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Le projet e-helvetica de la Bibliothèque nationale suisse 1

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Département fédéral de l'intérieur DFI Office fédéral de la culture OFC Bibliothèque nationale suisse BN

Le projet e-Helvetica de la Bibliothèque nationale suisse

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Elena Balzardi

Cheffe de la Section Collection et cheffe du projet e-Helvetica Bibliothèque nationale suisse

Information électronique: archivage de longue durée

Il y a quelques années, si vous confrontiez votre interlocuteur à l’idée que les bibliothèques patrimoniales devaient conserver à long terme des parties de l’information publiée dans l’Internet, ce dernier, incrédule, secouait la tête ou vous adressait un sourire compatissant.

Les arguments étaient presque toujours les mêmes : un tel projet n’était pas réalisable et ne présentait aucun intérêt pour les générations futures, le charme de l’Internet étant justement sa nature éphémère. De plus, un tel projet était techniquement impossible.

Malgré ce scepticisme, des institutions de renom se penchent depuis quelques années sur la conservation de l’information électronique de l’Internet, dans le cadre de projets et

d’applications réalisées dans ces projets. Dans le milieu des bibliothèques, les attentes en matière d’information électronique se répartissent en trois catégories:

1. Disponibilité : l’accès à l’information électronique doit être garanti si possible à des prix avantageux pour les groupes-cible et les parties prenantes (clients) de l’institution en question.

2. Archivage : la disponibilité doit encore être garantie lorsque l’information n’est plus dis- ponible librement ou contre paiement dans l’Internet.

3. Numérisation : l’information existant sur des supports analogiques doit être dotée de possibilités de recherche aussi attrayantes que possible et être mise à disposition dans une large mesure sur l’Internet.

Même si l’idée de conserver des parties de l’information publiée dans l’Internet se heurte aujourd’hui encore à un certain scepticisme, le bien-fondé de l’archivage des publications de l’Internet n’est plus fondamentalement mis en doute au vu de l’impressionnante propagation de l’utilisation de l’Internet et de la meilleure sensibilisation à l’importance de la conservation des «objets de la mémoire». A l’heure actuelle, les doutes, pas tout à fait infondés, concer- nent plutôt la faisabilité.

Les activités de la Bibliothèque nationale suisse

La Bibliothèque nationale suisse constitue la plus importante source écrite au monde pour la compréhension de la Suisse et de la population suisse. Elle a pour mandat „de collectionner, de répertorier, de conserver et de rendre accessibles les informations imprimées ou conser- vées sur d’autres supports que le papier, ayant un lien avec la Suisse“2. Déjà au moment de

1 Première parution dans Arbido „Publication électronique – les spécialistes en information et docu- mentation, médiateurs entre deux mondes“, édition 4 du 14 décembre 2006

2 Loi fédérale sur la Bibliothèque nationale suisse du 18 décembre 1992

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la création de la loi, le marché de l’information était en train de changer. Dans la loi de 1992, ce n’est plus le support qui est important, mais le lien de l’information avec la Suisse. Après la large apparition de l’Internet dès 1993, la Bibliothèque nationale suisse s’est penchée sur la question de savoir si et comment les publications électroniques pouvaient à l’avenir être sauvegardées à long terme et conservées pour la consultation ultérieure. Elle l’a fait d’abord dans différents pré-projets, puis dès 2001 dans le cadre du projet e-Helvetica.

Le projet e-Helvetica3 a pour objectif de créer les bases de la collecte, de la saisie, de l’archivage et de la mise à disposition des Helvetica électroniques offline et online. Les Hel- vetica offline sont des supports tels que par exemple les disquettes, CD-ROM ou DVD. Les Helvetica online sont des publications de l’Internet. Le manuel de projet définit les principaux objectifs et délais ainsi que la structure du projet. De même, il planifie les ressources finan- cières pour le projet et pour l’exploitation future.

