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MINISTERE DE L ACTION SOCIALE

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MINISTERE DE L’ACTION SOCIALE BURKINA FASO ET DE LA SOLIDARITE NATIONALE Unité – Progrès – Justice

2015

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SOMMAIRE

SOMMAIRE ... i

SIGLES ET ABREVIATIONS ... ii

LISTE DES TABLEAUX ... iii

LISTE DES GRAPHIQUES ... iii

INTRODUCTION ... 1

I.CONTEXTE ET JUSTIFICATION ... 3

II OBJECTIFS DU RAPPORT ... 5

2.1 Objectif général ... 5

2.2 Objectifs spécifiques ... 5

III. METHODOLOGIE ... 5

3.1. Collecte de données ... 5

3.2. Traitement de données ... 5

3.3. Rédaction et validation ... 6

3.4. Limites du rapport ... 6

IV. ETAT DES LIEUX DU DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ENFANTS AU BURKINA FASO ... 6

4.1. Cadre juridique ... 7

4.2. Cadre institutionnel ... 10

4.3. La stratégie nationale de lutte contre la traite ... 11

V. ACTIONS DE LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ENFANTS AU BURKINA FASO MENEES AU COURS DE L’ANNEE 2015 ... 12

5.1. Actions de prévention ... 12

5.2. Interceptions ... 14

5.3. Prise en charge des victimes ... 22

5.4. Répression des auteurs ... 23

5.5. Réhabilitation/Réinsertion... 25

VI. SUIVI ET COORDINATION ... 26

VII. PARTENAIRES ... 27

VI. DIFFICULTES ... 28

VII. PERSPECTIVES ... 29

CONCLUSION ... 30 ANNEXES ... I

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SIGLES ET ABREVIATIONS

AGR : Activité génératrice de revenus

AN : Assemblée nationale

ANPE : Agence nationale pour l’emploi BCN/Interpol : Bureau central national Interpol BIT : Bureau international du travail

CADBE : Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant CDE : Convention relative aux droits de l’enfant

CEDEF : Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations faites aux femmes

CNVS : Comité national de vigilance et de surveillance

DGEPEA : Direction générale de l’encadrement et de la protection de l’enfant et de l’adolescent

DGPN : Direction générale de la police nationale

DLTE : Direction de la lutte contre le travail des enfants

DLVE : Direction de la lutte contre les violences faites aux enfants

DPASSN : Direction provinciale de l’action sociale et de la solidarité nationale DRASSN : Direction régionale de l’action sociale et de la solidarité nationale MASSN : Ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale

MATDS : Ministère de l’administration territoriale de la décentralisation et de la sécurité

MFPTSS : Ministère de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale MJDHPC : Ministère de la justice, des droits humains et de la promotion

civique

MJFPE : Ministère de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi

MPFG : Ministère de la promotion de la femme et du genre OIM : Organisation internationale pour les migrations OIPC : Organisation Internationale de police criminelle OIT : Organisation Internationale du Travail

ONG : Organisation non gouvernementale PFTE : Pires formes de travail des enfants RPE : Réseau de protection de l’enfant

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Situation des actions de sensibilisation de prévention par région ... 13

Tableau 2 : Situation des interceptions par Province et par Région ... 15

Tableau 3 : Situation des interceptions par type et par sexe ... 19

Tableau 4 : Liste des centres de transit mis en place par année et par localité ... 22

Tableau 5 : Situation par région des présumés trafiquants appréhendés et leurs traitements ... 24

Tableau 6 : Situation des actions de réhabilitation par région et par genre ... 25

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Situation des interceptions par région ... 17

Graphique 2 : Typologie des interceptions d’enfants présumés victimes de traite . 18 Graphique 3 : Situation des interceptions par acteur ... 20

Graphique 4 : Evolution des interceptions au cours des cinq dernières années .... 21

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INTRODUCTION

L’histoire de l’humanité présente à toutes ses périodes des réalités que l’on pourrait qualifier de

« tristes » ; la traite est l’une de celles-ci. De l’antiquité aux temps modernes, plusieurs récits décrivent la traite sous différents aspects. Esclavage, servitude, traite orientale, traite occidentale et traite intra-africaine ont été des phénomènes qui sont apparus à un moment ou à un autre de l’histoire de l’espèce humaine.

Le concept « traite » a connu son expansion au XVème siècle avec l’avènement de ce que le monde a connu comme étant la pratique la plus honteuse et déshumanisante de l’humanité : la traite négrière.

Le phénomène de la traite, même après l’abolition de l’esclavage et la fin de la traite négrière, a persisté jusqu’à nos jours.

Elle a traversé les âges et les civilisations en prenant différentes appellations et différentes formes. Aujourd’hui au XXIème siècle, elle est de plus en plus acerbe car des êtres humains sont victimes de traite pour servir de « pièces détachées »1 pour d’autres plus fortunés.

En rappel, en l’an 2000, la communauté internationale montrait sa ferme volonté politique à fédérer les ressources pour lutter contre la criminalité transfrontalière. Défi certes mondial qui a nécessité une réponse mondiale d’où la mise à disposition des Etats d’un instrument supra national, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. Le Burkina Faso est Etat partie de cette convention signée le 15 décembre 2000 et ratifiée le 15 mai 2002. Notre pays est également partie prenante des protocoles additionnels notamment :

 le protocole additionnel à la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air ;

 le protocole additionnel à la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants encore appelé « Protocole de Palerme ».

Selon le Protocole de Palerme , l'expression « traite des êtres humains » désigne « le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de

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paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes ».

La traite est pratiquée à plusieurs échelles. Ainsi, de par ses manifestations on distingue trois formes principales de traite d’êtres humains :

la traite aux fins de travail forcé ;

la traite aux fins d’exploitation sexuelle ;

le trafic d’organes.

Aujourd’hui, on remarque que cette traite touche beaucoup plus les enfants du fait de leur vulnérabilité. En effet, en Afrique, et plus précisément au sud du Sahara, les populations sont, pour la majorité, jeunes. La misère grandissante des populations pousse, la plupart du temps, cette tranche de la population à partir à la recherche de lendemains meilleurs. Cette situation de mobilité peut créer de réelles opportunités de développement pour les enfants mais peut aussi engendrer des situations de traite. En effet, « la traite doit être combattue mais tous les enfants concernés par la mobilité ne sont pas victimes de traite »2. Aussi au cours de cette quête, nombre d’entre eux, déjà victimes d’exploitation, connaîtront la triste réalité de la traite.

