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(1)
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(5)

LA NAISSANCE

DE LA MODE

(6)
(7)

LA NAISSANCE

DE LA MODE,

Par Maurice SÉGUIER.

A PARIS,

IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT,

IMPRIMEUR DU

ROI,

DE

LINSTITUT,

ET DE LA MARINE

RUEJACOB,2/j-

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9

.

(8)

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(9)

AVANT-PROPOS

Ija France

n'a

encore

produit

aucun poème en l'honneur de

la

Mode

, etl'observateura droit

de

s'en étonner.

Ce

n'est pas

que quelques

verssur ce sujet

ne

se trouvent

répandus dans

divers

ouvrages de

poésiefrançaise,

mais

ces

hommages

indirects n'étaient point

en proportion

avec la divinité;et,après tant

de

siècles

de

négligence,il était

urgent qu'un

Français justifiât ses

compa-

triotes,

au moins du

côté

de

l'intention.

La Mode,

qui se

joue de

tout, a

son

côté sé- rieux

comme son

côté plaisant. Elle a

eu

ses croisades,sascholastique,ses

grandes perruques,

ses

philosophes

,

de même que

ses

Tabarins

, ses Jocrisses, ses calottes luisantes, etc. Elle a aussi

son

côté gracieux; c'est celui qui

touche

parti- culièrementlatoilettedesbelles, toilette qui,les

(10)

6 AVANT- PROPOS,

renouvelant

sans cesse et les diversifiant à

nos yeux,

fait

tourner

le

changement au

profit

de

la constance. Voilà le côté

auquel

je

me

suis prin-

cipalement

attaché

comme au

plus

aimable

et

en même-temps comme

à celui qui prêtait le plus à la poésie.

Notre goût pour

la

Mode, en

ce qui

regarde

la toilette, est plus

prononcé

et plus varié

que chez

les anciens; ceux-ci

pourtant ne nous

sont pasrestés inférieurs

dans

touslespoints,et

même

plusieurs d'entre

eux nous ont

surpassés;

de manière que

si Paris s'est

une

fois

vanté d'un

individu possesseur

de

trois cent soixante-cinq

vêtements

différents,

Rome nomme

avec

un bien

autre orgueil

son

Lucullus, aussi célèbre

par

ses huit

ou

dix mille habits,

que par

ses victoiressur Mithridate.

On rapporte qu'Auguste, au moment

de mourir, demanda un

miroir, et

pour

la

der-

nière fois fit

arranger

ses

cheveux. Platon

n'allait à l'académie qu'avec

un manteau de pourpre

;

Minerve elle-même,

la sage

Minerve

,n'avaitelle

(11)

AVANT-PROPOS.

7

pas

pour

attributs, à côté

de

ses livres et

de

ses instruments

de mathématique

, desaiguilles,des fuseaux, etdes métiers

de

broderie?

Une mise

plus soignée

annonce une

sensibilité plus exquise.

Les

Français

ont presque

toujours

aimé

latoiletteautant

que

la gloire; et

l'honneur

n'est considéré

chez eux que comme une parure de

plus. C'estsans

doute dans

cesens

que Buffon

disaitquelquefois

que nos

habits faisaient partie

de nous-mêmes.

Ce

qui est vrai

au physique,

l'est

encore au

moral.

La pensée

devient plus belle

quand

elle est relevée par le

charme

d'une expression ai-

mable

et d'une

tournure

délicate! les

mots

lui servent d'habillement; c'est le choix,

comme

la variété

de

leur disposition,quifaitle

charme du

style; etl'auteur qui, après

de longues

veilles,

retouche encore son ouvrage

, est

comme

la

beauté

qui, prête à paraître, se

retourne pour

consulter cetteglace qu'elle avaitdéjà consultée cent fois.

(12)

8

AVANT-PROPOS.

L'essai

que

l'on

va

lire roule

entièrement

sur cette belle

mythologie, que

l'on

admire dans

les anciens

ouvrages, mais que

l'on voudrait

bannir

des

nouveaux. Un homme,

singulière-

ment remarquable par son

talent, a

même

osé,

il

y

a

quelques années, proclamer une nouvelle poétique

chrétienneégale,disait-il,àla

poétique

grecque. Il

ne

m'est pas

donné de

m'établir

juge dans une

si

haute

matière, sur-tout

au moment où

je

me

présente,

une production mythologique

àla

main

;

on

supposerait

que

j'ai

eu

l'intention

de prouver mon opinion par mes

vers.

Une pa-

reille idée, quelle

que

soit laferveur

de ma

reli-

gion

littéraire, est

bien

loin

de

moi.

L'ancienne mythologie

a

de vieux

confesseurs qui, tout

morts

qu'ils sont

depuis deux

à troismilleans, militent

encore suffisamment par

leurs

œuvres

,

en

faveur

de

la véritable foi poétique; ce n'est

donc que comme simple

fidèle

que

je

me range parmi

les enfants

de

cette

antique

milice; et,

comme

lafoi

ne

suffitpas sansles

œuvres,

j'ai

abordé

la

double

(13)

AVANT-PROPOS. 9

colline, etj'ai

invoqué

le dieuqui

certainement y

habite encore.

