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La faucille et le marteau

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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LETTRES ET BILLETS DE MYTHOLOGIE

de Bernard Fricker t

Bernard,

Ces portes qui s'étaient ouvertes voici deux mille ans, Tu t'es glissé cette nuit sans secousses entre leurs vantaux,

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Utiles "démons"

Les Tuatha Dê Danann, "Peuple de la Déesse Dana", une des races d'anciens dieux indo-européens qui ont successivement occupé l'Islande, se sont opposés aux Fomôre, les "démons", au cours de la bataille de Mag Dured. Après une lutte opiniâtre, chaque adversaire triomphant tour à tour, un accord intervint entre les belligérants. Fait prisonnier, le Fomôre Bress obtint sa libération du Magica Lug des Tuatha Dê Danann en échange d'une précieuse "recette" qui désormais assurera la prospérité des éleveurs et agriculteurs de l'Islande. Bress, le Fomôre, vient ainsi assumer le rôle de la "troisième fonction" chez des dieux qui ne représentent que les deux premières.

Dumézil (Jupiter, Mars, Quirinus, Paris, Gallimard, 1941, ch. V, pp. 167, 173), compare cette guerre des Tuatha Dê Danann et des Fomôre à la guerre des Sabines et à la guerre des Ases et des Vanes. A la page 173, concluant son chapitre, il écrit: "Ceux qui veillaient au lait et aux épis, c'étaient sans doute des démons, ou des génies mineurs, asservis et tenus à merci par les 'grands dieux"'.

Génies mineurs, ou démons, mais capables de bons tours, sans réelle méchanceté, ce qui témoignerait de leur empressement à "rendre service", tout en faisant comprendre que, bien que tenus à merci, ils ne craignent pas leurs asservisseurs.

Témoin le festin que ces "démons" offrent à Dagda au cours même de la guerre qu'ils livrent aux Tuatha Dê Danann, dont Dagda est un des dieux. Celui-ci se rend au camp de ses adversaires qui, dans l'intention de se moquer de lui, préparent une soupe dans un chaudron gigan- tesque: quantités incroyables de lait et de farine, chèvres, moutons, porcs entiers; on verse le contenu du chaudron dans un trou creusé dans la terre ; sous peine de mort Dagda est sommé de tout manger; avec une cuillère gigantesque il y parvient et gratte encore avec son doigt le fond du trou, puis il s'endort, le ventre démesurément gonflé, raillé par les Fomôre (Je me réfère ici à Jan de Vries : Keltische Religion, W.

Kahlammer, Verlag, Stuttgart, tr. fr. L. Jospin, Payot, Paris, 1963, pp. 47-48).

Ainsi les "démons" sont-ils les gemes de l'abondance... Dans une société encore privée de sa "troisième fonction", ils apportent, grâce à, avec celle-ci, une véritable bénédiction ... Disons l'équilibre. Mais un des plateaux de la balance peut fléchir, sous le poids de l'excès des biens matériels. Excès qui trouve néanmoins sa limite dans les calamités

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naturelles, les guerres, les rivalités pour l'obtention du pouvoir, les changements climatiques parfois, l'épuisement des sols, la disette toujours menaçante. C'est l'éternelle question, le dilemme de l'équilibre ou du déséquilibrage des sociétés.

Pour leur compte, les Indo-Européens, idéologiquement, théologi- quement, idéalement, maintinrent en équilibre les plateaux de la balance. Chez les Celtes, les Scandinaves, les Romains, pour ne parler que d"'Occidentaux", ce fut grâce à l'introduction de la "troisième fonction", triomphe d'un système ternaire.

Dieux-magiciens, dieux-guerriers, restaient, face aux conditions mêmes de la vie, impuissants, et, par ailleurs, privés d'une partie de leur majestas si n'étaient venus au terme d'une guerre les "compléter", souvent comme des pairs, des "démons" de la fécondité, liés parfois (qu'on pense aux Vanes) à la volupté ...

