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Etude préliminaire de la géologie, de la morphométrie et de la physico-chimie des plans d'eau naturels des vallées de Barberine et du Vieux-Emosson en Valais, Suisse

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Etude préliminaire de la géologie, de la morphométrie et de la physico-chimie des plans d'eau naturels des vallées de Barberine et

du Vieux-Emosson en Valais, Suisse

SESIANO, Jean & Electricité d'Emosson S.A.

Abstract

Tous les plans d'eau naturels des vallons de Barberine et du Vieux-Emosson, en Valais, ont été investigés en ce qui concerne leurs paramètres physiques et la composition de l'eau.

L'origine géologique a été déterminée. Certains plans d'eau sont très récents, découverts par le recul des glaciers.

SESIANO, Jean & Electricité d'Emosson S.A. Etude préliminaire de la géologie, de la morphométrie et de la physico-chimie des plans d'eau naturels des vallées de Barberine et du Vieux-Emosson en Valais, Suisse. Genève : Electricité d'Emosson S.A., 1993, 60 p.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:41879

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

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DE LA MORPHOMETRIE ET DE LA PHYSICO-CHIMIE DES PLANS D'EAU NATURELS

DES V ALLEES DE BARBERINE ET DU VIEUX-EMOSSON EN V ALAIS, SUISSE

Dr. Jean SESIANO

Université de Genève Département de Minéralogie

Mars 1993

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ETUDE PRELIMINAIRE DE LA GEOLOGIE, DE LA MORPHOMETRIE ET DE LA PHYSICO-CHIMIE DES PLANS D'EAU NATURELS

DES V ALLEES DE BARBERINE ET DU VIEUX-EMOSSON EN V ALAIS, SUISSE Dr Jean SESIANO 1

RESUME

Cette étude présente l'origine géologique, la description Inorphoinétrique et bathymétrique ainsi que la physico-chimie ponctuelle des plans d'eau alpins naturels des vallons de Barberine et du Vieux-Emosson en Valais, Suisse. Si la majeure partie des plans d'eau existaient depuis longtemps, ce n'était pas le cas dans la région des Fonds où tous les lacs ont été mis à jour très récemment par le recul glaciaire. Des zones karstifiées de ce secteur montrent en outre des soutirages d'eau au détriment de la retenue d'Emosson. En ce qui concerne la physico-chimie des eaux analysées, on mesure ce qu'on peut attendre dans un environnement haut-alpin à substratum métamorphique ou sédiinentaire, c'est-à-dire une minéralisation en général faible.

ABSTRACT

The purpose of this study is to determine the geological setting, the morphometry and the bathymetry as well as to obtain instantaneous physico-chemical data of the natural Alpine lakes located in the Vieux-Emosson and Barberine valleys in Valais, Switzerland. Although most of these lakes were formed long ago, all those present in the Fonds region are very recent, having been uncovered by the glacial retreat of the last few years. Furthermore, a underground drainage was discovered, which is due to the highly fissured limestone. As far as the physico-chemistry is concerned, we detected what might be expected of such a high altitude and remote environment, which consists mainly of metainorphic and sedimentary rocks: the water is generally po orly mineralized, ionie contents being close to the "norm".

1 Département de Minéralogie de l'Université- 13, rue des Mmaîchers- 1211 GENEVE 4- Suisse

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1. INTRODUCTION

Le présent travail consiste en l'inventaire de tous les plans d'eau naturels et permanents du bassin-versant d'Emosson, en Valais, ainsi qu'en une description sommaire des plans d'eau temporaires et des zones humides les plus importantes.

La visite des plans d'eau s'est déroulée en 1991 et 1992, principalement durant les mois de juillet à octobre qui sont les plus favorables à un tel travail. En effet, un certain nombre d'entre eux sont situés près de la limite des neiges permanentes, ou ligne d'équilibre, c'est-à- dire à environ 2500 rn dans notre secteur (Vivian, 1975; Gauthier, 1973; Perret, 1922). Ils ne seront donc totalement libres de glace que 2, voire 2.5 mois par an, la prise nocturne de l'eau par la glace débutant fréquemment en octobre déjà, avec l'allongement des nuits, un rayonnement nocturne intense dans un ciel automnal souvent très limpide, et l'arrivée occasionnelle de fronts froids pouvant parfois amener la neige à bien moins de 2000 rn au début septembre déjà (par exemple, les 1-2 septembre 1992). Cependant, on peut remarquer que la fin de la décennie 80 a été marquée par des moyennes annuelles de température plus fortes que les années précédentes, ce qui n'a pu être que favorable à notre étude.

Tous les plans d'eau permanents décrits dans notre étude ont fait l'objet de plusieurs investigations afin de:

- déterminer l'origine du lac et le placer dans son contexte géologique, l'un et l'autre étant souvent liés. Documents et observations de terrain en seront les bases.

-tracer la carte bathymétrique du lac, grâce à une navigation sur le plan d'eau. Le nombre de coups de sonde dépendra évidemment de la surface du plan d'eau, mais aussi de la topographie du fond: un relief cahotique obligera à utiliser une maille plus fine, et vice-versa.

- préciser la morphométrie du plan d'eau, parfois inédite s'il est de création récente, suite à un désenglacement, par exetnple. Elle sera effectuée à l'aide d'un topofil, avec une précision de 2%, et d'une boussole. Certaines mesures seront orientées pour replacer le plan d'eau dans son contexte géographique. Les lacs seront en outre situés à l'aide du système de coordonnées des cartes nationales suisses, et plus particulièretnent de la carte "Barberine" No 1324, au

1/25.000, qui recouvre toute la région étudiée (voir carte page suivante).

- par la morphométrie et la bathymétrie, obtenir d'autres éléments comme la surface, le volume et le creux du lac, ce dernier paramètre étant le rapport entre la profondeur maximum et ~surface. Des observations de l'hydrologie donneront une idée du temps de renouvellement de l'eau, et l'on pouna aussi noter les valeurs extrêmes du niveau de l'eau, pour autant que le lac soit sujet à de larges fluctuations. La transparence de l'eau sera aussi déterminée, à l'aide du disque de Secchi.

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DES VALLEES DE BARBERINE

de la CNS No.

" "

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- faire des analyses physico-chimiques de l'eau, anions et cations principaux, qui nous conduiront à une classification des plans d'eau. Il sera possible de les comparer à d'autres lacs du même secteur ou d'autres régions des Alpes.

- finalement, dresser un bilan de leur état de santé, celui-ci étant évidemment très fortement dépendant de la pression touristique plus ou moins forte s'exerçant sur leur environnement, donc en fait de leur plus ou moins grande facilité d'accès.

Il est clair que beaucoup de ces mesures, com1ne la transparence, l'état hydrologique et la physico-chiinie de l'eau, ne sont que des valeurs ponctuelles dans le temps et l'espace.

Cependant, même sur un cycle annuel, elles ne pourront pas s'éloigner de la norme d'une manière extraordinaire, sauf évènement tout à fait anormal (une crue catastrophique, ou une pollution accidentelle du lac, par exemple). Il sera donc possible de reprendre les mêmes mesures dans 5 ans, 10 ans, ou plus, pour discerner peut-être une évolution. Pour certains plans d'eau, à quelques 1nètres ou dizaines de mètres de fronts glaciaires, il pourra même peut-être s'agir d'une disparition pure et simple, soit que le glacier ait présenté une crue et recouvert le lac, soit que la sédimentation ait été si abondante que le plan d'eau en a été comblé.

Une fois ou l'autre, il s'avérera peut-être utile de savoir qu'il y a eu à tel ou tel endroit un plan d'eau, ou, ce qui est plus important dans le cas d'un lac proglaciaire et d'un glacier en crue, qu'il y a maintenant un plan d'eau sous-glaciaire. Cela pourrait éviter dans le futur des scénarios catastrophiques dus à une débâcle ou à la vidange soudaine d'une poche, par exemple.

Cet inventaire, même s'il n'est actuellement qu'une recherche pure1nent scientifique, sans application immédiate directe évidente, pourra à plus ou moins long terme mener à des applications pratiques qu'il n'est peut-être pas encore possible de développer plus précisément.

