MÉTABOLISME DE LA FLORE INTESTINALE DU PORC
DÉGRADATION DES FORMES L ET D DES ACIDES AMINÉS
M. C. MICHEL
Simone BOCHE
Laboratoire des Métabolismes
Centre national de Recheyches
zootechniques,
78 - Jouy-en-Josas- --
SOMMAIRE
In vitro, la flore microbienne intestinale du porc catabolise tous les acides aminés. L’arginine
les acides
glutamique
etaspartique,
la sérine et la thréonine sont dégradés leplus rapidement.
Laproline
et le tryptophane sont faiblementattaqués.
Cette réaction est
spécifique
de la forme I, pour les acides aminésindispensables
dont la forme D n’est pasdégradée (sauf
la D-méthionine). La forme 1) des acides aminéssemi-indispensables
et indifférenciés est catabolisée moins
rapidement
que l’isomère L.Les substances azotées
qui
résultent de cette dégradation sont de l’ammoniac dans tous les cas, ainsi que des acides aminés(ornithine
et citrulline àpartir
del’arginine)
et des amines(cadavérine,
putrescine,tyramine, tryptainine
ethistamine).
L’activité de la flore est maximum dans l’iléon et le caecum. A un même niveau intestinal,
l’activité est soumise à des variations saisonnières
(maximum
en été)qui
sereproduisent
d’uneannée à l’autre.
L’influence éventuelle de cette action microbienne dans l’animal vivant est discutée.
La flore microbienne intestinale du porc
dégrade
in vitvobeaucoup
de sub-stances
azotées,
et enparticulier
tous les acidesaminés,
par désamination et décar-boxylation (M ICHEL , ig6i a).
L’existence de ce catabolisme a été démontrée chez l’animal vivant par LARsoN et HILL( H )6 0 ) ;
ces auteurs ont identifié diversesamines, produit
de ladécarboxylation
microbienne des acides aminés dans l’iléon dujeune
porc. La formation de ces substances est fonction de
l’âge,
de la nutrition et de l’étatphysiologique
de l’animal. MICHEL et al.(rg6 4 ),
ont observé que l’excrétion fécale des bases azotées(cadavérine, putrescine
et ammoniac enmajorité), pratiquement
. nulle chez le
porcelet allaité,
s’accroissait trèsrapidement après
le sevrage et attei-gnait
une valeur élevéependant
les diarrhées. D’autres variations de l’activité ca-tabolique
de la flore intestinale ont été mises en évidence. Parexemple,
celle-ci(mesurée
invitro),
atteint un maximumpendant
l.’été. C’estpendant
cettepériode
que le taux d’ammoniac du sang de la veine
porte
estégalement
leplus
élevé(F RAN -
ÇOIS et MICHEL,
i96o).
MEI, NI CO WY c K
z et
J OHANSSON ( I9 j5),
ont mis en évidence in vivo et in vitvo la formation d’amines par la flore intestinale du rat.1 / activité
de cette dernière s’exerceégalement
àl’égard
d’autres substances azotées : le contenu caecal du rataseptique comprend
unequantité importante
d’urée et deglutamine, qui
sontabsentes dans le caecum de l’animal
conventionnel ;
enrevanche,
chez ce dernieron observe la
présence
de diverses bases azotées(M I C II E L
etSAC Q UET, z965).
Chez le
ruminant,
EL-SHAZLY( 1952 ),
a montré in vivo que la flore du rumen du moutondégradait
lesprotéines
avec formation d’acides volatils et deNH 3’
Ces résultats ont été observés in vitro par LEWIS( 1955 ),
chez le mouton, et LEWIS etEM!Ry
(i 9 6 2 ),
chez la vache.Afin de faire la
part
de ces diverses actions dans ladigestion
del’hôte,
le butde cette étude est d’étendre et
préciser
nos travauxantérieurs,
en cequi
concernel’activité
catabolique
de la flore intestinale du porc àl’égard
des acides aminés. Ils’agit
de déterminer l’activitépotentielle
de laflore,
sesvariations,
et depréciser
les différents schémas de
dégradation possible.