Ce rapport qui intervient après celui de 2013, se propose de faire le point sur les actions menées contre ce fléau au cours de l’année 2015 au Burkina Faso et va s’articuler autour des points suivants :

 contexte et justification ;

 objectifs du rapport ;

 méthodologie de la rédaction ;

 état des lieux du dispositif de lutte ;

 actions de lutte ;

 difficultés et perspectives.

2 Position régionale n°2 en matière de protection des enfants en situation de mobilité, Plate-forme Mobilité inter agence,

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I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

La traite n’épargne aucun pays dans le monde. Elle est non seulement un fléau social, mais aussi une entrave à l’économie des Etats, car elle constitue une source importante de revenus pour les trafiquants et leurs bandes, qui développent ainsi une économie parallèle, clandestine et nuisible pour les économies des pays.

Au vu de ses effets néfastes et du constat des conséquences de l’esclavage, la communauté internationale réunie au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a commencé dès 1926 (à l’époque de la Société des Nations) à se pencher sur la question. Dès lors, plusieurs actions seront entreprises en guise de riposte. Des textes à caractères juridiques et règlementaires seront adoptés par les Etats parties à travers des conventions, des chartes, des protocoles, etc.

Ces instruments ont pour objectif de guider les actions de lutte, la traite ayant pris des proportions inquiétantes au fil des années partout dans le monde.

Pour sa part, l’Afrique, déjà menacée par les conflits, les maladies, la sècheresse, la famine et plus récemment le terrorisme, doit faire face en plus de toutes ces difficultés au phénomène grandissant de la traite qui touche malheureusement aussi les enfants.

En raison des contextes particuliers sur les plans culturel, politique, économique, géographique, les pays africains ont instauré des cadres de concertation afin d’adapter les situations, décisions et recommandations du niveau international au contexte africain. C’est ainsi que sont nés, entre autres, la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE), les plateformes de Libreville, les Accords de coopération en matière de lutte contre la traite.

En ce qui concerne le Burkina Faso, de par sa position géographique, au cœur de l’Afrique occidentale, il se révèle être à la fois un pays de départ, d’accueil et de transit de main d’œuvre enfantine. A cela s’ajoute la prolifération des mines et carrières artisanales sur toute l’étendue du territoire ces dernières années, qui sont des lieux d’attraction et d’utilisation de main- d’œuvre infantile.

Ainsi, le Gouvernement s’est engagé dans la lutte contre la traite des êtres humains et plus particulièrement celle des enfants en mettant en place un dispositif conséquent pour faire face au phénomène. Ce dispositif comprend l’implémentation de stratégies relatives à la prévention, la protection, à la prise en charge des victimes et la mise en place d’un cadre institutionnel, un

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Pour une lutte plus efficace, le pays a adhéré à différents instruments juridiques internationaux et régionaux et a œuvré, en fonction de ses réalités, à prendre des actes à caractères législatifs et règlementaires adaptés à celles-ci.

Dans le cadre de cette lutte, il bénéficie de l’appui de plusieurs partenaires au développement qui lui apportent un soutien financier et technique fort appréciable.

Chaque année, le Burkina Faso élabore un rapport pour faire le point de la mise en œuvre des actions entreprises dans le cadre de la lutte contre la traite. En rappel, le dernier rapport produit en 2013 fait état de 352 927 personnes touchées par les activités de prévention et de 1 597 enfants présumés victimes de traite interceptés. Ce rapport a relevé les difficultés suivantes dans la lutte contre la traite des enfants :

la faible coordination des interventions des différents acteurs de la protection de l’enfant ;

l’application timide des textes visant la protection et la promotion des droits de l’enfant.

le non signalement des violations des droits des enfants par les populations ;

la persistance des pesanteurs socioculturelles;

l’analphabétisme et l’ignorance des populations.

Il a aussi fait ressortir des défis à relever dont les principaux sont :

la mise en place des services sociaux de base dans toutes les localités ;

la sensibilisation de la population, des leaders d’opinion…sur les textes ;

la formation continue des acteurs de lutte ;

l’implication plus grande des collectivités locales dans la prise en charge des victimes ;

la prise en compte des questions relatives à la lutte contre la traite et les autres pires formes de travail des enfants dans la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) extractives. Cette mesure envisagée devrait s’étendre également aux exploitants des mines et carrières artisanales;

l’incitation des populations à signaler toutes les formes d’abus et de violences à l’égard des enfants à travers le 116.

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II.OBJECTIFS DU RAPPORT

2.1 Objectif général

Le présent rapport vise à faire le bilan des actions entreprises au cours de l’année 2015 en matière de lutte contre la traite des enfants.

2.2 Objectifs spécifiques

Il s’agit plus spécifiquement de :

faire l’état des lieux du dispositif de lutte contre la traite des enfants ;

dresser le bilan des actions de lutte contre la traite des enfants ;

apprécier l’efficacité du dispositif de la lutte contre la traite des enfants ;

dégager des perspectives pour une plus grande efficacité dans les actions.

III. METHODOLOGIE

La méthodologie utilisée pour le présent rapport a concerné la collecte et le traitement des données, la rédaction et la validation du rapport.

3.1. Collecte de données

La collecte de données s’est déroulée comme suit :

Les collectes trimestrielle et annuelle des données auprès des DPASSN ;

les missions de suivi-supervision;

la compilation des rapports des DRASSN et des partenaires œuvrant dans le domaine.

3.2. Traitement de données

Les données collectées trimestriellement et annuellement par les structures déconcentrées sont compilées au niveau central par la Direction de la lutte contre les violences faites aux enfants (DLVE).

Les rapports des missions de suivi-supervision et ceux fournis par les services déconcentrés du Ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale (MASSN) ainsi que les structures partenaires travaillant dans le domaine de la lutte contre la traite et les autres Pires formes de travail des enfants (PFTE)sont exploités pour renforcer les données déjà compilées.

