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4 Impact des changements climatiques sur les structures spatiales de tourbières

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Academic year: 2022

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rencontre du non-lin´eaire 2018 1

Impact des changements climatiques sur les structures spatiales de tourbi` eres

Chlo´e B´eguin, Maura Brunetti & J´erˆome Kasparian

Universit´e de Gen`eve, GAP, Chemin de Pinchat 22, 1211 Geneva 4, Switzerland and Universit´e de Gen`eve, Institute for Environmental Sciences, bd Carl Vogt 66, 1211 Geneva 4 jerome.kasparian@unige.ch

Certaines vues a´eriennes de tourbi`eres pr´esentent des structures r´eguli`eres frappantes dans la r´epartition de l’eau et la v´eg´etation. L’une des explications possibles de cette structuration naturelle est l’auto- organisation de l’´ecosyst`eme, notamment `a travers la comp´etition pour l’acc`es aux ressources. En effet, les nutriments n´ecessaires au d´eveloppement de la v´eg´etation ne sont pr´esents qu’en faibles quantit´es, et `a courtes distances, les plantes gagnent `a se rassembler pour profiter du flux de nutriment, acc´el´er´e par leur pr´esence. Mais cet avantage disparaˆıt `a plus longue distance, car ce flux diminue la quantit´e de nutriments accessibles. Cette combinaison d’attraction `a courte distance et r´epulsion `a longue distance entre les plantes et les nutriments permet l’´emergence de structures spatiales ordonn´ees [1].

Un mod`ele de tourbi`ere [2] constitu´e d’un syst`eme d’´equations de r´eactions-diffusion avec quatre variables permet de reproduire de nombreuses structures spatiales observ´ees. Le mod`ele est en deux dimensions et n´eglige la formation de tourbe (hauteur). Il met par contre en interaction le niveau d’eau, la concentration des nutriments dans le sol ainsi que la biomasse de deux esp`eces v´eg´etales couramment en concurrence dans les tourbi`eres : les plantes vasculaires (par exemple les arbres) et les mousses (Sphagnum). En plus de la comp´etition pour les nutriments, chaque esp`ece modifie son environnement de sorte `a favoriser sa propre esp`ece (acc`es `a la lumi`ere, acidit´e du terrain, . . . ) et parfois d´efavoriser l’autre esp`ece.

Selon les param`etres du mod`ele, notamment l’apport externe en nutriments, la r´epartition spatiale de la v´eg´etation passe par plusieurs phases. Pour un apport croissant en nutriments, les mousses dominent l’espace et les plantes vasculaires ne peuvent survivre, puis les plantes vasculaires peuvent s’´etablir en ˆılots de v´eg´etation, entour´es de mousses flottant sur l’eau. Lorsque les nutriments continuent d’augmenter, les ˆılots de plantes vasculaires fusionnent en des bandes s`eches, et enfin le milieu est compl`etement recouvert

par les plantes vasculaires et les mousses ne peuvent plus survivre.

Un premier objectif de ces recherches consiste `a quantifier la transition entre les diff´erentes structures spatiales afin de pouvoir appr´ehender de mani`ere plus pr´ecise les changements dus `a des variations cli- matiques (pr´ecipitations, temp´erature). Un autre int´erˆet de ces mod´elisations est de fournir un cadre de r´eflexion pour la gestion de ces ´ecosyst`emes. Les tourbi`eres abritent de nombreuses esp`eces v´eg´etales par- ticuli`eres, et en plus de leur int´erˆet ´ecologique, constituent de v´eritables puits de carbones (stock´es dans les couches de tourbe). Les cons´equences sur le climat si la stabilit´e de l’´ecosyst`eme venait `a ˆetre perturb´ee et que ces stocks de carbones ´etaient brutalement relˆach´es dans l’atmosph`ere restent inconnues. En effet, des changements rapides et drastiques peuvent survenir dans un syst`eme bistable (dans lequel deux ´etats d’´equilibres sont possibles pour les mˆemes param`etres). L’auto-organisation en structures spatiales est

´etroitement li´ee `a ces changements d’´equilibre [1] (d’un ´etat h´et´erog`ene structur´e `a un ´etat homog`ene ou vice-versa), et pourrait mˆeme contribuer `a les pr´edire.

R´ ef´ erences

1. Rietkerk, Max, et al., Self-organized patchiness and catastrophic shifts in ecosystems.Science 305, 1926–

1929 (2004) .

2. Eppinga, Maarten B.,et al., Linking habitat modification to catastrophic shifts and vegetation patterns in bogs.Plant Ecology 200, 53–68 (2009).

c Non Lin´eaire Publications, Avenue de l’Universit´e, BP 12, 76801 Saint- ´Etienne du Rouvray cedex

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