Les

idées

mythologiques

ont,

dit-on, perdu

leur

charme

parce

qu'on

les a trop

employées.

On

pourrait dire, à ce qu'il

me semble,

avec plus

de

vérité,

que

c'est parce qu'elles

ont

été

continuellement employées, que

le

charme

qu'elles

renferment

est

devenu

plus grand.

Peut-on en-

core aujourd'hui

prononcer indifféremment

le

nom de Vénus, de

cette déesse toujours

accom- pagnée

des Grâces, qui

prodigue également

ses faveurs

aux

bergers

comme aux dieux

!

Peut-on

concevoir

l'Amour autrement que

les

Grecs nous

l'ont dépeint?

Ne

sera- 1-il pas toujours ailé, aveugle,capricieux?

Ne

blessera-t-ilpas toujours sa

mère au moment où

elle le caresse? Si

donc

les

noms mythologiques ont

conservé toute leur force, s'ils échauffent

encore

si bien le

cœur

et l'esprit,

que

sera-ce lorsque,

heureusement em-

ployés,

mêlés

à

une

fableingénieuse,ilsjoindront à leur

charme magique

tout ce

que

lesujet

peut

(14)

io

AVANT-PROPOS,

devoir àl'art?

Redisons donc

toujours, avecl'im-

mortel chantre de nos

jardins:

....DansAthèneetdans

Rome

nourrie,

Notre enfance aconnuleur rianteféerie; Ces dieuxn'étaient-ilspaslaboureursetbergers?

Pourquoi doncleurfermer nosboisetnosvergers?

Sans

Pomone

nosfruitsoseront-ils éclore?

De

l'empire desfleurspouvons-nouscbasser Flore?

Ah

!quecesdieuxtoujoursenchantentnosregards!

L'idolâtrieencoreest lecultedesarts.

Deluxe,

poëme

desJardins,chantIV.

(15)

LA NAISSANCE

DE LA MODE.

Our

l'hélicon

ma muse

estétrangère;

Mais si la

Mode

, en sacourselégère, Venait vers elle,etd'unaircaressant Lui souriait, ne fût-ce qu'en passant

,

J'en suis certain, dansce

moment

prospère.

Le

dieu des vers, frappéde

mes

accents

,

Voudraitlui-mêmeapplaudir à

mes

chants.

Avec la

Mode

on estcertain deplaire.

De mon

pays c'estla divinité:

Le Goût

la sert assisàsoncôté

,

L'Amour

la suit, la Gloire estsur sa trace; Devantses yeuxlePlaisirtientlaglace

Ou

chaquejour, parde soudains reflets,

Le monde

apprend ses mobilesarrêts.

Grande

déesse, encourage

mon

zèle;

Souffle sur

moi

ceprestigeenchanteur

(16)

LA NAISSANCE

Dont, àParis, tu revêts la moinsbelle;

Là, toute

femme

aspire àtafaveur;

Quelestson titre?

A

ton cultefidèle,

Chaque

matin, elle t'offre

une

fleur.

Comme

poèteetton adorateur,

Aussicoquet, et

non

moins dévotqu'elle, J'implore aussi ton secours protecteur.

Jeveux chanter tagloire et tapuissance, Tes lois d'unjour, tes hérosd'un

moment.

De

tes arrêts lafrivole importance,

De

tes sujets la

prompte

obéissance;

Jerediraiquel futl'étonnement Le premierjour

tuparus en France, Et nos transports, etnotreenivrement....

Ilfaut d'abordcélébrer tanaissance.

Déjà Saturne avaitdepuis long-temps

A

leur berceau dévoréses enfants;

Depuis long-temps,

accompagné

desheures

,

Le blond

Phœbus,

deses douzedemeures Avaitouvert, fermé, rouvert encor

Au

jour

marqué

les douzeportes d'or;

Hommes

et dieux, tout avaitreçu l'être;

L'aimable

Mode

étaitencoreà naître.

(17)

DE LA MODE.

i3 Ciel! qu'ai-je dit!

comment

!il fut

un

temps

labeauté sepassa d'ornements!

On

putsans

Mode

existersurlaterre!

Ilesttrop vrai:la reine et labergère

Ne

separaientque d'une simplefleur,

Qui

les charmaitsur-tout par sonodeur.

On

retrouvait entous lieux

même

usage, Et

mêmes mœurs,

aussi

même

langage, Et

même

geste; ettousles gensdesprit N'écrivaient rienqu'un autre n'eûtécrit.

Sur

un

sol plat, d'une

immense

étendue,

la nature estchauve, arideetnue, Pays desable, et semblableau désert, Vastehorizonoù l'œilauloin seperd, S'offre

un

palais, dontla formecarrée

Ouvre

aupassant

une

quadrupleentrée;

Un

lourd portiqueorné d'un lourd feston,

Y

faitrevoir quatrefois son fronton.

