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Analyse lexico-sémantique des termes symboliques dans le discours mystique de l’Islam Le cas de cantique des oiseaux de Farid Od-Din Attar

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Academic year: 2021

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Université Mohamed Seddik Ben Yahia, Jijel

Faculté des lettres et des langues Département de lettres et de langue française

N° d’ordre : N° de série :

Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Master

OPTION : Sciences du langage

Intitulé

Membres du jury : présenté par Président : Ayad Abderrahmane Bouamli Haroun Rapporteur : Bedouhene Noureddinne

Examinateur : Kouras Siham

Année universitaire : 2018/2019

Analyse lexico-sémantique des termes symboliques dans le discours

mystique de l’Islam

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Université Mohamed Seddik Ben Yahia, Jijel

Faculté des lettres et des langues Département de lettres et de langue française

N° d’ordre : N° de série :

Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Master

OPTION : Sciences du langage

Intitulé

Membres du jury : présenté par Président : Ayad Abderrahmane Bouamli Haroun Rapporteur : Bedouhene Noureddinne

Examinateur : Kouras Siham

Année universitaire : 2018/2019

Analyse lexico-sémantique des termes symboliques dans le discours

mystique de l’Islam

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Je dédie ce travail de recherche :

À tous ceux qui passent dans ma vie

Pour des symboles de l’amour et de la joie

À la perdrix, élégante et gracieuse, ma sœur Karima

À la huppe, sage et charmante, ma sœur Salima

Et à tous les oiseaux de ma famille

Mes deux sœurs Malika et Nadira, et leurs enfants

Mon père et mes deux frères bienfaisants

À cette mer de l’amour, ma mère et à ses yeux bleus

Dans lesquels

J’ai trouvé mon sens et mon essence

À cette femme-miroir dans laquelle Je vois le reflet de moi-même

Celle-ci je ne la nomme pas, car elle est si profonde en moi

Qu’aucune langue ne peut y accéder

À tous ceux qui ajoutent des significations riches

Au sens propre de ma vie

Et à tous les cœurs-fleurs et les âmes-oiseaux

Qui font de ma vie un jardin d’Eden

(5)

Avant tout, je rends grâce à Dieu, le tout puissant,

de m’avoir accordé la volonté et le courage pour réaliser ce

mémoire.

J’exprime toute ma gratitude à mon directeur de

recherche Monsieur Bedouhene Noureddine de m’avoir

guidé tout au long de ce travail. Ses conseils, ses précieuses

remarques m’ont été extrêmement utiles. Il est un véritable

maître dans la voie du sens.

Mes remerciements s’adressent également à tous les

membres du jury d’avoir accepté d’évaluer mon travail,

ainsi que de faire le voyage du sens avec moi.

Je tiens également à remercier tous mes professeurs qui

m’ont enseigné, tout particulièrement Mattai Saida pour

son

encouragement et son soutien inconditionnel dans les

moments durs.

(6)

« …Et au cou de chaque homme, nous avons attaché son

oiseau, et au Jour de la Résurrection, nous lui sortirons

un écrit qu’il trouvera déroulé… »

Coran

(7)

Introduction générale………... 10

I. première partie : le symbole ; de la linguistique à la littérature Chapitre 01 : définition des concepts linguistiques……… 17

1. Sémiotique……… 17

1.1 Le signe linguistique……….. 18

1.1.1 Le signe saussurien ……… 18

1.1.2 Le signe Peircien………... 19

1.2 Les trois types de signe selon Peirce ……… 20

1.2.1 L’indice……….. 20

1.2.2 L’icône……… 20

1.2.3 Le symbole……….. 20

1.2.3.1 Étymologie………... 20

1.2.3.2 Définition……….. 21 1.3. Différence et ressemblance……… 22 2. Lexiculture………. 23

2.1 Lexique……….. 23

2.1.1 Lexicologie……… 23

2.1.2 Lexicographie………. 24 2.2 Mot et culture……… 24 2.2.1 Mots à CCP………. 25 2.2.2 Lexiculture……….. 26 3. Lexico-sémantique……… 27 3.1 La sémantique……….. 28 3.2 Homonymie et polysémie………. 28

3.3 Sens au-delà des mots .………. 29

4. 4. Herméneutique……….. 30

4.1 Etymologie……… 30

4.2 Objet de l’herméneutique……… 31

(8)

1.1 Définition ………. 35

1.2 Etymologie de soufisme………... 36

2. A la lumière du Coran et da la tradition prophétique………..

36

2.1 Retraite spirituelle ……… 37

2.2 Miroir du cœur………... 38

2.3 Quête de la vérité absolue………. 93

2.4 Nécessité d’un guide……….. 40

3. culture mystique incarnée au langage……...……….. 40

3.1 Langage poétique……….. 41

3.2 Langage mystique……….. 49

3.3 Voyage du sens……….. 45

3.4 Poésie et mystique………. 46

4. Le symbole dans le discours mystique……… 47

4.1 le discours mystique ……….. 47

4.2 Le lexique des auteurs mystiques……….. 48

4.3 Le symbole comme moyen……… 93

4.4 Symboles inspirés du Coron……….. 51

4.4.1 Marie……….. 51

4.4.2 Arbre………... 52

4.4.3 Langage des oiseaux………... 59

II. deuxième partie : Analyse du corpus Chapitre 01 : Analyse des symboles………... 56

Chapitre 02 : Interprétation des symboles………. 74

Conclusion générale

………...

99

La liste des références bibliographiques

………...

103

Résumés

……….

108

Résumé en français……….... 109

Résumé en arabe………... 110

(9)
(10)

10

Introduction générale

La mystique oule mysticisme est une attitude philosophique et religieuse fondée davantage sur la connaissance intuitive de Dieu ou de l’univers que sur la connaissance rationnelle et celle de la raison, et qui a pour objet l’union intime de l’homme à la divinité. Elle existe dans toutes les religions et les croyances (mysticisme musulman, chrétien, hébreu, hindou, platonicien, contemplatif, symbolisme). La mystique sert donc à enseigner une connaissance du cœur qui est valable pour les personnes de toutes les religions, car toute religion a un volet mystique et spirituel. Au sens propre, elle consiste à chercher la sagesse et l'amour divin comme un véritable outil d'aide à la compréhension de Dieu à travers la compréhension du soi. Cependant, la mystique échappe à toute définition univoque, elle est une vague spirituelle et un mouvement culturel qui traverse les religions et passe au-delà de toutes les époques. Dans ma recherche, nous nous réservons à la mystique de l’Islam en particulier.

Il n’est pas très aisé d’aborder le mysticisme musulman, dit le soufisme, car il regroupe une variété d’éléments très différents. On peut dire que le soufisme est la dimension mystique et ésotérique de la révélation coranique et prophétique de l’Islam. Il n’est pas une idéologie, mais plutôt un souffle spirituel qui instaure avant tout la précellence de l’esprit sur la matière, et qui recrée un langage mystique plus haut et plus proche du ciel. A la lumière du Coran et de la tradition prophétique, la mystique constitue ses propres principes à travers une expérience suprême incarnée en divers domaines artistiques et littéraires, notamment celle d’une poésie extrêmement riche et profonde, dont Les soufis chantent l’amour de Dieu et l’union universelle. La mystique a une importance qui a même mené jusqu'à l'invention d’un nouveau langage, très riche en formes d’expression. Ce langage est considéré comme un système linguistique à part entière.

Motivations

Motivations scientifiques et intellectuelles

Le discours mystique se caractérise par une grande importance grâce à sa fonction linguistique, poétique, sociale et spirituelle. En outre, la diversité et la jouissance de ses thèmes et de ses termes symboliques séduisent le récepteur et le motivent pour interagir religieusement, socialement et culturellement en fonction de

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l’effet de ce discours sur les sentiments et l’état d’âme de l’homme. Il ouvre l’âme humaine aux divers aspects et degrés de l’expérience intérieure.

