ÉTUDE DES RÉSULTATS DE SIX ANNÉES D’ÉLEVAGE
DES BREBIS MÉRINOS D’ARLES DU DOMAINE DU MERLE
II. — RELATIONS ENTRE
L’AGE,
LE POIDS,L’ÉPOQUE
DE LUTTE DES BREBISET LES DIVERS PARAMÈTRES DE LA FÉCONDITÉ
M. PRUD’HON, I. DENOY A. DESVIGNES,
J.
GOUSSOPOULOS R. DEVILLARD Elyane GOUSSOPOULOS C. SICARD Laboratoire de Zootechnie,Centre de Recherches
agronomiques
du Midi, École nationalesupérieure agronomique,
34 -Montpellier
Institut national de la Recherche
agvonomique
SOMMAIRE
Cette étude
présente
le bilan desperformances
dereproduction
de 4 934brebis .Mérinos d’Arles soumises à une lutte deprintemps
ou d’automne.Elle
précise
les influencesrespectives
del’âge
des brebis, de leurpoids
avant la lutte et dela saison de lutte sur
l’apparition
des oestrus, le taux degestation,
le taux d’avortement et le taux deprolificité.
La
répétabilité
du taux de mises bas gémellaires est calculée.Les moyens d’améliorer les
performances
sans modifierprofondément
le moded’élevage
sontdiscutés.
INTRODUCTION
La fécondité des
ovins,
mesurée par le nombred’agneaux
nés par brebisprésente
dans le
troupeau
au début de lalutte, dépend
del’aptitude
des brebis à êtregestantes
(fertilité)
et du nombred’agneaux
parportée (prolificité).
Ces deux caractères sontsous le contrôle de nombreux
paramètres passés
en revue parMaur,!orr (zg6 4 ).
C’est ainsi que la fertilité est liée à
l’âge
et aupoids
des brebis avantaccouple-
ment
(Coo P , rg62),
à l’existence d’un anoestrus saisonnier ou de lactation(MAU!,!orr
et
DAUZIEP,, ig65),
à latempérature
ambiante au cours de lapériode
de lutte(Du!r!r
I954 et
1964)
tandis que laprolificité,
tout en étant sous le contrôle de caractèresgénétiques (A SD E LL , I g 4 6 ;
REEVE etR OB E RTS O K ,
1953 ;Y OUN G,
TURNER et Dor,- LI
NG,
zg63 ; Puas!x, 19 65)
varie dans unelarge
mesure avecl’âge
des brebis(TERRIL
et
STO>~HR,
ig39 ;JO H ANSON
et HANSOK, zg43 ; TURNER et DOLLING,1965),
leurdéveloppement
au moment de la lutte(Coo p , 19 6 2
etrg6 4 ),
la saison sexuelle(D U N
et
al., 19 6 0 ;
SHELTON et!ToxROw, 19 6 5 )
et les variations durégime
alimentaire dans lapériode précédant
la saillieet
L.AMMIN&,19 6 1 ;
Wnr,r,nc!,19 6 1 ; Coo
p , 19 6 4 ).
Dans les conditions normales
d’exploitation
d’untroupeau,
unepartie
seule-ment de ces facteurs
agissent
simultanément et la fécondité mesure l’effet des inter- actions demultiples paramètres.
Le nombre de mesurespratiquées
au domaine duMerle au cours de six années consécutives nous a
permis,
dans les conditions de cetélevage,
de mesurer les effets deplusieurs
facteurs :âge, époque
delutte,
surl’expres-
sion de la fertilité et de laprolificité
des brebis Mérinos d’Arles de cetroupeau.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
L’étude porte sur les résultats de six années consécutives
( I959
à 1964)d’élevage
des brebis du domaine du Merle. Les conditionsd’exploitation
de ce troupeau et latechnique
de contrôle des cha- leurs ontdéjà
été décrites(Pxuv’ttoN
et al., 1966).Chaque
année trois luttes distinctes ont lieu :- une lutte de
printemps,
de 3o à 38jours,
débutant le tz mai ± 3jours ;
- une lutte
complémentaire
d’automne, en octobre, au cours de laquelle sont saillies les brebisnon gestantes à la suite de la lutte du
printemps ;
- une lutte de
recyclage
des brebisprécédentes qui
ont mis bas en mars-avril,pratiquée
aumême moment que la lutte de
printemps
du troupeauprincipal,
avant même que le sevrage des agneaux ne soit réalisé.Le troupeau, dont l’effectif a augmenté de 72 p. ]00en six ans, passant de 569brebis en
1959
à 988 en ig65, a
profondément changé
de structurepuisque
le taux de brebis âgées de moins de troisans en début de lutte s’est abaissé de 55,7p. 100à 42,5 p. ioo tandis que celui des brebis de
plus
desix ans s’est élevé de 3,5à r5,8 p. IOO. L’âge moyen en début de lutte est
passé
de 3,1 à 3,8 ans. En raison de cette évolution de lapyramide d’âges, toutes les comparaisons
entre années ont été faites
à
égalité d’âge.
