Comme les cigales, les femmes ont toujours chanté
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du fun, des news, des bons plans... what else
?
Synopsis
Une même région, trois portraits, trois femmes, trois époques.
Chacune à sa manière a eu l’audace de ne pas suivre le chemin qui lui était pré- destiné...
Au Moyen-Age, dans une campagne du sud de la France, Marguerite, douze ans, est l’apprentie de Gilberte, guérisseuse.
Pour prémunir la jeune fille des rumeurs de sorcellerie se propageant dans la vallée, ses parents la donnent
précipitamment en mariage à un homme de dix ans son aîné et dont elle ne connaît rien. Marguerite est donc exilée sur les terres d’un autre Seigneur.
Pendant plusieurs années, faute d’enfanter, elle évolue au sein d’un ménage où la rancœur et l’amertume règnent en maître. Elle trouve le réconfort auprès de Léontine, sa belle-mère,
ventrière du village. La jeune femme seconde bientôt la matrone. Malgré les accusations de sorcellerie faisant rage et dont les ventrières sont les premières victimes, le duo s'obstine à arpenter la
garrigue et à œuvrer auprès des femmes de toute la contrée. Elles soulagent leurs maux et mettent au monde leurs enfants.
Au moment même où Marguerite devient enfin mère, la justice des hommes,
inquiète de ne pouvoir maîtriser les matrones et leurs savoirs, brise cette
alliance féminine si dérangeante. Après un procès expéditif Marguerite est brûlée pour sorcellerie en place publique.
Quelques siècles plus tard, dans le même village languedocien, les lavandières sont réunies autour du lavoir communal. La jeune Fanette, les mains frottant le linge, rêve d’une vie bien plus ambitieuse. Un brin rebelle et audacieuse, elle est prête à tous les sacrifices pour gravir l’échelle sociale. Ainsi, elle éconduit Damien, son amour de toujours, au profit d’un riche entrepreneur. Malheureusement, l’idylle tourne court, ne résistant pas au
tempérament fougueux de la jeune fille.
Entre-temps, la première guerre mondiale éclate et Damien part au front. Juste avant son départ, dans un moment de fragilité, ils s’aiment et une enfant illégitime naît de cette rencontre... Jeune mère célibataire, Fanette est contrainte de laisser
l’éducation de sa fille à ses parents et fuit un village qui la juge et la rejette.
A la capitale, elle trouve une place de garçon de café, dans un contexte de guerre où les femmes sont autorisées à exercer des métiers d’hommes. Pourtant, à la fin du conflit, comme beaucoup
d’autres, elle est hâtivement remerciée de ses services et conviée à reprendre son rôle de mère au foyer. Se rajoute à cette injonction la grippe espagnole, qui termine de décimer les familles. Fanette n’a plus le choix, elle doit s’occuper de sa fille
Sidonie… Afin de leur assurer à toutes les deux un avenir, Fanette quitte son village au profit de l’anonymat de la ville, se faisant passer pour veuve de guerre.
Maintenant, Fanette a plus de 40 ans et une deuxième guerre mondiale se
prépare. Elle est blanchisseuse et vit seule dans un petit appartement du centre ville.
Sa plus grande fierté reste Sidonie qui termine ses études de médecine et pour laquelle elle continuera à défendre les droits.
En 2013, Olympe, 23 ans, vit à Nîmes, en colocation avec son amie d’enfance. Elle enchaîne les histoires sans lendemain et n’oublie jamais d’en faire un rapport détaillé à sa mère Nadine, ainsi qu’à sa colocataire.
Mais voilà qu’Olympe ne s’amuse plus, ni de ses conquêtes, ni de la relation
particulière à sa mère... Elle cherche a s’émanciper du discours de Nadine:
— « Surtout, sois indépendante ! Amuse- toi, tu es jeune ! Ne t’attache pas aux hommes ! Profite ! ».
Non sans peine, la jeune femme se détourne des prérogatives maternelles.
Elle quitte son emploi confortable et
s’installe en couple. Elle gère son intérieur d’une main de maître, faisant voler en éclat, aux yeux de Nadine, le combat des femmes sur les hommes.