MÉTHODES
Isolement de la
flore
intestinale.Dès
l’abatage
de l’animal(porcs
de 90 à 100kg), le contenu du caecum estprélevé
et homo-généisé.
Onpèse
100g de cettesuspension
et onmélange
lesprélèvements
effectués sur 10animaux.Le
prélèvement
moyen est dilué au 1/2(poids/volume)
par de l’eau distillée,puis après
homogé-néisation à
l’agitateur,
filtré sur une toile denylon
très fine. Ceci permet d’éliminer lamajeure partie
desparticules
alimentaires. Le filtrat est conservé à -! 4°Cjusqu’au
moment del’emploi,
4
jours
au maximum ;(une
température inférieure à o°C inactive les actionsenzymatiques).
Incubation.
La
suspension
est diluée(V/V),
dans le substrat d’acide aminé M12 5. On fait incuber à l’étuve à37°C
en tubes fermés.Analyses.
La
suspension
microbienne contient une faiblequantité
d’acides aminés,peptides,
bases ami- nées, et NH3. Ces valeurs sont déterminées parl’analyse
d’un témoin sans acide aminé et déduites des résultats des échantillons contenant des acides aminésajoutés. L’analyse
est effectuée avantincubation
puis après
16 h de la manière suivante : on porte 20ml de l’échantillon au bain-marie à ioo°C pendant 5mn,puis après
refroidissement, oncentrifuge
z5mn à 9ooo g. Le surnageant lim-pide
est stocké à -i 5 °C jusqu’au
moment dudosage, d’après
lestechniques
suivantes : 1° Dosage de l’azote
alpha-aminé (MICHEL,
ig6r c).2
°
Dosage
de l’azote ammoniacal(CorrwaY,
1957).3
° Dosage des acides aminés et des amines par
chromatographie
sur résineéchangeuse
de ca-tions
(MICHEL,
àparaître).
RÉSULTATS
W
Étude
des conditions d’incubationAfin de déterminer in vitvo l’activité
catabolique potentielle
de la flore micro- bienne àl’égard
de diverssubstrats,
il convient de seplacer
dans des conditionsphysico-chimiques proches,
sinonidentiques,
de cellesqui
existent au niveau intes- tinal. Eneffet,
lasynthèse d’enzymes adaptatifs
au cours de la croissance micro-bienne,
telles que lesdécarboxylases,
est conditionnée par lepH
du milieu de cul- ture(GALE, 194 6).
Deplus,
lesproportions respectives d’enzyme
et desubstrat,
la valeur dupotentiel d’oxydo-réduction,
déterminent le sens des réactions(W URMS E R , 1935).
Les valeurs du
pH
et dupotentiel d’oxydo-réduction,
mesurées sur des conte-nus intestinaux
prélevés
sur des animaux àl’abatage
sontrapportées
dans le ta-bleau z.
Les valeurs du
pH
sont en bon accord avec celles trouvées par MOOREet TYLER(1955)
et LUDWIGSEN et THORBECK( 19 6 1 ) ;
ces derniers auteurs avaient effectué lesprélèvements
à l’aide d’une canuleposée
sur le caecum.Des microbes sont
présents
dans les différentesparties
du tractusgastro-in- testinal ;
leurquantité
croît de l’estomac au rectum. Ce n’estqu’à partir
de l’iléonque leur activité
biochimique (mesurée
in vitro par la vitesse dedégradation
de l’ar-ginine)
est maximum. C’estégalement
àpartir
de l’iléon que le taux deglucides
libres tend vers zéro. La teneur intestinale en ammoniac s’accroît en même
temps
que l’activité
catabolique
des germes(tabl. 2 ).
En ce
qui
concerne le mode depréparation
dessuspensions microbiennes,
ce- lui-ci influe sur l’activitéenzymatique.
