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Article pp.59-60 du Vol.24 n°254 (2005)

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BIOFUTUR 254 • AVRIL 200559

quelques pages

par Maël Knoll m.knoll@lavoisier.fr

Il ne faut en aucun cas dire qu’une mise au point de plus nuira à la sérénité du débat. Il est tout sauf serein. So- phie Lepault est journaliste et réalisatrice. Elle enrichit ici un passionnant documentaire diffusé sur Arte en décembre 2002.

Le dialogue depuis, s’est-il « déverrouillé » pour autant ? La société privée dont le Pr J.M. Houdebine, prin- cipale référence de l’auteur, est co-fondateur, ne dé- coule sans doute pas seulement du seul décourage- ment, mais aussi d’un esprit entrepreneurial dynamique et décomplexé très contemporain. Dé- rouler le film des actions de choc, prolonger les images en surenchérissant par la force évocatrice (presque inverse) de l’écriture, est-ce tenir le bon bout de l’ob- jectivité ? Peut-être oui, mais peut-être, est-ce aussi jouer avec le feu et statufier certaines postures. Dans les cageots européens depuis dix ans, le seuil régle- mentaire d’étiquetage entériné paraît formel, sauf qu’un réseau de 71 labos, l’Engl*1, a été mis en place et que le maillage, déjà fin, menace de se resserrer en- core un peu (nourriture animale) en s’étendant de ma- nière trop « incitative » aux nouveaux membres. Force est de reconnaître son inefficacité… On aimerait sa- voir pourquoi il est si inopérant.

On peut effectivement parler d’un « flou européen » sans fondement scientifique pour une approbation ou une interdiction globale : les sanctions continueront de tomber des deux côtés. La levée du moratoire n’a donc pas été la solution, pourquoi ? Il n’est pas inutile de revenir sur une terminologie déficiente : cela fait un moment que nous parlons, dans la confusion la plus totale, d’OGM, au lieu de transgenèse. Pionnière en Europe, la France autorise en 1998, l’importation et la vente de trois types de se- mences. Avant elle, aux États-Unis, leur présence a tout de suite provoqué arrachages, débats (Conférence d’Asi- lomar en 1975) et parfois demande d’étiquetage, mais la controverse fut close par dépôts de dossiers à la FDA*2.

Ces pauvres Américains ne sauraient pas qu’ils mangent des OGM. L’anti-américa- nisme fait rage ici, malgré les trois cautions : FDA, EPA*3et USDA*4. Là-bas la nature de l’opposition actuelle n’a pas la même origine : « C’est la liberté d’information qui est en cause. »

En France, le baptême fut politique, accepté par – et à cause – du changement de gouvernement. Sophie Lepault se montre optimiste en parlant d’ambivalence du public. Surtout lorsqu’elle souligne par ailleurs la portée de termes comme « …ou- tils d’oppression », « Affaires ». « L’ob- jectif étant évidemment de faire émerger ou de construire un problème social autour de ce symbole. » Le refus des biotechnolo- gies serait plutôt celui d’un type de société.

L’Agence européenne de sécurité alimentaire, ayant confronté les États membres donnait un avis favorable de mise sur le marché du maïs MON863, mais les so- lides contre-expertises du Crii-gen n’ont pas dit leur der- nier mot. Huit ans peuvent s’écouler entre l’invention d’un OGM et sa mise en service. L’auteur ne proteste pas au nom de l’angélisme : Monsanto n’a jamais pu ex- ploiter Terminator, de son vrai nom TPS : Technology Protection System, 1998. C’est oublier que « …Toutes les semences stériles ne sont pas génétiquement modi- fiées et tous les OGM ne sont pas stériles. »Laisser reposer les sols, c’est déjà ce que préconise la politique agricole européenne, elle paie même pour ça.

Au ras des médias, une guerre idiote s’engage entre biologie moléculaire et sciences de l’environnement.

Curieux silence Vert devant le principe de précaution présent dans la Charte de l’environnement. Projet en stand by, dans une culture politique de gestes arrêtés ou suspendus, sauf « urgences économiques ». « En 2002, les Français ont déposé à Washington 4 500 dossiers.

C’est beaucoup plus simple et rapide qu’en Europe, paraît-il. »Inutile de dire que la voie de la compétitivité, est en travaux pour un bon moment.

Certes les OGM à des fins médicales pourraient être cultivés en serre, mais le coût est exorbitant. On ne parle pas assez des succès : insuline, lait de lapine transgénique contre le rotavirus, travaux sur les plantes dépolluantes.