Après plusieurs années d’un ménage serein, l’horloge biologique tourne pour Olympe et son entourage attend d’elle qu’elle accomplisse ce pourquoi la femme existe vraiment : procréer... Encore une fois, Olympe déjoue tous les pronostics.
Assumant contre vents et marées son non-désir d’enfant, elle tentera de
s’imposer en tant que femme accomplie.
Elle perdra l’homme de sa vie et provoquera l’incompréhension de sa
famille. Pour certains, de part son refus de maternité, Olympe restera à jamais une femme inachevée.
Chapitre:
Languedoc, Marguerite...
Printemps 1511...
Sous l'effet de l'effort, Marguerite sentit une perle de sueur lui couler le long de la colonne vertébrale. Pourtant, elle ne cilla pas, consciente de son rôle primordial dans l'affaire entreprise depuis bientôt une journée. Ses jambes commençaient à flageller sous l'effet de la fatigue, son corps tout entier était douloureux. Elle fit abstraction de son propre état pour se concentrer sur celui de la jeune femme, tremblant d'épuisement, et qu'elle tenait fermement dans ses bras. Marguerite guettait un hochement de tête de
Léontine, synonyme d'un dénouement heureux. Malheureusement le hochement providentiel n'arrivait pas. Léontine placée de l'autre côté de l'accouchée, était prête à recevoir l'enfant à naître.
La pièce était remplie de vapeur d'eau, émanant d'un chaudron spécialement préparé pour la première toilette du nouveau né. Le père, sur le qui-vive, se tenait prêt à donner le lange à la matrone.
Tout était organisé pour recevoir l'enfant.
Tout, sauf l’intéressé qui se faisait dangereusement attendre...
Pourtant, tout avait été méticuleusement préparé pour l’évènement. En effet, la famille avait pris le temps de tendre des draps pour séparer le lieu d'accouchement du reste de la pièce. La vierge Marie,
comme à son habitude, trônait au-dessus de la couche. Pour l'occasion, Sainte- Marguerite la protectrice des
accouchements l'avait rejointe sur le mur.
L'union faisant la force en pareille
circonstance, deux saintes valaient mieux qu'une...
Afin de connaître l'avancée du travail, Léontine explora de ses doigts experts l'intérieur du corps de la future mère. A l'expression de surprise maîtrisée de la matrone, Marguerite comprit que quelque chose n'allait pas. D'une voix calme et autoritaire, Léontine informa l'oratoire sentir une masse empêchant l'enfant de sortir. Après quelques minutes à fouiller les entrailles de la suppliciée dont les
yeux se révulsaient de douleur à chaque exploration, elle posa son diagnostic:
— Le bébé a la main sur la tête. Je vais essayer de la lui pousser.... Elle enfouit davantage sa main dans l'entrejambe d'Anne, dont cette dernière exulta la douleur par un cri long et perçant.
Les sourcils de Léontine se
décontractèrent, Marguerite le perçut comme de bonne augure. La matrone ne s'attarda pas sur sa victoire.
— Pousse maintenant ! hurla-t-elle, le front plissé comme si elle-même devait pousser.
Malgré un épuisement indéniable, et à la grande surprise de l'assemblée, Anne se mit à pousser et à gémir d'une force qui lui était jusque-là inconnue. Son effort surhumain finit par payer, la tête de l'enfant se présenta aux mains de Léontine. La matrone redoubla de cris d'encouragements emprunts d'un mélange d'empathie et de violence, vociférant maintenant à la mère de pousser encore. Lors de la deuxième poussée les épaules du nouveau né
apparurent dans un déchirement de chair dont l'accouchée ne se rendit pas compte.
Tout sanguinolent, l'enfant inanimé fut attrapé sans ménagement par Léontine.
Avant toute chose, il fallait le séparer de sa mère. Elle attrapa énergiquement le couteau que lui tendait déjà Marguerite.
Dans un mouvement de lame concise, elle prit grand soin de couper le cordon à
quatre doigts, en laissant une marge supplémentaire soucieuse de ne pas couper la virilité de ce petit garçon comme le préconisait la croyance populaire.