Deplus,
la durée des luttes ayant varié, nous n’avons tenu compte, pourplus
derigueur,
que des résultats obtenus durant les trentepremiers jours.
h,nfm, pour étudier les effets du
poids
des brebis sur leursperformances
dereproduction,
nousavons constitué des sous-classes de
poids
à l’intérieur dechaque
classed’âge.
Les limites des classes et les effectifsfigurent
au tableau z.Les pesées ont eu lieu à époque fixe : avant la tonte, avant la lutte,
après
la lutte et à la misebas. Nous avons retenu
plus particulièrement
lepoids
avant la lutte( 4
mai + 6jours)
comme indicede l’état
général
des brebis au moment de la lutte. Selon une étudepréliminaire
de PEYRAUD( 19 6 4 ),
ce
poids
estplus
étroitement lié que les autres mesures aux performances dereproduction
des brebisdu troupeau étudié.
Nous avons emprunté à DARPOUX et DESVIGNES (1964) les définitions suivantes :
- taux de fertilité : nombre moyen de brebis mettant bas par brebis présente à la lutte ;
- taux de
prolificité :
nombre moyend’agneaux
nés par brebis mettant bas ;auxquelles
il fautajouter :
- taux d’oestrus : nombre moyen de brebis entrant en rut au cours de la lutte par brebis pré-
sente à la lutte ; -,
- taux de
gestation :
nombre moyen de brebis gestantes par brebis saillie ;- taux d’avortement : nombre moyen de brebis avortant par brebis gestante ;
- taux de fécondité : nombre moyen d’agneaux nés par brebis présente à la lutte ;
- taux de fécondance d’un bélier : nombre moyen de brebis gestantes par brebis saillie par ce
bélier au cours d’un
cycle.
Nous avons
également
utilisé les termes de :-
nullipares :
femelles n’ayantjamais
mis bas ;-
primipares :
femelles ayant mis bas pour lapremière
fois ;-
multipares :
femelles ayant mis bas pour la deuxième, troisième ou nième fois.- tardonnières : brebis ayant mis bas en mars-avril et remises en lutte deux mois
plus
tard,en
mai-juin,
en vue d’un éventuelrecyclage.
La
répétabilité
et l’héritabilité de la fertilité n’ont pas été calculées en raison de l’insuffisance du nombre des données et de l’éliminationsystématique
des femelles stériles. Par contre, la répéta-bilité de la
prolificité
a été mesurée parl’analyse
de larégression
du nombred’agneaux
nés au coursdes
agnelages
successifs selon la méthode décrite par LUSH(i 95 6).
RÉSULTATS
Résultats
généraux
Les taux de
fertilité,
deprolificité
et de fécondité des brebis soumises aux luttes deprintemps
etd’automne,
de ig5g àzg6 4 , figurent
au tableau 2.8
4
p. 100 des brebis soumises à la lutte deprintemps agnèlent
mais les varia- tions annuelles du taux de fertilité sontimportantes ( 0 , 75
ào,g5).
Le taux de pro- lificité moyen est de 1,12( 1 , 0 6
àz,z6).
Les brebis nongestantes
à la suite de cette lutte sont soumises à la lutte d’automne. 77p. 100d’entre elles mettent bas en mars-avril avec un taux de
prolificité
moyen de 1,21. Parmi cesbrebis, 58
p. 100 sont saillies avec succès à la lutte derecyclage
deprintemps ;
elles ont un taux deproli-
ficité de r,r3.
