L’indispensable sur les espaces de Banach
Je rappelle que la compl´ etude d’un espace m´ etrique est ´ equivalente ` a la propri´ et´ e des
“segments emboˆıt´ es” : toute intersection d´ enombrable d´ ecroissante de boules ferm´ ees est d’intersection non vide.
Th´ eor` eme 1 . (Baire) Dans un espace m´ etrique complet, pour toute r´ eunion d´ enombrable de ferm´ es pF
nq
ně1remplissant l’espace, l’un d’entre eux contient une boule ouverte.
D´ emonstration – Sans quoi toute boule ouverte B contiendrait pour chaque n ě 1 un point x
nqui ne serait pas dans le ferm´ e F
n. C’est donc toute une boule ouverte de B, de centre x
nqui ne rencontrerait pas F
n. Une boule ferm´ ee de rayon un peu plus petit a la mˆ eme propri´ et´ e. On pourrait donc fabriquer par r´ ecurrence une suite B
nd´ ecroissante de boules ferm´ ees, de rayon tendant vers 0, telles que B
nne rencontre aucun des ferm´ es F
1, . . . , F
n. L’espace ´ etant complet, l’intersection non vide des B
ncontiendrait un point n’appartenant
`
a aucun des ferm´ es F
n, en contradiction avec l’hypoth` ese E “ Ť
ně1
F
n. B
Je rappelle qu’une sermi-norme sur un espace vectoriel est une ‘norme’ qui peut avoir des vecteurs non nuls de taille nulle.
Th´ eor` eme 2 . (Zabrejko) Soit maintenant pZ, | ¨ |q un espace de Banach et p : Z Ñ R
`une semi-norme telle que pour toute s´ erie convergeant ř
ně0
z
ndans Z on a p ´ ÿ
ně0
z
n¯ ď ÿ
ně0
ppz
nq. (0.1)
Il existe alors une constante M telle que pp¨q ď M | ¨ | .
D´ emonstration – Il suffit de voir que p est born´ ee sur la boule unit´ e ferm´ ee B de Z puisque ppλzq “ |λ|ppzq, @λ P R, z P Z. (0.2) Comme Z “ Ť
ně1
tp ď nu l’un des ferm´ es tp ď nu est d’int´ erieur non vide, disons tp ď n
0u . Notons z
0`r
0B une boule ferm´ ee incluse dans tp ď n
0u . On a ppB q ď pn
0`pp´z
0qq{r
0“:
m
0d’apr` es la propri´ et´ e de positive homog´ en´ eit´ e (0.2), si bien que B Ă tp ď m
0u. On peut alors utiliser la propri´ et´ e ´ el´ ementaire suivante, dont la d´ emonstration vous est laiss´ ee.
Lemme – Si B est incluse dans l’adh´ erence d’un ensemble E alors tout point z de B s’´ ecrit sous la forme
z “ ÿ
ně1
2
´pn´1qz
navec z
nP E.
On a alors pour tout z de la boule ferm´ ee B ppzq “ p ´ ÿ
ně1
2
´pn´1qz
n¯ ď
ÿ
ně1
2
´pn´1qppz
nq ď 2m
0.
B Pour une application lin´ eaire T : E Ñ F entre espaces vectoriels norm´ es je note ~T ~ sa norme d’op´ erateur. Je note aussi a À b si a ď mb pour une constante positive m.
Th´ eor` eme 3 . (Banach & co) Soit pE, |¨|q un espace de Banach et pF, |¨|
Fq un espace vectoriel norm´ e.
‚ Supposons que F est aussi un espace de Banach. Pour qu’une application lin´ eaire T : E Ñ F soit continue il suffit que son graphe `
x, T pxq ˘(
xPE
soit un sous-ensemble ferm´ e de E ˆ F.
1
2
‚ Soit pT q
TPTune famille d’applications lin´ eaires continues de E dans F . Il suffit d’avoir sup
TPT
|T pxq|
Fă 8 pour chaque x P E, pour avoir
sup
TPT
~T~ ă 8
‚ Supposons que F est aussi un espace de Banach, et soit T : E Ñ F une bijection continue. Alors T
´1: F Ñ E est aussi continue :
|x| À ˇ ˇ T pxq ˇ
ˇ
FÀ |x|, @x P E.
D´ emonstration – ‚ Le premier point constitue le th´ eor` eme du graphe ferm´ e. On l’obtient en corollaire du r´ esultat de Zabrejko en travaillant sur l’espace de Banach E en prenant ppxq “ ˇ
ˇ T pxq ˇ
ˇ
F. Pour la v´ erification, on ne perd rien ` a prendre une suite x
nd’´ el´ ements de E telle que ř
k
ˇ ˇ T px
kq ˇ
ˇ
Fă 8. Comme F est un espace de Banach la somme ř
k
T px
kq est convergente. Si donc la somme ř
k
x
kest convergente dans E l’hypoth` ese nous assure que ř
k
T px
kq “ T ` ř
k
x
k˘
, et la conclusion vient de ce que les sommes partielles v´ erifient ˇ
ˇ ř
kď`
T px
kq ˇ ˇ ď ř
n
ˇ ˇ T px
nq ˇ
ˇ pour tout `.
‚ Le second point constitue le th´ eor` eme de Banach-Steinhaus, d´ emontr´ e ind´ ependamment par Hahn et Hildebrandt. On l’obtient en corollaire du r´ esultat de Zabrejko en travaillant sur l’espace de Banach E en prenant ppxq “ sup
TPT