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CSAPR CSAPR. Rapport des activités. Janvier 2019 décembre 2019

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Texte intégral

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Projet de dialogue entre acteurs politiques et société civile pour la

consolidation de la paix au Tchad

Rapport des activités Janvier 2019 – décembre

2019

Coordination Nationale

Mai 2020

Avec le soutien de :

CSAPR

COMITÉ DE SUIVI DE L’APPEL À LA PAIX ET À LA RÉCONCILIATION

B.P.4559

Bureau Inades Formaton ArdepDjoumal – N’Djaména

+235 66 29 95 09 / 66 29 48 65 / 60 88 85 53 comitpaixtchad@yahoo.fr

www.initatve-paix-tchad.or2

CSAPR

COMITE DE SUIVI DE L’APPEL À LA PAIX ET À LA

RÉCONCILIATION

BP 4559 -

Avenue Pascal Yoadoumnadji – N’Djaména +235 66 29 95 09 / 66 29 48 65 / 60 88 85 53

comitpaixtchad@yahoo.fr www.csapr-tchad.or2

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Acronymes

ACATT : Action Chrétienne pour l’Abolition de la Torture au Tchad AFVP : Association des Femmes Vendeuses des Poissons

BESTRAT : Exécutif du Bureau d’Études Stratégiques

CEFOD : Centre d’Étude et de Formation pour le Développement CELIAF : Cellule de Liaison et d'Information des Associations Féminine CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale CENI : Commission électorale nationale indépendante

CLAC: Centre de Lecture et d’Action Culturelle

CIFDES : Centre d’Insertion des Filles en Déperdition Scolaire CNDP : Cadre National de Dialogue Politique

CONAF : Coordination Nationale des Femmes

CREPS : Centre de Recherche d’Études Politiques et Stratégiques CSAI : Conseil Supérieur des Affaires Islamiques

CSAPR : Comité de Suivi de l’Appel à la Paix et à la Réconciliation CTDDH : Convention Tchadienne de Défense des Droits de l’Homme CTPD : Convention Tchadienne pour la Paix et le Développement HAMA : Haute Autorité des Médias Audiovisuels

HCR : Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun LOASP : Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale

PDS : Parti Démocratique et Socialiste PILC : Public Interest Low Center

PRET : Parti pour le Rassemblement et l’Équité au Tchad MPS : Mouvement Patriotique du Salut

RASPAC : Réseau des Acteurs de la Société civile pour la Paix en Afrique Centrale RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

RNDT/Réveil : Rassemblement National des Démocrates Tchadiens /Réveil TBS : Taux Brut de Scolarisation

UDP : Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès

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Table des matières

Introduction...3

I. Description des actiiitts...5

II. Leçons apprises...39

III. Difficultts rencontrtes...41

Conclusion...41

Introduction

Après l’adoption de la nouvelle Constitution qui a inauguré la 4ème République, l’année 2019 a été considérée comme une année électorale. La déclaration du Président de la République annonçant la tenue des élections, la mise en place de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), le renouvellement du Cadre National de Dialogue Politique (CNDP) ont été autant d’événements qui avaient entretenu d’espoir les acteurs politiques et l’ensemble des citoyens tchadiens. Les Tchadiens, dans leur majorité, souhaitaient que les élections se tiennent en cette année pour mettre fin à la longue législature ainsi qu’à l’expiration du mandat des conseillers communaux.

Malheureusement, l’année 2019 s’est achevée sans l’organisation de ces élections.

L’absence d’un calendrier précis, la non adoption des textes juridiques encadrant les élections, et le manque de débats sur les conditions d’organisation de ces élections ont suscité des atermoiements. La société civile s’est interrogée régulièrement sur la volonté réelle du gouvernement quant à es engagements par rapport au respect des échéances électorales annoncées.

La restriction des libertés publiques (interdiction de manifestation, meetings, les arrestations arbitraires des militants des droits de l’Homme, etc.) renforce en effet la prise de position de la société civile contre le problème de gouvernance démocratique au Tchad.

Sur le plan social, l’année 2019 a été également marquée par la signature d’un protocole d’accord entre la plateforme syndicale revendicative et le gouvernement.

Cet accord a mis fin à une longue période de grève qui a paralysé l’administration

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tchadienne. Les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise financière, notamment la coupe dans les salaires ont en effet motivé la réaction des syndicats.

Enfin sur le plan sécuritaire, les menaces des groupes terroristes ont persisté au cours de l’année 2019. Plusieurs attaques des éléments de Boko Haram ont été enregistrées à travers la Province du Lac Tchad. De même, un foyer de tension s’est installé dans la partie septentrionale du pays avec la découverte d’un site aurifère.

Malgré les décisions prises par le gouvernement pour résoudre le problème, la violence continue de sévir dans cette province. Les autres localités du pays ont connu une recrudescence des conflits communautaires sans précédent. Cette situation conduira le gouvernement à décréter l’état d’urgence dans trois provinces de l’Est et du Nord (Ouaddaï, SILA et Tibesti).

C’est dans ce contexte que le CSAPR a mis en œuvre les activités prévues pour l’année 2019 dans le cadre du biennal de dialogue entre acteurs politiques et société civile pour la consolidation de la paix au Tchad et dans la sous-région Afrique Centrale.

Le présent rapport synthèse retrace le déroulement des activités, la méthodologie utilisée, les leçons apprises ainsi que les difficultés rencontrées.

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I. Description des activités

3.1.1.1.1. Cafés politiques de N’Djamena

3.1.1.1.1.1. Café politique de N’Djamena sur la question de parité homme - femme

La promotion du genre est inscrite par le Tchad comme un axe important de sa politique de développement. À cet effet, le gouvernement a élaboré et adopté la politique nationale du genre et la ratification de plusieurs conventions et traités en faveur des femmes. Pour renforcer cet engagement, le Président de la République a signé, le 22 mai 2018, l’ordonnance N°12/PR/18 instituant la parité dans les fonctions nominatives et électives au sein de la République du Tchad.

Cet acte politique confère à la femme une place importante dans la société tchadienne d’aujourd’hui. Toutefois, des obstacles subsistent quant à l’applicabilité de cette décision. C’est pourquoi le CSAPR a jugé nécessaire d’organiser un débat sur cette question de société afin de contribuer à clarifier les différents rôles et positions des institutions en charge de la question, les actions menées par les acteurs associatifs et politiques et les propositions à faire pour promouvoir la parité au Tchad.

Le café politique sur la question de la parité a été organisé le 16 février 2019 à Hilton Hôtel et a réuni les personnalités suivantes : Me DJIRAIBE KEMNELOUM Delphine (Avocate au Barreau et Avocate Principale de Public Interest Low Center (PILC) ; Madame MAMADJIBAYE NAKO, membre du bureau politique Parti pour le Rassemblement et l’Équité au Tchad (PRET) ; Madame Neloum MBAIGOTO, Conseillère à Coordination Nationale des Femmes (CONAF) et Madame Fiyi Agoi Présidente de l’Association des Femmes Vendeuses des Poissons (AFVP). Le Café politique a été co-animé par Mesdames LOBO Maurienne et NARBAYE Halimé de la Radio FM Liberté.

Au cours du débat, les participantes ont d’abord salué unanimement la décision prise par le gouvernement pour instaurer la parité au Tchad. En revanche, elles ont exprimé des avis divergents sur sa volonté à rendre effective cette décision.

