61
08266176
r^
co
Eymery, Alexis Biaise
L'enfant sauvage
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in
2009 with funding from University of Ottawa
http://www.arcliive.org/details/lenfantsauvagemOOeyme
L'ENFANT SAUVAGE,
MÉLO-DRAME^
EN TROIS ACTES ET ENPROSE;
A graud Spectacle
,mêlé de Chants
,Danses
,
Jeux
,Combats
etPantomime.
Paroles de MM. A. EYMERY, P. BLANCHARD,
Musique de M. Alexandre Picciny.
Mis en Scène par M. Eugène H u
s.Représente'
,pour la première /ois
,à Paris;
sur
leThéâtre des Jeunes-Artistes
, lei6 Fructidor an XL
A P A R I S,
Chez FAGES,au Magasin de Pièces de Théâtre;
boulevard Saint-Martin
,N". 25
, vis-à-vis leThéâtre des Jeunes-Artistes.
Am XI.
(i8o3.
)PERSONA'^GES. ACTEURS.
Xe Comte
deTALMOIST
, Seigneursouverain.-^^^. Lefeb/'re, aîné.
],e
Comte
(leMAREUIL
, vieuxMilitaire,ami
ducomte
de
Talmont.
Delpech.'•'•-Raymond
,1Ecuyerdu eomte
deTalmont, époux
se-Jh^
crèt de sa 611e, et fils inconnudu comte
deMa-
^
reuil. 71tiboui>iUe.'
AMALRIC
i Chevalier,neveu du comte
deMareuiL
•"^'
. ; • Lefebvre , jeune.
\,
v-^ROBOLPHE
, vieux Militaire. Liez.l\y*TjEON
, enfant de six ans, cruSauvage
, fils deLaure
t\
et deRaymond. Deschamps.
jAURE^fille du comte
deTalmont
, promise au
comte
^
"de Mareuil. Mlle. Fabre.ARGAN
, affidé d'Amalric. Gontier.Un
Geôlier. . Rivoile.Deux
Héraults d'armes.Premier
affidé d'Argan.Premier
Pajsan.Chœur
deBûcherons
, de Villageois etVillageoises.Personnages muets.
Deux
Suivantes de Laure.Trois Chevaliers de la suite
du comte
de Marejuil.Trois affidés d'Argan.
Gardes
, Chasseurs etPiqueurs; troisJuges
,Musiciens,
du comte
deTalmont.
*La
Scène se passe sur les côtes de la Xaintonge, dansle fjuaiorzieme siccle.
=9»
L'ENFANT SAUVAGE,
M É L O
-D R A m E.
ACTE PREMIER.
»
Le Théâtre
représenteune
forêt ; sur lagauche
,
» presque clans le fond,estini rocher
,qui
forme une
î> grotte profonde
; quelques bouquets d'arbrisseaux
» la
masquent
e\\ partie; des fagots de bois sont dis-*» perses de côté et d'autre «.
SCENE P R E M I E
FxE.
Bûcherons.
jiu lever du Rideau, ils sojit dans différentes attitudes
,
ets'occupent à travailler.
C
II os u R.X RAVAiLLONS
avec courage , Certains de plutôt finir:Fins l'on va vite à l'ouvrage, Plus vite
on
court auplaisir.Travaillons avec courage:
On
enfait dansun
instantTant
, tant, tant,tant,tant et tant,
(
Us
donnent des coups de hache en cadence. ) Qu'à la fin de son ouvrage,
On
arrive enun moment.
Une Voix.
Mes
amis,dans cette vie, Sans quelque peineon
n'a rien;Mais
, le phis grandmal
s'ouljlie,
En
goûtant lemoindre
bien.TOUS.
Travaillons avec courage, Certains de plutôt finira Plus l'on va vite à l'ouvrage
,
Plusvite
on
court au plaisir,(4)
SCENE II.
Les précédens
,L É O N
, revêtu d'une peau de bifcefauve
,R O D O L P H
E.»
Léon
soittout-à-coup de lagrotte.Cettesortie inaten- ndue, épouvante
lesbûcherons
• mais bientôtilssont» rassurés par la pin'sence de
Rodolphe.
Ilsentourent» l'enfiuU et l'exaniinent avec curiosité; l'un lui pré-
3' sente
une
gourdepour
boire , l'autre lui offreun
»
morceau
de pain,etc.Rodo'phe
etLéon
les remer-» oient ; les
bûcherons
seremettentàleurtravail.LÉON,
ayant tiré àpart Rodolphe.jLj'EsT bien ici,n'est-ce pas ,
que mon papa nous
a dit;^e
l'attendre?Rodolphe.
Ici
même.
LÉON.
Voilà déjà long-tems
que
noussommes
arrivés, et ilne
vient pas.Rodolphe.
Il ne peut tarder. .l'iii
entendu,
il n'y a qu'unmo- ment,
lebruit de la chasse de ce côté.LÉON.
c'est
que
ie désire sivivement
de l'embrasser ! enaUendant,ie
vais doniier la liberté àma
chèvre relie doit être lîien fotiguée; elleamarché comme
no'istoute Ja nuit. Cette pauvre chèvre! il faut bien quej'aie soin d'elle, puisqu'elle
m'a donné
son lait lorsque j'étaistout petit.Rodolphe.
Va
,mon
ertfant, et souviens-toique
le bien quel'on fait,même
àun
être privé deraison,n'estjamaisperdu pour
uncœur
sensible.»
Léon
cueille rapidement quelques herbes, mêléesde
» fleurs, en
forme une
poignée, entre dans la grotte» et en sort aussi-tôt , suivi de sa chèvre chéi-ie;il
» l'embrasse^passe son bras
gauche
sur son dos, lui» présente sa poignée d'herbes ,
marche
unpeu
avec» elle,la regarde s'éloigner parle côté
opposé
à celui» dela grotte,et revientensautant vers levieillardtf.
