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Article pp.205-211 du Vol.28 n°3 (2008)

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Texte intégral

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doi:10.3166/sda.28.205-211 SCIENCES DES ALIMENTS, 28(2008) 205-211

© Lavoisier – La photocopie non autorisée est un délit

Y a-t-il trop de résidus de pesticides dans les fruits et légumes ?

A. Périquet

INTRODUCTION

En 1968 – il y a donc 40 ans – la parution du livre de Madame Rachel CARL- SON, « Le printemps silencieux » avait attiré l’attention des médias, puis des pouvoirs publics, sur le fait que si le recours aux produits phytosanitaires se poursuivait de la façon dont on le faisait à cette époque, l’homme et l’environ- nement pourraient en faire les frais. Et il est vrai qu’après la seconde guerre mondiale, les agriculteurs ont utilisé « larga manu » ces substances, afin de pro- duire davantage, pour satisfaire les besoins d’une population qui sortait d’une période de disette, voire de famine.

Depuis, les choses ont beaucoup changé, et le recours aux produits phyto- sanitaires a considérablement diminué, en quantité d’abord (figure 1) ; en France par exemple, le tonnage de produits phytosanitaires utilisé annuellement a commencé à diminuer dès 1998 et on estime qu’entre 2000 et 2006, il est passé de 100 000 à 60 000 tonnes (– 40 %).

En nombre de substances actives ensuite qui, conformément à la directive européenne 91-414-, a nettement baissé puisqu’un bilan réalisé en décembre 2006 indique que sur les 1095 substances autorisées, 487 ont eu un retrait, 450 sont en cours d’examen et 158 ont été réhomologuées ; on estime que lorsque cette réévaluation sera terminée ne subsisteront que un tiers d’entre elles ; en 2008, 371 substances actives sont autorisées (tableau 1). Le troisième argument qui indique qu’une diminution du recours aux produits phytosanitai- res est en marche, concerne l’harmonisation européenne des limites maximales de résidus (LMR) qui devra être effective en septembre 2008 (règlement 396/

2005/CE) qui se substituera aux différentes directives transposables en droits nationaux et qui autorisaient certaines dérogations (tableau 2). Désormais les LMR nationales devront être identiques aux LMR communautaires et on peut raisonnablement penser, sauf cas particuliers, que ces LMR seront révisées à la baisse et de ce fait le niveau résiduel dans les fruits et légumes baissera. Un autre événement politico-médiatique permet de penser que l’on s’achemine vers une diminution du recours aux produits de protection des plantes ; il s’agit

Université P.-Sabatier – Toulouse – France.

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du Grenelle de l’Environnement dont tous les groupes de travail ont prôné une réduction de l’utilisation de ces produits (tableau 3). Enfin il convient de noter la position des grandes moyennes surfaces dont certaines semblent s’orienter vers la réalisation de cahiers des charges plus contraignants avec des fractions de LMR et un nombre de résidus à ne pas dépasser dans les fruits et légumes.

D’après l’ensemble de ces éléments, il semble qu’une réduction notable du recours aux produits de santé des plantes se dessine actuellement, et si cela semble souhaitable, cela sous-entend aussi que la situation n’était pas satisfai- sante surtout en ce qui concerne la santé des consommateurs. À l’heure où les autorités de santé et les pouvoirs publics recommandent (PNNS 1 et 2) une augmentation de la consommation quotidienne de fruits et légumes, il devenait d’autant plus légitime d’évaluer le niveau des risques encourus par le consom- mateur notamment ceux liés à la présence des résidus de produits phytosani- taires.

C’est pour tenter d’apporter un éclairage sur cette question que le Comité Sécurité des Aliments de l’Interprofession des fruits et légumes (Interfel/Aprifel) a entrepris une étude théorique réalisée selon une méthodologie maximaliste du type Apport Journalier Maximum Théorique (AJMT) dont les grandes lignes sont résumées dans le tableau 4.

Figure 1

Quantités de substances actives commercialisées en France de 1990 à 2000.