En

cepalaisrien ne change deplace;

Et chaqueobjet, dans

un moule

formé,

A

son pendant précisément en face,

Que

toujours l'oeil rencontreàpoint

nommé.

En

cepalaisjamais

une

heure indue

(18)

i4

LA NAISSANCE

N'obtient l'emploi qu'uneautre doit avoir;

En

ce palaisnulle chosen'estvue

Qu'on

n'y revoie encormatinet soir;

Le

voyageurs'y croiten Germanie.

Fille

du

temps, triste Monotonie, C'estdans ceslieux quetufais tonséjour;

Tu

les créasd'un effort de génie;

Tu

lescréas, et danstacolonie

Tout

fut depuis

comme

lepremierjour.

Ce

temps n'estplus

la terreincertaine Crut

un

instantt'avoir

pour

souveraine.

Hélas!jedois de ces temps effacés Renouvelerlessouvenirs passés;

C'est

mon

sujetqui malgré

moi

m'entraîne.

Tu

vis lejour

quand

de l'enfanceà peine Epiméthéeachevaitde sortir,

Et tu parusdéjàvieille etflétrie;

A

tes côtés marchait laSymétrie, Puisle

Dégoût

si

prompt

à noussaisir;

On

vit d'abordreculerle Plaisir.

Que

devint-il

quand

l'Ennuiprenantplace S'unità toipar

un

baiserde glace!

(19)

DE LA MODE.

i5 Plus de Plaisir! ils'enfuit aussitôt:

Quelques Désirs restèrent; maisbientôt Privés detout, inquiets, solitaires, Les plus tardifsrejoignirentleurs frères.

Ainsi l'onvoit, lorsque l'éténousfuit,

De

nos oiseauxl'espècepassagère Prendre leurvol, et dirigersans bruit, Versle midi, leur cohortelégère.

Un

pauvre

Amour,

quitraversait lescieux, Et qui remplide safrayeur mortelle, Loin de Paphos, fuyait à tire d'aile, Est, dans sa course, aperçupar les dieux:

Secourez-moi, dit-il,

un

monstre horrible

A

déclarélaguerre au genre

humain;

Sa seule approcheest

un

fléau terrible;

La

fleurnouvelle a périsous samain;

J'airésisté, mais effortinutile!

Contrel'Ennuitrouve-t-on

un

asyle? J'ai

vu

tombernotre dernier autel;

Et

du

poisonde son soufflefuneste Sijusqu'àvous ilpeut lancerlereste

,

Ah

! c'en estfaitdela terre et

du

ciel!

Sa

bouche

à peine achevaitcettephrase,

(20)

LA NAISSANCE

Que

, reprenant sonvolrapide, ilrase

Le

vaste

champ

de l'empireazuré, Et nese croit

un

asyleassuré

Que

lorsque enfin,de retour àCythère

,

Ils'estcaché dans le sein de samère.

Lesdieux surpris seregardent entreeux:

Eh

! quel est

donc

cemonstre audacieux, Se disent-ils, cefléau dela terre,

Qui met

en fuite et les ris etlesjeux,

Qui

jusqu'ànous pourrait porterla guerre?

Pour

nous, sansdoute, ilest

peu

dangereux;

Mais, puisquil faitlà-bas des malheureux, Portons leur plainteau maître

du

tonnerre.

En un

instantils sont dans sonpalais; Ils ontpassésous ce portique

immense Où

le RespecthabiteaveclaPaix;

Deslambris d'or, parleurs contoursépais,

Du

souverain attestent lapuissance;

L'œil estlassépar lamagnificence.

En

ce

moment

le souverain des dieux S'en revenaitd'un terrestre voyage;

Nonchalamment

porté sur

un

nuage, Lesyeux distraits etle frontsoucieux,

(21)

DE LA MODE.

17 Ilremontaitverslavoûtedes cieux.

A

son aspect, suspendantsa carrière

,

Le

dieu

du

jour incline sonflambeau

,

Le

ciels'abaisse, etsurson long

manteau Phœbus

répand

un

torrentdelumière.

Lescourtisans, toujours officieux,

En

doublehaieaccourentaupassage

,

Les dieux d'abord, etpuis les demi-dieux.

Mais Jupiter, d'unairmélancolique,

A

pas pressés traversele portique,

Sans

un

seul

mot

,sansque

même un

coup-dœil Diseà l'und'eux, en stylelaconique, Jesuis contentde votre

bon

accueil.

On

peutjuger, àcette brusqueentrée, Quelle

rumeur

agital'Empyrée;

Le

vieuxSaturne assureàdemi-voix

Que

les Titans ontrenoué leurligue.

C'estbien plutôt,dit Junon, quelqueintrigue!

Le

traîtresongeà

me

ravir

mes

droits!

Bon

, dit

Vénus

: entre nous,

moi

jecrois Qu'ilasurpris son

Europe

infidèle;

Et vous savez queles dieuxetles rois

Ne

traitentpas ce faitdebagatelle;

Attendez-moi,j'en vais chercher nouvelle.