(5>
S C È
JSE
IJ
I.Les pri':cédens,E.AYMOND.
» Tout-à-coup ou entend
un
bruit de cor, chacun prAte» l'oreille ;
Raymond
s'avance rapidement, vapour
» prendre l'enfant dans ses bras ; l'enfant court
de
»
même
au-devant de lui, mais tons s'arrêtenteu
»
même tems
, en se faisantsip;'.ie qu'ilssontentourés» de témoins.
Raymond
seremet,et se tournant ver»» les
Bûcherons,
il leur dit «.Raymond.
A
MIS, lecomte
deTalmont
chasse dans cette forêt^il va se rendre en ce lieu.
Vous
savez quel intérêt ilprend
à votre sort ,et qu'il n'est lieureuxque
lorsqu'ilSuit
que
vous l'êtesvous-même. Ce
jourestun
jour defête
pour
lui : j'aime à croireque
vous vous plairez à l'embélir.(Les bûcherons expriment leur joie, et se disposent
à
exécuterce qu'on désire d'eux).C H
CEu
R. ^4ir: gai et rapide.CoiîiTon.s an liameau,
Pour
chercher nos belles;Dans un
jour sibeau
,L'on
a besoin d'elles:Sans elles , au bal
On
danserait mal.Si le vin peutplaire
Xoin
d'elles, vraiment C'est qu'il sert à faire Passer i\nmoment.
Mais
,qui tient son verre,Et
voitdeux beaux
veux,.S'enivre bien mieux.
Ah
! loin de sa belle, S'am'.ise-l-on bien ?le
plaisir sans elle,Sans elle n'est rien. (
Hs
sortent,"jSCÈNE
I V.RAYMOND, LÉON.
»
Raymond
suit de l'œil lesbûcherons
, qui s'éloignent,
» regarde si personne
ne
peut le voir,et court pren-» dre son fils dans ses bras ;-après l'avoir erabra^sf?
» plusieurs fois, il dit «^
(6)
Raymond.
O 'Oublie
(jue je ne dois pas être seulheureux:
tajnère est ici proche, et n'attend
que
lemoment
favo- rablepour
te presser aussi sur son sein.Je
coursl'aver- tir. ( // remonteLa scène,etfait signeà
Laured'avancer.)LÉON.
Maman
!oh
,que cette journée sera bellepour moi!
S C E
ISE
V.Les précédens, laure.
»
Dès
queLaure
parait,Léon
vole au-devant d'elle,et5) saute dans^ ses bras.
Scène
de sentiment. Lesdeux
y
époux
prennent leur fils, et,un genou
en terre,ï> l'élèvent vers le ciel,
comme pour
le mettre sous>) sa protection v.
Rodolphe,
attendri, s'écrie.y_J !
Nature
! ceque
tu inspires à noscœurs
,remonte
toujours vers la Divinité,qui en est la source.Léon.
Vous voyez
que nous avons été bien exactsau rendez- vous.Laure.
Aussi,
mon
enfant , de ton exactitude dépendaient ton sort et celui de tes parens.Raymond.
Mon
chexLéon
, tu ignores quels sont les auteursde
ta naissance; tu n'as encore
connu
que leur tendresse:leurs
malheurs
et leurs craintes ne soiit point parvenuîv jusqu'àtoi. Ecoute, et apprends enfin quelle est ta des- tinée.Ta mère
est fille uniquedu comte
deTalmont
;im
rangdistingué etune
fortune considérable l'attendent^t
moi
, je ne suis qu'un simple écujer, moins encore;
je suis
im
orphelin ,un
infortuné,
que
ses paren» ont rejette de leur seinRodolphe
, ce sage mortel qui vc'.lle sur ton enfance, prit aussi soin de la mienne. Il liabitait déjà l'extrémité decette forét,lorsqu'unchevalier inconnului apportaun
enfantàpeine sortidu berceau?
il vit
mon malheur,
et devint av^c plaisirmon
père.Je
restai jusqu'à l'âge de six ans dans sa solitude.
Un
journous
nous reposions dans ce lieumême
; lecomte d«
Talmont
chassait; il uous rencontra,me
vit, et touché demon
sort , ilme demanda
àRodolphe
, qui saisit l'occasion de.me
placer dansuuc
situatiouqu'il crut plus(7)
heureuse. T.e
comte me
distingua bientôt tle cequil'en- tourait : il m't'levacomme
il eut élevéun
lils...(à Rc
dolplie.)
Que
ne m'a-t-il plutôt ('-loigué tle lui, éloigna sur-tout de celle...Je
devins ingrat... {mettant un genou devant Laurc.) Oli !pardonne Laure
,pardonne
à celui qui lit tous tes inallieurs !L
AU
R F.Dis plutôt
que
, lu m'as renduU
pins fortunée desfemmes. Tu
tus élevé près demoi
,je connus debonno
heure les vertus l'onamour Je
t'aimai aussi:est-ce que le ciel a mis aussi de la différence entre les
cœurs
qu'il a crées l'un pour l'autre !Nous
avons blessé l'orgueil deshommes
, mais nous avons respecté les -loiX sacrées de la nature. Voilà sept ansque
nous avons juré sur l'autel d'être l'un à l'autrepour
toujours!Veilà sept ans
que
noussommes
heureux.Raymond.
Tu
es,mon
cherLéon,
le fruit de cethymen
secret."Rodolphe
, notreami
,mon
bienfaiteur , te reçut avec tendresse, etpour éloignerdetoitoutsoupçon,il te cou- vritdes dépouilles d'un animal féroce,et t'élevacom-me
si tu eusses été destiné à paeser ta viedans cette forêt;
voilà ce
que
sont tes parens , voilà ceque
tu es toi-même.