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Cette étude a permis de connaître les quantités de chacune des substances actives homologuées sur chacun des fruits et des légumes ingérées quotidien- nement par les consommateurs puis de faire une comparaison avec le Crédit Toxicologique (CT) qui représente la quantité de substance active qu’un indi- vidu peut ingérer quotidiennement pendant toute sa vie sans qu’il en résulte d’inconvénient pour sa santé.

Le tableau 5 résume cette approche et la figure 2 montre que dans le cas d’une normo consommation de fruits et légumes les quantités de substances actives ingérées ne représentent que 6 % du Crédit Toxicologique

« disponible ».

1re liste (substances les plus à risques et /ou les plusutilisées) 90 s.a. examinées : 29 interdites

2e liste (substances potentiellement à risques et/ou peuutilisées) 148 s.a. examinées : 113 interdites.

3e liste (autressubstancesnonsur 4e liste) 389 s.a. examinées : 252 interdites

4e liste (substancesrodonticides et substancesnon de synthèse) 341 s.a. examinées : 86 interdites

BILAN au 15.12.2006 : 1095 s.a.

Out : 487 - In : 158 - En cours : 450

SUBSISTERONT ENVIRON 250 à 300 SUBSTANCES

ACTIVES 371 SA

ENCORE DISPONIBLES EN 2008 BILAN

Tableau 1

Programme communautaire de réévaluation des substances actives 1993 : 800 substances actives recensées.

Limites Maximales de Résidus (LMR, mg/kg) Harmonisées ausein de l’UE

Directive 75/895/CEE Directive 86/362/CEE Directive 86/363/CEE Directive 90/642/CEE

Règlement 396/2005/CE (Application au 1erseptembre 2008) Substances actives

Utilisables ausein de l’U.E.

Directive 91/414/CEE (en application au 25 juillet 1993) Ne seront utilisables en U.E.

que less.a. inscrites en annexe I (liste positive)

OBJECTIFS

Lister produits vég./ani. auxquelss’appliquent les LMR Publier des LMR applicables à tous les E.M. de l’U.E.

Préciser lesrègles des contrôlesrésidus U.E.

Tableau 2

Harmonisation européenne (2 procédures distinctes).

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Si on se place maintenant dans le contexte d’une augmentation de la consommation quotidienne de fruits et légumes (tableau 6) les pourcentages moyens de la Dose Journalière Admissible (DJA) sont très faibles et n’atteignent 10 % de la DJA que dans le cas de la consommation la plus élevée (800 g/jour) de fruits et légumes. Cette valeur de 10 % de la DJA a été retenue comme réfé- rence car la plupart des experts estiment qu’à ce niveau il n’y a pas de risque pour le consommateur.

Tableau 3

Le grenelle de l’environnement.

Exposition = Consommation de l’aliment x Teneur en résidus Hypothèse maximaliste :

100 % des cultures sont traitées avec le produit

Chaque culture reçoit :

le nombre maximum de traitements

la dose maximale autorisée

le Délai Avant Récolte le plus court

Les résidus sont constamment au niveau maximum = LMR

Les résidus présents dans la denrée brute sont intégralement consommés (pas de destruction lors du nettoyage, cuisson, pelage…)

Calcul A.J.M.T. = ∑ LMRMRCulture a X Fact. Conso.Culture a (mg S.A./pers/jour)

Tableau 4

Évaluation du risque chronique.

L’Apport Journalier Maximal Théorique.

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Une étude, dont la méthodologie est différente puisqu’elle est de type

« repas dupliqués » et qui a analysé les résidus de 10 produits phytosanitaires dans 161 échantillons de repas, a montré que 4 substances n’étaient pas détectées, 5 présentaient un très faible pourcentage de la DJA et une seule, la phosalone, atteignait 10 % de la DJA (tableau 7). Cette étude de type Apport Journalier Estimé (AJE) intègre les paramètres agronomiques réellement mis en œuvre (substances actives utilisées, doses de traitement à l’hectare, délai de traitement avant récolte) ainsi que les facteurs de réduction liés aux divers pro- cédés (lavage, brossage, pelage, cuisson, etc.) dont nous nous étions affran- chis. Que la méthodologie soit maximaliste ou plus proche de la réalité, les résultats apparaissent très concordants et mettent en évidence la faible part du crédit toxicologique « utilisé » ce qui peut être considéré comme une garantie de sécurité pour le consommateur.