Institution de la Confédération, la Bibliothèque nationale suisse en suit les règles. Ainsi par exemple, elle reçoit des prestations informatiques d’un prestataire de services interne à la Confédération. Les potentiels de synergie avec d’autres institutions de la Confédération sont exploités dans le cadre d’une réelle collaboration. En tant qu’institution publique, elle doit suivre les règles pour les marchés publics lors de l’acquisition de biens et de prestations de service. Bibliothèque suisse, la Bibliothèque nationale suisse recherche tout particulièrement la collaboration avec d’autres bibliothèques suisses au niveau cantonal ou universitaire, dans le cadre du projet e-Helvetica. En sa qualité de bibliothèque nationale, elle a des contacts établis avec le marché suisse du livre et de l’information. Au niveau international, elle tra- vaille avant tout avec d’autres bibliothèques nationales qui ont un mandat comparable.

Le projet e-Helvetica se divise en deux projets partiels. Le projet partiel „Organisation“

s’occupe des aspects bibliothéconomiques de la collection de e-Helvetica. Il s’agit de déter- miner le contenu de la collection, de définir le catalogage et de concevoir la mise à disposi- tion. Le projet partiel „Archivage“ s’occupe des aspects informatiques de la collection de e- Helvetica. C’est ici que sont créées les bases techniques et l’application informatique pour le traitement et le stockage de la collection. Des spécialistes en bibliothéconomie et des spé- cialistes en informatique collaborent au projet. Sept collaborateurs/trices se partagent 310 pourcent de postes.

Selon le plan de projet et l’état actuel du projet, le projet e-Helvetica sera terminé fin 2008; il passera alors en exploitation. A partir de ce moment-là, l’activité de collecte sera dévelop- pée.

Les contenus: projets-pilotes

Le projet partiel Organisation est responsable des travaux bibliothéconomiques. La Biblio- thèque nationale suisse a décidé de mettre sur pied une collection sélective de publications électroniques. Les documents offline tels que les disquettes, CD-ROM ou DVD sont collectés dans leur intégralité. Les publications de l’Internet (documents online) sont collectées de manière sélective pour former un échantillon aussi représentatif que possible. A ce jour, au- cun usage uniforme ne s’est imposé dans les bibliothèques nationales pour la collecte des biens culturels électroniques. Quelques bibliothèques nationales collectent par le webharves- ting une grande partie des sites Web publiés dans leur pays. D’autres bibliothèques nationa- les développent une collection sélective. Pour des raisons juridiques (droits d’auteur), finan- cières (coûts de constitution et de stockage de la collection) et pour des raisons de ressour-

3 voir : www.e-helvetica.admin.ch

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ces (planification et réalisation de la conservation de longue durée), la Bibliothèque nationale suisse a opté pour la mise sur pied d’une collection sélective.

La collection sélective est constituée sur une large base. Des publications de différents types d’éditeurs choisis sont collectées pour servir de base à la constitution de la collection et aux étapes de travail qui y sont liées. Dans le cadre de trois projets-pilotes (quatre à partir de 2007), les processus de travail sont conçus et mis en relation avec les travaux bibliothéco- nomiques pour les processus informatiques.

Le projet-pilote „POP“ (projet-pilote Prise en charge et archivage de publications commercia- les online) se charge de collecter les publications commerciales des maisons d’édition tradi- tionnelles suisses Karger (Bâle)4 et Stämpfli (Berne)5. Ce faisant, la Bibliothèque nationale suisse poursuit la collection imprimée qui a été alimentée continuellement depuis les années 1920. La collection se compose en grande partie de titres de périodiques online qui sont produits dans un format précis. La collection est mise sur pied en étroite collaboration et en accord avec les maisons d’édition.

Dans le projet-pilote „e-Diss.ch“ sont collectées les thèses et habilitations électroniques des universités suisses. La collection est développée en coordination avec la Bibliothèque natio- nale suisse et les bibliothèques universitaires. Cette collaboration est soutenue par la

„Conférence des bibliothèques universitaires suisses (CBU)“. En règle générale, les formats correspondent à des standards connus. Les auteurs sont connus en tant que membres des hautes écoles universitaires.