Le traitement s’est effectué à l’aide du logiciel Microsoft Office Word et Excel.

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3.3. Rédaction et validation

Une équipe de quatre agents a été constituée en vue de la rédaction du rapport. L’équipe a eu plusieurs séances de travail sous la supervision de Madame la Directrice Générale de l’encadrement et de la protection de l’enfant et de l’adolescent et de Monsieur le Directeur de la lutte contre les violences faites aux enfants. Ces travaux ont permis d’aboutir à une première mouture.

Ce premier draft a été soumis à un comité restreint composé d’agents de la DLVE et de quelques personnes ressources pour pré-validation.

Après cette phase, la validation du rapport a été effectuée par un groupe plus large composé d’autres structures étatiques et des principaux partenaires agissant dans le domaine.

Le rapport a été finalisé par l’équipe de la DLVE.

3.4. Limites du rapport

La méthodologie utilisée dans le cadre de la rédaction du présent rapport comporte quelques limites. En effet, les collectes trimestrielles n’ont pas permis de faire remonter de façon systématique certaines données si bien qu’il y a des risques de déperdition d’informations. En plus, le fait que les missions de suivi supervision se font une seule fois l’an ne permet pas de toucher la réalité du terrain et de collecter les données complémentaires non prises en compte par les collectes trimestrielles. Par ailleurs, l’équipe de rédaction n’a pas pu disposer des données désagrégées auprès des structures partenaires aux fins de les confronter avec celles disponibles au niveau de la DLVE. Enfin, les outils utilisés pour la collecte des données n’ont pas permis de traiter de façon désagrégée les secteurs d’exploitation des victimes ou présumées victimes.

IV. ETAT DES LIEUX DU DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ENFANTS AU BURKINA FASO

La lutte contre la traite des enfants au Burkina Faso s’effectue dans un cadre juridique et institutionnel favorable.

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4.1. Cadre juridique

4. 1. 1 Aux plans international et régional

La Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant (CDE) adoptée le 20 novembre 1989 à New York aux États-Unis d’Amérique et ratifiée par le Burkina Faso le 31 aout 1990. Elle constitue le document de référence par excellence des droits des enfants.

C’est aussi l’outil directeur dans la plupart des stratégies de lutte pour la protection des enfants ;

les deux (2) protocoles facultatifs à la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE)concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et l’implication des enfants dans les conflits armés, ratifiés respectivement le 31 mars 2006 et le 6 juillet 2007 ;

la Convention de la Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale conclue le 29 mai 1993 et ratifiée par le Burkina Faso le 11 janvier 1996.Le préambule de cette convention invite les Etats signataires à prévenir l’enlèvement, la vente ou la traite des enfants. Cette convention vient instaurer un système de coopération entre les Etats contractants pour assurer le respect de ces garanties et prévenir ainsi l’enlèvement, la vente ou la traite d’enfants ;

la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE) adoptée en juillet 1990 et ratifiée par le Burkina Faso le 08 juin 1992. La CADBE constitue un complément important de la CDE. Elle vise en plus la protection de l’enfant contre les pratiques traditionnelles nuisibles, la mendicité et la traite ;

le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes en particulier celle des femmes et des enfants, adopté en décembre 2000 à Palerme en Italie et ratifié par le Burkina Faso le 19 février 2002. Il impose à chaque Etat partie d’adopter des mesures législatives et autres nécessaires, afin d’incriminer les actes de traite. Il complète la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée ;

la Convention N°138de l’OIT demande aux Etats membres de spécifier l’âge minimum d’admission à l’emploi ou au travail (qui ne devra pas être inférieur à l’âge auquel cesse la scolarité obligatoire, ni en tout cas à quinze ans) mais également de relever

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progressivement l’âge minimum d’admission à l’emploi ou au travail jusqu’à un seuil convenant au développement physique et mental complet des jeunes;

la Convention N° 182 de l’OIT sur l’élimination de toutes les pires formes de travail des enfants encourage la coopération, l’entraide et l’assistance multiformes entre les membres en vue de parvenir à une éradication de ce fléau. Cette convention a été adoptée le 17 juin 1999 et ratifiée par le Burkina le 25 juin 2001. Elle définit les PFTE et invite les Etats parties à prendre des mesures urgentes en vue de les éliminer.

4. 1. 2 Au plan national

La loi No 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail au Burkina Faso porte l’âge minimum d’admission à l’emploi à 16 ans. Elle permet une certaine conformité avec la loi d’orientation de l’éducation de 1996 qui prévoit de maintenir les enfants à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans. Cette loi punit les PFTE ;

la loi N°029-2008/AN du 15 mai 2008 portant lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées. Cette loi définit la traite des personnes dans les mêmes termes que le protocole additionnel de la convention des Nations Unies. Elle s’inscrit surtout en droite ligne des pistes d’actions préconisées à l’article 7 de la convention 182 de l’OIT.

Cette loi incrimine certaines pratiques assimilées à la traite tels que l’exploitation de la mendicité d’autrui et le trafic illicite de migrants. Elle consacre également la création d’un organe national de vigilance et de surveillance en matière de lutte contre la traite des enfants ;

la loi N° 013-2007/AN du 30 juillet 2007 portant loi d’orientation de l’éducation. Elle fait de l’éducation une priorité nationale. Tout citoyen a droit à l’éducation sans discrimination fondée sur le sexe, l’origine sociale, la race ou la religion. Elle encadre et institue l’obligation scolaire couvrant la période de 6 à 16 ans et favorise de ce fait une meilleure protection des enfants contre l’exploitation surtout par le travail;

la loi No 011-2014/AN du 17 avril 2014 portant répression de la vente d’enfants, de la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène les enfants. Cette loi détermine les actes constitutifs d’infraction de vente d’enfants, de prostitution des enfants et de pornographie mettant en scène les enfants. Elle fixe également les peines encourues par les auteurs desdits actes ;

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la Loi N°015-2014/AN du 13 mai 2014 portant protection de l’enfant en conflit avec la loi ou en danger. Elle détermine les procédures applicables à l’enfant auteur, témoin ou victime d’infraction pénale dans le sens de son intérêt supérieur. Elle indique en outre les mesures de sauvegarde pour les enfants en situation de vulnérabilité, les attributions du travailleur social chargé de la protection de l’enfance. Les dispositions de cette loi prévoient le devoir de signaler et la protection des dénonciateurs en ces termes « toute personne, y compris celle tenue au secret professionnel, est soumise au devoir de signaler au juge des enfants ou au procureur du Faso ou aux travailleurs sociaux chargés de la protection de l’enfance tout ce qui est de nature à constituer un danger ».