La
pratique
de ces différentes luttes apermis
d’obtenir des taux annuels defertilité,
deprolificité
et de fécondité dont les valeursrespectives
sont de o,g3, 1,14, et1 , 0 6.
Facteurs de variations des divers
paramètres
de lafécondité a)
Fécondance des béliers.Nous avons estimé le taux de fécondance des
[ béliers ,en
tenantcompte
des saillies effectuées sur les brebismultipares
soumises à la lutte deprintemps.
Le tauxde fécondance moyen des
14 8
béliers utilisés s’est élevé à0 ,8 2 ; 7 8
p. 100 des mâlesont eu un taux de fécondance
supérieur
à0 ,8 0 ,
c’est le cas, enparticulier,
des deuxbéliers meusses utilisés dans cette étude.
b) Age
des byebis.Les valeurs des différents
paramètres
de la fécondité des brebis classéesd’après
leur
âge
et leurépoque
de luttefigurent
au tableau 3. Lescomparaisons portent
sur les résultats des 30
premiers jours
de lutte.Tous les
paramètres
étudiés varient avecl’âge
des brebis.C’est ainsi
qu’en
lutte deprintemps :
- le taux d’oestrus n’est que de 0,73 chez les brebis
âgées
d’un an etdemi,
ilest
compris
entre o,95 et o,gg chez les femellesplus âgées ;
- le taux de
gestation augmente
avecl’âge jusqu’à
4 ans etdemi,
il diminueensuite ;
- le taux
d’avortement, toujours faible,
estplus
élevé chez les antenaises que chez les adultes( 0 , 013
contreo,oo5) ;
- le taux de fertilité est de 0,53 à un an et
demi,
o,già
4 ans et demi et 0,79 à 7 ans etdemi ;
- le taux de
prolificité
atteint son maximum chez les brebisâgées
de 5 ans et demi à 7 ans etdemi ;
- enfin le taux de
fécondité, qui
est la résultante de tous cesparamètres,
estdeux fois
plus
élevé à 6 ans et demiqu’à
un an et demi(i,o8
contre0 , 54 )
il n’estplus
que de
o,g8
à 7 ans et demi.En lutte
d’automne,
les brebis de 2 ans ont un taux de fertilitélégèrement plus
faible que les brebis
plus âgées ( 0 ,6 3
contre0 , 72 )
et un taux deprolificité
très inférieur(
1 , 0
6
contre1 ,38).
L’amplitude
des variations annuelles de ces diversparamètres
estégalement
fonction de
l’âge
des brebis(fig. i).
C’est ainsi que le taux d’oestrus des brebis
âgées
d’un an et demi est très variable(o,
9
6
en ig5g, 0,47 enm16 3 )
alorsqu’il
varie peu chez les brebisplus âgées.
I!’amplitude
des variations du taux degestation
est minimale à 5 ans et demi.Le taux de
prolificité
est d’autantplus
variable que les brebis sontplus âgées.
c)
Poids des brebis avayat la lutte.Nous avons
représenté (fig. 2 )
les valeurs moyennes dupoids
des brebis en débutde lutte en fonction de leur
âge
et du nombred’agneaux produits.
Nous constatons tout d’abord
qu’au
début de la lutte iln’y
a pas de différences depoids significatives
entre les brebisqui
ne sont pasgestantes
et cellesqui produi-
ront un agneau,
excepté
dans le cas des antenaisesqui,
en moyenne, sontplus
lourdeslorsqu’elles
sont fertiles. Nous constatons aussi que les brebisgémellipares pèsent significativement plus
lourd que les brebis de mêmeâge
neproduisant qu’un
seulagneau.
I,es relations entre le
poids
avant la lutte et la fertilité des antenaises sontpré-
cisées sur lafigure
3 où sontreportées
les valeurs du taux d’oestrus et du taux degestation
en fonction dupoids.
Ces deux taux ne cessent de croître
lorsque
lepoids
avant la lutteaugmente ;
leurs valeursrespectives
sont deo,6 3
eto,65
pour unpoids
de 30kg,
de 1,0 et o,92 pour unpoids
de 45kg.