LÉON.
Et
fe suisbien content d'être votre fils : avecun
bon.cœur
etdu
courage, personne n'aura le droitdeme mé-
priser.
R
A IM
O TT D.Puisses-tu dans tous les
tems
penser demême! Main-
tenant, cherRodolphe
, je dois vousexpliquer notre des- sein: lecorate deTalmont
lassé des refusnombreux que
sa fille à fait de se marier, veutdécidément
la donne*-pour
épouse auComte
de Mareuilsonvieilami.Le Comte
est ici depuis quelques jours, et tout se prépare
pour
cethjmen
, qui ne peut avoir lieu.Vous
jugez quelle doit être notre slUiation!Comment
déclarer noire union au père de
Laure?
Il adore safille, ilm'a
témoigné mille foisl'intérêtqu'il prend à moi; sou plus grand plaisir estde faire lebonheur
de ce qui l'en- toure; mais,il à toutl'orgueil desa naissance , etilpré*férerait
lamort àce
qu'ilcroiraitune honteéternellepour
sa famille; jamais l'infortunéRaimond
ne sera pour luil'époux desa fille.
Rodolphe.
Espérez,
Raymonjd;
vous ignorez,en effet, quelle est votre origine; mais, siel^
est au-dessous de celleda
Laure
, elle u'e» paraît poiut tovt-à-faitindigne, lepeu
f
8)
de mots que
l'alssa échapper celui qui vous remit entrames
tmins, cecamée
sur-tout, qu'on a oublié survous,
toutanuonce que
votre familleétait aussi riche quedistiu- guée. Peut-être un jour, leComte
assez éclairé sur ce point , consentira-t-il à vousnommer
son fils;vous êtesépoux,
vous avez toutàcraindre i'unpour
l'autre,venez
en secret attendre dansmon
azile solitaire, le jourou
votre père vous rendra soncœur
et les titresque
la na- turevous a donnés.Raymond.
Homme
généreux.L
Aù
R K.Nous
acceptons vos bienfaits.Raymond,
acceptez-les.R
A y j\i o n D,Tu
esmon
épouse,et rienne doitme
séparerde toi.LÉON.
Oh
!Que
je suis content! nous nous verronsdonc
tous les jours?L
Au
R E.Hélas!
mon
fils, nous n'auronspas encore ce bonheur,Léon.
Comment
!Rodolphe.
Quelle est votre intention ?
L
Au
R K.^Forcésdeqiiitferla
maison
paternellô; ne serait-Ge paa pour nousun
surcroit d'infortuneque
d'avoirabandonné
notre enfantàun sort incertain?Ahl
qu'il soit aumoins heureux
, cette pensée serapour nousla plus douce con- solationMon
père estbon
, généreux, il a accueilliRaymond
; il lui suffira de rencontrerLéon
, pour dési- rerdelui servir également de père.Ce
jour nousa,paru convenable à notre projet; c'est icique
leComte
etsa, suite s'arrêteront. Tandisque
l'ons'abandonnera auxplai- sirs qui naissent au milieu d'un repaschampêtre
,Léoa
sortira de cette grotte, où il aura soin de se cacher;sa.
présence inattenciue attirera les regards, son
vêtement
sauvage exciteraenmême
teras la curiosité et lacompas-
sion.
Mon
père ne voudra point laisseréchapper
l'occa- sion de faire encore une Belle action, etmou
fils sera conduit dans le château de ses ancêtres, il prodiguera ses caresses à son aïeul, il parviendra peut-être à le flé- chiren notre faveur; ilseraaumoins
à couvert de l'iu- Ibrtune.Rodolphe.
J'admire
combien
, lu tendresse maternelle est ingé- nieuse; mais, ne craignez-vous pas qu'une indiscrétion dela part de l'enfant, nefasseen un moment
évauouii;ce
beau
rêve.(9) L
ÉO
N.Oh
!pour sauverpapa
etmamaa
,jegarderaislesllenco plutQl toulema
vit*.L A U
R E.Toute
ta vie ? Ccî seraitbeaucoup
trop ; maisnous
exigeons cesilence pour 'quelquetems
; tu paraîtras de- vant ton aieulcomme un
jeune sauvage qui ne aait riea de nos usages ,paimême exprimer
ses idées.Ce
carac- tère plairasûrement
àmon
père et éloigneralesquestion»qui pourraient t'arrachei une réponse qui
nous
perdraittous.
LÉON.
Tu
seras obéi; maintenant,quand
je voudraiun
bai- ser de toi, je ne ledemanderai
plus, je le prendrai.,..Tiens...
Tout comme
ça....( ILtendsesbras à sa
mère
etluidonne
plusieurs baisers.On
entendun
bruit decors ).Raymond.
Voicila chasse, (
à
Laure.) Craignons qu'onne nous
rencontre ensemble.Rodolphe.
Je
vaisme
placerderrière cerocher,pour
tout exami- nersans être vu.Simon
secoursvous devientnécessaire,vous me
trouverez danscette grotte(à Léon),
et vous,mon
jeuneami, n'oubliez pasque
ce sont les auteursde
vosjoursque
vousallez servir; un seulmot
pourraitvoua
coûter des regrets qui ne finiraient point.Il s'enfonce dans le bois au-dessus de la grotte,
mais,
» reparait
un
instant après sur le rocher quiferme
la» grotte
même
,pour examiner
le succèsdu
projet.»
Laure
sort par lescoulisses opposées.Léon
,r'entr*» dans lagrotte.