Parexemple,
destechniques bactériologi-
ques
classiques (centrifugation, lavage
desgermes)
diminuent cette activité. Lafigure
iindique
lacinétique
dedégradation
del’arginine
par laflore,
diluée direc- tement dans le substrat(a),
oucentrifugée
et lavée(b).
La courbe enS,
obtenueavec le
procédé (b),
nepermet
pasd’apprécier
la vitesse dedégradation ;
alorsqu’avec
la méthode(a),
on observe unedégradation
de vitesse constantequi
débute dès la mise en incubation. I>ans les deux cas,
cependant,
le résultat final estidentique.
Si on considère l’influence
respective
de la concentration des microbes et dusubstrat,
on observe quelorsque
cette dernière est constante(o,o! M/litre),
la vi-tesse de
dégradation
est une fonction linéaire de la teneur enmicrobes, (fig. 2 ).
Elleest
également
linéaire en fonction de la concentration dusubstrat,
maisjusqu’à
o,oi
M/litre.
Au-dessus de 0,02M/litre.
Laquantité
de N(NH 3 )
libérée est cons-tante
quelle
que soit la concentration dusubstrat, (fig. 3 ).
I>e cefait,
ni lesubstrat,
ni lesproduits
de la réaction ne sont inhibiteurs.En
phase proliférante,
l’activitécatabolique globale
estfaible ;
la diminution du taux des acides aminés du milieu est inversementproportionnelle
à la formationde corps microbiens. I,e taux de
NH 3
diminue vraisemblablement par amination dupyruvate
formé au cours de laglycolyse.
Ceci n’exclut pas que certains acides aminés telle quel’arginine, puissent
êtredégradés (Kmv!·rT, ig6o).
A la fin de lacroissance, l’autolyse
des corps microbienss’accompagne
d’uneimportante
for-mation d’ammoniac
(fig. q.).
2
0 Catabolisme des divers acides ami7aés
a) Dégradation par
désamination.I,a vitesse de
dégradation
des différents acidesaminés,
mesurée à la fois par lepourcentage
d’ammoniac libéré et celui de l’acide aminédisparu,
varie dans delarges
limites. On nepeut
établir de relation entre la structurechimique
du sub-strat et la vitesse de
dégradation :
celle-ci est maximum pour des substances aussi dissemblables quel’arginine,
l’acideglutamique
et la sérine.On observe dans tous les cas une libération
d’ammoniac,
mais d’autres sub- stancespeuvent
êtreproduites (acides
aminés etamines).
Ces résultats sontreportés
dans le tableau 3.
b) Dégradation par décavboxylation.
Le catabolisme anaérobie des acides aminés
produit
outreNH,,
une certainequantité
deCO 2 .
Ce dernierpeut provenir
de la coupure ducarboxyle
du groupe-ment oc aminé. Diverses
espèces microbiennes,
Escherichiacoli, Sireptocoeus f aeca- lis, Clost y idia, P y oteus, etc.) décarboxylent
six acides aminés de forme L(lysine, ornithine, arginine, tyrosine,
histidine et acideglutamique)
à l’exclusion des autres(GAi!E 194 6).
Il en résulte laproduction
de l’aminecorrespondante
et duC0 2 .
A
part
l’acideY -amino-butyrique
que nous n’avons pu mettre en évidence entant que
produit
terminal de ladégradation
de l’acideglutamique,
la flore intes-tinale du porc
produit
ces diversesamines,
ainsi quel’indique
letableau 3 .
Apartir
des autres acides
aminés,
on observe une certaine formation deCO 2 ,
mais sans que l’aminecorrespondante
soit leproduit
terminal. Il estprobable, d’après
lacinétique
de la
dégradation,
que l’acide aminé est d’abord désaminépuis
le résidu carboné estdégradé
à son tour. Les acides aminésqui
neproduisent
pas d’amines se compor- tent à cetégard
comme laI,-thréonine, (fig. !).
c) Spécificité stéréochimique de
ces véactio-ns dedé{!,radation.
