TER
Solutions entropiques de lois de conservation
Thomas Mietton
Mai 2017
Table des mati` eres
Introduction 2
1 Solutions classiques 3
1.1 Cas lin´ eaire . . . . 3 1.2 Cas non lin´ eaire par la m´ ethode des caract´ eristiques . . . . 3
2 Solutions faibles 6
2.1 D´ efinition . . . . 6 2.2 La condition de Rankine-Hugoniot . . . . 8 2.3 Non-unicit´ e du probl` eme de Cauchy . . . . 12
3 Approximation parabolique 13
3.1 D´ efinition du probl` eme . . . . 13 3.2 R´ esolution par une m´ ethode de point fixe . . . . 15 3.3 R´ egularit´ e, existence globale, passage ` a la limite . . . . 17
4 Solutions entropiques 18
Annexe 19
R´ ef´ erences 20
Introduction
L’objet de ce TER est d’´ etudier les ´ equations aux d´ eriv´ ees partielles s’´ ecrivant sous la forme d’une loi de conservation. Un syst` eme physique est caract´ eris´ e par des variables intensives sous la forme d’un champ de vecteurs :
u : R
d× R −→ R
n(x, t) 7−→ u(x, t) = (u
1, . . . , u
n) .
Si ~ q
irepr´ esente le flux de la variable u
iet g
il’interaction avec les champs ext´ erieur, la conser- vation de la variable u du syst` eme s’´ ecrit sous la forme :
∂
tu
i+ div
xq ~
i= g
i∀ 1 ≤ i ≤ n.
Dans l’ensemble de ce travail, on consid´ erera l’´ equation sans second membre (g
i= 0) et on travaillera en dimension 1, ` a la fois en espace et pour la variable u (d = n = 1). De plus, la r´ esolution de ce type d’´ equation suppose qu’on ait une relation entre q et u appel´ ee loi d’´ etat.
On se place dans le cas o` u cette relation peut ˆ etre mise sous la forme q = f (u) et on supposera dans toute la suite que f est une fonction C
∞de R dans R . La loi de conservation s’´ ecrit donc sous la forme :
∂u
∂t (x, t) + ∂f (u)
∂x (x, t) = 0. (1)
Illustrons cela par un exemple simple : celui du trafic routier. On consid` ere une autoroute unidimensionnelle dont on veut mod´ eliser le trafic. On note ρ(x, t) la densit´ e du trafic (c’est-` a- dire le nombre de voitures par unit´ e de distance) ` a un endroit et un temps donn´ es, et le flux q du nombre de voitures s’´ ecrit q = ρv avec v(x, t) la vitesse moyenne des voitures en (x, t).
Si l’on consid` ere en un point (x, t) une variation infinit´ esimale d’espace δx et une variation infinit´ esimale de temps δt, la variation du nombre de voitures dans [x, x + δx] entre t et t + δt est ´ egale ` a (ρ(x, t + δt) − ρ(x, t))δx. Elle est aussi ´ egale au nombre de voitures entr´ ees dans [x, x + ] moins le nombre de voitures qui en sont sorties, qui est (q(x, t) − q(x + δx))δt. On a donc δ
tρ δx = −δ
xq δt, ce qui donne la loi de conservation :
∂
tρ + ∂
xq = 0.
Une loi de conservation n’est en fait rien d’autre que la caract´ erisation d’une conservation de
“mati` ere”, ici le nombre de voitures. Il reste ` a ´ etablir le lien entre ρ et q, et pour cela on peut consid´ erer que les automobilistes r´ egulent leur vitesse en fonction de la densit´ e de trafic selon une fonction v = V (ρ), o` u la vitesse en cas de trafic nul est ´ egale ` a la limite maximale (V (0) = 130) et elle est d´ ecroissante et atteint 0 quand le trafic est suffisamment dense (en cas de bouchon). On a donc q = f (ρ) avec f (ρ) = ρV (ρ).
Si l’on veut mod´ eliser de mani` ere plus pr´ ecise, on pourrait consid´ erer que les conducteurs anticipent en fonction des variations de la densit´ e : ils acc´ el` erent si le trafic s’´ eclaircit et freinent s’il se densifie. On peut donc ´ ecrire v sous la forme v = V (ρ)− ∂
xρ avec 0 < << 1. L’´ equation v´ erifi´ ee par ρ n’est alors plus une loi de conservation sous la forme qu’on a d´ efinie, mais une
´
equation parabolique :
∂
tρ + ∂
xf (ρ) − ∂
x(ρ ∂
xρ) = 0
On verra l’importance de ce type d’´ equations par la suite.
1 Solutions classiques
Nous allons commencer par ´ etudier les solutions dites classiques, c’est-` a-dire suffisamment r´ eguli` eres pour ˆ etre directement solutions de la loi de conservation. Toutes les fonctions que nous utilisons sont consid´ er´ ees ` a valeurs r´ eelles sauf mention contraire.
D´ efinition 1.1. Soit ω un ouvert de R
2. Alors u est dite solution classique de la loi de conser- vation (1) si u ∈ C
1(ω) et u v´ erifie (1) en tout point de ω
D´ efinition 1.2. Soit u
0∈ C
1( R ) born´ ee, et T ∈ R
∗+∪ {+∞}. Alors u est dite solution classique du probl` eme de Cauchy associ´ e ` a (1) sur [0, T [ si u ∈ C
1( R × [0, T [), u est solution classique de (1) sur R ×]0, T [ et u(x, 0) = u
0(x) pour tout x ∈ R .
1.1 Cas lin´ eaire
Examinons d’abord le cas o` u l’´ equation est lin´ eaire, c’est-` a-dire o` u f est de la forme f (u) = cu, avec c une constante.
On a alors, si u
0∈ C
1( R ) et u ∈ C
1est solution du probl` eme de Cauchy, d
dt u(x + ct, t) = c ∂u
∂x (x + ct, t) + ∂u
∂t (x + ct, t) = 0.
Cela montre que u(x + ct, t) est constante en temps, ´ egale ` a u(x, 0) = u
0(x). Dit autrement, la condition initiale se propage de mani` ere constante dans le temps ` a la vitesse c. Cela d´ etermine de mani` ere unique la solution
u(x, t) = u
0(x − ct),
par simple translation de la variable, qui r´ eciproquement v´ erifie bien l’´ equation aux d´ eriv´ ees partielles. Le cas lin´ eaire nous donne donc une unique solution d´ efinie sur R × R
+et de mˆ eme r´ egularit´ e que u
0.
1.2 Cas non lin´ eaire par la m´ ethode des caract´ eristiques
Ici, f est une fonction quelconque. Par analogie avec le cas lin´ eaire, on note c(u) = f
0(u).
La loi de conservation s’´ ecrit donc sous la forme
∂u
∂t + c(u) ∂u
∂x = 0.
Soit u ∈ C
1solution du probl` eme de Cauchy sur ]0, T [ pour une condition initiale u
0donn´ ee.
L’id´ ee de la m´ ethode des caract´ eristiques est de trouver une courbe (X (t), t) o` u la solution u est constante (de mˆ eme que dans le cas lin´ eaire, la solution est constante le long de t 7→ (x +ct, t)).
En supposant X ∈ C
1, on a d
dt u(X (t), t) = dX dt
∂u
∂x (X, t) + ∂u
∂t (X, t) = dX
dt − c(u(X, t)) ∂u
∂x (X, t).
