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Taxonomie des carcinomes de la vessie : le tout moléculaire et le clinicopathologique

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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 96

Taxonomie des carcinomes

de la vessie : le tout moléculaire et le clinicopathologique

Taxonomy of urothelial carcinomas: molecular vs clinicopathologic

P. Camparo*

* Centre de pathologie, Amiens.

L

a classification des tumeurs de la vessie distingue les formes n’infiltrant pas le muscle (NIM) [Tis, Ta et T1] de celles infiltrant le muscle et au-delà (T2, T3 et T4). Dans la grande majorité des cas (70 %), la présentation initiale de la maladie se fait par la décou- verte de lésions NIM, qui évolueront, dans 70 % des cas environ, vers des récidives, parfois multiples. Environ 25 % de ces tumeurs NIM progressent vers des formes infiltrant le muscle, potentiellement métastatiques.

Aucun élément ne permet de déterminer de façon fiable le risque évolutif de chaque cas particulier.

Un certain nombre d’études moléculaires et géné- tiques ont été réalisées, se concentrant sur la carac- térisation des signatures génétiques associées aux groupes pronos tiques. Ainsi, les équipes de M. Sanchez- Carbayo (1) et E. Blaveri (2) ont rapporté des profils génomiques correspondant aux stades tumoraux et corrélés à la survie. Les groupes de L. Dyrskjøt (3) et W.J. Kim (4) ont quant à eux décrit des profils corrélés au risque de récidive ou de progression.

Le développement des techniques de biologie molé- culaire, en particulier par séquençage à haut débit, a permis de réaliser de plus en plus rapidement des analyses sur un très grand nombre de gènes (plusieurs milliers) et leurs produits (ARN et protéines). Couplées à des modèles d’analyse mathématique, ces données ont favorisé des avancées notables dans la compré- hension des mécanismes moléculaires sous-jacents au développement des pathologies cancéreuses.

Deux voies métaboliques essentielles sont connues dans la genèse des tumeurs urothéliales :

dans les tumeurs NIM, des mutations/activations de FGFR3 (et des altérations de la voie PIK3CA/AKT) associées à des pertes chromosomiques de 9 (9p ou 9q) ;

dans les formes infiltrant le muscle, des mutations de p53 et des amplifications de 6p22 associées à des pertes de RB1.

L’objectif de cette mise au point est de présenter quelques-uns des résultats nouveaux obtenus ces

Points forts highlights

»

L’analyse moléculaire des carcinomes de la vessie infi ltrant le muscle montre l’existence de 2 groupes principaux − le type luminal et le type basal − présentant des profi ls proches de ceux observés dans les cancers du sein.

»

Les carcinomes de type basal présentent volontiers des caractéristiques morphologiques et immunohistochimiques de carcinomes à diff éren- ciation malpighienne ; leur pronostic est plus sombre.

»

Ces 2 sous-groupes diff èrent également par les voies métaboliques qui sont impliquées dans leur biologie : voie p63 STAT3 dans les formes basales, et voie PPARγ et récepteurs aux œstrogènes dans les formes luminales.

»

La caractérisation moléculaire des carcinomes de la vessie infi ltrant le muscle demeure cependant incomplète et imparfaite.

Mots-clés : Carcinome urothélial – Biologie moléculaire – Génomique – Basal – Luminal.

Molecular analysis of muscle infi ltrative bladder car- cinomas demonstrates two main subtypes: luminal and basal.

Basal subtype oftenly presents with squamous diff e- renciation and poor prognosis.

Differences also exist in metabolic pathways with p63/STAT3 involved in basal subtype and PPARγ/ER in luminal subtype.

Nevertherless molecular caracterisation of muscle infi l- trating bladder carcinomas deserves improvements.

Keywords: Urothelial carcinoma – Molecular biology – Genomic – Basal – Luminal.

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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 97

La genèse : 2010

Le premier travail est celui de l’équipe de l’université de Lund qui, en 2010, a déterminé, au sein des carcinomes urothéliaux, l’existence de 2 groupes principaux (5) . À partir d’une série de 144 tumeurs de la vessie (tous stades et tous grades confondus), les auteurs ont analysé l’expression du génome par la technique des micro-arrays . Ils ont recherché l’existence de muta- tions éventuelles touchant les principaux gènes connus comme étant impliqués dans les tumeurs de la vessie (FGFR3, PIK3CA, KRAS, HRAS, NRAS, TP53, CDKN2A et TSC1). Ils ont ainsi déterminé l’existence de 2 sous- types moléculaires :

MS1 (Molecular Subtype 1) , correspondant au stade non infiltrant (< pT2) ;

MS2, correspondant au stade infiltrant (≥ pT2).