Par ailleurs, la loi prévoit non seulement la non poursuite des dénonciateurs, mais aussi l’interdiction de divulguer leur identité ;

Le décret N°2009-365/PRES/PM/MTSS/ MS/MASSN portant détermination de la liste des travaux dangereux interdits aux enfants au Burkina Faso du 22 Avril 2009. Ce décret consacre la répartition des travaux dangereux interdits aux enfants par secteur, à travers les activités et les raisons qui militent à les considérer comme tels.

4.1.3. Les accords de Coopération

Le Burkina Faso a signé de nombreux accords de coopération dans le cadre de la lutte contre la traite des êtres humains :

la Plate-forme commune d’action de Libreville du 24 février 2000 sur le développement des stratégies de lutte contre la traite des enfants à des fins d’exploitation de leur travail en Afrique de l’Ouest et du Centre ;

l’Accord de coopération entre la République du Mali et le Burkina Faso en matière de lutte contre le trafic transfrontalier des enfants signé à Ouagadougou le 25 juin 2004,

l’Accord multilatéral de coopération en matière de lutte contre la traite des enfants en Afrique de l’Ouest, signé le 27 juillet 2005 à Abidjan entre le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo ;

l’Accord multilatéral de coopération régionale de lutte contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre signé à Abuja le 6 Juillet 2006 ;

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l’Accord de siège entre le Burkina Faso et l’organisation Internationale pour les Migrations (OIM) signé le 26 avril 2003 à Genève ;

l’Accord avec la République de Côte d’Ivoire en matière de lutte contre la traite transfrontalière des enfants signé le 17 octobre 2013.

4.2. Cadre institutionnel

4.2.1. Au niveau étatique

Outre le MASSN, d’autres acteurs étatiques sont impliqués dans la lutte, ce sont : le Ministère de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi (MJFPE), le Ministère de la justice, des droits humains et de la promotion civique (MJDHPC), le Ministère de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale (MFPTSS), le Ministère de la promotion de la femme et du genre (MPFG), le Ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (MATDS), le Ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (MENA).

Dans le sens d’une meilleure contribution à la prise en charge de la question générale de la traite et l’exploitation des personnes, il a été créé, en juillet 2006, au sein du Ministère en charge du travail et de la Sécurité sociale, une Direction de la lutte contre le travail des enfants (DLTE) et au sein du MASSN, en 2007, la Direction de la lutte contre les violences faites aux enfants. L’action concertée de ces deux Directions concourt à l’élimination de la traite et les autres PFTE.

La lutte contre la traite au Burkina Faso est organisée à travers le décret N° 2009- 529/PRES/PM/MASSN/MATD/SECU du 17 juillet 2009 portant création, attributions, fonctionnement et composition d’un Comité national de vigilance et de surveillance (CNVS) contre la traite des personnes et les pratiques assimilées avec des démembrements :

au niveau régional : le Comité régional de vigilance et de surveillance (CRVS) ;

au niveau provincial : le Comité provincial de vigilance et de surveillance (CPVS) ;

au niveau départemental : le Comité départemental de vigilance et de surveillance (CDVS).

4.2.2. Partenaires

Les actions de lutte contre la traite au Burkina Faso sont soutenues par des partenaires techniques et financiers constitués des agences bilatérales et multilatérales, des ONG

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internationales et nationales et des associations ainsi que des responsables coutumières et religieuses. Ils viennent en appui aux interventions des ministères et les structures déconcentrées ou décentralisées en vue de lutter contre le phénomène de la traite. Les domaines de partenariat couverts sont : le financement des structures d’encadrement des enfants en situation de traite, la prévention, la protection, le réseautage et le suivi.

4.3. La stratégie nationale de lutte contre la traite

Dans le cadre de la lutte contre la traite, le Burkina Faso a développé une stratégie bâtie autour de six axes :

4.3.1. Prévention

La prévention est l’ensemble des activités mises en œuvre dans le cadre de la lutte contre la traite des personnes et qui concourent à l’information, au renforcement des connaissances des acteurs, à l’amélioration des capacités économiques des populations vulnérables, à la dynamisation du cadre organisationnel, au développement de la scolarisation des enfants, etc.

4.3.2. Protection

C’est l'ensemble des mesures visant à garantir les droits de l’enfant victime de traite. Elle consiste à assurer l’alimentation, les soins médicaux, l’hébergement, la sécurité, la prise en charge psychologique des enfants victimes avant leur retour en famille.

La création des centres de transit obéit à la stratégie de protection des enfants victimes.

4.3.3. Réhabilitation et/ou Réinsertion

Elle consiste à la réintégration de l’enfant dans son environnement social avec l’accompagnement social adapté.

Il s’agit principalement des actions de rétablissement de l’identité de l’enfant, de scolarisation, de placement en formation professionnelle, de dotation en kit d’installation et d’appui aux parents (Activités génératrices de revenus AGR/Vivres /…).

4.3.4. Plaidoyer

Il concerne les actions entreprises auprès des leaders administratifs, politiques et communautaires en vue de leur implication et de leur engagement dans la lutte contre le phénomène.

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4.3.5. Renforcement du cadre institutionnel et juridique

Il s’agit du renforcement des capacités institutionnelle et technique des structures œuvrant dans le domaine la lutte contre la traite. Il se traduit par la prise de textes, l’allocation de ressources nécessaires pour l’application des textes existants ainsi qu’en appui divers : matériel, financier et humain.

4.3.6. Suivi-évaluation

C’est l’ensemble des mesures tendant à s’assurer du bon déroulement des actions planifiées ainsi que l’intervention des acteurs de terrain, dans le cadre de la lutte contre la traite.

