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Sur une photo aérienne de l'IGN (vol 3536-29/300, N° 007), prise en automne 1971, à la fin d'une période clitnatiquetnent favorable, ce lac se trouve sous des névés permanents de plusieurs hectares (voir la photocopie de ce document à la page suivante). Seul son émissaire, sautant une importante barre 150 In en aval, au point coté 2411 rn (CNS), est visible. Après la péjoration climatique des années 80, on pouvait s'attendre à une couverture nivo-glaciaire plus importante: c'est ce que nous tnontre le cliché L+ T vol 3117548 du 10.8.89 (LK 282 Martigny). Il est vrai que le vol a été un peu précoce dans la saison, car tout le secteur est recouvert de névés, et rien de ce qui nous intéresse n'apparaît. C'est à la faveur des hivers pauvres en neige et assez doux de ces dernières années qu'un recul marqué des névés et des glaciers s'est manifesté, permettant ainsi à ce lac d'apparaître.

Au premier plan, le lac Gris à gauche, et le lac Noir à droite;

à l'anière-plan, le lac d'Emosson; vue en direction du sud (9.1991)

Il est surcreusé dans les calcaires et entouré de croupes moutonnées, souvent encombrées de dépôts tnorainiques. Il présente une forme en losange, avec un grand axe d'environ 50 rn et un petit axe de moitié moindre. Le lac est assez turbide, bien que l'eau qui l'alimente se soit déjà partiellement décantée dans le lac Blanc en atnont. Le 16.10.91 par exemple, la transparence était de 1 met la température de 4". Du reste, une vaste plaine deltaïque a déjà été établie, et elle est en voie de combler le lac. Avec le taux actuel de sédiments en suspension dans l'affluent (environ 0.5 kg/m 3, dont une partie en transit), et avec le présent débit (module d'environ 50 1/s sur une année), la cuvette lacustre qui n'a pas plus de 2.5 rn de

profondeur, sera comblée dans moins de 10 ans. Le 20.9.92, le lac a fait l'objet d'un prélèvement d'eau. Celle-ci est très peu minéralisée, et la tnatière organique est quasi-inexistante. Avec 7 6 mg/1 de calcaire, cela donne environ 30 mg/1 de calcium, si le magnésium représente moins de 5%. Le fer ainsi que le manganèse sont bien présents: on trouve leurs oxydes dans les roches sédimentaires du bassin-versant, à tous les étages stratigraphiques. Quant aux chlorures, on obtient la valeur habituelle due aux seules précipitations; les sulfates sont absents.

Le lac Gris vu du nord (10.1991)

L'alimentation en eau est très variable: elle peut passer de 0 1/s durant la majeure partie de l'année, à des pics joun1aliers d'environ 200 1/s, en juillet et en août surtout, ce qui va faire varier la surface du plan d'eau ainsi que son niveau (de 0.1 rn).

LAC NOIR (558.920/107.230/2450)

En ce qui concerne l'origine du lac, les mêmes remarques que pour le lac Gris peuvent lui être appliquées. Etant maintenant assez loin du front glaciaire, ce sont surtout les névés permanents qui l'ont masqué jusqu'à récemment. Comme il n'est alimenté que par un petit affluent de quelques 1/s qui rejoint pratiquement le lac à l'endroit où l'émissaire le quitte, l'eau est relativement transparente: le disque était visible à 2.6 rn le 16.10.91, lors d'un prélèvement d'eau, mais le fond était discernable en d'autres occasions. Avec sa profondeur de 3.3 rn, cela lui donne une teinte sombre, d'où son nom. Les variations de niveau sont très faibles.

Il est également excavé dans les calcaires et de belles roches moutonnées l'entourent, surtout à l'est, où des stries glaciaires bien visibles sont orientées vers le SW; l'empâtement morainique est plus marqué sur l'autre rive. Ses dimensions sont assez restreintes, 27 rn sur 20. C'est cependant l'un des lacs de notre étude dont le creux est le plus marqué: il est donc profond pour une surface exiguë.

On remarque encore 2 petites gouilles sur le versant otiental du lac, à côté de son extrémité nord.

Le lac Noir vu du SW (10.1991)

Si le lac Gris est destiné à disparaître par comblement, le lac Noir pourrait par contre s'assécher: en effet, avec le recul du glacier des Fonds, dont le front actuel se trouve à environ 200 rn du lac et près de 100 rn plus haut, dominant des dalles de Malm accidentées de

nombreuses fractures qui absorbent une partie de l'eau de fonte, voire la totalité, il se pourrait bien que le lac Noir ne soit plus alimenté en permanence si le retrait devait se poursuivre. Il n'aura alors plus d'eau qu'à la fonte des neiges et jouera le rôle d'un vaste pluviomètre où seuls s'affronteront évaporation et précipitations.

