• Aucun résultat trouvé

Favoriser la biodiversité des prairies par une mesure agri-environnementale à obligation de résultat : Les prairies fleuries du Massif des Bauges

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Favoriser la biodiversité des prairies par une mesure agri-environnementale à obligation de résultat : Les prairies fleuries du Massif des Bauges"

Copied!
19
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-01197835

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01197835

Submitted on 3 Jun 2020

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Favoriser la biodiversité des prairies par une mesure agri-environnementale à obligation de résultat : Les

prairies fleuries du Massif des Bauges

Christine de Sainte Marie

To cite this version:

Christine de Sainte Marie. Favoriser la biodiversité des prairies par une mesure agri-environnementale à obligation de résultat : Les prairies fleuries du Massif des Bauges. Colloque Elevage à haute valeur environnementale : questions à la recherche. Concilier les enjeux environnementaux et la performance économique ?, Oct 2009, Clermont-Ferrand, France. �hal-01197835�

(2)

Lancement Bruno Rougier (journaliste scientifique à France Infos)

« Favoriser la biodiversité est un des engagements de la France. Une des moyens  d’y parvenir passe par des mesures agri‐environnementales. Et l’on va s’intéresser  à un exemple qui a été mis en place dans le Parc Naturel Régional du Massif des  Bauges et qui est déjà pratiqué en Allemagne. Un exemple que l’on pourrait  résumer par : Dites le avec des fleurs !

Pour en parler : Christine de Sainte Marie, agro‐économiste à l’Unité  d’Ecodéveloppement d’Avignon

d Ecodéveloppement d Avignon

La Mesure « Prairie fleurie » que je vais présenter est le résultat d’un programme  de recherche avec le Parc des Bauges, en Savoie, où elle est expérimentée depuis  2008. 

1

(3)

Cataloguée sous le code « herbe_07 « Maintien de la richesse floristique d’une  prairie naturelle », cette mesure a été inscrite dans le 2° pilier de la PAC à  l’initiative de gestionnaires d’espace naturels. Elle est innovante à tous égards  Comme l’indique la ligne « contrôle », le contrat entre l’agriculteur et la 

puissance publique porte sur une obligation de résultat, qui tient en une ligne : 

présence d’au moins 4 plantes indicatrices

(4)

Autre innovation. Ce contrôle s’effectue sur place, par une inspection des  parcelles que l’agriculteur a portées sur le registre parcellaire graphique de sa  déclaration PAC comme pour percevoir les aides à la surface (ici, un ilôt engagé  en herbe_07)

Cette inspection de terrain consiste à parcourir la parcelle en diagonale, en  excluant les bordures, peu représentatives de la végétation de la prairie. Le  contrôleur coche les plantes indicatrices qu’il observe sur sa fiche de contrôle,  qui est ainsi faite :

qui est ainsi faite :

3

(5)

‐ Les plantes à contrôler sont indiquées dans la liste accompagnée de son  référentiel photographique qui ont été fournis aux agriculteurs dans la notice  PAC. 

‐ Les plantes indicatrices observées lors l’inspection ne sont pas forcément les 

mêmes tout au long de la traversée de la parcelle mais il faut que le contrôleur 

puisse en compter au moins 4 dans chacun des 1/3 

(6)

Ce contenu de la mesure présenté, j’en viens maintenant à l’origine du  programme de recherche dont elle est issue. 

Le Parc du Massif des Bauges a été crée en 1996, au moment où la directive  Habitats entrait dans sa mise en œuvre. Cette directive s’appuie sur la 

contractualisation avec les usagers en place pour la gestion des sites – ici, des  éleveurs de vaches dont le lait est transformé en fromages d’appellation, qui  exploitent les 16 000 ha de prairies et de parcours qui couvrent 95% de la surface exploitent les 16 000 ha de prairies et de parcours qui couvrent 95% de la surface  agricole du Parc. 