Études de résidus/culture Teneur en résidus/culture

Proposition de L.M.R./culture (mg/Kg)

Selon B.P.A. « critique »

pour toutes cultures France : CSHPF, 1994

Avec 2 Facteurs Sécurité Supplém.

Régime alimentaire Facteurs de consommation quotidien/culture

(kg/pers./jour) Si justifié ; denrées animales &

produits transformés Calcul A.J.M.T.

∑ LMRCulture a X Fact. Conso.Culture a (mg S.A./pers/jour)

Comparaison A.J.M.T. (Exposition) avec Crédit tox. (Toxicité) (DJA x 60)

Tableau 5

Évaluation du risque chronique.

Qté Maxi. Ingérable AJMT 6 %

94 %

Figure 2

Évaluation du risque chronique.

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En conclusion on peut dire que le niveau des résidus de produits phytosani- taires est légalisé par les limites maximales de résidus qui doivent être aussi basses que possible afin de protéger au mieux le consommateur mais aussi hautes que nécessaires pour permettre un usage adéquat des substances acti- ves mais elles sont toujours fixées avec une garantie d’innocuité. L’harmonisa- tion européenne des LMR est justifiée et si elles sont révisées à la baisse, ce qu’il est permis de penser, la sécurité du consommateur n’en sera que mieux assurée même si elle l’était déjà largement avant cette décision.

L’encadrement institutionnel de l’utilisation des produits phytosanitaires et la surveillance de leurs résidus visent à assurer la meilleure innocuité pour le con- sommateur et la meilleure protection possible pour l’environnement. On peut donc suivre sans crainte la recommandation d’augmenter la consommation quotidienne de fruits et légumes car elle n’entraîne pas d’augmentation signifi- cative de l’exposition des consommateurs.

– MÊME MÉTHODOLOGIE MAXIMALISTE

– CONSOMMATION QUOTIDIENNE CROISSANTE DE F&L – NOMBRE DE S.A. PRISES EN COMPTE : 162 – RÉSULTATS

– NOMBRE DE S.A. ENTRE 10 % ET DJA : 21 – NOMBRE DE S.A. INFERIEURES À 10 % DJA : 144

2,8 5,8 8,5 11,2 0

0 0 5 200

400 600 800

% DJA Nb de SA

> DJA G. F& L

(g/J)

Tableau 6

Étude Interfel-Aprifel 2006-2007.

0,6 600

3,3 Vinchlozoline

0,2 6000

11,5 Procymidone

1 240

2,3 Parathion Éthyl

1,7 120

2,1 Dicofol

4 60

2,4 Triazophos

10,3 60

6,2 Phosalone

AJM/DJA (%) DJA*

(µg/jour/personne) AJM*

(µg/jour/personne) Pesticides

* AJM : Apports journaliers moyens calcus par la méthode desrepas dupliqués.

** DJA : Dose journalière admissible par le Joint expert commitee Mixt on Pesticides Residue (JMPR).

Estimationréalisée avec l’hypothèse d’un poids corporel de 60 kg.

Tableau 7

Données d’exposition de la population française aux résidus de pesticides par voie alimentaire – Enquête DGAL 1998-1999.

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Même si des questions subsistent liées à la présence simultanée de plu- sieurs résidus dans une même denrée ou à la pertinence des valeurs toxicologi- ques de référence, l’équation risques/bénéfices penche très nettement en faveur des bénéfices à telle enseigne que les fruits et légumes doivent être con- sidérés comme porteur de santé plutôt que comme vecteurs de toxiques, d’autant qu’ils sont largement impliqués dans la prévention/protection des grandes pathologies ; maladies cardio-vasculaires, obésité, diabète et cancer ; cela doit constituer un axe prioritaire de la recherche en nutrition humaine.

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