Les acides aminés
indispensables
de forme L sont seulsdécarboxylés
par la flore. Parmi les isomères D, seule la D-méthionine estdégradée.
La réaction de dé-carboxylation
ne débutequ’après
untemps
de latenceprolongé ( 7 heures).
Onobserve
également
une libération duNH 3
àpartir
du dérivé D, mais à vitesse beau- coupplus
faible que pour la forme I,.En ce
qui
concerne les acides aminéssemi-indispensables
et indifférenciés(his- tidine, alanine, sérine,
acidesglutamique
etaspartique)
la forme D estdégradée
deux à trois fois moins
rapidement
que l’isomèreL, (tabl.
q et5).
d)
Racémisation.La
lysine peut
être racémisée par desespèces
microbiennes(Proteus
et Esche-y.ichia), d’après
la réaction suivante :I,-lysine
!D-1 3 -sine (H UANG
et DAVISSON,1
95
8).
Dans nos conditionsopératoires,
la flore intestinale du porc nepossède
pascette
propriété (tabl. 6),
bien que le genre Escheyichia soitlargement présent
au ni-veau intestinal
(Dicxr N SOrr
et al.ig6i).
Dans d’autres conditions
(pH 8,6)
durée d’incubation 40h,
on observe unelégère
action( 20
p.100 )
mais ces conditions ne sont pasphysiologiques.
Il faut noterque pour les acides aminés essentiels de forme D, l’inertie du
groupement alpha-
aminé à la
dégradation
microbiennepermet
de supposerqu’il
n’existe pas de racé- misation.e)
Variations saisonnières et individuelles d’activitécatabolique.
Nous avons démontré
précédemment (M ICHEL , ig6i a)
que ladégradation
de
l’arginine
subissait des variations individuelles et saisonnièresimportantes.
Parexemple,
le coefhcient dedégradation
de cette substance(!.1
deNH,
formés par heure et par mg depoids
secmicrobien), passait
d’une valeur moyenne de 2pendant
l’hiver à 8
pendant
l’été. La formation d’ammoniac àpartir
de lalysine
subit desvariations du même
ordre,
alors que pour lathréonine,
le taux dedégradation
resteélevé
pendant
toute l’année(tabl. 7 ).
I,e cas des autres acides aminés essentiels n’a pas été étudié
systématiquement,
mais on observe
également
unedispersion importante.
Eneffet,
une série de mesureseffectuées sur des animaux abattus de décembre à avril a donné les résultats sui- vants
(tabl. 8).
Ces
observations, qui
ont été effectuées à une année d’intervalle de celles re-portées
dans le tableau 3, montrent que l’activité moyenne de laflore,
mesurée surun
grand
nombred’animaux,
varie peu d’une année à l’autre pour le même acideaminé. Il est difficile de déterminer si les variations d’activité sont dues à des chan-
gements
dans larépartition
des diversesespèces
microbiennesqui composent
la flore ou bien dans leuréquipement enzymatique.
f)
Catabolisme microbien des amines.C’est en
été,
alors que la floreprésente
l’activitécatabolique
maximum àl’égard
des acides aminés que la vitesse de
dégradation
des amines estégalement
laplus
élevée. Par
exemple,
la formation deNH,,
àpartir
de lalysine
est faible ou nulleen hiver.
Or,
nous avons observé récemment que l’acide aminé étaitquantitative-
ment transformé en cadavérine
( 1 6
hd’incubation).
Enété,
cette diamine est dé-gradée
ainsi que d’autres amines(tabl. 9 ).