Raymond
reste se'ji sur la scène «.SCENE y
I.Le Comte de TALMONT
, leComte de MAREUIL
,LAURE
,RAYMOND
,LÉON
,RODOLPHE
éloigné.Chasseurs.
y Le
bruitdelachasse devientplus fort,plusvif;on
sem.'» ble poursuivre quelque bête féroce ; dans le
momenfi
Vmême on
apperçoit la chèvre qui fuit vers l'antre;
V
lecomte
deTalmont
qui la presque atteinte,lèveley
bras et valafrapper avecun
épieuou
lance courte.>>
Léon
qui desa grotte , s'en est appert^u, n'écouteî>
que
lepremier mouvement
ets'élanceentrelachèvre
V
etleComte, de manière que
celui-ci est prêtde
fafra» tomber
lecoup
sur l'enfant.Léon
àgenoux
supplî*6
»
pourra chèvre
,qui s'e';t préripitée clans la grotte ry le
Comte
surpris, regardeî'enfuit, le moiilieàceux
V qui l'entourent , lui souiit , le prend pnr lamain
, le» fait lever et leconduit sur ravant-stèiie.
Pendant
ce»
tems
,Raymond
etLaure
setémoignent,
par des» signes furtils,leurs ciaintes, leur espoir et leurjoie.
»
Léon
,jette quelquefois un regardsureuv
«.Nota. »
Pendant
celte scène et le dialogue c(tu suit, lés» chasseurs préparentlerepas etlelien oij
Ton
doit la. » prendre; ils
forment
avec des fagots,un
siège élevé y qu'ils couvrent d'un tapis, c'est dessusque
doit s'as-» seoir
Laure
«.T A
LM
ON
T.^ET
enfant estcharmant
!Et
d'oii vîens-tu .mon
petit3mi?
( Silence delapart de Léon). M'as-tu entendu ? CMême
silence. Seulement ilexamine
, curieusement, lesjiabits etles
armes
du comte.Mesvétemens
lui paraissent extraordinaires; ne serait-iljamaissorti de cetteforêt,et n'aurait-il jusqu'à cejour ,
vécu que
sous les lois dela naturecomme
lesanimaux
sau- vages?Cependant
sa figure estpleine de douceur. ( Jci^yLéon prend
un petit airméchant
, et parait vouloir fuir. )M
A R EU
I L.Eh
!lepetit gaillard n'est pas siprivé qu'on l'auraitcru 4'abord.Xeon
,en paraissant vouloir fuir.yva
sejetterdansleshms
desa
mère
, et luidemande
à voix basicen montrant-lecomte
de Talmont.Est-ce ton père ?
Laure.
C'est lui.
»
Léon
,semble
s'enfuir denouveau
des bras desamère
* et revient vers le
comte
deTabnont
dont il sai-3» sit la
main
et la baise,comn^e
s'il luidemandait
~ » d'avoirpitié delui«,
Talmont,
avec hnnté.Le
ptiuvre'eiifant, ilal'airtout effrayé !...Je
leprend»
sous
ma
protec^tlon. S'il est seul dans l'univers, il trou-»vera
un
pèreen
moi.{Léon
sejetteà
ses genoux. . H.o.D o
L pHE,
toujoursplacé sur le rocher., remerciele ciel, et se. retire.
Comment
est-ce qu'ilm'entendrait? (Tout-à-coupLéon
se contraint. )
*
^
LÉON,(
àpart).'
Je me
trahis.M
A R E u r L.XI iaut
qus
je l'embrasseaussi.(U
veutprendraLéon
,(ïl)
ifui lui
donne
un sonjïct et se sauve.)Le
petit espiègle!T
A LM
O N T.Pardonnez-lui,il ne connaîtrien à nosusages.
M
A u E u I L.Et
quidiable lui a appris ceux-ci?T A
LM
oN
T.Raymond
, c'est icique
je vousaivu
pour lapremière
fois, et
que
je vous ai en quelque sorte adopté;vous m'avez donné
|)liisieursjoursdebonheur
je ledisavec plai- sir;etbien certainement, vous en réservezdenonveauxà ma
viei\\e!.se..{^Rajniondlcve avecdouleurlesyeux
auciel.) C'estàvousque
jeconfie cetenfant;formez-luiun cœur
semblableàielui que jevousconna.h.\(^Aloitvenient simul- tané dejoie delapart deRqj'mond,
de Laurc et de Léon.MAREUiL,à
part.Ce Raymond-là
, neme
plait guèreàmoi
; jele voisaa peu
tropsouvent auprès de Laure... S C È
ISE V
1L
Les précédées, VILLAGEOIS
,VILLAGEOISES.
w Entréedes Villageois etVillageoises,cfui offrent
enpas-
» santd(îs présens au
comte
deTalmont,
et.vont les» déposer
aux
pieds deLauie
, qui leur souritavec
» bonté. «
T A
L JM oN
X.J\j,Esamis,
je reçois vos présensavec
reconnaissance;Raymond,
vousferezdonner
la moitié denotre chasseà
ces'bonnes-gens;eu partageant nos plaisirs, ilsn'en seront
que
plusvifs.»
Le comte
de Mareuilvapour prendre laranin de Laure,» et, la conduire ausiègequ'onluiapréparé, mais
Raj-
»
mond
(|ui adeviné son iulention, leprévient, etcon-^> duit
lui-même
son épouse.Le
vieuxcomte maïque
sa» jalousie par un
mouvemeut
etunegrimace
ridicules.»
Laure
s'assiedsur le sirge,lesdeux comtes
seplacent» plus bas sur le tapis; I>éon se
met
sans façonaux
V pieds(le I-aure, et Rayir.ondse lieutdebout
derrière» elle. Les chasseurs apportent devant
eux
des fruitsj,» du vin, etc.
