A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
E. C ARTAN
Les groupes bilinéaires et les systèmes de nombres complexes
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 12, no1 (1898), p. B1-B64
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B.I
LES
GROUPES BILINÉAIRES
ET LES
SYSTÈMES DE NOMBRES COMPLEXES,
PAR M. E. CARTAN.
Maître de Conférences à l’Université de Lyon.
INTRODUCTION.
On sait
quel
lien étroit relie la théorie dessystèmes
de nombres com-plexes
et celle des groupes linéaires ethomogènes simplement
transitifs.L’étude des groupes
bilinéaires,
c’est-à-dire des groupes dont leséquations
finies sont linéaires et
homogènes
parrapport
aux variables et parrapport
aux
paramètres
établit aussi une relation entre ces groupes et lessystèmes
de nombres
complexes,
et cette relation est biensimple :
onpeut regarder
toute transformation finie
proprement
dite oudégénérée
d’un tel groupecomme un nombre
complexe
d’un certainsystème
pourlequel
lamultipli-
cation satisfait aux lois de distributivité et
d’associativité
et pourlequel l’opération
inverse de lamultiplication
est engénéral possible.
Le but de ce
Mémoire, après
avoir établi cette relation et étudiéquelques propriétés générales
des groupes bilinéaires et même des groupes linéairessimplement
parrapport
auxparamètres,
est de faire une étude d’ensemblesur les
systèmes
de nombrescomplexes, spécialement
aupoint
de vue deleur
composition
et d’en fairel’application
aux groupes bilinéaires. Cetteétude, qui
occupe lesparagraphes
IV-VIII de ceMémoire,
forme un tout ensoi ;
elle ne faitappel
à aucune notion de la théorie des groupes et reste exclu- sivement sur le terrain de la théorie des nombrescomplexes.
Elle a pourpoint
dedépart
la considération de ceque j’appelle l’équation
caractéris-tique
d’un cle nombrescomplexes,
bien que ce nom ait été donné par les auteursprécédents
à uneéquation
d’une tout autre nature; cette notiond’équation caractéristique, qui
adéjà
conduit à tant derésultats, spécialement
dans la théorie de la structure des groupes, est aussi très fécondeici ;
elle m’apermis
de trouver des théorèmes d’une extrêmeimpor-
tance, que
j’ai exposés
récemment dans deux Notes parucs auxCOlnplcs
rendus de l’Académie des Sciences
( 3 I
maiet 8 juin I897).
C’est ainsiqu’en
étendant les notions desystèmes simples, semi-simples, inté- grables,
etc.,empruntées
à la théorie de la structure desgroupes, j’ai
étécond.uit naturellement à une classification
(déjà ancienne)
dessystèmes
endeux
grandes
classes : lessystèmes intégrables
ou sansquaternions
et lessystèmes
nonintégrables
ou àquaternions;
quej’ai
pu déterminer tous lessystèmes simples
ousemi-simples qui
rentrent dans la secondeclasse,
et
qu’enfin,
résultatqui
n’a pas sonanalogue
dans la théorie de la structuredes groupes et dont
l’importance
ne sauraitéchapper,
quej’ai
trouvé unmoyen
simple
de déduire tous lcssysiémcs
de la deuxième classe de ceuxclc la
première.
Le
paragraphe VII,
consacré auxsystèmes
réels de nombrescomplexes,
conduit à des résultats tout à fait
analogues, quoique
un peuplus compliqués
et par cela même
plus
intéressants.Enfin les
paragraphes
VIII et IX contiennent lesapplications
des théoriesprécédentes
aux groupesbilinéaires,
d’abord aux groupessimplement
transitifs et ensuite aux groupes
quelconques.
I.
CONDITIONS NÉCESSAIRES ET SUFFISANTES POUR QUE r TRANSFORMATIONS INFINITÉSIMALES INDÉPENDANTES ENGENDRENT UN GROUPE LINÉAIRE ET HOMOGÈNE PAR RAPPORT AUX
PARAMÈTRES.
1. Soient
les
équations
finies d’un groupe à n variables ~~, ..., ~ et rparamètres
~2? ’ ’ ’ ? les
~~
sont des fonctions de x t, ~, ..., ~. Si ce groupecontient la transformation
identique,
il contiendra manifestement toutes lestransformations .
et il pourra être
regardé
commeengendré
par r transformations infinitési- malesindépendantes.
Onpeut
évidemmentprendre,
pour ces r transfor.-mations.
les suivantes :et la transformation infinitésimale
est nécessairement une combinaison des transformations
(2).
