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Article pp.78-79 du Vol.24 n°257 (2005)

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BIOFUTUR 257 • JUILLET-AÔUT 2005 78

Michel Cazenave, sous l’égide de France Cul- ture et de l’Université de Bruxelles a fait le pari d’organiser un colloque sur le thème « Y a-t-il une unité de la connaissance ? »Guet- apens s’il en est. Sous l’atomisation des sa- voirs, on trouvera un concept piège : celui d’unité différentielle. Avancer dans l’expli- cation, c’est unifier, mais c’est aussi découpler les différentes disciplines. Exemple : avant qu’on ait affaire à deux disciplines distinctes, les physiciens étaient mathématiciens ou l’in- verse. La géométrie en physique ? Un espace est constitué d’un ensemble de points doté de proprié- tés relationnelles. Seules sont réelles les choses re- liées entre elles. Mécanique quantique ? Casus belli formulé par un intervenant : «…tous les grands drames de la physique contemporaine sont précisé- ment liés d’une façon ou d’une autre au continuum d’espace-temps. Il faut donc repenser la physique avec du discontinu…»Il existe pourtant une épisté- mologie de la physique : quoi que contienne le concept d’objet, on est obligé d’en sortir pour lui at- tribuer l’existence. Seule la réalité empirique phé- noménale nous est accessible.

Et c’est bien l’exploration des différents niveaux de description qui paraît la plus prometteuse. Pourtant l’unité cognitive peut se faire sur un même objet. On verra ensuite se scinder les « Data » (qui savent tout de leur propre fonctionnement) et les « zombies », deux théories tenant compte ou non de l’inconscient.

Autrement dit, notre cerveau peut en savoir plus que nous-mêmes (Axel Cleeremens). On est heureux, à ce stade, d’être épaulé par la maîtrise du débat de M. Ca- zenave et la brillante polyvalence d’Isabelle Stengers, chimiste, philosophe et historienne des sciences.

Une unité selon la psyché ?

Pour Michèle Porte, psychanalyste, dans sa discipline l’unité n’a pas de sens. Difficile de comparer l’espace psychanalytique, psychologique (psychique surtout) et l’espace géométrique dans le spatio-temporel.

«L’unus mundus»de l’alchimie nous fait craindre que l’idée d’unité soit pur obscurantisme.

Une unité selon le mythe ou la foi ?

La parole est aux religions. On découvre dans la Kabbale une doctrine de l’unité. Pour le judaïsme, le monde revêt un caractère intelligible et unitaire, non sur un mode narratif, mais interrogatif. Pour la tradi- tion juive, « …la vision scientifique du monde devient une obligation pour l’homme. »(Jacques Goldberg).

Monde/Univers/Tora ont un même auteur, ce qui plaide pour l’unicité. Dans les années 50-60, règne la très pré- gnante mode des « structures » : on crut ferme en des principes organisationnels qui s’affirmaient d’eux- mêmes, suffisants pour définir l’homme, en

anthropologie comme en sémiologie. Ce que l’on disait

« post-moderne » nous fit perdre un instant la perspective scientifique. Pourtant, sous une volonté déconstructiviste (et un brin mégalomane) pointait un nouvel anthropocentrisme.

Plutôt une unité selon la philosophie, alors ? La dialectique de Platon ou d’Aristote, traduisait l’im- puissance à déterminer une science première. Pour Aristote : l’Un est la mesure de toutes choses, même s’il se dit de plusieurs manières ; il existe quatre modes de l’Un : le continu, le tout, l’universel et le numéri- quement un. Là aussi, le couple espace/temps parais- sait indissociable, puisque l’Antiquité, puis certains philosophes peu connus eurent une prescience de la relativité. C’est le cas de Nicolas de Cues (1401-1464) avec « la docte ignorance » (chacun s’efforçant de s’élever à cette simplicité où l’on voit se dénouer et coïncider les contradictoires). La science a pu paraître un opérateur trop étroit à cause des valeurs extrin- sèques, des motivations ambiantes ou plutôt des stan- dards méthodologiques : la philosophie de la connais- sance est « contrainte » par les avancées scientifiques.

