FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANHÉE 1896-9'7 N» 92
ÉTUDE CRITIQUE
1T11T DE LA PSÏBiSlI PULI0SA1
PAR LES CLIMATS
D'ALTITUDE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINI
présentée et soutenue publiquement le 2 Juillet 1897
Pierre-Marie-Joseph-Max
DESCHAMPSNé à Périgueux (Dordogne), le 10 juin 1867.
Examinateurs de la Tlièse
^ MM.
ARNOZAN,VIAULT,se
j
AUCHÉ, [ PACHON,professeur.... Président.
professeur.... i
; Juges.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
17 — RUE MONTMÉJAN 17
1897
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHAIIMACIE DE RORDEAUXM. PITRES
Doyen.
PROFESSEURS :
MM. MICE..
AZAM Professeurshonoraires.
Cliniqueinterne.
Cliniqueexterne
Pathologieinterne.. ..
Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales
Thérapeutique
Médecineopératoire...
Clinique d'accouchements
Anatomiepathologique
Anatomie
Anatomie générale et
histologie
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE DUPUY.
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Physiologie Hygiène Médecinelégale Physique
Chimie
Histoire naturelle Pharmacie Matière médicale
Médecineexpérimentale. .. Clinique ophtalmologique..
Clinique,des maladies chirurgicales
Clinique gynécologique.. . MM.
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BLAREZ.
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FIGUIER.
deNABIAS.
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PIÉCHAUD.
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AGREGES EN EXERCICE :
section de médecine fPathologie interneetMédecine légale).
MM. MESNARD.
CASSAET.
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Le DANTEC.
MM.VILLAR.
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section de chirurgie et accouchements
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section des sciences anatomiques et physiouogiques Anatomie. j MM. PRINCETEAU.
( CANNIEU. Physiologie MM. PACHON.
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section des sciences physiques
Physique MM.SIGALAS. | Pharmacie
Chimie etToxicologie.. DENI G ES. M.BARTHE
COURS COMPLÉMENTAIRES :
Cliniqueinternedes enfants
MM. MOUSSOUS.
Cliniquedesmaladiescutanéesetsyphilitiques DUBREU1LH.
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Clinique des maladiesdes voies urinaires Maladies dularynx, desoreilles etdunez
Maladiesmentales
Pathologie externe Accouchements Chimie
POUSSON.
MOUItE.
RÉGIS.
DENUCE.
RIVIERE.
DENIGES.
Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
Pardélibérationdu5août 1879, la Facultéaarrêtéqueles opinionsémises dansles 'Ihèses qui lui sont présentées doivent être considérées comme
propres à leurs auteurs, et qu'elle 11'entend leur donnerni approbation ni improbation.
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AVANT-PROPOS
Nous sommes heureux de profiter de l'occasion qui nous est
fournie par cette thèse pour
remercier
tous ceuxqui de près
ou de loin se sont intéressés à nous pendant la durée de nos études médicales.
Nous prions donc nos maîtres
de la Faculté de médecine et
des hôpitaux de Bordeaux de
vouloir bien croire
àtoute notre
gratitude pour les bonnes leçons que nous avons reçuesd'eux.
Que M. le Dr Dubourg, chirurgien de l'hôpital
Saint-André,
reçoive l'expression de notre vive
reconnaissance
pourles
ser¬vices qu'il nous arendus pendant que nous avons
été
sonélève.
Nous n'avons garde d'oublier tout ce que nous
devons
àM. le professeur Boursier et à
M. le professeur agrégé Pousson.
Nous nous souviendrons toujours et nous saurons profiter des
excellents conseils qu'ils nous ont donnés pendant que nous
avons été leur externe.
Nous prions, au même titre,
M. le D1' Mandillon, dont
nousnous rappellerons les
entretiens d'une utilité si pratique, d'ac¬
cepter cetravail comme une
faible
marquede notre reconnais¬
sance.
Enfin que M. le professeur
Viault daigne agréer,
avectous
nos remerciements, l'hommage de notre vive gratitude pour l'intérêt si bienveillant qu'il n'a cessé de nous
témoigner
etpour le grand honneur qu'il nous
fait
enacceptant la prési¬
dence de notre thèse.
ÉTUDE CRITIQUE
DU
TRAITEMENT DE LA PH1S1E PULMONAIRE
PAR LES CLIMATS D'ALTITUDE
INTRODUCTION
L'heure estpeut-être prochaine où une
nouvelle méthode de
traitement permettrade guérir la
tuberculose pulmonaire d'une
façon directe et sure.
En attendant, l'on est bien obligé de se contenter des res¬
sources, nombreuses il est vrai, mais insuffisantes,
dont
ondis¬
pose actuellement.
