R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
G. R OUZET
Étude des moments de la loi normale tronquée
Revue de statistique appliquée, tome 10, n
o2 (1962), p. 49-61
<
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49
ÉTUDE DES MOMENTS DE LA LOI NORMALE TRONQUÉE
G. ROUZET
Ingénieur
àla Compagnie des Compteurs
1 - GENERALITES -
Les raisons sont bien connues pour
lesquelles
certainsphénomènes
concrets tendent à obéir à une distribution normale.
Or,
dans laplupart
de ces
phénomènes,
la variable mise en causepossède
un intervalle de va-riation
pratiquement
borné. C’est direqu’on
admetimplicitement
que le modèlemathématique
utilisé est une loi normale bornée.Mais comme d’ordinaire les bornes affectent une
proportion
assezfaible de la
distribution,
et comme engénéral
on se contente despremiers
moments de la loi et de sa fonction de
répartition, l’usage
de caractéris-tiques
calculées dans la loi normale nontronquée
donne uneapproximation excellente,
et la substitution estpassée
sous silence.Il n’en est
plus
de même dans le cas où ilest
nécessaire de faireappel
aux moments d’ordresélevés,
et l’on doit alors utiliser en tant que telle la loi normaletronquée.
A titre
d’exemple,
on trouveraci-après
uneapplication
de cetteremarque à l’étude de la loi de
probabilité
de l’inverseIl - 1
d’une variablex suivant une loi normale
tronquée ; (le
calcul des moments n’a pas desens dans le cas d’une loi non
tronquée).
Dans ce
qui
suit, nous étudierons les moments de la loi normale- tronquée symétriquement
parrapport
à la moyenne.2 - NOTATIONS - Soi ent :
et
la densité de
probabilité
et la fonction derépartition
de la loi normale.Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
50
L’expression
de la densité Vdeprobabilité cp(t)
de la loitronquée
est :3 - ETUDE DU MOMENT D’ORDRE k -
La fonction
(p(t)
étantsymétrique,
lesmoments 4h
d’ordreimpair
sontnuls.
Etudions 03BCk
pour kpair.
On a donc la formule de récurrence :
Comme 03BCo =
1, on a :Cette
expression peut
encore s’écrire :Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
51 c’est-à-dire :
La série limitée
exprimée
dans laparenthèse,
est unepartie
de lasérie illimitée
convergente,
obtenue pourk~~,
dont la valeur est :comme il est montré en annexe.
L’expression (3) peut
donc s’écrire :c’est-à-dire :
c’est-à-dire finalement :
(k pair).
4 - ETUDE DE LA SERIE DES MOMENTS D’ORDRE PAIR -
Les moments d’ordre
pair
forment une sérieillimitée ;
pour que cette série soit convergente, il faut aueNous avons :
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
52 d’où
La série est donc
convergente
pourT2
1, c’est-à-dire pour T 1 . Dans cesconditions,
la série estcomposée
de termesdécroissants,
car :
Ces derniers résultats n’ont que la valeur d’une remarque.
Toutefois,
la méthodeemployée
pourra servir de base à l’étude de séries dans les-quelles
interviennent les moments4. successifs ;
c’est là sonprincipal
intérêt.5 - VALEURS
NUMERIQUES
DES PREMIERS MOMENTS DE LA LOI NOR- MALETRONQUEE
POURQUELQUES
VALEURS DE T -On a
pris
pour T les valeurs :1, 00 -
1,50 - 2, 00 -2, 50 - 3, 00 -
3, 50 et on a intercalé les valeurs usuelles1, 96
et 3, 09.Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
53
ANNEXE
DEMONSTRATION DE L’EXPRESSION
(4) Développons
en sérief(t) :
En
intégrant,
on obtientF(T).
La constanted’intégration
est telle qued’où
La
quantité -
s’écrit alors :Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N. 2
54
La division des deux séries est telle que :
etc.
Le mécanisme montre que l’on obtient bien :
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
55
EXEMPLE
D’APPLICATION
DEL’ÉTUDE
DES MOMENTS DE LA LOI NORMALETRONQUÉE
LOI DE L’INVERSE
D’UNE VARIABLE x SUIVANT UNE LOI NORMALE
TRONQUEE
où m et o sont les
paramètres
de la loi normaled’origine,
nontronquée
1 - NOTATION -
On conservera dans ce
qui
suit la notation :relative à la loi
normale,
en variable centrée réduite.Par
ailleurs,
lanotation Ilk
sera réservée au moment d’ordre k de la loi normale centrée réduitetronquée,
avec -T t
+ T.2 - EXPRESSION DE
h(z) -
La loi de x s’écrit :
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
56 On notera que
h(z) peut
s’écrire :3 - CALCUL DES MOMENTS DE LA LOI DE z -
La variable suit une loi normale
réduite, tronquée,
avec-
T t
T. Onpeut
donc calculerE ( zk )
en fonction desmoments
suc- cessifs de la loi normaletronquée.