2. LES DIVERS TYPES DE LACS PRESENTS DANS L'INVENTAIRE

Nous sommes dans un environnement relative1nent récemment, voire même très récemment désenglacé; la variété dans l'origine des lacs étudiés est donc assez restreinte. On a en fait surtout affaire à des lacs de surcreusement glaciaire, que cela soit dans la région des Fonds, de Fontanabran, de la Terrasse ou d'Ifala, en zone de roches métamorphiques (gneiss surtout) ou sédimentaires (calcaires principalement). Aucun barrage par moraine n'a été observé, les pentes relativement fortes et le relief escarpé n'ayant pas permis le stationnement durable d'un glacier.

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Le seul plan d'eau échappant à cette unifonnité est le lac du Grenairon, disparu durant cette étude, dans les pentes dotninant le lac de retenue du Vieux-Emosson. Dans ce cas, on avait batTage par un petit glacier motibond, sous lequel l'eau a fini par se frayer un passage, ce qui a entraîné la vidange du lac.

3. DESCRIPTION DES DIVERS PLANS D'EAU

Nous allons d'abord passer en revue les plans d'eau dans le secteur du Vieux-Emosson avant d'aller dans la région de Barberine.

1. REGION DU VIEUX-EMOSSON

Les plans d'eau s'y répartissent en trois secteurs, à savoir la région du replat de la Terrasse, la région Ifala-Perrons y cotnpris les zones basses, proches de la route menant au Vieux- Emosson, et enfin la zone entre l'arête frontière franco-suisse et la rive gauche du lac du Vieux-Emosson.

Le cadre géologique du secteur est assez simple, même s'il a été structuralement fortement défonné: on observe les roches cristallines métatnorphiques de l'extrémité NE des Aiguilles Rouges de Chamonix, ainsi que leur couverture séditnentaire formée de grès, de cornieules, d'argilites, de dolomies et de calcaires, d'âge triasique (environ 200 millions d'années); sur le bord ouest du bassin-versant, on remarque les roches glissées de la nappe de Morcles, constituées de calcaires plus ou moins marneux et gréseux, datant du Lias et du Dogger. Des dépôts glaciaires et fluvioglaciaires du Quaternaire pourront etnpâter plus ou moins le relief.

L'englacement actuel est presque inexistant, à part quelques petits appareils résiduels moribonds. Mais il peut être utile de relever que sur la carte topographique nationale de 1878 au 1/50.000, la région Pointe de la Terrasse - Pointe de Sassey - col de lac Vert était bien englacée. On assiste donc durant le xxe siècle à un recul très net de l'emprise glaciaire.

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Le socle métatnorphique des Aiguilles Rouges avec plusieurs directions defracturation, vu du NW (secteur Ifala- Terrasse); l'aiguille Verte, à l'arrière-plan

A. Replat de la Terrasse

On observe dans ce secteur de gneiss et de schistes cristallins fonnant la partie NE de la chaîne des Aiguilles Rouges, trois plans d'eau principaux; il existe de plus de nombreuses petites nappes temporaires, s'asséchant totalement après quelques semaines sans précipitations.

LAC VERT (557.420/099.430/2610)

C'est le plus vaste plan d'eau naturel de notre étude. Il doit son existence à la présence d'une zone amphibolitique plus tendre, traversant le lac dans sa plus grande dimension.

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Celle-ci, mécaniquetnent tnoins résistante à l'érosion, a été exploitée par le glacier issu de la Pointe de Sassey (2724m) et de la Pointe de la Terrasse (2734 rn). Une rupture de pente au- dessus de l'extrémité NE du lac est à l'oligine de sa profondeur maximum dans ce secteur, soit 5.6 rn, puisque c'est là que le glacier avait sa plus forte c01nposante verticale du mouvement.

Les stries sur les roches moutonnées du seuil dominant le lac d'une vingtaine de mètres au NW, indiquent un mouvement de l'appareil responsable en direction du NW, c'est-à-dire vers le sommet du Cheval Blanc. On peut être surpris par l'ampleur du travail d'abrasion mécanique d'un tel glacier, au cirque d'alimentation si réduit, à savoir une surface de 6 ha, et qui devait recouvrir le seuil dont on vient de parler de 10 à 20 rn de glace, pour y laisser une signature aussi évidente.

Vue aérienne du lac Vert, du SW (3.10.91)

Il semble qu'il faille incriminer une érosion régressive du cirque de Loria qui a donc entraîné une diminution de surface de celui de la Terrasse. En d'autres termes, le bassin- versant du glacier responsable du creusement des lacs de la Terrasse (versants suisse et français, du reste), s'étendait auparavant plus largement en direction de l'est, et plus haut également (phénotnène de capture). Les nombreuses et profondes fractures, parallèles au bord de la falaise au voisinage du col de la TeiTasse, en sont les tétnoins muets, ainsi que les éboulis au pied du col, versant Loria.

De ce glacier, il ne reste qu'un appareil moribond, diminuant de surface d'année en année, mise à part une phase de stationnement durant le début des années 80. Il domine la rive SE du lac de 2 à 3 rn, celle-ci se poursuivant sur quelques mètres sous la glace. On peut relever

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qu'un croquis de Collet (1943) nous tnontre encore plus de la moitié du lac sous ce glacier.

La fonte amène un ruissellement diffus. L'exutoire se trouve à l'angle ouest du lac, sous la forme d'un petit torrent au débit très variable, de quelques Vs en crue, à 0.1 Vs à l'étiage.

Celui-ci s'engouffre au bout de quelques dizaines de mètres sous les restes d'un glacier par un large porche. Cet appareil est en position d'abri, derrière l'arête frontière, et sous le point 2661 rn; il est orienté vers le NE. Les fluctuations de niveau du lac sont insignifiantes.

La cuvette lacustre présente une fosse courant transversalement au lac, sur le tracé de la zone de moindre résistance. Sur le front du glacier actuel, la profondeur est faible et uniforme, moins d'un mètre. On observe dans cette crique une petite île. De l'autre côté du lac, on a également une etique de profondeur équivalente, parsemée de quelques blocs et d'un creux plus marqué: c'est sans doute un comblement partiel par du matétiel morainique qui en est la cause. Selon la plus ou moins grande proximité des dernières précipitations, la transparence de l'eau est variable.

Un prélèvement d'eau a été fait le 30.9 .91. L'analyse nous montre une conductibilité très basse, traduisant une faible minéralisation. L'eau présente un pH proche de la neutralité.

Ammoniaque, nitrites et nitrates ont des valeurs faibles, témoignant de l'environnement très minéral du lac: on n'y trouve que quelques lichens et tnousses. Ceci est confirmé par la faible valeur du carbone organique total (COT) dissous. Le bassin-versant comportant des roches métamorphiques (gneiss, schistes cristallins et atn phiboles) et sédimentaires (affleurements restreints d'argilite), silice, calcium et tnagnésium sont donc présents, mais en faibles quantités. Quant aux chlorures, on a une valeur en accord avec ce qui est apporté par les précipitations atmosphétiques.

Lors de diverses visites au lac Vert, on a relevé une température de 10" en surface et de 7.Y au fond, avec une transparence de 2.6 rn, le 25.9.91, lors d'un prélèvement d'eau, et une température de 10.5" en surface et un débit de l'émissaire de tnoins de 2 Vs, le 11.9.92.

LAC LONG (557.280/099.580/2585)

Ce plan d'eau a une fonne très allongée, et il a été baptisé en conséquence. Il n'est qu'à une centaine de mètres du lac Vert, et une vingtaine de mètres plus bas. Le torrent qui l'alimente, provient du reste de ce plan d'eau, après passage sous le reste d'un glacier adossé à la crête frontière, sous le col du lac Vert. Le lac Long est situé sur le trajet du glacier qui a engendré le lac Vert, sur le tracé d'une importante fracture orientée SW-NE. Ce glacier ayant franchi l'épaulement dominant le lac Vert, et la pente s'accentuant, il n'a eu aucune peine à élargir cette zone broyée, donc affaiblie, transverse à son chetninement. Après un "rebond", ce glacier allait rejoindre l'appareil prenant naissance sous le col et la Pointe des Corbeaux. Le lac Long est en fait constitué de trois bassins séparés par des seuils rocheux. Ces derniers

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sont chaque fois situés en position d'abri, derrière des mamelons localisés plus haut: la glace avait donc tendance , en les contournant, à y travailler denière moins intensément.