C'estl'hygiène quifournit
aujourd'hui les meilleurs résultats;
c'est elle, en effet, qui répond le mieux aux
besoins de l'orga¬
nisme atteint. « Après des travaux sans
nombre,
adit Peter, la
médecine moderne, d'accord avecle bon sens, en arrive à con¬
clureque la meilleure
médication des tuberculeux est l'hygiène
: l'hygiène qui empêche letuberculisable de devenir tuberculeux
et le tuberculeux de devenir plus tuberculisable ».
Nous lisons, d'autre part, dans la
Thérapeutique clinique de
Gaston Lyon : « Alimentation et séjour au
grand air, tels sont
les deux grands remèdes de la
tuberculose
».L'alimentation
i
— 12 —
peut être réalisée partout et
dans les meilleures conditions
pos¬sibles. En est-il de même du séjour au grand air et le choix du
climat est-il indifférent aux malades atteints de phtisie pulmo¬
naire?
Cette question est loin d'être tranchée.
Pendant longtemps,on apenséque les climats chauds avaient
seuls une action bienfaisante sur les poitrinaires. Aujourd'hui,
les climats d'altitude se partagent avec eux la plus grande par¬
tie des phtisiques riches.
Aussi avons-nous eu pour but de rechercher, d'après ce qui
a été dit et publié jusqu'à nosjours, quelle pouvait être l'action
de l'air des montagnes sur l'organisme des tuberculeux, de
nous renseigner sur la valeur des hypothèses émises sur un
pareil sujet, sur l'importance des
recherches
etdes découvertes
qui ont suivi et d'examiner les résultats obtenus.Aucun travail
d'ensemble n'a encore été faitsur cette question.
Aussi espérons-nous avoir quelque mérite, surtout aux yeux de ceuxqui voudront se faire une idée aussi exacte que possible
de la valeur de la méthode de traitement de la tuberculose pul¬
monaire par les climats d'altitude.
L'idée de cette méthode remonte très loin dans l'histoire de la médecine. Nous savons, en effet, que Galien envoyait les phtisiques dans les montagnes, parce que, disait-il, « l'air des montagnes dessèche les ulcérations des poumons ».
Plus près de nous, Bœrhave, Van Swieten, Gilchrist en fai¬
saient autant et insistaient sur la valeur de l'altitude.
Pendant le moyen-âge, où toutes les sciences sommeillent,
nous netrouvons dans les auteurs aucune trace decette méthode
thérapeutique.
A partir du xvi° siècle, il n'en est plus ainsi. Fallope, qui
vécut de 1523 à 1562, disait « qu'il n'y avait pas un même cli¬
mat pour tous les malades ». Van Helmont (1577-1644) croyait
à l'efficacité des montagnes.
Au xvme siècle et au commencement du xixe, Hufeland et Schoenlein remarquaient l'immunité des habitants des contrées montagneuses dont la vie s'écoulait dans leur pays natal.
— 13 -
Mais il faut arriverjusqu'à nosjours pour assister, pourainsi dire, à la glorification de cette méthode, à son application systématique et raisonnée.
En 1859, Brelimer, ayant constaté l'immunité dont paraissent jouir les habitants des montagnes et pénétré de l'heureuse
influence de l'altitude sur la phtisie pulmonaire, fondaà Goë- bersdorf, après les plus grandes difficultés et grâce à l'appui
de IlumboldtetdeSchoënlein, le premier établissement destiné uniquementà la cure des tuberculeux.
En 1862, Spengler, médecin à Davos, frappé de la rareté de
la phtisie dans cette localité, appela l'attention du monde médi¬
cal sur cette station.
Le médecin saxon Ungern, atteint de cette affection, et ne s'étant pas amélioré à Goëbersdorf, vint à Davos faire une cure,
s'y améliora à tel point qu'il put y pratiquer plusieurs années
et contribua, pour sapart, àla justerenommée de cette nouvelle
station climathérapique.
Les résultats obtenus furent publiés par les médecins de l'endroit, entre autres par le docteur Beeli, confirmés plus tard
par le docteur Meyer-Ahreuss.
Toutes ces publications firent grand bruit. La vogue vint et l'on vit tous les ans s'accroître le nombre des malades allant chercher dans les Alpes grisonnes la guérison de leur mal.
Dans l'année 1866-1867, l'on n'y voit que 12 malades. Le
nombre double l'année suivante. Il s'accroît ainsi tous les ans
et vingt ans après, s'élève à 800. Il fallait expliquer ces faits.
Aussi voyons-nous les personnages les plus autorisés de la
médecine se livrer à des recherches précises dans l'étude des
climats d'altitude et attacher leurs nomsàd'importantes décou¬
vertes.
En France, Jaccoud, dès 1873, traçait d'une façon très nette les indications et les contre-indications des climats d'altitude.
En 1877, le docteur Lombard, de Genève, établissait pour la
Suisse les zones d'immunité phtisique.
Paul Bert et avant luiJourdanet, cherchaient à expliquer les
effets des milieux raréfiéssurlarespirationetsur la circulation.