V. ACTIONS DE LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ENFANTS AU BURKINA FASO MENEES AU COURS DE L’ANNEE 2015

Au cours de l’année 2015 le Gouvernement avec l’appui de ses partenaires a mis en œuvre plusieurs activités entrant dans le cadre de la lutte, dont le bilan se présente comme suit :

5.1. Actions de prévention

En 2015, les actions menées par les services étatiques et les partenaires ont consisté en des actions de sensibilisation à travers des causeries, ciné débat, émission radio, et les résultats sont consignés dans le tableau ci-après

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Tableau 1 : Situation des actions de sensibilisation de prévention par région

Régions Causerie Ciné-

débat Emission Autres3 Counseling Formation Patrouille Plaidoyer Conf.

Personnes touchées Enfants Adultes

Total

F G H F

Boucle du

Mouhoun 32 16 5 2 239 47 25 0 0 5163 10051 10806 6061 32081

Cascades 32 10 3 10 0 0 16 0 0 216 288 4000 4000 8504

Centre 24 08 0 0 129 0 01 0 0 437 342 223 297 1 299

Centre-Est 9 4 3 0 67 0 0 0 0 459 1773 1634 1086 4952

Centre-Nord 20 5 0 5 25 1 9 0 0 576 594 469 513 2152

Centre-Ouest 6 4 3 0 74 1 0 0 0 32 304 72 50 458

Centre-Sud 32 11 14 22 232 0 148 0 0 627 894 12369 8355 22245

Est 53 12 3 19 139 2 0 0 0 81 142 321 292 836

Hauts-Bassins 15 2 3 0 57 0 0 0 0 131 251 183 89 654

Nord 11 0 0 0 205 0 16 0 0 106 173 235 58 572

Sahel 13 0 1 0 266 0 5 0 0 214 387 298 175 1074

Plateau Central 14 5 1 0 2 0 16 0 0 512 495 246 249 1502

Sud-Ouest 82 67 11 59 234 3 0 0 0 3871 4205 4890 4255 17221

TOTAL 343 144 47 117 1669 54 236 0 0 12 425 19 899 35 746 25 480 93 550

TOTAL PERSONNES TOUCHEES 32 324 61 226 93 550

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Le tableau ci-dessus nous renseigne sur les actions de prévention menées au cours de 2015, qui ont eu le mérite d’avoir couvert toutes les régions et ont touché aussi bien les enfants que les adultes et ont pris en compte la question du genre et ont permis de toucher 93.550 personnes.

Toutefois, au regard de l’ampleur de la situation, le nombre de personnes touchées est faible.

Aussi, excepté le Centre-Sud avec 14 prestations, les radios communautaires en tant que canaux d’éducation et de sensibilisation de masse ont été faiblement sollicitées soit 47 fois au total. On note également que les plaidoyers ainsi que les conférences ont été inexistants comme stratégie de prévention durant l’année 2015.Cet état des choses pourrait dénoter de la persistance de la faible capitalisation de ces actions par les structures déconcentrées car il est ressorti dans les entretiens au cours des supervisions, que les Directions provinciales de l’action sociale et de la solidarité nationale(DPASSN) et les Directions régionales de l’action sociale et de la solidarité nationale(DRASSN) sont souvent sollicitées soit par les enseignants soit les écoles professionnelles pour développer des thématiques sur le phénomène de la traite et autres pires formes de travail des enfants.

Dans l’ensemble, les activités nécessitant des ressources financières telles que les causeries, les cinés débats ont été faiblement réalisées à cause de la situation d’austérité consécutive aux évènements que le pays a traversés. Par contre les acteurs de terrain ont usé du counseling qui ne nécessite pas de frais particuliers soit 1 669 fois.

5.2. Interceptions

Concomitamment à la prévention, un certain nombre de dispositions sont prises pour assurer aux enfants en situation ou à risque de traite, une protection dans le respect du principe cardinal de l’ « intérêt supérieur de l’enfant » et ce, conformément aux dispositions légales en vigueur au Burkina Faso.

C’est dans cette optique qu’au cours de l’année 2015, les acteurs de la lutte contre la traite des enfants ont procédé sur l’ensemble du territoire national à l’interception et à l’accompagnement de 1 099 enfants identifiés comme victimes, présumées victimes ou à risque de traite..

(19)

Tableau 2:Situationdes interceptions par Province et par Région

DONNEES INTERCEPTIONS DES CVS 2015

REGIONS /PROVINCES TRAITE INTERNE TRAITE EXTERNE TOTAL

PROVINCE TOTAL REGION

G F SOUS TOTAL1 G F SOUS TOTAL2

NORD

PASSORE 0 0 0 0 0 0 0

YATENGA 0 0 0 0 0 0 0 16

ZONDOMA 2 0 2 1 0 1 3

LOROUM 13 0 13 0 0 0 13

BOUCLE DU MOUHOUN

NAYALA 3 1 4 0 0 0 4

221

SOUROU 1 54 55 0 40 40 95

BANWA 0 0 0 0 0 0 0

KOSSI 36 66 102 0 0 0 102

MOUHOUN 1 5 6 0 0 0 6

BALLE 12 2 14 0 0 0 14

EST

TAPOA 26 7 33 0 20 20 53

245

GOURMA 34 19 53 0 0 0 53

KOMPIENGA 25 20 45 10 0 10 55

KOMONDJARI 35 0 35 6 0 6 41

GNAGNA 26 12 38 5 0 5 43

PLATEAU CENTRAL

GANZOURGOU 2 0 2 0 0 0 2

KOURWEOGO 0 0 0 1 2 3 3 5

OUBRITENGA 0 0 0 0 0 0 0

CENTRE EST

KOULPELOGO 9 0 9 0 0 0 9

BOULGOU 2 0 2 3 1 4 6 28

KOURITTENGA 11 0 11 1 1 2 13

(20)