Lé ccmUe
s'eujpare lepremier
d'une»
pAche
superbeet sedisposeàlamanger
,ioi'squeLéon
» s'en saisit,fait un saut ets'éloigne avec ; le
comte
se V désole, veut ravoir son fruit, mais,Léon
semoque
» de lui; il vient vers
Laure
,met un genou
en terreefc v lui présente le fruit. Ellelereçoit,A'eutle rendre anîj»
comte
, q.ui n'os^nt le repreudre, la supplied©
leV
gîfrderf>»On d a w
s e.V
Laure remet une
corbeillede
fruitàune
jeunefille quit^ lesdistribuentà ses
compagnes. Le comte
deTalmont
»
donne un
bouteille de vin àim
gros réjotii. (Le
pre- T mzer/?a7'j^an),Ra^rmond
luidonne
des gobelets, illes V distribue àsescompagnons
et ditdesuite:I.
Paysan,
étantsonboftet.Monseigneur,
veut-ilben
nous permettre de chanterune
petitechanson
de not'viliage : ça Je divartii'a peut- être,etnous, nousen boirons uncoup
de meilleur cœur.( Z,ecomte de
Talmont
lepermetpar
unsigne. )M
A R E U I L.Oui,
oui; cela c'gayeralerepas.LeI. Paysan,
àses camarades.Allons,enfans, attention: vous chanterez lerefrain,en- lendez-vous?
L'Amour
et le Fin.M
A R E u I L.L Amour
et le Fin: cela n'est pas neufs.I.
P
A y sA
N.C'est vrai,
monseigneur
, mais, çane
s'use jamaisj ç«n*a pas fait plus de plaisir il
y
a mille ans,que
c'en fait aujourd'hui: c'estcomme quand
jebois; ily aben
trente ansque
j'en ail'habitude ;eh ben! chaque
foisque
j«prends
mon
verre,ilme semble
toujoursque
c'estfapre-mière
foisque
ça m'arrive. V'iàque
j'comraeace.RONDE.
Le
vin est utile à l'amour.C'est làsou plus belavantage.
Lucas
,troptimide,un
beaujourVoulut
sedonner d^ courage
:Il but,etsoudain IIosatout prèsde sa belle.
Entendez-vous
,mes
amis? qu'on vienne, après cela,nous
direque
boire n'est utile à rien : la jnaitrensed»
Lucas
bien répondre.Ah
! s'écria-t>elle,
Quel
prodige divin !"
C'est
doue
làceque
faitle vin ?L
EC H
CEu
B,Quel
prodigedivin,etc.Charmé
d'un aussibeau
secret.Charmé
de celle qu'il adore,
Xucas,
boitplusqu'ilnefallait,
Pour
être plusheureux
encoretMais
cefuten vain,Bien
en
vain, qu'attendit la belle-.( i3î
VMA
c*qne c*es*: ,jeunes ^ens, riende
trop,pasmême
Ae bon
vin : lapauvre
fille pleurade
trouver sipeu de
sagesse dans son amant.Oh
!voyez
dit-elle?Quel malheureux
destin.C'est
donc
làceque
faitlevin ?L
RC
H tK u R.Quel malheureux
destin, etc.Après
un telévénement.
Bergère est
rarement
fidèle :3Ja belle
cherche
un autreamant.
Et Lucas
regrette labelle:Mais, bientôt le vin
Lui
fit oublier l'infidelle.Admirez
ici l'esprit de contradiction desfemmes
! la nôtres'est retirée la première.Eh
bien!elle nepardonna
jamais àLucas
de l'avoir imitée ; cependéint,elle rendit justice au vin.Ah
! voj'-ez , dit-elle,
Quel
étrange destin ILe
vin fait lemal
et lebien.Le C h œ u
b.Quel
étrange destin, etc.»
Après
laronde
et le repas, les chasseurs apportent»
une
espèce de litière qu'ils ontfaite avec des bran-» ches encore chargées de feuilles:que'ques
rameaux
» bien touffus s'élèvent dessus, et
forment conime un
» berceau defeuillage.
On
fait asseoirLéon,
etdeux
» chasseursl'élèvent sur leursépaules.
Laure
quia pris Vune
guirlande defleurs, desmains
d'une jeunespay-
v> sanue, en orne la litière,et
semble
nevouloir plaireV qu'à son père,
q«ond
dans le fait, ellene
suitque
» rimpulsionde son cœur.
(
Marche
gaie. ),v
Les
villageoisgagnentle coteau, lecomte
deTalmon
i> et sa suite se disposent à les suivre.
La
toile buiss»v> sur
un
tableau. «Fin du premier Acte.
ACTE IL
s>
Le
théâtre estdisposépour une
fête. Sur lagauche da
» spectateur, entre lesarbres, est
un
pavillon élégant.*
Un
peuplier élevé setrouve un peu plushaut,
il esr» séparécles coulissej.
Le
fondde
cepaysag»
est tet- Vminé
parlam^r.
( î4 )
SCENE PREMIERE.
»
Au
leverdela toile, des villageois ornent deguirlandes» defleurs, le pavillonetles crbres quise trouvent dans V lelieu oùdoit se
donner
la fête.A M A
L R I c,examinant
autour de lui.v^'est donc pour
assisterà ses noces,
que mon
oncle, lacomte
de Mareuil,me
fait arriver sipromptement
!Je
luien saistout
legé
qu'on acoutume
desavoirà un vieux parent quinous IVustretoutàcoup
d'un héritagequ'onat- tendait avec impatience.... Et c'est encoremoi,
(|u'oa chargedu
soin de veiller à cette fêtecharmanic!
aussi, jem'en
acquitte avec: du zèle.... ( S'adressaiUaux
villa- geoises ) jeunes files, c'estassez; vouspouvez
mainte- nant vousretirer. ( Les jeunes fdies sorlcnt. )SCENE II.