5

(7)

Les inventaires réalisés par ses chargés de mission naturalistes ont abouti au classement  de 2 500 ha d’alpages et de pelouses sèches en sites Natura 2000, dont le Parc est  opérateur. 

La mise en place des plans de gestion s’est avérée être un casse‐tête en raison de la base  scientifique de la directive : la phytosociologie. A chaque habitat cartographié doit être  appliqué une mesure de gestion. 

Or, les habitats d’intérêt communautaire se trouvent rarement à l’état pur sur les sites  où ils sont le plus souvent en mosaïque ou en contact avec des habitats non classés. Le  plan de gestion se traduit par une accumulation de mesures localisées dont le cahier des  charges a été basé sur des pratiques traditionnelles, supposées favorables à la 

biodiversité : zéro fertilisation, retard de fauche, mise en défends etc…

Seconde difficulté : les frontières de l’habitat correspondent rarement avec celles des  surfaces contractualisables : des unités de gestion agricole. Pour un éleveur, ce  compartimentage de ses prés, de ses parcs ou de son alpage est difficilement 

compatible avec l’organisation de son chantier de fauche ou la conduite de son troupeau  au pâturage. 

En dépit de l’énergie déployée pour négocier avec les éleveurs, la complexité des plans  des gestions s’est soldée par un résultat décevant : 9 CAD pour une surface de 55 ha. 

Et, à l’usage, les naturalistes du Parc se sont mis à douter de la pertinence de leurs plans  de gestion : les pratiques imposées aux agriculteurs ont‐elles bien l’effet attendu sur  l’état des milieux? 

Et en dehors de vos isolats Natura 2000, quid des 16 000 autres ha de prairies du Parc ? 

leur avons nous répondu lorsqu’ils ont saisis des chercheurs de l’Unité 

d ’Ecodéveloppement. 

(8)

Programme que nous avons mis en place a duré 3 ans. Son dispositif a évolué en  fonction des moyens que nous avons mis en œuvre pour traiter le problème qui  nous était posé et que nous avons reformulé en question de recherche : 

« comment articuler économie de la production et économie de l’élevage ? »

‐ Production classique de méthode et de connaissances …

Enquêtes en binôme chez des agriculteurs avec inventaire des surfaces  herbagères

Je m’arrêterai sur les 2 autres composantes de ce programme : la mobilisation de  connaissances et d’expertise que nous n’avions ni les uns ni les autres d’abord et  une recherche intervention ensuite, qui a débouché sur un résultat non 

programmé : une dynamique d’action collective en faveur de la biodiversité.

7

(9)

Qu’avons‐nous ramené de notre mission au Bade‐Wurtemberg auprès du  concepteur de la mesure « prés fleuris » du programme MEKA? 

Le chaînon manquant : une méthode croisant la phytosociologie avec l’écologie 

fonctionnelle et l’agronomie des prairies naturelles que nous avons adaptée aux 

conditions des Bauges. 

(10)

‐ Cette méthode permet de qualifier les 11 habitats prairiaux présents dans le Massif  avec une liste de 24 plantes typiques ou différentielles avec, de gauche à droite : des  plantes indicatrices des prairies « grasses » comme la marguerite et le salsifis des prés  jusqu’aux prairies et pelouses sèches avec des espèces comme la sauge et le sainfoin. 

Cette liste synthétique permet de s’affranchir du zonage. 

‐ Les plantes indicatrices sont des plantes à fleurs. Elles ont été choisies non pour leur  aspect esthétique ou remarquable – certaines sont assez communes comme le trèfle  violet ‐ mais parce que ces plantes ne demandent de connaissances expertes en  botanique : elles sont facilement identifiables même lorsque qu’elles ne sont pas en  fleur, à la forme de leurs feuilles ce qui n’est pas le cas avec les graminées

‐ Liste de 24 plantes : indicateur fonctionnel au sens où la présence de ces plantes à  fleurs, de façon continue, est un condensé de la composition botanique et de l’équilibre  phytosociologique de ces prairies naturelles, qui comportent  au moins de 30 à 60  espèces. 

