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Notes d orientation pour l évaluation des sources de risque et de vulnérabilité

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Academic year: 2022

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No. 0218

Série de Documents de Discussion sur la Protection Sociale

Notes d’orientation pour l’évaluation des sources de risque et de vulnérabilité

Karin Heitzmann R. Sudharshan Canagarajah

Paul B. Siegel Juin 2002

Unité de la Protection Sociale Réseau du Développement Humain

La Banque Mondiale

Les Documents de Discussion sur la Protection Sociale ne sont pas des publications formelles de la Banque Mondiale. Ils présentent des résultats préliminaires qui sont distribués pour encourager la discussion et susciter des commentaires; la citation et l'utilisation d'un tel document devraient tenir compte de son caractère temporaire. Les résultats, les interprétations, et les conclusions exprimés dans ce document sont entièrement ceux de ou des auteurs et ne devraient en aucun cas être attribués à la Banque Mondiale, à ses organismes affiliés ou aux membres de son Conseil de Directeurs Exécutifs ou des pays qu'ils représentent.

Pour obtenir des copies gratuites de ce document, veuillez contacter le Service Consultatif de la Protection Sociale, Banque Mondiale, 1818 H Street, N.W., Washington, D.C. 20433 Etats-Unis. Téléphone: (202) 458- 5267, Fax: (202) 614-0471, E-mail: socialprotection@worldbank.org. Ou visitez le site internet sur le thème de la Protection Sociale à http://www.worldbank.org/sp.

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DOCUMENT DE DISCUSSION DE LA PROTECTION SOCIALE 0218 Unité de la Protection Sociale, Réseau du Développement Humain

Banque mondiale Juin 2002

Notes d’orientation pour l’évaluation des sources de risque et de vulnérabilité

par Karin Heitzmann

Professeur Assistante, Département de politique sociale, Université d’Economie et d’administration d’entreprise de Vienne, Autriche

Karin.Heitzmann@wu-wien.ac.at

R. Sudharshan Canagarajah

Economiste Senior, Réseau de gestion économique et de réduction de la pauvreté, Banque mondiale, Kampala, Ouganda

scanagarajah@worldbank.org Paul B. Siegel

Consultant, Unité de protection sociale, Réseau du développement humain, Banque mondiale, Washington D.C. Etats-Unis,

psiegel@worldbank.org

La gestion du risque social (Social Risk Management, SRM)) est une nouvelle manière d’envisager la pauvreté, le risque et la gestion du risque qui a été récemment présentée dans le Document de Stratégie de Protection Sociale de la Banque mondiale. La perspective de SRM traite la façon dont les ménages vulnérables peuvent être aidés à mieux gérer les risques et à devenir moins susceptibles à des pertes de bien-être potentiellement dommageables . Ce document propose quelques orientations et notions de base pour organiser les idées et les informations pertinentes aux évaluations de risque et de vulnérabilité. Plusieurs modèles sont proposés en annexe, ainsi qu’une liste des rapports que la Banque mondiale a produits et est en train de produire qui examinent le risque et la vulnérabilité.

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1 RÉSUMÉ

Dans de nombreux pays en voie de développement, de profonds changements économiques, politiques et sociaux se sont produits pendant les années 90. Ces changements concernent la décentralisation, la privatisation et la libéralisation politique et des marchés, les transformations technologiques et la globalisation, la restructuration économique et sociale. De plus, beaucoup de pays en voie de développement ont subi de sérieux chocs économiques et naturels. Ces changements et ces chocs ont mis l’accent sur les dispositifs sociaux qui servaient traditionnellement de filets de sécurité informels. En même temps, les contraintes fiscales ont eu tendance à entraîner des réductions des dépenses publiques consacrées aux services sociaux et aux programmes formels de filets sociaux de sécurité. Etant donné les risques accrus et la capacité réduite de gérer les risques, de nombreux ménages pauvres expriment une préoccupation accrue quant à leur vulnérabilité perçue– comme l’ont montré les évaluations participatives entreprises pour les Voix des pauvres.

Le dernier Rapport sur le Développement mondial (RDM) 2000/1 met en évidence l’interface entre la responsabilisation, la sécurité, les opportunités – et la pauvreté. Cette approche concernant la réflexion sur la pauvreté place les notions du risque et de sa gestion au centre du dialogue politique.

En même temps, l’emploi du terme “vulnérabilité” a proliféré. Ce terme renvoie aux relations qui existent entre la pauvreté, le risque et les tentatives pour gérer le risque. La Gestion du risque social (SRM) est une nouvelle façon de considérer la pauvreté, le risque et la gestion du risque, qui a été récemment présentée dans le Document de Stratégie de Protection sociale de la Banque mondiale. La perspective de SRM traite de la façon dont les ménages vulnérables peuvent être aidés à mieux gérer les risques et à devenir moins susceptibles à des pertes de bien-être potentiellement dommageables.

Bien qu’il y ait un large consensus général sur les principes généraux liés à la vulnérabilité, les analystes de différentes disciplines ont tendance à employer différentes notions et significations de la vulnérabilité, ce qui a conduit à son tour à diverses méthodes pour définir et mesurer le risque et la vulnérabilité. La Banque mondiale progresse dans l’élaboration de définitions conceptuelles et opérationnelles de la vulnérabilité. Cependant, le but de ce document n’est pas d’arriver à quelque nouveau consensus sur la signification et la mesure de la vulnérabilité, ou de proposer de nouvelles approches analytiques. L’objectif de ce document est plutôt de fournir quelques notions fondamentales et des notes d’orientation afin d’organiser des idées et des informations pertinentes pour les évaluations de risque et de vulnérabilité. Plusieurs modèles sont fournis en annexe, ainsi qu’une liste de rapports achevés et en cours de la Banque mondiale qui étudient le risque et la vulnérabilité. Ce document devrait être considéré comme un “travail en cours” qui évoluera en même temps que la réflexion et les applications sur le risque et la vulnérabilité évoluent. Nous espérons que ce document stimulera la réflexion et les discussions sur le risque et la vulnérabilité, et aidera à faire avancer la formulation de définitions et de mesures qui peuvent être utiles à l’analyse politique et par conséquent à la conception, au contrôle et à l’évaluation de politique.

Les auteurs souhaitent remercier les personnes suivantes pour leur aide à la préparation de ce document : Robert Holzmann, John Blomquist et Emil Tesliuc de l’Unité de Protection Sociale. En outre, tous nos remerciements pour leurs remarques et suggestions précieuses à nos collègues Aline Coudouel, Maurizia Tovo, Laura Rawlings (Banque mondiale) et Catherine Porter (DFID), et Kalanidi Subbarao (Banque mondiale) et Jeff Alwang (Virginia Tech). Et merci à Kimberly Zellars qui a collationné la version finale.

