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DU MÊME AUTEUR DANS LA MÊME COLLECTION : VENISE. FLORENCE. ASSISE. ROME. NAPLES ET SON GOLFE. VÉRONE ET LE LAC DE GARDE. VERSAILLES. LA BRETAGNE.

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T U N I S

ET

K A I R O U AN

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DU MÊME AUTEUR

DANS LA MÊME COLLECTION :

VENISE.

F L O R E N C E . ASSISE.

R O M E .

NAPLES E T S O N G O L F E .

V É R O N E E T LE LAC D E GARDE.

VERSAILLES.

LA B R E T A G N E . FÈS, VILLE SAINTE.

Planches en couleur d'après les tableaux de J.-F. BOUCHOR.

M A R R A K E C H . R A B A T ET SALÉ

Planches en couleur d'après les tableaux de Mathilde ARBEY.

A T H È N E S

Planches en couleur d'après les tableaux de Paul BRET.

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CAMILLE MAUCLAIR

T U N I S

ET

K A I R O U A N

TRENTE PLANCHES EN COULEUR D'APRÈS LES TABLEAUX

DE MATHILDE ARBEY

O R N E M E N T A T I O N S DU P E I N T R E

PARIS

HENRI LAURENS, ÉDITEUR 6, RUE DE TOURNON, 6

1937

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Copyright by Henri Laurens, 1937.

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OUT au fond d'un des plus vastes, des plus harmo- nieux, des plus beaux golfes de la Méditerranée,

Tunis étage ses blancheurs.

Elle est presque séparée de la haute mer : les vaisseaux n'y accèdent que par le long chenal

artificiel qui aboutit à la Goulette en traversant la lagune El Bahira, semblable à la lagune vénitienne et formant une sorte de lac intérieur peu profond et presque clos. La position mari- time vraiment logique et riche de toutes les possibilités est au delà d'El Bahira et des langues de terre n offrant à la

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Goulette qu'une étroite issue. Mais cette position magnifique

s u r l a m e r libre, e n t r e l a g r a n d e p r e s q u ' î l e d u c a p B o n e t l a

falaise que couronne l'adorable Sidi Bou Saïd, Carthage l'avait

prise : les Tyriens qui la fondèrent ne s'étaient point trompés.

Pourtant, Tunis a préexisté. C'était la très vieille « Tunes »,

s a n s d o u t e i n d o l e n t e e t s a n s a m b i t i o n . E m b o u t e i l l é e p a r C a r t h a g e , elle e n v i t g r a n d i r l ' é t o n n a n t e f o r t u n e : p a r e n t e p a u v r e e t j a l o u s e ,

elle dut en être l'alliée protégée, durant les guerres contre Rome et la révolte des mercenaires domptée par Hamilcar. Elle devint romaine. A la chute de l'Empire, les Vandales de Gen- séric en furent expulsés par Bélisaire et ses Byzantins. La grande irruption islamique du VII siècle, se propageant depuis l'Arabie jusqu'au Maroc, fit de Tunis une cité musulmane : les émirs la gouvernant au nom des Khalifes de Bagdad se décla-

r è r e n t i n d é p e n d a n t s e n f o n d a n t la d y n a s t i e A g l a b i t e . L e s F a t i -

mites la supplantèrent, ayant conquis l'Egypte : puis les Zeirites,

menacés par les Normands de Sicile au X I I siècle, implo-

rèrent le secours du grand sultan marocain, l'Almohade Abd El Moumene. Il chassa les Normands mais prit la Tunisie à son compte, fit de Tunis une capitale au lieu de Kairouan, ville sainte. Plus tard, les gouverneurs ressaisirent leur autonomie

beylicale : ce furent ces Hafsides dont l'un, Mostancer Billah,

vit mourir devant sa capitale assiégée le roi de France, saint

Louis, et négocia le départ des Croisés. Les Hafsides enrichirent

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la ville de mosquées et de souks ; époque brillante, prospère,

raffinée, à laquelle succéda une catastrophe au X V I siècle. A la suite d'intrigues complexes et de révolutions de palais, Charles-Quint intervint, comme jadis Abd El Moumene, pour tout confisquer. Il s'empara de Tunis, que ses troupes sacca- gèrent férocement, détruisant des merveilles d'art et créant d'inexpiables rancunes. Peu après d'ailleurs, malgré les efforts de don Juan d'Autriche, la domination espagnole s'écroula.

