NOTE
VARIATIONS DANS LA TENEUR EN ADN DE DEUX POPULATIONS DE SPERMATOZOÏDES
DE TAUREAU SÉPARÉES PAR SÉDIMENTATION
C. ESNAULT R. ORTAVANT E. SCHILLING
J.
C. NICOLLE Geneviève RADERNACHER( 1
)
Laboratoire dePhysiologie
de laReproduction,
Centre de Recherches de
Tours,
37 -Nouzilly
Institut national de la Recherche
agronomique (
2
)
Max-Plank-Institutfür
Tierzucht undTiere;,nâhruitg
Mariensee Trenthorst
Les
spermatozoïdes
de Taureaupeuvent
êtreséparés
enplusieurs populations
par sédimen- tation dans un milieu de viscosité et depoids spécifique
déterminés(SCHILLING, 19 6 5 ).
Les frac-tions inférieures sont constituées de
spermatozoïdes
dits « lourds » et les fractionssupérieures,
despermatozoïdes
dits «légers
». Des inséminations artificielles effectuées avec ces deuxtypes
despermatozoïdes
n’ont paspermis
à BHATTACHARYAet al.( 19 66)
de constater une modification durapport
des sexes des veauxobtenus ;
par contre, les essais réalisés par SCHILLING( 19 6 5 , 19 66) puis
par KNancx( 19 6 7 , 19 68)
ont abouti à une modificationsignificative
de cerapport.
Onpeut
donc supposer que, dans ces deux derniers cas, la méthode de sédimentation utilisée a
permis
unenrichissement des fractions
séparées,
soit enspermatozoïdes porteurs
du chromosomeX,
soit enspermatozoïdes porteurs
du chromosome Y. SCHILLING et al.(m!67), puis
KNAACK( 19 68)
ontobservé des différences de taille entre les
spermatozoïdes
des fractions « lourdes » et ceux des fractions «légères
». Il devrait donc êtrepossible
de mettre en évidence une différencefaible,
mais détectable dans la teneur en ADN entre lesspermatozoïdes
des deux fractions(B AKER
etal., 19
6 5
) puisque
chez les Bovins la différence de taille entre les chromosomes X et Y est trèsgrande (M
AKINO
, I944 ).
C’est cequi
a été tenté dans ce travail parmicrospectrophotométrie.
MATERIEL ET MÉTHODES
Les essais ont été effectués au cours de deux séries
d’expériences
réalisées en19 6 7
et19 68
sur leséjaculats de Taureaux.
Laséparation
des différentes fractions(io environ)
a été effectuée selon latechnique
de SCHILLING( 19 6 5 )
et les fractionssupérieures
et inférieures ont étérespecti-
vement
prélevées.
Chacune de celles-cicontient 7
r6 p. 100desspermatozoïdes
de lapopulation
initiale.
Après séparation,
le dilueur a été éliminé parcentrifugation
etlavage ( 2 fois)
à l’aide d’une solution de citrate de sodium à 2,9p. IOO. Lamorphologie
desspermatozoïdes
lavés a été étudiéesur frottis fixés à la flamme ou aux vapeurs de formol et colorés soit au
giemsa,
soit à l’hémato-xyline ferrique,
soit àl’érythrosine,
soit selon latechnique
deFeulgen.
Les dimensions des têtes desspermatozoïdes
ont été déterminées à l’aide d’un micromètre oculaire à X = 1 250ou d’unmicroscope
àprojection ( x
= 2090 ).
Les frottis pour les mesures
d’absorption
en lumière visibleaprès
coloration selon latechnique
de
Feulgen
ou en UV ont étépréparés
en double sur lames de verre ou sur lames dequartz
et fixés aux vapeurs de formolpendant
15 minutes. Les mesuresd’absorption
ont été effectuées surle
microspectrophotomètre
UMSP I Zeiss parbalayage
du noyau entier etintégration
des densitésoptiques (C ASPERSSON ,
CnRLSOrr etSvE:vTssou, 1954 )
selon lestechniques déjà
décrites(B OUTERS
et
al., 1967).
En outre, des mesures ont été effectuées à 280m, pour examiner l’interférence des
protéines
nucléaires
(B ENEKE , r 9 6 5 ; KiEr·ER, 1 9 65).
RÉSULTATS ET DISCUSSION
Les résultats concernant les mesures
microspectrophotométriques
sontrapportés
dans letableau i.
Les teneurs moyennes en ADN-UV des
spermatozoïdes
des deuxpopulations
diffèrentsigni-
ficativement de 3,7 p. ioo.
Systématiquement,
pour chacun des taureaux examinés(à l’exception
d’un seul pour
lequel
les valeurs sontidentiques),
les teneurs en ADN-UV desspermatozoïdes
des fractions « lourdes » sont
plus
élevées que celles desspermatozoïdes
des fractions« légères
».Par
contre,
on n’observe aucune différence dans les teneurs moyennes enADN-Feulgen :
pour chacun destaureaux,
les différences entre les teneurs enADN-Feulgen
desspermatozoïdes
desdeux fractions
séparées
par sédimentation sont tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre.Des
exemples
de discordance entre teneurs en ADN-UV etADN-Feulgen
desspermatozoïdes
ont
déjà
étésignalées (B OUTERS
etal., i96! ;
ESNAULT etal., 19 68)
maischaque
fois on a constatéune constance des résultats obtenus pour l’ADN-UV
comparée
à la variabilité de ceux obtenus pourl’ADN-Feulgen.