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Table des matières

RÉSUMÉ...1

INTRODUCTION...3

Contexte ...3

Objectif du document...4

Organisation du document ...5

1. LE CADRE THEORIQUE : LES SOURCES DE VULNERABILITE...7

1.1 RISQUE ET EXPOSITION AU RISQUE... 11

1.2 REALISATION DU RISQUE... 11

1.3 GESTION DU RISQUE... 12

1.3.1 Gestion du risque à priori...12

1.3.2 Gestion du risque à posteriori ...14

1.3.3 Les acteurs de la gestion du risque : niveaux de formalités et d’intervention ...15

1.4 RESULTATS... 20

2. NOTES D’ORIENTATION POUR L’EVALUATION DES SOURCES DE VULNERABILITE ....22

2.1 UN APERÇU DU BIEN-ETRE DES MENAGES : IDENTIFIER LES GROUPES SOCIO-ECONOMIQUES DEFAVORISES DANS UN PAYS... 22

2.1.1 Information sur les actifs des ménages ...23

2.1.2 Information sur les indicateurs de bien-être ...24

2.2 L’EVALUATION DU RISQUE... 25

2.2.1 Identifier et catégoriser les risques...26

2.2.2 Exposition aux risques ...27

2.2.3 Corrélation des risques : événements idiosyncratiques versus covariants...29

2.2.4 Fréquence et timing des risques: événements répétés versus isolés ...30

2.2.5 Sévérité des chocs : chocs catastrophiques versus chocs non -catastrophiques...31

2.3 L’EVALUATION DE LA GESTION DU RISQUE... 32

2.3.1 Disponibilité des instruments de gestion du risque...33

2.3.2 Accès aux instruments de gestion du risque et leur utilisation par les groupes socio-économiques...33

3. EVALUATION DES SOURCES DE VULNERABILITE : ALLER DE L’AVANT...35

3.1 ECARTS ET DEFAUTS DES INSTRUMENTS EXISTANTS DE GESTION DU RISQUE... 35

3.2 HIERARCHISATION DES RISQUES ET/OU GROUPES SOCIO-ECONOMIQUES... 36

BIBLIOGRAPHIE...38

ANNEXE 1 : MODELES ...41

ANNEXE 2 : EXEMPLES DE PAYS ...54

ANNEXE 3 : TRAVAUX ACTUELS ET EN COURS SUR LES EVALUATIONS DE RISQUE ET DE VULNERABILITE A LA B ANQUE MONDIALE...58

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3 INTRODUCTION

Contexte

Dans de nombreux pays en voie de développement, des changements économiques, politiques et socia ux profonds se sont produits pendant les années 90. Ces changements concernent la décentralisation, la privatisation et la libéralisation politique et des marchés, les transformations technologiques et la globalisation, la restructuration économique et sociale.

De plus, beaucoup de pays en voie de développement ont subi de sérieux chocs économiques et naturels. Ces changements et ces chocs ont mis beaucoup de pression sur les dispositifs sociaux qui servaient traditionnellement de filets de sécurité informe ls. En même temps, les contraintes fiscales ont eu à tendance à entraîner des réductions des dépenses publiques consacrées aux services sociaux et aux programmes formels filets sociaux de sécurité. Etant donné les risques accrus et la capacité réduite à gé rer les risques1, de nombreux ménages pauvres expriment une préoccupation accrue quant à leur vulnérabilité perçue– comme l’ont montré les évaluations participatives entreprises pour les Voix des pauvres (Narayan, 2000).

Le dernier Rapport sur le Développement mondial (RDM) 2000/1 met en lumière l’interface entre la responsabilisation, la sécurité, les opportunités – et la pauvreté. Cette approche concernant la réflexion sur la pauvreté place les notions du risque et de sa gestion au centre du dialogue politique. En même temps, l’emploi du terme “vulnérabilité” a proliféré. Ce terme renvoie aux relations qui existent entre la pauvreté, le risque et les tentatives pour gérer le risque. La Gestion du risque social (SRM) est une nouvelle façon de considérer la pauvreté, le risque et la gestion du risque, qui a été récemment présentée dans le Document de Stratégie de Protection sociale de la Banque mondiale. La perspective de SRM traite la façon dont les ménages vulnérables peuvent être aidés à mieux gérer les risques et à devenir moins susceptibles à des pertes de bien-être potentiellement dommageables.

Voici quelques- uns des principes généraux liés à la notion de vulnérabilité: (a) elle est dynamique et définie comme la probabilité d’éprouver une perte dans le futur par rapport à

1 Dans les textes, certains auteurs indiquent des différences entre risque et incertitude, tandis que pour d’autres ils sont interchangeables. Dans ce document, on suppose qu’ils sont interchangeables, et que les risques sont des

“événements incertains” qui peuvent mener à des pertes de bien-être. Quand un risque se matérialise, il peut devenir un choc, et ainsi un choc réfère à un risque qui cause un effet négatif sur le bien-être “significatif” (par exemple, une perte de revenu importante ou des coûts importants liés à la maladie).

Gestion du risque social (SRM)

Holzmann et Jorgensen (1999) utilisent le terme “gestion du risque social” pour désigner la gestion sociale des risques – la façon dont la société gère les risques (et non comment gérer les risques sociaux). La SRM comprend le large éventail de stratégies de gestion du risque réactive et proactive, formelle et informelle utilisées par les individus, les communautés, les nations et les communautés de nations, y compris les actions des secteurs public, privé et informel. Dans une perspective de SRM, la protection sociale répond au problème de la façon dont les ménages vulnérables peuvent être aidés à mieux gérer les risques et à devenir moins susceptibles à des pertes de bien-être dommageables/nuisibles ?.

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un certain critère de bien-être, (b) un ménage peut être qualifié de vulnérable à une perte future de bien-être et cette vulnérabilité est causée par des événements incertains, (c) le degré de vulnérabilité dépend des caractéristiques du risque et de la capacité du ménage à répondre au risque, (d) la vulnérabilité dépend de la période au cours de laquelle un ménage peut être vulnérable aux risques au cours du mois suivant, de l’année suivante, etc.

et les réponses au risque se déroule nt dans le temps, et e) les pauvres et presque pauvres tendent à être vulnérables à cause de leur exposition aux risques et de leur accès limité aux actifs (au sens large) ainsi que de leurs capacités limitées pour répondre au risque (Alwang, Siegel et Jorgensen, 2001).