Entre le lac Vert et le lac du Vieux-Emosson, les trois bassins du lac Long;

au-dessus du lac Vert, le lac du Charma; vue aérienne du 3.10.91

Sur la rive droite de la première cuvette, à une quinzaine de mètres du portail glaciaire d'où est issu le torrent alimentant le lac, on observe une dalle de grès (pendage 35° WNW). Elle nous indique que l'on a affaire à une faille inverse: le compartiment dominant le lac au NW (pt. 2594 In) ayant été relevé (rejet) d'une quarantaine de mètres environ. D'après Collet (1943), ce serait une "faille de tassement du cristallin", de direction alpine. Ces failles longitudinales, fréquentes, se remarquent en effet souvent en bordure du cristallin. Cet accident se poursuit du reste au SW: il est responsable du col pennettant de traverser des lacs de la Terrasse, sur le versant français, au lac Vert. Un de ces lacs du reste, le lac sud de la Terrasse d'En Bas, décrit dans une étude de tous les plans d'eau naturels de la Haute-Savoie (Sesiano, 1992), présente en fait exactement les mêmes caractéristiques, tout en étant plus court. Mis à part ces grès, tout autour du lac Long affleurent des gneiss, moutonnés et striés.

Le bassin amont du lac, peu profond, est comblé rapidetnent par les sédiments apportés par l'affluent qui traverse un lambeau de la couverture sédimentaire (grès et cargneules), sous le col dont on a parlé ci-dessus. Un second bassin lui fait suite, dont la profondeur maximum atteint 1.6 rn, devant l'exutoire. L'émissaire cascade en direction de la dalle portant, près de 200 rn plus bas, les célèbres empreintes de pas de dinosaures. Une seconde cuvette atteint 1.4

rn de profondeur, à l'autre extrémité de ce bassin. Un troisième bassin, le plus petit, s'étire 10

rn plus loin. Il est peu profond, 0.8 rn, et est alimenté par le second; ce dernier possède donc

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deux émissaires, ce qui est inhabituel pour un lac. Cela montre qu'il n'a pas encore atteint son équilibre, l'un des deux étnissaires finissant toujours par l'etnporter. Ce troisième bassin reçoit également de l'eau de deux petites dépressions dans les roches moutonnées. Son émissaire se dirige aussi vers le site des dinosaures.

Les fluctuations de niveau du lac Long sont faibles, 0.1 m. Vu la faible profondeur de l'eau, le fond est en général visible. Lors d'une visite le 25.9.91, de l'eau a été prélevée pour analyse. Elle est plus tninéralisée et bien plus basique que celle du lac Vert. Cela provient sans doute des carbonates du ba~sin-versant s'ajoutant à ceux, en faible quantité il est vrai, du lac Vert. En ce qui concerne l'ammoniaque, les nitrates, les nitrites et le carbone, les remarques faites au sujet du lac Vert restent valables. Quant au calcium, au magnésium et au strontium, on a des valeurs plus fortes que pour le lac Vert, une partie du bassin-versant étant sédimentaire. Enfin, on observe la présence de sulfate, issu sans doute des roches triasiques.

On peut tnentionner que le 25.9.91, lors du prélèvement d'eau, le premier bassin était homotherme à 12", et que le fond, fonné de sable et de liinon noir sur 5 cm, puis de galets, était bien visible; à la tnême date, le second bassin était homotherme à 11°, et le fond, formé de limon noir avec quelques algues dans la partie NE du lac, était visible. A quelques dizaines de mètres à l'est du troisième et dernier bassin, on constate le présence d'un vieux pluviomètre écrasé et baignant dans une mare ....

Relevons enfin que le recul glaciaire semblant se poursuivre, le torrent reliant le lac Vert au lac Long coulera à l'air libre dans 2 ou 3 ans au lieu de circuler dans un vaste tunnel sous- glaciaire de 70 rn de longueur, au tracé semi-circulaire, et que l'on peut parcourir de bout en bout.

Entrée du tunnel reliant le lac Vert au lac Long (10.1992)

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Sortie du tunnel reliant le lac Vert au lac Long, visible à l'arrière-plan (10.1992) LAC DU CHARMO (557.540/099.660/2595)

C'est le plus petit lac de ce secteur, mais le glacier responsable de son creusement se dirigeait vers le nord, et non vers le NW comtne dans les deux cas précédents; ce sont les roches moutonnées et striées entourant le lac qui pennettent de l'affirmer. Sa cuvette présente un creux assez régulier, mais des projections sous forme de bras dans diverses directions témoignent de l'intense fracturation des gneiss et des schistes cristallins qui l'environnent. Par période sèche, les apports d'eau, presque inexistants, sont diffus. A la fonte des neiges ou après des pluies, un aftluent rejoint le lac à l'ouest: il provient de petites nappes d'eau temporaires, situées à une quarantaine de mètres à l'ouest, ayant entre 50 et 200 m2, et quelques dtn de profondeur.

L'émissaire, en direction de l'est, a un débit variant entre tnoins de 0.1 lis et quelques lis; les variations de niveau sont faibles, au plus 2 dm. La transparence de l'eau est variable, et le fond peut ne pas être visible si des pluies récentes ont amené des sédiments qui ne se sont pas encore décantés.

Un prélèvement d'eau a été effectué le 10.9.92 pour analyse. Il montre une minéralisation faible et un pH moyen. Les carbonates de calcimn et de magnésium sont très peu abondants, les roches sédimentaires n'étant pas présentes dans le bassin-versant. Par contre, un peu de matière organique rejoint le plan d'eau par le ruissellement sur des terrains recouverts parcimonieusetnent d'une végétation ptimitive (mousses, lichens).

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Lac du Chmmo (10.1992)

Tous les autres éléments présentent des valeurs faibles. Mentionnons enfin que le 25.9.91, la température de surface était de 11.5" et celle du fond de 8.5°, la transparence atteignait 2.3 rn et le débit de l'émissaire, moins de 0.1 Vs; le 10.9.92, lors du prélèvement, la température de surface était de 4" et le débit de l'étnissaire d'environ 1 Vs.

Remarque:

A l'extrétnité supérieure de la gorge de la Veudale, 100 rn à l'est du point 2500 rn (Sex Blancs), dans une zone faillée axée N80", on observe quelques petites mares: la première que l'on rencontre en descendant, a quelques dizaines de m2, mais elle est le plus souvent à sec.

La seconde, 80 rn à l'est, mesure 10 rn sur 8; elle a 0.2 rn de profondeur. Elle se déverse le long du plan de faille vers la gorge. Quelques dizaines de mètres plus loin, on a encore plusieurs petites mares, plus ou moins asséchées. Relevons enfin la présence 150 rn au nord de ces mares, sur la crête issue du point 2500 rn, la présence d'un pluviomètre actuellement hors-service.

B. Région Ifala - Perrons

Les plans d'eau de ce secteur sont à une altitude un peu moindre que ceux de la région du col de la Terrasse. Cette différence d'environ 200 rn, qui peut sembler minime, se traduit néanmoins par une température moyenne annuelle de 1.2UC supérieure. Cela signifie que non

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seulement le désenglacement du secteur est survenu un peu plus tôt, mais que depuis, chaque année, ces plans d'eau sont plus rapidement abandonnés par la glace et la neige. C'est pourquoi, l'environnement est nettement moins minéral qu'aux alentours du lac Vert, avec de la pelouse alpine entre autres. En outre, de fortes variations du niveau des plans d'eau peuvent en résulter, puisqu'on n'a pas d'alimentation permanente.

L'origine des lacs se trouvant sur le replat au pied de la Pointe d'Ifala, à savoir le lac d'Ifala et le lac des Perrons, plus quelques tnares temporaires, ainsi que celle du lac situé sous la Brèche des Penons, à savoir le lac de la Brèche, est évidente: surcreusement par un glacier issu des régions supérieures, cette action s'étant faite préférentiellement sur des zones affaiblies de la roche. Dans le cas du lac de la Brèche par exemple, on se trouve en présence d'une faille majeure orientée N 135°, que l'on peut suivre sur des centaines de mètres.