Pour les unes, des efforts importants ont été fournis par le gouvernement dans le cadre de la nomination des femmes à des postes de responsabilité (services publics, gouvernement et autres institutions). De même, des opportunités existent pour renforcer cet engagement politique. En effet, les prochaines élections permettront d’assurer une forte représentativité des femmes dans les instances de prise de décision, notamment à l’Assemblée Nationale et dans les Communes. Il convient de souligner que l’Ordonnance 12 fait obligation aux partis politiques de présenter au moins 30% des femmes sur leurs listes électorales sous peine d’invalidation de la

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liste. Par conséquent, il est probable, si le principe est appliqué, d’avoir une assemblée nationale dans laquelle les femmes seront plus fortement représentées.

Quant aux autres participantes, la crise de gouvernance que connaît le pays ne pourrait permettre d’assurer l’applicabilité de l’ordonnance, car une véritable parité se définit par la justice sociale, l’égalité et l’équité. Or nous assistons à des inégalités réelles dans les secteurs de l’éducation et de l’emploi. Outre la diversité culturelle et religieuse qui caractérise le Tchad et qui constituerait une entrave, les intervenantes ont insisté sur le manque de volonté politique du gouvernement à respecter ses engagements en la matière. Le Tchad a beau ratifier et adopter les instruments nationaux et internationaux en faveur de la femme, le problème se pose sur l’applicabilité car il manque toujours les mécanismes de mise en œuvre. Par ailleurs, la promotion d’une véritable parité doit tenir compte des aspects à la fois anthropologiques, sociologiques, juridiques ; mais force est de constater que le processus n’a pas fait l’objet d’une large consultation des acteurs nationaux.

Au terme du débat, les participantes ont formulé quelques recommandations. Il s’agit entre autres : d’assurer et favoriser une éducation de qualité en faveur du genre sur l’étendue du territoire, disposer des mécanismes juridiques et de suivi de l’applicabilité du dit décret et enfin assurer l’engagement de la volonté politique à cet effet.

3.1.1.1.1.2. Café Politique de N’Djamena sur le procès d’Hissein Habré

En 2015 les chambres extraordinaires africaines créées par l’Union Africaine ont condamné l’ancien président Tchadien Hissein Habré pour des crimes commis pendant son règne de 1982 à 1990. Pendant que ce procès se tenait à Dakar au Sénégal, la Justice Tchadienne a également jugé et condamné les complices de crimes d’Hissein Habré à N’Djamena. Ce procès, a été présenté comme un acte historique de justice car, pour la première fois au monde un ancien chef d’État est traduit devant la justice d’un autre pays.

Mais force est de constater que les décisions de condamnation prises par les juges aussi bien à Dakar qu’à N’Djamena peinent à être exécutées en faveur des victimes.

Depuis plus de quatre (4) années la situation des victimes se dégrade de jour en jour.

Afin de contribuer à élucider la question en favorisant le dialogue entre les différents groupes d’acteurs concernés en vue de renforcer la cohésion sociale au Tchad, le CSAPR a tenté d’organiser un café politique le 12 Juin 2019 à Hilton Hôtel. Ont été invités à ce débat, un représentant de l’Assemblée Nationale, un représentant du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, la coordinatrice du collectif des avocats des victimes et le président de l’association des victimes. Ce café politique n’a pu être réalisé malheureusement à cause du désistement de deux (2) représentants des institutions publiques. Le député Président de la Commission Lois et Politiques Générales et le Directeur Général des Droits de l’Homme, désignés

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respectivement par le Président de l’Assemblée Nationale et le Ministre de la Justice, ont évoqué diverses raisons pour justifier leurs absences.

Compte tenu de l’importance du sujet à débattre, le CSAPR a décidé de donner la parole aux deux (2) autres invités présents, la coordinatrice du collectif des avocats des victimes et le président de l’association des victimes ainsi qu’à d’autres personnalités politiques et citoyens anonymes afin de réaliser une émission magazine. Cette émission sera diffusée à travers les radios en lieu et place du café politique.

3.1.1.1.2. Cafés politiques de prestige

En marge de la rencontre d’échange sur les questions transfrontalières Tchad-RCA- Cameroun tenue à Moundou au Tchad, deux cafés politiques de prestige ont été organisés les 6 et 8 avril 2019. Ces cafés politiques ont porté sur la gestion des frontières et le rôle que les organisations de la société civile pourraient jouer pour contribuer à la résolution des conflits dans la sous-région.

3.1.1.1.2.1. Café politique de prestige sur la gestion des frontières

À l’instar des autres sous-régions de l’Afrique, l’Afrique centrale fait face à des défis sécuritaires et de paix majeurs. Les États de la sous-région CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) sont confrontés ces dernières années à différents défis liés à la circulation des armes et des hommes armés. Ainsi, la gestion des frontières préoccupe les États de la CEMAC, car elles deviennent des enjeux pour la stabilité et le renforcement de la sécurité et de la paix dans la sous- région. Plusieurs initiatives ont été prises par les États pour sécuriser les frontières, mais certaines constituent des entraves à la libre circulation des communautés des zones frontalières livrées à toute sorte de tracasseries, voire des abus et des violations des droits humains.

Pour débattre de ces problèmes de la sous-région, le premier café politique de prestige a été organisé le 6 avril 2019 à l’hôtel Résidence de Moundou, et a porté sur le thème : « Gestion des frontières : entre impératif sécuritaire et respect des droits de l’Homme »

Le café politique a regroupé des personnalités de haut niveau à savoir : M. GANA Djékila, Secrétaire général de la Province du Logone Occidental, Honorable Député Antoine KOIROKPI de la République Centrafricaine, Honorable Député SADJIGOTO DANGAI de la République du Tchad et Madame ISSA Djimet Catherine, Présidente du Centre d’Insertion des Filles en Déperdition Scolaire (CIFDES).

À l’entame des échanges, les participants ont relevé que les situations ne sont pas les mêmes dans les trois (3) pays, par conséquent l’analyse de la question de gestion des frontières doit tenir compte d’un certain nombre de paramètres et contingences. Par ailleurs, ils reconnaissent tous que les problèmes transfrontaliers impactent sur la stabilité de la sous-région.

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En effet, les défis sécuritaires ont conduit les autorités des trois (3) États à prendre des mesures drastiques pour assurer la gestion de leurs frontières. L’évolution de la crise politico-militaire en République Centrafricaine a fait de la question de frontières une préoccupation majeure dans la zone CEMAC. C’est ainsi que le Cameroun a renforcé la surveillance de sa frontière Est tandis que le Tchad a décidé de fermer sa frontière Sud. Ces décisions ont un impact sur les échanges économiques et les mouvements des populations. Certains citoyens qui tentent de traverser la frontière sont souvent victimes des abus et de violations des droits humains de la part des bandits et même des forces régulières. Sur les routes, d’autres subissent des tracasseries policières et douanières lors du voyage. Les engagements pris par les Chefs d’État de la CEMAC ne semblent donc pas appliqués s’agissant de la libre circulation des personnes et des biens dans la zone.

Actuellement, si la situation pourrait être qualifiée de meilleure entre la RCA et le Cameroun, elle est en revanche difficile et déplorable entre le Tchad et la RCA du fait de la fermeture des frontières entre les deux (2) pays.

Pour une gestion efficace des frontières, les participants au café politique ont formulé quelques propositions à savoir :

- Organiser des réunions régulières des comités mixtes entre les trois pays - Déployer des Brigades mixtes à la frontière

- Vulgariser et traduire dans les langues nationales, la charte de la CEMAC et les engagements des Chefs d’État sur la libre circulation en zone CEMAC

- Mettre à la disposition des agents les textes de la CEMAC

- Organiser une journée porte-ouverte pour informer les populations sur ce sujet

- Ouvrir un corridor pour permettre une circulation entre le Tchad et la RCA - Associer et/ou impliquer la société civile dans le contrôle des frontières

- Mettre en place des comités locaux pour la gestion des conflits transfrontaliers et de la transhumance.

