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Dans sa globalité, et de façon apparente, le marché

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Academic year: 2022

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(1)

le marcHé des commerces en france : nouveauX

défis et nouveauX enJeuX

Par emmanuel ducasse, responsable développement études immobilières à crédit foncier études.

3

4.1 / introduction

S

ur fond de restriction des budgets des ménages, les circuits de distribution négocient aujourd’hui un tour- nant historique : la distinction centenaire entre com- merce de quartier et grande distribution est mise à mal par l’arrivée du commerce sur Internet. Ce n’est plus en termes d’opposition entre l’e-commerce et le commerce en magasin qu’il faut envisager la restructuration de l’immobilier com- mercial. De nouvelles habitudes de consommation se font jour, qui mêlent désormais et sans les opposer différents canaux de distribution.

Lorsque ces évolutions seront arrivées à leur terme, il conviendra de repenser l’immobilier commercial selon des critères peut-être très différents de ceux qui prévalent actuellement. si le marché se porte bien aujourd’hui, c’est sur des fondamentaux qui ne seront peut-être plus ceux de demain.

4.2/ le marcHé locatif

D

ans sa globalité, et de façon apparente, le mar- ché primaire de l’immobilier commercial affiche en effet une tendance légèrement positive, sans contradiction avec un contexte économique dégradé.

TENDANCES GÉNÉRALES

Un marché perturbé et en mutation

On se souvient que l’année 2010 avait été globalement satis- faisante pour la consommation, avec un chiffre de progres- sion de + 1,3 %, étant observé que le commerce spécialisé s’était montré plus dynamique que le commerce non spé- cialisé.

Les premiers mois de 2011 sont restés sur la même tendance, mais dès la fin du premier semestre 2011 s’est manifesté un ralentissement de la consommation des ménages (– 0,7 %), lié à une dégradation de la situation économique ressentie avant même la crise financière de l’été.

au second semestre 2011, les prévisions à la baisse de PIb et l’affaiblissement de la confiance des ménages ont laissé la place à une consommation atone dès septembre. Entre rigueur budgétaire et faible accroissement démographique,

les nouvelles prévisions de croissance de la consommation, sans évoquer encore le spectre de la récession, sont désor- mais fort prudentes pour 2012 et 2013 (+ 0,7 % et + 1,2 %).

« Fly to quality » : la course aux meilleurs emplacements ne connaît pas la crise

Pour les meilleurs emplacements, et eux seuls, l’offre se montre très insuffisante face aux appétits féroces des enseignes. La propension de ces dernières à se concen- trer sur les artères les plus animées n’est certes pas une nouveauté : renforcée depuis une vingtaine d’années par le développement des marques et des « enseignes », la concen- tration en centre-ville des activités commerciales à forte marge avait succédé à la fin des années 1980 à une première vague de flambée des loyers liée à la volonté des grands réseaux bancaires de se structurer et de mailler le territoire à tout prix.

Le phénomène actuel de concentration sur les artères cen- trales semble désormais moins lié à la stratégie de déve- loppement des enseignes qu’à leur recherche effrénée de diversification et de rationalisation de leurs implantations.

En temps de crise économique, la préférence pour les emplacements de meilleure commercialité traduit surtout une forme d’aversion au risque, voire de repli sur les fonda- mentaux de la sécurité et de la liquidité.

C’est ainsi que, malgré les inquiétudes que tous les acteurs expriment d’un ralentissement de la consommation, se maintiennent des niveaux de loyer extrêmement élevés sur les emplacements n° 1 (voire 1bis), charges locatives qui portent parfois les taux d’effort des preneurs hors limites du raisonnable, et présagent des mouvements locatifs d’impor- tance dans les prochaines années.

Effets de taille

Dans ce contexte perturbé, de nouvelles formes de com- merce plus ciblées tendent à supplanter la consommation de masse (les marketteurs parlent de « commerce de préci- sion »). tous les sondages réalisés auprès des consomma- teurs montrent en effet qu’ils sont de plus en plus nombreux à vouloir consacrer moins de temps à faire leurs courses,

et à éviter de se déplacer sur de grandes distances pour cette activité nécessaire. Il faut y voir la raison du retour des enseignes de moyenne et grande distribution vers le centre- ville : la préférence du moment va vers des magasins de taille plus « humaine » (pour autant que l’on s’accorde sur ce qu’est un magasin à taille « humaine »), qui faciliteraient les courses de proximité, tout en procurant aux clients captifs de ces enseignes une offre alternative aux grandes surfaces de vente habituelles.

