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Tous les plans d'eau naturels du vallon de Barberine ont été engendrés par l'action des glaciers. Mais ils diffèrent largetnent par l'âge: alors que certains d'entre eux sont sur des pentes libres de glace depuis des milliers d'années (zone d'Arevassey, par exemple), d'autres se trouvent dans des cuvettes désenglacées au début du xxe siècle (région supérieure de Fontanabran, par exemple), voire tnême ces den1ières années, comme au glacier des Fonds.

La lithologie nous montrera comme au Vieux-Emosson des gneiss et des roches sédimentaires, légèrement métmnorphisées par endroits, autochtones et allochtones (nappe de Morcles). Nous présenterons d'abord les plans d'eau de la rive droite du bassin-versant de Barberine, entre le lac d'Emosson et la frontière franco-suisse, poursuivrons par le versant opposé, et tenninerons par le secteur des Fonds.

A. Secteur entre le lac d'E1nosson et la frontière franco-suisse

Région d'Arevassey, vue de la Finive (9.1991); on y distingue quelques gouilles et, à l'arrière-plan, le lac d'Emosson

Dans cette zone de plusieurs ktn2, limitée au sud par la route menant au Vieux-Emosson et au nord par le glacier des Rosses, on n'a de plans d'eau que près du sommet et sur les pentes peu escarpées du lieu-dit Arevassey. On y observe dans des dépressions des roches moutonnées plusieurs mares, entourées en général par des pentes herbeuses.

Déclivons-les du nord au sud:

- Au point 559.125/103.330/2025 se trouve une petite mare de 15 rn sur 4. Elle a 0.3 rn de profondeur. Apports diffus provenant des zones herbeuses qui l'entourent et évaporation s'équilibrent. Par excès d'eau, un étnissaire temporaire s'écoule vers leNNE.

- A quelques dam au sud, on a au point 559.125/103.300/2035, sur la même zone fracturée des gneiss, une mare de 14 In sur 9, et de 0.4 rn de profondeur. A l'occasion d'une visite le 18.9.91, l'eau était à 18°. La mare est en équilibre. Lors de précipitations, l'émissaire s'écoule vers le NNE. On peut encore relever la présence, 50 rn au nord et 20 rn plus bas, d'une gouille de 8 rn sur 5 et de 0.2 rn de profondeur.

Deux des gouilles d'Arevassey; le lac d'Emosson et le Ruan à l'anière-plan (9.1991)

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-- A environ 200 mau sud, au point 559.180/103.130/2065, on observe, toujours dans un environnement similaire, une tnare de 12 tn sur 6 et de 0.6 tn de profondeur. L'eau avait 15°

le 18.9.91. L'émissaire, lorsque l'apport d'eau est excessif, se dirige vers le SE.

- Enfin, au point 559.170/103.020/2065, on a une mare de 8 rn sur 4 et de 0.3 rn de profondeur. Lors de débordetnents, l'émissaire se dirige vers le SE.

Au voisinage de ces deux dernières mares, on observe quelques gouilles, plus ou moins asséchées selon l'époque; elles n'ont que quelques m2 de surface et sont alignées selon la direction de fracturation des gneiss et le mouvement du glacier, soit nord-sud. Relevons enfin que tous ces plans d'eau présentent une eau très limpide; le fond, sur lequel on observe de nombreux insectes et quelques plantes aquatiques, montre une épaisseur d'au moins 60 cm de vase noire, riche en matière organique. Cette végétation fera disparaître peu à peu ces mares.

Remarque:

Le recul du glacier supérieur de la Finive, maintenant bien séparé de sa partie inférieure, n'a mis à jour dans ses dépôts morainiques, que des tnares éphétnères, maintenant déjà asséchées.

B. Versant oriental du vallon de Barberine

LAC DE FONTANABRAN (561.130/105.070/2413)

Ce plan d'eau est situé dans le haut du vallon mettant en comtnunication la vallée de Barberine avec celle d'Emaney, par le col d'Etnaney (2481 rn). Il s'agit d'un lac permanent, mais sujet à de fortes variations de niveau qui vont affecter ses paramètres morphométriques.

Il doit son existence à l'action glaciaire qui s'est excercée au détriment de zones affaiblies par d'importantes diaclases orientées NW - SE et N 20°. Ce sont du reste deux plans de faille presque parallèles qui constituent les bordures est et ouest du lac, les gneiss situés entre eux ayant presque disparus. Des stries glaciaires, d'orientation N 100°, sont encore bien visibles sur les roches moutonnées entourant le lac. L'appareil responsable provenait donc des pentes sus-jacentes, dominant le lac d'environ 250 rn au maximum (actuellement): ce sont les Rochers Rouges.