La région Ifala- Perrons, vue aérienne, de l'ouest (10.1991); on distingue les lacs des Perrons, d'Ifala et de la Brèche, ainsi que quelques gouilles

Quant au plan d'eau se trouvant sur la même trajectoire, tnais plus bas, appelé lac de la Veudale, à l'intersection de la faille issue de la Brèche des Perrons et d'une faille N 60", puis tournant N 45°, il résulte d'un surcreusement par un courant de glace non plus transversal au lac, mais selon son grand axe. En effet, le responsable était encore le glacier descendant de la Brèche, mais il était maintenant devenu tributaire du glacier principal issu du haut de la combe du Vieux-Etnosson et qui se dirigeait vers le vallon de Barberine. On a donc d'après les stries glaciaires, un changement d'orientation ; on passe de N 315° au lac de la Brèche et N 300° à celui des Penons, à N 20" au lac de la Veudale, soit un changement de direction de 65 à 80".

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Pour le plan d'eau le plus bas du secteur, le lac du Largey, peu au-dessus de la route longeant la retenue d'Emosson, le glacier issu de la combe du Vieux-Emosson a élargi des failles de direction N 45°. Il en est résulté une suite de gorges et de chenaux plus ou moins parallèles, dont la gorge de la Veudale est un bon exemple. Des lacs s'y sont plus tard installés, la plupa1t donnant naissance ultédeurement à des tourbières.

Examinons plus précisétnent chaque lac.

LAC DES PERRONS (558.900/100.380/2441)

C'est le plan d'eau le plus élevé de cette région, et aussi le plus étendu. De forme approximativement ovale, il a environ 80 rn de longueur et près de 40 rn de largeur. Sa profondeur est d'environ 6 m. On observe des roches (gneiss oeillés) moutonnés et vaguement striés (litage et stries anciennes se confondant), surtout sur la rive ouest. Quant à la rive opposée, elle est progressivement envahie par des éboulis issus de la Pointe de l'Ifala qui domine le lac de 200 rn.

Le lac des Perrons, vu duSSE (9.1992);

en haut à droite, le ban·age du Vieux-Etnosson

Son alimentation est diffuse, le vaste éboulis dont on vient de parler jouant sans doute le rôle de réservoir; le lac a un émissaire temporaire en direction du lac d'Ifala, situé à une dizaine de mètres à l'est. Après quelques semaines sans précipitations, en été et en automne, son niveau peut s'abaisser de quelques dm sous l'exutoire. Les eaux sont très limpides et permettent d'apercevoir le fond qui est formé de roche en place et de blocs éboulés.

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Un prélèvement d'eau a été effectué le 14.9.91. Il montre une minéralisation assez faible, avec une teneur en carbonates de calcium et de magnésium très basse. Il en est de même pour l'ammoniaque, les nitrites et les nitrates. La faible quantité de matière organique dans le bassin-versant se traduit par une valeur négligeable du carbone. Le strontium, le sodium et le potassium sont aussi très peu abondants. Seule une valeur un peu plus forte des sulfates, difficile à expliquer, vient jeter un peu de relief dans une eau qui présente presque les caractéristiques de l'eau distillée. Mentionnons enfin que lors du prélèvement d'eau, le lac était homotherme à 11.5 °, le fond étant visible et le niveau de l'eau à 30 cm sous le maximum; le 16.9.92, la température de surface était de 10.5", le fond étant visible et le niveau à 10 cm sous le maximum; enfin, le 13.10.92, la température de surface atteignait 5", le fond étant visible et le niveau du lac à 20 cm sous le maximum.

Remarque:

A quelques dizaines de mètres à l'ouest du lac des Perrons, on observe plusieurs mares temporaires, portées sur la carte Barberine 1324. Leurs coordonnées sont:

558.850/100.420/2440. Toutes sont allongées selon la direction de fracturation dominant ce secteur, à savoir N 50".

La plus grande a environ 450 1112 et 1.6 111 de profondeur maximm11. Elle peut se déverser dans une seconde mare de 150 1112 et de 1.5 rn de profondeur maximum, qui à son tour évacue l'eau dans une 111are de surface et profondeur identiques. L'eau s'échappe ensuite vers la gorge de la Veudale. A noter que lors d'une visite le 14.9.91, toutes ces mares étaient à sec, alors que le 16.9.92, elles étaient presque pleines.

LAC D'IFALA (558.910/100.330/2440)

Ce second plan d'eau est alimenté par l'é111issaire du lac des Perrons, lorsque ce dernier présente un niveau suffisamment élevé. Il mesure environ 45 rn sur 20, et est allongé sur une zone fracturée NE- SW. Quand la cuvette est totalement remplie, la profondeur de l'eau peut atteindre au 111axÎ111UI11 1.5 rn, mais nous l'avons souvent observé avec une valeur de moitié moindre. Le plan d'eau est entouré de roches moutonnées, sauf sur sa tive est où l'on a des éboulis; désenglacé depuis longtemps comme son grand voisin, la corrosion a sans doute fait disparaître les stries. Près de l'exutoire, on observe une grève de sédiments fins avec un peu de végétation.

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Le lac d'Ifala, vu du sud (9.1992)

Lorsque le niveau du lac est assez haut, l'eau s'échappe, en suivant une zone broyée, vers le lac de la Brèche, qui se trouve 70 In au SW: cette faille est celle qui est à l'origine de la cuvette lacustre. Le fond du lac est caillouteux, recouvert par endroit d'un peu de limon noir.

L'environnement du lac d'Ifala étant très similaire à celui du lac des Perrons, aucun prélèvement d'eau n'a été effectué. Des mesures de température ont montré une valeur de 8°

le 5.10.91, le fond étant visible et le lac à 10 cm sous son tnaximum (il était à 70 cm au- dessous le 14.9.91); une température de 12" le 16.9.92, le fond étant visible, et le niveau à 10 cm sous le maximmn; une tetnpérature de 5.Y' le 13.10.92, avec le fond visible et le niveau à 40 cm sous le maximum.

LAC DE LA BRECHE (558.870/100.250/2415)

Ce plan d'eau est situé à l'intersection de deux fractures majeures, l'une ayant donné naissance à la Brèche des Perrons, col entaillant la chaîne homonyme au SE, et l'autre à la zone broyée dont nous venons de parler ci-dessus. Il en est résulté un plan d'eau aux formes tourmentées, de 40 rn de longueur et de 15 rn de largeur, sa profondeur maximum atteignant 1.2 m. Des infiltrations diffuses, provenant de la combe d'éboulis descendant de la Brèche des Perrons, l'alimentent, ainsi qu'un filet d'eau, souvent tari, issu du lac d'Ifala. L'émissaire

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s'écoule vers le lac de la Veudale. Son débit était de moins de 1 l!tnn le 14.9.91, mais de 0.5 1/sle 16.9.92etde0.11Jsle 13.10.92.

Sauf dans la partie nord du plan d'eau, peu profonde et présentant un fond de limon noir, on observe ailleurs surtout des blocs de tailles diverses, quelques-uns émergents.

Le lac de la Brèche, vu du nord (10.1991)

Des roches moutonnées, dont les stries bien visibles sont transverses au lac, l'entourent presque de tous côtés; au nord, on a un petit cône de déjection, en partie recouvert d'herbe, supportant l'affluent, et sur les rives est et sud, des éboulis principalement. C'est ce11ainement le dernier lac de ce secteur à avoir été désenglacé, car les signatures glaciaires y sont encore très fraîches. Sur la carte au 1:10.000 de 1971, il se trouve encore sous un névé. Sa position encaissée, au fond d'une combe récepttice d'avalanches, en est la cause. Des restes de neige peuvent encore y subsister assez tard dans la saison.

Mentionnons que le 14.9.91, le lac était à lOU; le 16.9.92, à Ir, et le 13.10.92, à 4.5°.

Dans les trois cas, on avait homothermie et le fond était visible. Aucun prélèvement d'eau n'a été effectué pour les mêtnes raisons que ci-dessus.

Remarque:

Sur un replat, 300 rn au SW du lac de la Brèche, on observe une mare temporaire de 12 rn sur 8 et de 0.5 rn de profondeur maximum, sur une zone tectonisée NE - SW. Elle est entourée de belles roches Inoutonnées et striées. Coordonnées: 558.650/100.090/2490.

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Roches avec poli et stlies giaciaires

LAC DE LA VEUDALE (558.530/100.480/2282)

Ce lac est situé en aval de la Brèche des Perrons, à une altitude telle qu'il est entouré de pelouse alpine et de quelques arbustes nains. Comme on l'a vu dans l'introduction, il est assez bas pour que l'orientation du glacier qui l'a excavé ait changé, devenant parallèle à la gorge de la Veudale: les stries, difficiles à distinguer du litage présentant une érosion différentielle, transverses à ses émissaires, en sont, setnble-t-il, les témoins.