La variabilité observée dans ce dernier cas estsupposée plus
reliée à unemodification de structure de l’ADN
qu’à
celle de la teneur desspermatozoïdes
en ADN. Il est donc d’autantplus remarquable
de constater ici une différencesystématique
de la teneur en ADN-UVentre les deux
populations
despermatozoïdes.
Les courbes defréquence
des teneurs en ADN-UV desspermatozoïdes
individuels fontapparaître qu’une partie
au moins desspermatozoïdes
dechacune des
populations
diffère d’unefaçon importante.
Les moyennes des
intégrales
des densitésoptiques
mesurées à 280m sur les deuxpopulations
de
spermatozoïdes
montrent une différence de 4,9 p. IOO. Ceciindique
que lesspermatozoïdes
dela fraction « lourde » contiennent non seulement
plus
d’ADN mais aussiplus
deprotéines
nuclé-aires que ceux de la fraction
« légère
». Cecipeut
être relié au fait que des déterminations d’acides aminés effectuées par l’un de nous montrent une teneur enarginine 4
à8 p.
100plus
élevée dans lesspermatozoïdes
de la fraction «lourde» (SCHILLING
etUZU NO V, 1970 ).
Enfin,
de même que SCHILLING et al.( 19 6 7 )
et KNAACK( 19 68)
l’avaientdéjà trouvé,
la taillemoyenne des
spermatozoïdes
de la fraction «légère
estplus
faible(tabl. 2 ). Cependant,
la diffé-rence
porte,
dans cetravail,
sur lalargeur.
Ainsi,
nous pouvons conclure que les teneurs en ADN et,vraisemblablement,
ennucléopro-
téines des
spermatozoïdes
des fractions « lourdes » et des fractions alégères » séparées
par sédimen- tation sont différentes. Il estpossible
que cette différence soit liée à laprédominance
de sperma- tozoïdes X dans lespremières
et despermatozoïdes
Y dans les autres car elle est de l’ordre degrandeur
de celle calculée par LirrDxnL( 19 6 0 )
et par BnxEx et al.(r 9 6 5 ).
Mais cettehypothèse
reste à démontrer : c’est ce que nous chercherons à faire au cours
d’expériences
futures.Reçu pour publication
enjanvier
1970.SUMMARY
DIFFERENCES IN DNA CONTENTS OF TWO BULL SPERM POPULATIONS SEPARATED BY SEDIMENTATION Several
populations
of bull sperm wereseparated by
sedimentation.U. V.
microspectrophotometric ( 2 6 5 mii)
measurements on the heaviest v.lightest
fractionsgave evidence for a 3. p. ioo lower rate of UV-DNA in the
lightest
fraction. This difference isstatistically significant.
On thecontrary,
no difference was noticed in the average rates of Feul- gen DNA.There was a 4. 9p. 100difference between the two sperm
populations
in the means of inte-grals
ofoptical
densities at 280 m!,.The differences noticed acn
possibly
be due to thegreater
number of X-chromosomebearing spermatozoa
in the lower fraction v. Y-chromosomebearing spermatozoa
in the upper one.ZUSAMMENFASSUNG
UNTERSCHIEDE IN DEM DNS-GEHALT VON ZWEI DURCH EIN
SEDIMENTATIONSVERFAHREN GETRENNENTEN
SPERMIENBESTÄNDEN
VON BULLEN Durch ein Sedimentationsverfahren könnenSpermien
von Bullen in schwere und leichte Formengetrennt
werden. SchwereSpermien
aus unteren Fraktionen werendurchwag länger
undbreiter und
Befruchtungen
mit ihnen führten zu einem höheren Anteil weiblicherKälber, kleinere,
leichtere
Spermien
zu mehr männlichen. In dieserUntersuchung
wurdeermittelt,
dass der UV- DNS-Gehalt der schwerenSpermien
durchschnittlich 3,7%
höher war als für leichteSpermien.
Die
Messung
derFeulgen-DNS
erbrachte soeindeutige Ergebnisse
nicht-die Werte für einzelne Bullen waren sehr unterschiedlich. Bei 280 mgbetrug
der Unterschied in deroptischen
Dichte4s9
% zugunsten
der schwerenSpermien.
Dadurch wirdaufgezeigt,
dass schwereSpermien
aussereinem höheren DNS-Gehalt auch mehr
Nucleoproteide
besitzen. Es istmöglich,
dass die gemesse-nen Unterschiede zwischen beiden
Spermienformen
z. T. durch das Vorhandensein des X-odery-Chromosoms
verursacht werden. Doch ist dieseHypothese
inzukünftigen Untersuchungen
exakt zu beweisen.
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