3.1.1.1.2.2. Café politique de prestige sur le rôle de la société civile dans la résolution des problèmes frontaliers en zone CEMAC

Les États de l’Afrique centrale en général et de la zone CEMAC en particulier font face à plusieurs problèmes qui impactent sur la paix et l’intégration des peuples. Eu égard à cette situation, plusieurs acteurs tentent d’intervenir à travers plusieurs types d’actions. Cependant, en ce qui concerne la question de la paix et de la sécurité, la mobilisation de ces acteurs est caractérisée par une faible synergie notamment entre les acteurs institutionnels et la société civile.

Le second café politique de prestige a été organisé le 8 avril 2019 à l’Hôtel La Résidence de Moundou, et a regroupé exclusivement des acteurs de la société civile. Le débat a été consacré au thème « Le rôle de la société civile dans la résolution des problèmes transfrontaliers en zone CEMAC ».

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Les participants à ce débat étaient : Mme Wango Ndakala Bernice, présidente G23, plateforme pour la participation de la femme au processus de paix en RCA, Mr Ahmat Moussa Hassane, coordinateur sous-régional de Kawtal au Tchad, Mr Gervais Lakosso, coordinateur du Groupe de Travail de la Société Civile sur la crise centrafricaine, Mlle Adja Kadidja Ahmat El Madjido, Responsable de la Plateforme Interconfessionnelle de la Jeunesse Centrafricaine et Mr Joseph Désiré Zebaze, coordinateur national du Réseau camerounais des associations des droits de l’Homme. Le café politique de prestige a été animé par Mr Nara Hantoloum.

Il ressort des échanges que la situation des communautés dans le triangle Tchad- Cameroun-RCA est dramatique et assez complexe du fait de la crise centrafricaine et de mouvement des groupes armés qui parcourent la sous-région. Elle est à l’origine de la recrudescence des abus et des violations des droits humains et une pauvreté sévère, car les populations sont prises en otages par ces groupes et ne peuvent vaquer librement et paisiblement à leurs occupations. En outre, l’inobservation des décisions prises par les chefs d’État de la sous-région pour assurer la circulation des personnes et des biens renforce cet état de chose.

En effet, la crise centrafricaine a bouleversé les relations séculaires qu’entretenaient les populations transfrontalières en sens où elle a engendré une rupture de confiance et une violence entraînant une stigmatisation des communautés. À titre d’exemple, les centrafricains sont stéréotypés comme violents, les peulhs sont assimilés aux braqueurs et criminels, voleurs de bétail, etc..

Par ailleurs, la fermeture de la frontière entre le Tchad et la RCA impacte les échanges sociaux-économiques d’autant plus que, selon les agents du fisc centrafricains, le corridor N’Djamena-Bangui rapporte plus que le corridor Bangui- Douala.

C’est dans ce contexte et en se fondant sur les engagements des États dans le cadre de la CEMAC que les organisations de la société civile ont mené dans chaque pays plusieurs initiatives en vue de contribuer au rapprochement des acteurs de la sous-région. De portée nationale, elles ont permis d’influer sur les démarches de résolution de crises (cas Centrafricain) et d’engager le dialogue avec les acteurs politiques pour le rapprochement entre les pays en crise (Dialogue entre les acteurs politiques et la société civile du Tchad et de la RCA). De même, des sensibilisations ont été faites auprès des populations et dans les camps de réfugiés et des personnes déplacées internes sur le vivre ensemble et la cohésion, l’éducation à la citoyenneté et à l’entreprenariat ou encore sur l’accompagnement social et l’aide humanitaire.

Les participants au débat se félicitent de cette dynamique sous-régionale enclenchée par le CSAPR, qui servira de plateforme en vue de faire des propositions pertinentes aux détenteurs d’enjeux et contribuer par le dialogue à la résolution de la crise et à l’intégration dans la zone CEMAC.

Pour assurer ce rôle, les participants recommandent :

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- La mise en place d’un réseau de la société civile de l’espace CEMAC pour renforcer le respect des engagements des États pour construire une CEMAC des peuples et une CEMAC citoyenne

- Contribuer aux efforts de la société civile à se mobiliser autour des activités de la CEMAC

- Organiser des campagnes mixtes gouvernements et société civile pour sensibiliser sur la libre circulation, le respect de la charte de la CEMAC et les engagements communautaires des chefs d’État par les agents de l’État (Forces de Défense et de Sécurité) et les populations ;

- Contribuer à encadrer et réglementer la transhumance dans la sous- région ;

- Promouvoir la culture pour l’intégration des peuples ;

- Investir sur les frontières pour les rendre attractives: construire des hôpitaux, des hôtels, relancer les sites touristiques et éclairer et équiper les postes en énergie pour qu’ils soient défendables et praticables.

3.1.1.1.3. Cafés politiques juniors

Comme son nom l’indique, le café politique junior est un espace d’échanges, de réflexions et de propositions consacré aux jeunes leaders issus des partis politiques et de la société civile.

L’objectif visé par cette activité est d’initier les jeunes leaders aux débats politiques en vue de renforcer leurs capacités en matière de leadership.

Prévus dans le cadre du projet biennal du dialogue entre acteurs politiques et la société civile, le premier café politique junior a été organisé le 11 Mai 2019 à N’Djamena. Le débat a réuni deux groupes de quatre (4) jeunes leaders autour du thème « La problématique de l’accès à l’emploi des jeunes au Tchad » avec : Mr NADJI GAOURANG B’ATNA du PDS (Parti Démocratique et Socialiste), Mr NADJILEM BERILENGAR Adolphe de l’UDP (Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès ; GUILIKINING Alexis Bismarck du parti RNDT/Réveil (Rassemblement National des Démocrates Tchadiens), Mme NAIMO SANBEWI Ghislaine du parti Caméléon, LEKATCHANG LIBENANF Alfred (société civile), MELODIE NELOUMTA (société civile), NADJILEM BELINGAR Adolphe de l’Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP), Moussa MBODOU Abdoulaye.

Globalement, il en ressort les points suivants.

La problématique de l’accès des jeunes à l’emploi est au centre des préoccupations des gouvernants. Les réformes engagées par le gouvernement, notamment le programme éducation, formation en liaison avec l’emploi ainsi que de nombreuses initiatives émanant des partenaires internationaux et ONGs en vue de favoriser l’emploi des jeunes ne semblent atteindre le résultat attendu. Ainsi, chaque année, des milliers de jeunes obtiennent des diplômes à la fin de leurs études, mais ils ne

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parviennent pas à décrocher un emploi. D’autres milliers de jeunes sans qualifications arrivent également sur le marché de l’emploi.

La qualité de l’enseignement dispensé qui ne correspond pas aux besoins du marché. On assiste à une production de masse sans qualification requise grossissant ainsi le nombre des jeunes sur le marché disent-ils. La crise économique que vit le pays peut expliquer en partie le manque d’embauche. Mais le manque de financement des projets des jeunes par les institutions dédiées, notamment le FONAJE, LONAJES, l’ONAPE etc., du fait de clientélisme et de la « partitocratie » plombent davantage les espoirs et les chances des jeunes.