Ovoïde approxünatif, il mesure 50 1n sur 40, avec une profondeur maximum de 2.3 rn, très stable. Une importante faille NE - SW détennine le grand axe du lac, alors que,

perpendiculairement, on a, issue de la Brèche des Perrons, la fracture dont il a été question au lac précédent: à l'intersection de ces deux accidents, la cuvette lacustre. Celle-ci devait être bien plus importante à l'origine, mais elle a été comblée par les matéliaux descendus de la combe de la Brèche et d'une autre combe au SSW. Sur les rives du lac les prolongeant, on observe en effet des deltas où serpentent des aftluents. Au NE, entre deux barres de roches moutonnées, une zone humide envahie de linaigrettes et autres plantes. En rive ouest, des roches à l'aspect similaire, "striées", et franchies par deux émissaires, celui situé au nord étant le plus important. Leur débit total était d'environ 3 1/s le 14.9.91, de 21/s le 16.9.92 et de 11/s

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le 13.10.92. Le niveau de l'eau est très stable, des névés presque pennanents subsistant tard dans la saison sur les pentes NE de l'aiguille du Charma.

Le lac de la Yeu dale, vu du SE(9 .1992)

Le fond du lac, partout visible, est recouvert de liinon noir. On y distingue la trace de 3 chenaux dans le prolongement des afi1uents et se dirigeant vers les émissaires: peut-être la trace érosive de courants d'eau froide, dense et turbide, sous les eaux estivales tempérées de surface.

Le 14.9.91, le lac était homothenne à 9"; le 5.10.91, il était à 8°; le 16.9.92, à 10°, et enfin le 13.1 0.92, à 4.3°. Le fond était chaque fois visible. L'analyse physico-chimique de l'eau prélevée le 14.9.91 nous montre un lac faiblement minéralisé, avec peu de carbonates de calcium et de magnésium. Ammoniaque, nitrites et nitrates sont très peu abondants. Le carbone nous indique la présence d'un peu de matière organique dans le bassin-versant.

Quant aux autres cations et anions, leurs valeurs sont très basses, voire nulles.

Remarque:

Sur la même zone fracturée, il existe à une centaine de mètres au NE quelques gouilles très restreintes, puis une petite digue cimentée en travers de cette dépression; elle dirigeait le ruissellement de ce secteur par un bisse, tnaintenant désaffecté, vers la gorge de la Veudale et la prise d'eau du Vieux-Emosson.

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LAC DU LARGEY (559.2801101.450/1955)

Ce plan d'eau, en voie de c01nblement par la végétation, ne se trouve qu'à une vingtaine de mètres au-dessus de la route menant au Vieux-Emosson. Il n'est que le reliquat d'un lac bien plus étendu , aligné sur une grande fracture N 45° qui traverse du reste le lac d'Emosson 200 rn en amont du barrage.

Le lac du Largey, vu du NE (10.1992)

Entouré de toute part par la végétation aquatique, sauf sur sa rive SE formée de blocs éboulés, ses dimensions sont d'environ 25 rn sur 25, avec une profondeur de 1.5 rn et un fond de limon noir. Ses rives sont spongieuses, et il ne fait guère de doute que d'ici quelques siècles, il aura été retnplacé par une tourbière. Il est dominé par des pentes escarpées recouvertes de vernes, de fougères et d'herbes, toute cette végétation étant exubérante. Un filet d'eau l'alimente en rive SW, et l'émissaire (0.11/s le 13.10.92) s'échappe vers le NW.

Un prélèvement d'eau a été effectué le 13.10.92, alors que la température de l'eau était de 6°. La conductibilité est très faible, et le pH proche de la neutralité. Les carbonates de calcium et de magnésium sont presqu'inexistants. L'oxydabilité est importante, de même que le carbone organique, ce dernier point découlant des remarques faites ci-dessus. Les métaux sont très peu abondants. Quant aux chlorures, la valeur est nonnale pour la région, et les sulfates sont absents. Mentionnons enfin que la température de l'eau était de 11.5° le 25.9.91 et que le fond était visible. De nombreuses zones humides, vestiges d'anciens plans d'eau, s'observent aux alentours.

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Remarque:

Sur les pentes qui s'étendent de la Pointe de la Veudale (2491 rn) en direction du NE vers la gorge du Vieux, on observe sur des replats de roches moutonnées de nombreuses gouilles.

Elles ont au maxitnum 100 à 200 m2, 1 à 3 dm de profondeur, et sont envahies par la végétation. La plupart s'assèchent à la suite de périodes pauvres en précipitations.

C. Zone située entre le lac du Vieux-E1nosson et l'arête frontière

Les grands escarpements formés de calcaires plus ou moins marneux, et dominant la rive gauche du lac du Vieux-Emosson, appartiennent au flanc inverse de la nappe de Mordes. Ils sont accidentés de très nombreux replis. Malgré la forte pente, ils ont supporté un plan d'eau.

LAC DU GRENAIRON (556.730/101.150/2475)

Ce plan d'eau, dont il faut, peut-être momentanément parler au passé, n'existe plus, suite à sa vidange à la fin du mois de septetnbre 1991.

Il était situé dans la falaise dominant le lac du Vieux-Emosson, au-dessous du col du Grenairon, à l'aplomb d'un pluviomètre désaffecté, soit quelque 200 rn sous la crête frontière.

On a à cet endroit une vire descendant obliquement de la pointe de la Finive, en direction du col du Vieux.

Vue aérienne, depuis le sud; le lac du Grenairon est en bas, à gauche; au centre, le lac du Vieux-Emosson, et à droite, celui d'Emosson (12.10.90)

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Elle résulte d'un petit anticlinal de Toar·cien et d'Aalénien, ondulation soutenue et dominée par des parois du Bajocien inférieur, la crête du Grenairon étant quant à elle formée par le Bajocien supérieur. Toutes ces roches sont d'âge jurassique (Lias et Dogger), selon Collet (1943).

Un petit glacier descendant du col du Grenairon, transversalement à l'anticlinal, est venu buter contre le sommet de l'ondulation (Pt. 2487, CNS Barberine 1324). Ce vallon exigu ayant été fermé, de l'eau s'est accumulée denière le ban-age glaciaire durant la fin des années 80. En 1989 et 1990, nous avions observé du s01nmet du Cheval Blanc ce plan d'eau qui était alors partielletnent dégagé. L'émissaire se dirigeait vers le sud, en direction d'un ravin à l'origine de l'énorme cône d'éboulis atteignant l'extrémité du lac du Vieux-Emosson.

En septembre 1991, la fonte glaciaire s'étant poursuivie, la langue voyait son étanchéité remise en question, et une sortie d'eau était visible de l'autre côté du glacier, maintenant moribond (débit d'environ 11/s à mi-septembre). Le 14.9.91, une carte bathymétrique du lac était dressée et un échantillon d'eau prélevé. La turbidité était assez forte, avec une transparence de 1.1 rn seulement. La longueur du plan d'eau était d'une centaine de mètres, et sa largeur de 20 à 30 rn, son extrémité nord se poursuivant sur quelques mètres sous le glacier. Avec une profondeur maxiinum de 1.7 rn, la cuvette présentait un fond assez plat, recouvert d'un limon fin noir; de nombreux blocs y étaient déposés, ayant roulé sur le glacier, puis chuté lors de sa fonte.

Le lac du Grenairon, vu de l'ouest;

à l'arrière-plan, le lac du Vieux-Emosson (9.1991)

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Quant au glacier, il présentait une étendue de 40 rn sur 50, et son épaisseur maximum au barrage devait atteindre 6 m.

Le 3.10.91, lors d'un vol destiné à faire des photos des plans d'eau de la région d'Emosson, nous découvrîtnes avec surprise que le lac du Grenairon n'existait plus: il y avait eu vidange.

Une visite sur place le 5.10.91 nous confinna le fait: il setnble que le phénomène n'ait pas été catastrophique, mais plutôt graduel comme tendrait à le prouver le non-remaniement des sédiments dans le ravin torrentiel, plus bas que le lac. Seule subsistait une petite nappe d'eau résiduelle, le ruissellement de fonte s'écoulant dès lors en continu sous le glacier.