Les OGM sont voués à ne pas exister pour eux-mêmes, ils sont toujours « symboles de… ». C’est dire que les médias ont été de part et d’autre instrumentalisés, soit par les multinationales, soit par les organisations anti-OGM.

Les politiques disposent de suffisamment d’éléments scien- tifiques pour parler. Le mutisme sera irréversible si les assureurs refusent de couvrir ce genre de culture.

Le gouvernement, pour encourager les chercheurs à migrer vers la France, a financé l’installation de 15 cher- cheurs : huit sont Français… Mais Sophie Lepault a peut- être tort d’en déduire que resurgit le vieux réflexe français de ségrégation entre labo et société, car le problème naît précisément de l’équation contraire : trop de perméa- bilité molle entre science et société. Mais peut-être est-ce dire la même chose.●

Il faut désobéir à Bové

Sophie Lepault Éditions de La Martinière Coll. Doc en stock, 2005

ISBN 2-84675-161-7

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Il faut désobéir à Bové

*1 Réseau européen de laboratoires de référence pour les OGM.

*2FDA : Food and Drug Administration.

*3EPA : Environmental Protection Agency.

*4USDA : US Department of Agriculture.

LeBiological Weapons Defense

Infectious Diseases and Counterbioterrorism Luther E. Lindler, Frank J. Lebeda

George W. Korch Humana Press Inc., 2005 ISBN 1-59259-764-5 145 $

Le vrai paradis de Platon John L. Casti

Éditions Le Pommier, 2005 Coll. Romans & plus ISBN 2-74650211 • 22

Les énigmes mathématiques du 3e millénaire Les 7 grands problèmes non résolus à ce jour Keith Devlin

Éditions Le Pommier, 2005 ISBN 2-74650163-5 • 29

Reçus également à la rédaction :

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BIOFUTUR 254 • AVRIL 2005 60

En son nom, en faire des déchets comme les autres ? Avec le risque de lui conférer un statut de banal souvenir : notion de honte, de refoulé.

Évacuer les illusions, dédramatiser, réhabiliter la notion de gestion maîtrisée amènera à traiter des sujets emmê- lés : La Hague traite mais n’a pas d’autorisation de stockage définitif. Or, on s’approche d’un consensus international sur les déchets HA et VL (> 30 ans), qui s’orienterait vers un stockage définitif. Le problème des déchets a été techniquement sous-estimé (ce qui ne veut pas dire qu’il est le point faible du nucléaire). Avec l’hu- milité nécessaire, il serait bon d’injecter une dose de réversibilité minimale. Après tout, on sait quoien faire, à l’inverse du charbon et du pétrole.

Au Canada, les déchets sont gérés sur les sites mêmes de production. L’éthique est prise en compte à tous les stades de l’évaluation, et non comme un problème indépen- dant. La conscience des incompatibilités y est aiguë : sécurité versusdésir d’accessibilité ; emplacement cen- tralisé éloigné versuslimitation des transports. En Suède, l’échelle de temps nucléaire est inimaginable, ce qui oblige à vivre dans le concept de « présent perpétuel ».

Biologistes et généticiens ont aussi droit à la parole dans ce domaine, en familiers de la radiation. Comme la culture transgénique, le déchet renvoie à un problème de confinement. L’existence d’un fossé évident entre le risque réel et le risque perçu devient patent : T chernobyl ne résulterait que d’un haut niveau de désorganisation. L’éthique exige de remettre les risques en perspective. Il est temps de réhabiliter l’éthique utilitariste.

Pour une fois, l’approche du sujet est citoyenne, sans tabous et responsable jusque dans ses ébauches de propositions.●

Y a-t-il une éthique de la gestion des déchets radioactifs ? Ouvrage collectif sous la direction de l’ANDRA Vuibert, 2004 ISBN 2 7117 5378 6

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François-Vincent Raspail

Savant et Républi- cain rebelle Alvik Éditions, 2005 ISBN 02-914833-27-X

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Y a-t-il une éthique de la gestion des déchets radioactifs ?

Cet ouvrage collectif s’efforce de discerner qui pourrait bien être le porte-parole de cette éthique et surtout com- ment rapprocher deux notions aussi répulsives que celles qui sont ici brutalement mises en présence.

