HAL Id: jpa-00238307
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00238307
Submitted on 1 Jan 1884
HAL
is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire
HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Recherches sur la durée de la solidification du soufre surfondu et sur une nouvelle variété du soufre
D. Gernez
To cite this version:
D. Gernez. Recherches sur la durée de la solidification du soufre surfondu et sur une nouvelle variété
du soufre. J. Phys. Theor. Appl., 1884, 3 (1), pp.58-82. �10.1051/jphystap:01884003005800�. �jpa-
00238307�
58
RECHERCHES SUR LA DURÉE DE LA SOLIDIFICATION DU SOUFRE SURFONDU ET SUR UNE NOUVELLE VARIÉTÉ DU SOUFRE;
PAR M. D. GERNEZ.
J’ai fait connaître, dans une Communication
précédente (1),
lesparticularités
que l’on observelorsqu’on
étudie la durée de la solification duphosphore
surfondu. J’ai montré cluc : il dans des tuhes sufnsammentétroius,
maintenus âtempérature
constante,la durée de la solidification d’une colonne de
longueur
déterminéeest
toujours
lamême ;
2° que cettequantité
varie avec latempé-
rature
ambiante ;
3"qu’elle
estindépendante
des actions diversesauxquelles
on a soumis lephosphore
fondu etqui
ont pu déter- miner une transformationpartielle
enphosphore
rouge. J’ai sou-mis le soufre surfondu à une étude
analobue, et je
vais enindiquer
les
principaux
résultats.Le
dispositif
dontj’ai
fait usage ressemblebeaucoup
à celui quej’ai
utilisé dans le cas duphosphore,
avec cette différence quc, la durée de la solidification du soufre étantbeaucoup plus grande,
dans les mêmes conditions de
température,
il a suffid’employer
un chronomètre à
pointage
pour déterminer les durées avec uneapproximation
convenable. Desexpériences
antérieures sur les variationsqu’éprouve
lepoint
de solidification du soufrelorsqu’il
a été diversement
chauffé,
oulorsqu’il provient d’origines
diffé-rentes, m’avaient montré que, dans une étude comme celle que
j’entreprenais,
il n’étaitpossible d’espérer
de résultats constantsqu’à
la condition de seplacer toujours
dans des conditions iden-tiques
et biendéfinies; je
me suis donc astreint àemployer,
pour lesexpériences,
une variété de soufre bien déterminée. J’ai em-ployé
du soufreoctaédrique
cristallisé parévaporation
d’unesolution dans le sulfure de carbone. On
pulvérise
les cristaux et on les chauffe à95° pendant vingt-quatre
heures pour leur enlever les dernières traces de sulfure decarbone,
dont laprésence
eûtmodifié les résultats. On introduit ce soufre dans des tubes en
U,
dont le diamètre ne
dépasse
pas om, 002, enayant
soin d’enlever les e) Vois 26 série, t. Il, p. 159 de ce Recueil.Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01884003005800
59
parcelles
de soufre solide adhérentes auxparois
dutube,
au-dessus du niveau où doit arriver le soufre
fondu;
on évite ainsi leur chute accidentelle dans leliquide
surfondu et la solidificationprématurée
du soufre. Si l’on apris
laprécaution
de nettoyer J’i n- lérieur des tuhes par deslavages
à l’acidesulfurique,
à l’eau dis-tillée et à
l’alcool, puis
de les sécher à chaud avant l’introduction dusoufre,
on pourra y chauffer le soufre sans voir d’innombrables bulles de gaz se coller sur lesparois,
et l’on évitera en même temps que lespoussières organiques décomposés
au contact du soufrene lui
communiquent
une teinte rouge virant plus
ou moins versle noir et
qui persiste après
le refroidissement. Leliquide
sepré-
sentera sous forme d’une colonne continue
(1),
dont lacouleur,
variable avec la
température,
serad’un jaune
clair dans le bain de surfusion.Le
problème
estplus complexe
dans le cas du soufre que dans celui duphosphore : j’ai
montré eneffet, depuis longtemps,
dne, suivant la forme cristalline de laparcelle
de soufrequ’on
introduitdans le soufre
surfondu,
on pellt obtenir soit desprismes obliques
à base
rhombe,
soit des octaèdres droits à baserectangulaire.