Une fois encore, cette mode n’est pas nouvelle : le com- merce de proximité est favorisé par la réduction de la taille des ménages urbains et le vieillissement de la population, phénomène constaté depuis des décennies. Ces évolutions sociétales favorisent en effet l’émergence de nouvelles géné- rations de consommateurs achetant près de leur domicile, en moindre quantité et plus souvent, modèle de consommation en décalage avec la philosophie des centres commerciaux géants de lointaine périphérie. En 2010, 56 % des ménages ont utilisé le commerce de proximité, chiffre s’élevant sans surprise à 75 % en Île-de-France.

Les courses de la facilité

C’est le même esprit qui favorise l’essor du « drive » (il s’agit de courses effectuées à domicile sur catalogue puis enlevées sur place un peu après la commande). La formule affiche un succès insolent avec la conquête de 1,3 % de part de marché (en juillet 2011), malgré seulement 150 points de vente. Directement importé des États-Unis, le drive était encore pratiquement inexistant en France avant 2010, mais se permet désormais de supplanter le commerce en ligne des produits de grande consommation (plus trivialement la livraison à domicile). D’une façon générale, l’engouement pour l’e-commerce ne cesse de se confirmer : près de 60 % des consommateurs déclarent acheter en ligne. Il semble- rait même que la France soit l’un des pays les plus dyna- miques dans ce domaine : le chiffre d’affaires généré par l’e-commerce a été chiffré à 31 Md€ en 2010, soit 4,5 % de part de marché, et une enquête récente du Credoc estime même que l’e-commerce s’établira à 24 % de parts de mar- ché en 2020.

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le marcHé des commerces en france : nouveauX

défis et nouveauX enJeuX

Par emmanuel ducasse, responsable développement études immobilières à crédit foncier études.

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4.1 / introduction

S

ur fond de restriction des budgets des ménages, les circuits de distribution négocient aujourd’hui un tour- nant historique : la distinction centenaire entre com- merce de quartier et grande distribution est mise à mal par l’arrivée du commerce sur Internet. Ce n’est plus en termes d’opposition entre l’e-commerce et le commerce en magasin qu’il faut envisager la restructuration de l’immobilier com- mercial. De nouvelles habitudes de consommation se font jour, qui mêlent désormais et sans les opposer différents canaux de distribution.

Lorsque ces évolutions seront arrivées à leur terme, il conviendra de repenser l’immobilier commercial selon des critères peut-être très différents de ceux qui prévalent actuellement. si le marché se porte bien aujourd’hui, c’est sur des fondamentaux qui ne seront peut-être plus ceux de demain.

4.2/ le marcHé locatif

D

ans sa globalité, et de façon apparente, le mar- ché primaire de l’immobilier commercial affiche en effet une tendance légèrement positive, sans contradiction avec un contexte économique dégradé.

TENDANCES GÉNÉRALES

Un marché perturbé et en mutation

On se souvient que l’année 2010 avait été globalement satis- faisante pour la consommation, avec un chiffre de progres- sion de + 1,3 %, étant observé que le commerce spécialisé s’était montré plus dynamique que le commerce non spé- cialisé.

Les premiers mois de 2011 sont restés sur la même tendance, mais dès la fin du premier semestre 2011 s’est manifesté un ralentissement de la consommation des ménages (– 0,7 %), lié à une dégradation de la situation économique ressentie avant même la crise financière de l’été.

au second semestre 2011, les prévisions à la baisse de PIb et l’affaiblissement de la confiance des ménages ont laissé la place à une consommation atone dès septembre. Entre rigueur budgétaire et faible accroissement démographique,

les nouvelles prévisions de croissance de la consommation, sans évoquer encore le spectre de la récession, sont désor- mais fort prudentes pour 2012 et 2013 (+ 0,7 % et + 1,2 %).