L’adoption par le gouvernement du décret de la politique nationale de l’emploi des jeunes, le 9 mai 2019, constituerait une bouffée d’oxygène. Il suivrait la voie appropriée de lutte contre le chômage et le sous-emploi des jeunes, car le pays disposera désormais d’un cadre de politique générale pour gérer la question de l’emploi au Tchad. Si, les panélistes apprécient cette initiative, ils expriment cependant leur doute puisqu’il y a souvent une dichotomie entre les textes et la pratique au Tchad, c’est une consubstantialité sans pareil. Jusque-là, l’État ne fait que planter les chrysanthèmes. L’attentisme et l’apathie des jeunes diplômés et la faible reconversion de ces derniers accroissent aussi le pourcentage des diplômes sur le marché de l’emploi. Le Tchad recèle des potentialités qui permettent d’initier et ou de créer des entreprises, mais l’on observe peu d’initiatives à l’auto-emploi.

Compte tenu du fait que L’État ne peut assurer le plein emploi et pour diminuer les risques de déstabilisation du pays et l’enrôlement et l’embrigadement des jeunes par les groupes mafieux et djihadistes, les panélistes recommandent la promotion de l’entreprenariat jeune comme un pan de solution du problème. L’agriculture et l’élevage doivent être mis à contribution pour créer les emplois dans le monde rural.

Par ailleurs, les institutions publiques et les parents doivent assurer une orientation des enfants afin de les guider vers des métiers futurs qui répondent aux besoins du pays et du marché de l’emploi.

3.1.1.1.4. Café politique d’Ati

Le secteur de l’éducation et en particulier la question de la scolarisation des filles occupent une place de choix dans les politiques d’éducation en matière de développement au Tchad.

Afin de renforcer cette volonté politique, le gouvernement tchadien a créé au sein du Ministère de l’éducation une direction dédiée à la scolarisation des filles. Chaque année, en plus du financement public, cette structure bénéficie de l’appui des partenaires internationaux et établit par ailleurs des partenariats avec des ONGs nationales pour réaliser son programme d’activités. Toutefois, le constat fait au niveau national indique que le taux de scolarité des filles demeure disparate et faible.

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La situation de certaines localités de la province du Batha en est une illustration. De multiples raisons pourraient expliquer ce problème.

Pour débattre de la question et faire des propositions en vue de renforcer les actions des institutions publiques, un café politique a été organisé à Ati le 25 Mai 2019 sur le thème « La problématique de la scolarisation des filles dans la province du Batha ».

Ont participé à ce débat : Mme AIMEE ALBARIA HAROUN, représentante de l’association des parents d’élèves du Batha, Mr MBAITEGUE NAIDIGAR Isidore, planificateur de la délégation de l’éducation nationale du Batha, Mme ACHTA ABDOULAYE, membre de la coordination des associations des femmes du Batha, Mr OUMAR DEYE DOGO, Secrétaire administratif du conseil communal du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) du Batha et Mr SALADINE MOUSSA ADAM, représentant l’opposition démocratique. Le café politique est animé par Mr MAHAMAT SALEH HAROUN, journaliste à la Radio FM Al Nadja.

Il ressort du débat que la population de la Province du Batha est à dominance rurale, à 93,22% pour un total de 488 458 habitants enregistrés lors du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH)de 2009. La part des femmes qui a entre 12 et 18 ans atteint 52%. Au regard des effectifs dans les différents ordres d’enseignement et du fonctionnement des établissements en milieu rural, l’on constate que la scolarisation des filles dans le Batha se porte en effet très mal. Dans l’enseignement primaire, le taux brut de scolarisation (TBS) est de 31,5% pour les filles contre 38% chez les garçons (41 661 élèves dont 14 897 filles). Dans l’enseignement moyen général, il est de 12% pour les filles contre 45% chez les garçons (2 235 élèves dont 603 filles). Dans le secondaire, le TBS est de 1,06% pour les filles contre 2,10% chez les garçons (891 dont 121 filles). Il va s’en dire qu’à la lumière des statistiques, le grand défi est celui du maintien des filles à l’école. Le sommet de la pyramide traduit mieux le décrochage progressif des filles.

Cette faiblesse s’explique par des causes d’ordres culturel et social mais aussi infrastructurels. Il s’agit entre autres du mariage précoce et/ou forcé (le seuil du mariage est entre 11 à 19 ans pour les filles), de l’ignorance des parents sur l’importance de l’école, de la pauvreté. Le poids de la tradition impacte très négativement sur la scolarisation des filles puisque souvent lors de choix la priorité est accordée aux garçons.

Les infrastructures ne répondent pas non plus au mode de vie d’une partie de la population qui est nomade et donc caractérisé par sa grande mobilité.

Plusieurs initiatives ont été développées par le Ministère et la délégation pour corriger le déséquilibre et assurer le maintien des filles à l’école. Il s’agit, en plus de la création de la Direction de la promotion de la scolarisation des filles, d’un appui par la ration sèche et les cash et l’octroi des prix de l’excellence et la remise de bourse d’étude aux filles ayant obtenu le baccalauréat avec une bonne mention.

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Les élèves de sexe féminin de 3ème sanctionnées de bonnes notes dans les matières scientifiques sont aussi primées.

Outre ces initiatives, les acteurs sociaux et la société civile mènent des campagnes de sensibilisation auprès des parents pour favoriser l’envoi et le maintien des filles à l’école.

Comme pistes de solutions, les participants au débat proposent :

- Le renforcement de larges campagnes de sensibilisation en impliquant tous les acteurs, notamment les leaders d’opinion pour mieux faire passer le message ; - L’organisation d’une réflexion pour définir les stratégies et les actions à mener pour la scolarisation des filles ;

- La valoriser des cas de réussite (femmes ministres, directrices, enseignantes, médecins) pour susciter des nouvelles vocations et créer un effet d’entrain ;

- Doter la province du Batha d’infrastructures et d’un corps enseignant féminin pour servir d’exemple.

3.1.1.1.5. Café politique de Mao

A l’instar des nombreuses provinces du Tchad, le Kanem est confronté ces dernières années au phénomène de la consommation abusive des produits dopants en milieu urbain. A travers la ville de Mao et ses environs, beaucoup de personnes parmi lesquels majoritairement des jeunes s’adonnent en effet à cette activité dangereuse.

Les uns sont friands des comprimés appelés « Tramadol », tandis que les autres sont partisans du « chichats ». La prise de ces produits impacte négativement leurs vies : maladies, invalidités, violences et déchirement familial, etc. Cette situation pourrait constituer à terme une menace pour la cohésion sociale et la paix dans la province.

Afin de mieux comprendre le problème, notamment les motivations des consommateurs, les conditions de commercialisation illégale des produits dopants, la responsabilité des acteurs en charge de l’application des textes, le niveau d’éducation des jeunes ainsi que le rôle que joue la société civile à travers la province, le CSAPR a proposé le 13 juillet 2019 à Mao, un débat sur le thème : « La prise des produits dopants illicites notamment psychotropes par les jeunes dans la province du Kanem ».

Le café politique a regroupé, Monsieur Abakar Al Hadj Abdelkerim, Secrétaire Général de la Province, représentant le Gouverneur; Monsieur Ahmat Mahamat Ali, représentant de l’opposition démocratique ; Dr Baldal Djimet Aoudou, médecin chef du département clinique de l’hôpital provincial de Mao ; Monsieur Youssouf Yaya Mouli, représentant du parti de la majorité présidentielle et Monsieur Motta Kosso, représentant des jeunes. La conduite de cet échange a été assurée par Monsieur Mahamat Warou, journaliste à la Radio Djimi de Mao.