On en vient donc logiquement ` a d´ efinir X(t) comme solution de l’´ equation diff´ erentielle ordinaire :
dX
dt = c(u(X, t)). (2)
Une courbe caract´ eristique se d´ efinit donc ainsi :
D´ efinition 1.3. Soit I un intervalle ouvert dans [0, T [. Une courbe caract´ eristique de la solution u sur I est une courbe param´ etr´ ee {(X(t), t), t ∈ I}, avec X ∈ C
1(I) v´ erifiant l’´ equation diff´ erentielle (2) en tout point de I.
On peut d´ emontrer le lemme suivant :
Lemme 1.1. Soit u ∈ C
1( R × [0, T [) solution de (1).
Alors pour tout (x, t) ∈ R × [0, T [, il existe une unique caract´ eristique maximale passant par (x, t) d´ efinie sur [0, T [, le long de laquelle u est constante.
Les caract´ eristiques sont alors exactement les portions de droites d’´ equation X(s) = y + s c(u
0(y)) pour s ∈ [0, T [, y d´ ecrivant R .
D´ emonstration. Soit (x, t) ∈ R × [0, T [. On a l’existence et l’unicit´ e d’une solution maximale X ` a l’´ equation (2) pour la condition initiale X (t) = x d´ efinie sur un voisinage de t par le th´ eor` eme de Cauchy-Lipschitz, la fonction c ◦ u ´ etant C
1. De plus, de par le calcul effectu´ e pr´ ec´ edemment, u est constante le long de la courbe caract´ eristique (X(s), s) pour s dans le domaine de d´ efinition de X . Cela entraˆıne par l’´ equation (2) que
dXdtest constante, donc les courbes caract´ eristiques sont en fait des droites de pente c(u(x, t)). Par crit` ere de non explosion en temps fini, X est d´ efinie sur tout l’intervalle [0, T [, elle vaut X(0) en X = 0 est croˆıt de mani` ere constante ` a la vitesse c(u(x, t)) = c(u(X (0), 0). L’application X est donc d´ efinie par
X(s) = X (0) + s c(u
0(X(0))).
R´ eciproquement, si y ∈ R , la droite d’´ equation X(s) = y + s c(u
0(y)) pour s ∈ [0, T [ est l’unique droite de ce type passant par (y, 0), donc par existence de la solution maximale, c’est une caract´ eristique, c’est ` a dire que X v´ erifie (2) sur ]0, T [.
Les droites caract´ eristiques permettent alors de d´ eterminer les valeurs d’une solution clas- sique : si u ∈ C
1est solution de la loi de conservation sur R ×[0, T [ on alors pour (x, t) ∈ R ×[0, T [ une droite caract´ eristique (s, X(s)) passant par (x, t), et alors u(x, t) = u
0(y), avec y v´ erifiant l’´ equation x = y + t c(u
0(y)). Graphiquement, cela revient ` a trouver une droite caract´ eristique passant par le point (x, t) et ` a remonter en l’origine pour d´ eterminer y.
Le lemme permet aussi de conclure ` a la non-existence d’une solution classique jusqu’` a un temps o` u deux droites caract´ eristiques se coupent, car cela contredirait l’unicit´ e due au th´ eor` eme de Cauchy-Lipschitz. On peut alors se poser la question de d´ eterminer le plus court temps ` a partir duquel les droites caract´ eristiques se coupent. Cela va d´ ependre des variations de la fonction c ◦ u
0, qui d´ etermine la pente de celles-ci. Regardons graphiquement comment se placent les droites caract´ eristiques sur deux exemples, l’un o` u c ◦ u
0est toujours croissante, l’autre o` u il y a une d´ ecroissance :
x t
c ◦ u
0x t
c ◦ u
0On remarque que dans le cas o` u c ◦ u
0est croissante, les droites caract´ eristiques ´ etant de pente de plus en plus importante ne se couperont jamais, tandis que dans l’autre cas, quand c ◦ u
0commence ` a d´ ecroˆıtre, les caract´ eristiques vont se couper et, intuitivement, le temps le plus court ` a partir duquel elles se coupent est au niveau des caract´ eristiques qui partent de l’endroit o` u la d´ eriv´ ee de c ◦ u
0atteint son minimum.
Plus pr´ ecis´ ement, on peut noter que si deux droites se coupent ` a un temps t > 0 pour deux valeurs y 6= y
0, c’est-` a-dire y + tc(u
0(y)) = y
0+ tc(u
0(y
0)), on a alors c(u
0(y)) 6= c(u
0(y
0)) et
t = − y − y
0c(u
0(y)) − c(u
0(y
0)) ,
ce qui veut dire que t est ´ egal ` a l’oppos´ e de l’inverse d’un taux d’accroissement. Comme c◦u
0est une application C
1, la borne inf´ erieure des taux d’accroissements est ´ egale ` a la borne inf´ erieure de la d´ eriv´ ee par l’´ egalit´ e des accroissements finis. On va alors d´ emontrer le th´ eor` eme suivant pour conclure cette partie :
Th´ eor` eme 1.2. On suppose u
0C
1born´ ee ainsi que u
00. Posons
T
∗=
+∞ si c ◦ u
0est croissante
− 1
inf((c ◦ u
0)
0) sinon.
Alors il existe une unique solution classique au probl` eme de Cauchy associ´ e ` a (1) d´ efinie sur R × [0, T
∗[, et le temps T
∗est maximal, au sens o` u si T
∗est fini et T > T
∗, il n’existe pas de solution ` a (1) sur R × [0, T [.
D´ emonstration. L’unicit´ e vient du fait que si l’on se place dans l’intervalle d’existence d’une solution, les valeurs point par point de la solution sont d´ etermin´ ees par les caract´ eristiques, qui sont uniques et d´ ependant uniquement de u
0, comme on l’a vu en cons´ equence du lemme 2.1, c’est-` a-dire que les droites caract´ eristiques sont n´ ecessairement non s´ ecantes dans l’intervalle d’existence de solutions.
Montrons alors que l’on a existence d’une telle solution. Pour t ∈ R , posons F
t: R −→ R
y 7−→ y + t c(u
0(y))
Comme u
0est born´ ee, F
test surjective. Ainsi pour tout t ∈ [0, T
∗[, F
test une bijection de R dans R . Posons alors
ψ : R × [0, T
∗[ −→ R × [0, T
∗[ (y, t) 7−→ (F
t(y), t) ψ est bijective car F
tl’est et :
J
ψ(y, t) =
F
t0(y) c(u
0(y)
0 1
= F
t0(y) > 0.
Donc par th´ eor` eme d’inversion global, ψ est un C
1-diff´ eomorphisme. On peut alors poser u(x, t) = u
0p
1◦ ψ
−1(x, t)
= u
0F
t−1(x)
(avec p
1la projection sur la premi` ere variable), ce qui d´ efinit bien une application C
1sur R × [0, T
∗[. On a pour tout x ∈ R ,
u(x, 0) = u
0(F
0−1(x)) = u
0(x)
car F
0= id. On a de plus u(ψ(x, t)) = u(x + t c(u
0(x)), t) = u
0(x), ce qui donne en d´ erivant par rapport ` a t :
0 = c(u
0(x)) ∂u
∂x (ψ(x, t))
+ ∂u
∂t (ψ(x, t))
= c(u(ψ(x, t))) ∂u
∂x (ψ(x, t))
+ ∂u
∂t (ψ(x, t)),
ce qui montre que u est solution classique du probl` eme de Cauchy, ψ ´ etant bijectif de R ×]0, T
∗[ sur lui mˆ eme.
