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Insertion des femmes dans la problématique du développement

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Texte intégral

(1)

(- ONFERENCE SUR L'AFRIQUE ET LA PROBLEMATIQUE DU FUTUR

.. -

U N 1 T A R 1 D E P

Jui 1 let 1977 - Dakar

INSERTION DES FEMMES DANS LA PROBLEMATIQUE DU DEVELOPPEMENT

'-.._,;

Marie Angélique Savané

(2)

Introduction

Les Nations Unies ont défini 1 'objectif ultime du dévelop- .::r . pement COITITle étant "d'assurer des améliorations constantes au bien-être

de chacun et d'apporter à tous des avantages" (1), convaincues que chaque homme a droit :

- à une nourriture suffisante et appropriée pour assurer une bonne nutrition et une bonne santé ;

- à 1 'accès à 1 'éducation et à la culture ;

-à un emploi Indépendant ou salarié

- au partage équitable de la prospérité et des services

- au choix de la tai 1 le de sa fami 1 le, à 1 'espacement des naissances afin que chaque enfant soit un enfant désiré (2)

En Afrique, la femme porte et nourrit les enfants. El le produit également une bonne part des aliments. La nutrition et la santé de la fami 1 le dépendent largement d'el Je.

La malnutrition et la faim qui sévissent en Afrique depuis quelques années, ont mis en évidence le rôle que la femme peut jouer dans le cadre d'une stratégie de développement axée sur les besoins essentiels (3).

(1) Stratégie Internationale du Développement- Programme d'action de J'Assemblé& généïale~r la deuxième décennie des Nations Unies pour le développement- ST/CEA/139$ NY, 1970 <Résolution 2626 de 1 'Assemblée générale)

(2) Femmes, Population et Développement en Afrique - FAO/CEA, 1975

(3) Voir- L'Emploi - la Croissance et les besoins essentiels :problème mondial -Rapport du directeur général -BIT- Genève- 1976

(3)

C'est dans ce sens que les planificateurs internationaux

•ont proposé un certain nombre de moyens pour

-al léger les tâches domestiques des femmes (1)

- les former aux nouvel les techniques agricoles et de gestion de leurs biens ;

- leur donner des notions de nutrition et d'hygiène.

Ces moyens permettront de diminuer 1 'effort physique des femmes, et d'augmenter leurs revenus par une mel 1 leure productivité. Ce qui transformera leurs conditions de vie et créera des motivations profondes pour une attitude nouvel le face à leur fécondité.

Car le rôle dévolu à la femme dans les sociétés africaines est d~ perpétuer la fami 1 le en mettant au monde une nombreuse progéniture

pour travai 11er dans 1 'exploitation fami liate et pour garantir les vieux jours.

Ce statut de mère la valorise et lui confère un ensemble de rôles pour assurer la reproduction physiologique et sociale du groupe.

El le aura à produire la matière première, à la transformer en aliments comestibles et à la cuire. Ces tâches domestiques occupent 5 à 6 heures par jour de leur temps de travai 1.

Dans les campagnes, au moment intensif des cultures, i 1 n'est pas rare de voir des femmes consacrer 15 à 16 heures de leur journée à assumer dif- férentes obligations productives et sociales. Et ce même lorsqu'el les sont en grossesse (2).

(1) Voir- Proposition d'un programme d'intervention régionale pour J'allègement du travai 1 des femmes - SAED - BP 593 - Ouagadougou, Haute Volta - 1976 (2) Tiré de "Femmes d'Afrique d'aujourd'hui à demain" - CEA- Addis Abéba- 1975.

(4)

Dans les faml 1 les polygames, le système de rotation entre co-épouses permet un allègement du temps de travai 1 domestique. Les heures ainsi disponibles sont reportées sur le traval 1 de leurs propres champs (1).

Ainsi 1 'instruction, les droits jijridiques <1 'idée de réformes agraires afin que les femmes aient accès à la propriété, a été avancée) (2), 1 'Introduction de nouvel les technologies ; en sorrme

l'intégration au monde "moderne" est présentée corrme la bouée de sauve- tage des ferrmes.

Or, la dégradation des conditions de vie des femmes africaines ost la conséquence de la mise en place du mode d'exploitation coloniale, puis néo-colonialef qui a détruit les cadres sociaux traditionnels.

Car contrairement à ce que de nombreuses études ont affirmé les femmes n'ont pas été exclues de la sphère de circulation capitaliste, même si c'est ce qui apparaît superficiellement. C1est plutôt sur son dos que 1 'on a mis le coût de 1 'entretien et do la reproduction de la force de travai 1 qui a été employée soit à la culture des denrées d'exportation soit à des productions non agricoles indépendantes du cycle saisonnier qui permet de dégager une rente en travai 1 appréciaàble.

C'est dans cette perspective que nous essayerons d'analyser la situation des femmes dans les sociétés africaines conte~poraines. El les ne forment pas une "classe sociale11 Leur participation ou non à la produc- tion leur confère un statut différent suivant la catégorie sociale à laquelle el les appartiennent.

(1) Woman's rote in economie development Allen and Unrvin 1970- London

E. Boserup ·- p. 37-51 - (2) La majorité absente- La femme 1975- FAO- p. 40- 41

(5)

1 - LES FEMMES EN MILIEU RURAL

En Afrique noire1 le travai 1 de 1 'homme et de la femme était divisé de manière équitable : les hommes s'occupaient de défendre ou d'at- taquer les vi 1 lages. 1 ls al laient à la chass8 et soignaient le gros bétai 1.

1 ls défrichaient les terres, coupaient des arbres pour la construction des maisons et des dépendances <greniers, corral, etc .•. ) 1 ls travai 1 laient le

fer, le cuir et faisaient de la vannerie.

Les activités agricoles des femmes comprenaient le binage, les semis, le sarclage et 1 'entretien des greniers. El les se chargeaient aussi de toutes les activités ménagères (cuisine, transport de l'eau, cuei 1 lette, soins des enfants, entretien des maisons, etc .•. )

El les étalent spécialisées dans la poterie, le tissage et la vannerie. La division sexuelle du travai 1 était tel le qu'i 1 était rare que

1 'un fasse appel à l'autre.

Par exemple, au Sénégal, 1 'ancien système de production, fondé sur la culture des ml ls en alternance avec les jachères permettait un échelon- nement du calendrier agricole et ne faisait pas appel à la main-d'oeuvre féminine.

Cependant le travai 1 des femmes, contrairement à celui des hommes, était plus continu dans le temps et plus monotone. Ce travai 1 était nécessaire à la subsistance du groupe fami liai et donnait aux femmes une réel le Indépen- dance économique.

Les nombreuses monographies des antrophologues montrent dans la diversité des systèmes de culture une certaine unité dan~ la répartition sexuel le du travai 1 (1).

(1) Voir- La Femme africaine dans le développement rural :orientations et priorités - Achola

O.

Pala - lnstitute for development studies, University of Nairobi -Cahier OLC No. 12- Décembre 1976.

(6)

Ceci s'explique parfaitement dans le cadre de 1 'économie de subsistance où hommes et femmes ont des tâches qui leur sont dévolues depuis des générations. Or la colonisation par l'économie de traite (1) a Introduit :

l'imposition des pays3ns en numéraire1 ce qui les oblige à produire ce que les commerçants leur offrent de leur acheter ;

- la substitution des produits industriels Importés aux produits de l'artisanat local par le biais des maisons d'import-export ;

- le travai 1 forcé, les cultures obligatoires, les dépla- cements de populations vers les zônes minières ou vers

les plantations ;

l'accord d'un soutien politique aux couche et classes sociales autorisées à s'approprier des terres ou - 1 'alliance avec les confrèries religieuses qui ont

intérêt à donner une forme commerclalisable au tribut qu'el les perçoivent sur la paysannerie.