Une surexpression des gènes impliqués dans le cycle cellulaire, la migration et l’instabilité chromosomiques a été significativement observée dans le groupe MS2 comparativement au groupe MS1. Les auteurs ont retrouvé les mutations déjà décrites dans les groupes

“non infiltrant” − mutations de FGFR3 et de PIK3CA dans 73 et 34 % des cas, respectivement − et “infiltrant”

− pertes de RB1 (29 %), amplification de E2F3,6p22 (24 %) et mutation/amplification deTP53/MDM2 (64 %).

Par ailleurs, ils ont constaté que le profil génomique des tumeurs MS2 avec mutations/amplifications de TP53/MDM2 présentait une plus grande variabilité, alors qualifiée d’“instabilité génomique”.

Ce premier travail a pour limite essentielle de considérer dans leur ensemble les tumeurs urothéliales sans diffé- rencier les stades tumoraux (infiltrant et non infiltrant).

Cela étant, il ne permet pas aux auteurs de dégager des profils suffisamment précis sur des entités peu nombreuses et n’apporte somme toute pas d’infor- mation nouvelle essentielle.

Nouvelle classifi cation : 2012

Conscient de cette limite, le groupe de Lund propose, 2 ans plus tard, une nouvelle classification fondée sur l’analyse d’une population tumorale plus grande mais toujours non sélectionnée (308 tumeurs, dont 116 pTa, 97 pT1, 93 pT2 et 2 pT inconnus). Les auteurs utilisent

tement du sous-groupe MS2 précédemment décrit.

Groupes 1 et 2 : urobasal A et B

Un groupe “urobasal” (urobasal A et urobasal B) est ainsi déterminé, caractérisé par des taux importants de mutations de FGFR3 (correspondant donc globalement au sous-type MS1).

Le sous-type urobasal A est caractérisé par une forte surexpression de p63, PIK3CA et CCDN1. Il est très fréquent dans les tumeurs pTa de bas grade.

Le sous-type urobasal B diffère du sous-type urobasal A par :

un fort taux de mutations de p53 ;

l’absence de mutation notable de PIK3CA ;

une expression préférentielle des cytokératines 6, 14 et 16 (le sous-type urobasal A exprime les cyto- kératines 8, 18 et 20) ;

une expression diffuse à tout l’urothélium de la cyto- kératine 5 (réduite aux assises basales du revêtement urothélial dans le sous-type urobasal A) ;

une moindre expression des uroplakines.

Cinquante pour cent des sous-types “urobasal B” sont de stade supérieur ou égal à pT2, alors que 6 % seulement des sous-types “urobasal A” infiltrent le muscle. De plus, l’analyse des profils d’expression montre un profil inverse entre les sous-types “urobasal A” et les 4 autres sous-types considérant l’expression d’ARN de gènes impliqués dans les phases précoces (G1 exprimé dans le sous-type urobasal A) ou tardives (S, G2, M, dans les autres sous-types) du cycle cellulaire et dans la réponse immunitaire (stimulation des lymphocytes T et molé- cules impliquées dans le chimiotactisme de la réponse immunitaire non spécifique).

Groupe 3 : génétiquement instable

Le groupe génétiquement instable ( Genetically Unstable [GU]) se rapproche du sous-type urobasal B par un fort taux de mutations de p53. Il ne présente pas de mutation de FGFR3, mais a le même profil d’expres- sion des cytokératines que le sous-type urobasal A, ce qui témoigne de la conservation d’une différen- ciation urothéliale, bien que ce taux d’expression soit faible. Notablement, ErbB2 (HER2) est surexprimé dans ce sous-type. D’autre part, 70 % de ces tumeurs pré- sentent une perte des protéines d’adhésion cellulaire ( complexes de jonction, jonction basolatérale, clau- dines), cependant statistiquement non significative.

(3)

Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 98

Figure 1. Corrélation entre les groupes et la survie (6).