Il y y a donc lieu de considérer : 1° le cas oû l’on fait naître desprismes ;
2D celui flù l’on provoque la formation desoctaèdres ;
ily a de
plus
un troisième cas comprenant l’étude dudéveloppement
d’une nouvelle variété cristalline de soufre que
j’ai
découverte en me servant, comme moyend’investigation,
de la durée d’accrois-sement des cristaux dans le
liquide
surfondu.I. - Durée de la
solÙlijication
clespris/J’tes.
1 ° Considérons un tube à la surface
duquel
sontgravés
des traitséquidistants qui
permettent de mesurerl’allongement
des cristaux :supposons
qu’on
y ait fondu du soufre en le maintenant dans unbain de chlorure de calcium bouillant ou de
paraffine
àtempéra-
ture
T,
maintenue constantependant
un temps t,puis qu’on
leretire de ce bain pour
l’immergerdans
un autre dont latempérature soit t,
inférieure aupoint
de fusion du soufre : leliquide
restera sur-(’ ) S’il se formait un chapelet cle hulles d’air au moment de la fusion, une se- consse du tube chdu ! te ferait disparaitre.
fondu.
Après
l’avoir maintenu en cet éta tpendant
untemps revient-
on à y semer un cristal
prismatique,
dèsdu’il
touche la surface duliquide,
il sedéveloppe
de manière à envahir peu à peu toute lamasse. On reconnaît que la
région
solidifiée augmente delongueurs égales pendant
des tempségaux,
si dansl’expérience
le bain am-biant a été
agité
de manière que toutes lesrégions
du tube soient bien à la mêmetempérature.
En réalisant la mêmeexpérience
surun nouveau tube dont le diamètre ne
dépasse
pas 0m, 002, les va- leurs de1B
z, t et z’ étant lesmêmes,
on trouve que la durée del’allongement
des cristaux pour l’unité delongueur
est la même :c’est donc une constante.
2"
Si,
toutes choses étantégales d’ailleurs,
onprocède
à desexpé-
riences sur des tubes
n’ayant
pas encoreservi,
enchangeant
seu-lement la valeur
de t, température
du bain où le soufre est maintenuen
surfusion,
on trouve des duréesqui
vont en croissant à mesureque cette
température
serapproche
dupoint
de fusion du soufre.Voici
quelques
valeursqui permettent
de suivre la marche duphé-
nomène pour ’h =
129°, 5, "’:
- 5m et t’= 15m.La courbe clue l’on construit en prenant les
températures
commeabscisses et les durées de solidification comme ordonnées
( fib-. i)
a évidemment pour asy
mptotes
l’axe destempératures
et l’ordonnéecorrespondant
à latempérature
dupoint
de fusion du soufre considéré. Ces résultats sontanalogues
à ceux queprésente
lephosphore :
il n’en est pas de même de ceux queje
vais indi- quer.3° Au lieu de donner diverses valeurs à la
température t,
à la-quelle
on provoque la cristallisation desprismes,
on peut maintenircette
température
constante et faire varier successivement l’unedes trois
quantités T,
"u,’t",
en ayant soin seulement que la durée du contact du tube avec le bain ambiant soit suffisante pourqu’il
en ait
pris
latempérature;
on reconnaît alors que la durée de la solidificationdépend
à la fois de toutes cesquantités,
de sorte que le Tableau transcrit ci-dessus necorrespond qu’aux
valeursT=
129°, 5, t == 5"B
t== 15m. Examinons l’innuence des varia- tions de ï, t’ et 1B.Faisons d’abord varier la durée T du
séjour
dans le bain où l’on Fig-. 1.d fondu le soufre : voici les résultats de trois
couples d’expériences comparatives
danslesquelles
le soufre a été fondu à la même tem-pérature
T ===129°, 5,
mais maintenu dans ce bainpendant
destemps
différents, puis
laissé dans le bain de surfusionpendant
lemême
temps, quinze
minutes.On voit nettement, à
l’inspection
de cesnombres,
que: la durée del’allongc1x1enL
desprismes
augmentebeaucoup
à mesure qiic l’on iiiainticn L le soufreplus longtemps
dans leinitial, à
tem-pératllre
constante. Dans lepremier
grouped’expériences,
ladurée devient
8, 5
foisplus grande
pour tlllséjour 7
foisplus long ;
dans le deuxième groupe, la durée est11,58
foisplus grande
pour unséjour
12 foisplus long,
et dans le troisième la durée est15,
I foisplus grande
pour nnséjour 17,8
foisplus long.
Lechangement produit
sous l’influence de la cha- leur se trouve être presqueproportionnel
à la durée de cetteaction.