2. Si les transformations
(i)
forment un groupe, la succession de deuxquelconques
de ces transformationséquivaudra
à une transformation déter- minée du groupe. Effectuons d’abord la transformation infinimentpetite
puis
la transformation finieoù i et k
désignent
deuxquelconques,
différents ou non, des nombres i 2, ..., j~. Le résultat de ces deux transformations successives est la transfor-mation .
qui
doit rentrer dans la formule(1).
Il en résulte que l’on a des rclationstelles que
ou encore
en posant
Les relations
(7)
sont cellesauxquelles
nous voulions arriver. Ellesclonncnt des conditions nécessaires pour que lcs n
transformations in fi-
nitésimales
X,
...,Xrf engendrent
un groupe linéaire cthomogène
par
rapport
auxparamètres.
3. Ces conditions sont
suffisantes.
Eneffet,
supposons que les r trans-formations infinitésimales
indépendantes (2),
dont latransformation
x4 ~f ~x1 +
x2 ~f ~x2
+ ... + xn ~f ~xn est supposée être une combinaison linéaire,
satisfassent aux r2 relations
(7)
où les a sont des constantes. Ces transforma- tionsengendreront
d’abord nécessairement un groupe, car de(7)
on déduitrelations
caractéristiques
de lapropriété
des transformations(2) d’engen-
drer un groupe.
Je dis alors que les
équations
finies de ce groupepeuvent
être mises sousla forme
(1).
D’abord leséquations (i)
définissent destransformations
proprement
dites,
car le déterminant fonctionnel des seconds membres para
rapport
à ..., xn est engénéral
différent dezéro, puisque,
pour des valeursparticulières
desparamètres
ai, ces seconds membres se réduisent à ..., Xn. En second lieu, les transformations(t)
contiennent la transformationidentique
pour la même raison. Enfin ces transformations contiennent toutes les transformations finiesengendrées
par les transfor- mations infinitésimales(2);
le groupe à unparamètre engendré
par~, f
peut
en effet être défini au moyen des formulesmais
d’après
les formules(y),
les coefficients de~ ~
...s’expriment
enfonctions linéaires et
homogènes~
les mêmes pour tous lesindices 1,
de..., c’est-à-dire de
03BEi1, 03BEi2,
..., Le groupeengendré
par
X, /*a
donc seséquations
finies de la formec’est-à-dire est contenu
parrni
les transformations(I).
Les formules
(r)
définissent donc un ensemble de transformations à rparamètres qui
contiennent toutes les transformations du groupeengendré
par les 1 transformations infinitésimales
indépendantes X, f , . , ., Xr f .
Ellesconstituent donc les
équations
finies de ce groupequi,
parsuite,
est linéaireet
homogène
parrapport
auxparamètres.
4. En
définitive,
nous avons le théorème suivant :La condilion nécessaire et
suffisante
pour quc les ntransformations infinitésimales indépendantes Xtf, X,, f,
..., ,Xr f,
à n variables x,, ,x2, ...,
engendrent
un groupe linéaireet homogène
parrapport
auxparamètres
est quc la rj ~f ~x1 + ic., ~f ~x2 +... + xn
~f ~xn soit
une combinaison linéaire des
X i f,
ainsi que les n2transformations infi-
nitésimales
Xi ( Xx f ).
On a alors la valeur de la variabletransformée x;
dans les
équations finies
du groupe, enprenant
lccoefficient
de df dansl’expression
aXtf
+ +... +arXr f.
Par
exemple,
les transformations infinitésimalessatisfont aux neuf relations
Elles
engendrent
donc un groupe linéaire ethomogène
par rapport auxparamètres
dont leséquations
finies sontComme
application,
onpeut
chercher leplus petit
groupe linéaire cthomogène
parrapport
auxparamètres,
danslequel
soient contenuesr transformations infinitésimales données
X, f,
..., ,Xr, f.
Pourtenir,
il suffirad’ajouter
à ces transformations la transformation x1~f ~x1 -E- ... + xdf
, si ellen’y
est pas, ainsi que toutes les transforma- tionsprocéder
de la même manière pour les transformations nouvelles ainsiobtenues,
et ainsi de suite. Si cesopérations
ont un terme, les transformations données sont contenues dans un groupe fini linéaire ethomogène
parrapport
auxparamètres;
sinon elles ne sont contenues que dans un groupe infini(non
nécessairement défini par deséquations
auxdérivées
partielles) jouissant
de la mêmepropriété.