L'exposition au couchant du bassin-versant ne permet plus à la netge d'y subsister présentement en permanence, mais vu la fraîcheur de l'empreinte glaciaire, il ne fait pas de doute qu'un névé permanent, voire un glacier moribond, devait encore s'y trouver à la fin du siècle passé ou au début de ce siècle. Une importante masse de blocs constitue la partie méridionale du lac. De par son orientation, son altitude et son volume, il pourrait peut-être s'agir d'un glacier rocheux. Un cône de déjection torrentiel, amenant du matériel de faible

granulométrie, envahit progressivement la partie nord et NE du lac. Il y a créé des grèves de matériel fin dont étnergent des crêtes moutonnées. Et c'est grâce à la puissance érosive d'un l'émissaire pourtant tetnporaire, entaillant ces tnatériaux meubles, que l'exutoire peut demeurer ouvert.

L'environnement très minéral du lac, avec quelques poches herbeuses dans les dépressions des roches moutonnées, fait que l'alimentation en eau n'est pas pérenne. Le plan d'eau subit donc de très fortes t1uctuations de niveau: la profondeur maximum qui est de 5.1 m en début de saison, n'atteint plus que la moitié de cette valeur en automne (par exemple, le 3.10.91).

Le lac de Fontanabran, vu de l'est (9.1991)

L'évaporation est sans doute seule responsable de la disparition de l'eau, et il n'est pas nécessaire de faire appel à des soutirages par fissures.

Un prélèvement d'eau a été effectué le 1.9.91. Le lac était homotherme à 14°, et son niveau à 1 m sous le maximum. L'émissaire était inactif. Le disque de Secchi était visible jusqu'au fond. L'eau présente une très faible minéralisation. L'azote et le carbone sont très peu abondants, ainsi que les tnétaux, les chlorures et les sulfates. En fait, ces valeurs sont bien représentatives d'un tnilieu d'altitude à végétation restreinte, éloigné de toute source de contamination. Une autre visite le 14.10.92 nous a montré un niveau similaire, mais une température de l'eau de 4.5°.

Remarque:

De nombreux plans d'eau existent aux alentours du lac de Fontanabran. Décrivons-les sommairetnent.

- 70 tn au sud du lac de Fontanabran, dans de gros blocs et au fond d'un cirque glaciaire, on a un bassin de 10 à 15 rn de diamètre et de 1 rn de profondeur. Il est permanent, bien que ses dimensions varient selon la saison.

- mare des Rochers Rouges: sous la crête qui domine le lac de Fontanabran, au point 561.430/105.000/2555, on observe une dépression de 40 rn de longueur et de 15 rn de largeur.

Elle était totalement à sec le 1.9. 91, ce qui s'explique par son bassin d'alimentation très réduit.

Mais à la fonte des neiges, l'eau peut atteindre 1.3 rn de profondeur, et l'émissaire rejoint alors le lac de Fontanabran. 10 rn plus haut, juste sous un col d'altitude 2567 rn, une petite cuvette des roches moutonnées peut contenir de l'eau à l'occasion.

Mare des Rochers Rouges à sec, vue de l'est (9.1991)

- 60 rn au nord de la tnare des Rochers Rouges, on a également une dépression dans les roches tnoutonnées. Le 1.9.91, elle était en partie encore occupée par deux névés; entre ceux-ci, on avait une petite gouille de 15 rn sur 8 et d'un detni-mètre de profondeur. L'eau s'échappait sous un des névés. Par hautes eaux, un émissaire peut franchir le seuil, en direction de l'ouest.

- 150 rn à l'ouest du lac de Fontanabran, au point 560.9501105.080/2380, on a une mare de 10 rn sur 8 et d'environ 0.4 rn de profondeur. Des cailloutis en tapissent le fond. Elle résulte d'un surcreusement par le glacier issu de Fontanabran, au bas d'un passage assez raide.

Cette mare à sec, vue du sud (9.1991)

La même, en eau (10.1992)

Cet appareil effectuait ensuite un "rebond", créant ainsi une contrepente. Le mamelon qui en est résulté, à l'ouest du lac, présente de très belles stries. Le 14.10.92, un filet d'eau quittait le lac et rejoignait le vallon emprunté occasionnellement par le torrent issu du lac de Fontanabran.

- Enfin, encore plus bas, dans un beau cirque glaciaire, au point 560.680/105.030/2286, et retenu par un petit verrou moutonné, on a une mare de 20 rn de longueur, de 10 rn de largeur et pouvant atteindre 0.4 rn de profondeur, lorsqu'elle est remplie. Le 1.9.91 et le 14.10.92, elle n'avait qu'une cinquantaine de m2 et 0.3 In de profondeur; un très faible filet d'eau s'en échappait. Le fond est caillouteux. Un petit seuil la sépare en deux bassins, dont l'amont est un peu plus étendu. La 1nare résulte d'un léger surcreusement.

- Relevons enfin la présence 100 In au NE de cette mare, d'un ancien lac actuellement comblé: seule subsiste une zone hmnide avec végétation conséquente.