Cependant,
àégalité
depoids
avant lalutte,
il existe des variations annuellessignificatives
du taux d’oestrus et du taux degestation,
à l’intérieur des classes depoids
centrées à33 , 3 6
et 3gkg .
En ce
qui
concerne le taux deprolificité,
il semble lié étroitement aupoids
avantlutte des brebis : c’est ainsi
qu’à
l’intérieur dechaque
classed’âge (tabl. 4 )
il existeune corrélation
significative (P
<0 , 05 )
ouproche
de lasignification ( 0 , 05
< P <o,io)
entre la valeur du
poids
moyen annuel des brebis avant la lutte et leur taux deproli-
ficité.
I,’influence du
poids
avant la lutte sur laprolificité
est d’autantplus grande
que les brebis sont elles-mêmesplus âgées :
c’est cequi apparaît
au tableau 4où l’on cons-tate que la
pente
de la droite derégression
dupourcentage
de mises basgémellaires
par
rapport
aupoids
moyen avant la lutteaugmente
avecl’âge jusqu’à
5 ans et demi. A cetâge
une élévation dupoids
moyen de ikg augmente
le taux de mises basgémellaires
de 4,5 p. 100au lieu de i p. 100chez les antenaises.L’interaction âge-poids apparaît
encore mieux(fig. 4 ) lorsque
les brebis sontclassées par ordre de
poids croissants ;
on constate, eneffet,
l’élévation simultanée du taux deprolificité
et de ses variations en fonction dupoids lorsque l’âge
des brebisaugmente.
Enfin nous avons recherché s’il existait des variations annuelles de
prolificité
à l’intérieur des sous-classes de femelles ayant le même
âge
et le mêmepoids
au mo-ment de la lutte. Les résultats
(tabl. 5 )
montrentqu’il
n’existe pas engénéral
d’effet« année o
significatif.
d) Époque de lutte.
Le tableau 3
permet
lacomparaison
des différentsparamètres
de la féconditéenregistrés
en lutte deprintemps
et d’automne sur les brebisnullipares,
d’unepart,
et sur les autres
brebis,
d’autrepart.
En ce
qui
concerne lesnullipares,
le taux d’oestrus ne diffère pas defaçon signi-
ficative d’une saison à
l’autre,
mais les taux degestation
et de fertilité sontplus
élevés
(P
<o,oi)
à l’automnequ’au printemps.
Le taux deprolificité
estlégèrement supérieur
enagnelage
deprintemps ( 1 , 0 6
contre1 , 03 )
et cette différence estsignifi-
cative
(o,oi
< P <0,05).
Pour les autres
brebis,
le taux d’oestrus estplus
faible à l’automnequ’au prin- temps ( 0 ,8 0
contre 0,97, P <0 , 01 ),
le taux degestation
semblable et le taux de pro- lificitéplus
élevé( 1 , 3 8
au lieu de1 , 15 ).
Les brebis tardonnières ont le même taux de
prolificité
que les brebis multi- pares soumises à une lutte deprintemps
normale mais le taux d’oestrus et le taux degestation
sontsignificativement plus
faibles. Chez les femellesqui
entrent en oestrusl’intervalle mise
bas-premier
oestrus est de86, 7 jours +
13,3.La
comparaison
des tableaux 2et 3permet
de constater que la fertilité au coursde l’ensemble de la lutte est sensiblement
plus
élevéequ’au
cours des 30premiers jours
decelle-ci,
ungrand
nombre <i’oestrus étantenregistrés après
30jours.
e) Isé!étctbilité
de laprolificité
des brebis.Compte
tenu du faible nombre de naissancesgémellaires
dans letroupeau étudié,
la
répartition
des donnéess’apparente beaucoup plus
à une loi de Poissonqu’à
uneloi normale. De ce
fait,
il ne nous a pas paru valable de calculer l’héritabilité du carac-tère de
prolificité
selon lesprocédés classiques.
Nous avons
calculé,
par contre(tabl. 6),
larépétabilité
de laprolificité
des brebisdu
troupeau.
