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Convenons-en, vous êtes un peu nue;

Dans le document lia" ^v* :iÉË^ *W ««JÉà: (Page 24-31)

S'ilfaut,

Vénus

, dire la vérité

,

D'un peu

trop près,par-tout, vousêtes vue;

Convenons-en,

vousêtes

un peu

nue;

Etsi l'ontrouve avecvousle Plaisir, C'estbien souvent sans

y

voir le Désir.

Vénus

rougit

du

trait quilaregarde;

Jupinpoursuit sans

même

y prendregarde:

Ne

rencontrant dansl'empiredes cieux

Que

des objets trop présents à

mes

yeux, Par passe-tempsj'aidescendu surterre;

La

nouveauté

du

plaisir et

du

lieu,

Une

mortelleentrelesbrasd'undieu, Plus de mystère avec plus de contrainte, Ont, quelques jours, de

mon

ardeuréteinte

DE LA MODE.

Renouveléles feux; cesfeux n'ont lui

Que

peud'instants, et, derechefatteinte

,

Mon ame

encore a retrouvél'ennui.

Pour

repousser ce dégoiit quim'oppresse,

trouverai-je, hélas!

une

maîtresse

Au cœur

fidèle, auvisage inconstant,

Qui

chaquejour

augmente mon

ivresse;

Toujoursla

même,

et qui sachepourtant Sibien changersaforme naturelle,

Que

touslesjours elle

me

soitnouvelle!

Qu'on me

l'amène, et je suis satisfait.

Or, maintenant que vousêtes

au

fait

Du

noir sujet de

ma

mélancolie, Allez,Vénus; et], sijevoussuis cher,

Voyez

auciel, surlaterre et surmer, Et trouvez-moil'objetde

ma

folie!

Vénus

s'éloigne, emportant dans son

cœur D'un

long dépitle sentimentrongeur; Se rappelant,

non

sansvivesalarmes

,

Que

Jupiter, insensibleà ses charmes

,

L'avait traitéeavec tantde froideur.

Depuis cejour, époque dedisgrâce,

Tous

ses appasluiparurentflétris,

LA NAISSANCE

Sesyeux battus necherchaient plusla glace, Les Jeuxfuyaientloin d'elle, et lesouris

Ne

venaitplus errer sur sa figure

;

Tout

l'attristait, etsa belle ceinture Avait perdu désormais toutson prix.

Il est

une

île, ouvrage de Cybèle,

la natureestsimple, riche etbelle;

De

ceséjour rien ne troublelapaix

,

L'onde esttranquille et lebocage épais.

Le doux

rayon d'une lumière pure

En

traits d'argent sillonnela verdure;

L'oiseaus'y plaît; dans le crystaldes eaux L'arbre penchévientmouiller son feuillage;

Les

pommes

d'orquipendent aux rameaux, Surce miroir balancentleurimage;

Sous lecouvert de ces riants berceaux,

Des doux

Zéphirsla troupe voltigeante Sans cesseagite

une

ailecaressante;

Etlesbuissons chargés de mille fleurs,

Dans

cetair frais confondentleurs odeurs.

C'est làqu'on vitl'aimable Cythérée Gâchersa vie honteuse et retirée.

Un

deces jours

ses ennuissecrets

,

DE LA MODE.

Seuls

compagnons

de son

ame

attristée, Se faisaientvoirdans ses regardsdistraits, Près

du

rivageelle aperçut Protée, Qui, dans l'instant sorti

du

fonddesmers, Pliait soncorps aux

mouvements

divers

Dont

l'Océan, Thétiset laNature Avaient

doué

samobile structure.

Veut-ilplongerdans lecrystal deseaux:

Son

corpssevoûte,

une

écaille dorée

Couvre

ses flancs, s'épaissitsur son dos

;

Sa

main

s'agite en nageoire pourprée, Lepiedgouverne, etde

deux

coups égaux

Il glisse etfile en partageantlesflots.