Tous ces moyens contribuent de plus en plus à faire entrer les cel Iules traditionnel les de production, c'est à dire les communautés domestiques dans la circulation capitaliste.

(1) Voir- 1 'Afrique noire- 1 'Ere coloniale- J. Suret Canale- Editions Sociales - Paris - Chap.

(7)

Le mode de production domestique est préservé comme mode d'orga- nisation sociale producteur de valeur au bénéfice de 1 'impérialisme mais i 1 est détruit parce que privé à terme, par 1 'exploitation qu1i 1 subit, des moyens de sa reproduction (1).

Les structures sociales vont se réorganiser en fonction de cette nouvel le orientation économique : à travers te chef de fami 1 le (homme) à qui i 1 ast falt .obl igation, de payer des impôts, on oriente toute la force de traval 1 libérée par la fami 1 le vers tes cultures d'exportation qui ne peuvent se développer<.gu_'en prélevant du travai 1 ou des terres consacrées aux activités d'autosutEistance. Et pour bénéficier de la rente en travai 1, on provoque une nouvel le division sexuel le du traval 1 là où les chefs de fami 1 le ne peuvent à la fois s'occuper des cultures de rapports et des cultures vivrières (pays de de plantations>, ou alors on fait participer au travai 1 agricole les femmes

(zônes céréalières) ou on organise des migrations de traval 1 (Afrique des réserves>, faisant retomber sur les femmes toutes les tâches masculines.

Au Kenya par exemple, une enquête du BIT réalisée en 1969 sur l'Emploi - le revenu- 1 'égalité, montre qu'environ 525 000 ménages étaient dirigés par des femmes, les hommes ayant émigré vers ·les vi 1 les.

Cétte division du travai l;n1est donc pas le fait "dés méchants Africains" qui oppriment les femmes, ou la conséquence d'aptitudes naturel les.

El les est le fruit d'une politique coloniale et néo-coloniale qui a voulu tirer parti et organiser les capacités productives de l'économie domestique (2).

Ainsi "la présence des Européens a modifié la répartition des charges, le plus souvent au détriment des femmes ..• L'introduction de cultures nouvel les destinées à 1 'exportation a pu remplacer les soucis guerriers des hommes. Les ferrrnes n'y ont vu qu'un surcroît de besognes." (3)

(1) Femmes - srenlers 1 et cae i tau~_ -

c.

Mel llassoux - Ed. Maspéro -Paris 1975 p. 148

(2) Ferrvnes - sreniers et caeitaux - op. cit. p. 166

(3) Ferrrnes d1Afrlgue noire -

o.

Paulme

&

Cie -p. 15

-

16 - Paris - Mouton

&

Co

-

La Haye - 1960.

(8)

Car dès après la Seconde Guerre Mondiale, les pouvoirs colo-

niaux ébranlés vor.t asseoir les principes d'une nouvel le forme d'exploitation économique. Les diverses formules employées avec brutalité: travai 1 forcé, sociétés concessionnaires, cultures obligatoires, ont donné des rendements médiocres. On n'envisageait 1 'exploitation de la force de travai 1 qu'en écartant les travai 1 leurs de leurs moyens de production et de reproduction sans leur en assurer de nouveaux.

On va désormais utiliser les capacités productives et reproduc- tives de la communauté domestique pour mettre à sa charge le coût de 1 'entre- tien et de la reproduction de la force de travai 1 (l).

L'impérialisme établit ainsi des rapports organiques entre économies capitalistes et domestiques et met en jeu les moyens de reproduc- tion d'une force de travail bon marché au profit du capital. les marchandises produites dans ces conditions sont achetées à un prix juste assez élevé pour fournir au producteur la quantité de numéraires dont i 1 a besoin pour se

libérer de 1 'impôt et pour acheter les produits dont i 1 a besoin mais qu'i 1 ne fabrique p 1 us.

l0) - Les femmes et la production

Les femmes en mi lieu rural représentent 70 à 90% de la popula- tion féminine dans les pays africains. El les effectuent 60

%

du traval 1 agri- cole et fournissent la plupart des prestations nécessaires à 1 'alimentation de la fami Ile, 44% selon la Commission Economique pour 1 'Afrique (1974) (2)

Cependant, la participation des femmes au travai 1 agricole est différente suivant les éco-cultures.

(1) Voir- l'Introduction de ""Qui se nourrit de la famine en Afrique"- Centre d'information sur le Sahel -Editions Maspéro, 1974.

(2) Centre panafricain de recherche et de formation pour les femmes - CEA - Addls-Abéba.

(9)

En Afrique de l'Ouest, en 1 'absence de richesses minières cunhues, le colonisateur a développé des structures permettant le dévelop- pement, à grande échelle, de produits agricoles tropicaux d'exportation aux conditions nécAssaires pour Intéresser le capital du Centre à ces produits.

Dans 1 'Afrique des réserves par contre, les importantes richesses minières (or, diamant, cuivre) et la colonisation agricole de peuplement, exigeaient une main d'oeuvre abondante. Les communautés ont été dépossédées de leurs terres par la violence et maintenues dans des réglons pauvres. Les hommes sont devenus des migrants temporaires ou définitifs. C'est 1 'Afrique des bantoustans et de 1 'apartheid.

a> - L'Afrique des céréales

Dans 1 'économie agricole céréalière, le partage entre temps de travai 1 et temps llb~a. JSt délimité par la succession dans 1 'année d'une saison productive et d'une saison morte. C'est ce qui explique que pour

l'agriculture vivrière, les femmes partagent le traval 1 avec les hommes.

Les denrées d'exportation, 1 'arachide et le coton sont cultivés presqu1axclusivement par les hommes.

Les femmes participent à la culture collective du mi 1 dans les champs du chef de carré. El les interviennent au sarclage, à la récolte, au décorticage, au vannage.

E Il es transportent aussi 1 e rn i 1 .

Chaque année, le chef de carré attribue aux "sourgas"

et aux femmes des parcelles autonomes. Ceci moyennant des prestations de travai 1 dans le champ collectif.

(10)

< 1) Voir

"

"

Les fermes cultivent dans leurs parce! les les produits d'exportation <arachidei coton), du mi 1 et du sorgho.

Ces produits seront stockés puis transformés pour être vendus. C'est la principale source de revenus pour les ferrmes.

El les pratiquent aussi des cultures de saison sèche dans des jardins irrigués. Ce sont des légumes pour enrichir et équilibrer le menu quotidien. Le surplus est échangé ou vendu lors des marchés.

Ainsi, le mil; aliment de base, est fourni perle mari, responsab 1 e mora 1 ement de 1 'a 1 i men·tati on fami Il a 1 e. Mals

la femme aura donné "sa quote-part" dans la production (1>.

Cependant, dans les zônes éloigné·3S des voies de communi- cations et moins propices aux cultures d'exportations, des ferrmes se chargent des cu Hures céréa 1 i ères en 1 'absence du mari, parti vendre sa force de travai 1. L'argent qu'i 1 envoie envoie permet d'atténuer le travai 1 de la femme. C'est le cas des régions à fortes migrations. (ex : Soninkés du

Sénégal en France ou Mossis de Haute Volta en Côte d'Ivoire).