Une fois détaché du corps maternel, la manipulation du nourrisson fut plus aisée.
Léontine lui claqua le fessier sans résultat probant. L'enfant restait silencieux... Dans des gestes précipités mais experts, la matrone but une rasade de vin qu'elle souffla dans la bouche de l'enfant qui ne tarda pas à manifester son
mécontentement par un cri aigu et
cristallin. Un soulagement commun émana de la maison dans son entier.
Léontine donna mécaniquement l'enfant à Marguerite qui l'accueillit après avoir recouché la mère sur sa paillasse. Elle nettoya le petit être avec grande précaution avant de l'envelopper fermement dans le linge tendu par le père. Elle s’approcha ensuite vers la couche pour le rendre à celle qui avait tant souffert pour le mettre au monde.
Marguerite se laissa envahir un bref
instant par l'allégresse collective avant de se ressaisir, sa mission n'était pas encore arrivée à son terme. Elle rejoignit Léontine au chevet de l'accouchée, dans l'attente de la délivrance qui ne se fit pas attendre.
En imitant la matrone, elle ne quitta pas la jeune mère des yeux surveillant son teint qui ne devait en aucun cas pâlir. Anne se mit à boire le bouillon qui lui était proposé
et son teint resta rose au grand
soulagement des deux femmes. Épuisée mais sauvée, l'accouchée prit la main de Léontine et d'un sourire fatigué lui
témoigna toute sa gratitude. La matrone ne se gargarisant jamais d'un
accouchement réussi fit diversion comme elle le pouvait.
— Nous pouvons remercier la sainte
vierge pour cette naissance. Et puis j'étais accompagnée de Marguerite. Que
demander de mieux qu'une femme portant le nom de Sainte Marguerite, grande protectrice des accouchements ! commenta-t-elle d'une voix bienveillante à l'égard de Marguerite postée sagement à côté d'elle.
Anne lança un sourire poli à Marguerite mais remercia à nouveau Léontine.
Marguerite ne s'en offusqua pas. Elle savait qu'il lui faudrait du temps pour être reconnue en tant que matrone. Ainsi, elle devait s'armer de patience et surtout devenir mère à son tour... D'ailleurs, c'était de par son grand âge et ses dix grossesses que Léontine pouvait affirmer être l'une des matrones les plus
demandées des villageoises. Marguerite se satisfaisait déjà d'être la guérisseuse de la contrée. Ses connaissances des plantes et leurs manipulations
représentaient un savoir nullement égalé à travers toute la vallée. Elle se répétait souvent qu'à défaut de ne pas avoir conquis le cœur de son époux, ces
dernières années, elle avait conquis celui de sa belle-mère. Ce duo, conscient des nombreux dangers des bois, l’arpentait pourtant de jour comme de nuit, ne renonçant sous aucun prétexte à venir soulager les maux des femmes. Pour sûr, Léontine et Marguerite étaient un repère solide dans la communauté féminine des alentours.
D'ailleurs, cette dernière soupçonnait sa belle-mère d'être à l'origine de son union avec Firmin, plus que l'intéressé lui
même... Marguerite n'avait évidemment pas participé aux pourparlers précédant son union mais il paraissait évident que Firmin n'avait eu aucune initiative dans cette affaire. Léontine semblait avoir davantage choisi sa bru pour elle-même que pour son fils... Les talents de
guérisseuse de Marguerite avaient certainement pesé plus lourd dans la balance que sa maigre dot...
Cela étant dit, sans l'aide de Léontine, Firmin serait encore probablement
dépourvu d'épouse. Outre son infirmité, lui valant le sobriquet de Firmin le boiteux, la tristesse et la morne de cet homme
avaient eu raison des quelques jeunes filles convoitées.
Elle se souvint avec nostalgie, qu'au début de leur mariage, désireuse de prendre soin de son époux, elle avait cru bon de lui préparer un onguent pour sa patte folle et douloureuse, mélangeant pâquerettes et huile d'olive, réputées contre les douleurs
des membres. Après quelques utilisations infructueuses, Firmin avait finalement écarté la mixture avec véhémence… Il avait trouvé son remède à lui, le vin...