Si on compare la vitesse dedégradation
de ces
amines,
parrapport
à celle de l’acide aminéqui
leur donnenaissance,
ons’aperçoit
que cette dernière est presquetoujours plus
élevée.DISCUSSION
Les résultats de ces
essais, qui portent
sur trois cents animaux au cours de deuxannées consécutives montrent l’activité
catabolique
élevée de la flore intestinale du porc àl’égard
des acides aminés de forme I,. On observe la formation de diverses amines(cadavérine, putrescine, tyramine, agmatine
ettryptamine)
àpartir
desacides aminés
correspondants.
Ces amines sont les seulesqui
existent enquantité
notable dans les fèces du porc
(MicHEi,
etal, y6.!).
Dans ce cas, leursproportions respectives
s’accordent assez bien avec cequi pouvait
êtreprévu d’après
les essaisin
vit y o,
si on considère les vitessesrespectives
dedégradation
de l’acide aminé et de l’amine résultante.Bien que tous les autres acides aminés ne fournissent pas
d’amines,
on observeune libération de
CO 2 ,
maisd’après
lacinétique
dedégradation,
ce serait le résiducarboné, après désamination, qui
seraitdécarboxylé.
Malgré
des variations saisonnières et individuellesimportantes,
l’activité cata-bolique
moyenne de la flore s’établit aux mêmes valeursrespectives
vis-à-vis des différents acides aminés. Parexemple,
la vitesse dedégradation
de laproline
etdu
tryptophane
esttoujours
inférieure à celle del’arginine
et de la thréonine. Dansl’ensemble,
le catabolisme des isomèresoptiques
par la flore concorde assez bienavec l’utilisation de ceux-ci par les
organismes supérieurs :
travaux d’Ar,BaNES!( 1945
)
surl’histidine,
de GoRDOx et Siz!R(r 955 )
sur laméthionine,
de CALET(ig6o)
sur la
lysine.
Nos résultats sont peu différents de ceux de LEWIS et EMERY
( 19 6 2 ) qui
étu-diaient le catabolisme des formes L et DI, des acides aminés par la flore du rumen
de la vache. Pour les dérivés I,, le classement des vitesses de
dégradation
s’établità peu
près
dans le même ordre que chez le porc. Seuledifférence,
l’acideD-aspar- tique
n’était pas métabolisé.En ce
qui
concerne lalysine,
le fait que la flore nedégrade
pas l’isomère D ex-clut a
priori l’hypothèse
d’une racémisation de cette substance : s’il y avait forma- tion deL-lysine
àpartir
de la D-, lapremière
seraitdégradée.
Les autres acides ami-nés essentiels se
comportent
de la mêmemanière,
sauf la méthionine.L’activité catabolique potentielle
de la flore intestinale déterminée in vitrone s’exerce vraisemblablement
qu’en partie
au niveau intestinal. Chez l’animalnon
diarrhéique,
le taux dedégradation
des substances azotées dansl’estomac,
leduodénum et le
jéjunum,
est limité d’abord par la faible concentration des germes, bien que le taux d’acides aminés libres soit élevé. Deplus,
dans cessegments
intes-tinaux,
les germes enphase anabolique dégradent
peu les acides aminés. Ce serait àpartir
del’iléon,
ainsi que l’ont montré LARSON et HILL(i 9 6o), qu’une
activiténotable
peut
être détectée. Apartir
du caecum, l’activitécatabolique
élevée estlimitée par la faible teneur en acides aminés libres du contenu.
Lorsque
le transitintestinal est
accéléré,
parexemple
au cours desdiarrhées,
l’excrétion fécale des acides aminés et de leursproduits
dedégradation
devientbeaucoup plus impor-
tante. Les observations
qualitatives
effectuées chez leporcelet (Micx!!, et al., 19 65)
ont pu être confirmées de manière
quantitative
chez le veau(travaux
encours).