0 20 40 60 80 100

100 80 60 40 20 0

Mois

Groupe urobasal A (n = 111) Groupe GU (n = 56) Groupe EI (n = 31) Groupe SCC-like (n = 12) Groupe urobasal B (n = 14)

Taux de survie (%)

p = 4,5e-07

Quarante pour cent des tumeurs classées dans ce sous- type GU infiltrent le muscle. Le groupe GU est fréquent dans les tumeurs de stade supérieur ou égal à pT1 et les tumeurs de haut grade. Pour les auteurs, l’impor- tance de l’expression des molécules impliquées dans la phase tardive du cycle cellulaire pourrait témoigner du développement de mécanismes d’échappement aux processus de régulation du cycle cellulaire.

Groupe 4 : SCC-like

Dans le groupe SCC-like (Squamous Cell Carcinoma- like) , il existe, comme pour le sous-type urobasal B, une expression préférentielle des cytokératines 6, 14 et 16. Ce groupe présente également un taux notable de mutations de p53, ainsi qu’une surexpression d’EGFR et de MET. L’analyse histologique des tumeurs de ce groupe génétique montre la présence d’une différen- ciation malpighienne dans 60 % des cas, justifiant sa dénomination.

Groupe 5 : riche en éléments infi ltrants

Un dernier groupe, riche en éléments infiltrants (EI) non tumoraux, est décrit (Hightly Infiltrated) . L’importance de la population infiltrante non tumorale rend l’analyse de l’expression génique peu fiable, et les auteurs ne font que noter, dans ce groupe, la fréquence particulière de gènes impliqués dans la réponse immunitaire.

Cette deuxième classification est complexe, mais l’intérêt de ce travail est d’avoir pu démontrer la présence de sous-groupes de pronostics différents

au sein des tumeurs infiltrant le muscle. En effet, les groupes urobasal B et SCC-like sont de plus mauvais pronostic que les groupes GU, EI et urobasal A (figure 1) . G. Sjödahl et al. notent enfin que le sex-ratio est proche de 1 dans le groupe SCC-like et suggèrent que cette forme est plus souvent développée chez les femmes, ce qui peut expliquer le plus mauvais pronostic des tumeurs de la vessie chez ces dernières (6).

Et après...

Deux nouvelles études parues presque simultanément dans les revues Cancer Cell et Proceedings of the National Academy of Sciences en février 2014 ont complété ces premières données (7, 8) . Elles sont le résultat du travail des équipes du MD Anderson Cancer Center et de l’université de Caroline du Nord (cette dernière en association avec le Memorial Sloan Kettering Cancer Center [MSKCC]). L’objectif de ces 2 travaux était de déterminer des profils spécifiques éventuellement pro- nostiques au sein des tumeurs infiltrant le muscle, en partant du principe que l’analyse histologique est en ce domaine insuffisante et que les options thérapeutiques sont limitées, en particulier quant aux chimiothérapies disponibles dans les formes évoluées.

L’étude de W. Choi et al. (MD Anderson) est la plus élégante (7) . Elle a été réalisée à partir de données molé- culaires obtenues sur une série de 73 tumeurs infiltrant le muscle, validées sur une première série interne de 57 tumeurs, dont 23 traitées par chimiothérapie néo- adjuvante (CNA), et une deuxième de 43 patients inclus dans un protocole de phase d’intensification de CNA.

L’analyse complète du transcriptome (whole genome mRNA profiling) révèle que les tumeurs de la vessie infiltrant le muscle peuvent être classées en 2 groupes, que les auteurs nomment “basal” et “luminal” par ana- logie aux cancers du sein. En effet, un certain nombre de gènes significativement exprimés dans chacun des 2 groupes correspondent à des gènes exprimés dans les sous-groupes basal (CD44, cytokératines 5, 6 et 14, et CDH3) et luminal (CD24, FOXA1, GATA3, ErbB2, ErbB3, XBP1 et cytokératine 20) des cancers du sein. Ces données sont confirmées par RT-PCR et immunohisto- chimie sur les 2 séries témoins de validation. Par ailleurs, les auteurs déterminent un troisième groupe “ p53-like”

dans lequel sont surexprimés les gènes contrôlés par p53 (de type sauvage).