Les résultats de lapremière
ou des deuxpremières
mises bas sont peurépétables
mais la moyenne des résultats des troispremières performances
l’est nette-ment
plus,
la valeur du coefficient derépétabilité
étant de o,q2 dans ce cas.DISCUSSION ET CONCLUSION
L’analyse
desperformances
dereproduction
des brebis J11érinos d’.4yles en fonc- tion de leurâge,
de leurpoids,
et del’époque
delutte,
nous apermis
depréciser
lesinfluences
respectives
de ces facteurs sur diversparamètres
de la fécondité.Il convient de
souligner,
toutd’abord,
que la fécondance des béliers utilisés dans les différents lots de lutte n’a pas varié defaçon significative
d’un individu à l’autre.La fécondité des brebis n’a donc pas été modifiée dans certains lots ou certaines années par le choix des béliers de lutte. Les béliers meusses que nous avons utilisés ont eu un taux de fécondance tout à fait
normal,
cequi
est contraire à l’idéegénéra-
lement admise des éleveurs de brebis Mérinos d’Arles
(A MALB E R T, ig2g),
mais s’ac-corde aux résultats obtenus par DUN et DOUGLAS
(rg6 5 ),
sur MérinosPePPin
d’Aus-tralie. Comme il n’existe pas de liens entre le caractère « meusse o et la vitesse de croissance
(D UN , 19 6 3 ),
ou laqualité
des carcasses(PnTTW,
etal., rg62),
il semblesouhaitable de ne pas éliminer
systématiquement
les béliers manifestant ce caractère.La fécondité des brebis soumises à la lutte de
printemps augmente
avecl’âge jusqu’à
6 ans1/2 , puis
décroît. Cetteaugmentation
résulte de l’élévation simultanée des taux de fertilité et deprolificité,
la fertilité maximale étant atteinte deux ansplus
tôt que laprolificité
maximale. Ces résultats sont en accord avec ceux de REEVEet ROBERTSON
( 1953 ),
SIDWELL et al.(rg62), Mnm,!,o!, (zg6q),
TURNER et DOLLING(
19
65) ;
toutefois dans certaines races laprolificité
maximale est atteinte dèsl’âge
de4 ans
(REE V E
et Ros!xTSO!,1953).
La modification de la
pyramide
desâges
d’untroupeau représente
donc unmoyen d’améliorer sa fécondité
globale ;
faute de données sur lesperformances
debrebis Mérinos d’Arles de
plus
de 8 ans, nous n’avons pu établirquelle serait, ici,
la structure
d’âge idéale,
mais TuRNER et DOLLING(rg6 5 )
ontsignalé
que dans leurtroupeau
Mérinos d’ A !tStralie le nombred’agneaux
nés est maximallorsque
l’on neréforme
systématiquement
les brebisqu’après
10 ans,l’âge
de réformeoptimum
devant être ramené à 9ans en raison de la très forte mortalité des agneaux issus des mères les
plus âgées.
Les relations entre
l’âge
des brebis et leur féconditépeuvent
êtredirectes, mais,
ainsi que l’asouligné
Coop(rg62),
ellespeuvent
aussi n’être que le reflet des liens existant entre lepoids
des brebis et leur fécondité. Engroupant
les brebis par sous- classes depoids,
en tenantcompte
d’une même durée annuelle de lutte et en ana-lysant séparément
les diversparamètres
de lafécondité,
nous avons obtenu les résul- tats suivants :- le taux d’oestrus des brebis adultes ne
dépend
ni de leurâge,
ni de leurpoids ;
le taux de
gestation
et, parconséquent,
le taux de fertilité nedépend
que del’âge ;
- le taux d’oestrus et le taux de
gestation
des antenaisesdépendent
étroite-ment de leur
poids,
en début delutte,
cequi
est en accord avec les résultats de Coop(Ig62).
L’absence d’oestrus chez les antenaises les
plus légères peut
être due à un retard depuberté.
Dans de nombreusesespèces domestiques, espèce porcine exceptée,
lapuberté
semble étroitement liée audéveloppement pondéral (R OMBAUTS
etal., 19
6 1
).