— Marguerite ! Tu comptes rester plantée là longtemps ? Nous avons à faire ailleurs maintenant ! l'admonesta Léontine, un soupçon de bienveillance dans sa voix n'étant jamais très loin...
Occitanie, Olympe...
16 décembre 2017 …
Tout en ouvrant la porte de la machine à laver, Olympe se remémora l'arrivée de Clément dans sa vie. Il s'en était fallu de peu pour que leur histoire tourne au vinaigre. C'était sans compter sur la ténacité du jeune homme, qui après une première prestation plus que chaotique et une belle-mère revêche, avait finalement réussi à gagner le cœur de la belle, sans perte ni fracas.
Même si elle ne lui avait jamais ouvertement avoué, Olympe lui était
reconnaissante du chemin qu'il l'avait aidé à parcourir. A 27 ans, elle assumait
davantage ses choix et se sentait en
harmonie avec ses désirs. Grâce à lui, elle avait apprivoisé l'audace, concept encore récemment nébuleux. La première fois qu'elle avait mis cette notion en action fut dans sa vie professionnelle. Un matin, sans détour, elle était rentrée dans le bureau de son chef. D’un claquement sec de papier froissé, elle avait déposé sa lettre de démission sur le bureau patronal
fraîchement astiqué au désinfectant outrageusement odorant.
Olympe n'avait pas pu assumer son choix jusqu'au bout, l'audace ne coulant pas encore dans ses veines... Elle avait pris la poudre d'escampette avant de devoir affronter le pénible moment des échanges verbaux. De toute manière, sa lettre était on ne peut plus éloquente et se passait de commentaires. Olympe venait de faire valser un salaire confortable et une reconnaissance sociale au sein de la société capitaliste.
L'après-midi de cette même journée, elle s'était arrangée un minuscule espace entre son canapé et sa plaque de cuisson, pour y loger une petite table râpée,
dénichée quelques semaines plus tôt aux encombrants. Après avoir équilibré les pieds de son nouvel établi de couture, la
« néo-chômeuse non-indemnisée » avait installé sa bécane, deuxième héritage de feu grand-tante Agnès qui heureusement pour Olympe n'avait pas eu d'enfant…
Elle s'était installée au volant de sa nouvelle Ferrari aux allures de 2CV et avait embrayé la pédale. Une course frénétique s’était engagée, à coup de bobines de files, de ciseaux et de zigzag en tout genre.
Après les rideaux du salon, elle s'était attaquée à ceux de sa chambre puis au couvre lit, au couvre canapé, au couvre...
Elle ne savait pas quoi mais ça pouvait toujours servir... En une petite semaine,
elle avait fabriqué au milieu de son salon un stock d’accessoires digne d'une usine de manufacture.
Anaïs avait été la première spectatrice de cet engouement et de la production
presque industrielle de son amie. Dans les starting-block et sans attendre le top départ d'Olympe, elle avait cherché à valoriser cette productivité intensive en vendant les réalisations d’Olympe à ses clientes. Encore peu sûre d'elle, Olympe n'avait pas pris au sérieux ces premières ventes clandestines. C'était évidemment sans compter sur l'obstination d'Anaïs qui l'avait également inscrite sur un site de vente par correspondance. Les demandes ne pleuvaient pas encore mais étaient suffisantes pour envisager une
reconversion professionnelle en toute modestie. De fil en aiguille, Olympe s'était laissée charmer par cette nouvelle
perspective...
Nadine, affligée du revirement soudain de sa fille, ne manquait jamais une occasion de le lui faire remarquer. Olympe avait quitté une bonne place pour des histoires de chiffons ! La mère, abattue, était
passée par plusieurs étapes de
l'acceptation, sans pour autant arriver à la fin du processus... Dans un premier temps choquée, elle s'était mise ensuite dans une colère noire, désireuse de ramener ainsi sa fille à la raison. Puis, après de nombreuses tentatives de dissuasion, elle avait essayé de négocier un entre deux :
— Ok si ça te plaît ! Mais rien ne
t’empêche de le faire pour ton plaisir le soir et de reprendre ton activité lucrative la journée !