Cliniquement, les 3 sous-groupes sont représentés avec des fréquences équivalentes. L’analyse clinico- pathologique montre que le type basal présente

(4)

Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 99 Ce modèle, appliqué à l’une des séries témoins de vali-

dation, confirme le caractère péjoratif du groupe basal (survie globale et spécifique). En plus des marqueurs épithéliaux déjà rapportés, il existe au sein du groupe basal une expression des marqueurs mésenchymateux et d’interaction épithélio-mésenchymateuse (vimentine, SNAI2, ZEB2, TWIST1/ 2), semblables à ceux exprimés dans les formes basales du cancer du sein. De plus, ces tumeurs expriment EGFR et un certain nombre de ses ligands (tout comme dans les cancers du sein et les carcinomes épidermoïdes de la tête et du cou).Le groupe luminal exprime plus fortement les marqueurs épithéliaux (E-cadhérine et des miR-200), FGFR3 et des mutations activatrices de FGFR3.

En appliquant le modèle de classification proposé par l’équipe de Lund, W. Choi et al. montrent qu’il existe une concordance forte entre le groupe SCC-like et le groupe basal (7). Ils soulignent par ailleurs les corréla- tions morphologiques entre ces 2 groupes (morpho- logie malpighienne et sarcomatoïde) et confirment, sur des TMA (tissue micro arrays) réalisés à partir de 332 tumeurs de la vessie, qu’une différenciation épider- moïde est commune dans ce groupe basal. Les auteurs soulignent également les correspondances entre les autres groupes de leur série et ceux de Lund : le p53-like du MD Anderson et EI de Lund sont tous les 2 enrichis en biomarqueurs de la matrice extracellulaire ; l’urobasal A de Lund correspond au luminal du MDA.

Dans un deuxième temps, W. Choi et al. recherchent, à l’aide d’un modèle d’analyse génétique ( Ingenuity Pathway Analysis [IPA]), les facteurs de transcription qui contrôlent l’expression des gènes exprimés dans les groupes basal et luminal (régulateurs en amont).

Pour le groupe basal, les modèles utilisés prédisent que les gènes surexprimés interviennent en aval des voies métaboliques des facteurs de transcription p63, STAT3, NF-κB et Hif1. Six des 10 gènes surexprimés dans les formes basales (CK5, CK6A, CK6C, PI3, CK14 et S100A7) sont ainsi des cibles directes de ∆Np63α.

L’analyse par RT-PCR quantitative confirme par ailleurs une augmentation de l’expression de TP63 au sein de ces tumeurs. Ces facteurs de transcription sont connus comme étant impliqués dans les voies de différen ciation des éléments cellulaires du compartiment basal du revêtement urothélial.

Le cancer de la vessie infiltrant le muscle du type luminal surexprime des gènes dont l’expression est

dans les formes luminales du cancer du sein (ER, GATA3 et Tri-24) sont négativement régulées dans les tumeurs regroupées dans le type basal. Validation ultime, les profils d’expression de lignées cellulaires sur exprimant p63 et PPAR sont comparés aux profils d’expres- sion des groupes basal et luminal et confirment les observations.

Le groupe p53-like peut se distinguer du groupe luminal par la surexpression de gènes impliqués dans la voie p53 sauvage. Les tumeurs appartenant à ce groupe contiennent par ailleurs une signature moléculaire correspondant à une activation de la voie p16.

Si les tumeurs des groupes basal et luminal présentent une réponse d’environ 50 % à la CNA, les tumeurs de profil p53-like sont résistantes à la CNA à base de cis- platine, le taux de réponse n’étant que de 11 %. De plus, après CNA, les tumeurs chimiorésistantes présentent des profils génomiques enrichis en sous-type p53-like.

Aucun élément prédictif de la réponse à la CNA ne peut être mis en évidence dans le groupe luminal, mais les tumeurs basales chimiosensibles présentent des profils enrichis en marqueurs témoignant d’une infiltration immunitaire (CD8B, FASLG, BCL2, CTLA4 IL21R).

L’analyse immunohistochimique confirme le profil d’expres sion protéique des cytokératines et des marqueurs de différenciation basale et luminale. En revanche, il n’existe aucun marqueur immuno histochimique prédictif du groupe p53-like (figure 2, p. 100) .

En 2014 également, J.S. Damrauer et al. (8) publient des résultats proches à partir de bases de données publiques concernant 262 tumeurs de haut grade infiltrant le muscle, validés sur une série de 49 tumeurs de haut grade du Memorial Sloan Kettering Cancer Center. Les résultats sont superposables à ceux de W. Choi et al. : ils montrent l’existence de 2 sous-groupes de profils et de pronostics différents. Le premier exprime des marqueurs de cellules basales (cytokératines 5, 6 et 14 et CD44), et le second, des marqueurs de différen ciation urothéliale (uroplakines 1, 2, 3 et cytokératine 20).