C’est le cas, enparticulier,
chez les ovins(H:!x!z,
ig52 ; ALLEN et I!AMMING,19
61 b ; J OUB E R T, zg6 3 )
ou ellepeut
être atteinte dèsl’âge
de 5 ou 6 mois si la crois-sance a été
rapide,
ou retardée au-delà d’un an si une croissance lente est combinée à l’effet d’un anoestrus saisonnier(HnnzMO:Vn,
1944;-!IAULÉO---’, ig6 4 ). (H9!’EZ 1953)
évalue le
poids
depuberté
des brebis Rahmani à8, 9
fois leurpoids
à la naissance et0
,6
9
fois leurpoids
adulte. Ces valeursappliquées
aux brebis Mérinos d’Arles donne- raient despoids
de3 1
à 35kg,
or les antenaises n’entrant pas en oestruspèsent
enmoyenne
33 ,6 kg.
Il est
possible
aussi que cette absence d’oestrus soitliée,
chez certainssujets,
à un retard de déclenchement de la saison sexuelle : les antenaises
pesant
moins de 31,5
kg manifestent,
en moyenne, leurpremier
oestrus,lorsqu’elles
en ont un, 22jours après
le début de lalutte,
soit avec 6jours
de retard sur la date moyenned’appari-
tion des
premiers
ruts des antenaises de 37,5kg
etplus.
Il est
possible
encore que ces femelles aient des chaleurs silencieuses dont H 9!xz( 1952
) signale
lafréquence
élevée chez lesagnelles
ayant subi une sous-nutrition.Le taux d’oestrus et le taux de
gestation
des antenaises nedépendent
pas uni-quement
de leurpoids
avant la luttepuisque,
à l’intérieur de certaines classes depoids,
des variations annuellessignificatives
de ces deux taux ont étéenregistrées.
Une étude de l’évolution
pondérale
des antenaises au cours de l’hiverprécédant
la lutte a été
entreprise
àpartir
de19 6 3 .
Lespremières
données nous ontpermis
deconstater que, pour un
poids
avant la lutteégal,
les antenaises n’entrant pas en oestrus avaientperdu davantage
depoids
au cours de l’hiver ou en avaient moinsgagné
que les autres femelles.
Ceci
rejoint
les observations de HurrTER( 19 6 1 )
et de SMITH( 19 6 4 ) qui
ontsignalé
l’effet àlongue
échéance d’une sous-nutritionprovisoire
sur la fertilité des brebis.Il semble donc
nécessaire,
pour obtenir une bonne fertilité desantenaises,
de leur faireatteindre,
d’une manièreprogressive,
unpoids
moyen de 40kg
au début de la lutte deprintemps.
La
prolificité
des brebis Mérinos d’Arles luttées auprintemps dépend
simulta- nément de leurâge
et de leurpoids :
àpoids égal,
laprolificité augmente
avecl’âge,
à
âge égal
elleaugmente
avec lepoids, l’augmentation
étant elle-mêmeplus rapide lorsque
les brebis sontplus âgées.
Divers auteurs, WALLACE,(ig6i) ; Coo P , ( 19 6 2 , 19 64, i966) ; P OLAS E K , ( 19 6 5 ), ...
ont mis en évidence l’existence de relations entre lepoids
des brebis avant la lutte et leur
prolificité.
Coop( 19 6 2 ) enregistre
une élévation du taux de mises basgémellaires
de z,33 p. 100parkg
depoids supplémentaire, quel
que soitl’âge
desbrebis ;
cette valeur estlégèrement supérieure
à ce que nousenregis-
trons dans les lots d’antenaises mais 3 fois
plus
faible que les résultats obtenus surles lots de femelles
âgées.
Cette contradiction
provient,
sansdoute,
del’époque
différente dereproduction
des
troupeaux
étudiés. Auprintemps, époque
où les ovulationsmultiples
sont nor-malement moins
fréquentes (R ADFORD ,
1959, SHELTON et l!ToRxow,1 9 65),
uneamélioration de l’état
général
des brebispermettrait plus
facilement aux femellesâgées, qui,
enpleine
saisonsexuelle,
ont un taux d’ovulationélevé,
dedépasser
leseuil de déclenchement d’une deuxième ovulation. Les
jeunes
brebis resteraient endeçà
de ce seuil. Al’automne,
aucontraire,
où les ovulationsmultiples
ontbeaucoup plus
de chances de seproduire,
même chez lesantenaises, l’âge
des brebis intervien- drait moins.Le fait que le taux de
prolificité
des brebis ne varie pas d’une année àl’autre,
à l’intérieur de
chaque
sous-classed’âge
et depoids,
alors que lesgains
depoids
avantet
pendant
la luttevarient, permet
de penserqu’il
n’existe pas d’effet deflushing
dans le
troupeau
étudié ou que cet effet est faible. PEYRAUD(r 9 6q.),
travaillant sur unepartie
de nosdonnées,
n’a pu mettre en évidence de corrélationssignificatives
entre :
- le
gain
depoids
des brebis avant la lutte et laprolificité ;
- le
gain
depoids
absolu ou relatif des brebis au cours de la lutte et laproli- ficité ;
- - le
gain
depoids
des brebis en cours delutte, corrigé
pour tenircompte
de lacroissance,
et laprolificité.