- 14 -
Mais il était donné à M. leprofesseur
Viault d'avoir le mérite
de démontrer, par sa
belle découverte de l'hyperglobulie, l'ac¬
tion de l'air raréfié surla physiologie
du
sang.La liste seraitlongue si nous
voulions citer tous
ceuxqui se
sont occupés de cette
question. Une pareille nomenclature
n'aurait d'ailleurs aucun intérêt.
Qu'il nous suffise de
savoir
quela méthode de traitement de
latuberculose pulmonaire par
les climats d'altitude, après avoir
joui d'une
grande
vogue,semble être tombée aujourd'hui dans
un certain discrédit.
Gomme tousles tuberculeux n'ont pu y
guérir,
comme,d'un
autre côté, on a constaté que la
tuberculose pulmonaire peut
guérirpartout, on en
est arrivé bien vite à dire, avec Darem-
berg : « Tous les
airs sont bons,
pourvuqu'on sache s'en ser¬
vir ». On n'a pas tardé à
attribuer
avecLéon Petit et Sabourin,
lapart dessuccès
qu'on obtient dans les Sanatoria de monta¬
gnes, au mode
d'organisation de
cesétablissements et à la
surveillance médicaleetl'on a pu dire avec ce
dernier
: «Tant
vautle directeur, tant vautla maison »,
Ce quenous pourrons
constater dans le courant de cette
étude, c'estque, si les
climats d'altitude n'ont
pasune action
directe sur le tubercule et sur sonbacille,
ils permettent
cepen¬dant à l'organisme de mieux
lutter et de réagir contre l'élément
morbide. Ils peuvent donc être un
puissant auxiliaire dans le
traitementde la tuberculosepulmonaire.
Quoi qu'il en soit,
l'emploi de cette méthode de traitement
occupera dans
l'histoire de la thérapeutique une place impor¬
tante, car c'est à elle qu'on
doit la création d'établissements
spéciaux pour les
tuberculeux.
On enconstruit un peu partout;
il s'en fonde tous les jours.
On y a appris l'hygiène
nécessaire
auxtuberculeux en même
tempsquela prophylaxie
de la tuberculose.
CHAPITRE PREMIER
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES CLIMATS D'ALTITUDE
Pour pouvoir juger de l'opportunité d'un climat au point de
vue thérapeutique, il faut avoir sur lui des notions précises.
Tout le inonde sait, d'une façon générale, distinguer les cli¬
mats de montagne des climats de plaine. Ce qui frappe tout d'abord, ce sont l'altitude et l'abaissement de la température.
Mais à ces deux facteurssaillants s'en rattachent d'autres qui
ontleur importance.
« Le climat, a dit Hermann Weber, n'est pas seulement le
chaud et le froid, c'est un être collectifqui se compose de tem¬
pérature, lumière, électricité, sécheresse,humidité, mouvements
de l'air, nature des lieux, productions du sol, situation de ter¬
rain et de culture ; c'est, d'une manière plusconcise, l'ensemble
des influences exercées par l'air, le sol et l'eau surla vie des
êtres organisés».
On comprend combien doit être difficile l'étude d'un tout
aussi complexe.
Les éléments qui le constituent sont variables et changent
avec les saisons, les mois et lesjours.
Tout ce quel'on peut faire en climatologie, c'est établir des
moyennes en se plaçant toujours dans les mêmes conditions,
pour avoir des résultats comparables, toutes les fois qu'on fait
des expériences et qu'on prend des observations.
Le climat n'est pas plus uniforme dans les pays
de
montagne qu'il ne l'est dans les pays de plaine. De même qu'ilvarie
pourun même lieu, il varie aussi pour deux stationsvoisines
situées
à une même altitude.
— 10 —
11 est donc impossible
d'attribuer
àtous les climats d'altitude
la même valeur. L'on ne doit pas, par conséquent, envoyer
indistinctement les phtisiques dans toutes
les régions monta¬
gneuses. Un choix
s'impose, mais il
nesaurait comporter de
règles fixes.
Avant d'envoyer un malade
atteint de phtisie pulmonaire
vivre sous un climat d'altitude, il sera de toute
nécessité d'étu¬
dier avec le plus de
précision possible les éléments qiii le
cons¬tituent, puis de se
demander si,
parleur réunion, il
y aplus
d'avantages que
d'inconvénients
àsoumettre
cemême malade,
étant donnéesla marche etla forme de son affection, à l'appli¬
cation de cette méthode de traitement.
Nous consacreronsun chapitre à ses
indications
et à ses con¬tre-indications.
Il est important toutefois
de savoir dans quelles limites sont
renferméesles zones des altitudes où l'onenvoie communément
les tuberculeux faire leur cure.
Voici la division de Jaccoud :
Climats d'altitude : de 1500 à 1900 mètres.
Dansnoslatitudes, lalimiteinférieure
descendjusqu'àlOOO
mè¬tres et dans les latitudes septentrionalesjusqu'à
500 mètres.
