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Mobilisation des acteurs au niveau sous régional pour la consolidation de la paix

3.3.1.2. Atelier d’échange d’expérience des jeunes sur la violence

Les différentes crises socio-politiques que connaît la sous-région impactent aussi les situations au niveau local. Les localités à la frontalière font face, en outre, à l’afflux des réfugiés, mais aussi à une violence terrible, du fait de groupes armés, de la secte Boko Haram ou de conflits inter-communautaires. C’est ainsi que pour permettre aux jeunes de contribuer à la prévention de la violence et au dialogue communautaire pour la consolidation de la paix, le CSAPR a organisé en 2018 des rencontres dans trois localités frontalières à savoir : Bol (située à l’Ouest du pays près du Cameroun et du Nigeria), Sarh (située au sud du pays près de la RCA), Moussoro (située au nord-Ouest, porte d’entrée pour la Libye).

Ces différentes rencontres ont permis par la suite aux jeunes de mener des actions de prévention et de dialogue entre la population hôte et les réfugiés dans leurs localités respectives pour prévenir l’apparition de conflits. Ces actions ont permis aux jeunes de mettre en évidence le rôle qu’ils pourraient avoir dans leur société dans ces zones frontalières tendues.

Pour capitaliser ces expériences, le CSAPR a organisé en collaboration avec l’APAD, un atelier de partage en matière de prévention de la violence et de la consolidation de la paix tenu du 17 au 19 décembre 2019 au Centre d’Étude et de

Formation pour le Développement (CEFOD) à N’Djamena. L’atelier a regroupé les représentants des associations des jeunes de N’Djaména (10 arrondissements), des localités à la frontière (Sarh, Danamdji, Maro, Kyabé, Sido, Bol, Baga-sola, Moussoro, Goz-béida) et des représentants des ministères publics.

L’atelier avait pour objectif de faciliter les échanges d’expériences sur la prévention de la violence par les jeunes, et de renforcer la dynamique d’action et les stratégies de résolution des conflits mises en œuvre par les jeunes à la frontière.

Durant les trois jours de travaux, les participants ont suivi plusieurs communications présentées tant par des responsables des organisations de la société civile que des acteurs institutionnels sur les thèmes liés à la prise de produits psychotropes, l’alcoolisme et les Violences Basée sur le Genre relatives à la Résolution 13/25 des Nations Unies. À la suite des communications, les jeunes ont échangé sur les différentes initiatives menées en matière de consolidation de la paix et ont présenté une vingtaine d’initiatives.

À l’issue des échanges et de la délibération d’un jury, ce sont trois projets qui ont été retenus pour bénéficier d’un appui technique et financier prévu au début de l’année 2020 pour leur réalisation.

Les projets retenus sont :

- Projet relatif à la cohabitation pacifique entre les différentes communautés, présenté par ALLAH KHARIM de Sido ;

- Projet portant sur la prévention des violences et conflits de l’Association des filles pour le développement de Kaya de Baga-sola ;

- Projet relatif à la cohabitation pacifique entre les retournés, réfugiés et communautés locale de l’Association pour la promotion et la culture de la paix de Goz-Béida.

Cinq (5) autres projets ont été rajoutés et bénéficieront graduellement d’éventuels appuis. Il s’agit de :

- Projet porté sur l’éducation à la paix en milieux éducatif du Club des élèves pour la paix et l’éducation de Maro ;

- Projet relatif à la journée de réflexion sur la cohabitation pacifique du collectif des associations des jeunes de Kyabé ;

- Projet portant sur la prévention des conflits en milieu éducatif Club 100%

jeunes Réglo de N’Djamena ;

- Projet relatif à la paix en milieu estudiantin : Mythe ou contrainte de l’Association des jeunes pour l’éducation de la paix de N’Djamena ;

- Projet sur la participation des jeunes et femmes aux actions citoyennes du CAMOJET de N’Djamena.

En plus de ces projets, le jury a décerné le prix de meilleurs participants à 10 jeunes.

Le CSAPR offrira à ces derniers le stage dans le cadre de son programme axé sur la promotion du leadership jeune :

- KOUVOURBE Germaine du Club 100% jeunes Réglo de N’Djamena dans le 7ème arrondissement;

- KAMOUDJIM Honoré Chancela de l’Union des jeunes en action pour la paix de Sarh ;

- TOUBO MAHAMAT BOKHIT de l’UNJECMUT de N’Djamena dans le 8ème arrondissement ;

- FATIMATOU OUSMANE du Club RFI de N’Djamena dans le 2ème arrondissement.