« Fly to quality » : la course aux meilleurs emplacements ne connaît pas la crise

Pour les meilleurs emplacements, et eux seuls, l’offre se montre très insuffisante face aux appétits féroces des enseignes. La propension de ces dernières à se concen- trer sur les artères les plus animées n’est certes pas une nouveauté : renforcée depuis une vingtaine d’années par le développement des marques et des « enseignes », la concen- tration en centre-ville des activités commerciales à forte marge avait succédé à la fin des années 1980 à une première vague de flambée des loyers liée à la volonté des grands réseaux bancaires de se structurer et de mailler le territoire à tout prix.

Le phénomène actuel de concentration sur les artères cen- trales semble désormais moins lié à la stratégie de déve- loppement des enseignes qu’à leur recherche effrénée de diversification et de rationalisation de leurs implantations.

En temps de crise économique, la préférence pour les emplacements de meilleure commercialité traduit surtout une forme d’aversion au risque, voire de repli sur les fonda- mentaux de la sécurité et de la liquidité.

C’est ainsi que, malgré les inquiétudes que tous les acteurs expriment d’un ralentissement de la consommation, se maintiennent des niveaux de loyer extrêmement élevés sur les emplacements n° 1 (voire 1bis), charges locatives qui portent parfois les taux d’effort des preneurs hors limites du raisonnable, et présagent des mouvements locatifs d’impor- tance dans les prochaines années.

Effets de taille

Dans ce contexte perturbé, de nouvelles formes de com- merce plus ciblées tendent à supplanter la consommation de masse (les marketteurs parlent de « commerce de préci- sion »). tous les sondages réalisés auprès des consomma- teurs montrent en effet qu’ils sont de plus en plus nombreux à vouloir consacrer moins de temps à faire leurs courses,

et à éviter de se déplacer sur de grandes distances pour cette activité nécessaire. Il faut y voir la raison du retour des enseignes de moyenne et grande distribution vers le centre- ville : la préférence du moment va vers des magasins de taille plus « humaine » (pour autant que l’on s’accorde sur ce qu’est un magasin à taille « humaine »), qui faciliteraient les courses de proximité, tout en procurant aux clients captifs de ces enseignes une offre alternative aux grandes surfaces de vente habituelles.

Une fois encore, cette mode n’est pas nouvelle : le com- merce de proximité est favorisé par la réduction de la taille des ménages urbains et le vieillissement de la population, phénomène constaté depuis des décennies. Ces évolutions sociétales favorisent en effet l’émergence de nouvelles géné- rations de consommateurs achetant près de leur domicile, en moindre quantité et plus souvent, modèle de consommation en décalage avec la philosophie des centres commerciaux géants de lointaine périphérie. En 2010, 56 % des ménages ont utilisé le commerce de proximité, chiffre s’élevant sans surprise à 75 % en Île-de-France.

Les courses de la facilité

C’est le même esprit qui favorise l’essor du « drive » (il s’agit de courses effectuées à domicile sur catalogue puis enlevées sur place un peu après la commande). La formule affiche un succès insolent avec la conquête de 1,3 % de part de marché (en juillet 2011), malgré seulement 150 points de vente. Directement importé des États-Unis, le drive était encore pratiquement inexistant en France avant 2010, mais se permet désormais de supplanter le commerce en ligne des produits de grande consommation (plus trivialement la livraison à domicile). D’une façon générale, l’engouement pour l’e-commerce ne cesse de se confirmer : près de 60 % des consommateurs déclarent acheter en ligne. Il semble- rait même que la France soit l’un des pays les plus dyna- miques dans ce domaine : le chiffre d’affaires généré par l’e-commerce a été chiffré à 31 Md€ en 2010, soit 4,5 % de part de marché, et une enquête récente du Credoc estime même que l’e-commerce s’établira à 24 % de parts de mar- ché en 2020.

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38 ÉTUDES

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La prévision est-elle tenable, et pourra-t-on encore distinguer l’e-commerce de la distribution physique ? Lorsque le proces- sus d’intégration entre les différents canaux de distribution aura atteint son terme, se posera la question du lieu où le chiffre d’affaires est réalisé, et même celle de la localisation de l’acte d’achat : en magasin, à domicile, en mobilité ? En allant encore plus loin, faudra-t-il repenser le concept de la boutique, jusqu’à présent lieu de réalisation de l’acte de consommation, et dont la situation physique détermine la rentabilité ?