Dans : Les dieux souverains des Indo-Européens, (Paris, Gallimard, 1977, p. 109) Georges Dumézil a écrit:

"La théologie grecque a très tôt reconstitué, à moins qu'elle ne l'ait trouvée, malgré l'usage différent des poèmes homériques, dans quelque coin de son héritage indo-européen, la distinction hiérarchisée des êtres surnaturels en trois groupes: - Théoï, les "dieux", - Héroès, les "héros", qui protègent des génè ou des villes dont ils sont souvent les fondateurs ou d'anciens chefs légendaires (dans le cas du héros Héllèn, l'éponymie s'étend à tout l'hellénisme), - Daïmonès, enfin, les "démons" qui sont proprement les "répartiteurs", puisque leur nom est formé sur la racine day que nous avons vue en védique exprimer aussi l'office de Bhaga, et que, si, dans le mythe des Ages (Erga, 126), Hésiode qualifie leur variété terrestre de ploutodotaï, "donneur de richesses", l'ensemble de la tradition grecque les emploie à faire la différence entre l'heureux et le malheureux, l'eudaïmon et le kakodaïmon. "

Ainsi, trente et quelques années après, Dumézil confirme-t-il, par ce texte et par le détour grec, ce que dans : Jupiter, Mars, Quirinus, il nous disait, quant à l'Irlande et les Fomôre, de l'utilité des "démons", ces répartiteurs, donneurs de richesses, êtres pris dans leur "variété terrestre" selon Hésiode, mais néanmoins surnaturels ...

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La faucille et le marteau

"Une statuette qui provient de la Hongrie actuelle, un personnage apparemment masculin, assis sur un trône et tenant dans sa main droite une faucille posée sur son épaule, rappelle d'ailleurs directement la révolte des Titans contre Ouranos et l'acte sanglant qui donna le pouvoir à Kronos, le plus jeune d'entre eux : c'est avec une faucille qu'il émascula son père endormi ...

On ne peut évidemment exclure que l'outil, figuré certainement comme attribut, se contente d'évoquer le lien de cette divinité avec la récolte, mais une telle interprétation paraît moins satisfaisante. Quelle que soit la réponse, le parallélisme que l'on peut établir dans ce cas précis entre les strates les plus anciennes de la mythologie grecque et une œuvre d'art néolithique est pour le moins troublant."

Venceslas Kruta, L'Europe des Origines, "L'Univers des formes", Gallimard, Paris, 1992, p. 80.

Ce "dieu à la faucille" du

ve

millénaire nous fait ainsi remonter jusqu'au plus mystérieux et fascinant des passés, aux strates les plus anciennes c'est-à-dire les plus profondément enfouies de la conscience ou de la pensée mythiques.

Bien en-deçà donc et en dehors d'une quelconque influence "indo-euro- péenne", prise au sens dumézilien, sur l'âme grecque. Ce dieu pourrait poser aussi le problème des origines, si difficiles à cerner, des "sources"

d'un Hésiode ou d'un Homère, celle des "mythes" qu'ils nous ont transmis, ou qu'ils ont, déjà, "apprivoisés".

La faucille, outil millénaire, symbole, emblème antique venu de la nuit des temps. Comme le marteau, le marteau du forgeron, qui chez certaines peuplades fut vénéré comme un dieu. Alors, n'est-il pas trou- blant aussi de retrouver ces deux "emblèmes jumeaux" sur le drapeau rouge de la révolution prolétarienne qui prétendait pourtant s'affranchir définitivement du passé? Consciemment ou inconsciemment, la "troisiè- me fonction" ne les aurait-elle pas choisis pour affirmer ses droits à l'unification d'un monde jusqu'alors arbitrairement divisé?

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Le prisme illuminé des mythes

"Mais la conversion des Hamrâ, garnisons persanes (déjà arabisées à Hîra et au Yemen, en 14-17 H.), leur installation à Kîfa, Basora (et probablement Madaïn), leur renforcement par des métis, fils de captives persanes prises à 'Ayr al Tamar et à Jalûla (de 12 à 17 H.) quand ils devinrent adultes forma un milieu hybride à Kûfa surtout; ou, au contact de l'Islam naissant rénovant le monothéisme abrahamique, comme jadis au contact de la chrétienté naissante en Galilée, un bouillonnement intellectuel se produisit, ce que l'on appelle la gnose.

