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Quand l’hyperspécialisation ouvre la voie à la clinique et à la recherche

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Academic year: 2022

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Canal Psy n°122 10 Les premiers pas

J

’ai été diplômée en 2015 et j’ai choisi d’orienter mon parcours, d’étudiante puis de jeune psychologue, vers l’accompagnement des personnes déficientes visuelles. Aujourd’hui ma pratique auprès de ce public est double puisque deux métiers distincts composent et rythment mes semaines.

Ma première « casquette » est celle de psychologue clinicienne dans un service de rééducation accueillant des adultes déficients visuels. Mon travail auprès d’eux est composé d’entretiens individuels et de la coanimation d’un groupe d’accueil destiné aux nouveaux arrivants. Dans ce cadre, j’accompagne un public vulnérable et en souffrance sur le plan psychique : les patients sont bien souvent pris dans de douloureuses problématiques de perte, de deuil par rapport à leur vue, et ils cheminent dans leur vécu du handicap tardif.

L’autre moitié de la semaine, bien que restant toujours psychologue, je travaille sur un versant plus scientifique en tant qu’ingénieure de recherche, au cœur d’une étude innovante consacrée à l’apport du chien d’éveil auprès de très jeunes enfants aveugles. Ce projet est porté par le laboratoire DIPHE de l’université Lyon II, en collaboration avec des organismes spécialistes de la déficience visuelle.

Depuis maintenant plus de deux ans, je suis chargée de la mise en œuvre de ce projet auprès des familles.

Cela passe entre autres par des évaluations du développement et des progrès des enfants, que je réalise à domicile deux fois par an. À cela s’ajoute un suivi mensuel de chaque enfant, à travers des vidéos et des questionnaires envoyés par les parents.

Pouvoir bénéficier après ma licence d’une formation axée sur la question du handicap, grâce au master en psychologie de la santé, m’a permis de teinter de manière forte mon cursus, tout en constituant mon bagage de psychologue clinicienne.

Mais au-delà de cette spécialisation, je dirais que j’ai aussi pris le risque d’une « hyperspécialisation » en faisant le choix très tôt de réaliser la quasi-totalité de mes stages auprès de personnes aveugles. Avec le recul, je mesure combien ce risque a été payant.

En effet, aujourd’hui grâce aux connaissances et compétences acquises par ma formation universitaire, et aux expériences de terrain, j’ai eu la chance d’être très vite repérée, reconnue et légitimée en tant que professionnelle, par et pour cette spécialisation dans

le champ de la déficience visuelle. Cela me permet aujourd’hui de faire l’expérience d’une pratique à la fois très spécifique, mais aussi plurielle ; à la fois dans la clinique et dans la recherche.

Ce début de carrière multiple est passionnant : je me positionne tantôt dans l’écoute de la souffrance et l’accompagnement psychologique de patients adultes, tantôt dans le travail délicat d’observation à domicile d’enfants aveugles, au cœur de la vie des familles. Cela m’impose une constante souplesse entre deux postures et identités professionnelles, qui se côtoient sur la semaine, et se répondent parfois quant aux problématiques rencontrées. De même, je fais l’expérience de cadres de travail différents et chacun porteur de leurs enjeux : si le bureau du psychologue rassure quand on débute, en revanche, quel cadre autre peut-on penser, construire, créer, en tant que psychologue-ingénieur de recherche dans l’observation à domicile auprès d’un tout petit qui ne voit pas ? Aussi, je perçois combien il est long et délicat pour nous, jeunes psychologues, d’élaborer un positionnement professionnel, en appui sur notre cadre interne en pleine maturation, en étant sans cesse mis à l’épreuve par la richesse quotidienne de nos pratiques cliniques. L’aventure ne fait encore que commencer !

Pauline M

Arin

Quand l’hyperspécialisation ouvre la voie à la clinique et à la recherche.

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