Des indices locatifs décorrélés de la conjoncture affectant lourdement les loyers qui arrivent en actualisation, l’ILC (indice des loyers commerciaux) a atteint son plus haut historique, progressant de 2,56 % en rythme annuel au deu- xième trimestre 2011. Instauré par la loi de modernisation de l’économie du 4 novembre 2008, l’ILC fixe la limite de la hausse annuelle de loyer que les propriétaires-bailleurs de locaux à usage commercial sont autorisés à appliquer à chaque date anniversaire de bail. Il est constitué de la somme pondérée d’indices représentatifs de l’évolution des prix à la consommation (IPC, pour 50 %), des prix de la construction neuve (ICC – indice du coût de la construction – pour 25 %) et du chiffre d’affaires du commerce de détail en valeur (ICaV, pour les 25 % restants).

Pour sa part, l’ICC a encore augmenté d’environ 5 % en rythme annuel, du fait notamment de la flambée des matières premières. Cette progression ininterrompue de l’ICC depuis des années a pour effet de déclencher le jeu de l’article L. 145-39 du code de commerce, texte qui prévoit la fixation du loyer à la valeur locative lorsque le jeu de la clause d’échelle mobile a pour effet d’augmenter ou de dimi- nuer le loyer de plus du quart.

Le résultat de cette hausse vertigineuse des coûts tech- niques du bâtiment se traduit donc de façon relativement inattendue par le déplafonnement de quantité de baux en cours. Ce qui entraîne actuellement une vague de renégo- ciations (en forte hausse) ou de fixations judiciaires du loyer de renouvellement sans précédent, mouvement de nature à fragiliser nombre de commerçants indépendants.

Le commerce de périphérie entame une mue nécessaire Le commerce de périphérie – autrement dit la distribution en centres commerciaux – représente actuellement 170 Md€ et environ 42 % du Ca du commerce de détail, chiffres à peu près stabilisés depuis quelques années. Marquant la fin des

« trente glorieuses » de la grande distribution, l’année 2011 avait commencé sur des interrogations au sujet de l’écart croissant entre loyers et rendements réels dans ces espaces commerciaux, confrontés à une baisse de fréquentation.

Non sans optimisme, le CNCC (Conseil national des centres commerciaux) assurait, de son côté, que la moindre fréquen- tation était compensée par une hausse de la consommation.

si l’on regarde en arrière, on voit que le parc des centres commerciaux et celui des retail parks ont progressé de 1,5 % à 1,9 % depuis 2007, quand l’accroissement de population périurbaine ne dépassait guère 1,3 %.

Les perspectives sont moins glorieuses : entre 2011 et 2014, Cushman & Wakefield estime ainsi à 1,6 million de mètres carrés les projets de retail park qui sortiront réellement de terre, sur les 4,8 millions de mètres carrés annoncés dans l’euphorie de la reprise de 2009-2010.

La raison de tout cela est le constat que, sur la quasi-totalité des centres commerciaux récents, inaugurés depuis 2007, les résultats en termes de fréquentation et de chiffre d’affaires sont loin des objectifs, avec pour corollaire la multiplication des renégociations à la baisse des loyers. se dessine de la sorte une nouvelle cartographie des centres commerciaux en fonction de leur ancienneté, et de leur assise économique, les plus jeunes restant d’évidence les plus fragiles. Pourtant, c’est l’ensemble du parc qui est touché, et il arrive désormais que sur des centres plus anciens, des commerçants parviennent à renégocier leurs loyers à la baisse. Ce n’est que le début. Dans les trois ou quatre prochaines années, les valeurs locatives en centres commerciaux pourraient baisser de 10 % à 15 % au fur et à mesure du renouvellement des baux, selon le Procos.

Sauf si l’environnement change…

reste en effet l’éternelle question de l’urbanisme commer- cial, qui pourrait encore modifier la donne. sans doute par effet de balancier, un projet parlementaire entend (re)faire

passer l’urbanisme commercial, sous la coupe des collecti- vités locales, dans le but affiché de prévenir des situations de concurrence « sauvage ». avec l’expérience passée de la loi royer, on imagine qu’une réforme de ce type pourrait réduire à terme tout à la fois la concurrence entre centres commerciaux et l’offre disponible, et donc peser à la hausse sur les loyers pratiqués dans les centres existants.

ÉVOLUTION DES VALEURS LOCATIVES

sur les axes commerciaux majeurs de Paris, elles n’auront jamais été aussi hautes.