A M A L R
IC
, seul.VjHOtT-iL que
jedoisvoir ces préparatifs nvej:.le plaisir qu'ilme
suppose?.. Il ne coniiait guèrele cixnir humain...S'il se fûtremariéàquaranteans,je l'eussepeut-êtrelaissé faire; mais, s'en aviser à soixante, etlorsque je
me
voisdéjà son héritier !...
Je
n'aurai pas prisvainement,
tantde
soins,pour
le détourner d'unactecpii n'estplusqu'une folie, àson Age; je n'aurai pas, surtout, pour m'as.sûier celte fortune,prête càm'échapper,
chargé en pure perte,ma
conscience d'un crime...ignoré jusqu'àce jour... (^avectin espècederemords.)
Je
croyais cjue cette action barbare seraitla seuleque
j'eusseà faire...Mais, voicimon
oncle...Dissimulons.
S C E N E I
I I.AMALRIC
, leComte de MAREUIL
, ensuiteLÉON.
Mareuil.
XLnfin, mon neveu,
je trouve lemoment de vous
en- .Iveleniren particulier; vousme
voyezprêt à formerune
allianteaussi avantageuse qu'honorable.
A
lu A r. R I c.Vous
imaginez sans peinetoute lajoieque
cet événe-ment me
cause.(tT5)
M
A H K O t L.Eh
bien ! j'en suis fort aise; à parler fiancliement, je eraignais leconliaire.A M A
L K T C..
Ah
! vousoubHez donc
, quel est lecœur
de votre neveu.M
A R E U I L.Je m'en
souviens; mais je suisdéjàun peu
vjeux, et]»sais, qu'à
mon
âge, le mariage alors, fait quelquefois rire lemonde
etpleurerlesparens.A M
A L R I c.Vous
êtesencore d'un âge très-convenable.M
A R E u I L..C'est ce
que
j'ai pensé. Il estbon
dete rappelerque
cette alliance était arrêtéedepuis long-tems. J'avais d.'a-bord
songéàtoi.A M
A L R I c.Je
reconnais bien là celte bontéquivous
caractérise.M A
R E u I J..Oui
, mais j'ai réfléchique
jepouvais penser àmoi,
tout aussi bienqu'auxautres, et c'est ceque
j'aifuit.A
BIA
L R I c.Et
vous avezagi sagement.M A
R Eu
I L.Sans doute.
Je
n'aique
soixanteans, je suisriche ;eh
bien! j'ajouteraiun charme
de plus àma
vie. Voilà vingt ansque
je suisveuf, c'est assez; ily
aquelque tems de
plus,que
j'ai perdu le seul filsque
j'avais eu demon
mariage
: c'était dans letems
demou premier voyage en
Asie. Ily
a, si jem'en
souviens bien, vingt-deux ansà
présent. Ainsi,jedoisme dépêcher
deme donner un
nou- vel héritier, sijeveux
en avoir.A M A
LR
I c, àpart.Il
me
deshérite sans façon, etje nem'en
vengerais pas. (^-Haut. ) J'admiretout cequevous
faites.M A
R E u I L.Je
suis fort contentque
tu soisvenu
aussi-tôtque
j«t'ai
mandé.
A M A
L R I c.Je
n'avaisgarded'êtreen retard.M
A R E u r L.A
te direlavérité,Laure ne m'aime
pas autantque
je levoudrais.A M A
LR
I c.Elle à tort,certainement.
M A R
Eu
I L.J'ai quelqu'idée
que
sa froideur n'est_pas naturelle.( iciLéon
entre etécouledqnslefond du
tiicdtre. )Je
reacoiiitr^(i6)
toujours sur
mes
traces certainécuyer
, qui,je tremble(Î9 le croire, est
beaucoup
trop afrectioniié par ia belle Laure.L
É oN
,ù part.Ils parlent
de papa
etde niamun
, redoublons d'atten- tion.M A
R Eu
r L , apperccvant Léon.Est-ce
que
ce petit ourson nous écouterait.A
II A L R I c.Vous
savez bienque
c'estun
enfant sauvage.M
AK
EU
I L.Eh
!jenem'y
fieraispas:éloignons-nousun
peu.(
Léon
s'asseoità
terre à côtéducomte.')Mais voyez
cepetit espiègle...Je
vais luidonner une
dra- géepour
l'envoyer jouer ailleurs. (Léon
reçoit la dragée et s'attacheà
Lapochedu comte,comme
s'il envoulaitune autre. ) Il a rais dans sa tête qu'ilne
nous quitterait point.A
ni L R I c.Qu'importe
:ilne
peut nouscomprendre. Ouvrez-moi
sans crainte votrecœur
, et ditesen
quoije puisvousêtreutile?
M A
R E u I L.Il faudrait
que
tuobservasses cetécuyer,pour
devinersije
me
trompe...Tu
estpluslesteque
moi.L
Ko n
, àpartetse levant.Papa
lesauradansun moment.
M
AR
Bu
I L.Si
mes
soupçonsseréalisent,lemalheureux
périra.L
F. oN
,à
part,et retournant vivementsur ses pas.Oh
dieu!SCÈNE IF.
Le Comte deMAREUIL,AMALRIC.
M A
R Eu
I L.Au
surplus, jeVaist'apprendrcun
secret quime
rassure, c'estque, demain,
au pointdu
jour, je doisépousw
Jlaure.
Amalric,^
part.Demain!
il n'y a pasun moment
àperdre !.».M A
R Eu
I L.Adieu.