En utilisant le même outil IPA de détermination des voies métaboliques impliquées, les auteurs montrent qu’il existe dans le groupe basal des altérations de la voie de RB1 (RB1, cycline D1, E2F3/ SOX4, cycline E1), et l’expression des gènes intervenant dans la survie et la mobilité cellulaire y est augmentée. FGFR3 et TSC1

(5)

Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 100

Cohorte de validation Cohorte princeps du MDA

Basal p53-like Luminal Basal p53-like Luminal

Marqueurs basaux Basal p53-like Luminal

Marqueurs luminaux Basal p53-like Luminal

FABP4 ERBB2 CO24ERBB3 FOXA1 GATA3 PPARG KRT20 FGFR3 GPX2CYP2J2 KRT19 KRT8KRT7 KRT18 KBP1 CD44CDH3

KRT16 KRT5KRT6A KRT6B KRT1KRT14 KRT6C

0 20 40 60 80 100

0 50 100 150 200

p = 0,011

p < 0,06 Marqueurs luminaux Marqueurs basaux

Mois

Survie globale (%)

0 20 40 60 80 100

0 50 100 150 200

p = 0,004 Mois

Survie spécifique (%)

A

B

p < 0,05

Luminal Basal P53-like

Sous-types sein Sous-types vessie

Luminal Cluster PMID : 21214954 GATA3 PMID : 16505416 GATA3 PMID : 15361840 Estrogen Reg. PMID : 16505416 Basal Cluster PMID : 21214954 Mature Luminal Down PMID : 19648928 Luminal Progenitor PMID : 20346151 Metaplastic PMID : 19435916 MaSC PMID : 20346151 Myc Targets PMID : 18443585 Oncogenic E2F3 PMID : 16273092 Her2 Amplicon PMID : 21214954

Luminal breastBasal breastPathway

Basal LumA LumB Her2 Normal

Basal Luminal

Figure 2. Caractérisation des sous-groupes basal et luminal dans la cohorte princeps et de validation du MDA et expression des marqueurs basal et luminal dans les 2 sous-groupes (7).

Figure 3. Comparaison des méta-données de l’étude de l’UNC avec des analyses d’expression précédem- ment disponibles à partir de séries de cancers du sein. Les voies métaboliques ont été hiérarchisées et simplifi ées (D’après Parker JS et al. Supervised risk predictor of breast cancer based in intrinsic subtypes. J Clin Oncol 2009;27:1160-7) [cité par (8)]. Les séquences en rouge sont surexprimées, en vert, sous-exprimées.

(Tuberous Sclerosis 1) sont, quant à eux, augmentés dans le sous-type luminal. Ces résultats permettent de valider que les sous-types des carcinomes urothéliaux reflètent les particularités des sous-types des cancers du sein. Les tumeurs urothéliales de profil luminal pré- sentent de fortes corrélations d’expression avec les cancers du sein de type luminal (par exemple, GATA3 et voie induite par le récepteur aux œstrogènes), alors que les cancers de la vessie de profil basal présentent des corrélations positives avec les formes basales de cancer du sein (par exemple, MYC et E2F3) [figure 3] . Cette étude confirme enfin que ces sous-types ont une valeur pronostique.

Une dernière étude du Cancer Genome Atlas Research Network vient, toujours en 2014, confirmer et enrichir ces résultats (9) . Les auteurs ciblent leur analyse sur 131 carcinomes urothéliaux (≥ pT2), chimionaïfs, com- prenant au moins 60 % de tumeurs et moins de 50 % de variants histologiques intratumoraux (différen ciation malpighienne et à petites cellules). Ils réalisent une analyse moléculaire exhaustive, à la fois géno mique (copies d’ADN, mutations somatiques, méthy lation de l’ADN, intégration virale), transcriptomique (expression de mRNA et des miRNA), transcripts d’épissage) et protéomique (protéines et phosphory lation protéique).