L'Islam redevint le maître de toute la Tunisie.

Il la releva, lui redonna de beaux monuments, ceux que nous voyons encore. Il en fit un grand centre commercial, à la fois pour l'Afrique centrale et pour la Méditerranée du Maroc à l'Egypte. D'autre part, la guerre de course, conduite contre les flottes chrétiennes par les corsaires de Mahdia, aussi redoutés que ceux d'Alger ou de Salé, fut autant qu'une vengeance une source de richesse. La décadence ne vint que des exactions et des désordres gouvernementaux : concussions, meurtres, complots des chefs de milices, tout contribua à la misère du peuple et à la ruine de l'autorité des beys, jusqu'à la constitution de la dynastie des Husseïnites, encore régnante aujourd'hui. Mais la débilité des souverains, l'avidité des favoris, entretinrent une sorte d'anarchie et une situation économique si lamentable qu'en 1 8 8 1 , à la suite des habiles interventions de Jules Ferry, le bey Sadok accepta un traité de protectorat français. L'insurrec-

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tion des Khoumirs, limitrophes de l'Algérie, avait prétexté une expédition militaire : elle n'eut guère à souffrir que de la

t y p h o ï d e , e t n e r e n c o n t r a d e r é s i s t a n c e q u ' à S f a x , c a p i t u l a n t

après un court bombardement. Depuis, aucun trouble, même pendant la période de 1914-1918. Les Tunisiens ne sont pas belliqueux, se montrent satisfaits de notre rôle, et l'harmonie règne entre notre Résidence et le gouvernement beylical, malgré quelques agitateurs « destouriens », c'est-à-dire partisans d'une autonomie avec « destour », ce mot signifiant « constitution ».

Voilà, brièvement, l'histoire de Tunis, bien moins drama- tique en somme que celle de la plupart des cités orientales ou nord-africaines, hormis les cruautés espagnoles du XVI siècle.

Depuis l'intervention française, une grande cité moderne s'est juxtaposée à la vieille ville arabe. On a creusé et aménagé un port, tracé des boulevards. On entre dans Tunis par la superbe avenue Jules-Ferry que prolonge l'avenue de France, avec de luxueux cafés et hôtels, des magasins élégants : c'est le « corso » où l'animation est extrême, et auquel aboutissent des rues européennes très intelligemment conçues. Tout ce quar- tier a été conquis sur la mer, qui arrivait jadis jusqu'à la porte- de la medina : la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul elle-même, qui fait face à l'Hôtel de la Résidence générale de France, et est d'un style très honorable, repose sur des milliers de pilotis de troncs de palmiers. Cette Tunis francisée est très gaie; la