1 'étude sur les conditions de vie et de travai 1 des femmes en ml 1 leu rural et proposition d1un programme d1intervention régional pour 11al- lègement du travai 1 des femmes - Sept. 1976 - SAED - BP 593 - Ouagadougou Haute Volta

Actions et réactions des femmes dans une zône en développement au Sénégal Claudine Vidal -Mémoire EPHE- Paris 1976.

- Problèmes posés par la promotion do la femme rurale en Afrique de 1 'Ouest G. Bel !oncle- IRAM- Leçons de 11expérience nigérienne d'animation

féminine.

(11)

b) - L'Afrique düs plantations

L'alternance entre les périodes productives et les périodes Improductives est assez rapprochée. Aussi on retrouve la co- existence de deux types d'agriculture nettement différenclês par leurs produits et par leur destination. Mais surtout par

les personnes qui en contrôlent la production.

Los hommes ont la charge da l'agriculture commerciale (cacao, café, noix de cola, palmier à hui le, ananas, etc •.. ) et les fommes sont responsables de l'agriculture de subsistance

(bananes plantins, riz pluvial; manioc, mars, légumes, etc ••• ) et du ramassage de produits végétaux <graines de palmiers à hui le, avocats, etc ••. ) de plantes et des fruits.

Chaque années les hommes rép~rtissent, entre leurs différentes épouses, des terrains que chacune mettra en valeur avec 1 'aide de ses enfants.

Le mari assure aux femmes 1 'abattage des arbres, 1 'arrachage des brOU$$al 1 lœa. et procède aux brûlis. Les femmes terminent

le nettoyage du terrain.

Ce champ principal servira aux cultures vivrières qui seront la base de 1 'alimentation familiale.

Les femmes ont parfois d'autres petites parce! los pour y pro- duire condiments, tubercules et légumes. Ainsi, les femmes produisent 1 'alimentation do la fami 1 le, ce qui ne les empêche pas de participer activement aux travaux dans les plantations.

(12)

(1) Voir

Il

( 2) Il

Par exemple, la récolte de cerises de café est faite par les femmes. El les transportent aussi les produits au village.

L'introduction des cultures commerciales ici, a créé de nouvel les obligations aux femmes q~i se sont ajoutées à cel les qu'el les avaient déjà traditionnel lament (1).

Les hommes sont salariés agricoles dans les grandes plantations et sont nourris sur les réserves domestiques produites par leurs femmes et leurs enfants.

c> - L'Afrique des réserves

Les débuts de la colonisation avalent provoqué, très rapidement dans ces zônes~ une disparité économique profonde entre les femmes et les hommes (2).

Ceci à cause :

-d'une forte demande en main-d'oeuvre masculine, de

l'industrie extractive et des industries de substitution d' 1 mporta·l :un ,

-de 1 'obligation de payer l'impôt, et

-du début de la commercialisation du maTs, cultivé dans les champs des hommes.

Pour toutes ces raisons, les femmes ont été obligées d'as- sumer le travai 1 traditionnel des hommes pour assurer la survie fami liate. El les représentaient la majeure partie de la main-d'oeuvre robuste laissée dans les régions rurales et devaient faire le gros du traval 1.

Difficultés et es oir de 1 'animation féminine Côte d Ivoire- 1972- Nioon Schëp 1 in

- La femme dans 1 'agriculture nigériane - FAO - Ingrid Jane!ld

- Achola Pala op. cit. p. 27-32

en pays Dlda Rome 1975 -

(13)

La forte migration masculine a transformé la femme

"en chef de fami 1 le" qui cumule les tâches du mari et les siennes propres.

L'epoux envoie parfois une partie de son salaire au vi liage mals bien souvent 11 "oublie" de la faire.

Et suivant la coutume, c'est la femme qui doit faire vivre ses enfants. "Une femme se sentirait

déshonorée en tant que femme et maîtresse de maison, d'avoir à demander de J'argent à son mari pour acheter de la nourriture qu'el le aurait dû produire dans son propre jardin."

dit une femme tanzanienne en réponse à une enquête.

2°) - Les femmes et 1 'élevage

Dans les différentes éco-cultures, les femmes s'occupent généralement du petit bétai 1 et de la volai 1 le. Elfes les nourrissent avec

le son des céréales, les déchets ménagers et les entretiennent.

Les femmes sont parfois propriétaires du petit bétail dont elles se servent comme dons, lors de cérémonies, ou objets de sacrifices pour les rituels ou simplement comme moyen d'échange dans les marchés.

Chez les peuples nomades éleveurs, les femmes possèdent du gros bétal 1, héritage ou dot {1)

Leur tâche essentiel le est de traiter le lait et les

produits dérivés qu'elles commercialisent ou échangent avec les mi Js ou les mars des sédentaires.

{1) "Etude complémentaire sur le rôle et la place de la femme sénégalaise dans le développement" - Consei 1 Economique et Social - Déc. 1975 - Dakar p.42-46.

(14)

3°) - Techniques agricoles et outils

Ces différents travaux agricoles sont pratiqués dans des conditions très éprouvantes pour les ferrrnes :

- leurs champs personnels sont dispersés et éloignés des concessions ou des vi 1 lages. Ils sont de faibles super- ficies. 1 ls ne bénéficient pas d'aména~ents fonciers, et ne sont pas très bien dessouchés

el les y travai 1 lent à la main avec des Instruments tradi- tionnels tels la daba ou de petits couteaux pour le riz,

le mars ou les tubercules ; ou encore des cuel 1 loirs, sode de 1 ongs bâtuns annés d 1 une extrémité en fer pour 1 a coupe des fruits. do 1 'arbre.

- les tochniques de culture sont étroitement liées aux condi- tions climatiques qui déterminent les types de travaux en saison des pluies ou en saison sèche. Un calendrier précis existe pour les cycles de riz ou de mars par exemple.

La persistance de 1 'uti iisation de ces techniques s'explique par le mode d'exploitation du paysannat qui s'oppose à 1 'Introduction du capital dans l~griculture vivrière fami 1 laie. De ce fait, on entretient la basse productivité de cette agriculture, qui demeure malgré tout une base de repli pour la communauté domestique, lorsque les conditions de la pro- duction corrrnerclale deviennent trop cortraignantes.

4°) -La commercialisation des produits agricoles

la fonction économique des femmes dépasse la culture des champs et la cuel 1 lette.

(15)

Après les récoltes, les femmes tran9bnment les matières premières agricoles en produits de consommation.

Les céréales sont écrasées, séchées, réduites en farine.

Ce travai 1 nécessite de longues heures de pi lage, de vannage, de tamis- sage et de cuisson.

Certains légumes sont séchés, ou conservés dans des canaris.

Les produits de cuei 1 lette sont aussi transformés (beurre de karité).

Une autre activité de transformation est l'artisanat : les produits varient d'une région à 1 'autre (poterie, tissage, teinturerie, vannerie, tannage, etc •.• )

Mals 1 'artisanat n'est plus aussi florissant avec la

concurrence des produits manufacturés d'Occident qui l'ont complètement supplanté. 11 ne faut pas oublier que la recherche de débouchés a été à la base du développement de l'Impérialisme (1).

Le brassage et la vente de bière (mi 1 - maTs) est aussi une activité féminine assez répandue en Afrique noire.