Il ne s’agit là pourtant que de la partie émergée de l’iceberg, sur les enseignes et les emplacements n° 1.

Que l’on se garde d’en tirer des généralités sur le commerce traditionnel de pieds d’immeuble.

4.3 / le marcHé de l’investissement

L

à encore, les apparences sont trompeuses car le mar- ché de l’investissement en immobilier commercial affiche une bonne santé. Lorsque le rendement se marie avec la sécurité, les murs commerciaux représentent une valeur-refuge pour des investisseurs que rebutent les loyers minimes de l’immobilier d’habitation et le risque loca- tif accru d’un parc tertiaire en partie obsolescent.

Pour autant, la conjoncture s’annonce plus difficile à décryp- ter pour les investisseurs : moins de crédits bancaires, et donc des effets de levier en baisse, peu d’offres de murs commerciaux de première qualité, des rendements en baisse sur les meilleurs emplacements.

source : marche-immo.com.

VALEURS LOCATIVES À PARIS

Artères Loyers (en € Ht – HC/m2/an – zone a)

Perspectives

Min. Max.

Champs-Élysées 6 000 10 000 =

avenue Montaigne 4 000 10 000 =

bd Haussmann

(secteur grands magasins) 1 500 5 000 k

bd de la Madeleine/bd des Capucines 1 000 3 000 k

avenue de l’Opéra 1 300 3 000 =

rue du faubourg saint-Honoré

(de la rue royale à la place beauvau) 1 500 6 000 =

rue de rivoli

(de l’hôtel de ville à la rue du Louvre) 1 400 3 500 =

rue de rennes 1 000 4 000 =

bd saint-Michel

(de la place saint-Michel à la place soufflot) 1 000 3 000 =

bd saint-Germain

(entre la rue du bac et le carrefour de l’Odéon) 1 400 3 600 k

rue de Passy 1 000 3 100 k

avenue des ternes 500 3 000 k

k Hausse = stabilité

40 LE MARCHÉ DES COMMERCES EN FRANCE ÉTUDES 41

(4)

La prévision est-elle tenable, et pourra-t-on encore distinguer l’e-commerce de la distribution physique ? Lorsque le proces- sus d’intégration entre les différents canaux de distribution aura atteint son terme, se posera la question du lieu où le chiffre d’affaires est réalisé, et même celle de la localisation de l’acte d’achat : en magasin, à domicile, en mobilité ? En allant encore plus loin, faudra-t-il repenser le concept de la boutique, jusqu’à présent lieu de réalisation de l’acte de consommation, et dont la situation physique détermine la rentabilité ?

Des indices locatifs décorrélés de la conjoncture affectant lourdement les loyers qui arrivent en actualisation, l’ILC (indice des loyers commerciaux) a atteint son plus haut historique, progressant de 2,56 % en rythme annuel au deu- xième trimestre 2011. Instauré par la loi de modernisation de l’économie du 4 novembre 2008, l’ILC fixe la limite de la hausse annuelle de loyer que les propriétaires-bailleurs de locaux à usage commercial sont autorisés à appliquer à chaque date anniversaire de bail. Il est constitué de la somme pondérée d’indices représentatifs de l’évolution des prix à la consommation (IPC, pour 50 %), des prix de la construction neuve (ICC – indice du coût de la construction – pour 25 %) et du chiffre d’affaires du commerce de détail en valeur (ICaV, pour les 25 % restants).

Pour sa part, l’ICC a encore augmenté d’environ 5 % en rythme annuel, du fait notamment de la flambée des matières premières. Cette progression ininterrompue de l’ICC depuis des années a pour effet de déclencher le jeu de l’article L. 145-39 du code de commerce, texte qui prévoit la fixation du loyer à la valeur locative lorsque le jeu de la clause d’échelle mobile a pour effet d’augmenter ou de dimi- nuer le loyer de plus du quart.

Le résultat de cette hausse vertigineuse des coûts tech- niques du bâtiment se traduit donc de façon relativement inattendue par le déplafonnement de quantité de baux en cours. Ce qui entraîne actuellement une vague de renégo- ciations (en forte hausse) ou de fixations judiciaires du loyer de renouvellement sans précédent, mouvement de nature à fragiliser nombre de commerçants indépendants.