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vie y est accueillante, facile et douce, sous un divin azur. Mais l'intérêt véritable est dans la medina, heureusement respectée, où l'on accède par l'antique Bab el Bahar, « la porte de la mer ». Une statue du grand cardinal Lavigerie, archevêque de Carthage et primat d'Afrique, s'élève sur une placette où se groupèrent jadis les consulats européens : et aussitôt la rue de l'Eglise rappelle, par son vieux sanctuaire de la Sainte-Croix, le souvenir de son fondateur, le révérend Jean le Vacher, disciple de Vincent de Paul jadis captif à la Goulette. Cette rue mon- tante, étroite, pleine de bazars pour touristes, conduit à la grande mosquée de l'Olivier, la « Djama Zitouna », et au laby- rinthe voûté des souks où circule une foule de Tunisois, Juifs, Maltais, Siciliens, Levantins, Maures et Français aimablement mêlés. Il y a là d'étonnants effets de lumière et de pénombre dorée dans les rangées de boutiques où travaillent les artisans de petits métiers, dans le vacarme des criées, au milieu du défilé versicolore des chalands, femmes aux masques noirs, Sénégalais ceinturés de rouge, Arabes traînant leurs babouches et balançant les plis de leurs souples djellabas, juives aux pantalons collants et aux bonnets rehaussés d'argent et d'or. Souks des Libraires aux magnifiques reliures, des Etoffes, des Selliers, des Orfèvres, des Parfums, des Babouches, des Teinturiers, tous composent une symphonie éblouissante. Le souk El Berka, où les corsaires vendaient leurs prisonniers, montre un paisible café maure sous

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des arceaux soutenus par des piliers peints de vert et d'écarlate et dont les chapiteaux englués de chaux proviennent de la Car-

t h a g e p u n i q u e , r o m a i n e e t c h r é t i e n n e . P a r t o u t r ô d e cette s e n t e u r

composite de rose, de moka, d'épices, de cuir, de laine tiède,

qui est celle de l'Orient. Cette cité dans la cité n'a guère changé

depuis les Hafsides, et l'apparente confusion de ses ruelles

capricieuses, aux milliers d'alvéoles, demeure régie par la même

organisation corporative avec toutes ses richesses. Elle s'agglo-

mère autour de mosquées, de medersas, de bibliothèques admi-

rables. Elle a son quartier israëlite, la Harâ. Elle a, au bout

de la silencieuse et exquise rue Tourbet El Bey, les tombeaux

beylicaux aux vertes coupoles de faïence émaillée. Elle englobe,

dans un coin presque campagnard, le Dar Hussein, un adorable

palais du XVIII siècle, caprice d'un vizir, où logent mainte-

nant le général en chef de nos troupes et ses services d'état-

major. Elle dérobe, avec le jaloux souci des Islamiques, de

luxueuses demeures derrière des murs aveugles. Si le palais

beylical primitif, le Dar El Bey, a disparu avec ses décorations

andalouses et ses jardins, l'édifice qui l'a remplacé au faîte de

la colline fut l'œuvre de Hamouda Pacha en une période heu-

reuse, et de ses nobles appartements, de ses terrasses, on jouit

d'une vue incomparable sur la ville aux blancheurs mates de

camélia, sur les montagnes lointaines, la lagune et l'immensité

du golfe.

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L'ancienne Kasba n'est plus qu'une caserne ayant perdu

tout caractère arabe : mais elle est contiguë à une vaste ceinture de remparts, en partie respectés, enserrant toute la médina, et percés de quelques belles portes fortifiées, Bab Djedid, Bab Menara, Bab Al Djezira, et enfin Bab Souïka s'ouvrant sur le bruyant faubourg Halfaouine, très populeux, malpropre et pittoresque. Tout cela est dominé par les minarets des mosquées Djama El Zitouna et de la Kasba, qui sont du rite malékite, c'est-à-dire de forme carrée et sans galeries, tandis que les mosquées du rite hanéfite, Sidi ben Arous et Sidi Youssef, ont des minarets octogonaux avec galeries ajourées et toits aigus.

Mais ces divers édifices sont tous couverts de tuiles d'émail vert, la couleur du Prophète. Le plus beau de tous, sinon le plus vénéré, est en dehors de l'enceinte, au quartier Halfaouine : c'est la mosquée de Sidi Mahrez, avec des coupoles presque byzan- tines, bien dégagée sur une vaste place d'où l'on peut l'admirer de toutes parts, tandis que les autres sont, comme presque toujours en Orient, encastrées dans des ruelles étroites. Les fortifications de Tunis sont restées surtout imposantes dans la partie la plus élevée de la ville, d'où l'on découvre vers l'intérieur les eaux glauques et miroitantes de sel de la Sebkha Sedjoumi, lac sans écoulement, parfois tari, au milieu d'un immense paysage de sable fermé par de lointaines montagnes aux arêtes vives.