Veut-ildans l'airs'éleverintrépide, Semblable àl'aigle en son essor rapide:

Ilréunitetporte verssesbras L'effort triplé deses nerfs délicats;

Son

ailes'ouvre,

une plume

légère Étendsurlui sonabri tutélaire;

Jusqu'àl'Olympeil vole sanseffroi, Saisit lafoudre; et des oiseaux leroi

Du

roidesdieux asitele tonnerre.

H LA NAISSANCE

Vénus

s'arrête; etson étonnement

A

faitrentrerdans son

ame

accablée Cette douceur qu'elle en crut exilée;

Elle a senti cegrand soulagement

Que

dansle

cœur

apporte

une

surprise,

Qui

le remet,l'assied, le tranquillise, Et, l'échauffantpar le feu

du

désir,

Le

fait renaître encor

pour

leplaisir.

Protée alors,

du

haut de l'Empyrée

,

D'un

volmoins

prompt

ménageait sonretour;

Il aperçoitla

mère

de l'Amour

Dans

ses pensers

vaguement

égarée,

Qui

, relevant ses

yeux

,

le cielpur Réfléchissaitlalumièreet l'azur, Suivaitsonvoldans lavoûte éthérée;

Plus

prompt

qu'un trait, il s'abaisseàl'instant:

Vénus

pâlitd'unefrayeur mortelle,

Quand

tout-à-coupellevoit auprès d'elle,

Au

lieud'unaigle,

un

cygne au

cou

pliant,

Qui

la couvrait

doucement

deson aile Et lui jetait

un

regard suppliant.

Belle

Vénus

, dit-il, d'unevoix tendre

,

Ah!

par pitié, daigne, daigne m'entendre!

DE LA MODE.

Cetunivers est soumisàtes lois,

Le cœur

setroubleauxaccents detavoix, Etsurtesyeux, touslesyeux en extase Viennentpuiser

un

feu quilesembrase;

Ton

seul toucher faitcouler dans nossens L'ardente soifdes désirsrenaissants; Partes baisers tu dispenseslavie

,

Elle est pareux etdonnée et ravie.

Les dieuxaussiconnaissent tes bienfaits; Et detesfeux

une

seule étincelle,

Un

seul

moment

de tes plaisirs sivrais,

Vaut

toutl'éclat deleurgloireimmortelle.

Vénus émue

approche de son sein

Le

beloiseau,puis de sadouce

main

Semble luidire, en flattantson

plumage

:

Priez

Vénus

, cen'estjamais envain.

Brillant d'espoir,

humble

dans son langage, L'oiseaureprend, etd'un ton de candeur:

Fille

du

ciel

,pourprétendre àton

cœur

,

Du

dieu sanglant quiravagela terre, Je n'aileport, nila démarchefière;

J'aimerais

mieux du

berger Adonis

Te

rappelerla timide tendresse,

a6

LANAISSANCE

Son

airnaifetsonfrais coloris;

De mes

cheveuxje dénoûraisla tresse, J'étalerais à tes regards surpris

Leurs flots dorés, leursoyeusemollesse; Je n'ai

non

plus de l'enfantdeNaïs

Le doux

regardni le tendresouris; EtJupiter,

me

déclarant laguerre,

Pour me

punir d'un

bonheur

indiscret, N'apoint sur

moi

fait

tomber

sontonnerre;

Maisjepossède

un

merveilleux secret:

Quand

je leveux, à

mon

ordre fidèle,

Mon

corps revêt

une

formenouvelle; Toujours

un

autre, et le

même

pourtant,

Changeant

sans cesse etjamais inconstant,

De

cent façons

mon amour

se décèle;

Etlabeautédont

mon cœur

afait choix

,

Parlasurprise àtoute heureagitée,

En

possédantle mobile Protée, Croitpossédervingtamants à-la-fois.

Vénus

se trouble; etdans son œil

humide Le

désirlance

une flamme

rapide;

Son

sein s'élève;

un

brillantincarnat

A

sursajoueétaléson éclat

;

DELAMODE.

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