II.
LES GROUPES LINÉAIRES ET HOMOGÈNES PAR RAPPORT AUX VARIABLES ET PAR RAPPORT AUX PARAMÈTRES. GROUPE DES PARAMÈTRES.
5. Nous allons
plus particulièrement
considérer maintenant les groupes linéaires ethomogènes,
c’est-à-dire pourlesquels
les variables transfor- mées sont des fonctions linéaires ethomogènes
des variablesprimitives.
Cesont ceux de ces groupes
qui
sont en mêmetemps
linéaires ethomogènes
par
rapport
auxparamètres qui
vont nous occuper. Nous lesdésignerons
dorénavant sous le nom de groupes bilinéaires.
Nous avons vu au
paragraphe précédent
que l’on obtenaitl’expression
dela variable transformée
~~
par l’effet de la transformation deparamètres
a"([2’ ..., ar en
prenant
le coefficient de dansl’expression
Cela nous conduit à
regarder
lesymbole
aussi bien comme
représentant
une transformation finieSa qu’une
transfor-mation infinitésimale. Bien
entendu,
nous n’aurons affaire à une véritable transformation que si les coefficients de~f ~x1, ...,
> sont des fonctionsindépendantes
de x" X2’ ..., Néanmoins il y auraavantage
à considérerles
symboles
pourlesquels
cette conditionn’est pas remplie
et à lesregarder
comme
représentant
encore des transformations finiesdégénérées,
ce faitd’ailleurs ne se
présentera
que pour des valeursparticulières
des a.6.
Imaginons
que nous effectuions successivement les deux transforma- tions finiesSi nous posons
la
première
de ces transformations est définie par les formuleset la seconde par les formules
Le résultat de ces deux transformations est la transformation
Mais
d’après
les identités(7 )
duparagraphe précédent,
on ac’est-à-dire
Par
suite,
les formules(4)
deviennenten
posant
La succession de la transformation
Sa
et de la transformationSb équivaut
donc à la transformation
Sc
dont lesparamètres
c, , c,, ..., c,. sont donnéspar les
équations (6).
7. Si nous
appelons A f, B f, C f les symboles
des transformationsSa, S~, S~,
les formules(6)
nous montrent immédiatementqu’on
a la relation,fondamentale
Par
conséquente
la succession des deuxtransformations finies A f
et
B f équivaut
à latransformation jinie A (B f ).
Cela nous conduit en
particulier
à la conclusion suivante :Considérons trois transformations finies
quelconques Sa, Sô,
On voitqu’on
a l’identitéPrenons pour
Sb, 5~ respectivement
Les relations()
du
paragraphe
1 conduisent aux identités suivantes entre lesquantités
.
8. Les
équations (6),
où l’onregarde
les b comme desparamètres,
lesa comme des variables et les c comme les variables a
transformées,
défi-nissent,
comme onsait,
un groupequi
est le groupe desparamètres
dugroupe
primitif.
Il est linéaire ethomogène
parrapport
aux variables et auxparamètres,
contient manifestement la transformationidentique
et est sine-plement transitif :
il faut entendre par là que, étant donnés deuxsystèmes
arbitraires de valeurs des a et des c, il existe un
système
de valeurs desparamètres
b et un seulqui permet
de passer des a aux c ; autrementdit,
le(1) Ces relations peuvent aussi s’établir en démontrant directement que
identité vraie si les Y f sont linéaires par rapport aux variables x.
déterminant des coefficients des b dans les seconds membres des
équa-
tions
(6)
n’est pasidentiquement
nul. Cela résulte de la théoriegénérale
des groupes ; mais on
peut
le démontrer ici directement. Eneffet,
si ledéterminant des coefficients des b était
identiquement nul,
àchaque
sys- tème de valeurs des a onpourrait
fairecorrespondre
unsystème
de valeursnon toutes nul,les des b tel que les c donnés par les formules
(6)
soient tousnuls.
Mais,
par la transformationSa
les x sont transformés engénéral
enn formes linéaires x’
indépendantes,
et la transformationSb,
effectuée surces
quantités
nepourrait
donner de résultats tous nuls que si tous les b étaientnuls,
cequi
est contraire àl’hypothèse.
Il est facile de vérifier aussi directement que les
équations (6)
définissentun groupe.