Les échanges ont permis de mettre en évidence l’ampleur du phénomène qui constitue une préoccupation majeure des acteurs locaux, car beaucoup des jeunes

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sont sous son emprise. Cela induit indubitablement des conséquences importantes sur ces derniers. Sur le plan sanitaire, la prise de ces produits impacte en effet le système physiologique des consommateurs entraînant souvent des crises d’épilepsie, de même que l’accoutumance inhibe la capacité de ces personnes à entreprendre et ou à faire des efforts physiques. Cela constitue en soi un manque à gagner pour la province d’autant plus que les bras valides sont décimés par le phénomène. Sur le plan social, le dysfonctionnement du système physiologique des consommateurs les conduit aussi à la violence, notamment les violences conjugales et familiales, la criminalité, etc.

Selon les statistiques des services du Ministère de la Justice, en 2018, le Kanem occupe le premier rang des villes à fort taux de la criminalité (coups avec blessures mortelles) et plus de 60% de ces crimes sont liés à la consommation de la drogue.

Plusieurs facteurs expliqueraient la montée de la violence domestique, notamment le manque d’éducation de base, la pauvreté, la perte de l’autorité parentale, la corruption, etc.. Outre la-non application des textes pris par le gouvernement, le représentant de l’administration participant au débat reconnaît que l’option répressive engagée par les pouvoirs publics pour lutter contre le mal a prouvé ses limites, car les produits continuent d’être vendus dans les tous les marchés hebdomadaires de la province.

Ainsi, il est important de changer de paradigme en adoptant une approche inclusive (administration, partis politiques, société civile, les jeunes) et un programme basé sur la sensibilisation de la population, en l’occurrence les jeunes, afin de les conscientiser sur les dangers liés aux produits psychotropes.

Les panélistes recommandent par ailleurs des actions suivantes :

L’instauration des contrôles par les autorités locales limites de la province jusqu’à la ville en vue de limiter leur importation et d’endiguer le phénomène ;

L’encadrement des jeunes par la formation aux métiers ;

L’application des mesures prises par le gouvernement, notamment l’incrimination des vendeurs des produits.

Au terme des échanges, les participants se sont félicités de la tenue d’un tel débat qui contribuerait à attirer l’attention des jeunes sur les risques liés à leur consommation, mais aussi celle des autorités pour que des mesures soient renforcées dans le sens de la protection de la vie des jeunes dans la province du Kanem et au Tchad.

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3.1.1.2. Suivi et plaidoyer autour des propositions et recommandations des cafés politiques

Chaque année plusieurs cafés politiques sont organisés à N’Djamena et en provinces. Ces cafés politiques abordent diverses questions d’intérêt local et national. Les débats débouchent souvent sur des recommandations et des propositions politiques. Afin d’assurer un suivi efficace de celles-ci, le CSAPR a décidé d’engager des actions de plaidoyer auprès des acteurs clés et des institutions nationales. C’est ainsi que quelques initiatives ont été menées par la coordination nationale en collaboration avec les points focaux ainsi que les organisations de la société civile des localités ciblées.

À Bongor, dans la province du Mayo-Kebbi Est les recommandations faites sur la question des violences que subissent les femmes ont mené à une action de plaidoyer auprès des autorités locales. En prélude de cette action, il a été recommandé aux organisations des droits de l’Homme de préparer un rapport documenté sur la base duquel pourra se construire le dialogue avec les autorités locales. Au cours du mois de juillet la coordination du CSAPR effectuera une mission pour faciliter ce dialogue.

3.1.1.3. Rencontres avec les acteurs politiques et les personnes de contact 3.1.1.3.1. Rencontres avec les personnes de contact

Pour la mise en œuvre des activités de dialogue, le CSAPR a développé des concertations permanentes avec les personnes de contact des partis politiques. Ces rencontres ont permis de définir et de conduire les échanges avec les acteurs politiques pour tenter de décrisper la situation politique tendue suite au passage à la 4èmeRépublique. En outre, suivant la même démarche, les personnes de contact ont été associées au choix des participants et des thèmes ainsi qu’à la facilitation des activités. Cette approche a contribué à une large participation des acteurs politiques mis en confiance en amont par les personnes de contact.

Par ailleurs, les rencontres avec les personnes de contact ont permis d’échanger sur l’évolution du contexte politique, sociale et sécuritaire. Ces rencontres ont contribué considérablement à la mise en œuvre des activités de dialogue.

3.1.1.4. Forums inter et intra-partis politiques et société civile pour la consolidation de la paix

3.1.1.4.1. Forum inter-acteurs politiques et société civile pour la consolidation de la paix

Pour faire suite à l’étude-diagnostic réalisée avec l’appui du CCFD-Terre Solidaire et publiée en avril 2017, le CSAPR a organisé du 26 au 28 septembre 2019, au Centre

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Al-Mouna, un Forum inter-partis politiques et Société civile sur le thème : L’Agriculture d’aujourd’hui, la terre, les productions et les lois.

Le Forum qui réunissait une cinquantaine de participants issus de l’administration publique, des partis politiques de touts bords, de la Société civile, des universitaires et des délégués provinciaux avait trois objectifs spécifiques :

- Analyser le contexte et le cadre de l’exploitation agricole au Tchad

- Établir un véritable échange entre les différents acteurs autour des défis de l’agriculture tchadienne

- Formuler quelques pistes de réflexion et de propositions d’actions concrètes aux fins de contribuer à la redynamisation et à la performance du système de production.

Ainsi, pour permettre de circonscrire la thématique afin de faciliter les échanges constructifs, deux communications introductives ont été présentées respectivement par Monsieur Ngaye Tordina, Directeur des études, Planification et suivi évaluation du Ministère de l’Agriculture et Monsieur Max Kemkoye, Consultant national. Selon eux, malgré les potentialités en terres arables (39 millions d’hectares ; 4,5 millions de terres cultivées ; 5,6 millions de terres irrigables ; 45 522 hectares aménagés dont 15 000 en maîtrise totale) et en eaux de surface ( 21, 8 milliards de m³/an) que recèle le pays et des investissements qui sont faits à travers les plan quinquennaux, l’agriculture tchadienne peine à atteindre la sécurité alimentaire de plus de 75% de la population.

C’est ainsi que pour assurer le développement du secteur le gouvernement a élaboré plusieurs documents de référence, notamment les plans périodiques, des programmes et projets, des stratégies nationales de réduction de la pauvreté, des Plans Nationaux de développement, ou encore la LOASP (Loi d’Orientation Agro- Sylvo-Pastorale) publiée le 31 août 2016. Mais force est de constater qu’ils n’ont pas résolu le problème de la productivité et de maîtrise des ouvrages agricoles.

Avec la raréfaction des ressources due au changement climatique, le foncier a pris de l’importance et est au centre des conflits opposant les agriculteurs, les éleveurs et des acteurs s’accaparant des espaces villageois pour des investissements agricoles et des activités économiques. L’absence d’un Code foncier n’est pas de nature à faciliter les choses car le statut de la terre, de même que les règles coutumières ainsi que l’arsenal juridique actuel datant des années 1967 sont inadaptés à ces situations nouvelles.