4l) Dans le cas où l’on fait varier seulement la durée -,.’ du
séjour
dans le bain de
surfusion,
on observe encore une variation dans la durée del’allongement
des cristaux. Cette variation est très faible si la valeur de T est peu élevée au-dessus dupoint
defusion,
comme on
peut
enjuger
par les deuxexpériences
danslesquelles
le soufre a été chauffé à
120°,
5pendant cinq
minutes, etqui
ontdonné 1
Les différences sont considérables au contraire si la
température
de fusion est
supérieure
à170°,
et elles vont en diminuant à me-sure que la durée du
séjour
dans le bain de surfusion a étéplus longtemps prolongée. Ainsi, pour T == 219°, t== 5"B
t == 101°, les durées ont été :et, à
partir
de cettevaleur,
la duréed’allongement
des cristaux aété sensiblement constante.
5° On observe des résultats
analogues
auxprécédents
en portant le soufre à destempératures
initiales différentes.Ainsi, lorsque
la
température
du bain de surfusion est maintenue constante ài oo°, 3 pendant quinze minutes,
onobserve,
dans des tubes chaufféscinq
minutes à diversestempératures,
les duréescorrespondantes indiquées
dans le Tableau suivant :La courbe
(fig. 2),
que l’on construit avec lestempératures
comme abscisses et les durées
correspondantes
commeordonnées,
Fia. 2.
montre nettement une variation très
brusque
dans la durée de lasolidification, lorsdu’on
passe d’un tube où le soufre a été chauffé, à167°,
5 à un autre où il a étéporté
à173°,
5. Cette duréeprend
vers cette dernière
température
une valeurmaxima,
et elle dimi-nue alors très lentement à mesure que l’on
opère
à destempéra-
tures de
plus
enplus élevées, itiscl-ti’à
latempérature
normaled’ébullition du soufre. Pour ce
qui
est des valeurs absolues de cesdurées,
il est bien entenduqu’elles changent
avec latempérature t
et les durées r
et ’t’,
ainsiqu’il
résulte de cequi précède.
6°
Jusqu’ici j’ai supposé
que l’onprovoquait
la formation desprismes
dans du soufreoctaédrique
que l’on fondait pour la pre- mière fois : examinons cequi
arrive si le soufreprimitif a déjà
étéfondu et
soliclifié, puis
soumis àInexpérience.
64
Soit, parexemple,
du soufre nouveau maintenu dans unepremière expérience
à12g",5 pendant cinq minuLes, puis
laisséquinze
minutesdans un bain à la
température
constance de 100°,3;
dans ces con-ditions,
la durée de la solidification pour unelongueur
de onl, 010est
OS ,46. Supposons qu’avec
le mêmetube,
dont tout le soufre a ététransformé en
prismes, on
recommenceInexpérience
dans les mêmesconditions,
2,3, fi,
... , mfois,
on trouve les valeurs suivantes pour la durée de la solidification :Dans une autre série
d’expériences qui
ne différaient desprécé-
dentes
qu’en
ce que latempérature
du bain de surfusion était degg",
8 au lieu de 100°,3,
les valeurs observées ont été :Ainsi,
dans lapremière
séried’expériences, après
sixopéra-
tions
successives,
la durée es t devenue12, 78
foisplus longue,
etdans la seconde
série, après
neufopérations consécutives,
elle estdevenue environ 18 fois
plus longue.
Leliquides
donne doncplus
lente/nent(les prisnles lorsqu’il provient
delcc fusian
clesprismes
quelorsqu’il
részclte de laf’usion
desoctaèdres,
et lacristallisation est d’autant
plus
lente que lesoufre
asubi plus
de
fois
lafusion
suivie d’unetransformation
en octaèdres.70
Ces deux résultatsprésentent
une nettetéremarquable lorsque
les
opérations
se succèdent sansinterruption.
vient-on à laissers’écouler un temps un peu
long
entre deuxopérations consécutives,
le
phénomène change
d’allures.Je
citerai,
parexemple,
une séried’expériences
effectuées surdu soufre
octaédrique n’ayant
pas encore servi : ce soufre ayantété chauffé
cinq
minutes à12g", 5
dans toutes lesexpériences,
ladurée de la solidification monta de os,
67
à7s, 66,
nombre observédans la
septième
desopérations consécutives ; vingt-deux
heuresaprès,
lesexpériences
furent recommencées dans des conditionsidentiques,
et lapremière
solidification dura4%
23 et les suivantesprirent
des valeurs croissantesjusqu’à 7s,
durée de lacinquième opération. Ainsi, après vingt-deux
heures de repos à latempérature ordinaire,
l’effet des fusions et solidifications successives s’était no-tablement atténué pour que la
solidification, qui
devait durerplus
de
7s,66
si l’état du soufre fîit resté lemême,
ne durâtplus
que
48,23.