Nous voyonsdonc que Davos
(1556m)
etles stations de l'En-
gadine : Samaden (1743m),
Saint-Moritz (1855m), Leysin (1450m)
sont les plus élevées du groupe,
tandis
queCaudal (805m Nor¬
vège) et Goëbersdorf(557m
Sibérie)
sontles plus basses. Aussee
700m), Falkenstein (400m), bien
qu'échappant
parleur laiitude
à cette division, quine saurait être purement
théorique, doivent
y participer à cause des
conditions particulièrement favorables
de leur climat.
« Ce sont, dit Jaccoud, des stations
intermédiaires
entrele
premier et le deuxième groupe, entreles climats d'altitude et
les climats de plaine ».
EnFrance, nous pourrons faire entrer dans ce groupe
inter¬
médiaire la stationtouterécente du Canigou, où s'élève aujour¬
d'hui, à 700 mètres d'altitude et à peu de distance de
Vernet-
les-Bains, le seul sanatorium de montagnequi existe chez nous.
— 17 —
En Europe, nous citerons les
établissements de Saint-Blasien
(772m), de
Badenweiler, de Nordrack et de Saint-Andreas-
berg, tous les quatre situés
dans la Forêt-Noire, le sanatorium
de BeiboldsgrunconstruitenSaxesur
les flancs de l'Erzgebirge.
Ces stations ne sauraient toutefois procurer aux malades
les
avantages dus aux effets liés
directement
àl'altitude et
quel'on
ne peut rencontrer que sur
les montagnes élevées.
Aussi, tout ce que nous dironsdes
milieux raréfiés et de leur
action sur l'organisme, ne
s'appliquera-t-il qu'aux localités du
premier groupe.
Quoi qu'il ensoit, ce qui
doit guider avant tout dans le choix
d'une station, c'est l'absence ou tout au moins la
faible
propor¬tion d'affections tuberculeuses dans la région où elle est située.
Pour Spengler, « une localité
a-t-elle beaucoup de natifs
tuberculeux, il faut se garder d'y envoyer des
malades
».Et cela pour une double
raison
:La présence d'indigènes
tuberculeux est
unepreuved'insuffi¬
sance d'action du climat sur la prophylaxie etsur le
développe¬
ment de cette affection.
En second lieu, de ce fait, les tuberculeux
qui
yviendraient
pourse soigner se
trouveraient toujours dans les mêmes condi¬
tions d'infections surajoutées possibles. Là, comme
ailleurs, il
serait bien difficile d'empêcher les
malades d'absorber
parles
crachats et les poussières de nouveaux
bacilles.
Cette absorption nouvelle
deviendrait
unobstacle à la guéri-
son; bien des poussées tuberculeuses
successives pourraient
n'être que l'expression de ce
fait.
On sait que bien des
phtisiques guéris s'étant replacés, long¬
temps après, dans les mêmes
conditions de milieu,
avectoutes
les chances de contamination possible, se sont
infectés de
nou¬veau.
C'estpourquoi la
question de l'immunité phtisique est impor¬
tante à discuter. Elle va faire l'objet de notre prochain
cha¬
pitre.
Deschamps 2
CHAPITRE II
de l'immunité phtisique
Que doit-onentendre parimmunité phtisique?
Depuis la découverte, en1882, par le docteur allemand Koch,
de l'agent pathogène de la tuberculose, on a rangé cette affec¬
tion dans Je cadre des maladies microbiennes infectieuses.
Aussi y a-t-il lieu de se demander si certaines régions du globe et en particulier les régions des altitudes possèdent cette immunité,si elles la doivent à l'impossibilité au bacille de Koch d'y vivre et d'y germer ou bien seulement à son absence parce qu'il n'y ajamais été importé.
Nous savons que l'immunité vraie envers une maladie n'est
créée chez l'homme qu'autant que le parasite ne peut trouver,
dans l'organisme, les conditions nécessaires à son développe¬
ment. L'immunité phtisique peut être due à toutes ces causes.
Ona observé, depuis déjà longtemps, que la tuberculose est
absente dans certaines régions du globe, qu'elle est moins fré¬
quente qu'ailleurs danscertaines autres.
Disonstout de suite qu'aujourd'hui on constate sa présence
dans quelques contrées où elle n'existaitpas autrefois. La phti¬
sie était jadis inconnue auxShetland,aux Hébrides; ellene l'est plus de nosjours. Il en était de même en 1825 à l'île de Groix;
actuellement, elle y est très fréquente. Là, l'immunité était due
manifestement à l'absence du bacille; il n'y avait pas encore été importé.