Le projet-pilote „Archives Web Suisse“ collecte les sites Internet patrimoniaux non commer- ciaux. La collection est mise sur pied en étroite collaboration avec les bibliothèques cantona- les suisses qui sont responsables de la sélection des publications à collecter. Contrairement aux projets pilotes „POP“ et „e-Diss.ch“, les producteurs de sites Web et les formats sont hétérogènes dans le projet-pilote „Archives Web Suisse“.

Dès 2007, un nouveau projet pilote sera lancé pour la collecte de publications électroniques officielles de la Confédération.

Tous les Helvetica électroniques en ligne collectés par la Bibliothèque nationale suisse sont catalogués sommairement dans le catalogue en ligne Helveticat. Une fois sauvegardés et archivés, ils font définitivement partie de la collection.

Dans tous les projets-pilotes, la collaboration avec d’autres institutions est primordiale. Les partenaires sont des maisons d’édition et des producteurs d’information, des bibliothèques universitaires, des bibliothèques cantonales et des administrations.

La technique : projets informatiques

Le système d’archivage est développé conformément aux directives du modèle générique

„Open Archival Information System (OAIS)“6. Ce modèle de référence, certifié ISO 14721, décrit les archives comme une organisation dans laquelle les hommes et les systèmes oeu- vrent ensemble dans le but de conserver des informations et de les mettre à disposition d’un cercle d’utilisateurs défini. Ce modèle décrit en détail comment l’information électronique créée par un producteur arrive dans un système d’archivage, quelles étapes de traitement

4 www.karger.com

5 www.staempli.ch

6 http://public.ccsds.org/publications/archive/650x0b1.pdf

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sont à réaliser pour l’archivage à long terme et comment l’on peut accéder à l’information stockée dans les archives.

PR OD UC ER

SIP

INGEST

ARCHIVAL STORAGE

ACCESS MANAGEMENTDATA

PRESERVATION PLANNING

ADMINISTRATION

AIP AIP DIP

CO NS UM ER Descripive

Info Descripive

Info

queries result sets orders

OAIS-Referenzmodell, ISO 14721

Pour l’essentiel, le modèle réglemente comment un objet créé par un producteur (Producer) (SIP = Submission Information Package) est intégré dans le système d’archivage (Ingest).

Une fois intégré, l’objet est transformé en un objet d’archivage (AIP = Archival Information Package) et déposé dans le système de stockage (Archival Storage). La gestion de l’objet se fait dans le module de gestion (Data Management). L’objet archivé (AIP = Archival Informa- tion Package) est livré à l’utilisateur en tant qu’objet d’utilisation (DIP = Dissemination Infor- mation Package) via le module Utilisation (Access), sous respect de toutes les restrictions juridiques. L’archivage de longue durée sous la forme d’une migration et d’une émulation des objets est prévue dans le module de conservation (Preservation Planning). La gestion de l’ensemble du système d’archivage passe par le module d’administration (Administration).

Les processus de travail sont comparables pour l’essentiel aux processus de travail classi- ques d’une bibliothèque ayant des fonds imprimés. La difficulté pour la mise sur pied et la conservation d’une collection électronique réside dans les objets à archiver. Ces derniers se composent de plusieurs composantes directement interdépendantes qui doivent être dispo- nibles pour pouvoir les lire (hardware, système d’exploitation, programme, publication).

La Bibliothèque nationale suisse crée son système d’archivage pour les Helvetica électroni- ques selon les directives du modèle OAIS. Pour le module „Archival Storage“, elle collabore étroitement avec les Archives fédérales suisses dans le cadre de l’exploitation des synergies au sein de l’Administration fédérale. D’autres modules, comme par exemple les modules

„Ingest“ ou „Access“, doivent être conçus selon les besoins et sur la base des objets de la collection et des possibilités d’accès bibliothéconomiques. Le module Ingest vient d’être mis en service. En fonction du producteur, les publications électroniques sont déposées dans l’Archival Storage par différents chemins. Le module Access, pour la garantie de l’accès, est prévu pour 2007-2008.

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Le format de métadonnées de la Bibliothèque nationale suisse se base sur le standard METS (Metadata Encoding & Transmission Standard, Version 1.3)7, développé par la Library of Congress. Pour les métadonnées bibliographiques, c’est MARCxml qui est utilisé. Pour les métadonnées techniques, l’on utilise les Preservation Metadata de la National Library of New Zealand (version juillet 2003).