Si on laisse s’écouler un temps moins
long
entre les deux sériesd’expériences,
on observe moins de différence entre le nombrecorrespondant
à lapremière opération
d’une série et à la dernière de lasérieprécédente.
Au
contraire,
si l’on attendplusieurs jours
avant de recom-mencer une nouvelle série
d’expériences,
on trouve comme duréede
solidification,
dans lapremière opération
d’unesérie,
un nombrebien inférieur à celui
qu’on
a obtenu dans la dernièreopération
de la série
précédente.
. Si les séries
d’expériences
sont suffisammentespacées,
ce nombrese
rapproche beaucoup
de la durée de la solidification desprismes
observés
après
lapremière
fusion du soufreoctaédrique,
mais ilne se confond
jamais
avec cettevaleur,
àlaquelle
il esttoujours supérieur.
C’est cequ’on
reconnaît àl’inspection
des détermina-tions
suivantes,
effectuées sur du soufre chauffécinq
minutes à129°,
3 et refroidiquinze
minutes dans le bain de surfusion : Prentière série (ten1pérature ambiante, 100o, 7).Deuxième séric (après quutrc jours. Température ambiante, 100°,4).
TrOÙl’èlrle série (après
dix-sept
jours. Ten1pérature ambiante, 100°,7).Quatriènle
série (après vingt-huit jours. Température alubiante, 100°,7).A
partir
de cettevaleur,
la durée ne diminue1)lus :
elle resteainsi
supérieure
àos,37, qui
serait la durée que l’on observerait dans un tube contenant du soufre fondu pour lapremière
fois(l’expérience
faite sur un tubetémoin,
dans les mêmesconditions,
a donné
o’, 36, qui
se confond avec lapremière
valeurobservée).
Dans ces
expériences,
le soufre n’a été chaufféqu’à
unetempé-
l’aLure peu
supérieure
aupoint,
de fusion, et l’on voitqu’ayec
letemps il revient lentement à un état voisin de l’étau
octaédrique primitif, puisque
la durée de solidification pour om, 010 descendà
0s, 60.
Les
expériences
suivantes montrent que la modification per-Inanenle
qu’éprouve
le soufre estplus prononcée
si on l’a anté-rieurement chaufl’é à une
températures
élevée.Considérons du soufre
qui
aété porté
à unetempératures supé-
rieure à
170°, puis
transformé enprismes.
Abandonné à lui-mêmependantun mois, ce soufre
a été soumis àplusieurs
sériesd’épreuves,
dans chacune
desquelles
on l’a chaufl’écinq
minutes à129°,5, puis
refroidi
quinze
minutes dans le bain de surfusion : il a donné pour durées de solidificationrapportées
à unelongueur
de om,010.Premiére série (ternpératurc ambiante, 100°,1).
67
Deuxième sérle (après trois jours. Tculpératurc alnbiantc, 100°,1).
Tnoisième série (a près six jours. Ternpératurc ambiante, 100°,3).
Quatrièlne série (après onze jours. Température ambiante, 100°,1).
On voit
d’après
cela :10 que I’opération
initialequi
a eu lieu unmois
après
la dernière solidification enprismes
a donné pour va- leur de la durée il, 9-o au lieu deoS,45,
nombre que l’on eût ob- servé avec du soufreii’an,aiit
pas encoreservi, placé
dans les mêmes,conditions : c’est une valeur presque trois fois
pius grande., qui indique
nettement que le soufre n’est pas revenu à l’étatinitial ;
2° dans
chaqne série,
lesopérations
consécutives donnent unedurée
gr aduelle ment croissante,
lais lesexpériences,
recom-mencées
après
un repos de troisjours,
donnent a peu de choseprès
les mêmesnombres,
les différences étant très faibles et de tordre des erreursd’observation,
comme on peut s’en assurer en comparant lesquatrièmes opérations
despremière,
deuxième etquatrième séries,
dont les valeurs sont5S, 58,5s,58
et5s, 48.