Motivations personnelles

Un bon sujet ce n’est pas un sujet qui a été choisi auparavant, c’est un sujet qui apporte un angle nouveau, un axe d’étude différent avec un point de vue inédit et original, nous avons envie d’un thème assez spécial qui sort de l’ordinaire par rapport à d’autres thèmes dans notre domaine, c’est pour cela que nous avons élu le sujet de la mystique.

Travailler sur le langage de la mystique c’est une chose que nous avons désiré depuis toujours, si nous devons insister sur les motivations qui expliquent le choix de ce thème de recherche, nous disons que ce qui a déclenché notre curiosité c’est l’esthétique de discours mystique et l’importance des éléments linguistiques qu’il porte.

Nous voulons travailler sur ce thème parce que nous étions toujours fascinés par le langage de la mystique (sa lexique spécifique et l’interprétation de ses termes symboliques) qui a trait aux choses cachées ou secrètes, relève principalement du domaine religieux, et sert à qualifier ou à désigner ce qui relève d'expériences spirituelles de l'ordre d'un contact ou d'une communication avec une réalité non discernable par le sens commun. Ce langage, ses particularités et ses nouvelles formes d’écriture ont éveillé mon intérêt.

Objectifs de recherche

L’objectif que nous comptons poursuivre dans le parcours de notre étude consiste à chercher et analyser les significations des symboles à travers les diverses cultures et de les interpréter à partir d’une théorie d’herméneutique. Il s’agit de faire un travail novateur sur la langue, nous allons décrire et interpréter les nouvelles formes linguistiques de ces termes symboliques de la mystique musulmane, c’est un facteur d’enrichissement de la langue tant sur le plan formel que sémantique. Dans cette perspective, cette étude s’assigne pour tâche d’approcher le discours poétique de la mystique et la question de la réception, et de tenter de comprendre les mécanismes des termes symboliques de la mystique musulmane entre jouissance et interprétation.

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Problématique

Donc, notre recherche s’intéresse à ce langage d’une incroyable richesse de la mystique comme l'un des refuges des esprits libres et des cœurs soifs, dont les images sont souvent teintées de larmes et de sang, rosées de lumière et du feu.

La préoccupation principale de cette étude est celle de savoir en quoi le : discours mystique, notamment celui de l’Islam, constitue-t-il un langage particulier et un lexique spécifique pour exprimer une expérience spirituelle le plus souvent ineffable ?

De cette question axiale, proviennent d’autres interrogations secondaires :

- Dans quelle mesure le lexique de la mystique musulmane cherche à fixer une expérience par essence volatile ?

- Comment les auteurs mystiques ont-ils trouvé refuge dans le symbole ?

- Comment Le langage mystique est le seul pouvant rendre compte d’une réalité qui dépasse la raison ?

Les hypothèses

Ceci nous a mené à proposer les hypothèses suivantes qui peuvent servir de réponses aux questions formulées supra :

le Langage mystique constitue un lexique spécifique caractérisé par des mots à charge culturelle destiné à un public de lecteur spécialisé.

La mystique s’appuie sur un nouveau lexique parce qu’elle pallie l’insuffisance du discours doctrinal.

le discours mystique a trouvé refuge dans le symbole, car la langue ordinaire reste incapable de décrire l’expérience spirituelle des mystiques musulmans.

Corpus

Pour répondre à notre problématique, nous proposons d’analyser un corpus d’un roman écrit en vers de la mystique en Islam : c’est celui de cantique des oiseaux du grand auteur Farid Odin Attar traduit du persan par Leili Anvar, spécialiste française de

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la mystique et de la spiritualité en Islam, qui nous offre ici le texte français intégral de ce chef-d’œuvre de la littérature persane. Ce corpus que nous avons élu est riche de termes symboliques employés souvent dans le discours mystique, ce qui affirme son adéquation avec le processus de notre recherche.

Le cadrage théorique

Nous allons diviser notre travail d’étude en deux grands pôles de recherche : un pôle théorique dans lequel nous allons essayer de rassembler tous les concepts et toutes les théories possibles qui touchent de près ou de loin l’axe de notre analyse.

D’abord, dans un premier chapitre notre recherche s’articule sur l’axe linguistique, nous allons étudier trois points principaux, la sémiotique de Peirce, pour bien saisir la notion de symbole. Puis, la lexiculture, pour rendre compte de la charge culturelle que peuvent porter les mots et enfin, la théorie de l’herméneutique comme une démarche de l’interprétation des symboles et des textes sacrés.

Concernant le deuxième chapitre, nous allons essayer d’aborder et de définir le langage mystique en tant que système des symboles. Cette opération nécessite d’identifier ses propres fonctions, c’est aussi dénuder ses caractéristiques et sa relation avec les autre systèmes langagiers, notamment le langage poétique et celui de la religion.

Analyse du corpus

Un second pôle pratique, dans lequel nous allons rechercher la représentation des symboles à travers les diverses cultures et analyser les significations ajoutées à leur sens habituel en tenant en compte de la charge culturelle qui cohabite avec leurs connotations. Une fois les symboles analysés, nous allons essayer encore une fois de les interpréter à partir de la théorie de l’herméneutique.

Pour analyser les données de notre corpus sous forme des symboles, nous allons baser en premier temps sur une théorie de la lexiculture tout en s’appuyant sur deux ou trois dictionnaires spécialisés qui définissent les symboles selon la charge culturelle et historique qui portent dans les diverses traditions. Puis nous allons interpréter les symboles selon leur contexte dans les textes choisis. La combinaison de ces deux

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14

démarches linguistiques ouvre des nouvelles perspectives dans la compréhension du sens dans le discours mystique.

(15)

I.

première partie :

Le symbole ; de la

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Chapitre 01 :

Définition des concepts

linguistiques

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17

Introduction partielle

L’homme est toujours considéré comme un élément intégré dans la société, où il partage des signes avec le milieu dont il fait partie. Dès son existence et jusqu’à nos jour, il était entouré de signes et de codes, soit conventionnels ou non conventionnels, qu’il utilise pour s’exprimer et pour vivre dans son environnement. Dans ce premier chapitre nous allons essayer de définir tous les concepts linguistiques qui touchent de près ou de loin l’axe de notre analyse.

1. Sémiotique

La sémiotique est parfois confondue avec la sémiologie. Certes, les deux disciplines s’intéressent au même objet d’étude qui est le signe, mais, elles ne l’abordent pas de la même façon. Le linguiste Christian Metz a établi entre elles une hiérarchie en faisant de la sémiologie la théorie générale dans laquelle vient s'inscrire la sémiotique, en déclarant que : « Chaque sémiotique ou sémie, est au domaine sémiologique ce que chaque langue est au langage ».1

En effet, la sémiologie Saussurienne a pour rôle de prendre en charge l’étude des signes ayant un aspect particulier, non linguistique, dans un système de communication, où « on s’aperçoit que le signe doit être étudié socialement ».2

En revanche, la sémiotique de Peirce a pour rôle de décrire et de Prendre en charge l’étude de tous les signes y compris le signe linguistique et de « viser les modes de signification »3 en refusant de privilégier le langage et la société.

De nos jour, nous parlons de la sémiotique plus que nous le faisons pour la sémiologie. Le terme sémiotique est devenu plus fréquent et plus employé. Il est réservé maintenant par l’usage à la linguistique, dont le domaine « est le texte comme pratique signifiante. »4. Tandis que la sémiologie s’attache plutôt à l’étude des langages particuliers comme (image/cinéma /peinture…).