Considérons,
eneffet,
les rquantités
mais, d’après
les relations(8),
cetteéquation
se réduit àCes relations
(9)
montrentd’après
les résultats duparagraphe I,
que les transformations infinitésimalesB f engendrent
un groupe bilinéaire et que leséquations
finies de ce groupe ne sont autres que leséquations (6).
Les formules
(g)
montrent deplus qu’il
y aisomorphisme
entre lestransformations finies du groupe des
paramètres
et celles du groupepri- mitif,
lesquantités 03B1
étant les mêmes pour ces deux groupes. Cela veut dire que, si l’on établit unecorrespondance
entre les transformationsSa
etT~
du groupe
primitif
et du groupe desparamètres qui correspondent
auxmêmes valeurs des
paramètres,
à la transformationSaSb correspond
latransformation
Ta 1b.
Enparticulier,
le groupe desparamètres
est sonpropre groupe des
paramètres.
9. Nous avons vu que les r3
quantités
devaient satisfaire aux r’~équa-
tions
(8).
Nous pouvons maintenant démontrer laréciproque.
Étant
donné ufisystème
de 13quantités 03B1iks satisfaisant
aur r’équa-
tions
( 8 )
telles clc
plus
quc les ntransformations infinitésimales
soient
indépendantes et que
lesymbole
a,i
+ ... + a soic une conz-
binaison linéaire dcs il existe certainement un
.systcrn,c
clc rformations infinitésimales indépendantes
ct linéairesX, f,
...,Xrf
telles que l’on ait
ces transformations engendrant un groupe bilinéaire.
Il
suffit,
eneffet,
deprendre
cn refaisant les calculs du numéro
précédent qui s’appuient uniquement
surles
équations (8),
on tombe sur les identités à démontrer. Il en résulte même que cc groupe est son propre groupe desparamètres
et,par suite, simplement
transitif.-
10.
Etant
donné un groupe bilinéaire défini par r transformations infini- tésimalesindépendantes X, f,
...,Xr f,
nous avons défini la trans- formation finic deparamètres
a" a,, ..., a,. etayant
poursymbole
Imaginons
que nousremplacions
lesX f
par r combinaisons linéairesindépendantes
de ces mêmesquantités
...,Xr f
. Alors la trans-formation finie
( ~ i)
estreprésentée
par un nouveausymbole
où les a’ sont certaines combinaisons linéaires des a. Si nous prenons alors
les a’ pour nouveaux
paramètres,
nous obtenons manifestement un nou-veau groupe dcs
paramètres,
maisqui
se déduit dupremier
en effectuantsur lcs variables et sur lcs
paramètres
une même substitutionlinéaire,
celle
qui permet
de passer des a aux a’. Ces deux groupes sont dits senz-blables et ne doivent pas être
regardés
comme distincts.On
peut
donc direqu’un
groupe donné a une infinité de groupes desparamètres,
mais ils se déduisent tous de l’un d’entre eux par leprocédé Indiqué plus
haut.t 1. Cela
étant,
considérons un groupe bilinéaire etsimplement transitif.
.Je dis
qu’on peut toujours,
par unchangement
deparamètres, faire
cnsorte que ce groupe soit son propre groupe des
paramètres.
Soient,
eneffet,
x2, ..., r,, lesvariables,
ai, a2, ..., an lesparamè-
tres. Le déterminant des coefficients des a dans les seconds membres des
équations
finies du groupe est, parhypothèse,
nonidentiquement
nul.Sup-
posons donc que, pour Xi = =
X2’
..., x~ = ce déterminant soit différent de zéro. Nous pouvonstoujours
faire unchangement
deparamè-
tres de
façon
que la transformationSa
deparamètres
ai, a2, ..., an trans-porte
lepoint (,x°, x°,
...,x°)
aupoint (a,
a.,, ...,an);
autrement ditnous pouvons définir sans
ambiguïté chaque
transformation du groupe par lepoint
A(a,
a~,, ...,a,t)
que cette transformation faitcorrespondre
aupoint origine O (x01,
...,x°)..
,Cela
étant,
considérons deux transformationsquelconques Sa, Sv
définiespar deux
points A( ai,
a2, ...,an)
etB(b"
,b2,
, ..., ,bn).
La transformationSaSb
fera alorscorrespondre
aupoint
0 d’abord lepoint A, puis
lepoint
transformé du
point
A par la transformationSb.
Si doncSc
est cette trans-formation, correspondant
aupoint C,
lepoint
C est le transformé dupoint
Apar
Sb.