Le lac du Grenairon vide, vu du sud; le barrage glaciaire subsiste (10.1991)

Une visite subséquente le 10.9.92 nous a montré des conditions similaires, mais avec un glacier ayant encore tnaigri, en étendue et en épaisseur, par rapport à l'année précédente.

Malgré la disparition de ce plan d'eau, nous donnons néanmoins sa tnorphométrie et sa bathymétrie, car celui-ci pourrait "renaître de ses cendres" au cas où les conditions climatiques viendraient à se détériorer. On aurait ainsi une sorte de lac à éclipse.

Remarque:

A quelques mètres au nord de la Tête des Gouilles, au point 558.260/101.650/2345, on observe une dépression herbeuse de 20 rn sur 10, detTière un petit vallum. On peut y trouver une petite gouille tetnporaire (d'où le nom du sommet) à la fonte des neiges ou après d'abondantes précipitations, de quelques dm de profondeur. Ce vallum glaciaire atteste aussi

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de l'épaisseur du glacier à l'aplomb de la gorge du Vieux, de même que les roches moutonnées et claires, car encore inaltérées, du tlanc nord de la Veudale.

II. REGION DE BARBERINE

Tous les plans d'eau naturels du vallon de Barberine ont été engendrés par l'action des glaciers. Mais ils diffèrent largetnent par l'âge: alors que certains d'entre eux sont sur des pentes libres de glace depuis des milliers d'années (zone d'Arevassey, par exemple), d'autres se trouvent dans des cuvettes désenglacées au début du xxe siècle (région supérieure de Fontanabran, par exemple), voire tnême ces den1ières années, comme au glacier des Fonds.

La lithologie nous montrera comme au Vieux-Emosson des gneiss et des roches sédimentaires, légèrement métmnorphisées par endroits, autochtones et allochtones (nappe de Morcles). Nous présenterons d'abord les plans d'eau de la rive droite du bassin-versant de Barberine, entre le lac d'Emosson et la frontière franco-suisse, poursuivrons par le versant opposé, et tenninerons par le secteur des Fonds.

A. Secteur entre le lac d'E1nosson et la frontière franco-suisse

Région d'Arevassey, vue de la Finive (9.1991); on y distingue quelques gouilles et, à l'arrière-plan, le lac d'Emosson

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Dans cette zone de plusieurs ktn2, limitée au sud par la route menant au Vieux-Emosson et au nord par le glacier des Rosses, on n'a de plans d'eau que près du sommet et sur les pentes peu escarpées du lieu-dit Arevassey. On y observe dans des dépressions des roches moutonnées plusieurs mares, entourées en général par des pentes herbeuses.

Déclivons-les du nord au sud:

- Au point 559.125/103.330/2025 se trouve une petite mare de 15 rn sur 4. Elle a 0.3 rn de profondeur. Apports diffus provenant des zones herbeuses qui l'entourent et évaporation s'équilibrent. Par excès d'eau, un étnissaire temporaire s'écoule vers leNNE.

- A quelques dam au sud, on a au point 559.125/103.300/2035, sur la même zone fracturée des gneiss, une mare de 14 In sur 9, et de 0.4 rn de profondeur. A l'occasion d'une visite le 18.9.91, l'eau était à 18°. La mare est en équilibre. Lors de précipitations, l'émissaire s'écoule vers le NNE. On peut encore relever la présence, 50 rn au nord et 20 rn plus bas, d'une gouille de 8 rn sur 5 et de 0.2 rn de profondeur.

Deux des gouilles d'Arevassey; le lac d'Emosson et le Ruan à l'anière-plan (9.1991)

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- A environ 200 mau sud, au point 559.180/103.130/2065, on observe, toujours dans un environnement similaire, une tnare de 12 tn sur 6 et de 0.6 tn de profondeur. L'eau avait 15°

le 18.9.91. L'émissaire, lorsque l'apport d'eau est excessif, se dirige vers le SE.

- Enfin, au point 559.170/103.020/2065, on a une mare de 8 rn sur 4 et de 0.3 rn de profondeur. Lors de débordetnents, l'émissaire se dirige vers le SE.

Au voisinage de ces deux dernières mares, on observe quelques gouilles, plus ou moins asséchées selon l'époque; elles n'ont que quelques m2 de surface et sont alignées selon la direction de fracturation des gneiss et le mouvement du glacier, soit nord-sud. Relevons enfin que tous ces plans d'eau présentent une eau très limpide; le fond, sur lequel on observe de nombreux insectes et quelques plantes aquatiques, montre une épaisseur d'au moins 60 cm de vase noire, riche en matière organique. Cette végétation fera disparaître peu à peu ces mares.

Remarque:

Le recul du glacier supérieur de la Finive, maintenant bien séparé de sa partie inférieure, n'a mis à jour dans ses dépôts morainiques, que des tnares éphétnères, maintenant déjà asséchées.

B. Versant oriental du vallon de Barberine

LAC DE FONTANABRAN (561.130/105.070/2413)

Ce plan d'eau est situé dans le haut du vallon mettant en comtnunication la vallée de Barberine avec celle d'Emaney, par le col d'Etnaney (2481 rn). Il s'agit d'un lac permanent, mais sujet à de fortes variations de niveau qui vont affecter ses paramètres morphométriques.

Il doit son existence à l'action glaciaire qui s'est excercée au détriment de zones affaiblies par d'importantes diaclases orientées NW - SE et N 20°. Ce sont du reste deux plans de faille presque parallèles qui constituent les bordures est et ouest du lac, les gneiss situés entre eux ayant presque disparus. Des stries glaciaires, d'orientation N 100°, sont encore bien visibles sur les roches moutonnées entourant le lac. L'appareil responsable provenait donc des pentes sus-jacentes, dominant le lac d'environ 250 rn au maximum (actuellement): ce sont les Rochers Rouges.

L'exposition au couchant du bassin-versant ne permet plus à la netge d'y subsister présentement en permanence, mais vu la fraîcheur de l'empreinte glaciaire, il ne fait pas de doute qu'un névé permanent, voire un glacier moribond, devait encore s'y trouver à la fin du siècle passé ou au début de ce siècle. Une importante masse de blocs constitue la partie méridionale du lac. De par son orientation, son altitude et son volume, il pourrait peut-être s'agir d'un glacier rocheux. Un cône de déjection torrentiel, amenant du matériel de faible

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granulométrie, envahit progressivement la partie nord et NE du lac. Il y a créé des grèves de matériel fin dont étnergent des crêtes moutonnées. Et c'est grâce à la puissance érosive d'un l'émissaire pourtant tetnporaire, entaillant ces tnatériaux meubles, que l'exutoire peut demeurer ouvert.

L'environnement très minéral du lac, avec quelques poches herbeuses dans les dépressions des roches moutonnées, fait que l'alimentation en eau n'est pas pérenne. Le plan d'eau subit donc de très fortes t1uctuations de niveau: la profondeur maximum qui est de 5.1 m en début de saison, n'atteint plus que la moitié de cette valeur en automne (par exemple, le 3.10.91).

Le lac de Fontanabran, vu de l'est (9.1991)

L'évaporation est sans doute seule responsable de la disparition de l'eau, et il n'est pas nécessaire de faire appel à des soutirages par fissures.

Un prélèvement d'eau a été effectué le 1.9.91. Le lac était homotherme à 14°, et son niveau à 1 m sous le maximum. L'émissaire était inactif. Le disque de Secchi était visible jusqu'au fond. L'eau présente une très faible minéralisation. L'azote et le carbone sont très peu abondants, ainsi que les tnétaux, les chlorures et les sulfates. En fait, ces valeurs sont bien représentatives d'un tnilieu d'altitude à végétation restreinte, éloigné de toute source de contamination. Une autre visite le 14.10.92 nous a montré un niveau similaire, mais une température de l'eau de 4.5°.

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Remarque:

De nombreux plans d'eau existent aux alentours du lac de Fontanabran. Décrivons-les sommairetnent.

- 70 tn au sud du lac de Fontanabran, dans de gros blocs et au fond d'un cirque glaciaire, on a un bassin de 10 à 15 rn de diamètre et de 1 rn de profondeur. Il est permanent, bien que ses dimensions varient selon la saison.

- mare des Rochers Rouges: sous la crête qui domine le lac de Fontanabran, au point 561.430/105.000/2555, on observe une dépression de 40 rn de longueur et de 15 rn de largeur.

Elle était totalement à sec le 1.9. 91, ce qui s'explique par son bassin d'alimentation très réduit.