Ancien lac comblé (9.1991)

C. Secteur Ottans - Bel Oiseau

Dans les pentes dominant en rive gauche le bassin de retenue d'Emosson, on observe quelques mares pennanentes. La plupart se trouvent un peu plus haut que la Tête des Ottans, au point 560.450/104.250/2360. Ce sont de petites dépressions des roches moutonnées, entourées d'herbe et remplies d'eau. Leur environnement est très similaire à celui des mares d'Arevassey, presqu'en face.

La plus grande est allongée, environ 10 m sur 3, et a quelques dm de profondeur. A quelques dam au sud, on a deux tnares plus restreintes. Dans les pentes herbeuses un peu plus bas, on a encore quelques gouilles très petites.

Mares du secteur des Ottans; le lac d'Emosson à l'anière-plan (10.1992)

Au nord du sommet de Bel Oiseau (2628 m), dominant le barrage d'Emosson de près de 700 m, on observe un névé pennanent. A son pied, on remarque deux dépressions. Celles-ci peuvent se remplir d'eau à la fonte des neiges ou après de fortes pluies: on aura alors deux plans d'eau de quelques centaines de m2 et de 3 à 4 dm de profondeur. Lors d'une visite le 14.10.92, elles étaient à sec, et leurs fonds présentaient des surfaces planes formées de boue craquelée. Leurs coordonnées sont: 561.2001103.350/2544.

On peut noter que sur la carte Dufour au 1/100.000 de 1861, un lac permanent est indiqué à cet endroit.

Remarque:

Sur la carte régionale au 1:10.000, un plan d'eau est indiqué sur un replat, 600 rn au NW de la Tête des Ottans, à l'altitude de 2105 m: il n'y a plus à cet endroit qu'une zone marécageuse, au milieu des pâturages.

D. Région des Fonds

C'est probablement le secteur le plus retiré de notre étude, et sans doute aussi le plus intéressant. En effet, il possède une dizaine de plans d'eau , dont plus de la moitié sont permanents, mais aucun ne figure sur les dernières cartes au 1:25.000 ou au 1:10.000. La raison en est double: d'abord, ils sont tous de création récente, engendrés par le recul glaciaire de ces dernières décennies; ensuite, il faut bien avouer qu'à part deux d'entre eux, leurs surfaces ne sont pas très étendues. Par contre, les profondeurs se comparent honorablement avec les chiffres qui ont défilé jusqu'à présent. Tous sont d'origine glaciaire, que cela soit par surcreusetnent ou par dépressions dans des dépôts morainiques;

l'environnetnent est donc très minéral, pro glaciaire ou périglaciaire, bien plus que tout ce que l'on a vu ci-dessus.

En ce qui concerne le cadre géologique, on se trouve sur le flanc normal de la nappe de Morcles, vaste pli couché en direction de l'ouest, plissé et replissé selon les endroits. Nos lacs sont excavés dans les calcaires du Jurassique, sur le replat situé entre les barres du Bajocien supérieur (calcaires variés) et ceux de l'Argovien, calcaires noirâtres à taches rouillées, souvent corrodés, et du Malm, calcaires très purs et à grain fin, noirs à la cassure, mais gris clair en surface (Collet et al., 1952). Ces den1iers fonnent de belles falaises dans le paysage, présentant souvent des traces de karstification en grand et en petit.

Vue aétienne des lacs de la région des Fonds, en direction du NE (3.10.91);

on distingue sur le front du glacier et plus en avant, cinq plans d'eau, en plus de quelques gouilles

Comme ces plans d'eau sont de création nouvelle (sur la carte géologique de 1952, ils sont encore tous sous le glacier des Fonds), nous avons tenté de les localiser au mieux sur le plan cadastral au 1:10.000, et les uns par rapport aux autres (voir page suivante). Une tliangulation fermée sommaire a été effectuée à la boussole et au topofil, ainsi qu'à l'altimètre, tout en étant conscient des limites de ce dernier instrument, surtout sur de faibles dénivellations.

Même secteur, vu de la Tour Sallière (13.8.92); les plans d'eau sont visibles, malgré leur turbidité

Les résultats se trouvent sur les cartes ci-jointes. On remarquera que l'altitude des lacs lue sur la carte ne correspond pas à celle donnée dans leurs coordonnées: en effet, ils sont bien à l'emplacement indiqué, tnais sous une certaine épaisseur de glace. Nous avons également dû trouver des noms pour ces plans d'eau, selon leur aspect ou la proximité géographique de certains lieux. A court d'idées, nous avons baptisé les deux derniers, plus petits et sans doute éphémères, de "lacs Sans Nom", nord et sud!

Décrivons-les somtnairetnent dans l'ordre de leur déglaciation probable, c'est-à-dire du sud au nord.

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