Je
désirais avoir cet entretienavec
toij penser à ceque
je t'aidit.A M A
L R I c.Je vous
serviraide mon
mieux.M A
R £ u I LtJ'y
compte:
( Il sort. )m ' ' I . . I II . I I
«
1S C E
lyE
y.A M A L R
IC,
seul.A H
!mou
cliei'oncle est jaloux!...A
soixante ans, ilest permis del'être.... Mais,aurait-ilsoupçonné
juste?,.. cet écujerserait-il en etlct préféré ?...Il l'est certainement, et lapréseviceducomte
nel'aurarenduque
plusaimableaux
yea<: de Laure...Ilme
\ientuneidée... excelleute!...Surprenonsle serretde(es ainans, forçons-les à recevoir nos soins, unissons-les, s'il le faut; désespérons le
comte de
Mjreuil, et assûrons-nous son héritage... C'est bien àun
vieux foucomme
lui, de songer à i'hymôii.Allons,
suivons ceplan-. c'est servir enmême tems
:laraison,l'a- inour... etnotreintérêt.» Il apperçoit
Raymond
, il semet
à part , le doigt sur» la
Bouthe
,comme
pour s'imposer silence.SCÈNE y
I.RAYMOND,AMALRIC.
Raymond,
à partet sans voirAmalric.J
jEmoment
affreux estdonc
arrivé, ceque
jeviens d'ap- prenrlre.. .Mais
cepersonnage odieuxicil retirons-nous.Amalric,
allant au-det'ant de Raj'niond.Ah! Raymond,
jesuischarmé
de vous rencontrer.Raymond,
froidement.Vous me
faitestrop d'honneur.A MALRiCjà
part.Ilest triste, il aime.
Raymond,
àpart.Il vient
me
sonder, soyonssur nos gardes.A M A
L H I c.Vous
paraissez avoirdes inquiétudes.R A y M
oN
D, à part.Ma
douleurme
trahit.(Huiit, en affectantdeSourire.)A
l'approche d'un sibeaujour, qu'ellesiuquiétude^pour- rais-jeavoir?Amalric,
Ah!
je vois effectivementque
vous partagez la joie générale. ( à part. ) lisecontraint. ( Haut. ) Qui pour- rait, il estvrai, ne pas siréiouir du boiiheur deLaure
?,c'estbienlaplusaimablepersonne...
Raymond,
vivement.Oh!
biea aimable1G
(i8)
A M
A LR
I c, /efixant.Vous
ditescela avecune
vivacité quime
charme...Raymond,
à part.Malheureux
!qu*ai-je fait?A M A
L R I c , négligeanimentaprès l'jivoir écouté.iVlais, rien que d'exprimer ieseniiment de votre cœur.
Raymond, emharas
se.Je
ne sui.spoint.., leseul qui admire Laure.A
nr A L u I c, l'observant.Vous
n'êtespoint leseul... ( vivement. )Vous aimez
la file ducomte
deTalmont.
Raymond,
tachantdeprendrede la fierté.Seigneur i.vous voulez m'arracher
un
secret...A M A
L R I c.Un
secret!Vous aimez
donc, avouez-le.R
A yM
oN
D, j-e remettant.J'admirela subtilité de votreesprit, seigneur; en vé- rité,en reprenant
chacune
des parolesque vousme
faites dire, vous parviendrezàm'arrachereneffet, un secret....que
jen'auraisjamaiseu.A M
A L R I c , d'un ton adouci.Ecoutez,
Ravmond
, j'ai lu dansvotrecœur,
et ceque
je sais,nedoitvousinspirer
aucune
crainte.Je
suis plus votreami que
vous nepensez.Raymond,
àpart.Ame
astucieuse! ^ Haut. ) Seigneur, jem'honore de
cesentiment.A M A
LR
I c.Ce
sentimentne
sera point stérile pour vous, si vous voulez êtrefrancavecmoi
:je puisvous uuir àLaure.R
A YM
oN
D,d'untonironique.En
vérité, seigneur, vous vous donneriezune
peine bieninutile.A M
A LR
r r.Vous
vousdéfiez encoredemoi
?Eh
bien ! jevenx vous donner
l'exemple de la franchise, connaissez le secretde»mon
cœur... IN'avez-vous pas fait réflexion que, par cemariage
,une
fortuneimmense
va m'être ravie?R
A Y IM oN D
,après L'avoirfroidement regardéeEh
bien!seigneur,que m'importe
?A M A
L K I c.Prenez
gardé à ceque
vous dites, rien la dedansna
vousest indifférent. J'ai juré de tout entreprendre,pour rompre l'hymen
qui s'apprête; etpour assurermes
suc- cès, je puis unirliaure à son
amant,
afin qu'une barrière insurmontable s'élèveentre elle etlecomte
deMareuil.R A
Y ai oN
B,C'est assez seigneur; je vois
que
lecomte
estinquiet surN
'
(19)
le
cœur
de Laure,Voua pouvez
lui direque
vous aves remplivotredevoir,etque Raymond
n'a riendit qui pût confirmer sessoupçons. ( il s'éloigne )A
JM A L R I c, court après lui^ leramené
sur l'avatA scène^et aprèsunmoment
desilence,illui ditd'unevoix
émue,
Riyniond
, vous avez surprismon
secret , vous savezcombien
ilm'importe
de le renfermerenmca-même... S'ilsortaitdevotre
bouche
!...Raymond,
tranquillement.On
ne m'intimide point par desmenaces
, seigneur; je lesbiaveetjeméprise laruse,ainsiqueceux
qui l'emploie.A M A
L R I c, avec mépris.Mais
, qn'ai-jeà craindre? iln'estpasmême eu
tonpou- voird'attirerun
soupçon sur moi.Raymond.
Vous
avez obéi,cela doit vous suffir.AaiALRiCjà
part.Il croit
que
j'aivoulu l'abuser;soyonstranquille sur ceque
j'ai eu l'imprudence de lui dévoiler. {ILsort,)»i'I i I
Il
!SCENE FIL
RAYMOND,
seul.1VL*AURAIT-TL
en effetparléavec franchise? soninlérêfc pourrait , il est vrai , tourner à notre avantage. Expli-quons-nous-en avec
Laure
, quis'avancevers ceslieux.SCENE V
I 1 1.RAYMOND
,LAURE
,LÉON
,amenant
sa mère.LÉON.
