné, dont on change les
conditions d’utilisation, toute modification de l’une d’elles entraîne la modification d’une ou de plu-
sieurs des autres. C’est donc le lien entre (R, 2 T,
225
M, B dans un appareil donné, que nous allons étudier maintenant. ,"
II. Liens entre 6B., Te M et B ; dé finition d’un facteur. de mérite.
--Nous devons maintenant chercher quelle est la combinaison de ces quatre qualités qui intervient pour fixer le rapport s/b,
c’est-à-dire quelle est la fonction de 8, M, T, B qui doit être au moins égale à une certaine valeur
pour que l’on puisse étudier le spectre dans les
conditions de précision fixées. L’idéal serait de
pouvoir mettre en évidence un invariant dont il
suffit de maintenir la valeur fixe, tout en le
ventilant différemment entre OZ, M, T, ’B, pour maintenir le rapport sib à une valeur fixée : un tel invariant permettrait de définir un facteur de
mérite des différentes méthodes spectroscopiques ;
nous arriverons effectivement à ce résultat dans la
plupart des cas, mais cependant avec quelques
réserves dans certains cas.
a) Le rapport s Jb est proportionnel à la racine
carrée du temps t consacré à chaque élément spectral. Si les différents éléments spectraux sont explorés les uns après les autres, comme c’est le
cas dans tout spectromètre à exploration, et si le spectre est exploré à vitesse constante (1), on a
évidemment t =TIM. Si, au contraire, les élé-
ments spectraux sont étudiés plus ou moins simul-
tanément, la relation précédente n’est plus valable ;
°cependant afin de permettre une comparaison entre
les différentes méthodes nous continuerons à intro-- duire arbitrairement un temps t
=TIM, de façon
à ce que, dans tous les cas T et M n’interviennent que par leur rapport dans la définition du f acteur,de
mérite. Cette façon de faire aura évidemment pour
conséquence de faire apparaître dans certains cas
un facteur M dans l’expression du facteur de mérite.
Il ne faut pas oublier que, en ce moment, nous cherchons uniquement à définir ce facteur : il y a
une grande part d’arbitraire dans une telle défi-
nition, et le choix doit se porter sur celle qui per- mettra les comparaisons les plus utiles.
b) La façon dont le flux lumineux reçu par le
récepteur intervient dans la valeur du signal s/b
mérite quelque attention car le résultat est différent
suivant que la contribution principale au bruit est
donnée par le récepteur (bruit de « récepteur ») ou
par les fluctuations essentielles de l’énergie lumi-
neuse elle-même (bruit « de photons »). Le premier
cas se présente avec les récepteurs actuels pour
l’infra-rouge, le deuxième correspondant sensi-
blement au domaine visible avec les meilleures cellules photoélectriques.
Le flux lumineux reçu de chaque élément spectral
(1) Cette exploration à vitesse constante est celle qui s’impose si la répartition de l’énergie dans le spectre est
uniforme en moyenne ; s’il n’en est pas ainsi il est toujours possible d’imaginer une exploration à une vitesse variable de telle sorte que,la relation soit encore vérifiée en moyenne.
est égal au produit BU de la luminance par l’étendue de faisceau transmise par l’instrument. Dans le cas
du bruit de photons ces deux termes interviennent
au même titre dans le bruit et le rapport s/b est proportionnel à la racine carrée du produit BU,
mais il en est autrement dans le cas du bruit de
récepteur. Considérons en effet un faisceau d’éten- due U sortant de l’instrument ; le bruit du récep-
teur étant, toutes choses égales d’ailleurs, propor- tionnel à la racine carrée de sa surface ( 2), il y a intérêt à choisir le récepteur de plus petite surface possible S
=Ulflr, Qr étant l’angle solide maxi-
a mum que peut accepter le récepteur ou fournir le dispositif de concentration sur celui-ci. Si cette
adaptation instrument-récepteur donnant le bruit minimum est effectivement faite (3) S est propor- tionnel à U, donc le bruit .est proportionnel àB/t7,
tout comme dans le cas du bruit de photons et il
,n’y a pas lieu de distinguer, en ce qui concerne le
rôle de U les deux cas, bruit de récepteur, bruit de photons. Par contre, dans le cas du bruit de récep- teur, le signal est proportionnel à la luminance B
alors que le bruit en est indépendant : le rapport s/b
est donc proportionnel à B au lieu de y/B et
dépend donc non pas du produit BU, mais du produit B2 U. U et B devront donc intervenir dans la définition du facteur de mérite par leur pro- duit B U dans lé cas du bruit de photons et par B2 U dans le cas du bruit de récepteur. On’ voit ainsi
qu’il y aura lieu d’adopter deux définitions diffé- rentes du facteur de mérite suivant que l’on tra- travaille « dans le visible o ou « dans l’infra-rouge ».