De Humboldt et Boussaingault avaient déjà remarqué que la population de Quito (2918m), de Santa-Fé de Bogota (2641m),
estvigoureusement constituée etjouit de la meilleure santé. Un
— 19 —
voyageur, Hotton, avait vu que les
hôpitaux de Bogota
ne ren¬ferment pas un seul poitrinaire. Le Dr
Smith, qui
apassé six
an¬nées au Pérou, rapporte quela population péruvienne est
telle¬
ment persuadée de l'immunité des régions montagneuses à l'égard de la tuberculose, qu'elle établit ses malades
dans des
localités situées dans la Sierra proprement dite à des altitudes comprises entre 1500 et 3000'". Le docteur
allemand Tschudi,
qui exerçait à la même époque auPérou,
reconnaîtaussi
quela
phthisie, commune dans les parties basses et le long
delà côte,
devienttrès rare à mesure qu'on s'élève sur les hauteurs etqu'à
4000'",dans la région de la Pûna, au Cerro Pasco, elle est peut-
être complètement absente.
R. Newton fait la même remarque pour Mexico (2300'").
En Europe, nous avons cité la même constatation sur
Davos,
de lapartdudocteurSpengler. Le docteur
Lombard, de Genève,
a cherché à établir pour la Suisse les zones d'immunité et il
nous dit : « La tuberculose devient de plus en plus rare à
mesurequel'ons'élève surles hauteurs, maisà
partir de 1000'"
seulement, de telle sorte qu'au-dessous, à 1200"' on n'y ren¬
contre que quelques cas isolés, et qu'entre 1200 et
1500m,
elle disparaît complètement ». Il cite le docteur
Fuchs, dont
les statistiques, publiées dans sagéographie
médicale, tendent
àétablir : « que la phtisie est d'autant plus rare que
le sol est
plus élevé ».Nouspourrionsciterencorebeaucoup
d'autres
nomsautorisés.
Mais ces faits sont assez connus pour qu'il soit inutile de les
passer tous en revue.
Ils ont donné lieu à bien des explications, à bien des contro¬
verses.
Le docteur Jacoby, essayant de trouver la
solution du
pro¬blème, s'est livré à des expériences sur les montagnes. 11 s'est
ainsi rendu compte que le froid ne tue pas le
bacille tubercu¬
leux.
Les spores, conservées dans de
la glace,
nedeviennent
passtériles.
Mais il vit dans les grandes altitudes à l'état de
vie
latente.Voilà unpremier point bien net et qui peut
servir
à fournirun des éléments constitutifs de l'immunité. Sans doute, de ce
fait, l'immunité absolue ne sera pas créée, mais n'est-ce donc
rien que d'avoir devant soi un ennemi engourdi et paresseux?
M. Jacoby nous dit, d'autre part,quelaprésence des glaciers
est un obstacle à l'arrivée et au développement des microbes,
parce qu'ils ne peuvent ytrouver ni la nourriture ni la
chaleur
qui leur sont nécessaires.Nous trouvons ces conditions réalisées dans les principales
stations de la Suisse, notamment à Davos et dans l'Engadine.
Quoi qu'il ensoit, il faut savoir se ranger à l'évidence.
A Davos, où il n'existe qu'un seul établissement fermé, mal¬
grélaprésence continuelle de tuberculeux dans les hôtelsde la
localitéoù ils doivent forcément échapper à la surveillance médicale, où la dissémination des bacilles par les crachats est
donc possible, la proportion des tuberculeux parmi les indi¬
gènes n'augmente pas. Le docteur Spengler n'a pu, parmi les
gens du pays, constater un seul cas de phtisie pulmonaire pendant une pratique de quatorze années.
Goëbersdorf, dans l'espace de centans, a vu, pour sa popu¬
lation indigène, la mortalité par phtisie pulmonaire aller en décroissant :
Dans cette dernière période,la population a doublé et quatre
mille malades, fréquentant les gens de la localité, ont passé
dans l'établissement.
Et si l'on veut nous permettre de citer les moyennes de
la mortalité par phtisie à Falkenstein, bien que cette station
soit la dernière du groupe,il noussuffira, pournousconvaincre
de la valeur de l'immunité phtisique, de citer les chiffres sui¬
vants empruntés au docteur Nahm, directeur d'un Sanatorium,
à Rupperstein, dans le Taunus.
De 1780 à 1854 De 1854 à 1880
30 morts 5 morts
■ '' • ••;
— 21 —
Avant l'établissement du Sanatorium :
1856-58 17,2 °/0
1859-61. . 7,7
1862-64 . 22,6
1865-67 14 moyenne générale :
1868-70 16,7 18,9 %
1871-73 21
1874-76 33,3
Après la fondation :
1877-1879. ... 17 0/0
1880-1882. . . . 14,6 »
1883-1885. ... 6 » moyenne
1886-1888. ... 5 » générale=11,90/0
1889-1891. . . . 13,9 » 1892-1894. . . . 15,1 »
Rosbach et d'autres avec lui ontobjecté que dans les climats rudes, à Davos en particulier, la
mortalité des enfants
enbas
âge est inversement
proportionnelle
àla mortalité phtisique,
autrement dit que s'il y a peu de
phtisiques, beaucoup d'en¬
fants succombent dès leurs premières années.