Mais, vers le golfe, la cité a depuis longtemps outrepassé ses

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limites primitives pour s'étendre dans des sites boisés, fleuris et très riants. Les cent hectares du parc du Belvédère, avec leurs pelouses, leurs corbeilles, leurs palmiers, leurs oliviers, leurs ficus géants, leurs eucalyptus, évoquent les plus beaux jardins des lacs italiens ou de Palerme, et on y trouve deux purs chefs- d'œuvre de l'art décoratif islamique, la Koubba et la Midah, dignes de Fès ou de Grenade, de Rabat ou de Séville. De ce bois de Boulogne tunisien, infiniment supérieur au nôtre, on a des vues merveilleuses, ainsi que des quartiers de la Manouba, de l'Ariana, et de la colline qui porte l'ancien fort turc de Sidi Bel Hassen, remanié pour nos soldats et surveillant la banlieue et l'horizon marin. Les quartiers d'élégantes villas se succèdent jusqu'au palais beylical du Bar do. Le souverain en habite encore une partie, décorée à la tunisienne et aussi par des Italiens au X V I I I siècle : le reste a été transformé en un charmant jardin public, avec une petite mosquée et un rond-point à colonnettes et fontaines, les bastions et les tours ont disparu, et l'ancien harem est maintenant occupé par le musée Alaoui, l'un des plus captivants de l'Afrique du Nord, installé avec une discrète élégance et un parfait éclairage. On y peut admirer une quan- tité de ces mosaïques antiques qui sont l'orgueil de la Tunisie, morceaux de premier ordre, très bien conservés, et rivalisant avec ceux de Ravenne, de Monreale et de Daphni. Ces travaux ont certainement inspiré les artisans byzantins et arabo-normands,

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et peut-être aussi les tapissiers kairouanais. On trouve de ces mosaïques, luxe des demeures romaines, à Sousse, à Sfax, à

D o u g g a , u n p e u p a r t o u t , m a i s les p l u s s u r p r e n a n t e s s o n t a u

musée Alaoui, contenant d'autre part de nombreux vestiges

p u n i q u e s e t c h r é t i e n s , s a r c o p h a g e s , b a p t i s t è r e s , b i j o u x , e t l a

célèbre série des bronzes qu'un vaisseau grec, coulé au large de

M a h d i a e t r é c e m m e n t r e n f l o u é , t r a n s p o r t a i t d ' A t h è n e s à R o m e

pour orner la demeure de Sylla : un Eros, un Dionysos, un Hermès, une Ariane, des vases, des statuettes d'acteurs et d'ani- maux, d'un admirable sentiment, ont émergé après vingt siècles des parages de ces Syrtes propices aux naufrages qu'ont redoutées de tous temps les marins. Un léger palais, voisin du musée

A l a o u i , e s t c o n s a c r é à l ' a r t i n d i g è n e : e t d e v a n t ces t a p i s , ces

cuivres, ces faïences, ces reliures, ces harnais, ces armes, on ne peut trop souhaiter l'encouragement des artisans, la défense de leurs traditions contre l'envahissement de la camelote européenne.

On a eu l'habileté de montrer aux musulmans le respect absolu de leur religion : il serait non moins méritoire de leur prouver notre souci de sauvegarder leurs arts, ainsi que Lyautey le fit au Maroc. Les services tunisiens sont, après un demi-siècle, de protectorat, fort en retard, à ce point de vue, sur ce qui a été organisé au Maroc en quinze années sous l'impulsion d'un ani-

m a t e u r g é n i a l q u i p e n s a i t à t o u t .