‐ Pourquoi 4 fleurs enfin ? Les travaux allemands montrent que le seuil de 6 fleurs  qualifie des prairies remarquables mais qui ont une valeur agronomique assez faible  tandis qu’en deçà de 4 fleurs, on entre dans une dynamique de dégradation de la 

richesse biologique – en flore et en insectes. La norme à 4 fleurs constitue un indicateur  fonctionnel : il atteste d’un bon état de conservation des habitats tout en autorisant une  bonne valeur d’usage d’agricole.

C’est en ce sens que l’on peut parler de l’invention d’une valeur agri‐écologique des 

prairies naturelles de fauche ou de pâture de moyenne montagne

qui permet de faire  tenir ensemble des objectifs de protection et des objectifs de production.

9

(11)

Nous sommes alors passés à une phase de recherche intervention en organisant  un concours de prairies fleuries dans l’un des secteurs du Parc : l’Albanais. 

Ce concours a été conçu à la fois comme une mise à l’épreuve technique du 

référentiel et à la fois comme une mise à l’épreuve sociale : il s’agissait de tester 

la faisabilité de la mesure « prairie fleuries » auprès des agriculteurs.

(12)

Ce concours présente toutes les apparences d’un concours d’excellence 

professionnelle classique avec des candidats qui présentent ce qu’ils considèrent  comme leur meilleure prairie, un jury qui évalue avec des fiches de notation, une  remise officielle de prix à l’occasion d’une manifestation de référence pour les  éleveurs savoyards ‐ une foire dédiée à la race montbéliarde – et des médailles  que l’on cloue sur la porte de son étable parce qu’on en est fier 

11

(13)

Sauf que…

(14)

Sauf que nous avons modifié la nature de l’épreuve 

‐alors que les concours classiques célèbrent la productivité de la vache ou de  l’herbe, c’est l’équilibre entre valeur agricole et valeur écologique qui est ici  récompensé, 

‐ alors que l’excellence professionnelle est décernée par les pairs, le jury des  prairies fleuries a réuni des compétences composites Ce sont un botaniste un prairies fleuries a réuni des compétences composites. Ce sont un botaniste, un  technicien agricole, un apiculteur, un randonneur, un protecteur de la nature qui  ont confronté ici leur expertise.

Ce concours a rencontré un succès inespéré : sur les 36 agriculteurs de l’Albanais,  18 ont candidaté.  Le bulletin agricole local lui a consacré sa première page en  faisant son gros titre sur l’union entre l’agriculture et l’écologie. Terre de Savoie  qui n’est pas un magazine à sensation, ne s’y est pas trompé : les prairies fleuries  remanient en profondeur les critères habituels d’évaluation de la performance. 

Examinons de plus près ce qui a changé pour les participants au concours, que  nous sommes allés enquêter. 

13

(15)

Quand on examine comment les éleveurs voyaient ce concours, il ne fait pas de  doute que l’initiative des naturalistes du Parc était regardée avec méfiance. Leurs  propos sont assez caractéristiques du refus d’être assigné à un rôle de « jardiniers  de la nature », de prestataires de services écologiques découplés de la 

production. 

Quand on examine ce qu’ils en disent avec le recul, on note un net changement : Cahiers : référence aux carnet d’enregistrement des pratiques de fertilisation et  de pâturage de la PAC

Les gens : référence aux autres résidents et aux touristes qui fréquentent le Parc

(16)

Qu’est‐ce qui rend les prairies fleuries d’aujourd’hui si différentes, si  séduisantes ?

1) Les obligations de moyens sont abandonnées : l’éleveur est libre de conduire  ses prairies comme le juge bon du moment qu’il obtient le résultat attendu. 