Samaritaine et grecque en chrétienté, la gnose naquit manichéenne, c'est-à-dire araméenne et iranienne en Islam. Dans les deux cas, il s'agit non pas d'un essai de conciliation rationnelle entre la philosophie des sciences et une théologie, - chose tardive - , mais de l'acceptation ardente d'une foi nouvelle et surnaturelle par un milieu de vieille culture, qui, à la lumière de sa nouvelle croyance, contemple l'univers visible à travers le prisme illuminé de ses anciens mythes."

(Louis Massignon, Opera minora, textes recueillis par Y. Moubarac sous le patronage du Centre d'Etudes Dar-El Salam, Collection "Recher- ches et documents", Dar-AI-Maaref, Liban, 1963).

De ce texte de Massignon, je retiens :

- la fécondité, le bouillonnement intellectuel d'un milieu hybride, converti à un monothéisme mais conservant, comme jalousement, sa spécificité antérieure. Milieu hybride spirituellement parlant et, physi- quement, métis ;

- quand une nouvelle croyance se fait jour, qu'une foi nouvelle (quoi- que enracinée dans le passé) se propage, loin d'être abolis, le ou les mythes qui les ont précédées s'illuminent d'elles sans perdre, si j'ose dire, leurs couleurs, leur fécondité initiales; il y a réfraction; comme une grâce, peut-être, faite au mythe par la religion révélée : toute historique que se veuille celle-ci, elle ne peut abolir un imaginaire millénaire, faute de périr.

L'ont compris les gnoses, mais elles n'ont pas franchi le seuil, tournant dans le cercle de la mauvaise finitude, comme l'eût dit Hegel...

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Jours sans nom

Jours dont le calendrier a toujours été embarrassé, ne sachant qu'en faire. Jours "résidus" de l'année, compris entre le solstice d'hiver et le commencement de l'année nouvelle. En Occident chrétien, la période considérée souvent comme néfaste, de Noël à l'Epiphanie (quand l'Epi- phanie se célébrait rituellement le 6 janvier),

J ours où les morts viennent hanter les vivants, rôdant sur les confins dans le no man's land, le monde d'entre les mondes qui nous sépare d'eux et qu'en certains instants de nos vies il nous arrive de sentir étrangement proche,

Jours où Zeus et les Olympiens s'offraient des "vacances d'hiver", partant festoyer sous le soleil de l'Ethiopie. Du Solstice d'hiver, "nuit de l'année", Zeus, ciel diurne, ne pouvait que s'éloigner. Dès que cette ténèbre s'étendait sur la terre, Zeus, ou dormait, ou, telles les grues à l'automne, s'envolait pour l'Mrique, traversant "l'eau d€ la ténèbre hivernale", l'Océan qui entoure la terre.

L'année, au moment du Solstice d'hiver, entre ainsi en sommeil.

Sommeil traditionnellement fixé à douze jours. Jours que j'appelle :

"sans nom", me référant, quant aux "vacances d'hiver" de Zeus et des Olympiens, à la communication de J. Haudry: "Peuples et pays mythi- ques de l'Iliade au regard de la "religion cosmique des Indo-Européens"", communication faite au Ve Colloque du Centre de Recherches Mytho- logiques de l'Université de Paris-X, 18-20 septembre 1986 et publiée dans "Peuples et pays mythiques", - Collection "Vérité des Mythes", Les Belles Lettres, Paris, 1988, en particulier p. 26 : "l'ancienne mythologie de l'hiver".

Du Natalis Salis Inuicti, jour anniversaire du soleil et naissance de Mithra pétrogène, fixé vraisemblalement au Solstice d'hiver, le 25 dé- cembre, l'Eglise a fait notre jour de Noël, célébrant la naissance du Sauveur. Les jours sans nom qui couvraient à peu près la période du 25 décembre au 6 janvier, Noël, la fête chrétienne, et le bruyant Nouvel An les ont éclipsés; c'est, si j'ose dire, l'éclipse d'une éclipse ...

Est-ce si sûr? Les lumières prodiguées en cette période de l'année, la convivialité des deux "Réveillons", à l'église le grand jeu des orgues, l'imagerie naïve de la crèche, ont-ils assourdi la voix des morts? N'a-t-on

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pas voulu par ces fêtes, exorciser la nuit, la longue nuit d'hiver et ses fantômes ? Refuser de se faire accompagner à la sortie d'une messe de Minuit par un spectre, par son double?