Bien qu’il y ait un large consensus global sur les principes généraux liés à la vulnérabilité, les analystes de différentes disciplines ont tendance à employer différentes notions et significations de la vulnérabilité, ce qui a conduit à son tour à diverses méthodes pour définir et mesurer le risque et la vulnérabilité (Alwang, Siegel et Jorgensen, 2001; Dercon, 2001).2 La Banque mondiale avance dans l’élaboration de définitions conceptuelles et opérationnelles de la vulnérabilité (par exemple, Pritchett, Suryahadi et Subbaro, 2000 ; Christiaensen, Boisvert et Hoddinott, 2000 ; Cunningham et Mahoney, 2000a, 2000b;

Mansuri et Healy, 2000 ; Coudouel, Hentschel et Wodon, 2001 ; Coudouel, Ezemenari, Grosh et Sherberne-Benz, 2001 ; Banque mondiale, 2001b). Cependant, le but de ce document n’est pas d’arriver à quelque nouveau consensus sur la signification et la mesure de la vulnérabilité, ou de proposer de nouvelles approches analytiques. L’objectif de ce document est plutôt de fournir quelques notions fondamentales et des orientations afin d’organiser des idées et des informations pertinentes pour les évaluations de risque et de vulnérabilité.

Objectif du document

La plus grande partie du travail d’élaboration de ce document a été réalisée au cours de l’été 2001, et en octobre 2001 une version préliminaire (Heitzmann, Canagarajah et Siegel, 2001)

2 Alwang, Siegel et Jorgensen (2001) comparent les approches de la définition et de la mesure du risque et de la vulnérabilité parmi plusieurs disciplines comprenant la dynamique de pauvreté, les moyens d’existence durables, la sécurité alimentaire, la gestion de catastrophe, l’environnement, et la santé/nutrition. Bien que ces disciplines aient diffé rents motifs pour définir et mesurer le risque et la vulnérabilité, elles peuvent fournir des indications sur l’identification des risques et des groupes vulnérables.

Notion de travail de la Vulnérabilité des ménages

Un ménage est dit vulnérable à une perte future de bien-être selon certaines normes socialement acceptées causées par des événements à risque. Le degré de vulnérabilité dépend des caractéristiques du risque et de la capacité du ménage de répondre au risque. La capacité de répondre au risque dépend des caractéristiques du ménage, notamment les actifs dont ils disposent. L’effet futur attendu est défini en fonction de certains critères spécifiés —un niveau de bien-être de référence minimum socialement accepté (par exemple un seuil de pauvreté, des normes de nutrition). La mesure de la vulnérabilité dépend aussi de l’horizon temporel: un ménage peut être vulnérable aux risques pendant le mois suivant, l’année suivante, etc. Ainsi, les ménages sont vulnérables à subir un effet indésirable, et cette vulnérabilité vient de l’exposition au risque.

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a été soumise au personnel de la Banque mondiale et distribuée à l’extérieur de la Banque. A la suite de quoi il a été décidé de faire quelques corrections et mises à jours mineures et d’éditer un Document de Discussion de la Protection Sociale formel. Ce document devrait être considéré comme un “travail en cours” qui évoluera en même temps que la réflexion et les applications sur le risque et la vulnérabilité évoluent. En outre, l’Unité de Protection Sociale de la Banque mondiale prévoit un rapport de suivi consacré aux approches analytiques et aux applications empiriques. Nous espérons que ce document stimulera la réflexion et les discussions sur le risque et la vulnérabilité, et aidera à faire avancer la formulation de définitions et de mesures qui peuvent être utiles à l’analyse politique et par conséquent à la conception, au contrôle et à l’évaluation de politique.

Organisation du document

Un cadre théorique sur les sources de vulnérabilité, utilisant la notion d’une “chaîne du risque”, est présenté et examiné dans la première partie du document. La seconde partie du document donne quelques notes d’orientation simples pour envisager l’identification des risques et des groupes à risque, et une évaluation des sources de vulnérabilité. Plusieurs

exemples sont présentés pour illustrer l’approche. En outre, il y a un ensemble de modèles présentés dans l’ANNEXE I qui aident à identifier les types de données quantitatives et

Information existante sur le risque et la vulnérabilité

Il y a une importante quantité d’information disponible sur de nombreux aspects du risque et de la vulnérabilité dans quelques analyses standards de la Banque mondiale. Par exemple, la Banque mondiale dis pose d’une vaste gamme d'Activités Analytiques et de Conseil (AAA) pour soutenir ses objectifs de développement. Entre autres, les pays clients bénéficient d’un programme sur mesure de travail économique et de secteur (ESW) orienté sur leurs défis spécifiques de développement. Le ESW examine les perspectives économiques d’un pays, comprenant par exemple ses secteurs financier et bancaire, le commerce, la pauvreté, et les problèmes de filet de sécurité. Les rapports parmi les plus importants sont : les évaluations de pauvreté (qui examinent le profil de pauvreté, ainsi que les politiques et les institutions d’un pays en termes de réduction de pauvreté), les rapports sur les dépenses publiques (qui évaluent le rôle du secteur public en termes de services de financement, d’offre ou de régulation), ou les rapports sur le secteur social (qui identifient essentiellement les priorités stratégiques de politique pour la réduction de la pauvreté et le développement humain en se basant sur une évaluation de la structure et de la politique du secteur social).

On peut trouver d’autres informations dans des enquêtes, comme des données tirées d’une Etude de mesure des niveaux de vie (LSMS), et des données du recensement national ou des enquêtes sur les ménages. Les résultats de ces rapports constituent la base des stratégies d’assistance aux pays (CAS), des programmes d’investissement gouvernementaux et des projets soutenus par les prêts de la BIRD et de l’IDA. En outre, la nouvelle initiative pour préparer les Documents de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (PRSP) pour les pays pauvres fortement endettés (HIPC) a généré des orientations et des outils (par exemple, le Livre source de PRSP)qui aident à la fois à l’organisation de l’information sur le risque et la vulnérabilité et à la conception des politiques et des programmes appropriés afin de mieux gérer le risque et de réduire la vulnérabilité. Ces rapports peuvent fournir des informations abondantes qui peuvent être utilisées pour une évaluation de risque et de vulnérabilité. Un objectif majeur de ce document est d’aider à identifier les types d’information nécessaires à partir des rapports existants et de fournir un cadre pour l’organisation et l’analyse de cette information sur les sources de risque et de vulnérabilité.

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qualitatives et les informations générales utiles, et l’ANNEXE II présente quelques applications réelles de pays. La troisième partie du document comprend une courte discussion de la façon de laquelle les analystes et/ou les responsables politiques peuvent utiliser les informations collectées pour examiner les instruments existants de gestion du risque et proposer les changements et les réformes qui pourraient aider les pauvres à mieux gérer le risque. L’ANNEXE III présente une vue d’ensemble de quelques travaux récemment achevés et en cours à la Banque mondiale sur les évaluations de risque et vulnérabilité.