c) L’introduction de Jt dans la définition du facteur de mérite se fait par l’intermédiaire de l’étendue de faisceau U que l’instrument peut admettre lorsque son pouvoir de résolution est a.
On peut montrer, en effet, que dans tous les dispo-
sitifs (4) U est de la forme Q81a, Q étant une quantité spécifique de la méthode utilisée et S une surface caractéristique de l’appareil : pour un
appareil donné, Ua est un invariant, si l’on mul.
tiplie l’un des termes par k, l’autre est divisé par k.
Le rapport iS J b est donc proportionnel à 1/V lR .
d) En rassemblant les résultats précédents, on
(2) En effet les différents éléments de la surface coin-
tribuent de façon indépendante au bruit, leurs effets
s’ajoutent donc quadratiquement ; on peut dire qu’on a
affaire à des informateurs indépendants dont les bruits s’ajoutent quadratiquement, tout comme le font les bruits de photons quand il y a lieu d’en tenir compte.
(3) Cette adaptation n’est d’ailleurs pas toujours possible
en pratique : par exemple dans le cas des appareils à
faible étendue ( appareils à fente utilisés au voisinage de
leur résolution théorique), car alors il serait difficiles de réaliser des cellules de largeur assez faible ; ou, au contraire,
dans le cas des appareils à grande étendue (Fabry-Perot, Michelson, etc...) employés à faible résolution car alors les
récepteurs courants n’ont pas une surface assez grande.
(4) Sauf dans l’utilisation du Fabry-Perot sphérique où
la relation entre U et dl peut être différente (voir l’article
de P. Connes).
226
voit que le rapport s/b est lié à la combi-
naison TBIOZM dans le cas du bruit de photons, TB2 /Gv M dans le cas du bruit de récepteur. Ce ’sont
évidemment les inverses de ces quantités qu’il faut adopter comme facteurs de mérite : nous poserons donc par définition :
W
=a MI TB dans le cas du bruit de photons.
W
.=Jt MJTB2 dans le cas du bruit de récep-
teur.,
.,
Ce sont là deux cas limites qui se rencontrent très souvent mais entre lesquels peuvent exister
tous les cas intermédiaires.
III. Éléments du facteur de mérite.
-Nous
venons de donner la définition du facteur de mérite ;
il faut maintenant chercher à en donner l’expression
pour les différentes méthodes. Nous examinerons successivement les différents facteurs qui inter-
viennent dans la valeur de W.
III-1. RÔLE DU FACTEUR DE TRANSMISSION.
-La luminance ,B à laquelle est lié le rapport s/b est
non pas la luminance de la source elle-même, mais la
luminance du faisceau au niveau du récepteur, égale
à celle de la source multipliée par le facteur de
transmission ’t’ de l’ensemble, W sera donc propor- tionnel à r dans le cas du bruit de photons, et à T2
dans le cas du bruit de récepteur. C’est un fait banal, mais important. Eri effet nombre de dispo-
sitifs contiennent des lames séparatrices, dont l’effet
peut être cumulatif, comme c’est le cas pour l’appa-
reil de Fabry-Perot. Le facteur de transmission ’t’ de l’ensemble dépend donc d’une façon très critique
.
des propriétés des lames séparatrices, et cela peut poser, en particulier dans le cas de l’ultra-violet,
des problèmes intéressants qui seront étudiés au
cours de ce Colloque.
111-2. RÔLE DE L’ÉTENDUE DU FAISCEAU.