Finalement, il reste ` a montrer que T
∗est maximal. Soit T > T
∗. Alors pour tout > 0, il existe x ∈ R tel que (c ◦ u
0)
0(x) < inf((c ◦ u
0)
0) + . Comme T
∗est fini par hypoth` ese, inf((c ◦ u
0)
0) < 0 donc, quitte ` a prendre suffisamment petit, par croissance de la fonction x 7→ −1/x sur ] − ∞, 0[, on a −
(c◦u10)0(x)
< −
inf((c◦u10)0)+
et quitte ` a r´ eduire encore , −
inf((c◦u10)0)+
< T . Si l’on pose t = −
(c◦u10)0(x)
, on a t < T . Par le th´ eor` eme des accroissements finis, il existe y, y
0∈ R tels que t = −
c(u y−y00(y))−c(u0(y0))
, ce qui veut dire que deux droites caract´ eristiques se coupent au temps t comme on l’a vu pr´ ec´ edemment. Cela montre qu’il n’y a pas de solution classique sur ]0, T ] ` a cause de l’unicit´ e du lemme 2.1.
2 Solutions faibles
2.1 D´ efinition
Afin d’´ elargir le nombre de solutions possibles ` a une loi de conservation, on introduit la notion de solution faible, qui ne requiert plus la diff´ erentiabilit´ e de la fonction, mais permet de consid´ erer des solutions moins r´ eguli` eres, par exemple continues par morceaux, ce qui se retrouve aussi en physique o` u certaines grandeurs ne sont pas forc´ ement continues en temps et en espace.
D´ efinition 2.1. Soit ω un ouvert de R
2, u est dite solution faible de la loi de conservation (1) sur ω si u ∈ L
∞(ω) et, pour toute fonction test φ ∈ C
c∞(ω),
Z Z
ω
u ∂φ
∂t + f(u) ∂φ
∂x
dx dt = 0. (3)
On peut d´ efinir de mˆ eme un ´ equivalent faible du probl` eme de Cauchy :
D´ efinition 2.2. Soit u
0∈ L
∞( R ) et T > 0, u est dite solution faible du probl` eme de Cauchy associ´ e ` a (1) si u ∈ L
∞( R × [0, T [) et pour tout φ ∈ C
c∞( R ×] − ∞, T [),
Z Z
R×[0,T[
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt + Z
R
u
0(x) φ(x, 0) dx = 0. (4)
Pour que ces d´ efinitions aient un sens il faut montrer qu’elles co¨ıncident avec la d´ efinition
classique pour des solutions C
1. On va le faire pour le probl` eme de Cauchy, la d´ emonstration
serait la mˆ eme sur ω.
Proposition 2.1. Soit u ∈ C
1( R × [0, T [) ∩ L
∞( R × [0, T [).
Alors u est solution classique du probl` eme de Cauchy (1) sur R × [0, T [ si et seulement si u en est une solution faible.
D´ emonstration. Supposons d’abord que u est solution classique. Soit φ ∈ C
∞c( R ×] − ∞, T [).
On a Z Z
R×[0,T[
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt
= Z Z
R×[0,T[
u ∂φ
∂t dx dt + Z Z
R×[0,T[
f (u) ∂φ
∂x dx dt
= Z
R
Z
T 0u ∂φ
∂t dt
! dx +
Z
T 0Z
R
f (u) ∂φ
∂x dx
dt
en appliquant le th´ eor` eme de Fubini, les fonctions consid´ er´ ees ´ etant ` a support compact
= Z
R
h uφ i
t=Tt=0
− Z
T0
∂u
∂t φ dt
! dx +
Z
T 0h
uφ i
x=+∞x=−∞
− Z
R
∂f(u)
∂x φ dx
dt
par int´ egration par parties, ce qui est possible par le fait que u et f (u) sont C
1= Z
R
−u(x, 0) φ(x, 0) − Z
T0
∂u
∂t φ dt
! dx −
Z
T 0Z
R
∂f (u)
∂x φ dx
dt
φ ´ etant nulle pour les termes de bord sauf en t = 0
= − Z
R
u(x, 0) φ(x, 0) dx − Z Z
R×[0,T[
∂u
∂t + ∂f(u)
∂x
φ dx dt
= − Z
R
u
0(x) φ(x, 0) dx
en utilisant le fait que u est solution classique. L’´ egalit´ e finale montre alors que u est solution faible.
R´ eciproquement, supposons u solution faible. On a donc pour tout φ ∈ C
c∞( R ×] − ∞, T [), Z Z
R×[0,T[
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt + Z
R
u
0(x) φ(x, 0) dx = 0.
En utilisant les mˆ emes int´ egrations par parties que pr´ ec´ edemment, qui se justifient par le fait que u est C
1, on obtient alors :
Z Z
R×[0,T[
∂u
∂t + ∂f (u)
∂x
φ dx dt + Z
R
(u
0(x) − u(x, 0)) φ(x, 0) dx = 0.
En particulier, ceci est vrai pour tout φ ∈ C
∞c( R ×]0, T [), et dans ce cas, l’´ egalit´ e devient Z Z
R×[0,T[
∂u
∂t + ∂f (u)
∂x
φ dx dt = 0.
On utilise alors la densit´ e de C
c∞( R ×]0, T [) dans L
2( R ×]0, T [) pour conclure : on peut faire approcher φ autant que l’on veut de la restriction de
∂u∂t+
∂f(u)∂xsur un compact, qui est L
2, donc cette fonction est nulle sur tout compact, donc elle est nulle globalement. On a donc
∂u
∂t + ∂f(u)
∂x = 0 ∀(x, t) ∈ R ×]0, T [,
c’est-` a-dire u est solution classique de l’´ equation diff´ erentielle. De plus, on a alors pour tout φ ∈ C
c∞( R ×] − ∞, T [),
Z
R
(u
0(x) − u(x, 0)) φ(x, 0) dx = 0.
Si ψ est une fonction de C
c∞( R ), on peut construire une application φ ∈ C
c∞( R ×] − ∞, T [) de mani` ere ` a ce que ψ(x) = φ(x, 0) pour tout x ∈ R . Il suffit par exemple de se donner une application θ dans C
∞( R ) ` a support dans [−1, 1] telle que θ(0) = 1, et de poser φ(x, t) = ψ(x) θ(t ×
T2). On a donc, pour tout ψ ∈ C
∞c( R ),
Z
R
(u
0(x) − u(x, 0)) ψ(x) dx = 0, ce qui permet de conclure, toujours par un argument de densit´ e, que
u
0(x) = u(x, 0) ∀x ∈ R .
La condition initiale du probl` eme de Cauchy est donc v´ erifi´ ee, et ceci ach` eve la preuve.