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1. Le cadre théorique : les sources de vulnérabilité

Quelles sont les sources de vulnérabilité ? Dans ce document, nous postulons que la vulnérabilité des ménages3 peut être décomposée en plusieurs parties d’une “chaîne du risque” : (a) le risque, ou événements incertains, (b) les options de gestion du risque, ou réponses au risque et (c) l’effet le résultat en termes de perte de bien-être. L’Encadré 1 et la Figure 1 illustrent la chaîne du risque.

Les ménages sont exposés aux risques. S’ils se matérialisent, ils peuvent entraîner des effets adverses, laissant les ménages plus vulnérables qu’avant pour gérer les risques futurs. Que cela se produise ou non dépend des actifs des ménages, des risques auxquels ils sont exposés, des caractéristiques des risques, une fois qu’ils sont réalisés, et des réponses des ménages à ces défis. La réduction de la vulnérabilité exige donc une meilleure compréhension des risques et de l’exposition aux risques, des résultats qui sont susceptibles d’être provoqués par les chocs et des moyens les plus efficaces (et des dispositifs) de gestion des risques, qui ne sont pas moins dépendants des actifs d’un ménage (Alwang, Siegel et Jorgensen, 2001, p.2).

4 A son tour, la vulnérabilité dépend aussi de l’existence (ou de l’absence) des marchés pour les actifs, étant donné qu’ils sont d’une utilité restreinte s’ils ne peuvent pas être mobilisés efficacement pour gérer les risques.

La vulnérabilité a comme point de départ une notion de risque. Le risque est caractérisé par une distribution aléatoire connue ou inconnue d’événements. Tous les individus, les ménages, les communautés ou les nations font face à de multiples risques de différentes sources, qu’ils soient naturels (par ex., les tremblements de terre, la maladie) ou fabriqués par l’homme (par ex., le chômage, la dégradation de l’environnement, la guerre). Ces risques ne peuvent pas être empêchés, ou – s’ils se matérialisent– ils touchent les individus, les communautés et/ou les régions de façon imprévisible. Ces événements aléatoires sont eux- mêmes caractérisés par leur amplitude (à savoir leur dimension et leur étendue), leur fréquence et leur durée ainsi que leur histoire, tous ces facteurs affectant la vulnérabilité d’un ménage au risque. Un choc est un événement à risque qui peut causer des impacts négatifs significatifs. 5 Des actions sociales peuvent réduire le risque et ainsi diminuer potentiellement le dommage associé aux chocs.

3 L’objectif de ce document est la vulnérabilité des ménages. Il est clair que la vulnérabilité des individus au sein d’un ménage et les dynamiques internes au ménage peuvent être décisives si l’on veut comprendre la vulnérabilité des ménages. De plus, les risques ne menacent pas seulement les individus et les ménages, mais aussi des communautés, des régions ou des nations. L’accent sera mis sur la façon dont les risques à d’autres niveaux ont un impact sur les ménages.

4 La façon dont un choc est transmis aux ménages –et la façon dont les ménages sont capables d’y répondre - dépend, en plus des actifs des ménages, des actifs des communautés des régions et des nations, ainsi que des institutions, lois, réglementations et politiques des pays (voir Moser, 1998 ; Siegel et Alwang, 1999 ; Rakodi, 1999).

5 Lorsqu’on parle de chocs, qu’est-ce qu’un “impact négatif significatif” ? Ceci doit être établi en réalité par les analystes et les responsables politiques. Mais il est clair qu’un événement à risque qui peut causer une perte de bien-être de 50% peut être considéré comme un “choc”, et pour beaucoup de ménages frôlant le seuil de pauvreté, un impact négatif de bien-être de 20 à 50% peut être considéré comme un choc.

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Les ménages peuvent répondre aux risques, ou les gérer, de plusieurs façons. Les ménages utilisent des instruments de gestion du risque formels et informels en fonction de leur accès à ces instruments. La gestion du risque comprend des actions à priori et àposteriori. Les actions à priori sont entreprises avant qu’un événement à risque ait lieu et la gestion à posteriori est effectuée après sa réalisation. La réduction du risque à priori peut soit réduire le risque (par exemple l’éradication des moustiques porteurs de la malaria) soit diminuer l’exposition aux risques (par exemple les cachets contre la malaria, les moustiquaires). Il est également possible pour un ménage d’entreprendre des actions d’atténuation du risque qui offrent une compensation en cas de perte comme un contrat d’assurance. L’atténuation du risque comprend des réponses formelles et informelles aux pertes attendues, telles que l’auto- assurance (comme l’épargne de précaution), la construction de réseaux sociaux et l’assurance formelle basée sur l’expansion de la mise en commun du risque. Les activités à posteriori pour faire face au risque sont des réponses qui ont lieu après qu’un événement à risque se soit réalisé et elles comportent des activités pour traiter les pertes réalisées, comme la vente de actifs, le retrait des enfants de l’école, la migration de certains membres de la famille, la recherche d’un emploi temporaire. Certains gouvernements fournissent des filets de sécurité formels, comme les programmes de travaux d’utilité publique et l’aide alimentaire, qui aident les ménages à faire face au risque.

Les ménages se voient souvent confrontés à des contraintes pour adopter des pratiques efficaces de gestion du risque. Ces contraintes sont liées à des problèmes d’information asymétrique, à des marchés financier et d’assurance incomplets ou absents, à l’incapacité de fournir des efforts d’atténuation informels due à des risques covariants6, et à leur exclusion de réseaux sociaux (Holzmann et Jorgensen, 1999 ; 2000). Des mesures politiques peuvent réduire ou éliminer certaines contraintes, mais d’autres peuvent exiger des moyens alternatifs de gestion du risque car le coût de ces mesures peut excéder leurs bénéfices. Pour un ménage en particulier, l’ensemble des options disponibles pour la gestion du risque est déterminé par ses actifs, au sens large du terme (voir Moser, 1998 ; Siegel et Alwang, 1999 ; Rakodi, 1999 ; Dercon, 2001).

Le risque, combiné aux réponses du ménage, mène au résultat. Ainsi on dit qu’un ménage est vulnérable au risque ou vulnérable à un résultat. L’ampleur, le timing et l’historique des risques et des réponses au risque aident à déterminer le résultat. Un ménage peut être capable d’atténuer ou de réagir à un risque ou à un ensemble de risques à un moment donné (par exemple une baisse saisonnière de revenu), mais le processus peut résulter en une capacité limitée de gérer le risque dans les périodes suivantes, en particulier quand les actifs sont dégradés (voir Holzmann et Jorgensen, 1999 ; 2000 ; Siegel et Alwang, 1999).

