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clin d'œil étymologique

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Academic year: 2022

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3 Juillet-Août 2021 L'ACTUALITÉ CHIMIQUE N° 464

clin d'œil étymologique

Le mot xanthine est formé sur le grec xanthos, « jaune », tout comme le nom des xanthates, le plus souvent jaunes (cf. L’Act.

Chim. n° 432). Ce nom xanthine a plusieurs usages en chimie, mais il s’applique principalement à une molécule d’une importance considérable dans le métabolisme humain, et dont il est question dans la suite.

La xanthine et l’acide urique

Le médecin et chimiste genevois Marcet (1770-1822), devenu citoyen britannique en 1800, a travaillé à l’hôpital londonien de Finsbury, particulièrement avancé en matière de chimie médicale. Il découvre alors dans un calcul urinaire une substance nouvelle, qui donne un résidu jaune par traitement à l’acide nitrique. Dans son Essay on the Chemical History and Medical Treatment of Calculous Disorders de 1817, il nomme cette substance xanthic oxide, soit en allemand Xanthoxyd, que le chimiste allemand L.  Gmelin remplace en 1852 par Xanthin, d’où xanthine en anglais et français. Deux ans plus tôt, le chimiste allemand Scherer avait découvert une molécule voisine, qu’il avait nommée Hypoxanthin, soit hypoxanthine en anglais et français.

Ces molécules sont très proches de l’acide urique, découvert également dans un calcul urinaire par le chimiste suédois Scheele en 1776 sous le nom d’acide lithique, puis nommé acide urique par Fourcroy et Vauquelin en 1799.

Hypoxanthine, xanthine et acide urique.

Dans le métabolisme humain, l’hypoxanthine est normalement oxydée en xanthine et la xanthine en acide urique sous l’effet d’une enzyme, la xanthine oxydase (XO). La xanthinurie est une maladie génétique rare qui provient d’un manque de XO.

La xanthine et les bases des acides nucléiques

Les chimistes ont étudié également le guano, c’est-à-dire les excréments d’oiseaux, de chauves-souris ou même de serpents.

Fourcroy et Vauquelin y retrouvent l’acide urique, puis le chimiste allemand Unger y découvre en 1842 une substance nouvelle qu’il nomme xanthine de guano, renommée ensuite guanine, et identifiée comme l’une des bases des acides nucléiques en 1880 par le chimiste allemand A. Kossel. En 1885, ce dernier découvre dans un extrait de pancréas une autre base d’acide nucléique qu’il nomme adénine, du grec adenos, « glande », étant donné que cette molécule ne se trouve pas seulement dans le pancréas (du grec pankreas, de pan, « tout », et kreas, « chair », attesté dans l’Histoire des animaux d’Aristote, la totalité de cet organe ayant la consistance de la chair).

La xanthine et les café, thé, chocolat

Enfin, lors de ses travaux effectués de 1882 à 1906, Fischer montre que la xanthine fait partie d’une importante famille de molécules construites sur le même squelette moléculaire, qu’il nomme purine (cf. L’Act. Chim. n° 427-428).

Ainsi par exemple, la xanthine est une dihydro- purine-dicétone, cependant que l’adénine est une amino- purine. La xanthine, l’acide urique, sont en effet des produits de dégradation des bases nucléiques dans l’organisme.

Plus étonnant peut-être, Fischer montre que la caféine (ou théine, du café et du thé), la théophylline (du thé) et la théobromine (du chocolat) sont aussi des molécules puriques, et plus précisément des méthyl-xanthines. Ainsi par exemple, la caféine est une triméthyl-xanthine.

Rappelons que le nom du thé apparaît dans théine et théophylline, mais pas dans théobromine, qui vient du nom de genre du cacaoyer, Theobroma, c’est-à-dire « nourriture divine », le chocolat ayant été une boisson sacrée chez les Aztèques.

Épilogue

La xanthine de cet article est différente des xanthophylles, nommées aussi xanthines végétales, qui colorent les végétaux en jaune comme les chlorophylles les colorent en vert. Ces molécules constituent une tout autre famille chimique appartenant aux caroténoïdes. De telles xanthines végétales sont des additifs alimentaires, comme la zéaxanthine (extraite du maïs) ou la flavoxanthine, un colorant alimentaire doublement jaune puisque flavo- vient du latin flavus,

« jaune ».

À propos de la xanthine

Pierre AvenAs,

ex directeur de la R & D dans l’industrie chimique.

pier.avenas@orange.fr Guanine (G) et adénine (A).

Purine.

Des molécules puriques dans le café, le thé et le chocolat.

Xanthine : R1 = R2 = R3 = H  Caféine : R1 = R2 = R3 = CH3  Thébromine : R1 = H, R2 = R3 = CH3  Théophylline : R1 = R2 = CH3, R3 = H  Paraxanthine : R1 = R3 = CH3, R2 = H

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