Tunis est entourée de montagnes d'une coloration splendide,

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comme le Zaghouan, le Djebel Ressas ou « montagne de plomb », le Djebel Bou Korneïn, au pied duquel serpente le défilé où

Flaubert a cru pouvoir situer la catastrophe de l'armée des mercenaires révoltés contre Carthage et prise au piège p a r une ruse d'Hamilcar, l'y laissant mourir de soif et de faim. D u cap Bon à la plaine féconde du M o r n a g , ce ne sont que sites exquis, oliveraies, prairies, villas blanches, pêcheries, plages harmonieuses, sur les deux rives du golfe et du lac E l Bahira.

T o u t respire le bonheur, la paix, la grâce, sous un ciel digne de l'Hellade. Mais on est surtout fasciné p a r le littoral qui conduit à Carthage. O n l'atteint soit p a r une superbe autostrade, soit p a r le tram électrique établi sur la chaussée rectiligne faite des déblais du chenal traversant El Bahira jusqu'à la Goulette, et survolé paresseusement p a r des flamants roses. L a Goulette est bâtie sur la langue de sable séparant la lagune tunisienne de la mer libre. C'est là que les Espagnols, après leur assaut et leur pillage de Tunis, bâtirent une forteresse ; plus tard, les Ottomans la reprirent, la transformèrent, et y adjoignirent un bagne où saint Vincent de P a u l vécut la vie des forçats chrétiens.

Un palais abandonné, un p o r t bien outillé, une « marine » de pêcheurs, une plage d'été chère aux Tunisois, c'est la Goulette actuelle, avec de puissantes usines ; et au delà commence la série des stations coquettes, Khereddine, le Kram, pareilles aux localités de la baie de Naples. Deux d' entre elles portent les noms

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d'Hamilcar et de Salammbô, ce qui est un bel hommage à Flaubert et à son chef-d'œuvre. Salammbô est un ravissant petit bourg de plaisance, où l'on a l'amusante surprise de trouver les noms de Didon et de Tânit sur des plaques de rues. On est là au pied de la colline où s'élevait la citadelle de Byrsa et dans la zone où de Dermech à Sidi Bou Saïd, l'énorme Carthage a dû s 'étendre, la zone où le grand romancier français a interrogé passionnément le sol, il y a trois quarts de siècle.

A la vérité, les aspects ont bien changé depuis son séjour, mais déjà il a dû tirer presque tout de son imagination exaltée par un mot fameux. Carthage n'était que l'ombre d'une ombre, pas même une ruine, un émiettement. Son histoire ne l'explique que trop. Après le siège, le massacre et la destruction, les Romains semèrent du sel pour que le lieu exécré demeurât à jamais stérile. Plus tard, ils se repentirent, à cause de la posi- tion maritime, et, sous César et Auguste, ils rebâtirent une Carthage latine très florissante. Ensuite, il y eut une cité chré- tienne, puis les Vandales de Genséric séjournèrent. Bélisaire les expulsa, et Carthage fut byzantine durant deux siècles. Enfin les Arabes l'anéantirent. Les ruines devinrent une carrière ouverte où tout le monde s'approvisionna, jusqu'en Italie : et on retrouve des matériaux carthaginois, romains et byzantins partout à Tunis et dans mainte cité tunisienne. Douze cents ans passèrent, jusqu'à ce que le cardinal Lavigerie, avec ses Pères blancs, élevât une

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Carthage française à la gloire du Christ, des martyrs, et de saint Louis mort de la peste en cette solitude où il avait établi son

a r m é e p o u r p r é p a r e r le s i è g e d e T u n i s . O n c o n ç o i t d o n c q u e les v e s t i g e s p u n i q u e s a i e n t d i s p a r u s o u s t o u t e s ces s u p e r p o s i t i o n s , e t q u e n o u s n 'ayons q u e l q u e s r e n s e i g n e m e n t s q u e p a r les n é c r o - p o l e s s o u t e r r a i n e s , c o m m e p o u r les E t r u s q u e s , c a r les R o m a i n s r a s a i e n t les v i l l e s e n n e m i e s m a i s n é g l i g e a i e n t les t o m b e a u x . A u t e m p s d e F l a u b e r t , o n n ' a v a i t p a s e n t r e p r i s les f o u i l l e s q u i se p o u r - s u i v e n t m é t h o d i q u e m e n t d e p u i s M L a v i g e r i e . L o u i s - P h i l i p p e s ' é t a i t b o r n é à a c q u é r i r d u b e y u n t e r r a i n s u r le c o t e a u d e B y r s a