1 METZ Christian, « les sémiotiques ou sémies », dans Communications, Ed Le Seuil, Paris, 1966, p 23 2 DE SAUSSURE Ferdinand, cours de linguistique générale, Ed. Payot, Paris, 1997 p 34

3 DUBOIS J. et M. Giacomo et L. Geuspin et C. Marcellesi et J-Baptiste Marcelleci et J-Pierre Mével

Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage. Ed Larousse, Paris, 2002, p 426

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1.1 Le signe linguistique

Pour la sémiotique, en tant que science de signification et système de signes, tout peut être considéré comme un signe, dans la mesure où tout est susceptible d'être interprété comme signifiant quelque chose. Selon Umberto Eco Le signe « est utilisé pour transmettre une information, pour dire ou indiquer une chose que quelqu’un connait et veut que les autres connaissent également ».5

De ce point de vue, le signe est une unité langagière exprimant des idées ou permettant à un émetteur à transmettre des informations. Il a donc pour rôle de constituer un acte de communication dans le langage humain, et également de « reconstituer le fonctionnement de système de signification ».6

Le duo fondateur de la science des signes, Saussure et Peirce, ont des points et des aspects différents concernant la notion du signe par lesquels ils s’opposent radicalement.

1.1.1 Le signe saussurien

Saussure était le premier qui a instauré la problématique du signe proprement linguistique, dans son cours de linguistique générale, il l’a défini de Façon précise comme : « une entité psychique à deux faces ».7

Le signe unit non une chose et un nom, mais un concept et une image. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais l’empreinte psychique de ce son. La représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; elle est sensorielle, et s’il nous arrive de l’appeler «matérielle », c’est seulement dans ce sens et par opposition à l’autre terme de l’association, le concept, généralement est plus abstrait.8

De ce point de vue le signe linguistique est l'association d'un contenu sémantique (signifié) et d'une expression phonique (signifiant), entre une chose que l’on perçoit et l’image mentale qu’on lui donne après sa perception.

5 UMBERTO Eco, Le Signe, Ed LABOR, Bruxelles, 1988, p 35

6 BARTHES Roland, L’aventure sémiologique, Ed. Seuil, Paris, 1985, p 80 7 DE SAUSSURE Ferdinand. Op.cit., p 99

(19)

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Le lien unifiant le signifiant (image acoustique) et le signifié (concept) n’est pas naturel, il est arbitraire et nécessaire, ce sont des constituants psychiques, inséparables et solidaires. De ce fait, le signifiant est choisi librement par rapport au signifié. Le signe linguistique est différentiel, il fonctionne comme une unité à part entière.il s’agit donc d’une représentation mentale, dont les concepts tirent leurs significations en s’opposant et en se distinguant les uns par rapport aux autres signes de la langue. Il est donc clair, que F.de Saussure a séparé les unités constitutives de la langue à savoir le son ou le phonème privé de sens. Donc, on constate l’absence de toute motivation entre le signifié et le signifiant.

1.1.2 Le signe Peircien

C'est Peirce qui a théorisé la question du caractère conventionnel du signe, soulignant par ailleurs que le signe est toute chose qui signifie quelque chose pour quelqu’un : « Quelque chose tenant lieu de quelque chose pour quelqu’un sous quelque rapport ou à quelque titre ».9

Le signe selon lui est constitué par une relation conjointe de trois composantes : le représentamen (La face perceptible du signe) qui renvoie à un objet (entité physique ou mental que représente le représentamen) par l’intermédiaire d’un interprétant, qui a donc un rôle de médiateur d’information, de traduction d’un signe dans un autre signe. Peirce nous explique cette triade relationnelle de signe en déclarant :

Un signe ou représentamen est quelque chose qui tient lieu pour quelqu’un de quelque chose. Il s’adresse à quelqu’un, c’est-à-dire crée dans l’esprit de cette personne un signe équivalent ou peut être un signe plus développé. Ce signe qu’il crée, je l’appelle l’interprétant du premier signe. Ce signe tient lieu de quelque chose, de son objet.10

Il nécessite donc la coopération de ces trois pôles. Peirce considère le signe comme un objet d’expérience externe ou interne qui peut porter différentes significations selon le contexte. Tel est le cas de la couleur rouge ; un feu rouge peut signifier le danger. Une fleur rouge peut signifier l’amour.

9 MARTINE Joly, introduction à l’analyse de l’image, Ed Nathan, Paris, 1998, p 25

10 PEIRCE .C, S, Écrits sur le signe, rassemblés, traduits et commentés par Gérard Deledalle, Ed Seuil,

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1.2 Les trois types de signes selon Peirce

Peirce préconise également trois principales sortes de signes, une trichotomie ; icône- indice-symbole qui porte sur la nature de ce qui relie le signe à un objet. :

1.2.1 L’indice

L’indice est un signe qui caractérise une relation naturelle avec ce qu’il représente ou renvoie à ce qu'il dénote, par ce qu’il entretient un lien physique avec l'objet qu'il indique. Umberto Eco ajoute que les indices : « lient la présence ou l’absence d’un objet à des comportements possibles de leur possesseur probables : des touffes de poils blancs sur un divan sont l’indice du passage d’un chat angora ».11

Il ne représente pas l’objet, parce qu’il le manifeste en direct par une relation causale et naturelle de contigüité physique. C’est une donc expression directe et naturelle de la classe manifestée.

Exemple : le nuage pour la pluie

1.2.2 L’icone

Selon Peirce, une icône est : « Un signe qui renvoie à l'objet qu'il dénote simplement en vertu des caractères qu'il possède …pourvu qu'il ressemble à cette chose et soit utilisé comme signe de cette chose ».12 L’icône est un signe qui fait référence à un objet qu’il dénote de rapport de similitude entre le signifiant et le référent. Il fait donc une relation analogique avec ce qu’il représente. Exemple : la photo d’identité.

1.2.3 Le symbole

1.2.3.1 Étymologie

Selon le Robert dictionnaire historique de la langue française, ce mot est emprunté vers 1380, au latin chrétien symbolem qui conserve les sens du latin classique symbolus ‘Signe de reconnaissance’. En grec sumbolom prend des différents sens ‘ emblème, signal’, signe de ralliement. On rapprochait les deux parties pour faire la preuve que des relations d’hospitalité avaient été contractées. C’est au milieu de 16e siècle que symbole

11 UMBERTO ECO, ‘‘Semiotica e filosofia des linguaggio, Giulio Einaudi editore .Torino, 1984, p55,

traduction française : Sémiotique et philosophie du langage. Coll PUF, Paris, 1988. P 55

12 PEIRCE, Ch. S.: ‘‘Nomenclature and Divisons of Triadic Relations, as far as they are determined’

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prend le sens dominant aujourd’hui, de fait naturel ou objet qui évoque par sa forme ou sa nature une association d’idées avec quelque chose d’abstrait ou d’absent.13

1.2.3.2 Définition

Le petit Larousse définit le symbole comme : « un signe figuratif, être animé ou chose qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, l’emblème ».14 A son tour le dictionnaire de lexique de figure de style le définit :

Autrement dit, on substitue au nom d’une chose, d’un concept le nom d’un sine que l’usage a choisi pour désigner. C’est donc une représentation figurative. Concrète pour évoquer un concept non figuratif, une abstraction. Le symbole est un trope à classer parmi les métonymies. Il y a généralement une relation d’appartenance entre le symbole et ce qu’il représente.15

Exemple courants : L’hirondelle représente le printemps.

Exemple littéraire : A la fin j’ai quitté la robe pour l’épée ; La robe c’est la magistrature, l’épée, l’état militaire.

Le symbole fait partie de la classe des signes qui entretient une relation conventionnelle rampant toute ressemblance et toute contigüité avec la chose exprimée. C’est-à-dire une arbitraire relation entre le signifiant et le signifié.