CENTRE SUD

BAZEGA 2 4 6 0 0 0 6

ZOUNWEOGO 0 0 0 0 0 0 0 18

NAHOURI 10 1 11 1 0 1 12

CASCADES LERABA 0 0 0 0 0 0 0

COMOE 62 12 74 7 3 10 84 84

HAUTS BASSINS

HOUET 46 6 52 0 6 6 58

TUY 9 19 28 0 2 2 30 107

KENEDOUGOU 0 0 0 16 3 19 19

CENTRE OUEST

SANGUIE 0 0 0 0 0 0 0

BOULKIEMDE 0 0 0 0 0 0 0 13

ZIRO 0 0 0 0 0 0 0

SISSILI 12 1 13 0 0 0 13

CENTRE KADIOGO 13 10 23 12 19 31 54 54

SAHEL

SENO 2 0 2 0 0 0 2

SOUM 0 0 0 0 0 0 0 2

YAGA 0 0 0 0 0 0 0

OUDALAM 0 0 0 0 0 0 0

CENTRE NORD

BAM 1 0 1 0 1 1 2

23

NAMENTENGA 2 0 2 1 1 2 4

SANMATENGA 9 8 17 0 0 0 17

SUD OUEST

IOBA 24 85 109 3 12 15 124

BOUGRIBA 8 37 45 0 0 0 45 283

NOUMBIEL 13 4 17 1 0 1 18

PONI 41 51 92 3 1 4 96

S/TOTAL 492 424 916 71 112 183 1099

1099

TOTAL 916 183 1 099

1 099

(21)

Graphique 1 : Situation des interceptions par région

L’examen du tableau 2 et du graphique 1 indique que toutes les régions du Burkina ont mené des activités entrant dans le cadre des interceptions.

La région du Sud-Ouest a connu le plus grand nombre d’interceptions soit 283 enfantsdont124 interceptions pour la seule province du Ioba.

Par contre, 12 des 45 provinces n’ont déclaré aucune interception dans leur circonscription. N’ayant pas eu d’explications à cet effet, cela laisse présager 3 hypothèses :

le mécanisme interne de collecte de données n’a pas du tout fonctionné pour capitaliser les actions de terrain ;

aucune action dans ce sens n’a été entreprise dans ces 13 provinces par aucun des acteurs ;

le phénomène n’existe plus dans la zone durant l’année 2015.

En tout état de cause, cette situation interpelle et commande à plus d’égard et d’actions ciblées sur ces provinces afin de saisir les déterminants et agir en conséquence.

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

200 GARCONS FILLES

(22)

Graphique 2 : Typologie des interceptions d’enfants présumés victimes de traite

Au regard du graphique 2, il y a une prépondérance de la traite interne (83,35%) sur celle transfrontalière (16,65%).

Cependant, au niveau de certaines provinces, les tendances sont inversées. En effet au Kadiogo, sur 54 interceptions, 31 concernent la traite transfrontalière soit 57%, dans la Tapoa, 20 interceptions transnationales sur 23soit 87%et au Kénédougou, sur les 19 interceptions effectuées, toutes concernent la traite transfrontalière soit 100%. Cette situation particulière de ces 3 provinces peut se justifier par :

le fait que le Kadiogo, en tant que grande agglomération, est et reste une attraction pour les enfants et un appât pour ceux qui utilisent la main d’œuvre infantile pour des activités économiques ou à d’autres types d’exploitations. Cette province semble en outre être la zone de transit pour bon nombre d’enfants des pays voisins. C’est le cas des filles nigérianes et ivoiriennes maintes fois retirées des "griffes" des trafiquants ;

le Kénédougou et la Tapoa, zones frontalières sur quatre pays à savoir, le Mali et la Côte d’Ivoire pour le premier, le Niger et le Bénin pour le second sont par excellence des espaces de circulation d’enfants, donc propices à la traite.

83,35%

16,65

Interception d'enfants présumés victimes de traite interne Interception d'enfants présumés victimes de traite externe

(23)

La traite des enfants et les autres pratiques assimilées sont donc des pratiques qui sévissent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales.

Les cas d’interception peuvent être considérés dans le cadre de la traite nationale ou internationale.

Tableau 3 : Situation des interceptions par type et par sexe Sexe

Type Garçons Filles Total

Interceptions de présumés

victimes de traite interne 492 424 916

Interceptions de présumés

victimes traite externe 71 112 183

Total 563 536 1 099

Le tableau 3nous révèle que la traite concerne aussi bien les filles que les garçons.

Au niveau de la traite interne, les garçons sont les plus touchés tandis qu’à l’externe ce sont les filles qui sont les plus victimes de cette pratique en terme de nombre.

Cette réalité corrobore le fait que ce sont les garçons qui sont les plus exploités sur les sites d’orpaillage et dans le domaine de l’agroforesterie4. En effet, au Burkina Faso, ces deux domaines d’activités sont légion dans toutes les régions pour ce qui est de l’exploitation artisanale de l’or et les régions de l’Ouest et l’Est pour l’agroforesterie. Pour la traite externe, les activités de prédominance restent les travaux domestiques ou d’aide-ménagère, l’emploi dans les débits de boisson et l’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Pour la quasi-totalité de ces activités sus mentionnées, les filles sont les plus sollicitées donc exposées à la traite transfrontalière et cela dans les deux sens c’est-à-dire des filles burkinabè victimes à l’étranger et es filles étrangères victimes au Burkina Faso.

Pour freiner ce phénomène, plusieurs acteurs contribuent à l’œuvre d’interception, au nombre desquels, la Police, la Gendarmerie, les autres Forces de Défense et de Sécurité (Eaux et forêts, Douane, Militaire) le monde communautaire (associations, ONG).

CERFODES, Evaluation finale du projet « enfants dans les mines d’or et carrières artisanales dans 5

(24)

Graphique 3 : Situation des interceptions par acteur

Le graphique ci-dessus représente les actions des acteurs intervénant dans le processus d’interception des enfants présumés victimes de traite. De ces acteurs, la police est la structure la plus citée qui intercepte le plus. Cela peut s’expliquer par sa présence plus significative sur le terrain. En plus, la communauté et les transporteurs identifient et signalent les cas d’enfants présumés victimes de traite aux services administratifs. Malheureusement, il sied de mentionner que les transporteurs sont toujours à la traine dans le signalement surtout lorsque l’on sait que la plupart des enfants se déplacent à l’aide de moyens de transport en commun.

Nonobstant les faiblesses constatées à certains niveaux, il faut souligner qu’au cours des cinq dernières années, des efforts sont régulièrement consentis dans la lutte contre la traite avec la poursuite des actions d’interception.