Le 16.10.91, de l'eau, dont la température était de 5.5°, a été prélevée pour analyse. La conductibilité était assez basse, mais non négligeable, ce qui ne l'empêche pas d'être la plus forte de tous les lacs de notre étude: cela prouve leur faible minéralisation. La matière organique, ainsi que la silice, est très peu abondante. A part un peu de calcium et de magnésium, les métaux sont discrets. Les chlorures présentent une valeur normale, mais les sulfates, un chiffre relativetnent élevé: c'est sans doute dû à la présence dans le Malm de nombreux nodules de pyrite FeS2 qui, par oxydation, donnent de l'acide sulfurique attaquant le calcaire et libérant du sulfate de calcium.

Le lac Noir sera peut-être le seul plan d'eau de notre secteur à devenir semi-permanent (avec les réserves étnises plus haut), si le retrait glaciaire devait se poursuivre, ceci étant dû à l'absence de sédimentation. A la longue cependant, il sera c01nblé peu à peu par la végétation, comme aux gouilles d'Arevassey.

LAC BLANC (559.140/107.430/2465)

C'est le plus vaste plan d'eau du secteur puisque, de forme approximativement carrée, il mesure 45 rn de côté. Il est le résultat d'un surcreusement, et il vient de se dégager de sa

Le lac Blanc et sa table glaciaire, vus du sud (1 0.1991)

1 '

Mêtne secteur, tnais en septetnbre 1992; l'évolution par rapport à la photo précédente est tnanifeste

Même secteur vu de l'est

carapace nivo-glaciaire, car en automne 1991, il était encore encombré de blocs de neige et de glace: cela avait rendu délicates et incomplètes les mesures bathytnétriques.

Sa position le rend très vulnérable aux i1uctuations de la langue d'une diffluence du glacier du Ruan, issue du col de la Tour Sallière. Au siècle passé, la majeure partie de cette diffluence s'écoulait droit au sud, vers la Tête de la Chaux Denière; elle y a laissé du reste de beaux vallums latéraux. Mais suite à son recul, seule une branche restreinte est encore active en direction du SSW, dans un étroit vallon dont le lac Blanc, puis le lac Gris occupent la partie inférieure. Cependant, en autOinne 1992, la situation avait bien changé: le lac était totalement dégagé, et le front glaciaire se trouvait à quelques dizaines de mètres en amont du lac.

En rive ouest, le glacier des Fonds était présent à une dizaine de mètres, sous la forme d'une énorme lentille de glace sous laquelle il était possible de pénétrer, vu son large décollement à l'endroit d'un ressaut.

Ces changements récents font que le lessivage des dépôts morainiques est intense et que l'eau du lac est très turbide. L'affluent tOITentiel y a du reste construit un impressionnant delta.

Alors que la bathytnétrie d'octobre 1991 indiquait 4.1 rn comme profondeur maximum, celle-ci n'atteignait plus que 3.2 In un an plus tard. Y a-t-il eu affaissement du delta ou pluie de sédiments? En octobre 1992, des entonnoirs de dimension métrique était visibles sur le delta;

le matériel du fond était totalement fluide. S'agissait-il d'une sorte de thermokarst (fonte de coins de glace tnorte sous les sédiments)?

Le lac Blanc: delta et entonnoirs, vus du NW (10.1992)

Ce plan d·eau est en tout cas en rapide évolution. Sur sa rive nord, on distingue un énorme bloc erratique d·un volume d·environ 25 m3. Celui-ci était encore sous forme de table glaciaire en septembre 1991.

Table glaciaire (10.1991); sur les trois photos précédentes, ce n·est plus qu·un bloc en·atique

La carte bathyn1étrique a été essentiellement dressée le 20.9 .92, alors que la température de l'eau était de 2° et sa transparence de 0.3 m. Le lac présente deux cuvettes séparées par un seuil prononcé, d·orientation méridienne: il s·agit sans doute d·un vallum frontal, l'une des cuvettes résultant d·un surcreusement par la langue du glacier des Fonds à 1·ouest, et l'autre par la diffluence mentionnée plus haut. Le lac est entouré de roches moutonnées, fortement empâtées par des dépôts tnorainiques. On y distingue par endroit des diaclases profondes et continues, otientées E-W, qui, si un débounage des sédiments glaciaires s·effectue, pourront amener à une vidange du lac par soutirage karstique.

Une dalle polie, striée ou cannelée selon les endroits, le relie au lac Gris, 280 rn en aval.

Comtne on l'a expliqué pour le lac Gris, et à plus forte raison pour le lac Blanc, sa durée de vie risque d•être très brève, car il sert de fosse de décantation. Mais son volume lui assurera sans doute une existence un peu plus longue.

Le lac Blanc et des diaclases; vue vers l'est (10.1992)

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