Autrement dit, ce mot, dont la forme signifiante est indépendante des qualités du référent, se réfère à l'objet qu'il dénote, en vertu d'une loi d'ordinaire, une association d'idées générales qui détermine l'interprétation du symbole par référence à cet objet. Le lien entre «l’objet » (signifiant) et ce à quoi il renvoie (signifié) peut-être plus au moins directe.16

13 POURCHOT Nicole Ricalens, le lexique de figure de style, Ed Arman Colin, Paris, 2011, p 115 14 Le petit Larousse, Ed Larousse, 2003, p 981

15 POURCHOT Nicole Ricalens, op.cit., p 115-116

16LA BORDERIE R. et J. Party.et N. Sembel. Les sciences cognitives en éducation, Ed Nathan, 2001,

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1.3 Différence et ressemblance

Peirce fait le constat suivant que nous avons trouvé dans le dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, à propos du rapport entre indice, icone et symbole :

Je définis une Icône comme étant un signe qui est déterminé par son objet dynamique en vertu de sa nature interne. Je définis un Indice comme étant un signe déterminé par son objet dynamique en vertu de la relation réelle qu'il entretient avec lui. Je définis un Symbole comme étant un signe qui est déterminé par son objet dynamique dans le sens seulement dans lequel il sera interprété. 17

L’icône est un signe artificiel qui a pour propriété d'imiter ce à quoi il réfère, à l’opposé du symbole, qui a une absence analogique avec l’élément signifié. L’indice est un signe non intentionnel où il y a un lien logique et implicite entre l’indice et ce à quoi il renvoie.L'indice se différencie donc du signe par le fait que sa première fonction n'est pas celle de signifier quelque chose. De même, Le critère d’intention de communication a permis de distinguer entre indice et signal qui a été produit artificiellement pour servir d’indice.

Comme nous l'explique Charles Peirce, lorsque deux signes sont liés par leurs signifiés, on parle alors de symbolisation ou connotation, et donc de la construction d'un symbole résulte d'une relation conventionnelle et arbitraire commune à plusieurs cultures. Tout signe est plus ou moins chargé de valeurs symboliques qui font qu’on ne peut réduire le sens au signifié. De ce point de vue, Le signe linguistique devient un type particulier de symbole.

De fait, le symbole est surtout un signe conventionnel destiné à exprimer ce qui est autrement difficile à exprimer ou inexprimable. Exemple : la flamme, le feu symbole de l’amour.

17 DUCROT Oswald et TODOROV Tzvetan, Le dictionnaire encyclopédique de science de langue, Ed

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2. lexiculture

2.1 Lexique

Selon le petit Larousse, le Lexique est « l’ensemble indéterminé des mots formant la langue d’une communauté et considéré abstraitement comme l’un des éléments constituant le code de cette langue ». Au sens plus restreint, le lexique est considéré comme : « Ensemble de vocabulaire employé par quelqu’un, notamment, un écrivain, un homme politique ».18 Le lexique peut être aussi appréhendé comme « l‘ensemble des lexèmes, des morphèmes lexicaux d’une langue et des règles de leur fonctionnement ».19

Le lexique varie d‘un domaine à un autre et dépend du contexte de la situation de communication. Il ne peut avoir une valeur sauf s‘il est employé dans un contexte, et cela nous donne une relation lexique et sémantique ; le mot et son sens. De fait, le lexique en tant que stock de mots est considéré abstrait, car tant que le mot n’est pas employé dans un échange, qu’il ne figure pas dans un énoncé, sa valeur reste virtuelle.

La science qui étudie le lexique est bel et bien nommée lexicologie. Tandis que la fabrication et l’étude des dictionnaires est nommée lexicographie. La lexicologie et la lexicographie se sont constamment inspirées mutuellement, mais l’objet de celle-là, qui est la langue, et l’objet de celle-ci, qui est le dictionnaire, sont de nature différente. Toutefois, Ces trois concepts appartiennent tous à la même famille, dont lexicologie et lexicographie ne sont que deux dérivés du lexique.

2.1.1 Lexicologie

Désigne la science qui s’occupe des mots au point de vue de leur étymologie, de leur formation ou leur sens, elle a pour objet l’étude du lexique, donc des mots qui constituent le matériel de la langue. Selon le dictionnaire de linguistique :

La lexicologie est l’étude du lexique, du vocabulaire d’une langue, dans ses relations avec les autres composants de la langue, phonologique et surtout syntaxique, et avec Les facteurs sociaux, culturels et

18Le petit Larousse, op. cit, p 593

19MORTUREUXMarie-Françoise, la lexicologie entre la langue et le discours, Ed Sedes, Paris, 1997,

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24 psychologiques. La lexicologie, conçue comme étude scientifique des

structures du lexique, est une discipline récente. 20

Lexicologie est donc « la partie de la linguistique qui étudie le vocabulaire, considéré dans son histoire, son fonctionnement etc. ».21 Elle compte deux branches : la

morphologie lexicale, qui s’intéresse à la forme et à la structure des mots. La morphologie sémantique, qui indique l’étude des sens. Celle-ci est en relation avec la sémantique lexicale, qui étudie l’organisation sémantique du lexique, en analysant le sens des mots.

2.1.2 Lexicographie

Lexicographie désigne une technique : la confection des dictionnaires. Le lexicologue quant à lui, étudie les différents procédés de formation du lexique d’une langue. Le dictionnaire de la linguistique a bien précisé le concept.

La lexicographie est la technique de confection des dictionnaires et l’analyse linguistique de cette technique. Le lexicographe désigne à la fois le linguiste étudiant la lexicographie et le rédacteur d’un dictionnaire, dit aussi dictionnariste. On distingue ainsi la science de la lexicographie et la pratique lexicographique et, de la même façon, le linguiste lexicographe et l’auteur de dictionnaire. .22

L’élaboration d’un dictionnaire impose aux lexicographes toutes sortes de choix qui tiennent aussi au public auquel est destiné le dictionnaire. De fait, on peut distinguer deux grandes catégories de dictionnaires de langues : dictionnaires généraux, et dictionnaires spécialisés.

2.2 Mot et culture

Qui dit mot dit langue, qui dit langue dit culture. La langue en tant que produit sociale et historique est toute chargée de culture : « Pour accéder à la culture, quelle

20DUBOIS J. Op. cit.P 281

21 Le petit Larousse, Op. cit, p 593

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25

qu’elle soit, le meilleur truchement est le langage, parce qu’il est à la fois véhicule, produit et producteur de toutes les cultures ». 23

Le langage est donc le véhicule de la culture dans et par les mots, qui sont les lieux de charge privilégiés pour certains héritages culturels qui s’y déposent, et ajoutent une autre dimension à la dimension sémantique habituelle des signes. Galisson confère à ces mots une charge culturelle partagée, CCP. il déclare : « J’appelle « charge culturelle partagée » (CCP !) La valeur ajoutée à leur signification ordinaire ». 24

2.2.1 Mots à CCP

On définit alors la charge culturelle d’un mot comme les éléments culturels mobilisés et actualisés dans et par les mots, dont la valeur affective ou culturelle dépasse la définition donnée par le dictionnaire : il faut sans doute prendre en considération ce surplus de signification. Les mots possèdent donc une charge culturelle partagée qui renvoie à des réalités beaucoup plus complexes que leurs définitions sémantiques, dont le sens n’est pas immédiatement transparent pour un locuteur qui ne connait pas cette culture.

Il est à noter que tous les mots sont culturels, mais que certains sont plus culturels que d’autres, ce qui signifie que la charge culturelle des uns et plus lourde que celle des autres. Nous suggérons par exemple un mot auquel les italiens rattachent implicitement des éléments culturels, nous donnons l’exemple d’une fleur jaune nommée mimosa, qui est au-delà de la définition trouvé dans les dictionnaires signifie pour les italiens quelque chose de plus, quelque chose qu'un étranger ne peut pas saisir.

Par exemple en Italie le mimosa n'est pas simplement la fleur décrite dans les dictionnaires, mais elle est aussi le symbole de la fête de la femme et elle est vendue en ce jour précis. Ce "surplus" culturel, que nous ne pouvons pas trouver dans les dictionnaires, fait partie de la "langue courante" partagée par les locuteurs d'une même langue.