2.2 La condition de Rankine-Hugoniot
Dans cette partie, on analyse le cas o` u une solution est discontinue le long d’une courbe et C
1ailleurs. Soit ω un ouvert de R
2et Γ ⊂ ω une courbe de r´ egularit´ e C
∞s´ eparant ω en deux composantes connexes ω
+et ω
−. Soit (x, t) ∈ Γ, si u est une application C
1dans ω
+et ω
−et continue par morceaux sur ω, on note u
+(x, t) la limite de u(y, s) quand (y, s) tend vers (x, t) en restant dans ω
+, et de mˆ eme u
−(x, t) la limite de u en (x, t) dans ω
−. On pose alors [u](x, t) = u
+(x, t) − u
−(x, t) le saut de u ` a travers Γ, et on d´ efinit de la mˆ eme mani` ere [f (u)](x, t).
Nous allons d´ eterminer ` a quelle condition u est solution faible de la loi de conservation sur ω tout entier par le th´ eor` eme suivant :
Th´ eor` eme 2.2. Soit u ∈ C
1(ω
+) ∩ C
1(ω
−) ∩ L
∞(ω) continue par morceaux sur ω.
Alors u est solution faible de la loi de conservation (1) dans ω si et seulement si : (i) u est solution classique de cette loi de conservation sur ω
+et ω
−(ii) la condition [u]n
t+ [f (u)]n
x= 0 est satisfaite sur Γ, o` u n = (n
x, n
t) est un vecteur normal
le long de Γ. Cette condition s’appelle la condition de Rankine-Hugoniot.
x t
Γ
ω
+ω
−n
Remarque. Pour d´ emontrer cela, nous allons utiliser le th´ eor` eme de Green-Riemann. Celui-ci s’´ enonce ainsi :
Th´ eor` eme. (Green-Riemann)
Si C est un chemin ferm´ e du plan C
1par morceaux orient´ ee dans le sens trigonom´ etrique et D le domaine compact d´ elimit´ e par cette courbe, si P et Q sont des fonctions d´ efinies sur D ayant des d´ eriv´ ees partielles continues sur D, alors :
Z Z
D
∂Q
∂x − ∂P
∂y
dx dy = Z
C
P dx + Q dy.
On l’admettra dans le cadre de cette d´ emonstration, et l’on en fera la d´ emonstration dans un cas simple en annexe.
Si l’on a un vecteur normal unitaire n = (n
x, n
y) orient´ e ext´ erieurement ` a D, le vecteur (−n
y, n
x) est tangent unitaire et orient´ e dans le sens trigonom´ etrique, et on a
Z
C
P dx + Q dy = Z
C
P Q
· −n
yn
xds =
Z
C
(−P n
y+ Q n
x) ds,
o` u ds est l’´ el´ ement de longueur correspondant ` a un param´ etrage par longueur d’arc de Γ. En rempla¸ cant P par −P, la formule de Green-Riemann se r´ e´ ecrit donc :
Z Z
D
∂Q
∂x + ∂P
∂y
dx dy = Z
C
(P n
y+ Q n
x) ds
D´ emonstration. Supposons d’abord que u est solution faible. Alors (3) est vraie en particulier pour des fonctions ` a support compact inclus dans ω
+ou ω
−, donc u est solution faible dans ces deux ouverts. D’apr` es la proposition 3.1, u est alors solution classique dans ω
+et ω
−car
´
etant de r´ egularit´ e C
1sur les deux ouverts.
Montrons alors la deuxi` eme assertion. On voudrait appliquer la formule de Green-Riemann
`
a l’int´ egrale pr´ ec´ edente, mais pour cela il faut int´ egrer sur un domaine d´ elimit´ e par une courbe,
`
a la fronti` ere de laquelle u est f (u) sont bien d´ efinies et C
1, ce qui n’est pas forc´ ement le cas
pour ω. Mais si on fixe φ ∈ C
c∞(ω), (3) reste vraie si on int` egre sur n’importe quel domaine
contenant supp(φ) qui est un compact de ω. On peut alors construire un domaine inclus dans
ω contentant supp(φ) qui satisfasse les hypoth` eses voulues : en effet la distance de supp(φ) ` a
la fronti` ere de ω est non nulle, par compacit´ e, donc on pourra toujours construire entre les
deux une courbe C
∞qui entoure supp(φ). Notons D le domaine d´ elimit´ e par cette courbe, et
D
+= D ∩ ω
+et D
−= D ∩ ω
−.
Comme supp(φ) ⊂ D, on a Z Z
D
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt
= Z Z
D+
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt + Z Z
D−
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt = 0.
On va alors appliquer le th´ eor` eme de Green-Riemann ` a P = uφ et Q = f (u)φ sur D
+, qui est un domaine d´ elimit´ e par la concat´ enation de ∂D ∩ D
+et de Γ ∩ D, sachant que φ est nulle partout sur la fronti` ere sauf sur Γ ∩ D. Notons que uφ et f (u)φ sont C
1sur D
+et prolongeables par continuit´ e sur Γ en u
+et f (u)
+. On peut supposer, quitte ` a changer n en −n que n est orient´ e ext´ erieurement ` a D
+, et dans ce cas il est orient´ e int´ erieurement ` a D
−. On a donc :
Z Z
D+
∂f(u)φ
∂x + ∂uφ
∂t
dx dt = Z
Γ
(u
+n
t+ f (u)
+n
x) φ ds, ce qui donne
Z Z
D+
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt
= Z
Γ
(u
+n
t+ f (u)
+n
x) φ ds − Z Z
D+
∂u
∂t + ∂f(u)
∂x
φ dx dt
= Z
Γ
(u
+n
t+ f (u)
+n
x) φ ds,
car u est solution classique sur ω
+. Et on a de mˆ eme sur D
−, sachant que n est alors orient´ e int´ erieurement ` a D
−:
Z Z
D−
u ∂φ
∂t + f (u) ∂φ
∂x
dx dt = − Z
Γ
(u
−n
t+ f (u)
−n
x) φ ds.
En rempla¸ cant tout cela dans l’´ egalit´ e initiale, cela donne : Z
Γ
([u] n
t+ [f (u)] n
x) φ ds = 0,
et cela est vrai pour tout φ ∈ C
c∞(ω). On peut alors conclure en utilisant le lemme suivant : Lemme 2.3. Soit g : Γ → R continue telle que pour tout φ ∈ C
c∞(ω),
Z
Γ
gφ ds = 0. (5)
Alors g = 0
D´ emonstration. Soit γ : I → R
2un param´ etrage par longueur d’arc de γ, et soit p = γ(s
0) un point de Γ. Soit n(s) un vecteur normal unitaire ` a Γ, si > 0, r > 0, d´ efinissons l’application suivante :
κ : ]s
0− , s
0+ [×] − r, r[ −→ R
2(s, v) 7−→ γ(s) + vn(s) .
Cette application est C
∞par hypoth` ese sur la r´ egularit´ e de Γ. De plus dκ(s, v) = (γ
0(s) + vn
0(s), n(s)) donc la matrice dκ(s
0, 0) est ´ egale ` a
1 0 0 1
dans la base (γ
0(s
0), n(s
0)). Par th´ eor` eme d’inversion local, on peut donc fixer et r tels que κ soit un C
∞-diff´ eomorphisme sur son image, not´ ee V avec V ⊂ ω.