On a :
d’où :
d’où,
endéveloppant
en fonction despuissances
croissantès de t :d’où encore :
le terme
général
enti
étant :ou encore :
On a donc :
On note alors que, pour que la série donnant
E(zk)
soitconvergente
il faut que :
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
57 Or :
d’où :
On
sait,
par ailleurs(étude
des moments de la loi normaletronquée) ,
que :
La condition
(6)
s’écrit donc :Le calcul des moments de la loi de z n’a donc de sens que si :
Nous supposerons dans la suite
qu’il
en estainsi ;
nous aurons alorsen
conséquence :
m - Ta >0,
c’est-à-dire que x, d’où z, sonttoujours positifs.
Dans ces
conditions,
les deuxpremiers
moments sont, enparticulier :
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
58
d’où la moyenne et la variance de la loi de z :
4 - FONCTION DE REPARTITION
H(z) - Toujours
sous la condition :la fonction de
répartition s’écrit,
àpartir
del’expression (1) :
soit, comme
Numériquement,
on auradonc,
àpartir
des tables de la loi normale :5 - FORME LIMITE DE LA LOI DE z
LORSQUE
Lorsque
ledéveloppement (3)
fournit :L’expression
de la loi de z convergedonc,
entre seslimites,
versl’expression
de la loi normale de :Les limites de variation de z deviennent
simultanément, exprimées
en variable centrée réduite
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
59 soit :
valeurs
qui convergent
vers :En
conclusion,
la loi de z converge vers une loi normaletronquée,
définie par les
expressions (13)
et(14).
Les
expressions (9) fournissent,
dans les mêmes conditions :soit :
ce
qui
coïncide avec le résultatprécédent.
6 -
REMARQUE
SUR LES VALEURSNUMERIQUES
DE T ETDE
Rappelons
que sontindiquées
dans l’étude des moments de la loi normale -tronquée
les valeurs despremiers moments 03BCk correspondant
àquelques
valeurs de T.
Notons par ailleurs que, la condition
(7) exigeant simplement
T2013
on pourra,
lorsque m
>3, 09,
choisir arbitrairement dans certains cas T =3,09.
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
60 7 - EXEMPLE -
Une fabrication de résistances
électriques
en constantan, àpartir
detôles de faible
épaisseur,
est telle que ladispersion
des valeurs des résis- tancesrépond
à une loi sensiblement normalepratiquement
bornée à T =3, 09,
de :On désire
profiter
de cette fabrication pour réaliser des ensemblescomposés
de 5 résistances enparallèle. Chaque
ensemble doit satisfaire à la condition suivante : branché sur une source dont la tension de 1 volt est maintenue constante(c’est-à-dire
que ses variations sontnégligeables
enregard
duphénomène étudié)
le courant total i doit être de 500 A à 5% près.
On
envisage
de neprélever
dans la fabrication courante que des résis- tancesrépondant
à certaines tolérances afin de créer des lots àpartir
des-quels
seront montés les ensembles.Dans la mesure où ce tri est
nécessaire, quelles
doivent être les tolé-rances pour
qu’un
ensemble constitué de 5 résistancesprises
au hasard dansces lots ait la
probabilité 0, 998
d’être bon ?Soit x la valeur d’une résistance
prise
dans un lot et z le courantqui
la traverse,
avec . - 1.
x
Les moments de la loi de z
peuvent
être étudiés pour T 20 cequi
estle cas.
Sans
tri,
donc pourT = 3, 09
dans la loi de x, on a :Soit :
On assimilera à une loi normale la loi du courant
i,
somme des 5 courants z dans 5 résistances prises auhasard,
avec :mi = mz. 5 = 500
03C3i = 03C3z 5 = 11, 2
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2
61 d’où :
d’où l’erreur :
Il est donc nécessaire de
procéder
à un tri.Effectuons le même calcul pour
quelques
valeurs deT ;
on obtient :On
peut
alors établir legraphique
suivant :d’où la solution :
Les tolérances de
prélèvement
sont donc :soit :
Revue de Statistique Appliquée. 1962 - Vol. X - N’ 2