23GALISSON Robert. Cultures et lexicultures. Pour une approche dictionnairique de la culture partagée. In : Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale, volume 7, 1988. Hommage à

Bernard Pottier.p330

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26

Il reste à montrer que la CCP en tant que contenu, se distingue des autres types de contenu du signe qui sont le signifié et la connotation. La culture, par définition, est un patrimoine social, donc collectif, tandis que la connotation en tant que contenu non partagé, relève essentiellement de l’individuel.

En outre, on postule que la culture partagée joue un rôle essentiel, parce qu’elle est une culture transversale, qui appartient à une communauté toute entière, dont La CCP consiste à faire le rapprochement entre le mot et le sens qui relève de cette même culture. C’est ce rapprochement partagé par tous les locuteurs d’une communauté que Galisson appelle : lexiculture.

2.2.2 Lexiculture

La lexiculture, c’est-à-dire « la culture véhiculée par les mots à charge culturelle partagée »25 est née Par Robert Galisson en 1987 et s’est développée, enrichie, au fil des

années. A ce propos Galisson, pour bien définir, déclare que : « La lexiculture [...] rend compte de la consubstantialité du lexique et de la culture, et désigne la seule valeur ajoutée aux mots par l’usage, valeur dont les dictionnaires ne rendent pas compte, et que je nomme CCP ». 26

Mots à CCP, présentent, comme nous l’avons vu plus haut, une valeur ajoutée à leur définition sémantique. Le mimosa a été l’exemple par excellence qui a servi à illustrer cette charge culturelle ajoutée et partagée par une même communauté.

Les mots sont, en effet, à la base de la notion de lexiculture, ils véhiculent une valeur ajoutée, implicite et reconnue par les membres de la même communauté langagière. De fait, La lexiculture permet de comprendre les jeux de mots dans la phrase, , l'allusion culturelle, religieuse, littéraire et philosophique des mots de tout discours.

Jean Pruvost a d’ailleurs repris ce concept et de Robert Galisson et le formule en définissant la lexiculture comme « la culture courante partagée par tous et en dépôt dans les mots, au-delà de leur définition sémantique ». 27

25VILA Isabil Rivero, L’interculturel à travers le multimédia dans l’enseignement du français étrangère.

Ed Universidad Salamanca, Salamanque (Espagnole), 2014, p 192

26GALISSON, R. (1995) : « Où il est question de lexiculture, de Cheval de Troie et d’impressionnisme », ÉLA 97, p.5

27 LE GALL Emmeline, la lexiculture dans le dictionnaire québécois d'aujourd'hui, de Jean-Claude

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Par ailleurs, La lexiculture a une place intéressante dans l’élaboration des dictionnaires dits de spécialité (dictionnaire historique, dictionnaire littéraire etc.). Les mots peuvent présenter souvent des écarts culturels qu’un tel ou tel dictionnaire doit cerner et expliciter pour devenir un outil de réflexion et non seulement un instrument de traduire ou de définir.

Une première perspective dans laquelle on peut distinguer plusieurs variétés de sens est le degré de codage du sens. Le degré le plus fort est justement appelé linguistique, et c'est le dictionnaire qui en porte témoignage : il s'agit d'un sens présent dans toute utilisation du mot et faisant sa définition même. Le degré suivant est celui du codage culturel : à l'intérieur d'une société donnée, qui peut être ou non coextensive avec une communauté linguistique, et pendant une période donnée, d'autres significations s'ajoutent au sens proprement linguistique : par exemple, le chien est associé pour nous à la fidélité, bien que cette qualité ne soit pas partie du sens linguistique (lexicographique) du mot. 28

Par exemple, Dans un dictionnaire des termes mystiques, les informations culturelles peuvent bénéficier d’un traitement de choix, car même si le couple signifiant signifié n’est pas forcément un élément de culture, la mystique est une expérience très riche du point de vue culturel où le lexique et la culture sont très souvent indissociables.

3. Lexico-sémantique

La Lexico-sémantique est une étude linguistique qui consiste à jumeler deux disciplines essentielle dont on peut dire qu’elles sont inséparables et nécessaires à l’étude des morphèmes d’une langue donnée, qui peut être envisagée sous différentes branches ; la lexicologie et la sémantique.

De fait, elle insiste sur la relation entre forme et sens, parce que tout simplement toute création linguistique met en jeu l’association d’une forme à un sens. Car L’unité lexicale, qui est le mot, ou plutôt le signe, n’existe qu’en tant que forme ayant un sens. A ce propos Benveniste note que « forme et sens doivent se définir l’un par l’autre et ils doivent ensemble s’articuler dans toute l’étendue de la langue ». 29

28DUCROT Oswald Tzvetan Todorov. Op. cit. p 325

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Nous allons maintenant voir La partie linguistique qui s’intéresse au sens :

3.1 La sémantique

Suivant le linguiste G. Moulin : « la sémantique est la science des significations linguistiques »30. Elle est également définie par GUIPRAUD, P. comme : « l’étude du sens des mots »31. Du point de vue linguistique, Le terme sémantique, utilisé en opposition à celui de syntaxe, indique la branche qui étudie les signifiés en examinant le sens à l’intérieur du système d’une langue donné. Au sens plus large, La sémantique :

En tant que science, tente de théoriser la description de la signification. Cette théorisation trouve une application dans la lexicographie qui désigne l’activité de fabrication d’un dictionnaire et la réflexion théorique qui lui est associée. La signification du mot peut être envisagée à travers le travail de la définition, l’étude des relations sémantiques externes (les relations sémantiques entre des mots différents) et celle des relations sémantiques internes (les différentes significations d’un mot). 32

La sémantique se caractérise donc par une grande diversité d’approches. Cette complexité s’explique aussi par le fait qu’elle met en jeu plusieurs niveaux de données, allant du sens des mots, allant même aux relations sémantiques entre les phrases dans le discours, et aussi aux relations pragmatiques qui mettent en jeu l’utilisation du langage dans des situations diverses.

3.2 Homonymie et polysémie

Il n’est pas toujours aisé de décider si nous avons affaire à deux mots différents, homonymie, ou à un seul mot prenant plusieurs sens, polysémie. Les homonymes : « sont des mots de sens différents (donc des mots différents) mais qui présentent une identité formelle au niveau de leur signifiant phonique et éventuellement au niveau de leur signifiant graphique ».33 De fait, on distingue les homophones, qui ont une prononciation

30 MOULIN. Georges, Clefs pour la linguistique, Ed Seghers, Paris, 1971, p 148-149 31 GUIRAUD P, La sémantique, coll., que sais-je, Ed Puf, Paris, 1979, p 05

32ZEMMOUR David, initiations à la linguistique, Ed Ellipses, Paris, 2008, p 158-159

33CHOI-JONIN Injoo et Corinne Delhay, introduction à la méthodologie en linguistique, Ed Presse

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identique (maire, mère, mer) des homographes qui ont une même orthographe (car : nom. Car : conjonction). Nous parlons donc des homonymes lorsque deux mots ou plus, ont un même signifiant, mais pas le même signifié.

Les mots polysémiques sont des unités ayant plusieurs sens, à l’opposé de monosémiques, mots qui n’ont qu’une seule signification. De fait :

On appelle polysémie la propriété d'un signe linguistique qui a plusieurs sens. L’unité linguistique est alors dite polysémique. Le concept de polysémie s'inscrit dans un double «système d’oppositions : l’opposition entre polysémie et homonymie et l’opposition entre polysémie et monosémie. 34

3.3 Le sens au-delà des mots

La sémantique est définit, comme la science qui étudie la signification. Celle-ci est loine de se réduire au sens directement attaché aux signes et qu’on appelle le sens littéral, ou le sens propre, qui est considéré, par définition, comme le sens premier du mot. Il faut, dans le langage, tenir compte non seulement au sens propre, mais encore plus au sens figuratif, et parfois au sens implicite. « Il y a donc deux niveaux du sens, d’une part le sens en langue, sur lequel les usagers ont un savoir relativement stable et que les dictionnaires tente de décrire à l’aide de définition, d’autre part le sens en emploi » 35 qui peut ajouter au sens propre une dimension imagée, métaphorique qui aide à la représentation mentale.