Les mortels se comportent comme les immortels, sauf à parler avec Georges Dumézil de L'oubli de l 'homme et l 'honneur des dieux. A l'imitation de ces derniers nous nous évadons vers d'autres cieux quand l'année agonise, ou nous nous étourdissons dans des festins. Dira-t-on que dieux et hommes pâtissent du même manque, d'une déficience que les plus vieilles mythologies, à commencer par la mythologie de l'hiver, ont située à la charnière du temps, quand celui-ci marque comme une hésitation avant de reprendre son cours?

Dans sa chronique: Un roi sans divertissement, Jean Giono a très bien vu que le divertissement de Noël dissipe la ténèbre, celle de l'âme de Monsieur V., l'assassin qui, cette nuit, ne tuera pas; son instinct de meurtre est refoulé par l'éclat de la fête. De même le Noël chrétien dissipe la ténèbre hivernale; moins angoissantes sont les heures de la longue nuit du Solstice.

Mais les vieilles voix de la nuit se sont-elles enfin tues ? Chacun de nous, et dans la joie même d'un clair matin, ne les entend-il toujours pas résonner dans son cœur ? Ce qui prouverait, malgré que nous nous en défendions, que nous restons accordés à la nuit - à la nuit hésio- dique - , car:

" La Nuit enfanta Moros, Lot-Fatal, l'odieux, Kère, Mort noire Et Trépas, Thanatos;

elle enfanta Hypnos Sommeil,

elle enfantait aussi la tribu des Songes;

Et en second lieu, encore, Sarcasme et Lamentation de souffrance."

Théogonie, v. 211-214, tr. Annie Bonnafé (Rivages, Poche, Paris, 1993).

Qu'on lise la suite, jusqu'au vers 232, et l'on se convaincra, si l'on a quelque pressentiment de nos origines, que la Nuit, dans la tradition hésiodique, est mère de bien des maux; elle est l'étau qui se resserre sur nos joies, qu'elles soient proprement nôtres ou le partage des dieux.

Seule éclaircie dans le texte d'Hésiode: les Hespérides qui "ont le souci des belles pommes d'or et des arbres portant ce fruit". Mais les Hespérides elles-mêmes habitent l'extrême Occident, là où le soleil va s'abîmer dans l'océan, dans la Nuit.

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Longue marche

Et il était avec les bêtes sauvages / Et il les conduit sur une montagne élevée, seuls, à l'écart / Et le matin, longtemps avant le jour, il sortit et partit pour un lieu désert / Et étant entré dans une maison il ne voulait pas que personne le sût / Mais il se tenait dehors dans les lieux déserts / Et il partit de là / et lui passa aux confins de la Samarie et de la Galilée / Et le soir venu, la barque était au milieu de la mer; et lui, tout seul, sur la terre / Or, marchant le long de la mer de Galilée / Or, le soir venu, lorsque le soleil se fut couché / Et tandis qu'ils faisaient route / Et l'heure étant déjà fort avancée / Et Jésus avec ses disciples se retira vers la mer / Et ü leur dit en ce jour-là, le soir venu: « Passons à l'autre rive" / Et ils gagnèrent le large / Et il sortit de nouveau le long de la mer / Or, ayant vu les foules, il gravit la montagne / Et s'étant éloigné de là, Jésus vint le long de la mer de Galilée / Mais, lorsque ses frères furent montés à la Fête, alors lui aussi monta, non pas au grand jour, mais en secret / Et étant partis de là, ils ne firent que passer à travers la Galilée / Et il les congédia. Et montant aussitôt dans la barque avec ses disciples / Et il leur dit:

« Venez, vous-mêmes, à l'écart, dans un lieu désert ... et ils n'avaient pas même le temps de manger / A cette nouvelle, Jésus s'éloigna de ce lieu en barque, se retirant dans un lieu désert (pour y être) à l'écart / Or les onze disciples se mirent en route pour la Galilée, pour la montagne que leur avait désignée Jésus / Or le matin déjà venu, Jésus se trouva sur le

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nvage ...