On peut en conclure que le soufre fortement chauffééprouve
une mo-dification
qui
nedisparaît
pascomplètement
avec le temps ;mais, malgré
les séries de fusions et solidifications successivesqu’on
peut lui faireéprouver,
il revient enquelques jours
à un état stablequi
cst
toujours
le méme.Ces résultats concordent bien avec le fai t connu de la dévitrifi- cation du soufre
prismatique qui
se transforme peu à peu en élé-ments
octaédriquies;
car nous avons vu que le soufreoctaédrique,
étant,
surfondu,
donneplus rapidcment
desprismes
que le soufreprismatique lui-même,
mais ils conduisent àadmettre,
contraire-ment à ce que l’on
pourrait
déduire de la considération de cettedévitrification,
que la transforma tion desprismes
en octaèdres neramène pas le soufre à l’état
initial,
cequi
revient à diredu’elle
n’est
jamais complète,
ou du moinsqu’elle
amène le soufre dévitri- fié à être un peu différent des octaèdresprimitifs.
II. Dzcrée de la
solidification
des octaècll’es.Les
procédés
de mesureque j’ai indiqués
pour le cas desprismes
peuvent servir à la détermination de
l’allongement
des octaèdres. Le seulpoint sur lequel
il soit nécessaire d’insister est la manière de se- mer le cristaloctaédrique
pour obteniruniquement
des octaèdres.Lorsqu’il s’agit
desprismes,
on peutopérer
sansprécautions spé- ciales,
en introduisantun cristalprismatique
de dimensionsquelcon-
ques ; on observerait
toujours
ledéveloppement
desprismes,
mêmes’il arrivait que le cristal
prismatique
fîit couvert d’une trace desoufre
octaédrique :
cela tient à ce que la durée de la solidificationest bien
plus
courte pour lesprismes
que pour lesoctaèdres,
et que ceux-ci n’ont pas letemps
de sedévelcpper. Mais, lorsqu’on
veutfaire naître des
octaèdres,
il faut éviter avec leplus grand
soin toutetrace de soufre
prismatique. Il y
aplus :
c’est que même un cristaloctaédrique
pur, si ses dimensions ne sont pas trèspetites,
intro-duit
rapidement
dans le soufresurfondu,
se comporte comme un corps froidquelconque, lequel
provoque la formation de variétés cristallisées autresquelles
octaèdres. Il est doncindispensable,
pour lesexpériences
queje
vaisdécrire,
den’employer
les octaèdres quesous forme d’une
poussière
extrêmement fine. On enprélève
unetrès
peti te quantité
à l’aide d’un fil deplatine
dont une extrémité aété
préalablement
un peuaplatie,
chauffée au rouge,puis
refroidie.On amène cette extrémité du fil au-dessus de l’orifice du tube à soufre
surfondu,
maintenu verticalement et, par unelégère
se-cousse, on fait tomber
quelques grains
de soufre. On voit bientôtun octaèdre
grossir
à la surface duliquide,
y rester adhérent parcapillarité,
bienqu’il
soitplus
lourd que le sOllfrefondu,
et s’al-longer
peu à peu, lapointe
en bas.69 Le fait
qui frappe
leplus
tout d’abordquand
on étudie ledéveloppement
desoctaèdres,
surtoutquand
on le compare àry. 3.
celui des
prismes,
c’est salenteur, qui
tient surtout à ce que la chaleur de fusion des octaèdres estplus grande
que celle desprismes .
La durée de leur
allongement change
du reste à la fois avec latempérature
T àlaquelle
a étéporté
leliquide,
avec le temps Tpendant lequel
on l’achauffer
avec latempérauure t
du bain desurfusion et avec la durée I’ du
séjour
dans le bain. Je vais indi- quer l’influence de ces diverses variables.io
Supposons
d’abord que latempérature
T du bain initial soit constante, ainsi que tet-z,
et faisons varier seulement latempéra-
ture t ; nous trouvons
pour’T = 129°,5, t ==
5m etzl - 15m :La courbe
(fig. 3 ),
construite avec lestempératures
comme ab-scisses et les durées de solidification comme
ordonnées,
a évidem-ment pour
asymptotes
l’axe destempératures
et l’ordonnée de latempérature
de fusion. Ellechange
du restelorsqu’on
donne àT,
T et z’ d’autres valeurs.