Il est donc à noter que le sens d’un énoncé déborde couramment les indicateurs que nous y trouvons, et nous ne nous étonnerons pas que la sémantique contemporaine, dans son souci d’étudier la signification, se préoccupe de ces deux niveaux du sens.

« Dans le cadre d’une approche polysémique, on distingue généralement entre sens propre (ou premier) et sens figuré (ou second) ».36 Le sens second est figuré car

nous ne l’obtenons qu’à partir du sens propre au moyen de figures : la métaphore, et le symbole en particulier.

34DUBOIS J. Op. cit. p 369 35Ibid. p 36

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4. Herméneutique

4.1 Etymologie

Le mot Herméneutique vient du verbe grec hermeneuein, qui signifie interpréter, traduire ou expliquer. Ce verbe était lui-même associé au dieu Hermès, messager de l'information, de la communication, porte-parole des autres dieux, interprète de leurs ordres.

D’une manière générale, hermeneia signifie, dans le cadre de la mythologie grecque, porter l’obscure à la clarté, par exemple les messages divins, C’est-à-dire interpréter la parole divine et la traduire fidèlement pour que les êtres humains la comprennent. Il désigne la science qui établit et classe les principes et les méthodes par lesquels nous nous assurons du sens d’un texte. Cela peut valoir pour n’importe quel genre du texte, mais l’emploi du terme au début, a particulièrement trait aux textes de la Bible. Si bien que le Petit Larousse peut même proposer cette définition : « Herméneutique n.f (du gr. Hermeneuein, expliquer). 37

Le mot même n’est pas donc moderne. Il est connu depuis l’antiquité, notamment, chez Platon, en rapport à des significations obscures ou cachées de textes sacrés. Cependant, le terme d'herméneutique n'est apparu que vers le milieu du 17ème siècle. Introduit par Johann Dannhauer comme la condition nécessaire de toutes les sciences qui reposent sur l’interprétation des textes, à la croisée de la méthodologie, de l’épistémologie, de la philosophie ou encore de l’ontologie.

Après, L’herméneutique a connu une évolution conséquente. Ce terme, naguère plutôt rare, est utilisé surtout par les spécialistes, développé notamment sous la plume de Friedrich Schleiermacher et Wilhelm Dilthey.

Le parcours continue à cheminer par l’herméneutique de la facticité de Heidegger, et celle de Gadamer qui est considéré comme le fondateur d'une nouvelle herméneutique qui s'oppose aux travaux du 19ème siècle de Schleiermacher et de Dilthey, parvenu

finalement à l’herméneutique philosophique de Paul Ricœur, qui nous mènera à une herméneutique moderne se décline en sous-disciplines, littéraire, juridique, théologique, théologique etc. Séparées souvent du contexte de la divination religieuse.

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31

Aujourd’hui, où il y a un sens à dégager, un effort herméneutique sera convoqué. Le rôle principal reste de rendre compréhensible un langage, soit étranger, soit obscure ou difficile.

4.2 Objet de l’herméneutique

L’herméneutique est d’abord et avant tout présentée comme une réflexion sur la compréhension et le travail d’interprétation du discours sous sa forme textuelle. On peut la définir comme la science de la compréhension, par l’interprétation des signes, du langage symbolique ou de l’écriture. Elle s’étend ainsi à la psychanalyse, à la sémiotique et à toutes sciences traitant du langage, ou elle voit, dans les phénomènes observables, les signes d’un sens plus profond. Selon Michel Foucault, l’herméneutique peut se définir comme : « L’ensemble des connaissances et des techniques qui permettent de faire parler les signes et de découvrir leurs sens ».38

Prenant sa source dans l’histoire longue de l’interprétation des textes divins et des symboles sacrés, puis dans l’humanisme et sa relation aux écrits anciens. Aujourd’hui, cet art de lecture s’intéresse plus globalement à l’interprétation des phénomènes du discours considérés en tant que symbole. Désormais « aucun type de texte ne semble plus susceptible de se soustraire à l’herméneutique et à la pluralité des interprétations».39

Le philosophe français Paul Ricœur, quant à lui, définit le génie propre de l’herméneutique comme « une théorie générale de l'interprétation, et de s'attacher scrupuleusement à l'interprétation des signes humains, qu'ils soient symboles, textes ou quasi-textes (actions) ».40 L’herméneutique, pour lui, se présente comme une réflexion

critique sur les opérations d'explication et de compréhension en jeu dans l'interprétation, ordinaire ou sacrée. Nous admettons ici que le problème central de l'herméneutique est celui de l'interprétation. À ce propos l’auteur rajoute plus loin en déclarant :

L'interprétation n'est que le développement de la compréhension, dans la mesure où comprendre quelque chose en tant que quelque chose c'est déjà l'interpréter. Cette interprétation à son tour s'articule dans un discours qui détermine et explicite les articulations d'une situation et

38 FOUCAULT Michel, les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966, p 44.

39OFFENSTADT, Nicolas Les mots de l’historien, Ed presse universitaire de Mirail, Toulouse, 2006,

p50

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32 d'une compréhension qui ont d'abord été liées à un niveau plus

fondamental que le discours. 41

Il y a une difficulté ou une obscurité qui s’interpose entre les symboles et leur compréhension. Un déchiffrement devient nécessaire, il s'agit de déchiffrer le sens caché dans le sens apparent. Elle introduit la médiation d’une interprétation entre le symbole et son sens, et cela selon une structure bien particulière.

Il reste qu'à ce premier stade de mon investigation l'herméneutique recevait une définition limitative que je devais élargir par la suite : il y a herméneutique, c'est-à-dire interprétation, là où il y a des expressions à double sens, là où un sens second est à déployer à partir d'un sens premier. 42

L'herméneutique philosophique utilise comme paradigme majeur la poésie, notamment la poésie symboliste, surréaliste ou d'inspiration hermétiste. C’est-à-dire la poésie qui ne se comprend pas à la première lecture, mais qui nécessite un effort pour être décryptée.

4.3 Herméneutique des symboles

Pour une définition légèrement plus précise, le petit Larousse considère, de point de vue philosophique, que l’herméneutique est bel et bien la « théorie de l’interprétation des signes comme éléments symboliques d’une culture ».43 Dans cette acception,

l’herméneutique se présente simplement comme un outil d’interprétation symbolique pour trouver le sens caché souvent sous les symboles véhiculés par les grandes cultures. Car c’est dans l’interprétation que le double sens d’un symbole est rendu manifeste. Ce qu'il nous faut, donc « c’est une interprétation qui respecte l'énigme originelle des symboles, qui se laisse instruire par eux, mais qui, à partir de là, promeuve le sens, forme le sens dans la pleine responsabilité d'une pensée autonome».44 Paul Ricœur appelle symbole toute structure de signification où un sens direct est désigné par un autre sens

41RICŒUR Paul, Écrits et conférences 2 herméneutique, Ed seuil, Paris, 2010, p 127 42Ibid.p 24-25

43Le petit Larousse. Op. cit, p 508

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indirect, qui ne peut être atteint qu'à travers le premier. A ce propos l’auteur note : «J’appelle symbole toute expression caractérisée par le phénomène du double sens, selon lequel la signification littérale renvoie à un sens second qui n'est lui-même accessible que par ce renvoi du sens premier au sens second » 45

De ce fait, l’herméneutique fait appel aux symboles comme médiation culturelle à double sens. « Toutefois cette méditation à travers les symboles doit être conservée en tant qu'elle impose le « grand détour » pour ce trésor qui nous est transmis par notre hérédité culturelle. » 46

La réflexion herméneutique ne part jamais de zéro, mais de la richesse de sens du langage qui se manifeste dans les symboles et les mythes. De fait, L’herméneutique invite même, selon Ricœur, à aller au-delà du symbole, car le sens déborde le symbole. L’interprétation doit encore passer de la médiation symbolique à la médiation textuelle pour restituer à l’herméneutique tous ses droits, car c'est la compréhension du texte qui donne la clé de la compréhension du symbole.