--D’après ce qui a été dit en b) et c) au paragraphe précédent, le facteur de mérite doit être propor- tionnel à la quantité UA
zQS. S est, dans le cas
d’un prisme, l’aire de sa base, dans le cas d’un
réseau sa surface même ; dans le cas d’un Fabry-
Perot ou d’un interféromètre à deux ondes du type Michelson, c’est la surface des lames. S étant carac-
téristique d’un appareil et non pas d’une méthode,
nous n’en tiendrons pas compte dans l’expression
du facteur de mérite : les facteurs de mérite que
nous évaluerons ainsi seront donc des facteurs de mérite par unité de surface, spécifiques des
méthodes. Le calcul de Q a déjà été publié plusieurs
fois (5).
,(5) Voir par exemple JACQUINOT (P.), J.Opt. Soc. Amer., 1954, 44,161.
Rappelons seulement ici qu’on trouve les valeurs
suivantes :
.Dans ce tableau, g est la hauteur angulaire de
fente quand il y en a une, ce qui est le cas des appareils à prisme ou à réseau classiques et aussi
des spectromètres à lames de Lummer où à Fabry-
Perot incliné ; la valeur de Q donnée pour le spec- tromètre à réseaux correspond au montage Littrow,
celui qui donne la valeur la plus élevée, et cp l’angle d’incidence, en gén éral très voisin de l’angle d’incli-
naison des facettes des réseaux échelettes, auquel
on a attribué une valeur moyenne de 300
(sin cp
=1/2).
Laissant de côté le prisme, qui n’est pas un appa- reil interférentiel, et dont la valeur de Q est plus
faible que pour les autres, on voit que le gain en
valeur de Q, donc de W, obtenu quand on passe de la classe II à la classe III est G == 27r/g et peut atteindre des valeurs très élevées, g étant généralement très faible, et pouvant difficilement atteindre des valeurs de l’ordre de 1/15. Si l’on
cherche la raison profonde de cette différence, on
remarque que la classe III diffère essentiellement de la classe II par les propriétés suivantes :
a) Elle utilise des lames semi-transparentes.
b) Le système est de révolution, ou, d’une manière plus précise, il utilise le flux transporté par des franges fermées.
On comprend aisément que la deuxième diffé-
rence constitue une raison de supériorité, puisque
l’on peut obtenir un angle solide beaucoup plus grand si l’on utilise tout l’espace dans lequel l’état
d’interférence a une valeur donnée, c’est-à-dire des
franges fermées: Il est plus difficile de comprendre pourquoi le première différence est aussi une raison
nécessaire de supériorité : la démonstration en sera
donnée à la fin de l’article.
Les étendues de faisceau calculées ci-dessus sont celles que l’instrument peut transmettre, mais n’ont
d’intérêt qu’à condition que la source les fournisse effectivement et que le récepteur puisse les accepter.
Dans les’cas où ces étendues sont grandes (cas des
faibles pouvoirs résolvants avec des appareils à
haut Q) il peut arriver que certaines sources soient
incapables de les fournir : c’est le cas de la spectro-
(g) Voir Co N N E s (P.), dans ce numéro.
scopie stellaire où l’étendue peut être limitée par le
diamètre apparent effectif de l’étoile et le diamètre de l’objectif des télescopes. Quand il en est ainsi, les gains G calculés précédemment ne sont pas atteints.
111-3. RÔLE DU NOMBRE D’ÉLÉMENTS SPECTRAUX
ÉTUDIÉS SIMULTANÉMENT.
-Le facteur de mérite tel que nous l’avons défini, comprend le temps
total d’analyse T et le- nombre .NI d’éléments
analysés ; sa valeur dépend, évidemment, du
nombre d’opérations faites simultanément. Si on
analyse les éléments les uns après les autres et si t
est le temps nécessaire pour analyser un élément,
le temps nécessaire pour analyser les lVl éléments
est T -- Mt, en supposant; pour simplifier, que
l’énergie est répartie, en moyenne, uniformément entre tous les éléments, et que la vitesse d’explo-
ration est constante.
