UTILISATION PAR LA POULE PONDEUSE DE SUIFS DE DIFFÉRENTES QUALITÉS
B. LECLERCQ
C.JOUANDET
M. BOUSCAUD L. MARTY Station de Rechevches avicoles
Centre de Recherches de 7’OM!!, !7 -
Nouzilly
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Trois suifs de
qualités
très différentes(suif a premier jusn, suif «qualité
volailles < et suif«qualité
savonnerie
n)
ont étéincorporés
dans desrégimes
pourpoules pondeuses
à raison de 5 ou io p. ioo.Ils sont
comparés
à un aliment témoinisoénergétique
et contenant les mêmes sources deprotéines,
minéraux et vitamines.
L’analyse statistique
des résultats nepermet
de mettre en évidence aucune différence entrerégimes
pour toutes les mesures effectuées : taux deponte, poids
moyen del’cnuf, poids
total d’œufspondus,
consommationjournalière
moyenne et indice de consommation.La qualité des suifs dépend de nombreux facteurs dont les plus importants
sont :la
naturedu produit dont ils
sontextraits (tissu adipeux frais
oufarine de viande, etc.), le mode d’extraction (centrifugation
ouextraction par solvant)
etla période
de l’année (été
ouhiver). Cette qualité
estappréciée par des
testsphysiques
etchi- miques très divers, dont le plus usité
estle
tauxd’acidité. C’est elle qui détermine
à la fois le prix
etla destination de
cettematière grasse. Étant donné l’intérêt éco-
nomique de
cette sourced’énergie pour les régimes des volailles, il
nous asemblé important de vérifier dans quelle
mesurela qualité peut influencer les performances
de ponte.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Un
troupeau
de 2!1poulettes Leghoi,ii
issues d’un croisement commercial est divisé en3! blocs
de animaux
depoids identiques
àl’âge
de 18 semaincs. Ces blocs sontrépartis
sur troisétages
d’une batterie de cages individuelles. La batterie necomporte qu’une
facc. Onprend
soinde
disposer
àchaque étage
des blocs depoids
variés. Les animaux dechaque
bloc sontlogés
côteà côte et
les régimes répartis
au hasard au sein dechaque
bloc.La
composition
desrégimes figure
dans le tableau r. (>npeut
constaterqu’une partie
com-mune en constitue la
plus grande part (8o
p.roo)
et assure desapports identiques
deprotéines,
minéraux et vitamines. La fraction résiduelle
( 20
p.ioo)
caractérise chacun des alimcnts ; ellene
comprend
que des aliments non azotés : amidon dans le lot témoin(T), suif,
amidon et cel- lulose dans les six autrcsrégimes.
Ainsi,d’après le
calcul àpartir
de tablcs decomposition
desaliments,
tous lesrégimes
sontisoénergétiqucs.
* Adresse actuelle : L!.C..-B.A.I3. Château-Thierry-02.
Nous donnons dans le tableau 2 les
principales caractéristiques
des trois suifsemployés.
Le suif i est un
premier jus
extrait de tissusadipeux
récoltés etpréparés
leplus
tôtpossible après
l’abattage.
Un tel suif est souventemployé
en alimentation humaine. Le suif 2 est extrait parcentrifugation
àpartir
de farine de viande. Il estgénéralement
destiné à l’alimentation des vo- lailles. Le suif 3provient également
de farines de viande mais il est extrait aux solvants. On le réserve engénéral
à la savonnerie surtoutlorsque
les farines de viandes ont été conservées dans de mauvaises conditions. Ces 3 suifs diffèrent surtout par leuraciditélibre, leurcoefficientd’extinc-
tion dans l’UV et le taux des matières azotées entraînées par les solvants. Le tableau 3permet
decomparer les
compositions
en acides gras des suifs. Le suif i sedistingue
nettement des deux autres par son taux de saturationplus
élevé.La
période
deponte
est divisée en i « mois o de 28jours. Chaque mois,
il est déterminé pourchaque
animal le nombre total d’oeufspondus,
leurpoids
moyen et la consommation d’aliment.On en déduit l’indice de consommation
(consommation
d’aliments divisée par lepoids
d’ceufsproduits).
Nous neprésentons
ici que les résultatsrécapitulatifs
de toute lapériode
deponte.
Pour
l’exploitation statistique
desrésultats,
il a étéimpossible
de tenircompte
desblocs,
du fait de la mortalitéqui
a réduit à i2 le nombre de blocscomplets.