Ainsi, si ψ ∈ C
c∞(]s
0− , s
0+ [), en posant φ = ψ ◦ p
s◦ κ
−1dans V (avec p
sla projection sur la premi` ere variable), φ = 0 ailleurs, φ est une application C
∞` a support compact dans V , et elle v´ erifie donc (5). De plus, si s ∈]s
0− , s
0+ [, φ ◦ γ(s) = ψ ◦ p
s(s, 0) = ψ(s). On s’est donc ramen´ e ` a un probl` eme unidimensionnel sur la courbe : on a pour tout ψ ∈ C
c∞(]s
0− , s
0+ [),
Z
s0+ s0−g(γ(s))ψ(s)ds = 0.
On peut donc utiliser un argument de densit´ e dans L
2en utilisant la continuit´ e de g pour conclure que g ◦ γ
|]s0−,s0+[= 0 et en particulier g(γ(s
0)) = g(p) = 0. Comme cela est vrai pour tout p ∈ Γ, g = 0.
Fin de la d´ emonstration du th´ eor` eme. Ainsi comme [u] n
t+ [f (u)] n
xest continue par hypoth` ese sur u qui est continue sur Γ par morceaux, on a en appliquant le lemme :
[u] n
t+ [f (u)] n
x= 0.
R´ eciproquement, si l’on suppose les conditions (i) et (ii) v´ erifi´ ees, en utilisant le mˆ eme calcul que pr´ ec´ edemment, on obtient que
Z Z
ω
u ∂φ
∂t + f(u) ∂φ
∂x
dx dt = 0, c’est-` a-dire que u est solution faible de la loi de conservation.
Une solution u d’un tel probl` eme ´ etant par hypoth` ese born´ ee, par une valeur not´ ee A, si l’on pose M = sup
|x|≤A|f
0(x)|, on a pour tout (x, t) ∈ Γ,
|[f(u)](x, t)| ≤ M |[u](x, t)|.
Si l’on applique la condition de Rankine-Hugoniot, cela donne, en supposant que Γ est un lieu de discontinuit´ e r´ eelle, c’est-` a-dire que pour tout (x, t) ∈ Γ, [u](x, t) 6= 0 :
|n
t| ≤ M |n
x|.
En particulier, cela montre, comme n est unitaire, que |n
x| ne s’annule jamais, c’est-` a-dire que le vecteur normal de Γ n’est jamais vertical. Cela implique que la courbe Γ peut se param´ etrer comme un graphe au-dessus de l’axe Ot. En effet, si l’on note γ = (γ
x, γ
t) un param´ etrage par longueur d’arc de Γ, le vecteur unitaire normal ` a Γ est (−γ
t0, γ
x0) et la condition de Rankine- Hugoniot montre que γ
0t6= 0 sur tout l’intervalle de d´ efinition de γ. On peut donc inverser globalement γ
tde mani` ere C
∞et l’application γ ◦ γ
t−1donne le param´ etrage voulu.
On a donc un param´ etrage de Γ de la forme :
Γ = {(X(t), t), t ∈]t
1, t
2[}
et un vecteur normal unitaire ` a cette courbe s’´ ecrivant n = (1, −
dXdt) ` a une renormalisation pr` es, la condition de Rankine-Hugoniot se r´ e´ ecrit ainsi :
[f(u)] = dX dt [u].
La pente de la courbe de discontinuit´ e est donc ´ egale au taux d’accroissement de f sur entre les points u
−(x, t) et u
+(x, t). On peut rapprocher cela des courbes caract´ eristiques, dont la pente
´
etait ´ egale ` a la valeur de f
0en u : si la discontinuit´ e est faible, la courbe de celle-ci est donc proche d’une droite caract´ eristique.
2.3 Non-unicit´ e du probl` eme de Cauchy
La condition de Rankine-Hugoniot donne une relation entre la pente d’une courbe de dis- continuit´ e et la valeur des discontinuit´ es de u et f (u) et nous permet de construire des solutions continues par morceaux ` a une loi de conservation. La mani` ere la plus simple de construire de telles solutions consiste ` a consid´ erer des fonctions constantes par morceaux et dont les discon- tinuit´ es sont plac´ ees le long d’une droite. Ce type de fonction est trivialement solution de la loi de conservation hors des discontinuit´ es, et la condition de Rankine-Hugoniot implique que la pente σ d’une discontinuit´ e doit v´ erifier :
σ = [f (u)]
[u] .
Pla¸ cons-nous dans le cas de l’´ equation de Burgers, o` u f (u) =
u22. La condition sur la pente d’une discontinuit´ e devient alors
σ = u
2+− u
2−2(u
+− u−) = u
++ u−
2 .
Soit p ∈ R
+, consid´ erons l’application suivante :
u : (x, t) 7−→
0 si x < −pt
−2p si −pt < x < 0 2p si 0 < x < pt 0 si pt > x
x t
u = 0 u = 0
u = −2p u = 2p
x = −pt x = pt
Cette application est constante par morceaux, comporte trois demi-droites de discontinuit´ e (en x = −pt, x = 0 et x = pt) et v´ erifie la condition de Rankine-Hugoniot sur celles-ci. D’apr` es le th´ eor` eme 3.2, c’est une solution faible ` a l’´ equation de Burgers
∂u∂t+
12∂(u∂x2)= 0, et ce pour tout p r´ eel positif. On a donc construit une infinit´ e de solutions, en plus de la solution triviale partout nulle, qui sont nulles en t = 0.
Cela montre que la notion de solution faible telle qu’on l’a d´ efinie ne permet pas d’avoir l’unicit´ e pour un probl` eme de Cauchy comme on l’a dans le sens classique, et cela ne concorde pas avec le point de vue physique pour lequel une condition initiale donn´ ee ne permet qu’une seule ´ evolution possible. Les solutions que l’on a construites n’ont d’ailleurs pas vraiment de sens physique, car for¸ cant l’apparition d’une perturbation ` a partir d’une condition initiale nulle, et ne sont pas ”souhaitables” pour la r´ esolution d’une ´ equation de loi de conservation. Il nous faut donc d´ efinir une nouvelle classe de solutions, plus restrictive que celle des solutions faibles afin d’obtenir l’unicit´ e pour un probl` eme de Cauchy, tout en ´ etant plus large que celle des solutions classiques.
3 Approximation parabolique
3.1 D´ efinition du probl` eme
Dans la r´ ealit´ e physique, les lois de conservation telles qu’on les a ´ etudi´ ees sont en g´ en´ eral l’approximation d’une ´ equation parabolique avec un terme de viscosit´ e, comme dans l’exemple du trafic routier de l’introduction, sous la forme :
∂
tu
(x, t) + ∂
x(f (u
))(x, t) − ∆u
(x, t) = 0,
le terme ´ etant n´ egligeable. Notre cheminement sera d’utiliser cette ´ equation, en trouver des solutions (dans un sens que l’on d´ efinira) et faire tendre vers 0, afin d’obtenir un certain type de solution faibles pour la loi de conservation.
Tout d’abord, on va prendre = 1 et on fera intervenir uniquement lors du passage ` a la limite. On veut donc r´ esoudre l’´ equation
∂
tu + ∂
xf (u) − ∆u = 0. (6)
Or on sait d´ ej` a r´ esoudre l’´ equation de la chaleur :
∂
tv − ∆v = 0.