Le résultat du risque et du processus de réponse au risque, en termes de perte de bien-être relative à un critère donné, est un point d’intérêt majeur pour la politique sociale. Pour rendre utile la notion de vulnérabilité, un indicateur minimum socialement accepté devrait être

6 Les risques covariants sont des risques qui ont un impact sur de nombreu x individus ou ménages

simultanément, comme par exemple des catastrophes naturelles, par opposition à des risques idiosyncratiques qui sont individuels ou spécifiques à un ménage, comme par exemple la maladie.

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convenu pour chaque effet. Pour la vulnérabilité à la pauvreté de consommation, par exemple, nous pouvons utiliser un seuil de pauvreté. La vulnérabilité à la malnutrition peut être définie en termes d’un standard nutritionnel minimum ou d’un indice de valeur anthropométrique. Alors qu’il est possible de mesurer les pertes à posteriori, comme la perte de bien-être, les niveaux de consommation inférieurs au seuil de pauvreté, la perte de actifs et leur valeur, l’augmentation de la malnutrition, les violences physiques subies, etc., ce sont seulement les résultats statiques d’un processus continu de risques et de réactions. La vulnérabilité est l’état continu d’anticipation de résultats attendus, la probabilité de tomber au-dessous d’un indicateur repère de bien-être dans le futur7 . C’est-à-dire que les pertes de bien-être à posteriori ne sont ni nécessaires ni suffisantes pour l’existence de la vulnérabilité, car la vulnérabilité est seulement associée aux pertes de bien-être qui placent un ménage au- dessous d’un niveau minimum socialement défini. Ainsi, aussi bien les ménages pauvres que non pauvres peuvent être vulnérables à un point donné dans le temps. 8 La vulnérabilité est l’état d’anticipation de résultats attendus, qui sont eux- mêmes déterminés par les actifs d’un ménage, la corrélation, la fréquence et le timing, ainsi que la sévérité des chocs et par les instruments de gestion du risque appliqués.

Différentes disciplines tendent à concentrer leur attention sur différentes parties de la chaîne du risque, avec moins d’attention sur la réponse au risque (Alwang, Siegel et Jorgensen, 2001). C’est parce que la réponse au risque est la partie de la chaîne du risque la plus difficile à identifier et à quantifier, et qu’elle est très spécifique au ménage. Par contre, il existe souvent des données et des statistiques sur les différents types de risques (et éventuellement sur l’exposition aux risques), ainsi que sur les résultats. La plus grande disponibilité d’informations sur les risques et les résultats peut être quelque peu utile pour tenter d’effectuer certaines parties d’une évaluation de risque et de vulnérabilité, mais le manque d’informations détaillées sur les réponses au risque limite la possibilité de réaliser une évaluation de risque et de vulnérabilité complète.

Encadré 1 : Risque et vulnérabilité : la “chaîne du risque”

Risque + réalisation du risque (choc descendant)

Vulnérabilité Gestion du risque

Résultat (attendu) (pauvreté, privations) La vulnérabilité peut être décomposée en trois parties d’une “chaîne du risque”:

(a) Risque et réalisation du risque : le risque est une distribution aléatoire d’événements qui – s’ils se concrétisent (s’ils deviennent des chocs descendants ?) – peuvent causer une perte de bien-être.

7 Comme nous l’avons déjà mentionné, différents indicateurs repères peuvent être utilisés. Le seuil de pauvreté, basé sur le revenu ou le niveau de consommation, est un exemple logique (voir Dercon, 2001, pour d’autres exemples).

8 A vrai dire, il est démontré que de nombreux ménages entrent et sorten t de la pauvreté au cours d’une année et sur plusieurs années. Il est probable que les ménages pauvres chroniques puissent être plus vulnérables (ayant une plus forte probabilité de passer au-dessous du seuil de pauvreté) qu’un ménage pauvre temporairement ou qu’un ménage non pauvre.

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Réduction du risque

Diminuer l'exposition au risque

Atténuation du risque mitigation

Faire face

Cette perte peut, par exemple, être suffisamment importante pour pousser des ménages non pauvres au-dessous du seuil de pauvreté, ou des ménages pauvres plus profondément dans la pauvreté.

(b) Gestion du risque : la gestion du risque, ou réponse au risque, comprend toutes les actions entreprises pour répondre aux risques, chocs et effets adverses générés. La gestion du risque peut être appliquée avant qu’un risque ne se matérialise (gestion du risque à priori), ou après qu’il se sera matérialisé (gestion du risque à posteriori).

(c) Résultat : le choc ainsi que les réponses au risque mènent résultat. L’résultat est le changement en matière de bien-être qui résulte de la réalisation du risque – le choc – et de la réussite ou de l’échec des instruments de gestion du risque util isés.

La vulnérabilité est l’état d’anticipation des résultats attendus ?, qui sont eux-mêmes déterminés par la corrélation, la fréquence et le timing ? de risques réalisés et de réponses au risque. Les ménages sont vulnérables si un choc est susceptible d e les pousser au-dessous (ou encore plus bas) d’un seuil de bien-être prédéfini (par ex., le seuil de pauvreté).

Source : les auteurs

Figure 1 : la “chaîne du risque”

Risque

(voir section 1.1)

Exposition au risque (voir section 1.1)

Gestion du

risque à priori

(voir section 1.3)

Réalisation du risque (Choc) (voir section 1.2)

Gestion du risque à posteriori (voir section 1.3)

Résultat des chocs antérieurs : à priori : résultat attendu : vulnérabilité

résultats réalisés : par ex., pauvreté à posteriori : résultat réalisé : par ex., pauvreté + actifs des ménages (voir section 1.4)

passé présent futur Source : Auteurs

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11 1.1 Risque et exposition au risque

La vulnérabilité commence par une notion de risque. Le risque se caractérise par une certaine distribution de probabilité d’événements incertains. Les principaux exemples de risques (voir encadré 2) sont les risques naturels, les risques de la santé, les risques économiques, les risques du cycle de vie, les risques sociaux, les risques politiques et environnementaux.

Le fait que des individus, des ménages, des communautés, des régions, des nations ou des entités plus importantes soient concrètement exposés aux risques (ou : prédisposés aux risques) dépend de divers facteurs. Par exemple, l’exposition aux risques de santé dépend – parmi des facteurs plus larges, comme des épidémies dans un pays – aussi de la santé et de la condition nutritionnelle existantes des individus, de leurs actifs matériels tels que le

logement, l’infrastructure et l’emplacement du foyer, ainsi que de leur information et de leur comportement, car tous ces facteurs (parmi d’autres) déterminent leur exposition à ce type de risque.

Encadré 2 : Exemples de risques par catégories

Catégories de risques Exemples de risques

Risques naturels par ex., fortes pluies, glissements de terrain, éruptions volcaniques, tremblements de terre, inondations, ouragans, sécheresses, vents forts, etc.

Risques de santé par ex., maladie, blessure, accidents, invalidité, épidémies (par ex., malaria), fa mines, etc.