(car ce modeste nom suffit à une éminence de soixante-trois mètres) pour y ériger une chapelle commémorative en l'honneur du roi Louis IX de France : intention digne d'éloges que l'on ne saurait adresser à cet édifice mesquin. Le grand cardinal fit construire là un couvent de Pères blancs dans un beau jardin, et il ordonna

l a c o n s t r u c t i o n d ' u n e c a t h é d r a l e , d u e à l ' a r c h i t e c t e e t a b b é P o u g n e t . C ' e s t u n e œ u v r e d ' i n s p i r a t i o n h i s p a n o - m a u r e s q u e , a v e c

deux tours, une coupole et huit clochetons ; fort honorable, elle ne gâte pas le merveilleux paysage, et l'intérieur est d'un noble style. M Lavigerie y est enseveli. Sur le tombeau ses dignités sont énumérées, mais il a indiqué lui-même l'épitaphe en deux

m o t s : « N u n c c i n i s . . . m a i n t e n a n t p o u s s i è r e » . I l f u t le L y a u t e y

spirituel de la Tunisie.

C o n t i g u a u c o u v e n t , le m u s é e f o n d é p a r le c a r d i n a l p e u

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avant sa mort, et auquel le très érudit P. Delattre donna tous ses soins pendant quarante ans, a été bâti sur les restes d'un palais et d'un portique proconsulaires. Il contient des sarcophages puniques et romains, une admirable effigie tombale dite « prê- tresse de Tânit », des inscriptions, des objets qui décèlent l'influence égyptienne et minoenne, poteries, amulettes, vases.

Les Carthaginois ne furent que de hardis navigateurs et d'avides commerçants, insoucieux des arts ou se bornant à les emprunter.

On trouve autour de Byrsa de très nombreux vestiges des temps romains, sépulcres, amphithéâtres, thermes, débris d'aqueducs, de basiliques consacrées à des martyrs, saint Cyprien, sainte Perpetua, suppliciés sous Septime-Sévère. D'énormes citernes sont encore visibles. Il semble probable que Carthage, qui comptait encore sept cent mille habitants lors de sa destruction par Scipion Emilien, s'étendait sur un périmètre d'au moins trente milles. De son port marchand, situé près du Kram actuel, rien ne demeure. Son port militaire, situé près de l'actuelle

S a l a m m b ô , se c o m p o s a i t d ' u n b a s s i n r e c t a n g u l a i r e a v e c c h e n a l , le C o t h o n , e t d ' u n b a s s i n s e m i - c i r c u l a i r e a u c e n t r e d u q u e l u n î l o t c o n t e n a i t le l o g i s d e l ' A m i r a u t é . I l n e r e s t e p l u s q u e d e u x é t a n g s e n v a s é s e t q u e l q u e s t r a c e s d e m ô l e s s ' a v a n ç a n t s o u s les e a u x . O n a l ' i m p r e s s i o n d ' u n e m o r t d é f i n i t i v e . C a r t h a g e n ' e s t p l u s q u ' u n n o m , a u q u e l le g é n i e d ' u n é c r i v a i n a s u r e n d r e u n e s u r v i e . M a i s c e u x a u x q u e l s l ' H i s t o i r e p a r l e p e u v e n t é v o q u e r ici

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IMPRIMERIE HÉRIS SEY : ÉVREUX :

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