49%

16%

1%2%

32%

N=179

Police Gendarmerie Autres FDS Transporteurs Communauté

(25)

Graphique 4 : Evolution des interceptions au cours des cinq dernières années

Le Graphique 4 nous indique la courbe d’évolution des interceptions au Burkina Faso de 2011 à 2015. Elle a connu un pic en 2012 avec 1910 interceptions. Ce résultat est tributaire à l’« Opération Tuy », une action de police conduite par la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN), en collaboration avec le MASSN et l’Organisation Internationale de Police Criminelle (O.I.P.C Interpol) sur la lutte contre la traite des enfants dans les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Houndé ayant abouti à l’interception de plusieurs centaines d’enfants. Depuis cette date, les interceptions ont décliné.

Ces résultats semblent indiquer une tendance à la baisse du phénomène si l’on se fie uniquement à ces chiffres. Mais cela peut être dû à la baisse des activités liée à l’insuffisance des ressources pour mettre en activité l’ensemble des chainons de la lutte contre la traite.

L’interception n’est pas la seule stratégie dans la procédure d’intervention en matière de traite. Cette procédure intègre d’autres types de réponses notamment la prise en charge holistique ; celle qui est à même de permettre d’éviter la récidive et favoriser une meilleure protection de l’enfant. Cette prise en charge holistique permet aussi d’évaluer la situation particulière de chaque enfant et ainsi de distinguer les situations de traite et celles de mobilité. Les enfants qui sont en situation de mobilité

1270

1910

1596

1261

1099

0 500 1000 1500 2000 2500

2011 2012 2013 2014 2015

(26)

sans être victimes de traite sont ainsi accompagnés dans le cadre de leur intérêt supérieur et protéger le long de leur itinéraire.

5.3. Prise en charge des victimes

La prise en charge de ces enfants présumés victimes de traite, à risque ou en situation de traite occupe une place de choix dans le paquet de réponses. Un dispositif de prise en charge permet aux enfants, objets de signalements, de retraits du milieu hostile ou d’interception de bénéficier d’un accompagnement.

Le dispositif d’accompagnement se situe sur deux paliers.

Le premier consiste à la levée de l’urgence à travers le counseling et la mise en confiance, l’hébergement temporaire dans un centre de transit ou auprès des familles de la communauté, la mise à disposition de subside (secours réconforts, aliments), les soins médicaux d’urgence, l’assistance matérielle, tout ceci dans une dynamique d’accompagnement individualisé.

Le second est relatif à l’évaluation sociale et au diagnostic situationnel des enfants victimes qui doit permettre une orientation vers leur réinsertion ou leur intégration.

Tous les enfants, objets d’interception cette année ont bénéficié directement d’une partie ou de l’ensemble des mesures d’urgence sus mentionnées en fonction des besoins de chacun. L’hébergement temporaire des enfants victimes a constitué une préoccupation pour l’ensemble des acteurs. Cette situation a amené la DGEPEA à faire la situation des centres de transit existants.

Tableau 4 : Liste des centres de transit mis en place par année et par localité

d’ordre Localité Année

d’ouverture Etat Observations

01 Ouagadougou 2001 Bon Réfectionné par TDH en

décembre 2015

02 Bobo-Dioulasso

2001 Bon Réfectionné par TDH en

décembre 2015

2015 Bon

Propriété de l’association Tié avec l’appui de l’Union

Européenne et Tdh

03 Koudougou 2001 Mauvais

04 Ouahigouya 2001 Mauvais

05 Dori 2001 Mauvais

(27)

d’ordre Localité Année

d’ouverture Etat Observations

06 Niangoloko 2001 Mauvais

07 Kaya 2003 Mauvais

08 Dédougou 2003 Mauvais

09 Tougan 2003 Mauvais

10 Yako 2003 Mauvais

11 Djibo 2003 Mauvais

12 Orodara 2003 Mauvais

13 Houndé 2003 Mauvais

14 Léo 2003 Mauvais

15 Tenkodogo 2004 Mauvais

16 Nouna 2004 Mauvais

17 Pama 2004 Mauvais

18 Fada 2004 Mauvais

19 Diapaga 2004 Bon Avec l’aide de CCFS

20 Bogande 2007 Mauvais

21 Gayeri 2007 Mauvais

22 Dano 2006 Bon Avec l’appui de Fonds

Enfants

23 Batié 2006 Mauvais

24 Faramana 2015 Bon Avec l’appui d’UE/Mobilité

et TDH

25 Gaoua - Inadapté Avec l’appui de Fonds

enfants-

26 Diebougou - - -

27 Boulsa - Mauvais Avec l’appui de Plan

Burkina

28 Kongoussi - inadapté Avec l’appui de Plan

Burkina

29 Kantchiari - Bon -

30 Tougouri - _ -

A l’analyse des données du tableau ci-dessus, il ressort que la couverture géographique du pays en centre de transit n’est pas totale. En effet, 19 provinces n’en disposent pas. En outre, la plupart des centres existant sont en mauvais état.

5.4. Répression des auteurs

Dans la procédure d’intervention en matière de lutte contre la traite des enfants, la répression constitue à la fois comme une mesure de sureté, de justice, de protection, de prévention/dissuasion/éducation et de réhabilitation des victimes. Ainsi, les personnes présumées auteurs ou complices de traite identifiées ont répondu devant la loi.

(28)

Tableau 5 : Situation par région des présumés trafiquants appréhendé set leurs traitements

Régions Trafiquants identifiés

Réseaux identifiés

Gardés à vue relaxés

Déférés relaxés

Déférés condamnés Boucle du

Mouhoun 8 0 2 0 6

Cascades 0 0 0 0 0

Centre 5 0 2 0 3

Centre-est 2 0 2 0 0

Centre-nord 2 0 1 0 1

Centre-ouest 0 0 0 0 0

Centre-sud 5 0 5 0 0

Est 3 0 3 0 0

Hauts Bassins 11 0 4 7 0

Nord 3 0 3 0 0

Plateau

central 1 0 1 0 0

Sahel 2 0 2 0 0

Sud-ouest 0 0 0 0 0

TOTAL 42 0 25 7 10

Le Tableau 5 fait état de42 personnes identifiées par les acteurs comme suspects aux termes de la loi N°029-2008/AN du 15 mai 2008, portant lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées qui dispose que « est constitutif d’infraction de la traite des personnes : le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil d’un mineur aux fins d’exploitation ».Parmi ces 42 suspects, 10 ont été reconnus coupables et ont écopé de peines devant les tribunaux.

