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Détermination du cours de la rivière d'Arve près de son confluent dans le Rhône quelques siècles avant l'Ère chrétienne et hauteur
approximative du niveau du lac Léman à la même époque
COLLADON, Daniel
COLLADON, Daniel. Détermination du cours de la rivière d'Arve près de son confluent dans le Rhône quelques siècles avant l'Ère chrétienne et hauteur approximative du niveau du lac Léman à la même époque.
Archives des sciences de la bibliothèque universelle, 1874, p. 1-4
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'LA RIVIÈHE D'AHVE·
D�\' :..r
PRES DE SON CONFLUENT DANS LE RHONE
(HJELQUES SIÈCLES AVAN'l' L'}�RE CHRBTIENNE ET Hj\UTEUR APPROXIMATlVE DU NIVEAU DU LAC LÉMAN
A LA �IlhlE �;POQUE
:D. ôLL/fDoN 18'f4
(Résumé de deux mémoires publiés en septembre 1870 et en octobre 187'!, dans les .1rdiives des sciences de la Bibliothèque ,miverselle. - Imprimerie Schuchnrdt, Ge11<.::\,:)
·Il existe d'innombrables preuves d'un abaissement considé
rable du niveau du lac Léman et de celui du cours du Rhône
ÉTFHMINATION-ABORATOIRE
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depuis des temps fort anciens et antérieurs à l'existence de l'homme.
Dès 1780, H.-B. de Saussure admettait que le lac Léman devait avoir eu une hauteur et une étendue bien supérieures à.
celles de son époque; il dit dans le voyage dans les Alpes, para- graphe 215, que la vartie la plus élevée de la ville de Genève }id longtemps nne presqu'île entoiirée d'eau de toute part; ex-
ceJJté du côté de Climnvel.
A.prè · lui, tl ominent g olognes : 1.lM. Mol'lot, D. · •lia1·pe, B. Dau e Alph. Favre, ont chel' lié à d montrer pnt l'ol.J eJ·va- tion d couches inclinée , fine· et 1• glùière , qui ompo nt d tenn.sse · élevé de plu i m·s mè r au-dessus du uivMu nrituel d11 lac, prè. d contlt~ nt de toneut , que cc dépôt r gulior. n ont pu s eft'ectu 'I' qu c'la.n l' au cl'un la· L ma,n, qui 'était lo11gt mp main tenu à le· niven1Lx upéri ur, ù 'un grand nombre d mèt1: au 11i v au moyeu actu l.
J 'ai eu rnoi-rnêm l 'occn ion ù •érifier par un nombr con i- d rahlo cl'ob, ervn.tion , que 1 pll\t ait entier d ' Trau ·hée nu sud-est de Genève, et la colline de l'ancienne ville, sont une
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même terrasse lacustre, composée de sables et de graviers déposés en couches régulières inclinées de 30 à 37 degrés, ayant toutes leur direction d'inclinaison vers le nord-ouest.
L'observation de ces sables au microscope et les analyses chimiques montrent qu'ils sont formés de débris de roches cris
tallines provenant de la chaîne des hautes Alpes et qu'ils sont en tout identiques aux sables que l'Arve dépose actuellement.
Un fait important qui avait échappé aux observateurs nommés ci-dessus, et que j'ai pu constater sur la terrasse lacustre des Tranchées et de Contamine, c'est le recouvrement de toutes ces couches inclinées par une couverture horizontale continue composée de galets, dont la grosseur moyenne dépasse notable
ment celle des graviers déposés en couches inclinées.
Dans ma notice de 18.70 j'ai expliqué, pages 47 et 48, que la hauteur moyenne de cette couche horizontale est la seule indi
cation précise de la hauteur moyenne à laquelle le niveau du lac avait dù se maintenir pendant une longue période 1•
Pour le lac Léman, à l'époque oü le courant de l'Arve dépo
sait les couches inclinées de la terrasse des Tranchées, la hau
teur moyenne de son niveau dépassait de 28 à 30 mètres le niveau actuel.
§ 2.
Le nouveau théâtre de Genève situé près de la Corraterie et de la Place Neuve, occupe près de 3000 mètres carrés et sa construction exigeait des fouilles et des déblais très étendus et profonds.
Ces fouilles exécutées en 1874 ont mis en évidence un ancien lit de l'Arve dont les dépôts, sables et galets n'avaient jamais été remaniés.
Sous cet ancien lit, on atteint le banc de glaise glaciaire que l'on sait exister sous Contamine et Champel et se prolonger sous le Rhône près Genève.