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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 101 FGFR3 fusion

FGFR3 mRNA miR-99a-5p miR-100-5p Squamous Features KRT5 mRNA KRT6A mRNA KRT14 mRNA EGFR mRNA EGFR protein GATA3 mRNA GATA3 protein FOXA1 mRNA UPK3A mRNA miR-200a-3p miR-200b-3p E-Cadherin protein ERBB2 mut ERBB2 amp ERBB2 mRNA ERBB2 protein ESR2 mRNA mut/amp/fusion

papillary/squamous

Missing data mRNA/miRNA/Protein

–2 0 2

B

C

D

Figure 4. Caractéristiques d’expression des 4 sous-types de carcinomes de la vessie infi ltrant le muscle obtenus après analyse intégratrice des profi ls ARN, micro-ARN et protéiques (9).

tumeurs de la vessie, troisième tumeur présentant le plus d’altérations génomiques après le poumon et le mélanome (en moyenne 7,7 mutations par mégabase [Mb]). Ces altérations touchent de façon significative des gènes impliqués dans la régulation du cycle cellulaire, la régulation chromatinienne et les voies de signalisation dépendantes des kinases.

Au total, 32 gènes sont significativement impliqués.

Près de la moitié des tissus étudiés présentaient une mutation de TP53 (49 %), mutuellement exclusive au regard de l’amplification (9 %) ou de la surexpression (29 %) de MDM2. PIK3CA était muté dans 20 %, RB1 dans 13 %, CDKN2A dans 14 % et FGFR3 dans 12 % des cas. Rappelons qu’il s’agissait de tumeurs supérieures ou égales à pT2. Surtout, l’analyse du séquençage de l’ARN décrit 4 sous-types, dont 2 (papillary-like et basal/

squamous-like) peuvent également être individualisés à partir du séquençage des miRNA et de l’analyse du protéosome. Dans les sous-groupes I et II papillary-like , l’architecture papillaire (urothéliale différenciée) est prédominante, associée à de nombreuses mutations de FGFR3 (p = 0,0007). De plus, il existe dans le sous- groupe I une diminution de l’expression des miRNA impliqués dans le rétrocontrôle négatif de l’expres- sion de FGFR3 (miR-99a et miR-100) [p = 0,0002], non retrouvée dans le sous-groupe II. L’analyse de l’expres- sion protéique montre, dans les sous-groupes I et II, de hauts niveaux d’expression de HER2 et de ESR1 ( récepteur aux œstrogènes bêta). On trouve également dans les sous-groupes I et II un fort taux d’expression des marqueurs de différenciation urothéliale (uro- plakine) ainsi que de l’E-cadhérine et de miRNA-200, qui ont pour cibles des régulateurs de la transition épithéliale mésenchymateuse. Enfin, les sous-groupes I et II présentent des profils d’expression proches de ceux des formes luminales A des cancers du sein, avec une augmentation de l’expression tant au niveau ARN que protéique de GATA3 et FOXA1 . Le sous-groupe III pré- sente un profil d’expression proche de celui des cancers du sein basal-like et des carcinomes épidermoïdes du poumon et de la tête et du cou. Ces 4 types tumoraux ont en commun d’exprimer des gènes carac téristiques des cellules épithéliales de ces tumeurs tels que les cytokératines 5, 6 et 14 et l’EGFR. De fait, il existe dans les tumeurs de la vessie de ce sous-groupe des diffé- renciations morphologiques malpighiennes. Le sous- type IV se caractérise enfin par une perte d’expres sion

de FGFR3 avec expression normale des miRNA-99a et -100, l’absence d’expression des marqueurs uro- théliaux GATA3 et uroplakine, l’absence d’expression des marqueurs de différenciation basale des cytokéra- tine 5, 6 et 14, l’absence d’expression de HER2 et une expression normale de l’EGFR (figure 4) .

Il s’agit d’une étude extrêmement riche. Elle confirme clairement la pertinence de la description des sous- types basal-like et luminal-like précédemment décrits, mais n’établit cependant aucune corrélation clinico- pronostique, bien qu’elle identifie des cibles théra- peutiques potentielles.

La complexité apparente de ces différentes études est clarifiée dans le dernier travail de l’équipe de Lund (10) . Afin de comparer et d’harmoniser les différents modèles exposés et d’apporter une synthèse des mécanismes biologiques sous-jacents, le groupe de Lund a en effet comparé les signatures moléculaires des différents sous- groupes en les appliquant à la base de données étudiée par le Cancer Genome Atlas (figure 5, p. 102) . M. Aine et al. montrent ainsi qu’il existe une bonne corrélation entre les différents modèles proposés.

(7)

Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 102

Figure 5. Représentation schématique et correspondances des diff érentes classifi cations des tumeurs de la vessie proposées (A) avec les principales voies métaboliques impliquées (B) [10].