Les marchés tournants sont l'occasion d'échanges ou de ventes de ces produits transformés. 1 ls se tiennent dans les vi 1 lages d'où les déplacements fréquents des commerçants parfois sur de longues distances. Les femmes y pratiquent le commerce à leur pr9pre compte.

Elles vendent au détai 1 quelques produits Importés (ustensiles de cuisine, savon, pétrole, sucre, etc .•. ) Le commerce d'échanges

<troc) se pratique aussi entre populations nomades et sédentaires.

(1) L'impérialisme, stade suprême du capitalisme- Lénine- Editions sociales- Paris, 1952.

(16)

La tradition a encouragé les activités commerciales des femmes surtout dans les cas où, selon la coutume, ce sont les femmes qui doivent nourrir leurs enfants. Les cas les plus typiques se rencontrent au Ghana et au Nigérla.

Selon Ester Boserup, la moitié des femmes Yoruba s'occupant principalement de commerce ; au Ghana les femmes assurent 80

%

du commerce au vi 1 lage et à la vi 1 le.

Parfois, ces femmes forment des organisations très puissantes et très influentes. C'est le cas des ""Fish Mammies" (vendeuses de poisson>

au Ghana.

Dans certaines régions, les femmes vendent directement le produit de leur récolte de légumes ou de riz à de grandes sociétés de commercialisation privées ou d'Etat.

On peut donc constater qu'en mi 1 ieu rural

- les femmes participent activement à la production agricole d1autosubsistance, lorsqu'el les n'en n'ont pas la totale responsab i 1 i té

- le travai 1 féminin est généralement plus élevé et surtout mieux réparti dans le temps que 1 'effort masculin ;

les activités dites "secondairos" exercées par les femmes sont Indispensables à 1 'équi 1 ibre des budgets familiaux.

Les recettes tirées de ces activités constituent, dans bien des cas, 1 'essentiel des ressources familiales surtout durant

la période de "soudure".

(17)

5°) - Femme et propriété

a> - Le problème foncier

La terre était un bien commun et son contrôle était réparti entre les chefs de lignage. El le était le symbole de la cohésion sociale.

Cet aspect col lectlf de la propriété de la terre s'est

progressivement transformé avec 1 'imposition des cultures de rente.

L'administration coloniale s'est déclarée propriétaire des terres et des biens "vacants" et n'a accordé sa pro- tection et sa garantie qu'aux propriétés individuel les.

"Ainsi, par le jeu de 1 'imrnatriculation, les terres détenues selon des principes coutumiers et sur les- quel les ne s'exerçait qu'un simple droit d'usage, vont faire 1 'objet de droit de propriété" (1}.

L'économie de marché a introduit une nouvel le distri- bution de 1 'héritage foncier qui est transmis de plus en plus aux fils du défunt. Les fi 1 les étant pratiquement exclues du système d'héritage. C'est le début de 1 'Indi- vidualisme agraire.

(1) L'Horrme et la Terre"- Guy Kouassigan - Orstom- 1966- cité par J. Bi si Il lat dans "La place de la femme dans le développement"- OCDE- 1977.

(18)

Les femmes, n'ayant jamais participé à la répartition des terres, ont été exclues de la nouvel le approche juridique de 1 'appropriation du sol : el les n'ont ni accès légal à la terre, ni argent suffisant pour en acquérir, car leurs revenus sont pratiquement inexis- tants.

Puisque les femmes sont obligées d'assurer la subsistance alimentaire de la cel Iule familiale, el les doivent disposer de terrains pour la culture.

En effet, les hommes ont obligation, chaque année, d'ac- corder à leurs épouses un droit d'usage sur des champs ou des parcelles.

Ce droit d'usage n'est pas définitif, i 1 est limité à la durée de mise en valeur des terres. D'ai 1 leurs, l'obli- gation de pratiquer la jach~re enlève toute possibilité de droit définitif.

Chaque année, les femmes mariées dépendent du bon vouloir de leur mari et de la disponibilité des terres. Les hommes attribuent à leurs femmes les parcelles les plus pauvres et les plus éloignées, gardant pour eux les mei 1 leures terres qui serviront aux cultures de rapport.

La sécheresse ou la dégradation des terres trop solli- citées (1), 1 'accroissement de la population, la situa- tion économique, sont autant de facteurs qui vont margi- naliser les femmes.

(1) Paysanneries au abois- René Dumont- 1972- L'exemple du Sénégal.

(19)

Sur le plan social~ cette "injustice" transforme les femmes en gens sans terre, à la mort de leur mari.

b) -Biens matériels et monétaires

Généralement, les biens dont l'uti 1 isation est commune, sont considérés comme appartenant à 1 'homme. Ceci même dans les cas où les femmes en sont les principales uti-

1 i satri ces.

En outre, les femmes rejetées des cultures commerciales ont un revenu faible qu'elles dépensent dans la fami 1 le, sans grande possibi 1 ité d'accumulation (1).

Cette absence de moyens les oblige à éviter le divorce parce qu'el les ne sont pas en mesure de rembourser la dot.

Ainsi, pour beaucoup de femmes exclues du système d'héri- tage et sans grande possibilité d'accès à la propriété,

le mariage se présente comme la seule possibilité d'exis- tence.

La faml 1 le compe bien souvent sur la dot pour résoudre un certain nombre de problèmes (dot du frère - augmen- tation du patrimoine familial, etc ..• ) Et seul un rnari peut fournir à la femme logement et terres à travai 11er pour se nourrir et faire face à ses obi igations de mère.

6°) - Les femmes et la modernisation agricole

L'encadrement agricole, la fourniture de semances, plants et engrais, les coopératives, les sociétés rurales, l'infrastructure commerciale et l'orga- nisation du marché ont été entièrement orientés vers les productions pour l'ex-

(1) Les Carnets de 1 'enfance- Unicef- Oct. Déc. 1976- No. 36

(20)

portation. Ceci a créé non seulement des distorsions économiques sur le plan régional mais aussi des discriminations sexuel les sur le plan du travail agricole :

"L'Introduction de méthodes technologiques et scientifiques dans 1 'agriculture a contribué souvent à la marginalisatlon des femmes. Les projets de développement, les services agri- coles, la formation aux techniques d'agriculture moderne et

1 'acquisition de machines et des terres ont été orientées principalement vers les hommes." (1)

D'autre part, les Innovations techniques augmentent bien souvent les tâches des femmes. Ester Boserup a constaté que "les femmes exécutent 55%

du traval 1 agricole dans un vi 1 lage traditionnel et 68% dans un vi 1 lage où on applique des techniques agricoles perfectionnées." (2)

11 ost même apparu dans certains pays que l'introduction de nouvelles cultures, si el le accrort la participation des femmes à la main- d'oeuvre, n'accroît pas toujours leurs revenus.

En Côte d'Ivoire, par exemple, dans la région de Bouaké, 10 à 35% seulement du revenu fami liai est attribué aux femmes contre 50% dans

les vi 1 lages traditionnels (3).

Dans la logique du système, i 1 s'agissait de moderniser 1 'agri- culture commerciale pour une mel 1 leure productivité. Car le développement ne se conçoit que là où le travai 1 rapporte beaucoup d1argent et où i 1 est

localisé dans le secteur moderne. Or les rapports travail -argent- secteur moderne sont essentiellement masculins.