Risques du cycle de vie

par ex., naissance, maternité, vieillesse, rupture familiale, décès, etc.

Risques sociaux par ex., crime, risques domestiques, violence, terrorisme, gangs, guerre, bouleversement social, etc.

Risques économiques par ex., chômage, mauvaise récolte, faillite, reclassement, effondrement de la production, balance des paiements, crise financière, crise monétaire, chocs technologiques ou marché-induits aux termes de l’échange, etc.

Risques politiques par ex., discrimination, émeutes, troubles politiques, coup d’état, etc.

Risques

environnementaux

par ex., pollution, déforestation, dégradation de la terre, catastrophe nucléaire, etc.

Source : Auteurs, basé sur Holzmann et Jørgensen, 2000.

1.2 Réalisation du risque

La seule existence du risque ne génère pas des résultats adverses. C’est seulement si le risque se matérialise, c’est-à-dire si le risque devient un choc, qu’il affecte le bien-être des ménages.

Les chocs peuvent être caractérisés par leur corrélation, leur fréquence et leur timing, et leur sévérité – qui affectent tous la vulnérabilité des ménages. Il est important de souligner qu’ici nous nous intéressons aux chocs susceptibles de porter atteinte au bien-être, c’est-à-dire aux chocs qui ont des côtés négatifs. Dans ce contexte, les risques et les chocs constituent donc des menaces, plutôt que des opportunités, pour les ménages. Par exemple, nous sommes préoccupés par le risque (et la gestion du risque) de l’échec économique, mais non par le risque (et la gestion du risque) de la réussite économique. Cette distinction est importante puisque un des aspects importants du développement économique est d’encourager un

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12

comportement de prise de risques pour échapper de pièges de pauvreté (cf. Holzmann et Jorgensen, 2000 ; Siegel et Alwang, 1999).

1.3 Gestion du risque

Les individus et les ménages jouent un rôle actif et vital lorsqu’il s’agit de gérer les risques.

Leurs choix sont clairement réduits si (i) si les instruments de gestion du risque ne sont pas disponibles (par exemple si les assurances ou les marchés (viables) de capitaux n’existent pas), (ii) si on leur refuse l’accès aux instruments existants (par exemple l’accès à l’assurance), ou (iii) s’ils n’utilisent pas les instruments existants pour d’autres raisons, comme si par exemple si un instrument est trop coûteux (par exemple des primes d’assurance ou taux d’intérêt élevés), ou si le ménage manq ue d’informations sur la valeur d’un instrument spécifique (par exemple la vaccination)).

Il est possible de séparer la gestion du risque en stratégies à priori et à posteriori (Holzmann et Jørgensen, 2000). Les actions à priori sont entreprises avant qu’un risque ne se matérialise, et une gestion à posteriori a lieu après sa réalisation (Encadré 3).

Encadré 3 : stratégies de gestion du risque : objectifs et points clés

Gestion du risque à priori, c’est-à-dire actions entreprises avant que le risque ne se matérialise Réduction du risque Prévient ou réduit le risque

Réduction de

l’exposition au risque

Réduit l’exposition au risque

Atténuation du risque Offre une compensation pour la perte attendue

Gestion du risque à posteriori, c’est-à-dire actions entreprises après que le risque ne se matérialise Réaction au risque Réagit aux pertes réalisées causées par les chocs

Source : Auteurs

1.3.1 Gestion du risque à priori

La gestion du risque à priori consiste en trois stratégies différentes:

(a) Prévention ou réduction du risque – actions entreprises pour éliminer ou réduire les évènements à risque ;

(b) Prévention ou réduction de l’exposition au risque – étant donné l’existence de risques, il y a des actions pour prévenir ou réduire l’exposition à de tels risques, et (c) Atténuation du risque – actions qui peuvent être entreprises a priori pour fournir une

compensation en cas de pertes causées par un risque (par exemple contrats sociaux, maintien d’actifs, achat d’assurance).9

9 L’atténuation du risque peut être considérée comme un arrangement contractuel a priori (soit formel ou informel) qui spécifie quelque compensation pour les pertes, tandis que la réaction aux risques comprend les actions des ménages en réponse à un événement à risque. Puisque l’atténuation du risque en général ne fournit qu’une compensation partielle des pertes, les ménages doivent avoir recours à d’autres moyens pour compenser les pertes qui restent.

(15)

13

Prenons comme exemple le cas de la malaria pour illustrer ces différentes stratégies (Encadré 4): diverses actions peuvent être entreprises pour éliminer les moustiques qui sont les porteurs de la malaria, ou pour détruire leurs lieux de reproduction (réduction du risque). De plus, les individus peuvent prendre des médicaments contre la malaria, utiliser des moustiquaires, des serpentins, ou déménager vers des zones plus sèches afin de réduire leur exposition à la malaria transmise par les moustiques. L’atténuation du risque (comme par exemple par l’assurance médicale) offrirait une compensation pour les pertes de bien-être attendues associées avec le fait de contracter la malaria. Par exemple, les ménages pourraient obtenir une assurance maladie couvrant divers coûts liés à la maladie comme par exemple les médicaments.

Encadré 4 : Stratégies de gestion du risque par différents niveaux d’inte rvention pour gérer les risques de santé liés à la malaria transmise par les moustiques Gestion du risque à priori à réduit le risque de contracter la malaria

Option* (a): Eliminer les moustiques porteurs de la malaria ou détruire leurs lieux de reproduction.

Niveaux d’intervention:

Micro niveau : appliquer des insecticides, supprimer l’eau stagnante, et améliorer le traitement de l’eau et l’assainissement. Ces mesures ont une efficacité limitée, en partie due à des externalités associées à des actions individuelles.

Meso niveau : comme au niveau du ménage, mais l’action du groupe est potentiellement plus efficace grâce à l’internalis ation des ext ernalités.

Macro niveau : fournit une information sur le risque et les moyens de traiter le problème. Organise et finance une campagne d’information ou de vaporisation .

Niveau global :comme les niveaux régional et national, fournit connaissance et fonds. Note: aussi politiques internationales, par ex., interdire les insecticides peut affecter la capacité au niveau inférieur de réduire le risque.

Option* (b): Réduire l’exposition (ou sa probabilité) à la malaria due aux moustiques.

Niveaux d’intervention:

Micro niveau: prendre des médicaments contre la malaria, utiliser des moustiquaires, des serpentins.

Ou bien le ménage peut déménager vers les hauteurs ou des régions plus sèches pour réduire l’exposition.

Meso niveau: construire l’infrastructure pour la distribution de médicaments; fournir l’information.

Macro niveau: campagne d’information pour encourager l’utilisation de médicaments pour la malaria, les moustiquaires, etc. Subventionner les actions des ménages et de la communauté.