Conclusion partielle

En rapportant brièvement l’ensemble le plus important de ce qui entoure et ce que représente le symbole, nous avons vu que Charles. S. Pierce, a proposé une classification forte et complexe des signes : Indice, Icone, et Symbole. Une fois le symbole bien défini, nous avons abordé les diverses significations et la charge culturelle qu’il peut porter. La CCP cohabite avec le sens dans le même symbole, donc sur le même support. De fait, il faut bien dans l’herméneutique des symboles, tenir compte de cette valeur sémantique ajoutée souvent à leurs sens propre.

45Ibid. p 23

46 JERVOLINO Domenico, Paul Ricœur Une herméneutique de la condition humaine, Ed Ellipse, Paris,

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Chapitre 02 :

Le symbole dans la littérature

mystique

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Introduction partielle

Le discours mystique joue un rôle extrêmement important dans l’expérience spirituelle et la recherche de la vérité absolue, au point que nous pouvons considérer que ce chemin du sens est constitué d’entités linguistiques et entouré des forêts symboliques. Le deuxième chapitre de cette partie théorie est consacré à la mystique en tant que système langagier à part entière et sa culture incarnée à un langage poétique couplé avec celui du Coran.

1. Mystique en Islam

1.1 Définition

La mystique de l’Islam, désignée généralement par le vocable soufisme, est la dimension spirituelle et ésotérique de la révélation coranique et prophétique qui nous appelle à vivre l’expérience de l’unité absolue. Nous lisons à juste titre : « La mystique musulmane, désigne le mouvement spécial appelé en islam tasawwuf, et que l’on pourrait définir comme une méthode systématique d’union intime, expérimentale avec Dieu ».1

Cette montée vers l’absolu dans laquelle s’engage le soufisme est en réalité un cheminement vers la source de l’être et l'unicité divine. « Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu, et une élévation spirituelle qui présente, par ses aspects ésotériques, des pratiques secrètes, des rites d’initiations » 2 qui se fondent sur des principes scientifiques et de moyens de connaissance de l’âme humaine. Cet ensemble de moyens est utilisé dans le but de purifier l’âme et éduquer le cœur afin d’acquérir la force de maintenir une religiosité correcte.3

Là, où le dogme de l’Islam affirme qu’il n’y a de dieu que Dieu, le soufi, assoiffé de vérité, consacre toute sa vie à Dieu. A ce propos, Eva De Vitray Meyerovitch note : « Soufi est un nom que l’on donne, et qui a été donné, jadis, aux saints adeptes spirituels. L’un des maitre a dit :celui qui est purifié par l’amour est pur, et celui qui est absorbé dans le Bien-Aimé et a renoncé à tout le reste est un soufi ». 4

1 ANAWIT G C et GARDET Louis, mystique musulmane, Ed Librairie philosophique J Vrin, Paris,

1986, p13

2 MALHERBES Michel, Les Religions de l’Humanité, Ed. Critérion,Paris, 1994, p 192

3 BEN SAYYID Ali Sayyid Nour, le soufisme canonique, traduit de l’arabe par H.Lamine Yahiaoui, Ed

Dar Al-kotob Al-ilmiya, Beyrouth, 2007, p 23

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De ce point de vue, le soufisme, Dans son sens central, désigne le parcours suivi par tous ceux qui recherchent la sagesse et l’amour de Dieu. Cette doctrine spirituelle à la fois religieuse et philosophique, adaptée à toutes les époques d’avant, d’aujourd’hui et du futur, et adoptés par tous les soufis, voyants et croyants qui ont pris pour base de leur spéculation et pour leur réalité suprême la vie de l’âme, a fait son apparition dans la communauté musulmane depuis plusieurs siècles.

1.2 Etymologie de soufisme

Sur le plan étymologique, le mot soufi vacille tantôt, selon Meddeb Abdelwahab,5 entre le terme Sophia qui provient du grec, désignant la sagesse. C’est-à-dire un mot emprunté qui n’est pas d’origine arabe. Cela nous semble bel et bien évident car philosophie et soufisme ont la même quête de vérité. Et la référence aux compagnons de la véranda soffa qui hantaient la véranda sur laquelle ouvrait la maison du prophète à Médine.

Tantôt entre le terme suf, la laine que les premiers ascètes musulmans portaient en signe de pauvreté, qui veut dire pour eux : pauvre en Dieu. Et L’hypothèse la plus probable, selon certains d’autres qui sont d’avis que ce terme vient du mot safa, signifiant la pureté.

Bien que ce terme n’existait pas à l’époque du prophète, et que ce terme qui est récurent pour qualifier une personne spirituellement accomplie n’a vu le jour qu’après, les soufis croient que le premier soufi est le prophète Mohamed lui-même.

De ce point de vue, La mystique de l’Islam ou ce qu’on nomme soufisme en tradition du mot arabe tassawof, existait déjà au temps du prophète sans toutefois porter ce nom. Elle était une réalité sans nom.

2. A la lumière du Coran et de la tradition prophétique

Quelles que soient les origines du mysticisme en Islam, le soufisme est un courant de pensée hétérogène et surtout spirituelle avec une influence évidente venant du coran et de la tradition prophétique. Ainsi tient Louis Massignon à affirmer : « C’est du Coran, constamment, récité, médité, pratiqué, que procède le mysticisme islamique, dans son

5 MEDDEB Abdelwaheb, blanches traversées du passé, Ed Fata Morgana, Saint-clément-la-rivière,

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origine et son développement ».6 Les soufis savent que la meilleure des paroles est celle

de Dieu, la meilleure voie vers Dieu est celle de l’amour, la meilleure des guidances est celle du prophète, à ce proposBEN SAYYID rajoute :

Le soufisme se fonde sur des principes scientifiques de connaissance de l’âme humaine, des caractères, voire de la psychologie. Sa particularité réside dans l’intérêt majeur qu’il porte à la mise en pratique de l’éthique spirituelle puisant ses fondements dans l’exemple de la vie du prophète. 7

Inspiré du coran et de la voie de prophète, le soufisme a constitué ses propres principes dont on évoque les plus importants.

2.1 Retraite spirituelle

Lorsque Nietzche dit : « Dieu est mort » 8, il jette en toute vérité un sens connoté extrêmement profond, peut-être mal interprété. En effet, cela veut dire qu’on a tué Dieu en nous et on a construit des églises et des mosquées pour lui qui sont devenues des tombes, pleines de rites et de pratiques, vidées du sens véritable de la religion et son message universel. Le soufisme c’est cet appel à ressusciter ce sens de la spiritualité. Comme il l’indique Eric Geoffroy : « Ce qu’on peut attendre du soufisme, dans notre nouvel espace-temps, est un constant dépassement des schémas mentaux, piétistes, routiniers, car la routine est suicidaire en matière de spiritualité ».9

Le prophète Mohamed a reçu la révélation dans une caverne. Nous voyons que l’Islam n’est pas né dans une mosquée car il invite avant tout à la méditation « Mahomed s’était replié sur lui-même. Il se retirait souvent dans une caverne, pour se livrer à la méditation ».10

6 MASSIGNON Louis, Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane, Ed Cerf,

Paris, 1999, p 104

7 BEN SAYYID Ali Sayyid Nour, op.cit, p 23

8 NIETZSCHE Friedrich, Ainsi parlait Zarathoustra, Ed Sigma, Sarthe, 1998, p17

9GEOFFROY Éric, L’islam sera spirituel ou ne sera plus, Ed Seuil, Paris, 2009, p. 12

10DERKAOUI Vincent, les joyeux de l’orient, le maitre soufi et l’adepte, Ed Ossmi, Varangéville, 1994,

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De ce point de vue, Le principe de la retraite spirituelle (khalwa) a donc des similitudes avec celle du prophète dans la caverne de Hiraa, comme évocation à la méditation. Le mystique se refuge dans un endroit isolé à l’abri de toute distraction pour être seul face à Dieu, dans le but ultime d’échapper à ce monde d’ici-bas et découvrir la voie vers l’unicité divine car il n’est possible d’en sortir qu’en revenant à la spiritualité.