Ces résultats ne s’accordent pas à ceux de Coop
( 19 66) qui
a montré le double effet dupoids
en début de lutte et dugain
depoids
à la suite d’unfiushing
sur laprolificité
des brebis soumises à une lutte d’automne.Cependant,
ALLENet LAMMiNG( 19 6 1
)
et V!!r,!,aCE( 19 6 1 )
ont montré que l’effet d’une suralimentation avant etpendant
la lutte était d’autantplus important
que les brebis étaient sous-alimentéesau
départ
del’expérience,
laprolificité
des brebis soumises auflushing
n’étant passupérieure
à celle des brebis maintenues en bon état d’une manièrepermanente ;
d’autrepart,
Coop( 19 66)
estime que l’effet duflushing
estgénéralement
faible dansles conditions
d’exploitation
normale d’untroupeau.
Il est donc vraisemblable que l’absence d’effet de
flushing significatif
que nousavons
enregistrée provient
de l’insuffisance des variationspondérales
des brebis avantet
pendant
lalutte,
mais il estpossible également
que l’effet deflushing
soit faibleen raison de
l’époque
de la lutte.La fertilité des brebis adultes soumises à la lutte d’automne est
médiocre,
un certain nombre d’entreelles,
vides à la suite de la lutte deprintemps étant,
sansdoute,
définitivementstériles ;
lesnullipares
ont, par contre, une meilleure fertilité à cetteépoque,
cequi
est normalcompte
tenu de leurâge
accru et de la saison.Il est
normal, également, d’enregistrer, après
la lutted’automne,
des taux deprolificité plus
élevés(AsDEr,!&dquo; i 94 6 ;
REFVFet ROBERTSON,1953 ;MAULÉO-,,T, 1964).
Les résultats de la lutte de
printemps
des brebis tardonnières sont médiocresen raison de
l’apparition
tardive des chaleurs et du faible taux degestation.
Nousavons discuté ailleurs
(P RUD ’ HON
etal., 19 66)
les moyens de les améliorer. Dansles conditions actuellesd’élevage,
lapratique
d’une lutte d’automne derattrapage, puis
d’une lutte de
printemps
derecyclage, permet
d’améliorer deprès
de 15 p. 100 le taux de fécondité d’untroupeau
Mérinos d’Arles soumis à une lutte deprintemps
traditionnelle.
La faible valeur de la
répétabilité
desperformances
des deuxpremières
misesbas, qui
s’accorde aux résultats obtenus par YouNG et al.( 19 6 3 ),
PuRSER(i965),
laisse peu
d’espoir
de sélectionnerprécocement
les brebisprolifiques ;
larépétabilité
des trois
premières performances
estmeilleure,
mais on se heurte à desimpossibilités économiques
de sélection.Les valeurs de l’héritabilité du caractère de
prolificité
obtenues par différents auteurs(R!!vE et
RoB!RTSOnr, Ig5 3 ;YOUNG et al., 19 6 3 ; P URSER , 19 65) sont toujours
faibles en ce
qui
concerne lespremières performances ;
par contre, celles obtenues au troisième ouquatrième agnelage
sontplus
élevées.I)u fait de cette faible valeur de
l’héritabilité,
on nepeut espérer
à court termeune amélioration
rapide
de laprolificité
par sélectiongénéalogique
de cecaractère ;
à
plus longue
échéance des résultats notablespeuvent
être obtenus(T URNER
et al.19 6 2
,
Wn!,!,ac!,19 6 4 ).