Mais il y a une autre transformationqui
fait passer dupoint
A aupoint
C : c’estprécisément
la transformationTb
du groupe desparamètres.
Donc les deux transformations
Sb
etTb
fontcorrespondre
au mêmepoint
Ale même
point
C : elles sontidentiques.
Le groupe considéré est doncidentique
à son groupe desparamètres.
.Analytiquement,
onpeut
choisir lestransformations infinitésimales
X f,
,..’. Xnf
d’un groupesimplement transitif de
tellefaçon
quc, sion ail en même
temps
Ce théorème est dû à M.
Study qui
adémontré,
d’unefaçon plus
rale,
que tout groupesimplement transitif,
linéaire ethomogène
par rap-port
aux variablesseulement, pouvait toujours
êtresupposé
linéaire ethomogène
parrapport
auxparamètres
etidentique
à son groupe des para- mètres.III.
RELATIONS ENTRE LES GROUPES DILIXÉAIRES ET LES SYSTÈMES
DE NOMBRES COMPLEXES.
12. Nous avons, dans le
paragraphe précédent,
faitcorrespondre
àtoute transformation finie
Sa
d’un groupe bilinéaire lesymbole
Nous allons maintenant introduire une autre
représentation.
Nous pouvonsregarder
l’ensemble des 1paramètres
a, , a2, ..., ar comme constituant unnombre
complexe d’espèce supérieure,
que nousdésignerons
encore sym-boliquement
parles e sont dits unités. Nous dirons
qu’un
nombrecomplexe
est nul si les1 nombres ai, ~,,, ..., a,.
qui
le définissent sont tous nuls. Nous définirons la somme des deux nombrescomplexes
par le
symbole
Nous définirons enfin le
procluit
des deux nombrescomplexes
a eth, symboles
des deux transformations finiesSa
etSô
par le nombre com-plexe
csymbole
de la transformation résultanteS~.
Nous auronsdonc,
pardéfinition,
en conservant les notations desparagraphes précédents,
De
l’origine
même de cette définition résultent lespropriétés
suivantesdu
produit
: ’Il y a cn
général
un seul nombnc bqui, multiplié
A GAUCHE par un,nombnc a,
reproduise
un nombre donné c; ; il y a cngénéral
un scuLnombre a
qui, multiplié
A DROITE par un nombre donnéb, reproduise
unnombnc donné c.
La
multiplication satisfait
aux lois distributive etassociative; c’est-
à-dire on a lcs identités
L’identité
(4)
estévidente;
l’identité(5)
résulte de lareprésentation.
desnombres
complexes
comme substitutions.Enfin,
iL y a un nombrecomplexe
~qui, multiplié
à droite ou àgauche
par un nombre
complexe quelconque, reproduise
cenombre;
c’est celuiqui représente
la transformationidentique
du groupe donné. Onl’appelle
le module du
système
de nombrescomplexes.
13.
Réciproquement,
définissons unsystème
de nombrescomplexes
àr unités fondamentalcs c~,, ..., e,. par les lois suivantes :
L’addition de deux nombres
complexes
est définie par la formule(2).
Le
produit
de deux nombrescomplexes
a et b est un nombreles constantes r/..iks étant telles que le déterminant des coefficients des h dans les seconds membres des formules
(6)
n’est pasidentiquement nul,
demême que le déterminant des coefficients des a dans les mêmes
expressions ;
ces constantes
étant,
deplus,
tellement choisies que lamultiplication
satis-fasse à la loi associative
exprimée
par la formule(5)
Je dis alors que ce système
complexe peut
êtreregardé
comme a..ssociocLe la
façon qui
a étédéfinie au numéro précédent,
à un Cf,’l’Lal,lZ groupe bilinéaire cl’onclne r.En
effet,
d’abord la formule(5 )
nc faitqu’exprimer
lcs rclationsdéjà
considérées entre les constantes
De
plus,
les r transformations infinitésimalessont
indépendantes puisque
le déterminant des~f ~xs
cst, parhypothèse,
dif-férent de zéro. Enfin
je
dis que lesystème
admet un n2odul,c.Soit,
eneffet,
un nombre
complexe
tel que leséquations (6) puissent
être résolues parrapport
aux a. Soit ~ le nombre a ainsi obtenulorsqu’on
donne à c lavaleur On a alors
Si maintenant a est un nombre
complexe quelconque,
on ade sorte que le
produit
de b0 par les deux nombres a et a E est lemême;
d’après l’hypothèse
faite surh°,
il en résulteSi donc
l’identité
(g)
montre que lesymbole ~1X1f+...+~rXrf
se réduit àx, d~ -E-
... -f- x,,
df
.°Les r transformations
( 8 )
sont doncindépendantes ;
elles contiennent la transformation .r, df + ...~ xr ‘~~
et,enfin
elles satisfont aux relationselles
engendrent
donc un groupebilinéaire,
et lesystème
de nombres com-plexes qui
est associé à ce groupe estprécisément
lesystème
considéré.14. En somme, nous avons fait
correspondre ainsi,
d’une manière uni- voque, les groupes desparamètres
des groupes bilinéaires auxsystèmes
de nombres
complexes
satisfaisant aux conditionsexprimées
dans lenuméro
précédent. Comme, d’après
le théorème du n°10,
tout groupe bili- néairesimplement
transitifpeut
êtreregardé
comme son propre groupe desparamètres,
nous avons établi unecorrespondance univoque
entre lesgroupes bilinéaires
simplement
transitifs et lessystèmes
de nombres com-plexes.
