Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 22 février 2012 437 lu pour vous
Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU (Jean.Perdrix@hospvd.ch)
Impact des facteurs de risque cardiovasculaire à travers les âges
Bien que plusieurs scores permet tent d’estimer le risque cardiovasculaire au cours des dix prochaines années, l’impact des facteurs de risque cardiovascu- laire (FRCV) tout au long de la vie est encore peu connu. Une ré- cente étude, regroupant dix-huit cohortes et incluant plus de 250 000 hommes et femmes sui- vis pendant une période de plus de 50 ans, a permis de mieux comprendre l’impact des FRCV à travers les âges. Les auteurs ont utilisé la pression artérielle, le taux de cholestérol, le status taba gique et le diabète pour strati fier les participants en cinq catégories de profil de FRCV.
Comparés à ceux avec deux FRCV ou plus, ceux avec un profil de FRCV optimal (cholestérol total l 4,7 mmol/l, pression artérielle l 120/80 mmHg, non fumeur et non diabétique) avaient un risque diminué de maladie coronarienne fatale ou non fatale au cours de leur vie (3,6% contre 37,5% parmi les hommes, l 1% contre 18,3%
parmi les femmes). L’originalité de l’étude est double. D’une part, la diminution des maladies cardio-
vasculaires au cours de ces 30 dernières années semble liée à une amélioration du profil indivi- duel des FRCV. Deuxièmement, le risque attribuable de chaque FRCV est resté identique à tra- vers les générations. Les auteurs concluent que le risque d’une personne âgée de 70 ans par exemple est influencé par son profil de FRCV présents à l’âge de 50 ans, et que l’accumulation des FRCV chez une même per- sonne confère un risque tout auss i important maintenant qu’il y a 40 ans en arrière.
Commentaire : Malgré la diminu- tion de l’incidence des maladies cardiovasculaires observée ces 30 dernières années, les effets délétères des FRCV restent cons- tants à travers les décennies. Les efforts de prévention des mala- dies cardiovasculaires devraient également cibler le développe- ment des FRCV chez un individu (prévention primordiale) plutôt que de se baser uniquement sur le traitement des FRCV existants.
Dr David Nanchen Policlinique médicale universitaire Lausanne Berry JD, et al. Lifetime risks of cardio- vascular disease. N Engl J Med 2012;
366:321-9.
Et de surligner que les effets de la consom
mation excessive de sucre peuvent être équi
valents à ceux des boissons alcooliques en évoquant les conséquences sur la structure et la fonction hépatiques. Or la consomma
tion de sucre dans le monde a triplé ces cin
quante dernières années. Et sans même évo
quer le procédé de la chaptalisation mis au point (comme l’indique son nom) par Jean
Antoine Chaptal (17561832), on peut établir bien des parallèles entre l’alcool et le sucre.
Non seulement nous métabolisons les deux via le foie mais nous devons dans les deux cas nous faire violence pour ne pas commet
tre le péché de l’abus. Le temps n’est plus du jardin de l’Eden où le sucre n’était que miel et fruits. L’enfer de l’agroalimentaire
règne où le poison sucré avance masqué dans toutes les préparations alimentaires. Il était jadis rare et naturel ; il est désormais partout, indispensable et mortel.
En France, l’Association nationale des in
dustries alimentaires ne s’alarme guère. Elle estime que la vision des auteurs de Nature est déformée par leur prisme américain. «Il en va pour le sucre ainsi rajouté comme pour le tabac : on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas, pouvaiton lire dans un récent éditorial du Monde. La filière sucre est un puissant groupe de pression, à l’instar des fabricants de ciga
rettes. Elle se défend en Europe, en affirmant que la vision des auteurs de l’article de Nature est déformée par le prisme américain. Elle jure que l’Union européenne a pris des me
sures d’incitation. Balivernes ! Il faut aller plus loin.»
Balivernes ? Aller jusqu’où ? A l’heure de
remettre ces lignes, nous apprenons qu’un rapport des Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) dénonce le fait que neuf Américains sur dix consomment beaucoup trop de sel. Or, on sait que le chlorure de sodium n’est pas bon, lui non plus, pour la santé humaine. L’heure est donc venue de faire une croix sur le pain, les charcuteries, les pizzas, le poulet, les soupes (préparées), les fromages, les pâtes, les chips et le popcorn. Surtout le popcorn, cette démoniaque monstruosité sucréesalée des salles obscures.
Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com
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