A
partir
du caecum, unepartie importante
des matières azotées du contenu se trouve sous forme de corps microbiens.L’absorption
des acides aminés à ce ni-veau est peu
probable,
si on se base sur les résultats obtenus in vitro. Eneffet,
l’au-tolyse
est peurapide
et tout l’azote des corps microbiensautolysés
se retrouve sousforme d’ammoniac. Il reste à déterminer si la flore
joue
un rôle direct ouindirect,
sur les
desquamations
de la muqueuse intestinale et ladigestion
des substancesrésultantes. En
effet,
laprésence
de la flore intestinale se traduit par des modifi- cations del’histologie
de la muqueuse, du moins chez les mammifères(rats, souris, cobayes). Comparés
aux animaux sans germes, les animaux normauxprésentent
un
épaississement
desparois intestinales,
uneaugmentation
de lalongueur
de l’in-testin
grêle,
ainsiqu’un
caecum d’une taillebeaucoup plus
faible(voir
la revue deL
UCK E Y
, 19 6 3 ).
La nature des substancesresponsables
de ces modifications n’a pas encore été déterminée. Il en est de même en cequi
concerne la connaissance exacte des substancesdépressives
de la croissance. Mais diverses preuves indirectespermettent
de supposer que cette actiondépressive
s’exerce par le relais du cata- bolisme azoté de la flore(voir
la discussion de ceproblème, F RANÇOIS
et MICHEL,19
64).
Les processus
cataboliques prenant
uneimportance particulière
dans les casde
diarrhée,
ilimporte
de déterminer si lesproduits
dedégradation
formés en quan- titéimportante
sont la cause de celle-ci ou la manifestation d’un transit accéléré.Les recherches en cours visent à
répondre
à cesquestions.
Reçu pour
publication
en octobre 1965.SUMMARY
METABOLISM OF THE INTESTINAL FLORA OF THE PIG.
BREAKDOWN OF L- AND D-FOR3IS OF AMINO ACIDS
I
. Total microbial flora taken from the caecum of
pigs
atslaughter
was incubated ira vitro with each of the amino acids tostudy
catabolism of the acids.2
. Conditions for incubation were chosen to resemble as cosely as
possible
the conditions in the intestinal contents, withpII
about 6, Eh about - 250 mV and microbial concentration 2gdry weight
per litre. r111 the L forms of the amino acids were broken downby
deamination and decar-boxylation.
The rate of breakdowndepended
on theparticular
amino acid : serine 100p. 100 in 16 hours,
glutamic
acid ioo, histidine 98,aspartic
acid 78, arginine 72, threonine 62 p. 100. The other amino acids were broken down moreslowly,
from 20to 50p. ioo.3
. Substances
resulting
from the catabolism were NH3, COz,eventually
HaS, differentorganic
acids and amines.
Lysine-cadaverine ;
omithine-putrescine ;arginine >citrulline,
agmatine,putrescine
and ornithine ; histidine -+ histamine and urocanic acid ;tyrosine
!tyramine ;
trypto- phan -j indole andtryptamine.
The other amino acids were first deaminated then the carbon residues were broken down in their turn.4
.
Only
the L forms of the essential amino acids were broken downby
the flora, to the exclusion of the D forms, except in the case of D-methionine. D forms of the semi-essential and other unclas- sified amino acids were broken down, but more slowly than the L forms.5
. The catabolic
activity,
estimated in alarge
number of animals, differedwidely
betweenseasons ; the rate of breakdown of
arginine
was four times as great in summer as in winter.6. All the
products
of microbial catabolism of amino acids were found in the intestine of the live animal. Their eventual effects on the metabolism of the host are discussed.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A LBAN È
SE A. A., F’RANI<sToN J. K, 1RBi V., 1945. Thé utilization of d-aminoacids by man. J. Biol.
Chem., 160, 44r-I47!
C
ALET C., 1960. Contribution à l’étude de l’eihcacité des formes L et DL de la lysine pour la croissance du poussin. Ann. Nutr. Alintent., 14, 287-290.
CoNWAY E. J., 1957. Microdidzision analysis and volumetric erroy. Crosby Lockwood, London, 4th ed.