2° Si l’on effectue une série
d’expériences,
telles queT, t
et T’aient des valeurs constantes et que l’on fasse varier seulement la durée T du
séjour
dans le baininitial,
on trouve que letemps
employé
par les cristaux pours’allonger
d’une mémequantité éprouve
lui-mème des variationsqui peuvent
être très considé- rables.Voici
quelques
groupesd’expériences comparatives qui
donne-ront une idée de l’influence
qu’exerce
l’actionprolongée
de lachaleur :
L’influence de la durée d’échaufiement se fait sentir d’autant
plus
que
l’expérience
estplus longtemps prolongée;
car, tandis que, dansle
premier
grouped’expériences,
la durée de la solidification est(;,
5fois plus grande
pour unséjour 7
foisplus long,
elle devient dansla deuxième série
35, 3
foisplus grande
si leséjour
est17,8
foisplus long,
et dans la troisième série elle devient 72 foisplus grande
pour un
séjour
31 foisplus long.
L’influence de l’action de la chaleur à
lelnpérature
constanteest ici
plus prononcée
encore que dans le cas desprismes,
maisles effets que l’on observe s’affaiblissent assez vite.
Voici,
parexemple,
le détail d’uneexpérience
danslaquelle
on a mesuré ladurée de
l’allongement
des octaèdres de 5111111 en 5mm:et,
l’expérience étantcontinuée encore pendant 2h,
on trouvatoujours
13m pour durée de
l’allongement
de 5mm. On voit ainsi que lechangement produit
par l’actionprolongée
de la chaleur diminuegraduellement,
mais que la durée del’allongement
est encore25 fois la valeur de
3 I S, 5 qu’on observe
avec le soufrequi
n’a étéchauffé que
cinq
minutes.3° La durée du
séjour
dans le bain de surfusion a aussi une in- fluence sur la vitesse desolidification,
mais l’effet estincompara-
blement
plus
faible que dans le casprécédent. Ainsi,
dans deuxexpériences comparatives
faitessimultanément,
danslesquelles
onavait T -
129° 5, t
==5m,
t =I oo°, 6,
on a trouvé 1 m 85 dans le casoù le
séjour
dans le bain de surfusion était de 15m et1m 32s,
c’est-à-dire
environ’
enplus lorsque
leséjour
avait étéprolongé
pen- dant 55".4° Des modifications de même ordre que celles que l’on observe à
température
constante sous l’influenceprolongée
de la chaleurse
produisent lorsqu’on
élève latempérature
initiale àlaquelle
onporte le soufre.
Voici
les valeurs obtenues en chauffant le soufrecinq
minutes àclaque température
et le laissantséjourner quinze
minutes dans un bain à
ioo", 7
avantd’y
semer des octaèdres :On
voir.,
àl’inspection
de ces nombres ou de la courbe(fi,--. 4), qui
a lestempératures
pour abscisses et les durées pour ordon-Fig. 4.
nées, que le soufre
qui
a été chauffé dans levoisinage
de170°
éprouve
une modificationqui persistc quand
on le faitséjourner
73 dans le bain de surfusion et
qui paraît
être laplus
accusée entre17°°
et190°,
et il est un faitdigne
de remarque, c’est que, si latempérature
a étéportée
au-dessus de ceslimites,
bieiz que leliquide
repasse par cetteten2pérature Jzct corresponcl
cc unmaximum de la durée
d’aeeroissemejzt, lorsqu’on
le ramène dansle bain de
surfusion,
il cristallise aussirapidement
que si on l’avait chauffé à unetempérature
notablement inférieure à17°°.
Du reste, il faut faire ici une remarque
analogue
à celleque j’ai présentée
à l’occasion des effets de la chaleur àtempérature
con-stante : la vitesse de
l’allongement
des octaèdres n’est pas uniforme : elle augmentegraduellement
avec le temps. On peutjuger
de lagrandeur
des variations parl’expérience suivante,
danslaquelle
ona noté les durées d’accroissement pour 5mm dans un tube
qui
avaitété chauffé 5111 à 210°,
puis
laissé dans un bain à100°,8 pendant
3o’nlorsqu’on
a semé des octaèdres : on a trouvé successivement87’",
5° Les
expériences précédentes
ont été réalisées toutes sur dusoufre
octaédrique qui
n’avait pas encore étéliquéfié.
Considéronsce
qui
arrive si le soufre surlequel
onopère
a étédéjà
fondu et so-lidifié. Soit d’abord du soufre
qui
aéprouvé
la fusion une fois etdans
lequel
on fait naître des octaèdres.Supposons qu’on
recom-inence
l’expérience
dans les mêmes conditions et que de nouveauon y
produise
des octaèdres enrépétant l’expérience
un certainnombre de
fois.