Il convient de souligner que pour la sélection des projets, le jury a défini des critères basés sur la pertinence de l’action, la méthodologie de mise en œuvre, son impact et la répartition spatiale en tenant compte des zones frontalières qui font l’objet de menaces sécuritaires et les conflits sont récurrents.

Aux termes des travaux, les participants se sont félicités du partage des expériences.

Toutefois, ils ont exprimé le regret de n’avoir toutes les interventions des acteurs et institutions en charge des questions en débat en vue d’informer les jeunes pour un dialogue constructif avec ces derniers.

3.3.2.1. Rencontres d’échanges sur la question des frontières à Moundou

Comme vu précédemment, la question des frontières constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour la paix et la sécurité dans la sous-région. La récente crise politique armée en République Centrafricaine, la présence des groupes terroristes dans le bassin du Lac Tchad, les conflits liés à la transhumance ainsi que la problématique de la gestion des flux des réfugiés sont autant de situations qui ont conduit les États de la CEMAC à faire de la gestion des frontières une priorité essentielle de leur politique en matière de sécurité. En conséquence, des initiatives pour le renforcement de l’intégration communautaire ont parfois été reléguées au second rang et ce, au détriment des aspirations des populations.

Dans le but de mobiliser les acteurs institutionnels et la société civile autour de cette question transfrontalière, le CSAPR en collaboration avec le Centre d’Insertion des Filles en situation de Déperdition Scolaire (CIFDES), a organisé une rencontre d’échange du 5 au 8 avril 2019 à l’hôtel Résidence de Moundou, capitale de la Province du Logone Occidental.

Durant quatre jours, une cinquantaine d’acteurs en provenance du Cameroun, de la RCA et du Tchad ont tenté de faire un état de lieux de la situation, d’identifier les défis importants, d’explorer le rôle joué par la société civile et de proposer des solutions pour la consolidation de la paix, la sécurité et l’intégration de la sous-région.

À cet effet, des panels thématiques ont été animés par d’éminentes personnalités : universitaires, députés, leaders associatifs, experts et agents de sécurité. En plus des plénières, des groupes de travail ont été également organisés pour favoriser une

participation effective sur l’ensemble des points. La présence de députés centrafricains et tchadiens ainsi que celle du secrétaire général de la province pendant les trois jours d’échanges a été fortement appréciée, remarquée et a contribué à enrichir les débats. Cela démontre que le dialogue entre autorités et citoyens est possible et même essentiel pour une bonne prise en charge des problèmes aussi bien au niveau national que régional.

De même, la participation de la société civile des villes frontalières du Tchad (Sarh, Koumra, koutéré, Bongor, Guelendeng), au Cameroun (Bertoua, Garoua Boulai, N’Gaoundéré) et en RCA a favorisé le partage d’expériences de terrain sur les questions spécifiques telles que la transhumance, la libre circulation des personnes et la gestion des réfugiés. Enfin, la journée consacrée aux visites de terrain a été appréciée par tous les participants. Elle a été mise à profit pour des échanges plus concrets et à la projection des initiatives inter-associatives, sans oublier la découverte des réalités culturelles du Tchad.

À l’issue de la rencontre, les participants ont fait deux recommandations majeures : - La tenue d’un Sommet de haut niveau des chefs d’État de la CEMAC sur la transhumance

- La mise en place d’une plateforme des organisations de la sous-région pour agir sur les questions de paix et de sécurité.

3.3.2.2. Atelier régional de formation en matière de négociation et plaidoyer politique

En prélude aux missions de plaidoyer envisagées au niveau national et dans la sous-région pour la consolidation de la paix, il s’est tenu du 2 au 4 mai 2019 une session de formation sur le plaidoyer politique à l’attention des acteurs de la société civile de la sous-région. La formation intervient dans un contexte où les États de la CEMAC font face à des défis sécuritaires faisant peser des menaces sur la paix et la stabilité dans la sous-région.

La formation qui a réuni huit (8) personnes du Tchad, du Cameroun et de la RCA vise à renforcer leurs capacités dans la conduite de plaidoyer en vue de prévenir, de contenir ou d’endiguer les conflits qui sévissent dans la région à travers le dialogue multi-acteurs.

La formation a été animée par le consultant international Dr Édouard Epiphane YOGO, intervenant à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) et Directeur Exécutif du Bureau d’Études Stratégiques (BESTRAT). Chercheur Associé au Centre de Recherche d’Études Politiques et Stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II, il a répondu à l’appel du CSAPR suite à sa manifestation d’intérêt pour le recrutement d’un chercheur issu d’un centre de recherche de la sous-région Afrique centrale spécialisé dans les questions de géopolitique et géostratégie en vue de la dite formation sur La négociation et le plaidoyer politique.