D
ICKINSON A., 1061. Travaux de la Commission des antibiotiques du C. N. E. R. N. A..4nM..V;<<)-. Alim.
15, 8 4 - 90 . E L -S
IIAZLY K., 1952. Degradation of protein in the rumen of the sheep. Biochem. J., 51, 64o-653- F
RANÇOIS A. C., MICHEL 1BI. C., ig6o. Effets métaboliques de certaines flores digestives. Conséquences
nutritionnelles. Cahiers du Collège de .Médecine, 12, 949-955-
F
RANÇOIS A. C., NlICIIEL M. C., 1964. Flore du tractus digestif et nutrition de l’hôte. Rôle des antibio-
tiques. Symposium sur la digestion des protéines. Glasgow.
GALE E. F., 1946. ’l’he bacterial aminoacid decarboxylase. &dquo;.1dvances in linoymology, 6, 1-32.
G
ORDON R. S., SIZER I. W., r955. Thé biological equivalence of methionine hydroxy analogue. Poultry Sci., 34, 1198.
H
UANG Ii. T., DAVISSON J. W., 1958. Distribution of lysine racemase in bacteria. J. Bacieriol., 76, 495-
K N IV E
TT J. A., r96o. The bacterial degradation of arginine. Biochimie comparée des acides aminés basiques,
Cancarneau. Éditions du C. N. R. S., 24!-260.
LnxsoN N. L., HiLL E. G., 1960. Amiiie formation and metabolic activity of microorganisms in the
ileum of youug swine fed chlortetracycline. J. Bacteyiol., 80, 188-192.
L
EWIS D., 1955. Atiiiiio-!tcid nietal)olisiii in the rumen of the shcep. /1rit. j..Î’«1;., 9, zm!-z31.
L E
ws T. R., Emmy R. S., 1062. Relative desamination rates ofamino-acids by rumen inicroorgani;ills.
J. Dairy Sci., 45, 765-768.
Luc KEY T. D., io6.3. G’ernz-Jree lilé, and guolobio!ogv..-Bcademic Press., Vew York.
LuDVmsrV J. 13., Tnortr3Fr (;., r9C,t. Fermentatinn iii the cècnm of pigs. T!III Iu/ema/10- nnlrr 7’ierzuclalhon,!ress, 77!/!!!/!’!.
AÍ
EISIKOBYICZ J., Jorravssos K. R., 1955. Formation of aminés Iwintestinal microorganisms and the
influence of tetracycline. J. Exper. ille(l., 101, 5°7-517. M
ICHEL M. C., 1061 a. Activité métabolique de la flore totale isolée de l’intestin du Porc. Rôle des diffé- rentes espèces microbiennes. JM):. Biol. auim. Riocit. l3io/!Ites., 1, r6-a8.
M
ICHEL M. C., io6i c. Dosage de l’azote amiué dans quelques liquides biologiques. ,4nn. Riol. anim.
Bioclz. Rioplays., 1, 2-)8-2!!.
MICHEL !1. C., SACQUET E., 1965. Acides amine’s du contenu intestinal et leurs produits de décomposition
chez le rat aseptique et conventionnel. Internatinnales .V/Af’ooto/0!;:’!<’/!f.<..S’yH;/)f).<:MM!. l’ostd!Lin (sous presse).
M I
CHEL 1I. C., 10(!!BNDr-,T C., $:’L810N-1.hfll.E<§NÉIFR 1!., At’MA[TRE A., FRAXÇOIS _4. C., 1964. Influence de l’acrylate de sodium sur la croissance du 1>orcelet. _4rzn. Zontech., 13, 34i-,3,!o.
MOO R
E J. IL, TYLER (’., J 955. Studios on the intestinal absorption and excrétion of calcium and phos- phorus in the pig. iii,il. J. N’rstr., 9, 8r.
WU RMS
ER R., 19_1$. 1.’àl<’cl;0nCfiZ>llà dans la chimie des cellrrles. Hermann et Cie, Paris.