Ce dernier résultat est connudepuis longtemps
et démontré enparticulier complètement
par M.Study;
mais nos considérations sontplus générales, puisqu’elles
établissent unecorrespondance
entre un groupe bilinéairequelconque
et unsystème
de nombrescomplexes.
L’étude des relations
( ~ ), c’est-à-dire,
en somme, l’étude des nombrescomplexes
nousfournira,
comme nous le verrons dans lasuite,
des résul-tats très
généraux
sur les groupes bilinéairesquelconques.
De nombreuxauteurs se sont
occupés
de cette théorie des nombrescomplexes; je
vais laprendre
à unpoint
de vuequi
nous donnera des résultats nouveaux pour laplupart
et d’unegrande généralité.
IV.
GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES DE NOMBRES COMPLEXES.
SYSTÈMES DE LA PREMIÈRE CLASSE.
r 5. Considérons un
système
de nombrescomplexes
où les e sont des
symboles,
les x des nombresordinaires,
réels ouimagi-
naires. Nous supposons définies sur ces nombres les
opérations
fondaineii-tales,
addition etmultiplication,
de telle
façon
que lamultiplication
satisfasse à la loi associativeet de telle
façon
aussi que les deuxopérations
inverses de lamultiplication
ou
division,
lapremière
consistant à passer dupremier
facteur et du pro- duit au deuxièmefacteur,
la seconde consistant à passer du second facteuret du
produit
aupremier facteur,
soientpossibles
engénéral.
Alors il existe un nombre E
appelé module,
tel que pour tout nombre.x du
système
on aitSi l’on suppose l’existence
d’un module,
il est inutile de supposer la pos- sibilité des deuxdivisions;
car, si lapremière,
parexemple,
n’était paspossible,
àchaque
nombre x;correspondrait
au moins un nombre y tel que xy fûtnul ;
or cela nepeut
pas avoir lieu pour y === e.Il est bien évident que si l’on
prend,
au lieu des unités c, , C2, ..., e,., y-nombresquelconques
dusystème
non liés par une relation linéaire à coeffi- cientsordinaires,
on obtient un nouveausystème qui
ne doit pas être con- sidéré comme distinct dupremier;
les .r/ subissentsimplement
une substi-tution linéaire.
16.
Étant
donné un nombre x dusystème
cherchons à déterminer un nombre y
tel que l’on ait
où (o
désigne
un nombre ordinaire.La relation
(6)
sedécompose
dans les r suivantes :Si l’on veut que le nombre y ne soit pas
nul,
il faut que w satisfasse àinéquation
Cette
équation peut s’appeler l’équation caractéristique
dusystème, quoique
ce nom ait été donné par certains auteurs à deséquations
d’unetout autre nature. Nous lui conserverons néanmoins ce nom, toute confu- sion étant
impossible.
Remarquons
immédiatement que le termeindépendant
de a) dans lepremier
membre del’équation caractéristique
est,d’après
leshypothèses faites, différent
deOn
pourrait
considérer une deuxièmeéquation caractéristique
obtenueen
partant
del’équation
La considération de cette deuxième
équation
nous sera utile dans cer-tains cas.
17.
Supposons
quel’équation caractéristique
admette engénéral
li,racines distinctes et Il
seulement,
et considérons un nombre x = a pourlequel
cette condition est réalisée. Soient Wf, W2’ ..., Wh ces racines. Alors il existe un nombre a, tel que l’on aitpuis,
si la racine (Ot estmultiple,
un nombre«~
tel que l’on aitpuis
un nombrea ~
tel que l’on aitet ainsi de suite.