Mais à la fonte des neiges, l'eau peut atteindre 1.3 rn de profondeur, et l'émissaire rejoint alors le lac de Fontanabran. 10 rn plus haut, juste sous un col d'altitude 2567 rn, une petite cuvette des roches moutonnées peut contenir de l'eau à l'occasion.

Mare des Rochers Rouges à sec, vue de l'est (9.1991)

- 60 rn au nord de la tnare des Rochers Rouges, on a également une dépression dans les roches tnoutonnées. Le 1.9.91, elle était en partie encore occupée par deux névés; entre ceux- ci, on avait une petite gouille de 15 rn sur 8 et d'un detni-mètre de profondeur. L'eau s'échappait sous un des névés. Par hautes eaux, un émissaire peut franchir le seuil, en direction de l'ouest.

- 150 rn à l'ouest du lac de Fontanabran, au point 560.9501105.080/2380, on a une mare de 10 rn sur 8 et d'environ 0.4 rn de profondeur. Des cailloutis en tapissent le fond. Elle résulte d'un surcreusement par le glacier issu de Fontanabran, au bas d'un passage assez raide.

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Cette mare à sec, vue du sud (9.1991)

La même, en eau (10.1992)

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Cet appareil effectuait ensuite un "rebond", créant ainsi une contrepente. Le mamelon qui en est résulté, à l'ouest du lac, présente de très belles stries. Le 14.10.92, un filet d'eau quittait le lac et rejoignait le vallon emprunté occasionnellement par le torrent issu du lac de Fontanabran.

- Enfin, encore plus bas, dans un beau cirque glaciaire, au point 560.680/105.030/2286, et retenu par un petit verrou moutonné, on a une mare de 20 rn de longueur, de 10 rn de largeur et pouvant atteindre 0.4 rn de profondeur, lorsqu'elle est remplie. Le 1.9.91 et le 14.10.92, elle n'avait qu'une cinquantaine de m2 et 0.3 In de profondeur; un très faible filet d'eau s'en échappait. Le fond est caillouteux. Un petit seuil la sépare en deux bassins, dont l'amont est un peu plus étendu. La 1nare résulte d'un léger surcreusement.

- Relevons enfin la présence 100 In au NE de cette mare, d'un ancien lac actuellement comblé: seule subsiste une zone hmnide avec végétation conséquente.

Ancien lac comblé (9.1991)

C. Secteur Ottans - Bel Oiseau

Dans les pentes dominant en rive gauche le bassin de retenue d'Emosson, on observe quelques mares pennanentes. La plupart se trouvent un peu plus haut que la Tête des Ottans, au point 560.450/104.250/2360. Ce sont de petites dépressions des roches moutonnées, entourées d'herbe et remplies d'eau. Leur environnement est très similaire à celui des mares d'Arevassey, presqu'en face.

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La plus grande est allongée, environ 10 m sur 3, et a quelques dm de profondeur. A quelques dam au sud, on a deux tnares plus restreintes. Dans les pentes herbeuses un peu plus bas, on a encore quelques gouilles très petites.

Mares du secteur des Ottans; le lac d'Emosson à l'anière-plan (10.1992)

Au nord du sommet de Bel Oiseau (2628 m), dominant le barrage d'Emosson de près de 700 m, on observe un névé pennanent. A son pied, on remarque deux dépressions. Celles-ci peuvent se remplir d'eau à la fonte des neiges ou après de fortes pluies: on aura alors deux plans d'eau de quelques centaines de m2 et de 3 à 4 dm de profondeur. Lors d'une visite le 14.10.92, elles étaient à sec, et leurs fonds présentaient des surfaces planes formées de boue craquelée. Leurs coordonnées sont: 561.2001103.350/2544.

On peut noter que sur la carte Dufour au 1/100.000 de 1861, un lac permanent est indiqué à cet endroit.

Remarque:

Sur la carte régionale au 1:10.000, un plan d'eau est indiqué sur un replat, 600 rn au NW de la Tête des Ottans, à l'altitude de 2105 m: il n'y a plus à cet endroit qu'une zone marécageuse, au milieu des pâturages.

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D. Région des Fonds

C'est probablement le secteur le plus retiré de notre étude, et sans doute aussi le plus intéressant. En effet, il possède une dizaine de plans d'eau , dont plus de la moitié sont permanents, mais aucun ne figure sur les dernières cartes au 1:25.000 ou au 1:10.000. La raison en est double: d'abord, ils sont tous de création récente, engendrés par le recul glaciaire de ces dernières décennies; ensuite, il faut bien avouer qu'à part deux d'entre eux, leurs surfaces ne sont pas très étendues. Par contre, les profondeurs se comparent honorablement avec les chiffres qui ont défilé jusqu'à présent. Tous sont d'origine glaciaire, que cela soit par surcreusetnent ou par dépressions dans des dépôts morainiques;

l'environnetnent est donc très minéral, pro glaciaire ou périglaciaire, bien plus que tout ce que l'on a vu ci-dessus.

En ce qui concerne le cadre géologique, on se trouve sur le flanc normal de la nappe de Morcles, vaste pli couché en direction de l'ouest, plissé et replissé selon les endroits. Nos lacs sont excavés dans les calcaires du Jurassique, sur le replat situé entre les barres du Bajocien supérieur (calcaires variés) et ceux de l'Argovien, calcaires noirâtres à taches rouillées, souvent corrodés, et du Malm, calcaires très purs et à grain fin, noirs à la cassure, mais gris clair en surface (Collet et al., 1952). Ces den1iers fonnent de belles falaises dans le paysage, présentant souvent des traces de karstification en grand et en petit.

Vue aétienne des lacs de la région des Fonds, en direction du NE (3.10.91);

on distingue sur le front du glacier et plus en avant, cinq plans d'eau, en plus de quelques gouilles

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Comme ces plans d'eau sont de création nouvelle (sur la carte géologique de 1952, ils sont encore tous sous le glacier des Fonds), nous avons tenté de les localiser au mieux sur le plan cadastral au 1:10.000, et les uns par rapport aux autres (voir page suivante). Une tliangulation fermée sommaire a été effectuée à la boussole et au topofil, ainsi qu'à l'altimètre, tout en étant conscient des limites de ce dernier instrument, surtout sur de faibles dénivellations.

Même secteur, vu de la Tour Sallière (13.8.92); les plans d'eau sont visibles, malgré leur turbidité

Les résultats se trouvent sur les cartes ci-jointes. On remarquera que l'altitude des lacs lue sur la carte ne correspond pas à celle donnée dans leurs coordonnées: en effet, ils sont bien à l'emplacement indiqué, tnais sous une certaine épaisseur de glace. Nous avons également dû trouver des noms pour ces plans d'eau, selon leur aspect ou la proximité géographique de certains lieux. A court d'idées, nous avons baptisé les deux derniers, plus petits et sans doute éphémères, de "lacs Sans Nom", nord et sud!

Décrivons-les somtnairetnent dans l'ordre de leur déglaciation probable, c'est-à-dire du sud au nord.

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LAC GRIS (558.970/107.180/2435)

Sur une photo aérienne de l'IGN (vol 3536-29/300, N° 007), prise en automne 1971, à la fin d'une période clitnatiquetnent favorable, ce lac se trouve sous des névés permanents de plusieurs hectares (voir la photocopie de ce document à la page suivante). Seul son émissaire, sautant une importante barre 150 In en aval, au point coté 2411 rn (CNS), est visible. Après la péjoration climatique des années 80, on pouvait s'attendre à une couverture nivo-glaciaire plus importante: c'est ce que nous tnontre le cliché L+ T vol 3117548 du 10.8.89 (LK 282 Martigny). Il est vrai que le vol a été un peu précoce dans la saison, car tout le secteur est recouvert de névés, et rien de ce qui nous intéresse n'apparaît. C'est à la faveur des hivers pauvres en neige et assez doux de ces dernières années qu'un recul marqué des névés et des glaciers s'est manifesté, permettant ainsi à ce lac d'apparaître.