En effet, en passant par la transformation de Fourier, qui on le rappelle est d´ efinie par F (f )(ξ) = ˆ f (ξ) =
Z
+∞−∞
f (x)e
−iξdx, l’´ equation devient
∂
tv ˆ + ξ
2v ˆ = 0
en utilisant les propri´ et´ es de la transform´ ee de Fourier pour la d´ erivation, et cela se r´ esout en ˆ
v(ξ, t) = e
−ξ2tv(ξ, ˆ 0).
En passant ` a la transformation de Fourier inverse, on a v(x, t) = F
−1e
−(·)2tˆ v(·, 0)
(x) = F
−1e
−(·)2t∗ v(·, 0)(x).
On a ici utilis´ e la propri´ et´ e de la transform´ ee de Fourier sur le produit de convolution : F(f ∗g) = F(f )F(g) ` a laquelle on a appliqu´ e la transform´ ee de Fourier inverse.
On peut aussi donner une formule explicite du noyau de la chaleur G(x, t) = F
−1(e
−(·)2t) en utilisant le fait que R
+∞−∞
e
−x2dx = √
π, celle-ci ´ etant G(x, t) =
√4πt1e
−x2
4t
. En effet, F
1
√ 4πt e
−x2 4t
= 1
√ 4πt Z
+∞−∞
e
−x2 4t−iξx
dx
= 1
√ 4πt Z
+∞−∞
e
−px
2√ t+iξ√
t2
−ξ2t
dx
= e
−ξ2t√ π
Z
+∞+iξ√ t−∞+iξ√ t
e
−z2dz
= e
−ξ2t,
sachant que l’int´ egrale de la fonction z 7→ e
−z2holomorphe sur C sur la droite des r´ eels est la mˆ eme que sur celle-ci translat´ ee verticalement.
On peut alors consid´ erer (6) au moins sur le plan formel comme une ´ equation de la chaleur avec un second membre (d´ ependant de u) :
∂
tu − ∆u = −∂
x(f (u)).
Les calculs que l’on effectue ici sont purement formels et sans consid´ erations sur la r´ egularit´ e de u : il nous servent uniquement ` a d´ eterminer une d´ efinition qui nous convienne pour les solutions de (6). La formule de Duhamel donnant la solution de cette ´ equation est, en notant u
0= u(·, 0) :
u(x, t) = G(·, t) ∗ u
0(x) − Z
t0
G(·, t − s) ∗ ∂
xf(u(·, s))(x) ds
= G(·, t) ∗ u
0(x) − Z
t0
∂
xG(·, t − s) ∗ f(u(·, s))(x) ds.
On a utilis´ e ici le fait que si f et g sont C
1et ` a d´ eriv´ ees L
1, (f ∗ g)
0= f
0∗ g = f ∗ g
0par th´ eor` eme de d´ erivation sous l’int´ egrale. C’est cette derni` ere ´ egalit´ e que l’on va utiliser pour d´ efinir le probl` eme que l’on veut r´ esoudre :
D´ efinition 3.1. Soit u
0∈ L
∞( R ) et T > 0. Soit u ∈ C
b( R ×]0, T [ (continue born´ ee), alors u est dite solution de l’´ equation parabolique (6) sur ]0, T [ si pour tout (x, t) ∈ R ×]0, T [ :
u(x, t) = (G(·, t) ∗ u
0)(x) − Z
t0
∂
xG(·, t − s) ∗ f (u(·, s))(x) ds (7)
Remarque. Les calculs menant de (6) ` a (7) ´ etant vrais uniquement d’un point de vue formel,
on n’a pas montr´ e le lien qui existe entre ces deux ´ equations. Mais cela ne nous est pas utile
pour le moment : on veut uniquement trouver une solution de (7) et l’utiliser pour construire
une solution faible ` a la loi de conservation. Malgr´ e tout, il nous faut v´ erifier que les termes de cette ´ equation sont bien d´ efinis sous les hypoth` eses donn´ ees.
On commence par remarquer que G(x, t) = t
−12G(t
−12x, 1) d’apr` es l’expression explicite de G.
Alors ∂
xG(x, t) = t
−1∂
xG(t
−12x, 1). En notant K
1= k∂
xG(·, 1)k
L1(R), qui est fini car la d´ eriv´ ee d’une gaussienne est int´ egrable, on a par un changement de variable, pour tout t ∈]0, T [ :
k∂
xG(·, t)k
L1(R)= K
1t
−12.
On utilise alors l’in´ egalit´ e de Young pour la convolution pour L
∞: kf ∗ gk
L∞≤ kf k
L1kgk
L∞. On a donc pour tout t ∈]0, T [ et s ∈]0, t[ :
k∂
xG(·, t − s) ∗ f (u(·, s))k
L∞(R≤ K
1(t − s)
−12kf (u(·, s))k
L∞(R)≤ K
1(t − s)
−12kf (u)k
L∞(R×]0,T[).
Ainsi, s 7→ ∂
xG(·, t − s) ∗ f (u(·, s))(x) est int´ egrable sur ]0, t[ pour tout x ∈ R donc le deuxi` eme terme de l’´ equation (7) est bien d´ efini, et il en est de mˆ eme pour le terme G(·, t) ∗ u
0(x) car G(·, t) ∈ L
1( R ) et u
0(x) ∈ L
∞( R ).
3.2 R´ esolution par une m´ ethode de point fixe
L’´ equation sous forme int´ egrale (7) que nous voulons r´ esoudre caract´ erise u comme point fixe d’une certaine fonctionnelle, et nous allons utiliser pour le r´ esoudre un th´ eor` eme de point fixe contractant sur l’espace C
b( R ×]0, T [) pour un certain T , muni de la norme infinie, qui est un espace complet. On va montrer le r´ esultat suivant :
Th´ eor` eme 3.1. Soient R
0> R > 0. Il existe T > 0, ne d´ ependant que de R et de R
0, tel que, pour tout u
0∈ L
∞( R ) born´ ee par R et pour tout S ∈]0, T ], l’´ equation parabolique (6) poss` ede une unique solution born´ ee par R
0sur R ×]0, S[.
D´ emonstration. Si T ∈ R (que l’on fixera par la suite), posons E = C
b( R ×]0, T [) et d´ efinissons l’application suivante :
ψ : E −→ E
u 7−→ G(·, t) ∗ u
0(x) − Z
t0
∂
xG(·, t − s) ∗ f (u(·, s))(x) ds .
On sait d´ ej` a que si u ∈ E, ψ(u) est bien d´ efinie par la remarque de la partie pr´ ec´ edente mais il nous faut montrer que ψ(E) ⊂ E pour que cette d´ efinition ait un sens. Si u ∈ E born´ ee par un certain R
0, les estimations de la remarque donnent :
|ψ(u)(x, t)| ≤ kG(·, t)k
L1(R)ku
0k
L∞(R)+ K
1sup
[−R0,R0]
|f|
Z
t 0(t − s)
−12ds
≤ ku
0k
L∞(R)+ 2K
1sup
[−R0,R0]
|f | √ t
car kG(·, t)k
L1(R)= R
R
G(x, t)dx = F (G(·, t))(0) = 1 d’apr` es les calculs d´ ej` a effectu´ es sur G. Ainsi ψ(u) est born´ ee. Si l’on d´ efinit sur R
2les fonctions ˜ G(x, t) = p 1
]0,T[(t)∂
xG(x, t) et F ˜ (x, t) = p 1
]0,T[(t)f (u(x, t)) alors on a pour tout (x, t) ∈ R ×]0, T [ :
ψ(u)(x, t) = G(·, t) ∗ u
0(x) − G ? ˜ F ˜ (x, t)
avec ? d´ esignant un produit de convolution bidimensionnel en (x, t), c’est ` a dire que f ? g(x, t) =
Z Z
R2
f ((x, t) − X)g(X ) dX = Z Z
R2
f (x − y, t − s)g(y, s) dy ds.