La retraite spirituelle, selon Kubra est « la meilleure des conditions dans la voie de Dieu».11 Lorsque l’homme s’enferme à l’écart des gens du divertissement, les arguments de son cœur apparaissent et il brille de la lumière du monde caché. Il brise la cage de son ego, tel un oiseau qui se libère de sa prison et s’envole dans l’étendu désertique du royaume angélique.

2.2 Miroir du cœur

Le soufisme a toujours été perçu comme la science du cœur qui permet de connaître les stades de sa purification, pour qu’il soit toujours orienté vers sa source unique, car, il n’y a aucune vérité en dehors de la vérité divine. Le soufisme s’engage dans une spiritualité authentique et insiste que celui qui recherche à voir l’amour de Dieu dans ce monde, doit le chercher avec un cœur pur. Si, celui-ci, était Souillé, comme l’indique Dieu Dans le Coran « […] Mais leur cœur s’est souillé de leurs propre acquis»12

il devient tout aveugle, et ne peut jamais voir la lumière divine. Kubra rajoute en ce sens de balance de cœur entre le monde d’en haut et le monde d’ici-bas : « l’esprit est retenu dans le monde inférieur, à cause de l’impureté de l’âme qui voile le cœur ».13

Il s’agit donc de libérer la vision de cœur de tout ce qui l’empêche de percevoir les réalités spirituelles.Eva n’a pas manqué de signaler la manière dont le soufi peut les

voir : « Le cœur ressemble à un miroir dans lequel se reflètent les formes et les réalités ».14

Ces formes et ces réalités peuvent se manifester à condition que le cœur soit débarrassé

11KUBRA Najm Al-Din, la pratique de soufisme, traduit de l’arabe et du persan par Paul Ballanfat, Ed

de l’Eclat, Paris, 2002, p 113

12 Le CORAN, Essai de traduction par Jacques Berque, Ed Albin Michel, Paris, 1995, p 668 13KUBRA Najm Al-Din, op.cit, p 63-64

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39 de la rouille sombre sur son miroir. « Le cœur finit ainsi par être débarrassé de tout ce qui n’est pas Dieu, pour se parer du seul nom de Dieu » 15

2.3 Quête de la vérité absolue

Le soufi, après avoir, par la méditation, fait un voyage intérieur, et mené le grand combat de son propre ego, dépouillé de son égoïsme, et purifié la vision de son cœur, il accède au degré suprême d’une quête spirituelle de la vérité absolue. Le mystique est donc celui « qui passe au-delà »,16il ne se contente plus de gouter l’amour divin, mais, cherche à se joindre à lui, à devenir lui. A cet effet, nous pouvons mentionner la citation infra qui résume ce parcours suivi par le chercheur soufi : « La quête mystique se fonde sur la démarche et l’inspiration d’un fondateur qui vit en lui-même une expérience intérieure originale où l’approfondissement de la foi passe par une purification de son ego, par la contemplation, voir l’intuition ou même l’extase ».17

Il s’agit d’un parcours initiatique où se succèdent diverses étapes à franchir et des rencontres ouvrant vers une élévation spirituelle, où la recherche de la vérité absolue devient une obsession et un désir ardent. Soit on le fait seul, soit avec des frères et des sœurs pour partager des moments de prière et d’amour. D’après Pierre Miquel : « c’est le propre de la mystique de chercher toujours au-delà du connu, de vouloir franchir les barrières de la raison».18

Pour le mystique, qui implore la vérité, l’absolu, la plénitude et la recherche sans répit : il faut connaître l’âme pour connaître Dieu et connaître même le monde parce que le monde n’est que la manifestation de Dieu. De ce point de vue, La quête de Vérité est donc un cheminement spirituel tout en conscience, « une (voie) Initiatique qui mène sur le chemin de la vérité intérieure » 19 qui permet la découverte divine par la découverte du soi. Cela ne peut pas se réaliser qu’à l’aide d’un maître spirituel qui, selon la majorité des mystiques, est absolument nécessaire.

15AL GHAZALI Abu Hamed, Al-munqid minadallal (erreur et délivrance), traduit de l’arabe par Farid

Jabre, commission internationale pour la traduction des chefs-d’œuvre, Beyrouth, 1956, p 95

16NIETZSCHE Friedrich, Op. cit., p 20

17MAREACHAL Brigite et DASSETTO Felice, Hamadcha du Maroc, rituels musicaux, mystique et de possession, Ed Presse Universitaires de Louvain, Belgique, 2014, p 10

18 MIQUEL Pierre, mystique et discernement, Ed Beauchesne, Paris, 1997, p 17 19 DERKAOUI Vincent, Op. cit, P 73

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2.4 Nécessité d’un guide

Les mystiques invoquent souvent ce verset : « Ceux-là, Dieu les a guidés, donc à leur guidance te conforme. Dit : « je ne vous demande pour autant aucun salaire. Ce n’est

rien de moins qu’un rappel à l’univers ».20 Pour justifier leur nécessité de suivre un maître

dans leur chemin vers Dieu en confirmant que Dieu lui-même nous incite à interroger les

gens de savoir : « interrogez donc là-dessus gens de rappel, si ne vous savez pas ».21

En outre, ils comparent également cette relation entre le maître et ses disciples à celle de la plupart des prophètes et des messagers avec leurs compagnons. Selon Charles Antoni : « Ceux qui sont sur ce chemin, à certains stades ne peuvent progresser que par

la fréquentation du guide ».22 Le maître spirituel joue en apparence un rôle extrêmement

important sur la voie soufie. DERKAOUI Vincent montre bien cette relation entre le maître et son disciple en disant :

Pour nous, les Soufis, le rôle du Maître se borne à laver l’esprit et embaumer l’âme. Celui de l’adepte de l’y aider, de s’y maintenir en prenant le relais, et de se vouer entièrement à Dieu, afin d’accéder seul à la connaissance. Après, il peut voler de ses propres ailes vers la lumière.23

Tout voyageur sur un chemin inconnu a besoin d’un guide qui lui montre le chemin. L’enseignement d’un maître spirituel est absolument indispensable pour celui qui veut s’engager sur la voie de cette grande lutte spirituelle qui consiste à combattre contre soi-même et ses désirs charnels. En effet, le soufisme, comme tout mysticisme, est une méditation à travers un voyage intérieur, dont le but est de purifier le cœur et d’en retirer le voile entre l’homme et Dieu. Dans tous les cas, le maître soufi, et ses disciples doivent tous respecter les lois de l’Islam.

3. culture mystique incarnée dans le langage

Le soufisme devient une véritable victoire de l’Islam par ses évocations de l’amour et de la tolérance. Peu importe les rites et les pratiques des soufis, ce qui nous

20 Coran, (6 : 90) 21 Coran, (16 : 43)

22 CHARLES Antoni, le soufisme : voie d’unité, Ed l’Originel, Paris, 1997, p58 23 DERKAOUIVincent, op.cit. p73

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