Au premier plan, le lac Gris à gauche, et le lac Noir à droite;

à l'anière-plan, le lac d'Emosson; vue en direction du sud (9.1991)

Il est surcreusé dans les calcaires et entouré de croupes moutonnées, souvent encombrées de dépôts tnorainiques. Il présente une forme en losange, avec un grand axe d'environ 50 rn et un petit axe de moitié moindre. Le lac est assez turbide, bien que l'eau qui l'alimente se soit déjà partiellement décantée dans le lac Blanc en atnont. Le 16.10.91 par exemple, la transparence était de 1 met la température de 4". Du reste, une vaste plaine deltaïque a déjà été établie, et elle est en voie de combler le lac. Avec le taux actuel de sédiments en suspension dans l'affluent (environ 0.5 kg/m 3, dont une partie en transit), et avec le présent débit (module d'environ 50 1/s sur une année), la cuvette lacustre qui n'a pas plus de 2.5 rn de

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profondeur, sera comblée dans moins de 10 ans. Le 20.9.92, le lac a fait l'objet d'un prélèvement d'eau. Celle-ci est très peu minéralisée, et la tnatière organique est quasi- inexistante. Avec 7 6 mg/1 de calcaire, cela donne environ 30 mg/1 de calcium, si le magnésium représente moins de 5%. Le fer ainsi que le manganèse sont bien présents: on trouve leurs oxydes dans les roches sédimentaires du bassin-versant, à tous les étages stratigraphiques. Quant aux chlorures, on obtient la valeur habituelle due aux seules précipitations; les sulfates sont absents.

Le lac Gris vu du nord (10.1991)

L'alimentation en eau est très variable: elle peut passer de 0 1/s durant la majeure partie de l'année, à des pics joun1aliers d'environ 200 1/s, en juillet et en août surtout, ce qui va faire varier la surface du plan d'eau ainsi que son niveau (de 0.1 rn).

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LAC NOIR (558.920/107.230/2450)

En ce qui concerne l'origine du lac, les mêmes remarques que pour le lac Gris peuvent lui être appliquées. Etant maintenant assez loin du front glaciaire, ce sont surtout les névés permanents qui l'ont masqué jusqu'à récemment. Comme il n'est alimenté que par un petit affluent de quelques 1/s qui rejoint pratiquement le lac à l'endroit où l'émissaire le quitte, l'eau est relativement transparente: le disque était visible à 2.6 rn le 16.10.91, lors d'un prélèvement d'eau, mais le fond était discernable en d'autres occasions. Avec sa profondeur de 3.3 rn, cela lui donne une teinte sombre, d'où son nom. Les variations de niveau sont très faibles.

Il est également excavé dans les calcaires et de belles roches moutonnées l'entourent, surtout à l'est, où des stries glaciaires bien visibles sont orientées vers le SW; l'empâtement morainique est plus marqué sur l'autre rive. Ses dimensions sont assez restreintes, 27 rn sur 20. C'est cependant l'un des lacs de notre étude dont le creux est le plus marqué: il est donc profond pour une surface exiguë.

On remarque encore 2 petites gouilles sur le versant otiental du lac, à côté de son extrémité nord.

Le lac Noir vu du SW (10.1991)

Si le lac Gris est destiné à disparaître par comblement, le lac Noir pourrait par contre s'assécher: en effet, avec le recul du glacier des Fonds, dont le front actuel se trouve à environ 200 rn du lac et près de 100 rn plus haut, dominant des dalles de Malm accidentées de

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nombreuses fractures qui absorbent une partie de l'eau de fonte, voire la totalité, il se pourrait bien que le lac Noir ne soit plus alimenté en permanence si le retrait devait se poursuivre. Il n'aura alors plus d'eau qu'à la fonte des neiges et jouera le rôle d'un vaste pluviomètre où seuls s'affronteront évaporation et précipitations.

Le 16.10.91, de l'eau, dont la température était de 5.5°, a été prélevée pour analyse. La conductibilité était assez basse, mais non négligeable, ce qui ne l'empêche pas d'être la plus forte de tous les lacs de notre étude: cela prouve leur faible minéralisation. La matière organique, ainsi que la silice, est très peu abondante. A part un peu de calcium et de magnésium, les métaux sont discrets. Les chlorures présentent une valeur normale, mais les sulfates, un chiffre relativetnent élevé: c'est sans doute dû à la présence dans le Malm de nombreux nodules de pyrite FeS2 qui, par oxydation, donnent de l'acide sulfurique attaquant le calcaire et libérant du sulfate de calcium.

Le lac Noir sera peut-être le seul plan d'eau de notre secteur à devenir semi-permanent (avec les réserves étnises plus haut), si le retrait glaciaire devait se poursuivre, ceci étant dû à l'absence de sédimentation. A la longue cependant, il sera c01nblé peu à peu par la végétation, comme aux gouilles d'Arevassey.

LAC BLANC (559.140/107.430/2465)

C'est le plus vaste plan d'eau du secteur puisque, de forme approximativement carrée, il mesure 45 rn de côté. Il est le résultat d'un surcreusement, et il vient de se dégager de sa

Le lac Blanc et sa table glaciaire, vus du sud (1 0.1991)

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Mêtne secteur, tnais en septetnbre 1992; l'évolution par rapport à la photo précédente est tnanifeste

Même secteur vu de l'est

carapace nivo-glaciaire, car en automne 1991, il était encore encombré de blocs de neige et de glace: cela avait rendu délicates et incomplètes les mesures bathytnétriques.

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Sa position le rend très vulnérable aux i1uctuations de la langue d'une diffluence du glacier du Ruan, issue du col de la Tour Sallière. Au siècle passé, la majeure partie de cette diffluence s'écoulait droit au sud, vers la Tête de la Chaux Denière; elle y a laissé du reste de beaux vallums latéraux. Mais suite à son recul, seule une branche restreinte est encore active en direction du SSW, dans un étroit vallon dont le lac Blanc, puis le lac Gris occupent la partie inférieure. Cependant, en autOinne 1992, la situation avait bien changé: le lac était totalement dégagé, et le front glaciaire se trouvait à quelques dizaines de mètres en amont du lac.

En rive ouest, le glacier des Fonds était présent à une dizaine de mètres, sous la forme d'une énorme lentille de glace sous laquelle il était possible de pénétrer, vu son large décollement à l'endroit d'un ressaut.

Ces changements récents font que le lessivage des dépôts morainiques est intense et que l'eau du lac est très turbide. L'affluent tOITentiel y a du reste construit un impressionnant delta.

Alors que la bathytnétrie d'octobre 1991 indiquait 4.1 rn comme profondeur maximum, celle- ci n'atteignait plus que 3.2 In un an plus tard. Y a-t-il eu affaissement du delta ou pluie de sédiments? En octobre 1992, des entonnoirs de dimension métrique était visibles sur le delta;

le matériel du fond était totalement fluide. S'agissait-il d'une sorte de thermokarst (fonte de coins de glace tnorte sous les sédiments)?

Le lac Blanc: delta et entonnoirs, vus du NW (10.1992)

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Ce plan d·eau est en tout cas en rapide évolution. Sur sa rive nord, on distingue un énorme bloc erratique d·un volume d·environ 25 m3. Celui-ci était encore sous forme de table glaciaire en septembre 1991.

Table glaciaire (10.1991); sur les trois photos précédentes, ce n·est plus qu·un bloc en·atique

La carte bathyn1étrique a été essentiellement dressée le 20.9 .92, alors que la température de l'eau était de 2° et sa transparence de 0.3 m. Le lac présente deux cuvettes séparées par un seuil prononcé, d·orientation méridienne: il s·agit sans doute d·un vallum frontal, l'une des cuvettes résultant d·un surcreusement par la langue du glacier des Fonds à 1·ouest, et l'autre par la diffluence mentionnée plus haut. Le lac est entouré de roches moutonnées, fortement empâtées par des dépôts tnorainiques. On y distingue par endroit des diaclases profondes et continues, otientées E-W, qui, si un débounage des sédiments glaciaires s·effectue, pourront amener à une vidange du lac par soutirage karstique.

Une dalle polie, striée ou cannelée selon les endroits, le relie au lac Gris, 280 rn en aval.

Comtne on l'a expliqué pour le lac Gris, et à plus forte raison pour le lac Blanc, sa durée de vie risque d•être très brève, car il sert de fosse de décantation. Mais son volume lui assurera sans doute une existence un peu plus longue.

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Le lac Blanc et des diaclases; vue vers l'est (10.1992)

LACS DES FONDS

Ces deux petits lacs sont proches du front du glacier des Fonds, d'où leur nom.

Les deux lacs des Fonds, vus de l'ouest (10.1992)

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