2

(22)

LA NAISSANCE

D'un

pied léger,au

même

instant Cypris

Va

, se glissant deparvisen parvis

,

Cherchant de l'œil lemaître

du

tonnerre, Qui, dans le fond des célestes lambris, Se promenait rêveuret solitaire.

Ellele voit, et courantd'un air gai

,

SemblableàFlore

au

premier jour de mai,

Quand

s'éveillantéléganteet fleurie,

Son

teint de rose embellitla prairie

Que

voulez-vous?luidit avec

humeur Le

dieutroublé. Quelsujetvous

amène?

— Eh

, quoi!

ma

vueapporteraitla gêne!

Répond Vénus d\m

ton plein dedouceur;

S'il fut

un

droitprécieux à

mon

cœur, C'était ledroit de conjurerla peine;

D'un

seulregardje chassaisladouleur;

Ah

! s'il

me

faut de

mon

heureux

domaine

Perdre aujourd'huila plusbrillante fleur, Placez à

Gnide une

autre souveraine.

Qui

désormaisvoudrait, chezles mortels

,

De

Cythérée encenserlesautels?

Le

dieusourit; etpuis avec mollesse

Avoue

ainsile dégoût qui l'oppresse:

(23)

DE LA MODE.

ig

Le

sortdes dieux est

un

sorttropvanté!

Ilest sur-tout enviéparles

hommes.

Qu'ils saventmal, hélas! ceque nous

sommes

!

N'est-ildoncpas pourladivinité, Plus que pour

l'homme, une

calamité,

Mal

sansremède,

immuable

souffrance,

Dont

l'élémenttient ànotre existence;

Et ce fléau, c'estl'uniformité.

Maisc'est sur-tout,

Vénus

, auprès desbelles

,

Qu'ilestfâcheux, dans safélicité

,

De

retrouver des formeséternelles.

Junon me

plaît,j'aimesa dignité:

Un

paon superbe étaleàsoncôté L'or etl'azurde son brillantplumage;

Maisc'est toujours

même

air,

même

assemblage, Toujours cepaon, etcet air de fierté.

Voyez

centfois laprudenteMinerve, Et vous verrez son

même

air deréserve,

Son

casque

énorme

enfoncé dans son cou, Et sur cecasque

un

éternelhibou.

Pallas toujours sur salance repose; Toujours Cérès a sagerbe à lamain;

Toujoursl'Aurore,avec ses doigtsde rose,

Ouvre

à Phcebusles portes

du

matin.

2.

(24)

LA NAISSANCE

Flore paraît, c'est avec sa corbeille;

Dianevient, c'est avecsoncarquois;

Et, quoiquel'une àl'autre soit pareille, Il fauttoujours

que

les Grâcessoient trois.

Vit-on

un

jourTerpsichore sans harpe?

Vit-on jamaislajeune

Hébé

sans fleurs?

L'aimable Iris a

du moins

septcouleurs, Maistoujours sept, ettoujoursen écharpe!

Et

vous aussi,

modèle

de beauté

,

S'ilfaut,

Vénus

, dire la vérité

,

D'un peu

trop près,par-tout, vousêtes vue;

Convenons-en,

vousêtes

un peu

nue;

Etsi l'ontrouve avecvousle Plaisir, C'estbien souvent sans

y

voir le Désir.

Vénus

rougit

du

trait quilaregarde;

Jupinpoursuit sans

même

y prendregarde:

Ne

rencontrant dansl'empiredes cieux

Que

des objets trop présents à

mes

yeux, Par passe-tempsj'aidescendu surterre;

La

nouveauté

du

plaisir et

du

lieu,

Une

mortelleentrelesbrasd'undieu, Plus de mystère avec plus de contrainte, Ont, quelques jours, de

mon

ardeuréteinte

(25)

DE LA MODE.

Renouveléles feux; cesfeux n'ont lui

Que

peud'instants, et, derechefatteinte

,

Mon ame

encore a retrouvél'ennui.

Pour

repousser ce dégoiit quim'oppresse,

trouverai-je, hélas!

une

maîtresse

Au cœur

fidèle, auvisage inconstant,

Qui

chaquejour

augmente mon

ivresse;

Toujoursla

même,

et qui sachepourtant Sibien changersaforme naturelle,

Que

touslesjours elle

me

soitnouvelle!

Qu'on me

l'amène, et je suis satisfait.

Or, maintenant que vousêtes

au

fait

Du

noir sujet de

ma

mélancolie, Allez,Vénus; et], sijevoussuis cher,

Voyez

auciel, surlaterre et surmer, Et trouvez-moil'objetde

ma

folie!

Vénus

s'éloigne, emportant dans son

cœur D'un

long dépitle sentimentrongeur; Se rappelant,

non

sansvivesalarmes

,

Que

Jupiter, insensibleà ses charmes

,

L'avait traitéeavec tantde froideur.

Depuis cejour, époque dedisgrâce,

Tous

ses appasluiparurentflétris,

(26)

LA NAISSANCE

Sesyeux battus necherchaient plusla glace, Les Jeuxfuyaientloin d'elle, et lesouris

Ne

venaitplus errer sur sa figure

;

Tout

l'attristait, etsa belle ceinture Avait perdu désormais toutson prix.