Si le soufre a été chauffé 5m à 129°, 5
et refroidi 8 m à100°,5,
on trouv e :L’examen de ces nombres fai t voir que la durée de la solidifica- tion augmente dans les
premières opérations
de manière à devenir à peuprès
double de la valeur initiale : c’est l’indice d’une modi- ficationqui
rend le soufre moinsapte
à donner des octaèdres.Mais,
à
partir
de troisopérations,
l’effetproduit
ne s’accentue pas da-74
van[age - la durée de la solidification reste sensiblement constante.
Les octaèdres sont, pour toutes les
opérations suivantes, également
aptes à donner des
octaèdres,
tandis que, dans le cas de la solidi- fication desprismes,
nous avons constaté que les fusions et soli- difications successives avaient pour effet de rendreplus
lente laproduction
desprismes.
6° Prenons maintenant un tube en U dans
lequel,
parplusieurs
cristallisations en
octaèdres,
le soufre a été amené à Fêtât de sta-bilité que caractérise une vitesse constante de
solidification;
trans-formons le soufre de l’une des branches en
prismes pendant
quenous
produisons
des octaèdres dans l’autre. Chauffons alors le soufrecinq
minutes à129°, 5
etportons-le
dans le bain de surfu-sion à
i oo°, 5
et,après
huitminutes,
mesurons la durée d’accrois-sement des octaèdres dans les deux
branches; répétons
trois foiscette
expérience,
nous trouvons :On
voit, d’après cela,
que le soufrequi
a étéprismatique
anté-rieurement donne bien moins
rapidement
des octaèdres que s’il n’a-vait pas
cessé d’êtreoctaédrique
etqu’il
fautplusieurs
fusions etsolidifications successives en octaèdres pour le ramener à Fêtât stable dont nous avons constaté l’existence.
Voici un autre
exemple
du mêmephénomène
observé dans un tube ayant serviplusieurs
fois et pourlequel
on avait :On reconnaît du reste que l’efl’et dont il
s’agit
est encoreplus
75
prononcé
si le soufre subitplusieurs
solidifications enprismes
avantd’être ramené à la forme
octaédrique.
Lesprismes jouent donc,
par rapport aux
octaèdres,
un rôle inverse de celui quejouent
ces derniers vis-à-vis des
prismes,
dont laproduction
estbeaucoup plus rapide
dans unliquide
provenant de la fusion des octaèdres.7°
Au lieu deprendre
commepoint
dedépart,
pour la pro- duction desoctaèdres,
du soufrequi
n’a pas encore étéfond,
sil’on se sert de soufre
ayant éprouvé
un certain nombre de fusionset solidifications
successives,
ou ayant étélongtemps
laissé à latempérature ordinaire,
on trouve une valeur constante pour durée de la solidification.Ainsi,
avec du soufrequi,
dans toutes les ex-périences,
a été chauffépendant cinq
minutes à129°,5, puis
im-mergé
dans un hain à i oo°, i Oll il est restépendant
huit minutesavant le semis d’un
octaèdre,
on aobservé,
pour un accroissement de Onl, 010 :On arrive donc
rapidement
par la solidification enoctaèdres
àun état invariable que l’on n’obtient pas par la cristallisation en
prismes.
Ces
différences,
queprésentent
les deux formescristallines,
sont d’autant
plus remarquables qu’elles
se manifestent à des tem-pératures
où lafgure d’équilibre
stable du soufre est la formeprismatique,
commeje
le démonteraiultérieurement,
tandis que la formeoctaédriclue
est ins table.Nous avons vu aussi que le soufre
octaédrique
arriverapi-
dement à un état permanent,, tandis que ce n’est que
plusieurs
jours après
la dernière solidification que le soufreprisma-
tique
revient à un état de stabilitéanalogue.
Ce fait peut s’inter-76
préter
facilement si l’on remarque que le soufreprismatique
sedévitrifie dans cet intervalle de temps et se transforme en éléments
octaédriques.