Il est nécessaire pour le Tchad de s’attaquer à ces défis pour booster le secteur agricole, c’est pourquoi les participants ont proposé quelques mesures dites

« d’accompagnement » en vue de la revitalisation de l’agriculture. Il s’agissait entre autres des actions prioritaires suivantes :

- L’élaboration d’une vision et une politique sur l’agriculture

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- La maîtrise et la valorisation des ressources en eau - L’intensification et la diversification de la production - Le renforcement du dispositif de prévention

- Le renforcement des capacités des services des organisations de producteurs - Le développement des filières agricoles porteuses

- Le rétablissement et ou la création des fermes agricoles et d’élevages dans les villages avec un programme de formation des exploitants agricoles

- L’établissement d’une cartographie des zones à fort potentiel agricole et d’élevage

- Le recrutement des jeunes pendant les vacances et les envoyer dans les champs crées par le Ministère de l’Agriculture

- L’organisation des camps des jeunes par province sur la gestion agricole/élevage

- La mise en place une approche intégrée agriculture-élevage-environnement par la création d’un seul Ministère avec pour appellation, « Ministère du développement rural »

- L’utilisation de la main d’œuvre des prisonniers aux fins d’’augmenter les superficies cultivables et les rendements

- La réadaptation des textes sur la transhumance aux réalités actuelles

Enfin, le représentant du Ministre s’est réjouit de l’initiative du CSAPR dont les résultats pourraient enrichir l’élaboration par le Ministère de la politique nationale sur l’agriculture. Le forum a été animé par un universitaire, Dr SITACK YOMBATINA Béni, Juriste, Enseignant-Chercheur et spécialiste des Questions de gouvernance.

3.1.1.4.2. Forums intra société civile

3.1.1.4.2.1. Forum intra société civile sur la validation du rapport sur les ordonnances de la IVème République

Le forum intra société civile a servi de cadre pour la validation du rapport de groupe de travail sur les enjeux et la portée des ordonnances de la IVème République à l’épreuve de la préservation des droits de l’Homme, de la Paix et de la cohésion sociale au Tchad. Le forum, qui s’est tenu le 31 juillet 2019, a regroupé une vingtaine de représentants de la société civile dans sa diversité.

Le passage à la IVème République a créé beaucoup de tensions entre les acteurs de la vie nationale de même que les ordonnances subséquentes pour la mise en œuvre des recommandations du Forum National Inclusif. Cette situation constitue une menace pour les assises démocratiques et les libertés publiques. C’est ainsi que le CSAPR a mis en place un groupe de travail de la société civile sur l’analyse des dites ordonnances.

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Le rapport objet de la présente validation a mis en lumière le contexte et la justification des réformes institutionnelles décrétées par les autorités du Tchad, puis s’est ensuite penché sur la légalité de sept (7) Ordonnances et de deux (2) Décrets sur la cinquantaine ayant fait l’objet de l’analyse préliminaire.

Le choix de ces ordonnances se justifie par leur importance du fait qu’elles fondent dans un contexte de démocratisation le rapport entre les citoyens et les institutions de la République, l’exercice de leur liberté, ainsi que l’organisation de l’administration du territoire en perspective des élections à venir.

Il ressort des échanges tant sur la forme que le fond qu’au regard des engagements internationaux du Tchad en matière du respect des droits de l’homme et de la nécessité de préserver la cohésion sociale, les textes sont sujets d’inquiétude. Ainsi, les ordonnances sur le régime des associations, la Haute Autorité des Médias Audiovisuels (HAMA) et le serment confessionnel sont des atteintes à la liberté d’expression et de croyance. Elles touchent aux fondements d’un État de droit et du pluralisme politique et juridique, leviers d’une démocratie participative. De même, les libertés d’opinion et d’expression, de communication, de conscience, de religion, de presse, d’association, de réunion, de circulation, de manifestations, garanties à tous par la Constitution (art. 12 et 28) semblent être remises en cause. Cela constitue en soi un recul pour les libertés publiques et une menace pour la paix et le vivre- ensemble. Par le serment confessionnel, une partie des Tchadiens se voient exclus de la gestion de la chose publique, la « res publica ».

Mises à part ces questions de fonds, les textes comportent aussi des irrégularités et des inconstitutionnalités (non-respect de la hiérarchie des normes, non-conformité à la règle fondamentale). Bon nombre des dispositions de ces ordonnances sont en contradiction et/ou en violation des dispositions de la Constitution de la IVème République. Cela pose un problème quant à l’interprétation et l’applicabilité de ces textes. Il est donc recommandé qu’à défaut de les annuler pour vice de forme ou de fond, ces ordonnances soient revisitées afin de créer les conditions d’une paix sociale, d’un véritable vivre-ensemble, et le renforcement de la démocratie.

Cette activité illustre davantage la capacité du CSAPR à mobiliser et à fédérer la société civile tchadienne autour des questions politiques d’importance et surtout à géénrer une démarche commune pour faire entendre sa voix.

Dans la même logique, le CSAPR a produit un rapport d’analyse sur la IVème République suite aux échanges avec les partis politiques, les syndicats, la presse et les organisations de la société civile en août 2018 à l’issue de la rencontre les acteurs de la société civile présents ont validé le rapport.

3.1.1.4.2.2. Forum intra partis politique de N’Djamena

Depuis l’élection présidentielle de 2016, le climat politique au Tchad est caractérisé par des tensions entre les acteurs politiques alliés au pouvoir et ceux de l’opposition

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démocratique. Cette situation a provoqué un relâchement du dialogue au sein du Cadre National de Dialogue Politique (CNDP). Chaque champ tente de s’accrocher à sa position, en évitant d’engager le débat sur la question. Ainsi, le CNDP, qui est un cadre sensé traiter le problème politique, se retrouve paralysé par le manque de réunions et communications politiques.

Après plusieurs échanges avec les acteurs politiques, notamment certains membres du CNDP, le CSAPR a estimé nécessaire d’organiser un forum d’échanges sur le dialogue politique au Tchad.

Tenu le 1er Août 2019, à l’Hôtel Hilton de N’Djamena, sur le thème : « Dialogue politique : Comment faire du Cadre National de Dialogue Politique (CNDP), un instrument de négociations politiques véritable pour renforcer le processus démocratique et la paix au Tchad ?», ce forum a donné lieu à une discussion franche et constructive entre les acteurs politiques de différents bords.

A l’entame des échanges, un mot introductif a été présenté par le facilitateur, le Dr Eugène Le Yota, enseignant chercheur à l’Université de N’Djamena, a rappelé dans son intervention un certain nombre de processus de dialogues politiques menés en Afrique, ainsi que leurs impacts sur la vie politique. Il a insisté sur l’objectif de négociation politique comme mode de résolution de conflits, mais aussi sur les résultats de ces dialogues qui paraissent souvent mitigés.

Le décor étant planté, cet exposé du facilitateur a permis aux participants de revenir sur le dialogue politique tchadien. Plusieurs interventions ont fait mention du processus de négociation ayant abouti à l’Accord du 13 août. D’autres participants ont critiqué la composition et le fonctionnement du CNDP. Toutefois, l’ensemble des participants se félicitent de l’institutionnalisation du dialogue.

Les autres estiment que face au déficit de dialogue, il est nécessaire de dissoudre le CNDP actuel. Toutefois, ils conditionnent la poursuite du dialogue par :

- La mise en application de l’ordonnance 40, portant statut de l’opposition démocratique et la loi 30, portant création de la CENI ;

- La révision des critères de désignation des membres ;

- Rendre ad hoc le CNDP qui ne doit se réunir temporairement que pour débattre des thèmes et questions précis ;

- L’obligation de rendre compte à la base par les membres désignés par des regroupements politiques avant toute prise de décisions ;

- La suppression des indemnités des membres.

Au terme de la rencontre, les participants se sont réjouis de l’initiative du CSAPR de rechercher les solutions en vue d’un vrai dialogue au CNDP. Ils lui recommandent de poursuivre le dialogue avec le bureau du CNDP afin de favoriser la décrispation de la tension pour l’organisation d’élections crédibles et apaisées.