Il est

une

île, ouvrage de Cybèle,

la natureestsimple, riche etbelle;

De

ceséjour rien ne troublelapaix

,

L'onde esttranquille et lebocage épais.

Le doux

rayon d'une lumière pure

En

traits d'argent sillonnela verdure;

L'oiseaus'y plaît; dans le crystaldes eaux L'arbre penchévientmouiller son feuillage;

Les

pommes

d'orquipendent aux rameaux, Surce miroir balancentleurimage;

Sous lecouvert de ces riants berceaux,

Des doux

Zéphirsla troupe voltigeante Sans cesseagite

une

ailecaressante;

Etlesbuissons chargés de mille fleurs,

Dans

cetair frais confondentleurs odeurs.

C'est làqu'on vitl'aimable Cythérée Gâchersa vie honteuse et retirée.

Un

deces jours

ses ennuissecrets

,

(27)

DE LA MODE.

Seuls

compagnons

de son

ame

attristée, Se faisaientvoirdans ses regardsdistraits, Près

du

rivageelle aperçut Protée, Qui, dans l'instant sorti

du

fonddesmers, Pliait soncorps aux

mouvements

divers

Dont

l'Océan, Thétiset laNature Avaient

doué

samobile structure.

Veut-ilplongerdans lecrystal deseaux:

Son

corpssevoûte,

une

écaille dorée

Couvre

ses flancs, s'épaissitsur son dos

;

Sa

main

s'agite en nageoire pourprée, Lepiedgouverne, etde

deux

coups égaux

Il glisse etfile en partageantlesflots.

Veut-ildans l'airs'éleverintrépide, Semblable àl'aigle en son essor rapide:

Ilréunitetporte verssesbras L'effort triplé deses nerfs délicats;

Son

ailes'ouvre,

une plume

légère Étendsurlui sonabri tutélaire;

Jusqu'àl'Olympeil vole sanseffroi, Saisit lafoudre; et des oiseaux leroi

Du

roidesdieux asitele tonnerre.

(28)

H LA NAISSANCE

Vénus

s'arrête; etson étonnement

A

faitrentrerdans son

ame

accablée Cette douceur qu'elle en crut exilée;

Elle a senti cegrand soulagement

Que

dansle

cœur

apporte

une

surprise,

Qui

le remet,l'assied, le tranquillise, Et, l'échauffantpar le feu

du

désir,

Le

fait renaître encor

pour

leplaisir.

Protée alors,

du

haut de l'Empyrée

,

D'un

volmoins

prompt

ménageait sonretour;

Il aperçoitla

mère

de l'Amour

Dans

ses pensers

vaguement

égarée,

Qui

, relevant ses

yeux

,

le cielpur Réfléchissaitlalumièreet l'azur, Suivaitsonvoldans lavoûte éthérée;

Plus

prompt

qu'un trait, il s'abaisseàl'instant:

Vénus

pâlitd'unefrayeur mortelle,

Quand

tout-à-coupellevoit auprès d'elle,

Au

lieud'unaigle,

un

cygne au

cou

pliant,

Qui

la couvrait

doucement

deson aile Et lui jetait

un

regard suppliant.

Belle

Vénus

, dit-il, d'unevoix tendre

,

Ah!

par pitié, daigne, daigne m'entendre!

(29)

DE LA MODE.

Cetunivers est soumisàtes lois,

Le cœur

setroubleauxaccents detavoix, Etsurtesyeux, touslesyeux en extase Viennentpuiser

un

feu quilesembrase;

Ton

seul toucher faitcouler dans nossens L'ardente soifdes désirsrenaissants; Partes baisers tu dispenseslavie

,

Elle est pareux etdonnée et ravie.

Les dieuxaussiconnaissent tes bienfaits; Et detesfeux

une

seule étincelle,

Un

seul

moment

de tes plaisirs sivrais,

Vaut

toutl'éclat deleurgloireimmortelle.

Vénus émue

approche de son sein

Le

beloiseau,puis de sadouce

main

Semble luidire, en flattantson

plumage

:

Priez

Vénus

, cen'estjamais envain.

Brillant d'espoir,

humble

dans son langage, L'oiseaureprend, etd'un ton de candeur:

Fille

du

ciel

,pourprétendre àton

cœur

,

Du

dieu sanglant quiravagela terre, Je n'aileport, nila démarchefière;

J'aimerais

mieux du

berger Adonis

Te

rappelerla timide tendresse,

(30)

a6

LANAISSANCE

Son

airnaifetsonfrais coloris;

De mes

cheveuxje dénoûraisla tresse, J'étalerais à tes regards surpris

Leurs flots dorés, leursoyeusemollesse; Je n'ai

non

plus de l'enfantdeNaïs

Le doux

regardni le tendresouris; EtJupiter,

me

déclarant laguerre,

Pour me

punir d'un

bonheur

indiscret, N'apoint sur

moi

fait

tomber

sontonnerre;

Maisjepossède

un

merveilleux secret:

Quand

je leveux, à

mon

ordre fidèle,

Mon

corps revêt

une

formenouvelle; Toujours

un

autre, et le

même

pourtant,

Changeant

sans cesse etjamais inconstant,

De

cent façons

mon amour

se décèle;

Etlabeautédont

mon cœur

afait choix

,

Parlasurprise àtoute heureagitée,

En

possédantle mobile Protée, Croitpossédervingtamants à-la-fois.