Si l’on divise le domaine spectral en m régions
étudiées simultanément avec m récepteurs, alors T
devient égal à T
=Mt/m. C’est ce qui est réalisé
dans certains appareils d’analyse spectrale indus- trielle, analysant simultanément plusieurs des élé-
ments chimiques d’un alliage, par exemple. C’est
aussi ce qui se passe, d’une façon encore plus poussée, dans les processus photographiques : on a
alors sur la plaque autant de récepteurs que d’élé-
ments analysés, m == M. Dans ce cas on a
T
=MtlM = t.
On peut dire que la méthode photographique présente, à ce point de vue, une supériorité d’un
facteur M par rapport aux méthodes spectro- métriques à un seul récepteur. ,Ce facteur M est
évidemment très variable suivant le type de pro-
blème étudié : quelquefois très grand dans le cas
des spectres de bandes par exemple, quelquefois
très faible dans le cas des structures hyperfines par
exemple.
La méthode par transformation de Fourier peut
aussi présenter, à ce point de vue une supériorité comparable à celle de la photographie. En effet le temps nécessaire pour étudier Il éléments spec- traux est le même que pour en étudier un seul, puisque les informations relatives à ces M éléments sont reçues simultanément par le récepteur. On
doit donc gagner le facteur Il sur le facteur de
mérite, comme avec la photographie. Mais cela
n’est vrai qu’à la condition .que les informations reçues simultanément par le récepteur et provenant
des M éléments spectraux soient réellement indé-
pendantes, c’est-à-dire qu’elles puissent être entiè-
rement séparées les unes des autres par le procédé d’analyse. Or cette indépendance dépend de la façon dont intervient le bruit.
Dans le cas du brùit de récepteur, le bruit
n’est pas augmenté par le fait que le récepteur reçoit simultanément tous les éléments spectraux,
et le gain M est efficacement obtenu, Dans le cas
du bruit de photons au contraire, les bruits donnés
par tous les éléments spectraux reçus par le récep-
teur s’ajoutent quadratiquement. En supposant
encore que l’énergie est répartie en moyenne à peu
près uniformément entre le éléments, on voit que le bruit total est b’
=b VM’, b étant 1er bruit
relatif à un élément spectral, et lVl’ le nombre
d’éléments contenus dans le domaine spectral
admis par l’appareil. M’ est au moins égal à M,
nombre d’éléments auxquels on s’intéresse et peut, éventuellement, lui être très supérieur. Le bruit ayant augmenté il faut donc analyser plus lente- ment, et le temps nécessaire T’ pour rétablir le
rapport signal/bruit à la valeur tolérée, se trouve
de ce fait multiplié par (b’ Ib )2, c’est à-dire par M’.
On voit donc que le gain de facteur de mérite par
rapport à la méthode d’analyse successive des élé- ments est ramené à M 1 M’ au lieu de M ;
comme M lM’ est toujours inférieur à 1 et peut
même lui être même très inférieur, le gain devient
en réalité une perte et la méthode de Fourier peut alo,rs devenir inférieure aux autres méthodes.
Des remarques analogues doivent être faites pour la méthode SISAM, dans laquelle le récepteur reçoit non seulement le flux de l’élément spectral étudié, qui est modulé, mais aussi des éléments voisins qui ne le sont pas, mais dont le bruit peut s’ajouter à celui de l’élément modulé. P. Connes a montré que ceci introduit dans l’expression du
facteur de mérite, un facteur de l’ordre de 1/Vat
dans les cas les moins favorables.
Le facteur de mérite de’la méthode par trans- formation de Fourier doit ainsi être
dans le cas du bruit de récepteur (infra-rouge) et
W’
=Wp,p X MIM’ dans le cas du bruit de photons (visible), Wl,.p étant la facteur de mérite
du spectromètre Fabry-Perot, en supposant,
momentanément que les 1" des deux méthodes sont
identiques. L’apparition du facteur M dans
l’expression de W permet une comparaison des
deux méthodes et met en évidence une grande supé-
riorité de la méthode Fourier. Cependant cette façon d’opérer n’est pas entièrement satisfaisante
puisque M figurant à la fois dans la définitions et
dans l’expression de W, celui-ci cesse d’être un
invariant par rapport aux variations de M. Si, par
exemple, dans la méthode de Fourier on mul-
tiplie lVl par 2, W augmente dans le même rapport
et les autres grandeurs W, T, B péuvent rester les
mêmes. Si toutefois, on prend quelques précautions
dans l’utilisation de ce facteur de m’érite, il peut
rendre de grands services pour comparer les diverses méthodes entre elles.