(1) Rapport de la Commission sur le Statut de la Femme - 25è Session FAO- 1970 (2) Boserup op. cit. p. 21

(3) Participation féminine au développement rural dans la région de Bouaké - Abidjan -Ministère du Plan - 1968- p. 83.

(21)

duction domestiques et s'oppose aux transformations qui, en changeant les rapport de production, diminuent la rente.

C'est pourquoi, ce mode d'exploitation ne permet pas 1 'introduc- tion de capital dans l~griculture vivrière familiale.

C'est ce qui explique la mise à 1 'écart des femmes des circuits de produttion commerciale dans la mesure où la division~xuel le du traval 1

leur a donné la responsabilité de 1 'alimentation familiale, secteur non ren- table.

Les seuls efforts dirigés vers les femmes sont faits pour leur apprendre à mieux gérer la production familiale, à devenir de mei 1 Jeures nutritionnistes et de bonnes couturières.

L'unité ménagère devient vendeuse dans 1 'économie de marché, ce qui crée des divisions entre le chef de fami 1 le et les autres (femmes- enfants - clientèle).

Seul le premier a accès aux crédits, aux coopératives, à 1 'infor- mation technique. 11 devient le vendeur du ménage et c'est lui qui reçoit la rémunération du travai 1 fami liai.

"L'homme acquiert de nouvel les fonctions patronales comme ordonnateur du traval 1 et dépositaire des gains de la fami 1 le, tandis que sa femme ou ses femmes prennent cer- taines des caractéristiques du prolétariat rural". (1)

(1) La Place des femmes dans une stratégie de développement axée sur les

besoins essentiels : 1. Palmer - Genève - Revue internationale du Traval 1 - Vol. 115- No. 1 -Janv. Fév. 1977

(22)

Ainsi la modernisation dans les techniques agriculturales crée des différences de productivité entre les hommes et les femmes, ce qui aggrave encore l'inégalité déjà existante.

En effet, le travai 1 de la femme, dans la maison et sur le lopin fami liai n'est pas rémunéré en espèces et a un rendement très bas, ne bénéficiant d'aucun placement en capital.

Ingrid Palmer suggère un parai lèle entre les nouvel les relations d'échange hommes/femmes et la "disparité Nord-Sud" -

pays avancés et tiers-monde (1).

{1) La place des femmes dans une stratégie de développement axée sur les besoins essentiels · - 1. Palmer -Genève - Revue internationale du Travai 1 -

Vol. 115- No. 1 -Janv. - Fév. 1977

(23)

11 - LES FEMMES EN MILIEU URBAIN

La plupart des vi lies africaines ne sont ni le produit, ni l'instrument de la croissance diversifiée des économies locales. Les activités qu'on y trouve sont le reflet d'une économie extravertie : une administration pléthorique, des banques et services commerciaux, des Industries légères de substitution d'Importations.

Face à 1 'exode rural, de plus en plus massif, et à l'ac- croissement naturel de la population, ces activités sont incapables de générer des débouchés pour tous.

Dans ce contexte, les femmes perdent leur rôle de produc- teur, pour ne garder que celui de reproducteur. Dans le cadre de la tamil le, la mère met au monde des enf~nts, les nourrit, les éduque de manière bénévole. Car le travai 1 de la femme consacré à la production de l'enfant, futur producteur, n'est pas rémunéré sur la base d'un salaire (temps passé effectivement à cette production) (1).

En vi 1 le, les femmes, dans leur grande majorité, tombent ainsi sous 1 'appe 1 1 at ion de "ménagères".

Cel les qui ont eu accès à 1' instrLtction sont récupérées dans des secteurs d'emploi où leurs capacités peuvent être mieux exploi- tées et où on peut amortir le coût de 1 'enseignement public qu'el les ont reçu.

(1) Voir- "Femmes, greniers et capitaux" op. cit. p. 214

(24)

1°) - Education - Formation

Dès 1 'époque coloniale, les missionnaires et adminis- trateurs ont contré leur choix sur la formation des hommes, dans le cadre de leur stratégie d'exploitation économique. Ce n'est que progres- sivement qu1i ls ont formé des femmes, d'après le modèle européen, pour des emplois qualifiés de "travai 1 féminin".

Ainsi, dans les colonies françaises, l'Ecole Normale Wl 1 liam Ponty du Sénégal, créée vers 1910, ouvrira une section d'insti- tutrices à Rufisque, en 1938. De même, l'Ecole de Médecine sera ouverte en 1918 et ne recevra que dix huit ans plus tard, les premières femmes qui vont devenir sages-femmes.

Auparavant, les fi 1 les suivaient un cycle primaire qui les conduisait à des postes administratifs dont avaient besoin les services coloniaux.

Les fami 1 les africaines ont opposé une résistance

certaine à l'entrée de leurs fi 1 les dans le circuit scolaire. La propor- tion de fi 1 les scolarisées sera plus importante dans le mi lieu urbain.

a) - Enseignement

De 1 'enseignement primaire à 1 'enseignement univer- sitaire, en passant par le secondaire, le taux de fréquentation scolaire des fi 1 les est en courbe descendante.

En 1969, les fi 1 les représentaient en moyenne 35

%

de tous les élèves de 1 'école primaire dans trente neuf (39) pays. Dans le secondaire en 1970-71, dans les mêmes

(25)

pays, la proportion des fi lies est de 28

%.

En 1970-71, dans 1 'enseignement universltairei le taux do présence féminine est de 13% en moyenne dans trente trois (33) pays < 1) .

Ainsi, malgré les efforts entrepris, 1 'analphabétisme chez les fi 1 les est plus répandu, le taux de scolari- sation plus bas, la fréquentation scolaire Irrégulière et plus courte. On constate que plus le niveau de 1 'en- seignem&nt est élevé, plus la proportion des fi 1 les est

faibl&.

Cette situation s'explique par 1 'orientation générale des besoins des économies extraverties des pays afri- cains. La fonction à laque! le on destine les femmes

ne nécessite pas d'Importants investissements financiers.

L'Etat se décharge sur la faml 1 Je qui aura comme tâche essentiel le de former les fi 1 les à leur rôle de futures mères et de productrices de biens alimentaires pour la fami lie.

Le mariage féminin précoce; la maternité désirée ou non, la moindre "uti 1 ité" pratique du diplôme pour les femmes handicapées sur le marché du travai 1 déjà restreint, la contribution aux travaux domestiques et agricoles, sont autant de causes du taux élevé de déperditions scolaires chez les fi lies <2>.

(1) les chiffres sont tirés de 1 'annuaire statistique de 1 'Unesco- 1973- Paris (2) Déperditions scolaires et économies de 1 'enseignement au Sénégal -Michel Henry

Dakar ronéo- 141 pages - 1972.

(26)

Pour cel les qui arrivent à contourner ces difficultés, 1 'orientation générale de 1 'enseignement les cantonnent dans leur rôle potentiel de mères et d'épouses.

En dernière analyseJ 1 'éducation n'est que le reflet des choix économiques des sociétés.

b) - Formation

La formation offerte aux femmes est de deux ordres

- l'une les prépare à la maternité, aux travaux ménagers;

l'autre leur offre en plus, la possibilité d'accéder à des emplois qui exigent "des qualités féminines".

Cependant, i 1 faut ajouter que la formation professionnelle des femmes est subordonnée aux possibilités d'emploi qui justifient une telle formation.