Vénus

se trouble; etdans son œil

humide Le

désirlance

une flamme

rapide;

Son

sein s'élève;

un

brillantincarnat

A

sursajoueétaléson éclat

;

(31)

DELAMODE.

27

Le

lys bientôtdisparaît souslarose;

Sur son beau sein sa tête serepose,

Son

œil seferme, etla mollelangueur

Ouvre

auplaisirle

chemin

de son cœur.

Telle au matinla roseplus vermeille Etplusmodeste, arefermé sonsein

Pour mieux

cacherleprécieux butin

Que

veutsaisir lamatineuse abeille;

Maisle soleil,d'un rayon pénétrant, Percel'asyle

lafleur rafraîchie Plongeaitsa têteà l'ombrerecueillie;

La

rosecèdeaujour quila surprend, Elle setourneetsonfrontsedécouvre;

Bientôthélas!sonbeau seinqui s'entrouvre S'étaleauxyeuxbrillantde pourpreet d'or;

Elleapenchésa têtelanguissante; Et dansl'instantl'abeilleimpatiente.

En

bourdonnant,luiravitsontrésor.

Ainsi Protée observeladéesse;

Déjà

Vénus

,qu'égarelatendresse

.

L'attireàsoidesesbras

amoureux;

Censeursjaloux, pardonnez-luisesfeux!

(32)

LA NAISSANCE

C'est

un

oiseauquesa

bouche

caresse;

Quand

ellevoit, à traverssonivresse,

Au

lieud'uncygne,

un

faune audacieux

,

Elle l'arrête, etd'une

main

sévère

A

son ardeur oppose

une

barrière.

Eh

quoi! Cyprisferait

un

malheureux!

On

la verraitrepousserlaprière!

Non

,

non

; Cypris,

pour

échapperaux yeux

.

Veut

seulementappeler leMystère;

Elle faitsigne,etl'ami desamours,

Prompt

et discret, luiprête son secours.

Ainsi qu'onvoit

un

rapide nuage Voilersoudainl'azur brillantdes cieux.

Ainsi

Vénus

cachesonbeauvisage Souslesreplis

du

voileofficieux

Que

leMystère, attentif et fidèle

,

Le

dos tourné, développe autourd'elle.

Dieu

protecteur, àsagarde assidu, Sursa faiblesse étendsencor tonaile, Etlaisseauloin

murmurer

lavertu;

Si

pour

Vulcain

Vénus

estcriminelle.

A

cejaloux

un

pareil sort est

;

Ilestsilaid,et

Vénus

est si belle!

(33)

DE LA MODE.

29

Ou

plutôtlaisse

un

inutilesoin,

De

ton secours Protéea-t-ilbesoin?

Grâcesaux dons qu'ilreçutenpartage

,

(

Dons

que Vulcain ignore) ilne craintpas L'oeilcurieux

du

jalouxqu'iloutrage

,

Et ritencor de son tristeembarras.

C'estvainement que Vulcainpas àpas Suitchez

Vénus

le soupçonquileguide,*

Il a cru voir

un

rival,il l'entend;

C'est,luidit-il, c'estlavoix

du

perfide!

Sûr desahonte, ilentre; etdans l'instant

Le

dieutrompé nevoitplus qu'unenfant,

A

l'air

moqueur,

semblable audieude Gnide, Qui, devantlui, pourle

mieux

abuser,

Dérobe

encoreà

Vénus un

baiser.

Tour

plein d'adresse, encepérilextrême!

Qu'ilestheureuxl'amantquipeutainsi Près d'unjaloux, sans trouble, sans souci, Cacherses traitssous ceux de l'Amour

même.

Le

dieu boiteuxse flattecependant

De

fuirsonsort, etpar

un

soinprudent

A

ses côtés tient

Vénus

prisonnière;

C'estd'unjalouxlaressource dernière

;

L'ardentProtéeen ces

moments

d'ennui

(34)

3o

LA NAISSANCE

Charme

le temps parsesmétamorphoses, Et trompe encor sonrivaldevantlui;

Son

sortenestplusdoux;

bouquet

deroses.

De

Cythérée ilcaresselesein;

Zéphir,iljoueavecsachevelure;

Voile, illacacheà l'odieuxVulcain;

Ou

plusheureuxcentfois

comme

ceinture.

D'un

tripletourilpressesonbeaucorps.

Vénus

, dit-on, nevoulaitplusalors

Ni

journinuit quittercetteparure;

Et son

époux

dont autrefoisles

yeux

Etaientchoqués desa misetropleste,

A

cetaspect, se montraittoutjoyeux

Que

Cythéréeenfin devîntmodeste.