Après n'avoir récolté aucun fruit de ses interventions, Nadine oscillait maintenant entre l'état de dépression et de révolte...
Le nez dans la machine à laver, Olympe entendit à peine la sonnette de la porte d'entrée, que Nadine était déjà derrière elle. Elle sortit la tête du tambour et examina les vertigineux talons aiguilles léopards, le collant fantaisie, la jupe crayon, le chemisier aérien, pour enfin s’arrêter sur le sourire rose bonbon de sa mère. Olympe se dit que Nadine avait certainement trouvé ce rose à lèvres improbable dans la boîte d'une tête à coiffer, au rayon enfant d'un grand magasin. Cette teinte n'existait pas au rayon adulte ! Seule Barbie portait cette couleur... D'ailleurs cette hypothèse ne la surprit pas vraiment... Nadine semblait affectionner particulièrement le rayon enfant... Elle s'y approvisionnait pour son maquillage criard pailleté, pour ses
vêtements compte tenu de leur petitesse et également concernant les hommes étant donné l'âge de ses derniers amants...
— Bonjour ma chérie, je ne fais que
passer... Alors dis-moi, comment se passe ta nouvelle vie de ménagère, ironisa Nadine, la bouche en cœur.
— Et toi maman comment se passe ta vie de cougar ? taquina Olympe tout en se relevant.
— Je crois que je ne m'habituerai jamais à ton nouvel humour... souffla Nadine l'air pincé.
Tournant les talons, visiblement vexée, elle se dirigea vers la cuisine et fouilla les placards à la recherche d'une tasse. Sans en proposer une à Olympe, elle se servit un café et s'installa confortablement dans le canapé, signe qu'elle ne faisait pas que passer…
— Oly ! Je ne comprends vraiment pas ce qui t'arrive... se désola-t-elle. Tu avais une bonne situation, tu étais libre comme l'air et voilà que tu te précipites dans une prison dorée...
— Maman ! s'agaça Olympe. A mon âge tu étais déjà mariée avec papa !
— Raison de plus ! Je me suis toujours promise que tu ne ferais pas les mêmes erreurs que moi ! Les jeunes filles
d'aujourd'hui vous avez le choix de faire ce que bon vous semble, je ne comprends pas que tu n'en profites pas.
— Mais je suis heureuse maman ! implora Olympe s’asseyant aux côtés de sa mère.
— Non ma fille, tu n'arriveras pas à me convaincre ! Un jour tu crois faire un choix et le lendemain tu te retrouves coincée avec un mari et des enfants. Même si je te rassure, ton frère et toi, vous êtes mes plus grands bonheurs, s'obligea-t-elle à rajouter. Je vais te dire ce qui va se
passer ! Tu feras de ton mieux pour driver tout ce petit monde, tu croiras avoir une vie rêvée et un jour, après t'avoir usée jusqu'à la moelle, ton homme te quittera pour une plus jeune. C'est la loi de la nature.
— Maman tu parles de toi là !
— Je parle des femmes ! On attend de nous que nous procréions, que nous
élevions nos enfants et lorsque nos tétons, après moult allaitements, commencent à regarder nos chaussures, on nous quitte pour des tétons regardant encore les étoiles !
Olympe préféra ne pas relever. Même si la métaphore la faisait doucement sourire, elle savait la bataille perdue d'avance et abdiqua sans résistance.
— De toute manière, je crois que je ne veux pas d'enfant...
— Quoi ? Voilà autre chose ! s'étonna Nadine faisant volte face vers sa fille.
— Oui, je ne crois pas que ça soit mon truc les enfants...
— Oh mais tu as le temps ! Tu verras ! Tu changeras d'avis ! dit-elle en s'affalant à nouveau dans le canapé.
Olympe ne savait que penser de cette réponse... Sa mère prônait
perpétuellement la liberté féminine.
L'émancipation du devoir de maternité n’en faisait-il pas parti?
— Évidemment, maintenant tu n'en veux pas c'est bien normal, enchaîna Nadine sous l'air taiseux d'Olympe. Mais tu en
voudras, c'est viscéral. Non, le problème finalement ce ne sont pas les enfants, ce sont les hommes !