Or voici les relevés par âge des actes de
l'état civil de Davos,
établis par le docteur Ungern :
De 1859 à 1874
lre année de la vie, mortalité = 6,9 0/0 des naissances.
« C'est là, dit Vacher, la mortalité infantile
la plus faible qui
existe. » En France, elle atteint 18 0/0.
La remarque de Mùhry sur
la diminution de la densité de la
population au fur et à mesure
qu'on s'élève
nepeut servir
davantage à expliquer la
diminution de la phtisie dans les cli¬
mats d'altitude.
Les chiffres cités plus haut nousont
montré
quela population
avait pu augmenter, doubler même,
et la mortalité
parphtisie
alleren décroissant,
— c22 —
Nous convenons qu'on ne peut expliquer encore d'une façon
bien positive les causes de cette immunité, mais
elle n'en existe
pas moins.
Est-ce par l'action tonique etfortifiante des climats d'altitude,
par les obstacles qu'ils présentent au développement du bacille qu'on peut expliquer cette action?
Ilpeut se faire qu'un grand nombre de facteursinterviennent
pour la créer.
Cette immunité existe donc, mais elle n'est pas absolue. Elle n'empêche pas, en elfet, les habitants des montagnes, descendus
dans la plaine, de contracter la tuberculose. Cependant il estun fait indubitable, c'est que ces montagnards, revenus chez eux,
guérissent ou s'améliorent notablement plus vite et plus facile¬
ment que les autres phtisiques.
C'estune nouvelle preuve enfaveur de l'immunité créée par lesclimats d'altitude contre la tuberculose pulmonaire.
CHAPITRE III
DES MILIEUX RARÉFIÉS ET DE LEUR ACTION SUR L'ORGANISME
Depuis les expériences de Toricelli, l'on sait qu'au fur et à
mesure que l'altitude croit, la pression atmosphérique diminue,
si bienqu'à partir d'une certaine hauteur, variable avec les
latitudes etavec les individus, il en résulte pour les ascension¬
nistes des troubles plus ou moins marqués de la respiration et
dela circulation.
C'est ce que toutle monde connaît sous le nom de mal des montagnes. Dans les Cordilières des Andes, on désigne ces troubles par les termes de sorocheou de pùna.
Le docteur Jourdanet, qui exerça plusieurs années dans ces
régions, essayad'expliquer ce phénomène par l'anoxyhémie,
c'est-à-dire parla diminution de la quantité d'oxygène contenue
dans lesang.
Plustard, Paul Bertprouva pardes expériencesqueladépres¬
sion atmosphérique commence à porter atteinte à l'affinité qui
unit l'oxygène aux globules sanguinsetdiminue par conséquent
la densité de cegaz dans le sang. Mais ces phénomènes étant
passagers, l'accoutumance se faisant assez
rapidement
etles
populations indigènes ne se ressentant pas deces fortesdépres¬
sions, Paul Bert voulut expliquer l'acclimatement, et il se demanda si, par une sorte de compensation harmonique,
le
sang serait devenu apte, soit par modification de la nature de l'hémoglobine ou de sa quantité, soit par augmentation du
nombre des globules, à absorber plus d'oxygène sous un même
volume. Mais il n'admit ce changementcommepossible que par l'acclimatement non de l'individu niais de la race, en ajoutant
24 —
que cet acclimatementdelarace n'est rien moins quedémontré.
Il était persuadé qu'à la pression normale nous consommons dans un temps donné plus d'oxygène qu'il n'estnécessaire pour entretenirnotre température etpour la dépense des forces exi¬
gées pour tous nos besoins, musculaires et nerveux.
Il suppose donc que les habitants des montagnes ont une machine mieuxréglée qui, aulieu de ne leur donner, par exem¬
ple, en travailque 18 à 20 °/0 de la force dégagée, est d'unren¬
dement plus considérable et qui par suite exige, pour une même dépense organique, uneabsorption moindre d'oxygèneet
aussi d'aliments. Il vérifia plus tard la première hypothèse :
l'augmentation de l'hémoglobine dans le sang des animaux des grandes altitudes, grâce à la démonstration de M. le professeur Jolyet qui prouva, par des expériences, que le sang pourri, agité au contact de l'air, absorbe exactement la même quantité d'oxygène, àconditions égales de température et de pression,
que lorsqu'il était frais etvivant.
Mais il était donné à M. le docteur Viault, professeur d'histo¬
logie à la Faculté de médecine de Bordeaux, de renverser les
vuethéoriques dePaulBert et de nous montrer expérimentale¬
ment l'action directe et certaine des milieux raréfiés sur le sang de l'homme et des animaux. Envoyé enmissionpar le ministre
de l'instructionpublique pour étudier cette question dans les
milieux où Jourdanet avaitdéjà expérimenté, il arrivait au port
deCallao le 8 septembre 1889, partait de Lima le 3 octobresui¬
vant pour se diriger versla Sierra, après avoir pris toutes les précautions indispensables et s'être faitsuivre de tout le maté¬
rielscientifique nécessaire.