On

dit pourtantqu'unjour lesdeux amants,

Trop

occupés, se laissèrentsuprendre;

Amour

le sait, il estde ces

moments Où

l'on ne peutrien voir, ni rien entendre.

Funestejour!

Le

grossierforgeron

Rentraitchezlui, sanscrainte, sans soupçon;

Ilouvre,ilvoit,dieux! sursacouche

même

!

On

peutjugerdesa fureurextrême!

Heureusement que

lefils deThétis

(35)

DE LA MODE.

Contre son

cœur

pressait alors Cypris.

Il seretourne; etVulcain, ô surprise!

Vulcainconfus frémitdesa méprise.

Quelest l'objet qu'allaitfrapper sa

main

? C'estAglaé,laplusjeunedes Grâces,

Qui

,pour réponseàd'affreusesmenaces,

Luidécouvraitlestrésors d'un beausein.

Mais tant d'adresseen

un

corpssidocile

,

Devait bientôt devenirinutile

,

Et de sonsortlemalheureux Vulcain N'allait, hélas!être quetropcertain.

Vénus

est

mère

! Accours,accours, Protée;

Que

surtesbras ta fillesoit portée!

Dans

les transportsd'un

amour

paternel

,

Nomme

sonpèreàlaface

du

ciel:

Eh

! pourrais-tuméconnaîtretafille? Sestraits, sonair, attestent sa famille.

N'hésite pas, presse-lasurton

cœur

;

A

sabeauté tu reconnaissa

mère

:

Son

frontmobileetsabizarre

humeur

DisentaussiqueProtée estsonpère.

La Mode

estnée; etplus promptequ'Iris

,

Elle s'élanceauseindel'Empyrée.

(36)

32

LA NAISSANCE

Entrela terre et lavoûte éthérée, Près decetteîle,

maintenantParis S'offreauxregardsdel'étrangersurpris

,

Est

un

palaisde forme silégère Qu'ilse soutient porté sur l'atmosphère;

Ses

murs

d'appui sont

un

simple réseau, Tissufragile,

éphémère

édifice,

Qu'àchaqueinstantreconstruitle Caprice;

C'esttouslesjours

un

bâtiment nouveau.

Ainsi, dansl'air, de mobiles nuages

A

l'œilfrappéprésentent tour-à-tour

De

mille objets leschangeantes images; C'est

un

coursier,

un

dragon,

un

vautour;

C'est

un

clocher, c'est

une

vieilletour;

C'était

un

nain, etpuis c'estBriarée; Tableau

mouvant

, vainjouetde Borée

,

chaqueobjet, quipasse etse détruit, Est sans rapport avecl'objetqui suit.

Tel estlelieuquelabrillante

Mode

Dèssa naissance a choisipour sacour.

L'Invention, sonministre

commode, A

sescôtéss'assit lepremierjour;

Etl'Inconstanceest sa

dame

d'atour.

(37)

DELAMODE.

33 Mille ouvriers, vieux enfants

du

Caprice, Instruits parl'artmoins queparl'artifice

,

Y

font revoirmaint ouvrage fini,

Qui

semble neufetn'estquerajeuni.

Chaque

pays a sonintendance, Sespourvoyeurs, sesfournisseursexprès;

Le Goût

présideà nos envois de France;

C'estl'art tout seulqueconsulte l'Anglais;

L'ordre etlesoin serventleHollandais; L'antiqueusageestchargé de l'Espagne;

Et lesrebuts, lesouvragesmal faits,

Tous

les six moispartentpourl'Allemagne.

Mais

du

palais, élevédans lescieux

,

La

porte d'or vientdes'ouvrir aux dieux;

A

leursregards quelle aimable surprise!

Ce

ne sont plus cesgrands appartements, Pleinsetdéserts,fatigués d'ornements.

par-toutl'or avecl'orrivalise,

la grandeurvoit fuiràsonaspect

Le doux

PlaisirquifaitplaceauRespect;

L'aimable

Mode

, en

un

moinsvasteespace

.

Saitréunirlarichesseetla grâce;

D'un

léger

nœud

complaisammentlié 3

(38)

34

LA NAISSANCE

L'or àla fleurdésormaiss'entrelace, Etl'orplaît

mieux

quoiquemésallié.

On

n'y voit paslajalouse étiquette,

Au

maintien fier,aufrontgrave, àl'œilfaux, Fixerd'avanceàdesrangsinégaux,

Le grandfauteuil,lepliant,labanquette; L'épais coussin, tout gonfléd'édredon, Sembleappelerlejoyeux

abandon

;

On

n'entendplus cechantsoporifique,

De

touslesdieuxéternellemusique;

Le

Goût

plus juste afait

un

meilleur choix.

C'estàprésentladouce Mélodie

Qui

jointsonluth, qui réunit sa voix

Aux

vieuxaccordsde l'antiqueharmonie;

Des sons

nouveaux

,

ou

pluslents,

ou

plusvifs

,

Rendent

les sens tour-à-tourattentifs;

La

passions'ypeint;

lame

ravie Voit dansleurjeu l'imagede lavie.