Un URN (Uniform Resource Name) est un identificateur persistant, à savoir un adressage stable. Des identificateurs persistants peuvent remplacer les URL (Uniform Resource Loca- tor = „lien“ dans l’Internet) dans le catalogue ou dans d’autres systèmes de recensement, ou être utilisés comme des références stables dans les documents eux-mêmes. Ainsi les liens deviennent stables. Le temps passé à actualiser les renvois se réduit puisque les URL sont tenus à jour automatiquement en un seul endroit. Les liens peuvent être intégrés à plusieurs services de recensement. Les publications numériques ont un identificateur univoque pour le monde entier et peuvent donc être citées de façon fiable8.

L’URN garantit l’accès durable à un objet par l’archivage de longue durée ou l’archivage des objets ainsi que par la haute disponibilité technique du service URN. Un URN renvoie au minimum à un URL par lequel un objet est adressé. Un URN peut également gérer plusieurs copies du même objet, donc plusieurs URL, ainsi que des formats de présentation différents des objets.

Les projets informatiques sont également réalisés en collaboration avec d’autres institutions.

Le module „Archival Storage“ est réalisé en collaboration avec les Archives fédérales suisses et utilisé conjointement. Les modules restants sont développés avec des entreprises exter- nes. L’utilisation commune de standards est particulièrement développée. Par exemple, la Deutsche Nationalbibliothek a mis son service de résolution d’URN à disposition de la Biblio- thèque nationale suisse et de ses institutions partenaires. L’échange d’informations est aussi particulièrement important avec des institutions qui travaillent dans des domaines identiques ou semblables, ceci afin d’éviter le développement de formats ou de standards différents.

Qu’apporte l’avenir?

Les projets et les applications pour l’archivage de longue durée des sources numériques les plus importantes sont encore en développement. Au vu des différentes approches et des collections de contenu très divers, il est probable qu’au moins une partie des informations importantes sera conservée et rendue accessible pour les générations futures.

Comme dans le domaine des collections imprimées, la disponibilité à long terme engendre des coûts qui pour l’instant ne peuvent être évalués que sous forme de modèles de calculs.

Les institutions de la mémoire comme les bibliothèques nationales ou patrimoniales doivent également s’occuper de la question des coûts, en plus du développement de la collection.

Comme pour la conservation du papier, l’on verra apparaître au fil du temps plusieurs ten- dances dans le domaine de la conservation des données numériques. D’où l’importance de conserver les objets originaux autant que possible, afin que les mesures de conservation adéquates puissent être prises en fonction des progrès de la technologie.

Une chose est importante : c’est la tâche des bibliothèques que de rendre accessible et de conserver l’information. L’écrit est l’un des éléments de liaison et de compréhension les plus importants à travers les siècles. L’écrit permet de comprendre le passé et il encourage l’évolution. La forme de l’écrit, ainsi que les supports et technologies auxquels cet écrit est

7 http://www.loc.gov/standards/mets

8 www.persistent-identifier.de/?link=520

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lié, sont un témoignage de la société qui fournit l’information. Elle doit rester disponible pour les générations à venir.

Liens, informations complémentaires

Informations sur le projet e-Helvetica et sur quelques autres projets d’archivage de publica- tions électroniques:

Projet e-Helvetica, Bibliothèque nationale suisse (Suisse) www.e-helvetica.admin.ch

Nestor – Kompetenznetzwerk Langzeitarchivierung (Allemagne) www.langzeitarchivierung.de

Österreichische Nationalbibliothek, Langzeitarchivierung (Autriche) www.onb.ac.at/about/lza/

PADI – Preserving Access to Digital Information (Australie) www.nla.gov.au/padi

Internet Archive (USA) www.archive.org/index.php

Digital Preservation, Library of Congress (USA) www.digitalpreservation.gov

Digital Preservation Coalition (Grande-Bretagne) www.dpconline.org/graphics

contact: elena.balzardi@nb.admin.ch

Références

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