'. L'illustre géologue E. Desor, en parlant de mes observations sur
les terrasses lacustres dans une lettre à M. A. Faisan, publiée à Nice en 1880, attribue par erreur cette importante observation à M. Dausse.
Voir à ce sujet ma notice publiée dans ie bulletin de la Société géolo
gique de France, 3me série, t. III, p. 661, séance du 29 août 1875.
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Cet ancien lit des graviers de l'Arve est situé immédiatement au bas de la colline cle la Tertasse, il est mélangé cle débris de poteries, et la disposition imbriquée de ses galets constate la . direction d'un courant du sud-est au nord-ouest.
Le nivea11 d la plateforme (l glai u1: laquell
lit reposait, e .. t un fait d'un in r t caJ>ital J ot11· fa éoO'r�phi de la Genèv · antique, et peut l'Vit· il dét rmin r l , LÜV aux comparatifs du lac actuel et de ce même lac, à une époque anté
rieure probablement de peu de siècles à l'ère chrétienne.
L'historien lyonnais Spou a publié en 1680 et 1682 une his
toire de Genève dans laque1le il a donné une carte fantaisiste de Genève et ses alentours à l'époque romaine, et il a oublié d'y faire figurer la rivière d'Arve qui se jette aujourd'hui dans le Rhône, à un kilomètl'e de la Coulouvrenière, mai. qui peu avant l': re chrétienne d · vnit avoir son confluent un peu n amont de cette localité et très près de la colline oü Genève a été primi
tivement bâtie.
En eff t, 1 n mbr ux Ü'agm ,lits de pot rie ontcnu dan l'ancien lit de l 'Arve, 1· tr ltvé d . nos jours près de la Col'l'a
terie, d'moutr 11 que t i:ivi�l'P. coulai da:n cette localité à une époque séparée de peu de siècles de la fondation de Rome et lorsque l'u ·ng des poteries cuites au feu était déjà général dans nos contrée .
Genève occupait alors une position stratégi.ql1C facile à défen
dre et analogue à celle cl 'autres cités ancienne· bâties sur des collines ou des promontoires partiellement entourés d'eau.
Cette position du cours de l'Arve à une époque oil ses bords étaient déjà habités et où la colline de G nèv devait abriter une bourgade, est un fait indéniable. - J'ai appelé, en 1874;
plusieurs ingénieurs à constater les observations ci-dessus et en particulier l'éminent ingénieur en chef du canton d Vaud l\'I. Louis Gonin, qui a bien voulu assister à ces con ta.ration et vérifier lui-même la disposition et la nature de ces lits horizontaux cle gravi r d ,thl et d crnlet. non remanié·, il a vu qu· l'imbrication 1, 11x.-c.i démontre que la rivièr• qui les avait dépo ; c jetait direct m ut dn.11 le Rhône en aval de la ville et que ces sables et gravier.s étaient identiques à ceux que l'Arve charrie de nos jours.
De plus, les analyses chimiques de M. J. Brun minéralogiste habile et président de la Société de pharmacie de Genève ont constaté cette identité.
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La mise à nu de la couche de glaise glaciaire sur laquelle ou a retrouvé ces sables et graviers prov(;lnant des Alpes et 1Mpo par le courant de 1 A1·ve ancienne , permis de préciser lu niveau minimum du lac à. ]''époque oü ces graviers arnient déposés.
I , m · ur g · ométl'iqu sétHtrément pnr �[. l 'iu ni u1· 1ncWt et ·Montfol't, et M. l'in uieur g omètl!e Jn,uin Bov_, il r''ult· qn hi mface .upél'iem· a ce lit d "ln,isc
�itu I an-d · ·on .dtt lit cl gravier m· lequel couln.it l'Ar\l il
· tt 'p .que, t iniëri lH' . ul melit de 0"', 5 ptu.' rapport nu niv · u moyen du lac actuel et qu'il est plus élevé d'envil'on qm\.t1• mëti;e au-dessus du fond du lac actuel, entre les Pâquis
<> l hor<l opposé.
Dans ces conditions, le niveau moyen du Léman devait à la même époque être de trois mètr s au moins plus élevé que dans notre sièc.le, car sans cela le Rhône inférieur n'aurait' pu v.\.i:;ter et 1 'Arve aurait dû habituellement refluer dans le lac eu s'unis
sant au Rhône du Valais pour surélever son niveau.
D. CüLLAÜON.
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