Tel, de nosjours, Grétry

mieux

inspiré Appritauxsons

un

langageignoré;

Illeur

montra comment

grondel'orage,

Comment

l'oiseau

module

sonramage,

Comment

l'amour, plaintifdans ses désirs.

(39)

DE LA MODE.

35 Doitsoupirer jusques àses plaisirs;

Le sonalors,écho delanature,

Comme un

vain bruit n'étonna pluslesairs

,

Tout

futsoumis à sesaccords divers;

Et, parl'effetd'uneheureuse imposture

,

Ainsiquel'oeil,l'oreilleeutsa peinture.

A

cesaccents, à cesnouveauxconcerts,

De

touslesdieuxl'oreillefut émue.

Mais desobjetsplus gaisfrappent leur vue.

D'un

piedléger, pêle-mêle etchantant, Frappantlesol deleurcourse inégale, Millebeautés pénétraient dans lasalle.

Ce

débutleste, et troppeu convenant,

Parmi

les dieux,fit

un

légerscandale, Maisil futcourt;avecsévérité

Pouvaient-ils voir ce spectacleenchanté!

C'était

Junon

, c'étaientlesimmortelles,

Non

plus vraiment,

comme

autrefois, fidèles

Au

vieuxcostume,au grandhabit decour;

Tout

est changé,millegrâces nouvelles

A

leurs

genoux

ontrappelél'Amour.

Junon

n'aplussa démarchehautaine;

(40)

36

LA NAISSANCE

La

Voluptélaprécède, et

ramène

Les cœursglacésqu'éloigna safroideur;

Le diamant, remplacé parlafleur, Cesse

un

instantd'orner lasouveraine;

Et cependant,àsonair de grandeur, Descieux toujoursonreconnaîtlareine.

La

jeuneHébé, sans festons, sansbouquet, N'enfait

que mieux

les honneurs

du

banquet;

Floren'aplusson vieilhabitderose,

La

fleurd'amourle cèdeaufrais lilas;

Avecplus d'artlatriple Hécate expose L'autremoitiédesesdoublesappas.

Plus loinCérès

sème

sarobejaune

D'un

pavotrougeetde quelquesbluets; Pallasconserve

un

habitd'amazone, Maissa cuirasse atrahi ses attraits;

EtlePlaisirs'applaudit encachette

Que

la Sagesseait

un

airdetoilette.

Mais

un

objet inconnu danslescieux

A

surlui seulattirétouslesyeux;

Son

pasest vif, sa

démarche

estlégère,

Dans

son regardestledésirdeplaire;

(41)

DE LA MODE.

37 Etsurson front

un

air d'autorité

Soumet

le

cœur

ensecretrévolté.

Sousles longsplisdesarobe flottante

Un

jeune

Amour

ritàdemi-caché;

Sous lesanneaux d'une boucle tombante

Un

autre

Amour

plus hardi s'estniché

Accours,

Hébé

,verse-luil'ambroisie, DitJupiter,de plaisirtransporté;

Que

jusqu'aubordlacoupesoitremplie!

Que

pourla

Mode un

autelapprêté Soitle garantdesa divinité.

Verse,jeboisausaint

nœud

qui nouslie!

A

ce salut, dechacunrépété,

Le

cielrépondpar

un

cri d'allégresse;

La

foudre gronde,etl'Olympeagité

A

reconnulanouvelle déesse.

Mais.sur laterre

un

bruit confusetvif

A

de la

Mode

annoncéla venue; L'Ennuifrémit,le

monde

est attentif.

Jour

mémorable

! ellevient; àsavue

Tout

autreéclatpâlit.

Le sombre Ennui

Frappé decrainte aussitôts'estenfui.

(42)

38

LA NAISSANCE DE LA MODE.

Ellese

montre

, etdéjà ces exemples

A

l'univers ontservide leçons.

O ma

patrie,àquoi

bon

tous ces temples, Ces autresdieux, cesdifférentspatrons, Fils

du

Caprice, idolesdepassage,

Que

l'ont'avue invoquerd'âge en âge!

Abjure-les dans ce jour solennel

,

Et que la

Mode,

objetde ton

hommage,

Seuleaitsonprêtreainsi

que

sonautel!

Ettoi, déesse, àquidans

mon

délire J'aiconsacréles

doux

sons de

ma

lyre, Rappelle-toi qu'àton charlepremier

J'ai suspendulemyrteetlelaurier;

Que

lepremierj'aivouluqu'àta fête

Tous

lesFrançais vinssentcourberleurtête

;

A

toi,disais-je, ilsdoiventtous leurs chants;

A

toi,leurs

vœux

; à toi,tout leurencens

;

Et quant auprix

que

mérita

mon

zèle

,

Un

jour

ou deux

, à

mes

vers soisfidèle.

FIN.

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(43)
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*jCC\3R /bi Neutralizingagent:Magnésium Oxide

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(724)779-2111

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