Ici, ˜ G ∈ L
1( R
2) car k∂
xG(·, t)k
L1(R)≤ K
1t
−12qui est int´ egrable sur ]0, T [ et ˜ F ∈ L
∞( R
2), leur produit de convolution est donc une application continue. De plus, (x, t) 7→ G(·, t) ∗ u
0(x) est continue ` a la fois en espace (car produit de convolution) et en temps (par th´ eor` eme de continuit´ e sous l’int´ egrale). ψ(u) est donc une application continue. Finalement, on a bien montr´ e que ψ(E) ⊂ E.
Soient R
0> R > 0 et soit u
0∈ L
∞( R ) born´ ee par R. Si kuk
E≤ R
0, l’estimation pr´ ec´ edente donne
|ψ(u)(x, t)| ≤ R + 2K
1sup
[−R0,R0]
|f | √ t.
On peut alors prendre T > 0 tel que T <
R0−R 2K1sup[−R0,R0]|f|
2(ou n’importe quelle valeur si sup
[−R0,R0]|f | = 0), le choix de T ne d´ ependant que de R
0et R, et dans ce cas kψ(u)k
E≤ R
0donc ψ laisse stable la boule de rayon R
0de E. On va maintenant estimer le caract` ere contractant de ψ : soient u et v born´ ees par R
0, alors si (x, t) ∈ R ×]0, T [,
|ψ(u)(x, t) − ψ(v)(x, t)| =
Z
t 0∂
xG(·, t − s) ∗ f (u(·, s)) − f (v(·, s)) (x) ds
≤ Z
t0
k∂
xG(·, t − s)k
L1(R)kf (u(·, s)) − f (v(·, s))k
L∞(R)ds
≤ Z
t0
k∂
xG(·, t − s)k
L1(R)sup
[−R0,R0]
|f
0|k(u(·, s)) − (v(·, s))k
L∞(R)ds
≤ K
1sup
[−R0,R0]
|f
0|ku − vk
EZ
t0
(t − s)
−12ds
≤ 2K
1sup
[−R0,R0]
|f
0| √
tku − vk
E.
Ainsi, si l’on prend de plus T <
1 2K1sup[−R0,R0]|f0|
2, choix qui ne d´ epend encore une fois que de R et R
0, ψ est contractante de la boule de rayon R
0dans la boule de rayon R
0. L’espace E
´
etant complet, le th´ eor` eme du point fixe nous donne l’existence et l’unicit´ e d’un point fixe de ψ dans la boule de rayon R
0, c’est ` a dire d’une solution de (6). Et cela reste vrai pour tout S ≤ T car les estimations restent v´ erifi´ ees.
En particulier, ce th´ eor` eme nous donne un r´ esultat d’unicit´ e :
Corollaire 3.2. Soit u
0∈ L
∞( R ). Pour tout T > 0, il existe au plus une solution de (6) sur ]0, T [.
D´ emonstration. Soit T > 0 et u, v deux solutions de (6) sur ]0, T [. Posons T
0= sup{t ∈]0, T [ | u(x, s) = v(x, s) ∀ (x, s) ∈ R ×]0, t[}
et T
0= 0 si cet ensemble est vide. Supposons donc T
0< T, car sinon le r´ esultat est d´ emontr´ e.
Par continuit´ e de u et v, u(x, T
0) = v(x, T
0) pour tout x ∈ R .
On va montrer que (x, t) 7→ u(x, T
0+ t) et (x, t) 7→ v(x, T
0+ t) sont solutions de (6) sur ]0, T − T
0[. Cela est vrai en particulier grˆ ace aux propri´ et´ es de semi-groupe de la convolution par G : G(·, t) ∗ G(·, t
0) = G(·, t + t
0) pour tout t, t
0∈ R , que l’on montre en passant par la transform´ ee de Fourier :
F(G(·, t) ∗ G(·, t
0))(ξ) = F(G(·, t))F (G(·, t
0))(ξ) = e
−ξ2te
−ξ2t0= e
−ξ2(t+t0)= F(G(·, t + t
0))(ξ).
Ainsi, si t ∈]0, T − T
0[ et x ∈ R ,
u(x, T
0+ t) = G(·, T
0+ t) ∗ u
0(x) − Z
T0+t0
∂
xG(·, T
0+ t − s) ∗ f (u(·, s))(x) ds
= G(·, t) ∗ G(·, T
0) ∗ u
0(x) − Z
T00
∂
xG(·, T
0− s) ∗ f(u(·, s))(x) ds
!
− Z
T0+tT0
∂
xG(·, T
0+ t − s) ∗ f (u(·, s))(x) ds
= G(·, t) ∗ u(x, T
0) − Z
t0
∂
xG(·, t − s) ∗ f (u(·, T
0+ s))(x) ds
et donc (x, t) 7→ u(x, T
0+ t), et de mˆ eme (x, t) 7→ v(x, T
0+ t), sont toutes deux solution sur ]0, T − T
0[, avec la mˆ eme condition initiale u(·, T
0) = v(·, T
0).
Prenons alors R = ku(·, T
0)k et R
0> max(R, kuk
L∞(R×]0,T[), kvk
L∞(R×]0,T[)). On peut alors appliquer le th´ eor` eme 3.1 qui nous donne 0 < S < T − T
0telle que la solution sur ]0, S[
born´ ee par R
0est unique pour une condition initiale born´ ee par R donn´ ee, ce qui implique que (x, t) 7→ u(x, T
0+ t) et (x, t) 7→ v(x, T
0+ t) co¨ıncident sur ]0, S[, et ainsi u et v co¨ıncident sur ]0, T
0+ S[, ce qui contredit la d´ efinition de T
0.
3.3 R´ egularit´ e, existence globale, passage ` a la limite
Esquissons, sans entrer dans les d´ etails, la suite du raisonnement nous permettant de construire des solutions entropiques ` a la loi de conservation. Tout d’abord, il est possible de montrer que les solutions de l’´ equation parabolique ont en fait une r´ egularit´ e C
∞, mˆ eme pour une condition initiale seulement L
∞, du fait de l’effet r´ egularisant du noyau de la chaleur. Pour prouver cela, il faudrait appliquer un th´ eor` eme de point fixe de la mˆ eme mani` ere que dans le paragraphe pr´ ec´ edent, mais dans un espace plus restreint nous permettant de contrˆ oler la d´ eriv´ ee premi` ere en espace de u. On montrerait alors l’existence et l’unicit´ e, localement, de solutions C
1en espace et, en it´ erant le raisonnement sur les d´ eriv´ ees de u, de solutions C
∞. A partir de cela, on peut aussi montrer que u est C
∞en temps.
Le fait que les solutions de (6), au sens tel qu’on l’avait d´ efini, soient C
∞implique qu’elles sont aussi solutions de (6) au sens classique, c’est ` a dire qu’elles v´ erifient directement l’´ equation en temps qu’applications C
∞. En effet, les calculs formels effectu´ es pour passer de l’´ equation (6) ` a l’´ equation (7) sont exacts sous les hypoth` eses de r´ egularit´ e de u.