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3.1.1.4.2.3. Forums intra partis politiques et société civile pour la consolidation de la paix de Doba

La Province du Logone Oriental enregistre ces derniers temps des cas de viol des mineurs. Au moins vingt (20) cas ont été recensés de janvier à avril 2019 à Doba et dans d’autres localités de la Province. Outre cela, de nombreux autres cas ne sont pas annoncés aux autorités et à la justice par les familles. Cette situation remet en cause les efforts des pouvoirs publics pour assurer la protection des enfants au Tchad et représente une grave menace pour la paix dans la province du Logone Oriental.

Pour comprendre le ressort de ce phénomène, le CSAPR a organisé le 30 avril 2019 à Doba, chef-lieu de la Province du Logone Oriental, un forum intra société civile en vue de déceler ses causes réelles et éventuellement contribuer à sa résorption.

Il convient de souligner que le Tchad a adopté la Déclaration sur le droit des enfants ainsi que plusieurs autres textes, tel que le Code Pénal (Article 350b), qui condamnent sévèrement le viol sur mineur. L’on constate cependant la survivance de ces pratiques nuisibles à la santé de l’enfant et à son intégrité physique.

Le forum a regroupé cinquante (50) représentants des organisations de la société civile et est animé par Mr ASBE Alain, Point focal de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (CTDDH).

Les échanges, riches, ont montré que les viols des mineures sont motivés par plusieurs facteurs dont on peut retenir entre autres : l’obsession sexuelle, l’alcoolisme, les pratiques magiques, la pauvreté, le mariage précoce, et les films pornographiques. L’état de pauvreté des parents conduit souvent à l’abandon et au mauvais traitement des enfants. Ceux-ci, sont exposés dans leur fugue à toutes formes de maltraitance et à la transmission de maladies sexuellement transmissibles.

Malgré l’ampleur du phénomène, peu de mesures sont prises pour protéger ces enfants. Seules les organisations de la société civile se mobilisent à cet effet. Celles- ci ont témoigné qu’elles apprécient à sa juste valeur la contribution du CSAPR à renforcer la réflexion des acteurs locaux et à faire évoluer la problématique en vue d’assurer le respect des droits des enfants.

Les participants ont pris l’engagement d’intensifier la sensibilisation et la conscientisation des parents et tous les acteurs impliqués dans le processus afin de réduire le taux élevé de viol des mineures. Les représentants du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques (CSAI) se sont également engagés à assurer la sensibilisation des fidèles lors des prêches dans les mosquées pour vulgariser l’interdiction du viol sur mineurs par la loi du mariage précoce.

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3.1.1.4.2.4. Forums intra partis politiques et société civile pour la consolidation de la paix de Moundou

La Province du Logone Occidental connait depuis plusieurs années des tensions entre les communautés qui se manifestent souvent à travers les conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs mais aussi et surtout l’antagonisme entre les partis politiques. Cette situation a été aggravée par les dernières élections présidentielles dont les résultats ont marqué par le vote identitaire.

Le combat politique semble provoquer une division au sein de la population. La méfiance s’installe entre les ressortissants des régions nord perçus comme soutiens du parti au pouvoir et les autochtones qui sont assimilés à l’opposition. De part leur position favorable à la forme fédérale de l’Etat, ils sont souvent mobilisés pour un changement.

Cette situation représente une menace pour la consolidation de la paix et pourrait saper les efforts de développement de la province. Le CSAPR estime important de mobiliser les acteurs de la société civile autour de ce problème et dans une démarche de débat citoyen, il a proposé d’organiser à Moundou, chef-lieu de la province, le 11 mai 2019, un forum intra société civile sur le repli identitaire et la cohésion sociale.

Le forum a pour objectif d’engager la réflexion entre les acteurs de la société civile de la province du Logone Occidental sur le repli identitaire et la cohésion sociale et de proposer des pistes de solution. Il a réuni une cinquantaine d’acteurs de la société civile, dont les travaux ont été facilités par une approche participative.

Les échanges ont permis de mettre en évidence que la question se manifeste de plusieurs façon dans la province. On assiste à une forme d’apartheid social où les communautés développent des relents identitaires autour des zones d’habitation et des activités. Selon le témoignage de l’assistance, ce phénomène a aussi cours dans les écoles et lycées où les élèves restent par affinité linguistique dans les classes et pendant les récréations. De même on observe une intolérance culturelle et religieuse marquées. La destruction du monument élevé à l’honneur d’un chef traditionnel Ngambaye par certains ressortissants du Nord de confession musulmane a failli créer un conflit généralisé dans la ville.

Pour ce faire, les participants recommandent aux Observatoires Sociologiques du Changement (OSC) d’investir ce champ par la dissémination des valeurs de paix, de tolérance et de la citoyenneté en vue de la transformation sociale et d’offrir de nouvelles perspectives de la coexistence pacifique en vue de la consolidation de la paix. Pour cela, sont nécessaires des actions se rapportant :

- À l’information, l’éducation et à la sensibilisation des différentes communautés sur la problématique du repli identitaire et du vivre ensemble

- À l’instauration d’un dialogue permanent et constructif entre les communautés, les leaders religieux, les acteurs politiques ainsi que les autorités administratives, militaires et traditionnelles

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- À la création d’un cadre d’échange plus formel entre les jeunes de différentes communautés et établissements scolaires en vue de favoriser le brassage (camps des jeunes, festivals culturels, écoles d’été, …)

- À la réalisation des émissions radios en différentes langues du territoir pour conscientiser massivement le public

- À la formation des chefs de communautés, des chefs religieux, des jeunes et des femmes

- À la vulgarisation des textes et règlements de la République du Tchad.

3.1.1.5. Forums provinciaux de Mao, Kélo et Doba

Fort des expériences des années passées, le CSAPR a organisé pour l’année 2019, les forums provinciaux à Mao, Kélo et Doba. Il convient de rappeler que le CSAPR organise depuis 2013, des forums provinciaux qui sont très appréciés des acteurs locaux. Les forums sont des espaces privilégiés pour débattre des problèmes en lien avec les enjeux et les défis de la consolidation de la paix au niveau de chaque localité.

Pour réaliser ces rencontres, le CSAPR développe une approche en deux étapes. La 1ère étape permet à la coordination de conduire des consultations auprès des acteurs locaux des villes retenues afin d’identifier les sujets d’intérêt pour la localité, d’établir la liste des participants et d’identifier les lieux adaptés. Cette étape est cruciale dans la conduite des travaux et contribue au succès des rencontres, car les sujets définis répondent souvent aux aspirations des participants.

La 2ème étape concerne la tenue des forums. Ils regroupent les différentes composantes des acteurs identifiés lors de la 1ème étape. En plus de ces acteurs, vient de N’Djamena une délégation composée des acteurs politiques de touts bords et des leaders de la société civile ainsi que la coordination chargée d’animer les débats.

Des changements ont été opérés quant au choix des villes, à cause des enjeux et des défis liés à la consolidation de la paix. Ces localités choisies ont été confrontées cette année à des conflits communautaires et de lourdes problématiques autour du vivre ensemble. Ainsi, la province du Kanem (Mao) et a été préférée au Barh El Ghazal (Moussoro) et le Logone Oriental (Doba) a remplacé le Moyen Chari (Sarh).

- Forum de Mao

La province du Kanem est confrontée à d’énormes difficultés pour son développement. Les jeunes de la localité émigrent dans le Borkou-Ennedi-Tibesti pour l’exploitation de l’or. Ce phénomène créer un déséquilibre car les bras valides partent à la recherche de leur bien-être en délaissant les femmes et les enfants.