Finalement,
on faitcorrespondre
à la racine Wj, de multi-plicité
m , , unsystème
de m, nombres linéairementindépendants
a,,a;,
...,tels que le
produit
de a par chacun d’eux soitégal
auproduit
de.
ce dernier par (D
plus
une combinaison linéaire desprécédents.
On
peut procéder
de la mêmefaçon
pour les racines c~.,, ..., de sorteque nous avons déterminé r nouveaux nombres
complexes
linéairementindépendants,
dont chacunappartient
à une des racines ..., 03C9h,ceux de ces nombres
qui appartiennent
à la racine wi étantdésignés
par lessymboles
«;,«~,
, ...,«i’n° -1’.
.i8. Il résulte facilement de là que
si,
parexemple,
leproduit
ax estégal
à wxplus
une combinaison linéaire de« ~ , ...,
le nombre x est lui-même une combinaison linéaire de «, ,
« ~ , ....
Celaétant,
il est facile d’en déduire successivement que «, x,« ~ x,
... sont des combinaisons linéaires de ce , ,«~, ...,
et celaquel
que soit x.Donc le
produit d’un nombre appartenant
à la racine m, avcc unnombre
quelconque
dusystème appartient
encore à la racine 03C91 . Il en est de même pour les autres racines.19. Cela
étant,
considérons le module ~ dusystème.
Ilpeut toujours
semettre sous la forme
un ou
plusieurs
des nombres E2, ..., Ehpouvant
êtrenuls;
s,appartenant
à la racine ..., Eh à la racine Or prenons
c0!~i~.
On amais, d’après
le numéroprécédent, appartient
à la racine 03C92, ...,à la racine mà. Comme le second membre doit être
égal
àa~~’,
il enrésulte
qu’on
aet ainsi de suite.
Les nombres ~1, ~2, ..., Eh
peuvent
êtreappelés
modulespartiels.
Considérons maintenant les nombres
a.~,
.... Onpeut toujours
sup- poser que lesproduits
sont distincts et différents de
zéro,
lesproduits
restantsétant tous nuls. Le nombre oc, s, , par
exemple,
faitpartie
des x,~a~,
..., etl’on a, d’autre
part,
Le
produit
de par s, n’étant pasnul,
on voit que ceproduit
est unecombinaison linéaire de
« ~ , ... , « ~p-",
et ce nombre estég’at
à sonpropre
produit
par ~, . Comme onpeut répéter
ce raisonnement pour-
a.i
~" ...,«~p-"~~,
il en résultequ’on
aDe ~2 étant nul
d’après
les formules(8)
et(g),
on aet si l’on considère les nombres 03B1(p)1, ..., on peut les supposer choisis de telle
façon
que lcs q~premiers
sereproduisent lorsqu’on
lesmultiplie
par ~2, les autres donnant un
produit
nul avec ce même nombre. On peut continuer ainsi deproche
enproche.
Finalement,
on voitqu’on peut
choisir avec ~2, ..., ~h, rh nombres linéairementindépendants
dusystème, ~1
, ..., , tels que pour chacun d’eua ~, il existe deux indices ce et03B2 inférieurs
ouégaux
à hde
façon qu’on
ar,’ttous lcs
produits ~i~, ~~j
étant nuls pour Ldifférent
de a etj différent de ~ .
L’ensemble des deux indices
(
03B1,03B2)
constitue ce que M. Scheffers aappelé
le caractère du nombre ~.
Ou
peut ajouter
la remarqueimportante
que, toutes lesfois qu’on
aura h nombres ~1, ..., , Eh
satisfaisant
à~2i
- Ei, = o, on pourrafaire
la réduction
précédente.
20. Le
produit
d,’un nombrecomplexe
de caractère(a, 03B2)
par Icn nombrecom,plexe
de caractère(03B3, 03B4)
est nul si03B2
estdifférent
de 03B3 et cstun nombre
complexe
de caractère( a, 03B4)
si03B2
estégal
à 03B3. Eneffet,
soient r et ces deux nombres. On a, parhypothèse,
Il en résulte
qu’on
aMais
si ~
est différent de y, ~~ EY est nul et par suite aussiSi )
estégal
à y, le
produit peut
êtrenul; mais,
s’il ne l’est pas, il est certainement de caractère(a, S).