Il arrivait le 15 octobre à la mine de Morococha, sise à 4392™
d'altitude et y commençait ses expériences.
Le 8 décembre 1890, l'Académie des sciences publiait dans
sescomptes-rendus les résultats si précis de sonimportante dé¬
couverte biologique.
Un premier fait était désormais établi, à savoir l'exagération
pour les habitants des montagnes de la fonction normale de l'hématopoïèse. Le docteur Viaultvit, en effet, à cette altitude,
— So¬
lenombre des globules rouges
augmenter de 1 à 3,000,000 par
millimètre cube, puis recherchant
chez certains animaux indi¬
gènes quelle
était la proportion d'oxygène contenue dans leur
sang, il put s'assurer
qu'elle était sensiblement la même que
dans la plaine.
La théorie de Jourdanet tombait de ce
fait.
Il rétablit l'erreurde Paul Bertsur la
capacité respiratoire de
nos animaux herbivores des plaines. Il montre que
celle des
animaux de montagnesest à peuprès
la même.
Pour expliquer ces
résultats, il n'eut
pasbesoin d'admettre
exclusivement une plus forte
proportion de l'hémoglobine dans
le sang. L'hémoglobine
augmente, mais faiblement. Du fait de
l'augmentation des
globules sanguins, l'hémoglobine est plus
divisée, et, par suite, elle
offre
unesurface d'oxygénation plus
grande.
Tels sont, enrésumé, les résultats
obtenus
parM. le profes¬
seur Viault.
Il nous montrel'équilibre qui
tend toujours à s'établir entre
la raréfactiondes milieux et l'état,
physiologique du
sang.« C'est la lutte pour l'oxygène, comme
il le dit d'une façon si
expressive ».
En 1892, il renouvelle au Pic du
Midi
sesexpériences sur des
poules, des
chiens, des cobayes et des lapins. 11 découvre dans
le sangde ces animaux un
nombre prodigieux de petits globules
sanguins envoie
de formation.
Il étaitimportant de
savoir si cet équilibre
sefaisant au furet
à mesure qu'on s'élève,
s'effectuait
encorede retour dans la
plaine. Le mérite
de cette démonstration revient encore à M. le
D1'Yiault.
Voici à ce sujetce que
dit le docteur Mercier
: «L'adaptation
n'est pas etnepeutpas être
stable,
pasplus que les phénomènes
atmosphériques
qui régissent cette adaptation. 11 y a autre chose
que l'accoutumance,
il
y a uneloi
envertu de laquelle à mesure
que nous nous
élevons plus haut, augmente le nombre des éry-
throcytes et à mesure que nous
redescendons, le nombre des
hématies diminue ou régressesil'on retourne
dans les plaines ».
— 26 —
Voilà, certes, les découvertes les plus importantes qui aient
étéfaites dans la question de thérapeutique climatérique qui
nous occupe.
Ces résultats ont été confirmés depuis par plusieurs autres.
Le docteur Sellier a cherché quel était dansles milieux raré¬
fiés l'élément directqui pouvait agir pour produire cette hyper- globulie.
Ayant pu reproduire artificiellement les conditions des alti¬
tudes qui sont causes de l'hyperglobulie, il a vu que ce phéno¬
mène est dû uniquement à la faible tension de l'oxygène du milieu, que l'action mécanique de la pression n'exerce aucune
influence sur la production de l'hyperglobulie. D'autre part, l'oxygène à forte tension n'exerce aucune influence sur le glo¬
bule du sang; enfin, les combustions respiratoires sont moins actives au début du séjour de l'animal dans le milieu raréfié
qu'elles ne le sont dans le milieu ordinaire. Telles sontles con¬
clusions du docteur Sellier.
Nous connaissons donc désormais la cause directe deces acci¬
dents qu'on range sous le nom de mal des montagnes. Ils sont bien dus, comme l'avait prévu Jourdanet, à une anoxyhémie passagère. Mais ils ne durent que le temps nécessaire à la réac¬
tion vitale pour produire l'exagération de l'hématopoïèse. Cette dernière ne tarde pas à se faire. Olliver a pu constater sur lui-
même que l'augmentation des globules commençait à se mon¬
trer dans les vingt-quatre premières heures et qu'elle atteignait
son maximum dans la première semaine de séjour.
On comprend déjà qu'il sera possible de parer à ces inconvé¬
nients en évitant les ascensions rapides, en fixant des étapes et
des relais assez longs pour que l'accoutumance des malades se
fasse graduellement, sans à-coup.