Longue marche. Parachutage en territoire ennemi. Manœuvre en terrain miné. Périple. Périple en terre étrangère, terra aliena, terra incognita.

Phrases magiques. Obsédantes. A plus que double sens. Un code.

Paroles pour dresseurs de loups, montreurs d'ours, oiseleurs, trimards, vanniers ambulants, maraudeurs, contrebandiers, écumeurs de mer, pour « matelots ivrognes inventeurs d'Amériques», pour Bohémiens hallucinés par la faim. Formules gravées sur les pierres des cairns dressés en haut des cols, empreintes sur les pistes des anciennes migrations. Traces.

1 Marc: l, 13; IX, 2; l, 35; VIII, 24; l, 45; VI, 1. - Luc: XVII, II - Marc: VI, 47. - Matthieu: N, 18. - Marc: 1 ; 32. - Luc: IX, 57. - Marc VI, 35 : ID, 7; N, 35. - Luc: VIII, 22. - Marc: II, 13. - Matthieu: V, 1; XV, 29. - Jean: VII, 10. - Marc: IX, 30; VIII, 9; Matthieu: XIV, 13; XXVIII, 16. -Jean: XXI, 4.

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Rythmes de nomades, signes de ralliement entre pêcheurs et pas- seurs d'hommes, énigmes pour les garde-côtes.

Langage d'interdits de séjour. Fuite éperdue hors d'un monde où foisonnent et pulluleront toujours les sergents recruteurs et les indi- cateurs de police.

Défis lancés aux formations blindées qui roulent et grossissent dans la plaine arborant l'étendard du nombre.

Mots pour prendre congé, s'installer aux commandes, décoller. Ordres pour déserter, gagner les maquis, désarmer les garnisons.

Lisières. Confins. Ecarts. Silhouettes inquiétantes qui se déplacent sur les crêtes. Avances à travers la région saccagée ou le squelette desséché du figuier maudit achève de tomber en poussière sous un ciel toujours menaçant.

Incendie des couchants. Vent fou sur les rivages. Refus obstiné des cantonnements. Suprêmes éloignements. Retraites.

Signaux émis du haut des promontoires. Feux allumés sur les plages.

Télégraphie en haute mer. Egrènements lancinants, dans les aéroports, des départs. Débarquements clandestins. Arrivées, la nuit, dans les finistères.

Un monde d'entre-mondes. Le no man's land. La zone, comme une zone démilitarisée entre deux frontières de chaque côté desquelles deux armées astiquent quand même le fuselage de leurs missiles, mais où rôde un bien plus redoutable artificier, hantise de toutes les prévôtés militaires ...

... et c'est pourquoi sans doute que, précisément et dès le début même de Son ministère: ils Le supplièrent de sëloigner de leurs frontières ...

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En guise de tombeau

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''Mer qui recueille les cendres des frères ...

- Ecoute, caïd, nous avons tous besoin de nous raccrocher à quelque chose. Moi je ne vois que cela. Ce qui se voit, ce qui se touche. Ce n'est ni la Grèce, ni le Mexique, ni rien ; le monde s'appelle Paramount Pictures Presents.

- Mais bien sûr. La bannière de Revlon. L 'hymne national de

Disneyland. L'armée de la General Motors. Les pays ont pour nom US Steel, Hilton et IBM. C'est la stupide mappemonde de notre temps.

Mer d'Oreste et d'Electre ...

- Nous n'avons pas d'autres mythes?

- Des rêves, à première vue. Mais le mythe est un rêve qu'on peut toucher.

Mer des petits voyageurs qui ne peuvent distinguer les limites réservées au soleil ...

- Et un lieu.

n

faut être dans un lieu, n'importe quel lieu, même inventé, afin de pouvoir recommencer, renaître.

- Un lieu, dragonne, un endroit où l'on puisse résister. Jaliset, la modeste! Veracruz, la rien que belle!

Mer empourprée du sang d'Agamemnon ... "

Carlos Fuentes

1 B. F. affectionnait particulièrement ce poème de Carlos Fuentes, et avait souhaité à l'origine qu'il figurât en exergue de la publication d'ensemble de ses "Lettres et billets de mythologie" .

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