Le commerce de périphérie entame une mue nécessaire Le commerce de périphérie – autrement dit la distribution en centres commerciaux – représente actuellement 170 Md€ et environ 42 % du Ca du commerce de détail, chiffres à peu près stabilisés depuis quelques années. Marquant la fin des

« trente glorieuses » de la grande distribution, l’année 2011 avait commencé sur des interrogations au sujet de l’écart croissant entre loyers et rendements réels dans ces espaces commerciaux, confrontés à une baisse de fréquentation.

Non sans optimisme, le CNCC (Conseil national des centres commerciaux) assurait, de son côté, que la moindre fréquen- tation était compensée par une hausse de la consommation.

si l’on regarde en arrière, on voit que le parc des centres commerciaux et celui des retail parks ont progressé de 1,5 % à 1,9 % depuis 2007, quand l’accroissement de population périurbaine ne dépassait guère 1,3 %.

Les perspectives sont moins glorieuses : entre 2011 et 2014, Cushman & Wakefield estime ainsi à 1,6 million de mètres carrés les projets de retail park qui sortiront réellement de terre, sur les 4,8 millions de mètres carrés annoncés dans l’euphorie de la reprise de 2009-2010.

La raison de tout cela est le constat que, sur la quasi-totalité des centres commerciaux récents, inaugurés depuis 2007, les résultats en termes de fréquentation et de chiffre d’affaires sont loin des objectifs, avec pour corollaire la multiplication des renégociations à la baisse des loyers. se dessine de la sorte une nouvelle cartographie des centres commerciaux en fonction de leur ancienneté, et de leur assise économique, les plus jeunes restant d’évidence les plus fragiles. Pourtant, c’est l’ensemble du parc qui est touché, et il arrive désormais que sur des centres plus anciens, des commerçants parviennent à renégocier leurs loyers à la baisse. Ce n’est que le début. Dans les trois ou quatre prochaines années, les valeurs locatives en centres commerciaux pourraient baisser de 10 % à 15 % au fur et à mesure du renouvellement des baux, selon le Procos.

Sauf si l’environnement change…

reste en effet l’éternelle question de l’urbanisme commer- cial, qui pourrait encore modifier la donne. sans doute par effet de balancier, un projet parlementaire entend (re)faire

passer l’urbanisme commercial, sous la coupe des collecti- vités locales, dans le but affiché de prévenir des situations de concurrence « sauvage ». avec l’expérience passée de la loi royer, on imagine qu’une réforme de ce type pourrait réduire à terme tout à la fois la concurrence entre centres commerciaux et l’offre disponible, et donc peser à la hausse sur les loyers pratiqués dans les centres existants.

ÉVOLUTION DES VALEURS LOCATIVES

sur les axes commerciaux majeurs de Paris, elles n’auront jamais été aussi hautes.

Il ne s’agit là pourtant que de la partie émergée de l’iceberg, sur les enseignes et les emplacements n° 1.

Que l’on se garde d’en tirer des généralités sur le commerce traditionnel de pieds d’immeuble.

4.3 / le marcHé de l’investissement

L

à encore, les apparences sont trompeuses car le mar- ché de l’investissement en immobilier commercial affiche une bonne santé. Lorsque le rendement se marie avec la sécurité, les murs commerciaux représentent une valeur-refuge pour des investisseurs que rebutent les loyers minimes de l’immobilier d’habitation et le risque loca- tif accru d’un parc tertiaire en partie obsolescent.

Pour autant, la conjoncture s’annonce plus difficile à décryp- ter pour les investisseurs : moins de crédits bancaires, et donc des effets de levier en baisse, peu d’offres de murs commerciaux de première qualité, des rendements en baisse sur les meilleurs emplacements.

source : marche-immo.com.

VALEURS LOCATIVES À PARIS

Artères Loyers (en € Ht – HC/m2/an – zone a)

Perspectives

Min. Max.