Les modules
partiels
..., Ehpeuvent
eux-mêmes être considéréscomme
ayant respectivement
les caractères(ï, I ), ( 2, 2 ),
...,fi ).
L’existence de ces modules montre que la deuxième
équation
caractéris-tique
admet au moins A racines distinctes. Eneffet,
considérons le nombrece
qui
démontre bien lapropriété.
Comme nous aurions pu aussi bien
partir
de la deuxièm.eéquation
carac-téristique
que de lapremière,
nous croyons que les deuxéquations
carac-téristiques admettent, pour
dcs valeurs arbitraires cle x, le même nombre cie racines distinctes.21. L’ensemble des nombres
complexes
de caractère(i, I)
forme lui-même un
système
de nombrescomplexes
satisfaisant aux conditions énon- cées au début duparagraphe.
Eneffet,
leproduit
de deux nombres de caractère( 1, t)
est encore un nombre de caractère( r , 1);
ceproduit
satis-fait à la loi associative et enfin ce
système partiel
admet un modulequi
n’est autre que Si nous
désignons
par le nombre des unités indé-pendantes
de caractère( «, ~ ),
nous voyons que cesystème
des nombres de caractère(1, i)
admet , unitésindépendantes. Désignons
cesystème
par S,. .
L’équation caractéristique
dusystème 03A31
n’admetqu’une
seule racinemultiple
d’ordre m" . . Car si elle en admettaitplusieurs distinctes,
enrépétant
sur lesystème 2,
le raisonnement fait sur lesystème primitif,
nous arriverions à trouver dans
~,
au moins deux modulespartiels ~ 1, ~ ~ ,
et
l’équation caractéristique du système primitif,
obtenue enpartant
dunombre
admettrait
contrairement àl’hypothèse faite, fi
+ t racinesdistinctes,
asavoir
x~, x~,
xz, ..., X h, et cela en vertu deséquations
Il résulte de là que le
premier
membre del’équation caractéristique
de~’,
est lapuissance
d’un facteur linéaire. Parsuite,
onpeut
supposer choisies les unités de tellefaçon
que Ef soit une de ces unités et que pour toutes les autresl’équation caractéristique
n’admette que des racines nullcs._
Si /’0/Z
appcllc
nombre d’unsystème
un nombnc pourlequel l’équation caractéristique
n’a que des racinesnull,es,
on voit que lesystème ~,
d’ordre mt t admet f - I unitéspseudo-nulles
et quetous les nombres
qui
s’en déduisent linéairement sontégalement pseudo-
nuls.
21. . Un nombre PSEUDO-NUL du
système E,
estégalement
PSEUDO-NULpour lc
système Soit,
eneflet,
r~ un de cesnombres,
néces-sairement distinct de Ef.
Supposons
quel’équation caractéristique
du sys- tème S obtenue en partant dunombre 11
admette une racine m différente de zéro. Alors il existe unnombre ~
dusystème
tel que l’on aitCe
nombre ~
est évidemment une somme de nombresayant
chacun uncaractère
déterminé; comme
~ est de caractère(t, y,
on voitque (
nepeut
êtrequ’une
somme de nombres de caractères(T~!),(i~2)~...,(i~A).
.Supposons qu’il
y ait dans cette somme un nombreYj’
de caractère(J,
Alors on voit immédiatement que l’on a aussi
Cela
étant, l’équation caractéristique
obtenue enpartant
du nombreadmet A + f racines distinctes. On a, en
effet,
d’abord les relationsDe
plus,
le nombre Yj étantpseudo-nul
dans lesystème
1: 1 il existe aumoins un nombre
Y]"
de cesystème
tel que leproduit
soitnul;
on a,par
suite,
Inéquation caractéristique
admettrait donc les A -+-1 racinesdistinctes,
~’~, ~, +y? ~2? ’ ’ ’? azà, ce
qui
estImpossible.
23.
Étant
donnés un nombrepseudo-nul
q d’unsystème
03A3 denombres
complexes et
un autre nombrequelconque
u duil existe un entier
positif
m telque le produit ~m
u soitPosons,
eneffet,
Supposons
que lesnombres u,
Ui, u,, ..., soient linéairement indé-pendants,
mais que Um soit une combinaison linéaire desprécédents;
cefait se
présentera
certainement pour un nombre mqu’on peut
mêmeaffirmer au
plus égal
à r + 1 .Supposons
doncles À
désignant
des nombres ordinaires. Cherchons à déterminer un nombredifférent de zéro .
tel que l’on ait
on obtiendra en a)