Ces divers résultats des
expériences
sur la solidification dusoufre,
soitprismatique,
soitoctaédrique,
sont bienplus
con1-plexes
que ceux quej’ai publiés
sur lephosphore,
dont la durée de solidification estindépendante
de latempérature
àlaquelle
ona
chauffé,
dutemps pendant lequel
on a maintenu le corps àcette
température
et de la durée duséjour
dans le bain de surfu- sion.Cependant,
auxtempératures élevées,
lephosphore éprouve
une transformation très sensible en
phosphore
rouge, de même que le soufreéprouve
des modificationsisomériques.
Mais cetteconstance, que
j’ai
observée dans la durée de la solidification duphosphore,
tient évidemment à ce que lephosphore
rouge est inso-luble dans le
phosphore
ordinaire fondu : il doi t donc secomporter
comme un corps inerte. Dans le cas du
soufre,
il n’en estplus
ainsi : ce corps
éprouve,
sous l’influence de lachaleur,
des trans-formations
isomériques qui
restent unies au soufre non transforméet, tant
du’elles persistent,
leliquide qui
en résulte n’estplus identique
au soufre que l’on aliquéfié
auxplus
bassestempéra-
tures. L’étude de
l’allongement
des cristauxprismatiques,
octaé-driques
et des cristaux dontje
vaisparler,
met en relief les clan- gements survenus dans leliquide
mixte et, enparticulier,
ceuxque l’on détermine en chauffant le soufre vers
170°, température
à
laquelle
seprodui t,
selon lesexpériences
de M.Berthelot,
laquantité
maxima de soufre insoluble dans le sulfure de carbone.111. - Durée cle
l’allongeinent
des cristaux appartenantà une nouvelle
forlne
dusoufre.
Les
expériences précédentes
montren t que la durée de l’accrois-sement des
prismes
et des octaèdresdépend
des mêmesvariables,
mais de manières souvent différentes. Grâce à
l’emploi
de tubesen
U,
il m’a été facile de faire des déterminations simultanées surla
production
desprismes
dans une branche et des octaèdres dansl’autre,
les circonstances extérieures étant ainsirigoureusement identiques.
En comparant les nombres obtenus dans les divers casque
j’ai
considérésprécédemment,
on trouve que la durée dela solidification des octaèdres est, en valeur
absolue, beaucoup plus longue
que celle desprismes ;
elle est souventsupérieure
à100
fois,
etdescend,
seulement dans des casparticuliers,
à 25 foiscette
quantité.
En. déterm inant la solidification du soufre dans des conditions
spéciales, j’ai
reconnu laproduction
de cristaux dont la vitessed’allongement
est différente de celles queprésentent,
toutes choseségales d’ailleurs,
lesprismes
et les octaèdres.Cette circonstance attira mon
attention,
et l’étude de leur allon- gement me montra que, dans tous les cas, la durée de leur solidi-fication, quelle
que fût sa valeurabsolue,
étaittoujours
intermé-diaire entre celles que
présentent
lesprismes
et les octaèdres : il y avai t lieu de rechercher sifj’étais
enpossession
d’une nouvelle variété cristalline du soufre.Or,
si l’on songe à lamultiplicité
descirconstances
qui,
commeje
l’ai établiprécédemment,
font passer la durée de la solidification de chacune des deux variétés connuesdu soufre par des valeurs variant dans des limites extrêmement
étendues,
de i à75
parexemple,
dans le cas desoctaèdres,
la me-sure de cette
durée,
pour les cristauxqui
me semblaient nouveaux, devait être considérée comme ne fournissantqu’un
caractère dis-tinctif d’une valeur très discutable. Pour mettre hors de doute l’individualité de ces
cristaux, j’ai
eu recours à un artificequi
éli-mine l’incertitude
provenant
de l’influence des conditions exté- rieures : il consiste à faire naîtresimultanément,
dans diversesrégions
dBln mêmetube,
les trois variétéscristallines,
et à ensuivre l’accroissement.
La forme sous
laquelle
seprésentent
les nouveaux cristaux faci- lite du restel’expérience :
ce sont, eneffet,
delongues baguettes prismatiques
d’un éclat un peuchatoyant qui,
au lieu de croître dequantités
peu différentes suivant les troisdimensions,
comme lesoctaèdres et les
prismes ordinaires,
sedéveloppent beaucoup plus
vite dans le sens de la
longueur
que dans le senstransversal;
il enrésulte que, nlême dans les tubes dont le diamètre n’atteint pas .¿mm, un cristal
s’allonge
àpartir
dupoint
ou il apris naissance,
etil peut avoir une
longueur
deplusieurs
centimètres avant que, par l’accroissement de ses dimensionstransversales,
il neremplisse
le