L’exploitation minière avec les moyens archaïques les expose aux risques sanitaires puisque dans la zone, il n’y a pas des structures sanitaires, et un manque d’hygiène.

L’enclavement de la province ajouté à la crise économique que connaît le pays ces dernières années et l’insécurité dans les pays voisins a réduit la mobilité des biens et

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des personnes, ce qui a pour conséquence la rupture de l’approvisionnement des biens et service.

La province du Kanem connaît aussi la question du repli identitaire. Sur la base des classes sociales et des castes, certaines communautés sont exclues et discriminées, ce qui génère souvent des conflits intercommunautaires.

- Forum de Kelo

À l’instar des autres localités du pays, le département de la Tandjilé Ouest a été secoué ces dernières années par de nombreux conflits, notamment ceux opposant les agriculteurs aux éleveurs autour de la gestion des espaces pour les activités agricoles et le pâturage pour le bétail. En 2018, trois conflits majeurs ont eu lieu dans les localités de Bologo, Baktchoro et Daffra avec des pertes importantes en vies humaines et des dégâts matériels.

Considérée autrefois comme symbole de la cohésion sociale de part sa position géographique et sa composition démographique, la ville de Kelo fait face à un mal vivre-ensemble entre les communautés caractérisé par le non-respect des us et coutumes et du non-respect de la différence. Malgré les campagnes de sensibilisation organisées par les organisations de la société civile, des tensions subsiste entre les gens, et des faits banals ravivent souvent des crispations voire des affrontements entre les communautés. Les populations allogènes ne se sentent pas intégrées.

L’interférence des autorités administratives et politiques dans la gestion des affaires communautaires, la lenteur des décisions de la justice, la faiblesse des ressources humaines à-même de mener des missions de médiation sociale ainsi que le manque des espaces d’échange entre les acteurs rendent difficile la résolution de ces problèmes. Les participants recommandent donc que l’autorité des chefs traditionnels soit respectée afin de leur permettre de résoudre les conflits et tout autre malentendu.

- Forum de Doba

Les potentialités que regorge la province du Logone Oriental, en particulier le pétrole, ont fait un appel d’air à l’arrivée des différentes communautés nationales sur son sol.

Cette cohabitation ne se fait pas sans écueil. On note souvent des frictions du fait des préjugés et du manque de respect des us et coutumes des communautés qui mettent à mal la cohésion sociale. De même, les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont de plus en plus récurrents et meurtriers.

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C’est ainsi que plusieurs initiatives ont été conduites par divers acteurs en vue de leur résorption, mais force est de constater que ces interventions ne sont pas souvent comprises par les acteurs en conflits. C’est pourquoi l’administration a aussi eu recours aux acteurs communautaires, notamment les associations de la société civile dans la résolution de ces conflits. Cette relation est d’autant plus importante car elle a permis de limiter l’éclatement ou la résurgence de certains conflits.

À titre d’exemple, la prolifération et la circulation illicite des armes légères et l’implication de certaines autorités administratives et militaires dans des affaires rendent difficile la recherche de solutions. C’est pourquoi les participants recommandent la mise en place d’un cadre de concertation et de résolution des conflits pour le vivre-ensemble.

En résumé, il convient de noter que :

- Les participants ont accueilli très favorablement la tenue de ces forums qui ont permis aux acteurs de débattre des problèmes qui minent la cohésion entre les Tchadiens mais aussi sur les questions de développement. Le choix des thèmes en lien avec les contextes locaux a permis des échanges fructueux et une adhésion des acteurs à la démarche.

- Compte tenu de l’importance des sujets débattus et de la volonté exprimée par ces derniers à poursuivre les échanges, les participants se sont engagés à mettre en place dans les lieux des forums, des cadres de concertation regroupant l’administration et les autres acteurs.

- Le forum de Mao a enregistré une forte participation des femmes. Dans cette partie du pays où la tradition limite la participation des femmes au débat public, il a été donné de constater que celles-ci ont exprimé leurs points de vue et contribuer ainsi aux échanges. Elles ont par ailleurs sollicité le renforcement de leurs capacités en vue de faire émerger un leadership féminin au niveau local.

3.1.2. Promotion et renforcement des cadres de dialogue 3.1.2.1. Voyages d’échange des cadres de dialogue

3.1.2.1.1. Voyage des cadres croisés de Goz-Beida à Bongor et vice versa

Le cadre de dialogue de Goz-Beida et l’Association pour la prévention des conflits éleveurs et agriculteurs et pêcheurs du Mayo-Kebbi Est ont effectués des voyages d’échange d’expériences à Bongor puis à Goz-Beida en décembre 2019 et janvier 2020.

Ces voyages visent à échanger sur les expériences des initiatives de la consolidation de la paix durable conduites par les acteurs locaux, mais aussi à découvrir le Tchad profond. En effet, le CSAPR promeut depuis 2014 une initiative de paix réalisée par les membres des communautés résidentes dans la province du Sila pour faire face

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aux différentes crises que la localité a connu. Il s’agit notamment des conflits communautaires, des conflits agriculteurs-éleveurs, de la guerre au Darfour et en RCA qui ont fait beaucoup de déplacés et de réfugiés. Cette dynamique a contribué à la restauration de la paix et à l’intégration des communautés dans la province.

Au terme des échanges et des rencontres avec les différents acteurs locaux (administration, autorités religieuses et traditionnelles, les leaders de la société civile et des communautés, etc.), on peut citer deux principaux résultats encourageants : - Un intérêt sans cesse renouvelé des autorités administratives à la démarche

Les voyages ont permis aux autorités des localités ayant accueilli les membres des cadres de dialogue de marquer une fois de plus leur intérêt aux initiatives des organisations de la société civile visant à contribuer à la paix entre les Tchadiens. Ceci est une contribution aux actions des pouvoirs publics à rechercher la cohésion entre les différentes communautés, à restaurer et à consolider la paix au Tchad. Elles se doivent d’appuyer et d’impliquer les cadres de dialogue dans leurs localités respectives dans les processus de résolution de conflit. C’est ce qui se fait déjà dans les deux localités qui ont rappelé les autorités et les membres des cadres de dialogue.

Ceci, d’autant plus que les différentes localités du pays connaissent ces dernières années une recrudescence des conflits communautaires menaçant la paix et la sécurité des personnes. Cette situation a conduit les autorités à décréter l’état d’urgence dans trois provinces à l’Est et au Nord du pays dont le Sila.

- Un renforcement de la dynamique collective des acteurs locaux autour des questions de paix et de la cohésion sociale

Les membres des cadres de dialogue ont exprimé leur satisfaction à l’issue des échanges d’expériences. Ces expériences permettront de renforcer leur dynamique d’action pour la résolution des conflits au niveau local. À cet effet, les membres des cadres de dialogue ont pris l’engagement de maintenir les liens en vue de partager les approches développées par les cadres de dialogue pour la résolution non violente des conflits.

En effet, le CSAPR a appuyé avec l’aide de ses partenaires la mise en place de plusieurs cadres de dialogue dans différentes localités. Spécifiques les uns des autres, ces cadres agissent suivant différentes approches développées sur des questions aussi diverses. L’intérêt est donc de les diffuser afin de faire bénéficier les autres de ces meilleures pratiques.

Par ailleurs, au regard du contexte et des implications des tierces personnes et/ou de certaines autorités, une collaboration avec les pouvoirs publics est essentielle dans la poursuite de leurs missions. Cependant, les échanges ont mis en exergue deux problèmes majeurs qui constituent des entraves à la bonne marche de leurs

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