Une étude comparée de 1 'Unesco faite en 1968 sur 1 'accès des fi lies et des femmes à t'enseignement technique et professionnel indique que lorsque les emplois ou les métiers n'exigent pas une qualification supérieure, les fi 1 les sont touchées en très grand nombre. C'est le cas dos études orientées vers 1 'économie fami liate (couture, tricot, artisanat, etc ••• )

Dans les écoles de formation professionnel le destinée au secteur Industriel, on ne trouve généralement aucune fi 1 le. Ce sont des emplois masculins par excel tence. Par contre, en ce qui concerne la formation extra-scolaire,

la participation des femmes est massive, sinon exclusive, surtout dans les sciences ménagères.

(27)

Dans toutes les vi 1 les, i 1 existe des centres sociaux, des foyers de la femme qui donnent cet enseignement.

L'objectif de cette formation est d'apprendre aux femmes des techniques qui leur permettront davoir un revenu.

Dans les campagnes, les femmes apprennent la culture potagère, 1 'élevage des volai 1 les, etc ••• mais rarement

t'agriculture, ou la gestion coopérative. La partici- pation des femmes à 1 'alphabétisation fonctionnel le

est généralement orientée vers les activités ménagères (1).

2°) - Les femmes salariées a) - les ouvrières

La place qu'occupent les femmes dans le mi lieu industriel est significative de la faiblesse de la production industriel le des pays africains dont 1 'économie, basée sur la production agri- cole et 1 'exploitation des mines pour l'expor- tation, accorde une marge très étroite au dévelop- pement industriel.

Les seules implantations du secteur secondaire sont les industries légères de substitution d'importations. Les débouchés qu'el les offrent sont faibles et touchent directement les hommes à cause des conditions générales de sous-emp·L~I

et de chBmage urb&in.

(1) Voir- Femmes africaines au trëvai 1 : analyse des facteurs défavorables à 1 'emploi des femmes. Centre africain de recherche et de formation pour la femme et Bureau régional OIT - 1976 - Addis Abéba.

(28)

Un délégué à la Conférence du BIT en 1964 disait

"Je pense qu'i 1 est erronné, pour les pays en voie de développement, de donner un importance prioritaire aux plans visant à encourager 1 'en- trée des femmes dans le marché du travai 1, spécla- spécialement les femmes avec des responsabilités familiales, lorsque ces mêmes pays n'ont pas ou

ne peuvent pas créer suffisamment d'emplois pour leur population masculine." (l)

Cependant certaines industries emploient en priorité des femmes (2). Le nombre des ouvrières est plus

important que ne le laissent supposer les statis- tiques du parsonnel des entreprises ou des offices de la main-d'oeuvre. Les femmes son~ généralement embauchées comme journalières ou temporaires, et la rotation fréquente dos effGctifs ne concerne pas les mêmes personnes.

Les ouvrières sont souvent des migrantes anciennes ou récentes, mariées à un ouvrier ou à un chômeur.

El les travai 1 lent dans les industries alimentaires (conserveries de poisson, confiseries, chocolateries, biscuiteries, etc ... ) dans les textiles (confection,

bonneterie •.• )ou dans les entreprises agro-industriel les (cuei 1 lette de fruits et légumes).

(l) traduit de "Woman's role in economie development" ··Ester Boserup- G. Allen and Unwln - London - 1970 - p. 194-195.

(2) Voir- La main-d'oeuvre féminine dans le secteur industriel en Afrique de 1 'ouest : le cas du Sénégal - Doc. ronéo - A. Loquay - 1976 - ENDA Dakar

(29)

Ces femmes, généralement analphabètes, n'ont aucune qualification professionnel le. El les sont embauchées comme me1oeuvre journalières ou saisonnières, mais

rarement comme ouvrières penmanentes.

El les ne bénéficient d'uaucne sécurité dans 1 'emploi, ni des avantages sociaux reconnus aux autres salariés.

Chaque jour, devant les usines, les journalières dol- vent faire la queue désespérément pour être engagées même si el les traval 1 lent depuis des années pour la même entreprise.

L'impossibilité pour el les d'obtenir un emploi perma- nent est aggravée par la pauvreté qui leur fait une obligation d'accepter du travai 1 à n'importe quelle condition. L'essentiel pour el les étant de rapporter un peu d'argent afin d'assurer le budget fami liai ou y participer.

El les travai 1 lent très souvent plus que l'horaire réglementaire. Même le travai 1 de nuit ne leur est épargné. A cela s'ajoute la discrimination sexuel le dans 1 'emploi et la rémunération. Les ouvrières ne bénéficient pas de la protection de la maternité.

El les travai 1 lent dans des conditions insalubres et inhumaines. Pourtant leurs Etats ont parfois ratifié

1 e "Code 1 nternat ion a 1 du Trava i 1 de 1 '0 IT".

(30)

1 -

Les femmes prolétaires habitent parfois des quartiers très éloignés de leur lieu de travai 1. La carence des transports collectifs et le manque d'argent les obi igent à faire chaque jour de longs trajets à pieds dans des conditions d'insécurité totale, surtout la nuit.

La garde des enfants est un problème préoccupant. Ainsi, ces ouvrières sont-el les obligées de faire appel à leurs plus grandes fi 1 les, à leurs voisines ou à leur fami 1 lo.

Une enquête réalisée en 1975 au gnégal résume assez bien la situation de ces femmes :

"De 1 a cuisine à 1 'usine, te 1 est 1 ' i ti né ra f re unique de plus de 50% des ouvrières interviewées qui ont été domestiques avant de devenir ouvrières •••

Le plus haut salaire enregistré est de 18 754 CFA pour une ouvrière de 3è catégorie ayant neuf ans d'ancienneté dans 1 'entreprise et quatre enfants vivants. Mais i 1 faut noter qu'à la paye suivante, malade une partie du mois, cette femme n'a touché que 8 000 CFA •.• L'ensemble des ouvrières se sont plaintes d'Irrégularités dans le calcul comptable de leur salaire. Comme ces irrégularités sont tou- jours au désavantage des ouvrières, cel les-ci ont tendance à accuser le service comptable d'escro- querie ••• L'insuffisance à ce niveau de la défense syndicale est soulignée par quelques ouvrières qui jugent que les syndicalistes "bavardent" plus qu'l ls n'agissent." (1)

(1) Travai 1 salarié des femmes en mi lieu ouvrier agricole et en mi lieu ouvrier urbain- F. Kane- IDEP- Ronéo- Janv. 1975- Dakar

(31)

Ces industries emploient les femmes parce que : - le travai 1 d'usine est un duplicata du travai 1

domestique traditionnel des femmes pour lequel e lies ont été formées dès leur p 1 us jeune âge.

- l'absence de formation professionnel fe des femmes en fait des employées à qui 1 'on peut offrir n'im- porte quel salaire dans un climat de sous emploi et de chômage où les entreprises ne sentent pas la néces- sité de créer des institutions sociales pour attirer ou retenir la main-d'oeuvre.

- la "docilité" des femmes généralement non syndiquées donne aux patrons la possibilité de ne respecter aucune norme sociale.

les femmes, employées comme main-d'oeuvre saison- nière ou journalière~ ne perçoivent en fait qu'un

"salaire d'appoint" qui ne couvre que la recons- titution de la force de travai 1. En tant que

migrantes, el les gardent des liens étroits avec fa communauté domestique en cas de problèmes.