Mais l’apologie des valeurs cognitives (raisons de vivre, idéaux régulateurs vitaux, religion) devient allégo- rique et entraîne un rejet des théories scientifiques.

Tous les participants au Colloque reconnaissent le rôle croissant des mathématiques en biologie, comme facteur d’unité dans la connaissance, pas suffisant cependant. Mais il ne s’agit pas de mathématiser la psychanalyse ou la philosophie. Les mathèmes la- caniens n’ont convaincu personne, même si les maths restent une métaphore efficace. Isabelle Stengers conclut avec son habituelle aisance, qu’il vaudrait mieux abandonner le rêve d’unité des connaissances et fonder une « hiérarchie des connaissances et éco- logie des pratiques du savoir »(savoir, un sens plus restreint que connaissance). «…Dégager des régula- rités dites observables » est déjà un exploit, ou du moins un « travail délibéré ». Et la mission des sciences serait surtout de « transmettre le savoir de ce qui fait risque ». Pour une «…écologie des pra- tiques »il faudra abandonner les notions de domi- nation, de conquête, d’annexion. Il incombera aux technosciences de « mettre hors politique des pro- cessus d’innovation » et de faire que les comités d’ex- perts ne deviennent pas des « Cause toujours ! avec des suppléments d’âme ».

L’ensemble des confrontations pourrait ressembler à un laborieux effort encyclopédique, dans la me- sure ou les participants au Colloque totalisent à eux tous une centaine d’ouvrages traitant de ces disci- plines, mais la liberté des échanges, dénuée de toute compétitivité et menée de main de maître par le co- ordinateur, dépasse ces contingences. ●

De la science à la philosophie Y a-t-il une unité de la connaissance ? Ouvrage collectif sous la direction de Michel Cazenave Éditions

Albin Michel, 2005 ISBN 2-226-15564-3

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De la science à la philosophie

Y a-t-il une unité de la connaissance ?

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Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur biofutur.revuesonline.com

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BIOFUTUR 257 • JUILLET-AÔUT 200579

par Maël Knoll m.knoll@lavoisier.fr

Benveniste plaide avec justesse pour une recherche col- lective. Mais a-t-il travaillé en solitaire ou a-t-il réel- lement demandé le secours d’une équipe pluridisciplinaire : seuls ceux qui l’ont connu ou tra- vaillé avec lui peuvent répondre.

Lors des résurgences sporadiques de la découverte, pro- et anti- utilisent le même argumentaire de « variations ».

Il réitère l’expérience de la très haute dilution avec la pro- pagation des ondes magnétiques et de « contamination électromagnétique »sur le sérum physiologique. Dès lors commence une triste mise en quarantaine (de l’Unité 200 de l’Inserm tout entière) : budget réduit de 42 % en 1993.

On pénètre sans joie les arcanes et les cheminements de la lourdeur et de la hiérarchie administrative que d’autres chercheurs ont relevées. Le terme « d’eau informée »était pourtant intéressant, en tout cas meilleur que celui de

« mémoire de l’eau ». L’Unité 200 a fermé en décembre 1993, malgré les intérêts d’entreprises pour les perspectives de la transmission électronique des signaux moléculaires.

« Forces électromagnétiques »aurait été le mot tabou

«…car il décrit le signal moléculaire en termes dyna- miques et non plus statiques. Or la Science officielle, on l’a compris, n’aime pas le mouvement. »À prendre au propre ou au figuré ? L’« Overkill », est-elle une ex- pression valable, quelles que soient les circonstances : ré- péter une expérience la tue ? Mais il est tout aussi dif- ficile de faire la preuve par le refus.