Niveau global:comme les niveaux régional et national.

Gestion du risque à priori à atténue les pertes de bien-être subies en contractant la malaria Option* (c): mener des actions pour atténuer les impacts négatifs (offrir une compensation pour les pertes de bien-être attendues, par ex. pertes de revenus) associés à la malaria.

Niveaux d’intervention:

Micro niveau: contracter une assurance maladie couvrant le traitement de la malaria, contracter une assurance couvrant la perte d’emploi due à la malaria, détenir une épargne pour couvrir les pertes de revenu, cultiver un capital social pour l’assistance, apprendre aux enfants à aider aux tâches du ménage et emploi au cas où le chef de famille contracte la malaria ou des membres du foyer doivent donner des soins.

Meso niveau: assistance sociale basée sur le “ contrat social ”pour aider les ménages affectés par la malaria; construire et soutenir des centres de soins.

Macro niveau: fournir un cadre juridique et institutionnel pour soutenir les actions du ménage pour l’atténuation (par ex. institutions financières et d’assurance).

Niveau global: fournir des services internationaux financiers et d’assurance pour fournir une compensation pour les pertes de revenus liés à la malaria.

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14

Gestion du risque à posteriori à fait face aux pertes de bien-être subies après avoir contracté la malaria

Option* (d): mener des actions pour faire face aux impacts négatifs associés au fait de contracter la malaria, à savoir offrir une compensation pour les pertes de bien-être réalisées (par ex. pertes de revenus) Niveaux d’intervention:

Micro niveau:acheter des médicaments et traitements contre la malaria. Repos à la maison et aide des membres du foyer; faire travailler d’autres membres du foyer (retirer les enfants de l’école);

après la guérison, travailler davantage pour récupérer les pertes de revenus; possibilité de ventes de actifs pour maintenir les niveaux de consommation.

Meso niveau: assistance sociale ad hoc pour la perte de revenu et les frais liés à la maladie.

Macro niveau: assistance sociale pour la perte de revenu et les frais liés à la maladie.

Niveau global: assistance sociale pour la perte de revenu et les frais liés à la maladie.

*Les options de réponses à la malaria due aux moustiques dépendent de nombreux facteurs, notamment les actifs du ménage et de la communauté.

Source : adapté de Siegel, Alwang et Canagarajah., 2001, p.45

1.3.2 Gestion du risque à posteriori

Réagir au risque à posteriori comprend les réponses qui sont faites après qu’un risque se soit matérialisé, par exemple une fois qu’un individu a réellement contracté la malaria. Réagir implique des activités pour traiter les pertes réalisées (ou: réelles), par exe mple en vendant des actifs, en recherchant des prêts “d’urgence” (auprès de parents, d’amis, ou de banques), en retirant les enfants de l’école, en émigrant, en cherchant un emploi temporaire, etc. Parfois les gouvernements fournissent des filets de sécurité formels, par exemple des programmes de travaux publics, une aide alimentaire, et autres types de trans ferts pour aider certains ménages et individus à réagir aux résultats adverses des risques. Il n’y a pas de règles générales qui déterminent à priori quelles stratégies de gestion du risque sont préférables à d’autres.10 Les mesures à priori permettent aux ménages d’éliminer ou de réduire les risques, de diminuer l’exposition au risque, ou d’atténuer les pertes attendues (voir aussi Figure 1), tandis que les instruments de gestion du risque à posteriori répondent seulement aux pertes réalisées liées aux risques. Ce qui suggère que des mesures à priori puissent être préférables, par exemple des mesures de réduction de risque. Quelle que soit la stratégie adoptée pour répondre aux événements à risques, une variété d’instruments différents est disponible au sein de chaque stratégie – dont chacun a des effets différents sur le bien-être, et peut augmenter ou diminuer la vulnérabilité dans le temps. Par exemple, une possibilité pour les ménages de faire face à une perte de revenus est de recourir au travail des enfants pour augmenter le revenu du foyer. Ceci peut, cependant, augmenter la vulnérabilité des enfants, alors qu’une stratégie différente, par exemple l’aide publique, en même temps qu’une stratégie d’atténuation progressiste, pourrait avoir moins d’effets négatifs sur leur vulnérabilité.

Cependant, à long terme, les ménages devraient être encouragés à prendre des risques, plutôt que de les réduire. Prendre des risques, et même des risques élevés avec des rendements

10 Il y a cependant quelques témoignages que les stratégies de gestion du risque sont en effet des solutions préférables (DeFerranti, et al., 2000)

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15

élevés, est une condition nécessaire pour la croissance (Banque mondiale, 2000c).

Cependant, des problèmes potentiels liés au risque moral doivent être reconnus en développant les capacités de gestion du risque. Cependant, en choisissant un mélange de réponses au risque, on doit tenir compte des nombreuses inter-corrélations entres les différents types d’instruments et de stratégies de gestion du risque. Pour ne citer qu’un exemple: les études sur les assurances (par exemple Williamson, Smith and Young, 1995) suggèrent une conduite morale à risque11 lorsqu’une compensation, comme les indemnités d’assurance, est accordée en cas de perte. Tandis que les instruments d’atténuation réduisent ainsi la vulnérabilité des personnes aux effets adverses, ce type de réponse au risque peut en réalité accroître leur exposition au risque (et causer ainsi un échec d’assurance). Par exemple, des individus qui obtiennent une assurance contre les accidents, peuvent avoir tendance à devenir moins prudents en ce qui concerne les risques couverts, et accroître réellement leur exposition au risque parce qu’ ils seront – du moins en partie – indemnisés pour la perte attendue.

1.3.3 Les acteurs de la gestion du risque : niveaux de formalités et d’intervention

Les acteurs de la gestion du risque sont les individus et les ména ges, les communautés, les réseaux sociaux, les ONG, le secteur public (au niveau local, régional et national), les entreprises qui s’appuient sur le marché, les bailleurs de fonds ou les organisations internationales (pour plus d’information sur le groupe d’acteurs potentiels, voir Holzmann et Jørgensen, 2000). Tous jouent un double rôle : (i) ils sont exposés aux risques et doivent les gérer, c’est-à-dire qu’ils réclament des instruments de gestion du risque, et (ii) ils fournissent (et/ou financent) la gestion du risque, c’est-à-dire qu’ils en fournissent les instruments12. Pour tenir compte des différences et interrelations entre les divers acteurs, ils peuvent être classés selon (i) leur niveau de formalité, et (ii) leur niveau d’intervention (voir Encadré 5).

