DARES
MOBILITE PROFESSIONNELLE
Statut r´ esidentiel et Mobilit´ e sur le march´ e du travail
Rapport final
Nom du responsable scientifique :
Nathalie Havet, Maˆıtre de conf´ erence ` a l’Universit´ e de Lyon, GATE Equipe de recherche :
Carole Brunet, Maˆıtre de conf´ erence ` a l’Universit´ e Paris 8
Florence Goffette-Nagot, Charg´ ee de Recherche au CNRS, GATE Nathalie Havet, Maˆıtre de conf´ erence ` a l’Universit´ e de Lyon, GATE Carole Herbin, Doctorante, GATE-Universit´ e de Lyon
Guy Lacroix, Professeur ` a l’Universit´ e Laval (Qu´ ebec, Canada), CIRPEE Jean-Yves Lesueur, Professeur ` a l’Universit´ e de Lyon, GATE
Alexis Penot, Maˆıtre de conf´ erence ` a l’ENS LHS de Lyon, GATE
Amandine Roche, Etudiante en Master Economie Quantitative, Universit´ e Lyon 2 Laboratoire responsable de la recherche : Groupe d’Analyse et de Th´ eorie ´ economique GATE (UMR 5824, CNRS-Universit´ e Lumi` ere Lyon2 - Ecole Normale Sup´ erieure LSH).
Convention de recherche : n˚4066
Introduction g´ en´ erale 1 1 Et si la propri´ et´ e immobili` ere nuisait aux performances sur le march´ e du
travail ? Une revue de la litt´ erature 5
2 Statut r´ esidentiel, changements professionnels et mobilit´ e g´ eographique :
un aper¸ cu en chiffres 28
3 Dur´ ee de chˆ omage, mobilit´ e et propri´ et´ e immobili` ere 39 4 Mobilit´ e professionnelle et propri´ et´ e immobili` ere 57 5 Statut r´ esidentiel et diff´ erentiels de salaire 72
Conclusion g´ en´ erale 88
Dans la plupart des pays de l’OCDE, les politiques publiques en faveur de l’accession ` a la propri´ et´ e ont ´ et´ e depuis la fin de la deuxi` eme Guerre Mondiale un moteur du d´ eveloppement de la propri´ et´ e immobili` ere. La litt´ erature ´ economique r´ ecente a essay´ e de savoir si elles pouvaient aussi ˆ etre un moteur de d´ eveloppement ´ economique et ont ainsi tent´ e d’´ evaluer les r´ epercussions indirectes potentielles de telles mesures influen¸cant le statut r´ esidentiel. En particulier, elle met de plus en plus l’accent sur les liens entre les choix r´ esidentiels et la situation des individus sur le march´ e du travail.
En effet, la situation en mati` ere de logement est susceptible d’influencer la mobilit´ e pro- fessionnelle, en conditionnant les offres d’emploi accessibles physiquement ` a l’individu et en affectant sa mobilit´ e g´ eographique. L’intensit´ e de ces relations est susceptible d’ˆ etre sen- sible au statut d’occupation du logement, qui influence fortement la propension ` a la mobilit´ e g´ eographique. Les travaux micro´ econom´ etriques qui se sont d´ evelopp´ es sur ce sujet depuis les travaux pr´ ecurseurs d’Oswald (1996, 1999) apportent toutefois des r´ esultats ambigus quant ` a l’influence du statut r´ esidentiel sur le processus d’insertion sur le march´ e du travail. De plus si les ´ etudes ´ econom´ etriques dans ce domaine ont ´ et´ e particuli` erement d´ evelopp´ ees ces derni` eres ann´ ees sur des donn´ ees europ´ eennes, peu d’entre elles ont ´ et´ e r´ ealis´ ees ` a partir de donn´ ees fran¸ caises et am´ ericaines. En s’appuyant syst´ ematiquement sur l’´ etat de la litt´ erature interna- tionale contemporaine dans ce domaine, l’enjeu de cette ´ etude consiste ` a analyser l’influence du choix du statut r´ esidentiel sur plusieurs dimensions du processus de mobilit´ e profession- nelle ` a partir d’une comparaison sur des donn´ ees originales entre la France et les Etats-Unis.
En effet, si le caract` ere tr` es controvers´ e des r´ esultats obtenus sur donn´ ees individuelles refl` ete la forte sensibilit´ e des conclusions aux sp´ ecifications ´ econom´ etriques retenues par les auteurs, il rel` eve aussi de la capacit´ e des donn´ ees ` a contrˆ oler les facteurs relevant ` a la fois du march´ e du logement et du march´ e du travail.