Les animaux ont donc étérépartis
en deux classes depoids ;
ceuxpesant plus
de l260g et ceuxpesant
moins de I 260 g lors de larépartition
en blocs.L’analyse statistique permet
d’étudier l’effet de« l’étage
» dans labatterie,
l’effet dupoids
de la «poule
», l’effet du «régime
» ainsi que les interactions entre ces facteurs.RESULTATS
Dans le tableau 4
nousprésentons les résultats de ponte calculés
surdes ani-
maux
vivant
encore enfin d’expérience. Le poids moyen de l’oeuf
estsensiblement
Annales de Zootechnie. -
ig6g.
le même dans
tousles lots. Des différences légères apparaissent pour le
tauxde ponte
et
le poids total d’oeuf produit. En
moyenne,le lot T apparaît supérieur
etle lot B (
10 p.
100de suif i) inférieur
aux autreslots. Néanmoins, statistiquement
cesdiffé-
rences ne sont
pas significatives. Seul, l’effet du poids de la
«poule
» estsignificatif ;
les petites poules pondant des oeufs plus petits
et unpoids total d’oeufs plus faible.
Les résultats de consommation journalière d’aliment
etl’indice de consommation calculés
surl’ensemble de l’expérience font l’objet du tableau 5 . Là
encore onpeut remarquer que les valeurs
sonttrès voisines les
unesdes
autres.L’effet du
«régime
»n’est pas significatif.
Nous rapportons à titre indicatif dans le tableau 6 les chiffres de mortalité. Il semble qu’elle soit
unpeu plus élevée dans les lots
recevantdu suif. On
nepeut cependant
endéduire de conclusions valables étant donné le petit effectif utili,é.
De plus, il
estcurieux de
constaterque
ce sontles lots
D etF, ingérant
unaliment
à
10p.
100de suif de mauvaise qualité, qui
ontété les moins touchés. On
nepourra conclure
sur cepoint particulier qu’après des essais portant
surdes effectifs beaucoup plus importants.
Enfin le tableau 7
nouspermet de présenter des gains de poids enregistrés pen- dant la période de ponte. Là
encore on nepeut
mettre enévidence
aucunedifférence
entre
les 7 régimes. Ceux qui contiennent
10p. ioo de suif n’entraînent nullement
un
engraissement supérieur de3 pondeuses.
CONCLUSION
Avec des souches légères, l’incorporation de suif
enquantités importantes dans
l’aliment
neprésente donc pas d’effets défavorables, dans la
mesure tout aumoins
où le
tauxénergétique de l’aliment
nes’en
trouvepas élevé de façon excessive.
Cette constatation
està rapprocher de celle de FONTAINE
etcollaborateurs
( 19 6
7
et19 68) selon lesquelles il
estpossible d’incorporer jusqu’à 15 p.
100de suif dans les aliments pour poules pondeuses
sansdiminuer les performances de ponte
pourvu que la
teneurénergétique de l’aliment demeure dans les limites normales.
Les effets dépressifs des régimes riches
engraisses rapportés par différents
auteurs(DoN-AI,I)SO-1!, ig62 ; W.a RR mG et al., ig68 ; FoxT A iNË
etal., 19 6 7 ) s’expliquent
tous
par
unniveau excessivement élevé du
tauxénergétique de l’aliment. Il
se tra-duit par
unesurconsommation d’énergie,
unengraissement important des animaux
et
des performances de ponte médiocres.
De
plus, selon
nosrésultats, la poule pondeuse semble insensible à la qualité
du suif utilisé. Des
travauxde
D.!xGOUMau etal. ( 19 6 2 ) avaient déjà montré qu’il
en est
ainsi pour le poulet de chair. Les volailles
sontdonc d’excellents utilisateurs des suifs de qualité médiocre. Ni leur appétit, ni leurs performances de croissance
oude ponte
ne sontdiminués par la présence dans leur aliment de suifs jugés de
mau-vaise qualité d’après les critères classiques.
Reçu pour publication
en août 79G9.SUMMARY
DIFFERENT
QUALITY
FATS USED BY THE LAYING HENThree very different
duality
fats wereincorporated
intolaying
hen dietsin
g p. 100 or10p. 100 amounts. These three
qualities
wererepresented by
fat for humanfood,
fat for animalfeeds,
and fat forsoap-making.
These diets werecompared
to anisoenergetic
control feed contai-ning
the sameprotein,
mineral and vitamin sources. Statisticalanalysis
did notbring
tolight
any differences in the diets in relation to thefollowing
measurements :laying
rate, average eggweight
total
weight
oflayed
eggs, foodconsumption,
and feedefficiency. Incorporating
alarge quantity
of fat into the food of alaying
hen thus does not have any unfavorableeffects,
at leastnot as
long
as there is not an excessive amount ofenergetic
constituent in the feed. Thelaying
hen seems unaffected
by
thequality
offat,
and is thus an excellent consumer of mediocrequality
fat.
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