IV. Tableau comparatif.
-A la lumière des remarques précédentes, on peut dresser un tableau
du facteur de mérite (par unité de surface) des
différentes méthodes. Tous ces facteurs étant
228
définis seulement à une constante près, on a pris
pour unité celui d’un spectromètre à réseau, de
hauteur angulaire de fente p et dont le coefficient de transmission serait égal à 1. Toutes les méthodes utilisant la totalité d’une frange fermée auront donc
dans leur facteur de mérite le terme 27t I, que nous
désignerons par G (gain d’angle solide). Les valeurs de « des différentes méthodes peuvent être assez
différentes. Les ’t’ d’un réseau échelette et d’un étalon Fabry-Perot sont du même ordre de gran-
deur, mais les ensembles complexes comprenant un
réseau et un ou plusieurs étalons peuvent avoir
des ï sensiblement plus faibles, sans toutefois que cette influence due « (ou -r2) puisse compenser le
gain G qui est considérable. Les meilleures valeurs de « semblent devoir être détenues par l’interféro- mètre de Michelson.
V. Conditions nécessaires pour obtenir un fac- teur de mérite élevé.
-On sait que l’on peut
grouper les phénomènes d’interférence en deux
classes, suivant qu’ils donnent des frqnges loca- lisées, ou des franges non localisées. Les franges non
localisées peuvent être obtenues avec n’importe quel système qui découpe l’énergie incidente en
morceaux cohérents et les fait ensuite interférer ;
mais elles ne peuvent être observées qu’avec des
sources ayant des dimensions en principe infiniment petites. Cela est dû au fait que, en chaque point du champ d’interférence, la variation de la différence de marche est du premier ordre par rapport à la
variation de la position du point source. Dans
certains cas particuliers, si le système possède un plan de symétrie, la source peut avoir une étendue
finie dans une direction en relation avec le plan de symétrie. C’est une situation de ce genre que l’on rencontre dans le cas du réseau ou dans le cas de l’échelon de Michelson.
Les franges de -la deuxième classe, franges loca- lisées, sont obtenues lorsqu’il existe des régions de l’espace telles que la différence de marche en
chaque point du champ d’interférence dépende de la position du point sur la source par un terme qui soit
au moins du second ordre. Dans ces conditions on
peut obtenir des franges nettes même avec une
source ayant une étendue finie dans toutes les directions. Si l’on veut pouvoir accepter dans
le système une grande étendue de faisceau, il faut
pouvoir utiliser une source de dimensions finies,
par conséquent il est nécessaire d’utiliser des franges
localisées.
"
Or le théorème général sur la localisation des
franges nous apprend que la surface de localisation est le lieu des points où se rencontrent deux ou
plusieurs rayons provenant du dédoublement d’un même rayon incident. Les dispositifs très lumineux, qui utilisent nécessairement les franges localisées,
ne peuvent donc être obtenus que s’ils opèrent un
dédoublement des rayons, c’est-à-dire un décou- page de l’énergie incidente, non pas dans l’espace,
mais de telle façon que chaque rayon incident
puisse donner naissance à deux ou plusieurs rayons
émergents, par ce que l’on peut appeler un dédou-
blement de luminance. Un tel dédoublement néces- site l’emploi des lames semi-transparentes ou de dispositifs équivalents. Par dispositifs équivalents je veux faire allusion aux systèmes à dédoublement , par polarisation, utilisés dans le filtre de Lyot ou
dans la méthode qui sera décrite par L. Mertz, ou
encore à l’utilisation de réseaux comme lames
séparatrices dans des interféromètres à deux ondes.