La création d’untroupeau
satellite où sont rassemblés les fils et les filles de brebisprolifiques (celles qui
ont obtenu un indice de !5o à la table deR A E, 19 6 3 )
et lasélection,
à l’intérieur de cetroupeau,
des béliers dont les demi-soeurs ont eu les
performances
moyennes lesplus
élevées au cours des troispremiers agnelages,
devraitpermettre
une élévation de laprolificité
dutroupeau.
Letestage
des béliersd’après
lesperformances
moyennes des troispremiers agnelages
de leursfilles, qui
entraînerait unprogrès plus rapide,
n’estguère envisageable
tant que latechnique
de conservation du spermependant plusieurs
années n’aura pas été miseau
point.
Reçu pour
publication
en décembre 1967.SUMMARY
RESULTS ON A SIX YEARS « MERINOS D’ARLES » BREEDING EWE (,DOAIAINE DU 3IERLE,, II. - EFFECT OF AGE, BODY WEIGHT AND SEASON OF MATING ON EWES’ FERTILITY
4 93411(!rinos d’Arles ewes bred for six years in the Domaine du Nlerle were
weighed
beforeshearing,
before and after mating and atlambing.
They were submitted to 2 controlled matings per year, aspreviously
described(P R IT D ’ HON
and al.,19 66).
Thefertility
rate((i.
e. number oflambing
ewes per mated ewes) was 0.93per
year. The
apparent lambing rate(i.
e. number of lambs born perlambing ewes)
was 1.14. The reallambing
rate(i.
e. number of lambs born per mated ewes was1 . 0 6).
When
matings
occurred inspring,
the lowestfertility
rate was that of i 1 /2 years old ewes. It reached a maximum for 5 years old ewes. and decreased for older ones.The
fertility
rate yearlings increased with their weights beforemating.
This increase was due to the greater number of females in oestrus( 0 .6 3
for 3okg
females versus f. for 45kgfemales),
and to theincrease in
lambing
rate (o.65 versus 0.92).Within the
weight
classesaveraging
33, 36 and 39kg, significant yearly
variations infertility
were noticed
(P
< o.oi) ; they seemed todepend
uponfeeding
conditions in winter rather than upon the dietpreceding
themating.
Irrespective
of theirweights,
thefertility
rate of adult ewes was athigh
level : o.9to I.o.The apparent
lambing
rate was lower in autumn : 1.12than inspring :
1.21. It varieddepending
upon age and
weigh
beforemating.
It reached itspeak
values for 5 1/2 to 71/2 years old ewes. It increased moremarkedly
with weight for older ewes : a I kg increase inweight
induced a 0.045 increase in lambing rate at 51/2years of age versus o.oio at 1 I/2.No flushing effect was noticed under our
breeding
conditions.The
repeatability
ofperformances
of the first, or first twolambings,
remained at low level(
0 .
21
ando.i8) ;
that of the first three washigher ( 0 - 42 ).
Possible
improvements
in the flockfertility
under the samebreeding
conditions are discussed.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
, lW . F
:; D. :B1., LAYIM]NG :B1. ig6i a. Nutrition and reproduction in the ewe. J. Agric. Sci. Camb., 56, 69-79.
A LLEN
D. :B1., Lnvtnnvc :B1. G. 1961 . b. Growth and sexual development of ewe lambs. J. Agric. Sci.
Ca ll1
b,, 57., 87-95.
A
MALBERT M., i9z9. La race Merinos d’Arles. Le Congrès du moulon, t. 2., 139-i6o édit. Sté nationale
d’Encouragement à l’Agriculture.
ASDELL S. A., 1946. Patterns of mammalian reproduction. 360-377. Comstocl:, New York.
Coo
p T. E., r96z. Liveweight productivitv relationships in sheep. L 7,iveweight and reproduction. 1’. Z.
JI. agric. Res., 5, 249-264.
CooP I. E., 1964. Liveweight flushing and ewe fertility. Proc. R1takura. Farnzs. Conj. Week. Ilamillon.
X. Z., 69-8r.
Coo
p I. E., 1966. The response of ewes to flushing. Wld rev. anim. prod., 2, 4, 69-78.