Suivant une approche participative, la formation a allié la théorie et les expériences de plaidoyer politique. En mettant un accent sur les concepts et théories de ces

différentes notions, elle a mis en jeu leurs dimensions stratégiques et opérationnelles afin que la théorie et la pratique soient bien comprises et que les acteurs de paix, regroupés autour de la plateforme, en maîtrisent les fondamentaux, en les structurant dans un guide opérationnel. Il s’agit d’intégrer le plaidoyer politique dans la dynamique globale de dialogue de haut niveau aussi bien au niveau national, sous-régional qu’international avec les acteurs institutionnels et les organisations de la société civile pour garantir la sensibilisation aux enjeux de paix, de sécurité et de développement.

Ainsi, durant trois (3) jours, les participants ont été formés sur l’élaboration d’un plaidoyer politique, la planification et l’opérationnalisation d’un plaidoyer politique ainsi que son suivi et son évaluation. Ces présentations ont été suivies d’échanges et de travaux en carrefour afin d’approfondir certains aspects.

3.3.2.3. Rencontre d’échange sur la contribution de la société civile en faveur de la consolidation de la paix dans la sous-région Afrique Centrale à Bertoua Les États de l’Afrique centrale font face ces dernières à de multiples défis politiques et sécuritaires. La présence des groupes armés terroristes et sécessionnistes menace leur stabilité, leur intégrité ainsi que le processus de construction de la communauté sous-régionale. Toutefois, la reprise de l’économie après la chute des prix de baril de pétrole sur le marché internationale donne espoir en cette année 2019.

Dans ce contexte, et suite à la mobilisation des acteurs sociaux au Tchad, en RCA et au Cameroun, s’est déroulée les 11 et 12 novembre 2019 à Bertoua (Cameroun), la 2ème Rencontre régionale de la société civile de la zone CEMAC. La rencontre vise à valoriser la contribution de la société civile pour le renforcement du dialogue en faveur de la paix et du processus d’intégration en zone CEMAC.

Placée sous le haut patronage du Gouverneur de la Province de l’Est du Cameroun, la Rencontre de Bertoua tenue à l’initiative du CSAPR en partenariat avec l’Association Émergence JEVAIS (Cameroun) a réuni les participants des trois pays.

La rencontre a été honorée également par la présence des autorités administratives et des élus locaux ainsi que les parlementaires de la sous-région, notamment un député centrafricain de Bouar.

Les travaux ont été marqués par plusieurs séquences. Après les cérémonies d’ouverture et de clôture, les participants ont suivi quatre (4) communications plénières sur diverses thématiques, menées par d’éminentes personnalités de la société civile, des parlementaires et des experts des institutions internationales.

Parmi les thématiques abordées, on trouve : « Les enjeux de la mobilisation des acteurs de la société civile pour la consolidation de la paix en Afrique Centrale »,

« La situation des frontières Cameroun – RCA –Tchad : insécurités, problématique de la transhumance, réfugiés », « Comment développer une action concentrée entre les élus nationaux et la société civile en vue de contribuer à la paix ? », « La

mobilisation internationale face à la crise sécuritaire dans le bassin du Lac Tchad » et la zone CEMAC » et « La Cartographie des organisations de la société civile ».

Outre les plénières, trois groupes ont été constitués afin de permettre aux participants d’échanger en profondeur sur les principaux sujets en débat de la rencontre. Les échanges ont porté sur les expériences réalisées par les organisations de la société civile dans le domaine du dialogue (les meilleures pratiques), mais également sur les propositions concrètes pouvant consolider le travail associatif ainsi que la collaboration entre la société civile et les acteurs institutionnels tant au niveau de chaque pays représenté que dans la sous-région.

L’un des résultats majeurs des travaux de Bertoua est la création d’un Réseau des Acteurs de la Société civile pour la Paix en Afrique Centrale : RASPAC. Par cet événement, les participants ont pris l’engagement de se mobiliser en vue d’une dynamique d’action pour la consolidation de la paix, la libre circulation des personnes et des biens ainsi que l’intégration effective des peuples dans l’espace CEMAC.

Par ailleurs, il est attendu également des participants l’établissement d’un partenariat constructif avec les institutions nationales et internationales sur la mise en œuvre des engagements des États en matière de paix et de sécurité, ainsi que l’intégration économique régionale.

4.3.2. Évaluation annuelle des activités de dialogue pour la consolidation

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