A. Pour chaque classifi cation proposée, la distribution en sous-types est proportionnelle aux résultats observés. Les correspondances entre les diff érents systèmes ont été établies par approximation. Les couleurs utilisées correspondent à celles des publications originales.

B. Gènes “diff érentiellement” exprimés dans les diff érents sous-types, classés en facteurs de transcription (FT), marqueurs tumoraux (MT) et cibles thérapeutiques potentielles (CTP).

Luminal Luminal

Basal Basal TP53-like

PPARG, RXRA, GATA3, FOXA1 ++

MDA UNC

TCGA

TCGA I TCGA II TCGA IV

UroA Genom. Unst. Inf. Epi. Inf. Mes. SCC-like UroB Sc/Ne

FT MT CTP

PPARG, RXRA, GATA3,

FOXA1 ++, FOXM1 ++ SNAI1 ++

ZEB2 ++ STAT3, FOXM1 ++

PPARG, GATA3, FOXA1 – E-Cad, UPK1-3, KRT20 +

P-Cad, KRTS + (basal) E-Cad, UPK1-3, KRT20 +

P-Cad, KRTS – CD3 +

CD8 + VIM+

E-Cad – P-Cad +, KRT5, KRT14 ++

E-Cad, UPK1-3, KRT20 – CHGA + EN02 + SOX2 + SOX21 +

FGFR3 ++, ERBB2, EGFR + ERBB2 ++

FGFR3, EGFR – Immune

checkpoint + Immune checkpoint +,

EGFR ++, FGFR3, ERBB2 – FGFR3 + EGFR +

Genom. Unst. = genomically unstable ; Inf. Epi. = infiltrated epithelial ; Inf. Mes. = infiltrated mesenchymal ; MDA = MD Anderson Cancer Center ; SCC = squamous cell carcinoma ; Sc/Ne = small cell/neuroendocrine ; TCGA = The Cancer Genome Atlas ; TFs = transcription factors ; UNC = University of North Carolina ; UroA = Urobasal A ; UroB = Urobasal B.

TCGA III

Lund A

B

Le groupe 1 (TCGA) correspond au sous-type urobasal A de Lund et au sous-type luminal de l’UNC et du MDA.

Le groupe 3 (TGGA) correspond au sous-type SCC-like urobasal B (Lund) ou basal (UNC et MDA), et le groupe 2 (TCGA) correspond au sous-type IE et GU (Lund), luminal (UNC) et luminal-TP53-like (MDA). Ce dernier groupe (IE/GU de Lund), selon les auteurs mêmes, correspond probablement à un groupe hétérogène.

Les différences et chevauchements sont liés aux dis- parités des populations étudiées (en particulier à la présence de tumeurs < pT2 dans le groupe étudié par l’équipe de Lund) et des méthodologies (méta données dans le groupe UNC, micro-arrays ou NGS). Les auteurs soulignent qu’un modèle de stratification à 2 ou 3 sous- groupes peut être cliniquement satisfaisant même s’il ne permet pas de déterminer avec précision le spectre biologique des tumeurs urothéliales dans sa globalité.

Dans cette optique, un regroupement des sous-types urobasal A avec GU ou SCC-like avec le sous-type uro- basal B est cohérent.

Ainsi, il ressort de ces travaux que les tumeurs de la vessie peuvent être classées en 2 sous-types principaux mutuellement exclusifs, basal et luminal, semblables dans leur expression génomique et dans

les voies méta boliques impliquées à ceux décrits dans les tumeurs du sein. Dans le sous-type luminal (uro- basal A), 2 voies principales sont surexprimées : PPARγ (Peroxysome Proliferator-Activated Receptor-Gamma) avec son partenaire RXR α (Retinoïd X Receptor Alpha) et la voie ER/ TRIM24. Les circuits PPAR γ /RXR α sont fortement impliqués dans la différenciation urothéliale (expliquant le caractère différencié dans le sous-type urobasal A), PPARγ induisant une expression de gènes de différen ciation terminale urothéliale (7, 11). La voie ER/ TRIM24 est impliquée lors de la surexpres- sion des protéines FOXA1, ErbB2, ErbB3 et GATA3, et les autres facteurs de trans cription de la famille des GATA agissant comme média teurs de la réponse induite par PPAR γ .

Dans ce sous-type basal, les voies métaboliques P63 et STAT-3 jouent un rôle central, de même que les voies métaboliques sous contrôle de l’EGFR, de NF- κ B et de HIF1. P63 est un élément clé dans le renouvelle- ment et la réplication des cellules souches constituant l’assise basale de l’urothélium et dans l’expression de protéines permettant l’induction d’un phénotype épithélio- mésenchymateux par la cellule tumorale.