J. IKNS , voici
papa;
je lui ai ditcomme
à toi tout c^que
j'ai entendu. (// reste dans lefond
du théâtreyoù ilobserve de toutes parts.)
Raymond.
Oui, ma
chère Lauré; le plus grandmalheur
nousme-
nace.
Demain
, tu dois être conduite à l'autel ; letems
presse, fu^'ons, allonsattendre dans quelque lieu inron-nu,
que l'orage qui gronde sur nos tôles , soit enlièce?»juenidissipé.
Laure.
Je
t'aidonné ma
foi,décide demon
sort.Raymond.
Demain
ja'eet pas le seul jour^ue nous
aygns à c^ain»(20)
^re.
Nous sommes
observés:lecomte
de Marciiil a âes soupçons ;ma
présence l'inquiète; sonneveu
aussi astu- cieuxqu'insinuant, a essayé de surprendre notre secret*Il a
même
affecLé de lier sa cause à la nôtre..,L A u
R E.Etais-tubienen g-irde contre cette séduction?
Raymond.
J'avoue,
que
je crusun
instant voir quelque franchisedaas
ses paroles.B.
A
IM
ON
D,C'est aloi's
que nous devons
nous en défier davantage.L A
u R E.Oh!
puisse le reste de cette journée, s'écouler dansla paix!demain
, nous ne serons plus dans ces lieux.Dès que
les ténèbres auront enveloppé la terre, il nous sera Ibcile de nouséchapperchacun
denotre côté;nouspour- rons nous rejoindre sur ce rivage,une
barque en se.ia bientôt déla( hée et alors nous nous rendrons auprèsdu généreux
Rodolphe.L
Au
R E.Ton
courageme
soutient , tonamour m*anime
,etj'es-père tout de l'avenir... Mais n'oublionspoint
que
desyeux
jaloux etperfidessontfixéssur nous.
LÉON.
Allez,
moi
je veillerai , etma
tendresse pourvous,
devinera facilement lemal
qu'on veut vous faire.» Il leur envoie des baisers, revient ensuite,
tombe
h»
genoux
et suppliele cielde veiller sur lesauteursde
» ses jours : la
musique,
qui exprimaitses sentimeus ,»
chrmge
de motif etannonce
lamarche
des peisonnes» quidulverit formerles jeux.
Léon
, à l'approchedelà
» fête, selève et court dèsqueles premiers personna-
» gf'S (!ela
marche
paraissent, seplacer à côté de son» père,ainsi ffu'il est
marqué
d.ins lascène suivante«.S C E
A'E IX.
Entrée des personnagesqui
composent
la fcte.Deux KÉaAULTS
,Gvrdes
,quatre jeunesChf.valiers
qui doivent s'exercer drms les jeux;Amalric,
se trouve<oe ce
nombre. Le comte
deT
^L:\i.)Nr,tenant safillepar 3amain
etaccompagné
ducomte deM.\REurL. Deux
sui- vantes deLame,
portant nu riche coussin, sur lequel sotit lesprix dei»[!ié&au vainqueur.Ravmond
etLéon,
celui-cirorfetinerorbeille danslarruelle est
une
colombe.ViLL.:::voi.s et
ViLLAGKoisES
,euhabits de fête.Les
comic:etLaure se placentsous lepavillon,etL4on
se metà côté d'eux.(21)
Chœur
géthéx^al,pendant la marche.Qu'aux
plaisirs, à l'amour.On
consacre ce jour;Que chacun
s'empressePnr
ses ieiix etses chants ,A
doubler l'ivresseQui
captivenos sens,IJjN'E
Suivante
,aux
chevaliers,pendantqu'onforme
des danses légères etgracieuses.Par
vos jeux,image
descombats
,Preux
chevaliers, a^x[uerrez de la gloire;Par
vous leprix ne peut man(]uer d'appas;La
beauté doit couronnerla victoire.JKala. »
Pendant
les chants et les danses, l'enfantporte« ia corbeille à
un
jeune villageois quiy
prend la co-y>
lombe
, etvala placerau haut de l'arbre disposé à» cet effet.
Les
chevaliers viennent ensuite saluer les»
comtes,
et vont,lesuns après les autres, lancerun
» trait à la
coiumbej
pasun
ne l'atteint icBî A Ti E u I L, se levant.
Je
voisbien qu'il fiiucb-aque
jem'en mêle
pourque
la beauté ait aujourd'hui le plaisir dedonner
un prix à l'a- dresse; et'ceprix ,charmante Laure
,sera pourvotreche^valier... ( // prend un arc et uneflèche.)
Raymond.
Si le
comte
de Mareuil et lesiredeTalmont
lepermet-
tent, jetenterai aussila fortune.M
A K E u I L , àpart.Allons, voilà ce
maudit écuyerquise met
delà partie.T
A LM
G N T.Kajmond
, je vousle permet'J,Mareuil,
avec humeur.Eh
bien,je vous lepermets
aussi.»
Léon
court chercherun^nrc et uneflèche à son père...»
Le comte
deMareuil lance sonIrait, et a lebonlieur» de couperle rubin([ui retenait attachée la
colombe
,» qui s'en\ole aussitôt; il se réjouitdéjà
desa
victoire ,» lorsque
R-vmond
ajustel'oiseau , le perce de sa flè-» che et l'abbnt.
Léon
court le ramasser, et leremet
» e'Jtre les
mains
deRaymond,
qui, asontour,ledépose» nu pieds de
Laure
,un genou
en terre et reçoit d'elle"» le p'iv destiné au vainqueur : le
comte
deMareuil
se» déiole et