L’´ etude propos´ ee porte en grande partie sur l’exploitation de deux bases de donn´ ees : les
donn´ ees fran¸ caises issues du Panel Europ´ een des M´ enages 1994-2001 (PEM) et les donn´ ees
am´ ericaines du Panel Study of Income Dynamics 1994-2001 (PSID). Ces sources statistiques
semblent ` a mˆ eme de contrˆ oler les principales sources de biais d’estimation, que celles-ci rel` event de la s´ election endog` ene du choix du statut r´ esidentiel ou du contrˆ ole des effets des attributs individuels non observables par l’´ econom` etre. En outre,la comparaison des ef- fets du statut r´ esidentiel pour ces deux pays est motiv´ ee par plusieurs raisons. Premi` erement, si la France et les Etats-Unis enregistrent une forte progression du taux d’acc` es ` a la propri´ et´ e depuis le d´ ebut des ann´ ees cinquante, l’ampleur du ph´ enom` ene et son ´ evolution ne t´ emoignent pas de la mˆ eme dynamique dans ces deux pays. Le graphique 1 montre que le taux de pro- pri´ etaires aux Etats-Unis ´ etait d’environ 63% en 1965 et est rest´ e relativement stable jusqu’en 1995. Ensuite, il a augment´ e tr` es rapidement pour atteindre un pic ` a 69% en 2004 avant de diminuer depuis. La proportion de propri´ etaires est beaucoup plus faible en France, mˆ eme si l’´ ecart avec les Etats-Unis s’est r´ eduit durant cette p´ eriode. L’accession ` a la propri´ et´ e en France s’est r´ eguli` erement accrue passant de pr` es de 43% en 1965 ` a 55% en 1985. Elle s’est stabilis´ ee ` a la fin des ann´ ees 80 et durant la premi` ere moiti´ e des ann´ ees 90 avant de connaˆıtre une reprise depuis 1997 [Dubujet & Blanc (2000), Daubresse (2003), Bosvieux (2005)].
.4 .5 .6 .7 Ta u x d e p ro p ri é ta ir e s
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
Année
France Etats-Unis
Source : Enquˆ ete Logement pour la France, Census Bureau pour les Etats-Unis
Figure 1 – Evolution du taux de propri´ etaires en France et aux Etats-Unis
Cette progression du taux fran¸ cais a ´ et´ e favoris´ ee par la mise en place et le renouvelle- ment des politiques publiques d’aide ` a l’accession ` a la propri´ et´ e (multiples dispositifs fiscaux, introduction du prˆ et ` a taux z´ ero, etc). A la fin des ann´ ees 90, l’administration am´ ericaine a aussi instaur´ e des programmes particuliers tels que le ”Zero Down Payment mortgage” ou bien des dispositifs en faveur des m´ enages ` a faibles revenus et des immigrants afin de faciliter leurs garanties financi` eres 1 .
1. On peut citer par exemple le ”Program for Financial Access for Immigrants” propos´ e par la Banque
centrale f´ ed´ erale de Chicago.
Deuxi` emement, au-del` a des effets sp´ ecifiques attendus dans chaque pays des politiques de logement, des contraintes rencontr´ ees sur le march´ e du cr´ edit et de la dynamique des prix et des loyers, la structure du march´ e du travail et son environnement macro´ economique per- mettent d’envisager des liens tr` es typ´ es entre statut r´ esidentiel et chˆ omage, emploi ou salaires.
En comparaison internationale, et en particulier par rapport aux Etats-Unis, le march´ e du travail fran¸ cais se caract´ erise par un taux de chˆ omage ´ elev´ e et un chˆ omage de longue dur´ ee important, une faiblesse des taux d’activit´ e aux deux classes d’ˆ ages extrˆ emes, un degr´ e d’uti- lisation des ressources en main d’œuvre particuli` erement faible, des normes de protection des emplois tr` es strictes, g´ en´ erant une moindre flexibilit´ e et un fort dualisme entre emplois pr´ ecaires et emplois stables et enfin des in´ egalit´ es salariales moins ´ elev´ ees (Figure 2).
4681012Taux de chômage (%)
1990 1994 1998 2002
France EtatsUnis
Evolution du taux de chômage harmonisé
05001,0001,5002,000Heures moyennes travaillées par actif occupé et par an
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Degré d'utilisation des ressources en main d'oeuvre
France Etats-Unis