Le premier système opère purement et simplement
un dédoublement de luminance et la propriété générale lui est applicable sans restriction. Le deu- xième système
-utilisation de réseau comme lame
séparatrice, qui peut être très précieux dans l’infra- rouge
-n’opère réellement un dédoublement de luminance qu’à la condition que les deux ondes que l’on fait interférer soient entièrement distinctes,
ce qui suppose que le réseau possède un nombre
total suffisant de traits.
Dans le cas du dédo ublement de luminance il existe une direction privilégiée de rayons telle que les rayons émergents qui proviennent du dédou-
blement soient confondus ; et la variation de la différence de marche, lorsqu’on s’écarte de cette direction, est du âeuxième ordre au moins par
rapport à l’écart à cette direction. On voit donc que dans ce cas ,il y a possibilité d’existence de
franges fermées entourant cette direction privi- légiée. On peut imaginer des dispositifs tels que la variation de la différence de marche ne soit que du 4e ordre au moins autour de la direction privi- légiée : il suffit pour cela que les rayons interférents
restent confondus au deuxième ordre près quand
on les incline : c’est ce qui est réalisé dans le
Fabry-Perot sphérique de P. Connes. C’est en.
tenant compte de ces différences de marche (du 2e
ou du 4e ordre) que l’on peut calculer les angles
solides admissibles dans le cas des systèmes tels
que le Fabry-Perot, le Michelson et le SISAM qui
sont exactement les mêmes, 27r/a, ou les angles solides, plus grands pour un même ôt, dans le cas
du Fabry-Perot sphérique.
En résumé, les deux conditions simultanément
nécessaires (et suffisantes) pour obtenir des sys-
tèmes à grand facteur de mérite sont que :
a) on opère un dédoublement de luminance ; b) on profite effectivement de la possibilité ainsi
offerte de franges fermées, en utilisant la totalité
d’une de ces franges (ce qui n’est pas le cas par
exemple dans la lame de Lummer ou dans le
Fabry-Perot incliné).
DISCUSSION
.J. H. JaUé.
-Avez-vous fait des comparaisons expérimentales des luminosités du réseau et du
Fabry-Perot ?
P. Jacquinot.
--Nous n’avons pas fait de compa- raisons directes, mais nous avons utilisé un grand nombre d’instruments à réseau et à Fabry-Perot et toujours trouvé que la luminosité est beaucoup plus grande pour les seconds.
R. Chabbal.
--La nécessité d’utiliser un ou
plusieurs prémonochromateurs pour éliminer les ordres parasite, diminue l’avantage du Fabry-Perot
par un facteur 3 ou 4 ; ce n’est pas le cas pour le SISAM.
P. Jacquinot.
-Quand le pouvoir de résolution désiré est accessible au réseau, il est préférable
d’utiliser le SISAM (dans l’infra-rouge) ; sinon il
est nécessaire d’utiliser le Fabry-Perot.
H. G. Kuhn. - Dans certains cas, la définition du facteur de mérite peut devoir être modifiée en substituant au facteur B le produit brillance X
surface de la source. Quand on dispose de petites quantités de substances, comme c’est souvent le
cas avec les isotopes enrichis, la surface de la
source (cathode creuse) est une limitation impor-
tante.
P. Jacquinot.
-Évidemment la définition doit être modifiée si une limitation de l’étendue inter- vient dans la source ou dans le récepteur. Cepen- dant, dans le cas des études de structure hyperfine,
à haute résolution, l’étendue est toujours très faible
et on peut, à l’aide d’une optique convenable,
utiliser une source de surface très petite en recueil-
lant la lumière dans un grand angle solide (en plaçant une lentille dans la cathode creuse, par
exemple).
, H. G. Xuhn. -- C’est un avantage de la méthode
par enregistrement sur la méthode photographique, puisque dans ce dernier cas, on doit utiliser plusieurs
anneaux au lieu de la seule zone centrale.
P. Fellgett.
-Il paraît exister un procédé diff é-
rent dont la théorie pourrait tenir compte. P. Jac- quinot a montré l’importance de la loi selon laquelle
la différence de marche varie avec l’incidence. Mais il n’est pas absolument nécessaire d’abandonner
,