Les ouvrières confrontées à la machine, modifient leur comportement traditionnel. Le modèle d'essence petite bourgeoise que l·eur proposent 1 es femmes-é 1 i tes ne con- corde pas avec la dure réalité de leur vie et de leur travai 1. Pour el les, fa recherche d'une identité n'est pas leur préoccupation principale car el les découvrent la notion de classes sociales. El les comprennent bien vite que leurs problèmes (garde et éducation des enfants- habitat et loyer- transports peu coûteux- nourriture ••• ) dépendent de 1 'organisation économique et politique de

leurs pays.

(32)

b) - "Les évoluées"

En Afrique noire, on a tendance à affubler de ce terme les femmes qui ont été à l~cole occidentale. El les ont ..

vu l~ur nombre s'accroître au fi 1 des années, surtout depuis "les indépendances".

Parmi el les, nous trouvons

- des cadres moyens : employées de bureau, sages-femmes, infirmières, institutrices, etc ..•

-des cadres supérieurs en nombre plus restreint professeurs, avocats, etc ..•

médecins,

Peu parmi ces dernières occupent réellement des postes de direction à haute responsabilité. El les sont d'éternel 18s collaboratrices ou assistantes. Mais, dans la mesure où

e 1 1 es sont peu nombreus .. 3s, o 1 1 es trouvent toutes du trava i 1 ( 1).

Au niveau des cadres moyens, le problème de débouchés se pose.

Le marché du travai 1 est saturé et, dévant 1 'Importance du chômage et du sous-emploi actuel, les femmes sont les premières sacrifiées.

D'ai 1 leurs, certains métiers "féminins" tendent à se mascu- 1 iniser, c'est le cas du secrétariat. On invoquera comme raison, que les femmes sont trop souvent "absentes" donc pou rentables.

< 1 ) E. Bose rup op • ci t ~

p

1: 19 ·à · 138.

(33)

- leurs grossesses nombreuses et rapprochées <n'ayant pratiquement aucun moyen pour contrôler leur fécondité>, - 1 'éducation des enfants.

·· les cé rémon 1 es f am 1 1 1 a 1 es •

L'absence de structures sanitaires et scolaires adéquates est un poids accablant pour les citadines.

Les "évoluées" sont mortrées en exemple. On les cite beau- coup dans les revues féminin~s car leur "réussite sociale"

est exemplaire à plus d'un titre ! El les se veulent ~es

championnes de la défense des valeurs culturel les africaines port du costume national 1 coiffures traditionnel les.

Le maintien de certains particularismes que l'on pourrait qualifier d'exotiques ou de folkloriques ne doit pas taire

i 1 lusion. Ces femmes ont fondamentalement et définitivement adopté un mode de vie et de pensée occidental et bourgeois {1).

Leurs relations avec le monde "traditionnel" leur sont Imposées par le système.

(1) Voir "Cérès" -· FAO- No. 44- Mars/Avri 1 1975- "Survivre dans un mi 1 ieu hostile"

de Niel Nelson - p. 42-45

(34)

3°) - Les femmes commerçantes

L'exercice d'activités commerciales par les femmes a toujours été approuvée. Cette profession leur assure une relative indépendance écono- mique. On peut distinguer deux types de femmes commerçantes :

a)- Les commerçantes au détai 1 (1)

Leurs 1 leux d'implantation par excellence sont les marchés. Elles n'ont fait que transposer une situation rurale antérieure, dans la mesure où el les n'ont aucune instruction ni qualification professionnel le leur per- mettant de s'Insérer dans le marché du travai 1.

El les vendent poissons, légumes, céréales à 1 'état brut ou transformé. Généralement, elles sont revendeuses, mals certaines parmi el los, vendent leurs propres produits.

C'est le cas des femmes propriétaires de pirogues au Sénéga 1 (2).

El les vendent aussi des produits Importés tels les cos- métiques par exsmple.

11 existe parfois une spécialisation ethnique sur les produits vendus. Les vendeuses sont organisées en assc- ciatlons d1entr'aide très puissantes <ex. Fish Mammies au Ghana). Au Ghana, 80% des commerçants sont dos femmes. Et au Nigéria, la moitié des femmes Yoruba sont commerçantes.

(1) Voir- Dakar en devenir- La femme commerçante au détal 1 -de Mme O. Aguessy- p. 335 à 421 - Présence africaine - 1968 - Paris.

(2) L'économie maritime et rurale de Kayar, vi 1 lage sénégalais - IFAN - Dakar - 1967 - R. NGuyen Van Chi - Bonnardet.

(35)

C'est dans les vi 1 les que leur activité a le plus de possibilité de se développer.

Un autre commerce florissant est la vente d'alcool à bon marché, brassé par les femmes el les-mêmes (sorgho rouge, mal's •.. > Cette activité est 1 !légale dans de nombreux

pays. Dans d'autres, 11 faut obtenir, au prix de maints pots-de-vins une licence pour vendre du vin de palme ou autres alcools Importés.

Ces débits de boisson sont bien souvent aussi des

"maisons closes" où des "serveuses-prostituées" inci- tent à la consommation. Ce commerce de l'alcool fait partie des nombreuses "techniques de survie féminine"

dans les vi 1 les africaines. Des femmes artisans vendent aussi des produits de poterie, vannerie et teinturerie.

b) -Les femmes d'affaires

Ce sont les femmes qui ont "pignon sur rue11 : boutiques - magasins d1import-export- cl iniques d'accouchement- pharmacies - petites industries de transformation de produits alimentaires ou manufacturés ••

Les femmes d'affaires se sont installées sur la base d'Investissements personnels ou de prêts bancaires (1).

(1) Voir- Le monde des affaires sénégalais- Samir Amin- Edition Minuit- 1969-

Paris.

(36)

Généralement, cel les professionnel les qui ont Investi dans les professions libérales n'ont servi que de prête-nom à leurs maris hauts fonctionnaires ou hauts cadres dans le secteur privé. El les ont pu ainsi béné- fi· Jr "des relations et positions" de leur mari dans

le ml lieu bancaire et administratif.

Les grandes commerçantes traditionnel les du Golfe du Bénin ont développé el les-mêmes leurs capitaux initieux grâce à leur tenacité et à leur sens de l'initiative.

El les contrôlent le gros commerce des tissus, du poisson, des produits cosmétiques .. etc ..• Elles sont aussi dans

le transport et dans les petites industries de trans- .fonnati on.

El les sont parvenuos à vaincre la concurrence et à s'introduire dans des entreprises modernes. Elles forment de puissantes organisations qui, dit-on, biün

souvent~ "font et défont les gouvernements".

D'anciennes prostituées ont pu amasser un capital

initial qui leur a pE"Jnnis d'investir dans l'immobilier.

C'est le cas de plusieurs femmes à Nairobi (1) ou à Dar es Salam.

(1) Women "entnJpreneurs" of early Nairobi -Janet Bujra- Revuo Cani'.ldienne des Etudes africaines - Vol. IX- No. 2 - 1975 - p. 213-234.

(37)

Le développement du tourisme a suscité1 dans beaucoup de capitales africaines~ 1 'apparition de boutiques de mode africaine <robes - boubous - bijoux> tenues par des femmes, souvent ex-fonctionnaires.

Ces femmes d'affaires souffrent malgré tout d'une ségré- gation sexuel le au niveau de 1 'accès au crédit bancaire, des avantages administBatifs.

On ne leur fait pas confiance. On met en doute leur capacité de gérer correctement une entreprise. Dans

les regroupements économiques, el les sont minoritaires et ne peuvent poser les problèmes qu'el les sont suscep- tibles de rencontrer.