Jacques Benveniste poursuivit ensuite des travaux de « biologie numérique » jusqu’à son décès. Peut- on faire découler cet épisode triste et ambigu des rapports du monde scientifique et avec les médias ? L’ouvrage est préfacé par le Pr Brian D. Josephson, Prix Nobel de physique… ●

Ma vérité sur la mémoire de l’eau

Jacques Benveniste Albin Michel, 2005 ISBN 2-226-15877-4

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Einstein et Poincaré Sur les traces de la relativité (nouvelle édition)

Jean-Paul Auffray

Éditions Le Pommier, 2005 ISBN 2-7465-033-X

29 €(critique dans un prochain numéro)

Les composés phénoliques des végétaux Un exemple de métabolites secondaires d’importance économique

Jean-Jacques Macheix, Annie Fleuriet, Christian Jay-Allemand

Presses polytechniques et universitaires romandes, 2005 ISBN 2-88074-625-6

49,50 €

Dictionnaire de la symbolique des rêves (édition poche) Georges Romey

Albin Michel, 2005 Coll. Espaces libres ISBN 2-226-15914-2 • 14 €

Reçus également à la rédaction : Ma vérité sur la « mémoire de l’eau »

Annoncer un ouvrage comme « testamentaire » a pour effet d’inhiber l’esprit critique. C’est le cas ici avec celui de Jacques Benveniste, décédé il y a peu de temps et de la saga sur la « mémoire de l’eau ». On peut déplo- rer que l’auteur, après avoir présenté presque serei- nement ses travaux, enchaîne illico sur la théorie du complot : Big Science, Big Business, Big Organization et dénonce les procédures de blocage et de censure qu’il considère comme mœurs avérées — et non face obs- cure et inopportune — de la communauté scientifique sur arrière-plan politique. Il dit avoir initié une réforme des services hospitaliers et avoir qualité à ce titre « d’ex- pert international ». La terminologie va malheureuse- ment dans le sens d’une (réelle) souffrance persécu- toire : Moyen-Age, bordelogène. Admettons que,

« potentiel ministre de la Recherche », il a dû déclan- cher quelques orages en commettant des « crimes de lèse-mandarins ». Nommé « Monsieur Médicament » au ministère de la Recherche et de la Technologie (ce qui impliquerait une tendance rassurante au compro- mis), il s’attelle «…à combler les vides béants de notre industrie du médicament, notamment en matière d’in- flammation et d’allergie ». Tout «…Saint-Louis contre lui », on imagine qu’il enflamme la colère des hié- rarques et des « chercheurs-fonctionnaires », mais l’al- légation de « parisianisme »de la profession, paraît évidemment dérisoire maintenant. Conclusion :

« J’avais tort d’avoir raison. »Sincère quand il s’af- firme victime du « publish or perish », mais fougueux amateur de formules-chocs.

Les faits : 30 juin 1988, coup de tonnerre dans le n°

333 de Naturesous le titre « Dégranulation de ba- sophiles humains induite par de hautes dilutions d’un antisérum anti-IgE ». L’article est co-signé par 13 au- teurs (qui ont reproduit les expériences). L’historique du récit est plausible. La preuve de l’expérience de di- lution décimale exponentiellement décroissante dans l’eau désionisée sur des basophiles humains avec tubes témoins des « contrôles » nécessitait des expériences en aveugle devant confirmer les expériences en ouvert.

Consécration par les contacts avec les laboratoires Boi- ron : comment n’a-t-il pas vu le danger du discrédit ? Parce qu’ils étaient co-signés par l’Inserm ? Il subit des rapports ambigus qui plaident en faveur de sa bonne foi. L’expression « mémoire de l’eau »ne vient pas de lui, mais de journalistes du Monde. Il considère Na- tureresponsable de la médiatisation, malgré le siège qu’il en a fait. Avec les réserves (venimeuses) de la pré- sentation éditoriale : « La manipulation est lancée ».

Pouvait-il l’arrêter ? D’autres n’auraient pas non plus résisté. Commission d’enquête mandatée, ce qui est contraire aux usages scientifiques. Plus tard, il taxera cette revue de « conservatrice ». Dans ce cas, pourquoi vouloir jouir de son prestige ? Le climat « d’hystérie » de la contre-enquête ne fait pas de doute. Il commence à naître dans le n° du 28 juillet sous le titre « High Dilution Experiments : a Delusion ». 4/7 des experts avaient donné des résultats positifs. L’auteur dénonce la « mauvaise ambiance »et les « méthodes maccar- thystes ». De qui émane-t-elle : de l’incorrection des correspondants ou de l’agressivité d’un chercheur sommé de produire sur le champ des résultats ? Jacques 78-79bisLivre257.qxd 22/06/05 22:58 Page 79

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