Il y sera beaucoup question de mémoire. Et cette mémoire se sustente de trois aliments pouvant coexister dans une conscience aussi bien individuelle que collective et être ran- gées dans le tiroir « mémoire des déchets » : 1/ le sentiment d’époque, sorte de sentiment-écran, dépendant du contexte, du mal-être ambiant, des thèmes d’actualité : épuisement des ressources, positionnement sur le nucléaire ; 2/ la mémoire-conservation, à gestion comp- table : retenir les « leçons » du passé, capitaliser les expé- riences, réussites et tabous ; 3/ la mémoire historique, ba- sée sur l’expertise, le syndrome de la trace et la réitération.

Le long terme remue la notion d’héritage, d’entretien de la mémoire collective, de responsabilité vis-à-vis des générations à venir. S’occuper de la transmission, c’est déculpabiliser. Comment inverser le courant et ne pas léguer une minoration ?

Aux trois mémoires, trois réponses : gérer le devoir de transmission (expliquer, entretenir, s’informer) ; gérer le marquage : données aux archives et création d’une agence mondiale, pour conférer aux déchets un statut historique

; pratiquer la transparence (information sans manipula- tion, information de crise – « aspect démocratique de l’alerte »– information de proximité). Une étude du CRE- DOC sur les « Conditions de vie et les aspirations des Français » fait ressortir qu’en 2004, les déchets nucléaires serait la première information cachée ( !) et confisquée.

Même à l’aide de regards croisés, il reste difficile de don- ner une définition de l’éthique. Où situer le droit ?

« Probablement entre la morale et la déontologie ». Cette dernière ayant un caractère pragmatique et professionnel.

Pour les deux biographes de Raspail, la vie entière de leur héros illustre par une dynamique pluridisciplinaire le chaos évènementiel de l’époque : improvisé journaliste après des études de droit et de philosophie, Franc-maçon (tendance Carbonari), mais surtout scientifique autodidacte. Il réagit au statisme d’un noyau dur de l’Académie des Sciences fidèle au Fixismede Cuvier, alors que les théories de Lamarck sont reprises par Geoffroy Saint-Hilaire sous la bannière du Transformisme. L’Évolutionnismedarwinien en recueillera l’héritage.

On ressent presque un malaise, dans cette grande confu- sion des genres : politique, journalisme, sciences, médecine, expertise médico-légale… Cette dernière « spé- cialité » le mettra en conflit avec Orfila sur une affaire d’empoisonnement d’enfant, où Raspail décela un sol saturé d’acides arseniaux.

Malgré son peu d’appui, il adresse, en 1824, son premier mémoire à l’Académie des sciences : « La formation de l’embryon dans les graminées », car il est aussi botaniste. Il pose sa candidature à un poste de Botanique et de Physiologie à l’École Normale ; à ce stade, il avait déjà fondé les « Annales des Sciences d’Observation ».

Entre des séjours en prison pour activisme et bien que non- violent dans l’âme, il crée son propre journal, Le Réfor- mateur(1834) dans les lignes duquel il milite pour un accès populaire à la culture (histoire, géographie, mathéma- tiques, hygiène, chimie) – il crée même une version

« pocket » du « Manuel annuaire de la santé »: 1,50 francs, 77 rééditions. Ces deux derniers points sont capitaux dans sa vie, car tout en devenant, curieusement, un auteur scien- tifique à succès, il donne des cours gratuits d’anatomie microscopique. Il prône le droit à l’autonomie du malade :

« …qui est plus compétent pour découvrir la cause d’une maladie que le malade lui-même ? »

Tout l’oriente vers une approche sociale de la médecine, qui en ferait presque le créateur de la médecine du travail : il s’intéresse de près aux méfaits de l’habitat insalubre et des dégâts de l’industrialisation sur la santé.

Dans sa vie même, son individualisme forcené, qui le met en porte-à-faux et en réel danger à tous les tournants sanglants de cette époque, qui va de la Révolution à Napoléon III, lui vaut culte et dérision. Les auteurs le qualifient à juste tire de « Républicain piégé ».

Dans le flux d’informations, qui est sans doute un des atouts majeurs de l’ouvrage, on ne discerne pas bien en lui – faute de place ou de répit historique – ce qui, aux alentours de 1825, en ferait un des précurseurs de la théorie cellu- laire : on aimerait en savoir plus sur ses travaux au microscope et l’attention obsessionnelle qu’il leur portait lorsqu’il aboutit à la conclusion que la cellule est l’élément primordial de toute organisation végétale. Il semble surtout que les auteurs aient eu à cœur de démontrer que le fait d’être un homme immergé dans l’histoire n’en fit pas pour autant un dilettante des sciences. ●

François-Vincent Raspail Savant et Républicain rebelle

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