Encadré 5 : Les acteurs de la gestion du risque par niveaux de formalités et d’intervention

Niveaux de formalité Niveaux

d’intervention

Privé informel Privé formel Public

micro Individus, ménages Compagnies basées sur le marché

--

meso Communautés, ONG Compagnies basées sur le

marché, bailleurs de fonds, organisations

internationales, ONG

Gouvernements locaux ou régionaux

11 Une conduite morale à risque décrit les effets d’une assurance sur les motivations d’un individu d’empêcher une perte qui est réduite quand une assurance existe pour couvrir la perte.

12 Les raisons pour fournir des instruments de gestion du risque diffèrent selon les acteurs. Les ménages et les communautés fournissent en général des instruments de gestion du risque sans rechercher un in térêt, tandis que les organisations qui s’appuient sur le marché veulent réaliser du profit. Les organis ations publiques sont engagées pour compenser les faillites (risque) du marché (par ex., elles fournissent une assurance, si les marchés de l’assurance privés n’existent pas ou ne fonctionnent pas correctement), ou pour atteindre des objectifs distributionnels (Devarajan et Hammer, 1998).

(18)

16

macro ONG Compagnies basées sur le

marché, bailleurs de fonds, organisations

internationales, ONG

Gouvernement national

global ONG Compagnies basées sur le

marché, bailleurs de fonds, organisations

internationales, ONG

Gouvernement supranational (par ex., UE, OIT, ONU) Source : Auteurs

Les dispositifs informels privés (tels que le mariage, l’entraide, l’épargne sous forme d’actifs immobiliers, etc.) sont des réponses au risque qui reflètent l’autoprotection par les individus, les ménages ou les communautés par des dispositifs informels/personnels13. Les dispositifs formels privés (tels que les actifs financiers ou les contrats d’assurance) exigent des institutions de marché performantes (comme une banque centrale, un système bancaire, des marchés des valeurs mobilières et des compagnies d’assurance) ou autres organisations formelles privées (par ex., des ONG, des organisations de bailleurs de fonds, des organisations internationales). Les dispositifs fournis ou imposés publiquement, comme l’assurance sociale, les transferts ou travaux publics, sont parfois fournis au cas où les dispositifs privés formels ou informels sont interrompus, sont dysfonctionnels ou n’existent pas.

Outre le niveau de formalité, les acteurs de la gestion du risque peuvent être différenciés selon les niveaux auxquels ils opèrent14 (voir Encadré 6 et 7). Les ménages gèrent en général les risques à un micro niveau, les communautés à un méso niveau, les gouvernements à un macro niveau, etc. Plusieurs acteurs peuvent cependant gérer les risques à différents niveaux, par ex., les institutions publiques peuvent intervenir à un méso (par le biais de leurs gouvernements locaux) ou à un macro niveau (par le biais du gouvernement national).

En général, toutes les actions menées par différents acteurs à différents niveaux affectent le risque et la vulnérabilité à d’autres niveaux ou les actions menées par d’autres acteurs (voir Holzmann et Jørgensen 2000; Siegel et Alwang, 1999). Dans de nombreux cas, la pratique préférable de gestion du risque sera une combinaison de plusieurs instruments, fournis par plusieurs acteurs à différents niveaux d’intervention. Par exemp le, la gestion des risques de santé pourrait être renforcée par une assurance de santé, et/ou par une couverture sanitaire étendue, une meilleure vaccination, une éducation de la communauté à la santé, etc.

13 La signification de ce type de dispositif est, par exemple, évidente pour la protection sociale, étant donné que mo ins du quart de la population mondiale a accès à des programmes formels de protection sociale (Banque mondiale, 2001:9).

14Cette distinction devient pertinente, car des actions de gestion du risque entreprises à des niveaux

institutionnels plus élevés peuvent diminuer ou augmenter le risque, ou renforcer ou affaiblir les capacités de gestion du risque à des niveaux inférieurs. Par ex., les choix d’économie politique du gouvernement peuvent augmenter ou diminuer le risque de chômage des individus. De la même façon, si le gouvernement d’un pays organise une campagne de pulvérisation à l’échelle nationale pour éliminer les moustiques, les ménages gèreront ce risque différemment que si cette intervention n’existait pas.

(19)

17

Le rôle du secteur public dans la gestion du risque est un rôle clé. Les gouvernements peuvent, par exemple, fournir des options de réduction de risque très efficaces, par exemple par des lois et réglementations (lois contre le travail des enfants, contre la discrimination), ou par des campagnes d’information et d’éducation (par ex., des programmes de prise de conscience du VIH/SIDA). Le rôle du gouvernement est cependant souvent ambigu, car les interventions publiques peuvent évincer les pratiques de gestion du risque privées (Devarajan et Hammer, 1998). Aussi, les interventions du secteur public doivent suivre une certaine logique (par ex. échec du marché, redistribution). Cependant, de nombreux ménages vulnérables ne peuvent pas s’offrir le “luxe” de consacrer des ressources peu abondantes à la réduction ou à l’atténuation de risque– et dépendent des interventions du secteur public pour les aider à réagir aux risques à posteriori..

Encadré 6 : Exemples d’instruments de gestion du risque classés par stratégies de gestion du risque et par niveau de formalité des acteurs de la gestion du risque

Privé informel (principaux acteurs : individus, ménages, communautés, ONG)

Privé formel (compagnies d’assurance,

institutions du marché financier)

Public

(gouvernement, bailleurs de fonds, org. internationales) Réduction du risque

Production moins risquée

Migration

Pratiques correctes d’alimentation et de sevrage

Hygiène et autres activités de prévention de la maladie

Formation interne

Connaissance du marché financier

Normes de travail basées sur l’entreprise et le marché

Bonnes politiques macroéconomiques

Formation préalable

Politiques de marché du travail

Normes de travail

Réduction du travail des enfants

Politiques d’invalidité

Prévention du SIDA / des maladies

Atténuation du risque

Emplois mu ltiples

Investissement en actifs

Investissement en capital social

Mariage/famille

Dispositifs communautaires

Métayage

Travail à condition

Famille élargie

Contrats de travail

Investissement dans des actifs financiers multiples

Micro finance

Pensions de v ieillesse

Assurance invalidité, accident, et autre (par ex.

assurance de la récolte)

Systèmes de retraite

Transferts de actif

Protection des droits à la propriété (spéc. pour les femmes)

Soutien de marchés financiers pour les pauvres

Assurances chômage, vieillesse, invalidité, maladie,…

obligatoires/fournies Réaction au risque

Vente d’actifs immobiliers

Emprunts auprès des voisins

Transferts/charité intra-

Vente d’actifs financiers

Emprunts auprès des banques

Aide aux victimes de catastrophes… ?

Transferts/aide sociale

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18

communautaire

Envoi des enfants au travail

Diminution du capital humain

Migration saisonnière/temporaire

Subventions

Travaux publics

Source : adapté de Holzmann et Jørgensen, 2000: Tab. 3.1, pg. 17.

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