Toutefois, ces chiffres demandent à être confrontés avec les données de l’annuaire statistique du Ministère en charge de la justice produit en année N+1.

Les poursuites judiciaires participent à la prise en charge psychologique des victimes et contribuent à leur réhabilitation

(29)

5.5. Réhabilitation/Réinsertion

Toutes les mesures d’urgence prises en amont contribuent à la réussite des actions pérennes, susceptibles d’offrir des alternatives aux enfants en situation de traite ou à risque dans le cadre de la réhabilitation et de la réinsertion.

Les actions de réhabilitation/réinsertion sont différenciées, c’est-à-dire centrées sur l’enfant victime et guidées par les principes de la CDE.

Une démarche participative est donc menée avec l’enfant et sa famille autour de ses besoins essentiels et dans son intérêt supérieur. Dans cette dynamique, des enfants sont inscrits et suivis par les services sociaux pour la scolarisation (enseignement primaire et post primaire), la formation professionnelle (menuiserie, soudure, mécanique automobile et cyclomoteur, électricité) ou le perfectionnement auprès d’un maitre artisan. D’autres bénéficient d’appui en activités génératrices de revenus (AGR) soit directement soit par l’intermédiaire de leurs parents. Ces derniers bénéficient également de la guidance parentale dans une perspective de renforcement de leur rôle de parent donc de protecteur de l’enfant.

Tableau 6 : Situation des actions de réhabilitation par région et par genre Activités

Régions

AGR

Placement Formation Professionnelle

/Scolarisation

Abandons Effectifs réels

G F Total G F Total

Boucle du Mouhoun 0 22 13 35 10 4 14 21

Cascades 0 69 31 100 3 4 7 93

Centre 0 16 0 16 6 0 6 10

Centre-est 57 54 18 129 2 2 4 125

Centre-nord 0 9 3 12 0 0 0 12

Centre-ouest 0 2 0 2 0 0 0 2

Centre-sud 0 11 0 11 2 0 2 9

Est 0 11 2 13 0 0 13

Hauts Bassins 0 47 23 70 5 2 7 63

Nord 0 4 1 5 0 1 1 4

Plateau central 2 3 2 7 1 1 2 5

Sahel 0 7 0 7 0 0 0 7

Sud-ouest 40 16 14 70 0 0 0 70

TOTAL 99 271 107 477 29 14 43 434

Le Tableau 6nous renseigne sur les placements en formation professionnelle et la

(30)

Malgré le fait que les parents et les enfants ont été parties prenantes des projets de placement et de scolarisation des enfants, il y a quand même des abandons (11%).Le plus grand nombre d’abandons est constaté dans la Boucle du Mouhoun, sur un effectif de 35 enfants placés en formation professionnelle, 14 ont abandonné soit 40%. Ces abandons pourraient s’expliquer par la faiblesse du suivi et l’insuffisance de l’accompagnement des parents dans le processus de réinsertion.

On constate également que c’est seulement dans trois régions(le plateau central, le sud-ouest et le centre-est) que des AGR ont pu être octroyées aux bénéficiaires.

Dans le plateau central, ces AGR ont été octroyées par l’entremise d’actions locales intégrées. Dans les deux autres régions, c’est grâce au financement de Fonds Enfant que ces AGR ont été octroyées. Les autres localités du fait qu’elles n’ont pas bénéficié d’appui financier, n’ont pas pu réaliser cette activité.

VI. SUIVI ET COORDINATION

Les actions de prévention, de prise en charge et de réhabilitation ont été menées au niveau déconcentré par les acteurs étatiques en collaboration avec les partenaires techniques et financiers. Les activités ont été réalisées sous la coordination et la supervision de la DGEPEA/DLVE.A cet effet, et au titre de l’année 2015, les PTF ont octroyé à la DGEPEA un accompagnement financier pour la sensibilisation des populations, l’interception et la prise en charge des enfants victimes ainsi que leur réinsertion socioéconomique.

Ces financements prennent en compte également la dimension du suivi-supervision des acteurs pour une meilleure coordination des actions ainsi que de la collecte des données relatives à la traite et aux autres pires formes de travail des enfants.

Le suivi et la coordination des actions permettent à la DGEPEA de consolider le rapport annuel sur la traite des enfants.

De façon pratique, le suivi et la coordination consistent à tenir des cadres de concertation et à effectuer des sorties de suivi-supervision dans le but de faire la situation de la mise en œuvre des activités et d’orienter les actions de la lutte contre la traite des enfants dans les quarante-cinq (45) provinces du Burkina Faso.

(31)

VII. PARTENAIRES

Dans le cadre de la lutte contre la traite des enfants, la collaboration et la concertation sont deux éléments incontournables. Pour sa part, la DGEPEA, structure étatique de coordination de la lutte au plan national, a bénéficié de l’accompagnement fort appréciable de certains partenaires techniques et financiers que sont :

GIZ/PROSAD ;

Fonds Enfants ;

Unicef ;

Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) ;

Save the Children international ;

Bureau central national Interpol ;

Association des Enfants et Jeunes Travailleurs du Burkina (AEJTB) ;

Syndicat National des Transporteurs Routiers et Voyageurs du Burkina (SNTRVB) ;

Réseau Afrique de l’Ouest pour la Protection de l’Enfant (RAO) ;

Plan Burkina ;

Terre des hommes Lausanne (Tdh) ;

Association d’Aide à l’Enfance KEOOGO ;

Croix Rouge Burkinabé ;

Christian Children’s Found of Canada (CCFC) ;

End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking of Children for Sexual Purpose (ECPAT) ;

Autres structures étatiques (MFPTSS, MATDS, MJDHPC, MENA, MS, MEMC, MITD, etc.)5

5MFPTSS : Ministère de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale

MATDSI : Ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure MJDHPC : Ministère de la justice, des droits humains et de la promotion civique

MENA : Ministère de l’éducation nationale MS : Ministère de la santé

Ministère de l’énergie, des mines et des carrières

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