Pour briser ces entraves, el les entrent à grand fracas dans les partis pol itlques au pouvoir.

Militantes actives, el les peuvent bénéficier des compli- cités nées de la solidarité de classe. El les obtiennent des licences d'importation, corrompent les fonctionnaires subalternes. En échange, el les vont mobi 1 iser les femmes

lors des meetings et campagnes électorales. El les vont populariser les mots d'ordre du parti .•• (1)

(1) Voir- Impérialisme et sociologie du sous-d~veloppement- Doudou Sine- Edition Antrophos - 1975 - Paris.

(38)

4°) - Les techniques de survie fêminine dans les vi 1 les

L'exode rural féminin est de plus en plus Important en Afrique noire. En Côte d'Ivoire, on a calculé que ces dernières années 250 000 femmes ont abandonné la pioche pour al 1er s'instal 1er en vi 1 le (1).

Dans les campagnes, les jeunes femmes célibataires n'ont pas accès à la terre et sont écartées des circuits de production.

El les ne peuvent participer au travai 1 collectif du champ paternel et des parcelles maternel les qu'en qualité d'aides. El les ne bénéficient pas de l'éducation générale et technique parce que "le diplôme n'a aucune utilité pour les femmes."

El les sont alors un poids économique pour leurs parents.

La vi 1 le se présente comme le lieu idéal pour accéder aux nouvel les normes sociales par 1 'argent. Formation ou emploi mei 1 leur, tels sont, au départ, les objectifs des migrantf3S. Elles déchanteront bien vite.

Sans aucune formation professionnel le, sans "relations", ces jeunes femmes n'ont que peu d'alternatives : être domestiques, ou se prostituer.

Les domestiques se font embaucher à des salaires parfois très bas à cause de 1 'offre qui dépasse la demande. El les travai 1 lent dans des conditions très p~nibles, et ne bénéficient d'aucune sécurité sociale.

Dans certains pays, i 1 y a des lois qui les protègent mais les bonnes les ignorent généralement. El les sont la proie de la convoitise des hommes déracinées qu'el les sont de leur environnement traditionnel qui les protégeait. Et en 1 'absence de toute i nfo•·mat ion sur 1 es moyens de contr~ 1er

leur fécondité, el les sont des victimes faciles.

(1) La majorit0 absente- la femme en 1975- FAO- Rome- p. 28-29.

(39)

survivre en vi lie qu'en se livrant à la prostitution.

"Quand on ne connaît personne en vi 1 le et qu'on n'a jamais travai 1 lé auparavant, que pourrait-on taire d'autre que se prostituer ?" ( 1)

Certaines vendent des boissons1 d'autres "reçoivent" chez el les, travai 1 lent dans des bars dancings ou à leur propre compte.

On trouve à leur niveau une forte hiérarchie sociale : par exemple, les "dames" qui sont "arrivées" ont des cl lents Importants devenus

leurs amants et el les investissent dans la restauration ou 1 'hotel lerle.

D'autres sont devenus femmes d'affaires (2). De manière générale, el les vivent dans l'insécurité totale, les menaces venant des proxénètes, mais aussi des tracas policiers.

(1) tiré de "techniques de survie féminine dans les grandes vi 1 les africaines"

Laketch Cirasse- p. 36 sur la prostitution à Addls-Abéba- ENDA - Dakar.

(2) Voir- Women in early Nairobi op. cit.

(40)

FERENTS SCENARIOS DE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT

Les femmes exploitées comme membres du ta communauté domes- tique,jouent un rôle clé dans la production, la transformation et la com- mercialisation des biens alimentaires. Nous 1 'avons montré dans l'analyse de la situation actuel le.

i 1 s'agit à présent de voir le profi 1 que peut prendre le statut de la femmo dans le cadre :

- de la continuation des relations de dépendance actuel le, -d'une politique nationaliste de développement,

- d'une stratégie de développement auto-centré.

1°) - Le premier scénario n'est que la continuation et 11amél ioration du système actuel

le déficit vivrier a atteint ces dernières années, une ampleur tel le qu'i 1 s'est avéré nécessaire d'introduire dans 1 'agricul- ture vivrière de nouvel les techniques capables d'augmenter le rendement des champs.

Le mode d'exploitation de la communauté domestique qui perpétue et organise 1 'accumulation primitive ne permet pas aux paysans d'épargner suffisamment pour investir dans 1 'agriculture de subsistance et améliorer ainsi leur productivité.

Ainsi, seule une politique de subventions (dons, aides) de la part des Etats ou des organismes internationaux bénévoles ou non, peut prendre en charge certaiffi aspects de la modernisation agricole.

(41)

C'est notre Interprétation des nombreux projets d'allègement du travail des femmes (dons de matériel ou formation à des techniques nouvelles).

Leurs aspects humanitaires d11àides au développement" ne doivent pas nous faire oublier que ces projets s'inscrivent dans le cadre d'une réorganisation de 1 'exploitation de la communauté domestique qui consiste à lui donner des moyens plus grands de survie.

Une autre tendance observée actuellement est cel le

d'utiliser les territoires laissés vides par des populations sinistrées (ou de les déloger> à des fins de produire pour 1 'exportation. Le cas type est celui des pays du Sahel.

.

Les projets ou les investissements ayant trouvé un finan- cement portent essentiellement sur 1 'industrie alimentaire, destinée à

l'approvisionnement des marchés américains, européens ou japonais, Ce seront des ranchs d'élevage ou des entreprises maraîchères.

Les compagnies multinationales sont intéressées au premier chef. Pour qui n'ignore pas les liens parfois étroits qui existent entre ces sociétés tentaculaires et certains organismes internationaux, 1 'as- pect humanitaire de cette "aide" apparaît alors comme un simple manteau qui couvre pudiquement de louches trafics.

Cette situation ne fait que renforcer la dépendance de ces

pay~. Les femmes n'auront que peu d'alterna Ives :

s'engager avec leur époux comme travai 1 leuses saisonnières ou journalières pendant la sai son morte. Et ce en vivant sur leurs réserves domestiques. La rente en travai 1 est ainsi extraite, car 1 'économie d~auto subsistance et les rapports de production domestiques sont maintenus

(42)

- devenir responsables à part entière de la production vivrière tout en ménageant un temps pour les culture~ de rapport - dans les cas où le mari a émigré vers la vi 1 le ou un autre pays.

- émigror à leur tour soit individuellement (cêl ibatalres) soit avec leur mari.

Cette orientation, si el le continue, n'apportera pas de changements réels dans la condition des femmos. Au mieux, el le intro- duira quelques aménagements dans leur travai 1.

2°) - Le deuxième scénario se veut "un changement dans la continuité

11 ne s'agit pas dans les faits de rompre brutalement et définitivement avec le capitalisme central, mais de réduire les relations de dépendance par 1 'émergence des nationaux de certains secteurs écono- miques, par le transfert des technologies, par une certaine industriali- sation ••.

Dans les vi 1 les on assistera à la mcntêe des femmes des classes moyennes dans certains secteurs de 1 'administration générale et des services. Parce que 1 'accès des femmos 5 1 'éducation sera plus grand.

Les femmes de la bourgeoisie, devenues compradores, auront un strapontin plus confortable dans le monde des affaires.

Dans une première étape, peut-ôtro, nous assisterons au développement de certaines industries de substitutions d'importation à

main-d'oeuvre féminine, bon marché.

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