Cette latitude qui lui est donnée constitue une reconnaissance de sa 

technicité. Il devient responsable des ressources naturelles qu’il a en gestion. 

2) Cette responsabilité nouvelle conduit à un renversement de rôles vis‐à‐vis de  l’administration : l’inspection in situ remplace le contrôle documentaire et la  charge de la preuve incombe désormais au contrôleur 

Vis‐à‐vis de l’appareil d’encadrement technique : les conseillers sont ébranlés  dans leur rôle d’expert car ils savent comment banaliser une prairie naturelle  mais ils n’ont pas appris à gérer un agro‐écosystème. 

3) La mesure Prairie Fleuries se cale bien dans l’éthique professionnelle des  agriculteurs, qui se pensent comme des producteurs. Des éleveurs de montagne  peuvent ainsi retrouver une légitimation de leur activité vis‐à‐vis de la société en  se définissant comme des producteurs de fromages de qualité et des producteurs  de qualités de l’environnement. 

15

(17)

Alors, que cent fleurs s’épanouissent ?

‐ Appropriation de la démarche par les agriculteurs du Parc qui ont porté le dossier  d’application à titre expérimental de la mesure « Prairies fleurie » à l’échelle du Massif et  qu’ils ont contractualisé en masse. 

La portée de l’expérience dépasse les seuls éleveurs avec l’implication des syndicats  d’AOC et des apiculteurs et des actions collectives avec d’autres Parcs, notamment en  Rhône‐Alpes.

Limites de cette success story = elles tiennent aux ressources consacrées au 2° pilier de  la PAC, dont l’enveloppe actuelle est insuffisante pour une extension hors des sites N  2000 en dépit du faible coût de la mesure : 79 €/ha. 

Une limite institutionnelle aussi car la biodiversité ne peut se gérer à l’échelle parcelle  ou de l’exploitation mais échelle d’un territoire. Or, en France, la décentralisation est  encore balbutiante et les régions n’ont pu se doter de politiques agri‐environnementales

’ l l l d ll d l S i

comme c’est le cas pour les lander allemands ou les cantons Suisses,

‐ Côté portée scientifique pour d’autres milieux, nous avons mis en place un programme  avec d’autres équipes de l’INRA et les Fédés des Parcs et des Cren. La 2° limite se situe  du côté de la recherche, où agronomie et écologie ont été constituées comme des  disciplines séparées avec des domaines d’application séparés, d’où un trou de 

connaissances scientifiques sur les relations entre dynamiques écologiques, pratiques 

i l d’i i d f è l

agricoles et comportements d’ingestion sur des ressources fourragères complexes 

(prairies plurispécifiques ou parcours pluristratifiés).

(18)

17

(19)

Références

Documents relatifs

To test whether the vesicular pool of Atat1 promotes the acetyl- ation of -tubulin in MTs, we isolated subcellular fractions from newborn mouse cortices and then assessed

Néanmoins, la dualité des acides (Lewis et Bronsted) est un système dispendieux, dont le recyclage est une opération complexe et par conséquent difficilement applicable à

Cette mutation familiale du gène MME est une substitution d’une base guanine par une base adenine sur le chromosome 3q25.2, ce qui induit un remplacement d’un acide aminé cystéine

En ouvrant cette page avec Netscape composer, vous verrez que le cadre prévu pour accueillir le panoramique a une taille déterminée, choisie par les concepteurs des hyperpaysages

Chaque séance durera deux heures, mais dans la seconde, seule la première heure sera consacrée à l'expérimentation décrite ici ; durant la seconde, les élèves travailleront sur

A time-varying respiratory elastance model is developed with a negative elastic component (E demand ), to describe the driving pressure generated during a patient initiated

The aim of this study was to assess, in three experimental fields representative of the various topoclimatological zones of Luxembourg, the impact of timing of fungicide

Attention to a relation ontology [...] refocuses security discourses to better reflect and appreciate three forms of interconnection that are not sufficiently attended to