L'accoutumance une fois réalisée, on constatera bientôt les effets bienfaisants de l'altitude. L'on assistera, pour ainsi dire,
au réveil de l'organisme mettant en jeu toute son énergie. Les échanges chimiques entre les éléments anatomiques se feront plus vite et mieux, grâce àcet effet salutaire sur le liquide nour-
- 27 -
ricier de l'économie. Un véritable coupde fouetbienfaisant sera donné àla nutrition.
Voilà qui répond bien aux
besoins de l'organisme débilité des
phtisiques et «
des candidats à la tuberculose
».D'après Peter, en effet,
qui dit organisme vicié, dit tubercu¬
lose possible. C'est
pourquoi l'emploi de cette méthode semble
justifiée d'ores et déjà.
« Lesexpériences de Mercet et
de Chermonds, dit Jaccoud,
onttranché dans le sens de l'affirmative la question de savoir si
l'activité des combustions organiques est supérieure dans les
montagnes à celle qui existe
dans les plaines
».N'en
avons-nouspas des preuves
suffisantes dans les sécrétions qui sont
accrues,dans le fonctionnement des organes qui est accéléré, dans la présence dans
le
sangd'un très grand nombre de petits glo¬
bules sanguins en voie de formation?
À côté de cette actiontonique et bienfaisante sur la
nutrition,
nous devons étudier les effets mécaniques de l'abaissement
de
pression sur lacirculation
et surla respiration.
Laissons la parole à Jaccoud :
« Entre 1200 et2000'", l'on observe une accélération tempo¬
raire des battements du cœur; un puissant afflux
sanguin
alieu
à la périphérie, des
pigmentations apparaissent
surla
peau, quelques légèresépistaxis
seproduisent. Mais
enmême temps,
les viscères tombent dans un état d'anémie relative, les fonc¬
tions cérébro-spinales sont plus
actives et plus faciles, la puis¬
sance locomotrice est accrue, la respiration devient remarqua¬
blement aisée. On assiste à une véritable restauration de
l'orga¬
nisme. Larespiration est plus
fréquente
au repos;elle est
aug¬mentée de 3 à 5 inspirations par
minute, mais elle est plus
pro¬fondeetplusample. Les
régions
paresseusesdu
poumon,autre¬
ment dit les régionssupérieures,
deviennent plus actives
parle
fait de cette ampliation
pulmonaire plus considérable. Sous
l'influence de cet abaissementde pression, il y a
aussi
augmen¬tation des forcesmusculaires d'oùunegymnastique
méthodique,
inconsciente, mais régulière et constante
de l'appareil respira¬
toire qui est maintenu sans
fatigue
aumaximum de l'activité
— 28 —
fonctionnelle. Les poumons restent dans un état d'anémie rela¬
tive, la circulation y est plus facile. D'où l'absence d'hémoptysie
presque constante des malades pendant leur séjour ».
Tels sont les effets des milieux raréfiés des altitudes sur l'or¬
ganisme.
La plupart des phtisiques ne pourront que se bientrouver
d'un séjour suffisammentprolongé dans cesrégions. D'une part,
ils acquerrontle bénéfice d'une véritable restauration générale
et leurs lésions pulmonaires d'autre part ne pourront qu'être enrayées ou amendées par le fait de cette triple action si bien¬
faisante surla nutrition, sur la circulation et sur la respiration.
CHAPITRE IV
de la température et des autres éléments connus des climats d'altitude
En partant de l'immunité phtisique, nous avons vu
qu'au fur
et à mesure qu'on s'élève, on voit en même temps
décroître la
tuberculose.
Mais on a dit aussi que plus on s'approche de l'équateur et
des contrées chaudes, plus la tuberculose est fréquente et
intense. Déjà Schnepp, en 1865, en avait fait la remarque.
On
a constaté, en effet, qu'aux Antilles, la proportiondes tubercu¬
leux nègres est aux blancs comme cinq est à un.
A Ceylan, elle
est aux blancs comme quatre est à une fraction
minime de
l'unité même. On a remarqué sa fréquence en
Indo-Chine,
au Pérou, au Brésil et en Nouvelle-Calédonie.On peut doncadmet¬
tre la véracité de cette affirmation : « Le froid n'a aucune influence surlagenèse de latuberculose ».
Mais peut-ondire que le froid
ait
uneaction indifférente
surla tuberculose? Nous ne le pensons pas. Peut-on
dire qu'il ait
une action nuisible? Oui, dans certaines conditions. Peut-on
dire qu'il ait uneactionutile?Nous
allons voir dans
cechapitre
les bienfaits queles tuberculeux peuvent
retirer du froid.
Voilà qui paraitcontradictoire
si l'on
seborne à considérer
le froid comme une entité bien définie et indépendante des
êtres.
Aussi nous a-t-il paru utile, pour
aboutir
à unesolution claire
etprécise, depasser en revue, d'une part,
les conditions de tem¬
pérature nécessaires à un tuberculeux pour
pouvoir bénéficier
d'une aération continue; d'autre part, de nous assurer
si l'on
trouve ces conditions réalisées dans les stations des altitudes.