Reprenons alors l’´ equation parabolique avec le terme :
∂
tu
(x, t) + ∂
x(f (u
)(x, t) − ∆u
(x, t) = 0 (8)
On peut en d´ eduire une version entropique : si η : R → R est une fonction C
∞convexe, et φ C
∞telle que φ
0= η
0f
0, on a
∆(η(u
)) = ∂
xx(η(u
)) = η
00(u
)(∂
xu
)
2+ η
0(u
)∆u
≥ η
0(u
)∆u
.
D’o` u, si u
est solution de (8), en multipliant l’´ equation par η
0(u
) et sachant que η
0(u
)∂
t(u
=
∂
tη(u
)) et η
0(u
)∂
x(f (u
)) = η
0(u
)f
0(u
)∂
xu
= ∂
x(φ(u
)), on obtient :
∂
tη(u
)) + ∂
x(φ(u
)) − ∆(η(u
)) ≤ 0.
Cette in´ egalit´ e, dite in´ egalit´ e d’entropie, est ce qui nous servira ` a d´ efinir la bonne notion de solu- tion ` a la loi de conservation. Ici, sachant que les solutions de l’´ equation parabolique telles qu’on les a construites au paragraphe pr´ ec´ edent, en supposant quelconque, sont solutions classiques de (8) et v´ erifient donc l’in´ egalit´ e d’entropie. En choisissant une fonction η de mani` ere judi- cieuse, par des calculs que l’on ne d´ etaillera pas ici, on peut montrer, sous couvert d’hypoth` eses l´ eg` erement plus restrictives sur la r´ egularit´ e de u
0, que les solutions v´ erifient un principe du maximum :
Th´ eor` eme 3.3. Si u
est solution de (8) sur R ×]0, T [, alors ku
k
L∞(R×]0,T[)≤ ku
0k
L∞(R).
Grˆ ace ` a cette estimation, on peut montrer l’existence globale d’une solution de l’´ equation parabolique (8) : en reprenant les notations du th´ eor` eme 3.1, si on pose R = ku
0k
∞et R
0> R quelconque, on a une solution sur ]0, T [ pour un certain T > 0. Et comme ku(·, T /2)k ≤ ku
0k
∞= R par le th´ eor` eme 3.3, on a aussi une solution sur ]T /2, 3T /2[, car la borne T ne d´ epend que de R et de R
0. Cette solution co¨ıncide avec la premi` ere sur ]T /2, T [ par unicit´ e, et on peut montrer facilement que le recollement des deux solutions sur ]0, 3T /2[ est encore solution, en utilisant les propri´ et´ es de G pour la convolution comme on l’a fait en montrant l’unicit´ e. On peut donc par ce raisonnement ind´ efiniment rallonger la solution sur des intervalles de longueur constante, ce qui permet d’avoir une solution d´ efinie sur ]0, +∞[.
Si u
0est une condition initiale suffisamment r´ eguli` ere, par exemple u
0∈ C
b( R ), on a donc pour tout > 0 une solution u
de l’´ equation parabolique (8) pour la condition initiale u
0. Il reste alors ` a passer ` a la limite quand tend vers 0. Il faudrait d’abord montrer que u
converge presque partout vers une fonction u quand tend vers 0, et ensuite on peut montrer que u est une solution faible de la loi de conservation (1) par convergence domin´ ee, en utilisant le principe du maximum v´ erifi´ e par u
.
4 Solutions entropiques
Finalement, on a construit, en passant par le probl` eme parabolique, une solution faible u
`
a la loi de conservation, ce qui montre d´ ej` a qu’il y a toujours existence globale de ce type de solutions. De plus, l’in´ egalit´ e entropique v´ erifi´ ee par les solutions u
passe ` a la limite, au moins dans un sens faible : on peut montrer que si η est une fonction convexe r´ eguli` ere, φ v´ erifie φ
0= η
0f
0, et ϕ ∈ C
c∞( R × [0, +∞[) positive, alors
Z Z
R×]0,+∞[
(η(u(x, t))∂
tϕ(x, t) + φ(u(x, t))∂
xφ(x, t)) dx dt + Z
R
η(u
0(x))ϕ(x, 0) dx ≥ 0 (9)
C’est cette condition qui va servir ` a d´ efinir le type de solutions que l’on souhaite :
D´ efinition 4.1. u est dite solution entropique au probl` eme de Cauchy associ´ e ` a (1) si u ∈ L
∞( R ×]0, +∞[) ∩ C([0, +∞[, L
1loc( R )) et v´ erifie (9) pour tout η, φ, ϕ v´ erifiant les hypoth` eses donn´ ees plus haut.
En particulier, une solution entropique est une solution faible, ce qui peut se montrer en prenant η(s) = s et η(s) = −s. Les solutions entropiques repr´ esentent en fait les solutions de loi de conservation ayant un ”sens physique”, et constituent le bon cadre de solutions que l’on recherchait. On a montr´ e, en omettant certains d´ etails, qu’il y avait toujours existence de solutions entropiques, et il est aussi possible de montrer qu’il y a unicit´ e : c’est le th´ eor` eme de Kru˘ zkhov.
Annexe : la formule de Green-Riemann
Rappelons l’´ enonc´ e du th´ eor` eme de Green-Riemman : Th´ eor` eme. (Green-Riemann)
Si C est un chemin ferm´ e du plan C
1par morceaux orient´ ee dans le sens trigonom´ etrique et D le domaine compact d´ elimit´ e par cette courbe, si P et Q sont des fonctions d´ efinies sur D ayant des d´ eriv´ ees partielles continues sur D, alors :
Z Z
D
∂Q
∂x − ∂P
∂y
dx dy = Z
C
P dx + Q dy.
D´ emonstration. On peut d´ emontrer facilement ce th´ eor` eme dans un cas simple, o` u Q = 0 et le domaine D peut ˆ etre caract´ eris´ e sous la forme D = {(x, y) ∈ R
2| a ≤ x ≤ b, f(x) ≤ y ≤ g(x)}, o` u f et g sont des fonctions continues, ainsi que le montre le diagramme ci-dessous :
x y
C
1: (x, f(x))
C
2C
3: (x, g(x))
C
4a b
D
On a alors, d’apr` es Fubini : Z Z
D
∂P
∂y dx dy = Z
ba
Z
g(x) f(x)∂P
∂y dy
! dx =
Z
b a(P (x, g(x)) − P (x, f (x)))dx.
La courbe C
1pouvant directement ˆ etre param´ etr´ ee par (x, f(x)), on a : Z
C1
P dx = Z
ba
P (x, f(x))dx.
La courbe C
3peut aussi ˆ etre param´ etr´ ee par (x, g(x)), mais dans le sens inverse ` a son orienta- tion, on a donc :
Z
C3
P dx = − Z
−C3
P dx = − Z
ba
P (x, g(x))dx.
Et comme C
2et C
4ont une variation horizontale nulle, on a Z
C2
P dx = Z
C4
P dx = 0.
Finalement, en additionnant tout cela, on a bien le r´ esultat voulu : Z Z
D
∂P
∂y dx dy = − Z
C