STAT3 joue en particulier un rôle dans la croissance

(8)

Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2016 103 forte expression d’EGFR sont responsables de la perte

du phénotype urothélial normal et de l’acquisition d’un phénotype basal/ SCC-like tel qu’on peut l’observer à l’examen histologique, l’activation de P63 permettant l’acquisition de capacités migratoires par la cellule tumorale. Dans ce sous-groupe basal, d’autres voies métaboliques − principalement PLK1-FOXM1 − jouent un rôle dans le cycle cellulaire et sont néces saires au passage de la cellule de la phase G2 en M. Ces mêmes voies métaboliques sont altérées dans les cancers du sein de type basal ou FOXM1, qui inter vient dans les phénomènes de réparation par activation des cellules souches basales est associé à l’agressivité tumorale (développement de métastases) et à l’accumu lation d’altérations génomiques. Il est responsable d’un phéno type indifférencié. La reconnaissance des sous - types basal et luminal présente plusieurs intérêts :

elle correspond à des voies métaboliques différentes pour lesquelles des thérapeutiques peuvent être envi- sagées (FGFR3, ER, EGFR, etc.) [12].

Conclusion

La complexité des différentes classifications proposées souligne malgré tout l’hétérogénéité des cancers de la vessie infiltrant le muscle. En particulier, les sous- types p53-like du MDA et “instables génétiquement”

ou “riches en éléments infiltrants” de Lund appa- raissent comme des entités distinctes, mal définies et mal identifiables, pour lesquelles (notamment pour le sous-groupe EI) la composante cellulaire inflammatoire semble jouer un rôle non nul dans le développement tumoral. Tout n’est pas encore terminé…

R é f é r e n c e s

1. Sanchez-Carbayo M, Socci ND, Lozano J et al. Defi ning molecular profi les of poor outcome in patients with invasive bladder cancer using oligonucleotide microarrays. J Clin Oncol 2006;24(5):778-89.

2. Blaveri E, Simko JP, Korkola JE et al. Bladder cancer outcome and subtype classifi cation by gene expression. Clin Cancer Res 2005;11(11):4044-55.

3.Dyrskjøt L, Thykjaer T, Kruhøff er M et al. Identifying distinct classes of bladder carcinoma using microarrays. Nat Genet 2003;33(1):90-6.

4.Kim WJ, Kim EJ, Kim SK et al. Predictive value of progres- sion-related gene classifi er in primary non-muscle invasive bladder cancer. Mol Cancer 2010;9:3.

5.Lindgren D, Frigyesi A, Gudjonsson S et al. Combined gene expression and genomic profi ling defi ne two intrinsic molecular subtypes of urothelial carcinoma and gene signatures for mole- cular grading and outcome. Cancer Res 2010;70(9):3463-72.

6.Sjödahl G, Lauss M, Lövgren K et al. A molecular taxonomy for urothelial carcinoma. Clin Cancer Res 2012;18(12):3377-86.

7.Choi W, Porten S, Kim S et al. Identifi cation of distinct basal and luminal subtypes of muscle-invasive bladder cancer with diff erent sensitivities to frontline chemotherapy. Cancer Cell 2014;25(2):152-65.

8.Damrauer JS, Hoadley KA, Chism DD et al. Intrinsic subtypes of high-grade bladder cancer refl ect the hallmarks of breast cancer biology. Proc Natl Acad Sci USA 2014;111(8):3110-5.

9.Cancer Genome Atlas Research Network. Comprehensive molecular characterization of urothelial bladder carcinoma.

Nature 2014;507(7492):315-22.

10.Aine M, Eriksson P, Liedberg F et al. Biological determinants of bladder cancer gene expression subtypes. Sci Rep 2015;

5:10957.

11. Biton A, Bernard-Pierrot I, Lou Y et al. Independent com- ponent analysis uncovers the landscape of the bladder tumor transcriptome and reveals insights into luminal and basal subtypes. Cell Rep 2014;9:1235-45.

12. Rebouissou S, Bernard-Pierrot I, de Reyniès A et al. EGFR as a potential therapeutic target for a subset of muscle-invasive bladder cancers presenting a basal-like phenotype. Sci Transl Med 2014;6:244ra91.

P. Camparo déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

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