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Interceptions

Dans le document MINISTERE DE L ACTION SOCIALE (Page 18-26)

V. ACTIONS DE LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ENFANTS AU BURKINA

5.2. Interceptions

Concomitamment à la prévention, un certain nombre de dispositions sont prises pour assurer aux enfants en situation ou à risque de traite, une protection dans le respect du principe cardinal de l’ « intérêt supérieur de l’enfant » et ce, conformément aux dispositions légales en vigueur au Burkina Faso.

C’est dans cette optique qu’au cours de l’année 2015, les acteurs de la lutte contre la traite des enfants ont procédé sur l’ensemble du territoire national à l’interception et à l’accompagnement de 1 099 enfants identifiés comme victimes, présumées victimes ou à risque de traite..

Tableau 2:Situationdes interceptions par Province et par Région

DONNEES INTERCEPTIONS DES CVS 2015

REGIONS /PROVINCES TRAITE INTERNE TRAITE EXTERNE TOTAL

PROVINCE TOTAL REGION

CENTRE SUD

Graphique 1 : Situation des interceptions par région

L’examen du tableau 2 et du graphique 1 indique que toutes les régions du Burkina ont mené des activités entrant dans le cadre des interceptions.

La région du Sud-Ouest a connu le plus grand nombre d’interceptions soit 283 enfantsdont124 interceptions pour la seule province du Ioba.

Par contre, 12 des 45 provinces n’ont déclaré aucune interception dans leur circonscription. N’ayant pas eu d’explications à cet effet, cela laisse présager 3 hypothèses :

le mécanisme interne de collecte de données n’a pas du tout fonctionné pour capitaliser les actions de terrain ;

aucune action dans ce sens n’a été entreprise dans ces 13 provinces par aucun des acteurs ;

le phénomène n’existe plus dans la zone durant l’année 2015.

En tout état de cause, cette situation interpelle et commande à plus d’égard et d’actions ciblées sur ces provinces afin de saisir les déterminants et agir en conséquence.

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

200 GARCONS FILLES

Graphique 2 : Typologie des interceptions d’enfants présumés victimes de traite

Au regard du graphique 2, il y a une prépondérance de la traite interne (83,35%) sur celle transfrontalière (16,65%).

Cependant, au niveau de certaines provinces, les tendances sont inversées. En effet au Kadiogo, sur 54 interceptions, 31 concernent la traite transfrontalière soit 57%, dans la Tapoa, 20 interceptions transnationales sur 23soit 87%et au Kénédougou, sur les 19 interceptions effectuées, toutes concernent la traite transfrontalière soit 100%. Cette situation particulière de ces 3 provinces peut se justifier par :

le fait que le Kadiogo, en tant que grande agglomération, est et reste une attraction pour les enfants et un appât pour ceux qui utilisent la main d’œuvre infantile pour des activités économiques ou à d’autres types d’exploitations. Cette province semble en outre être la zone de transit pour bon nombre d’enfants des pays voisins. C’est le cas des filles nigérianes et ivoiriennes maintes fois retirées des "griffes" des trafiquants ;

le Kénédougou et la Tapoa, zones frontalières sur quatre pays à savoir, le Mali et la Côte d’Ivoire pour le premier, le Niger et le Bénin pour le second sont par excellence des espaces de circulation d’enfants, donc propices à la traite.

83,35%

16,65

Interception d'enfants présumés victimes de traite interne Interception d'enfants présumés victimes de traite externe

La traite des enfants et les autres pratiques assimilées sont donc des pratiques qui sévissent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales.

Les cas d’interception peuvent être considérés dans le cadre de la traite nationale ou internationale.

Tableau 3 : Situation des interceptions par type et par sexe Sexe

Le tableau 3nous révèle que la traite concerne aussi bien les filles que les garçons.

Au niveau de la traite interne, les garçons sont les plus touchés tandis qu’à l’externe ce sont les filles qui sont les plus victimes de cette pratique en terme de nombre.

Cette réalité corrobore le fait que ce sont les garçons qui sont les plus exploités sur les sites d’orpaillage et dans le domaine de l’agroforesterie4. En effet, au Burkina Faso, ces deux domaines d’activités sont légion dans toutes les régions pour ce qui est de l’exploitation artisanale de l’or et les régions de l’Ouest et l’Est pour l’agroforesterie. Pour la traite externe, les activités de prédominance restent les travaux domestiques ou d’aide-ménagère, l’emploi dans les débits de boisson et l’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Pour la quasi-totalité de ces activités sus mentionnées, les filles sont les plus sollicitées donc exposées à la traite transfrontalière et cela dans les deux sens c’est-à-dire des filles burkinabè victimes à l’étranger et es filles étrangères victimes au Burkina Faso.

Pour freiner ce phénomène, plusieurs acteurs contribuent à l’œuvre d’interception, au nombre desquels, la Police, la Gendarmerie, les autres Forces de Défense et de Sécurité (Eaux et forêts, Douane, Militaire) le monde communautaire (associations, ONG).

CERFODES, Evaluation finale du projet « enfants dans les mines d’or et carrières artisanales dans 5

Graphique 3 : Situation des interceptions par acteur

Le graphique ci-dessus représente les actions des acteurs intervénant dans le processus d’interception des enfants présumés victimes de traite. De ces acteurs, la police est la structure la plus citée qui intercepte le plus. Cela peut s’expliquer par sa présence plus significative sur le terrain. En plus, la communauté et les transporteurs identifient et signalent les cas d’enfants présumés victimes de traite aux services administratifs. Malheureusement, il sied de mentionner que les transporteurs sont toujours à la traine dans le signalement surtout lorsque l’on sait que la plupart des enfants se déplacent à l’aide de moyens de transport en commun.

Nonobstant les faiblesses constatées à certains niveaux, il faut souligner qu’au cours des cinq dernières années, des efforts sont régulièrement consentis dans la lutte contre la traite avec la poursuite des actions d’interception.

49%

16%

1%2%

32%

N=179

Police Gendarmerie Autres FDS Transporteurs Communauté

Graphique 4 : Evolution des interceptions au cours des cinq dernières années

Le Graphique 4 nous indique la courbe d’évolution des interceptions au Burkina Faso de 2011 à 2015. Elle a connu un pic en 2012 avec 1910 interceptions. Ce résultat est tributaire à l’« Opération Tuy », une action de police conduite par la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN), en collaboration avec le MASSN et l’Organisation Internationale de Police Criminelle (O.I.P.C Interpol) sur la lutte contre la traite des enfants dans les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Houndé ayant abouti à l’interception de plusieurs centaines d’enfants. Depuis cette date, les interceptions ont décliné.

Ces résultats semblent indiquer une tendance à la baisse du phénomène si l’on se fie uniquement à ces chiffres. Mais cela peut être dû à la baisse des activités liée à l’insuffisance des ressources pour mettre en activité l’ensemble des chainons de la lutte contre la traite.

L’interception n’est pas la seule stratégie dans la procédure d’intervention en matière de traite. Cette procédure intègre d’autres types de réponses notamment la prise en charge holistique ; celle qui est à même de permettre d’éviter la récidive et favoriser une meilleure protection de l’enfant. Cette prise en charge holistique permet aussi d’évaluer la situation particulière de chaque enfant et ainsi de distinguer les situations de traite et celles de mobilité. Les enfants qui sont en situation de mobilité

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sans être victimes de traite sont ainsi accompagnés dans le cadre de leur intérêt supérieur et protéger le long de leur itinéraire.

Dans le document MINISTERE DE L ACTION SOCIALE (Page 18-26)

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