Champs-Élysées 6 000 10 000 =

avenue Montaigne 4 000 10 000 =

bd Haussmann

(secteur grands magasins) 1 500 5 000 k

bd de la Madeleine/bd des Capucines 1 000 3 000 k

avenue de l’Opéra 1 300 3 000 =

rue du faubourg saint-Honoré

(de la rue royale à la place beauvau) 1 500 6 000 =

rue de rivoli

(de l’hôtel de ville à la rue du Louvre) 1 400 3 500 =

rue de rennes 1 000 4 000 =

bd saint-Michel

(de la place saint-Michel à la place soufflot) 1 000 3 000 =

bd saint-Germain

(entre la rue du bac et le carrefour de l’Odéon) 1 400 3 600 k

rue de Passy 1 000 3 100 k

avenue des ternes 500 3 000 k

k Hausse = stabilité

40 LE MARCHÉ DES COMMERCES EN FRANCE ÉTUDES 41

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UN INVESTISSEMENT TOUJOURS DYNAMIQUE EN IMMOBILIER COMMERCIAL

L’investissement commercial toujours en état de grâce ? Dans un contexte d’incertitudes croissantes, on retrouve de façon très parallèle les tendances constatées par ailleurs sur l’immobilier tertiaire :

◗ les investisseurs tendent à se concentrer sur les actifs les plus sécurisés (qualité de la signature du preneur, baux à durée ferme, localisation de première qualité, etc.) ;

◗ tandis que le marché des actifs plus secondaires semble se bloquer progressivement.

À fin septembre 2011, 1,4 Md€ ont été investis dans le com- merce, chiffre qui accuse une baisse conséquente par rap- port à 2010 (2,7 Md€ sur l’ensemble de l’année).

Mais la part de marché du commerce dans l’investissement immobilier reste stable, autour de 17 % des montants inves- tis, voire en progression sur la moyenne des dix dernières années. La proportion demeure faible dans l’absolu par rap- port à la situation qui prévaut en Italie (58 %), en allemagne ( 52 %) ou même aux Pays-bas (35 %).

Ce n’est pas tant l’intérêt des investisseurs pour le com- merce qui a faibli, que le volume des transactions d’en- vergure, notamment sur le segment des centres commer- ciaux. La cause en est imputable à la raréfaction de l’offre de centres commerciaux prime, qui favorise par ailleurs la baisse des taux de rendement pour cette classe d’actifs.

LES COMMERCES EN PIED D’IMMEUBLE Les fondamentaux rassurent

Les investisseurs le savent bien et capitalisent sur cette ten- dance de fond : les commerces de centre-ville sont plus que jamais plébiscités par les « enseignes », lesquelles évincent peu à peu les commerçants indépendants, incapables de sup- porter des hausses de loyer trop fortes dans un contexte de chiffre d’affaires stagnant, voire récessif.

bref, un emplacement n° 1 ne représente pas seulement un risque locatif minimisé, mais aussi la quasi-certitude d’une amélioration du loyer à moyen ou long terme, et donc d’une plus-value. Pas étonnant, dans ces conditions, que les bou- tiques de centre-ville et de pied d’immeuble aient profité

des liquidités sur le marché pour continuer de s’échanger à un rythme soutenu, néanmoins plus modéré qu’en 2010. Et, conséquence d’une distribution de crédit moins abondante que par le passé, ce sont les investisseurs les mieux dotés en fonds propres qui ont animé ce marché avec opportunisme, en particulier les institutionnels ou les sCPI ayant bénéficié d’un bon niveau de collecte.

Pour les meilleurs emplacements parisiens, les taux de ren- dement prime se situent autour de 4,5 % (– 25 points de base par rapport à la fin 2010), surenchère qui traduit l’appétit des investisseurs tout autant que la rareté de l’offre.

sur les emplacements parisiens secondaires, 100 à 150 pb sup- plémentaires sont couramment acceptés, soit des rendements nets de 5,5 % à 6 %, également en baisse sur 2011.

Dans la plupart des métropoles de province, la baisse des taux est spectaculaire sur un an, entre 50 et 75 pb, avec des rendements nets tombés autour de 5,5 % (hors transactions exceptionnelles) pour les situations les plus appréciées, et jusqu’à 6,5 % à 7 % pour les situations secondaires.

au vu des rendements constatés en immobilier tertiaire, pas nécessairement plus sécurisé, on conçoit que les murs de boutique – même dispersés – restent un produit-phare dans tout patrimoine diversifié.

LE SEGMENT DES CENTRES COMMERCIAUX Un secteur en mutation structurelle

Malgré la baisse des volumes investis, les centres com- merciaux restent très recherchés par les investisseurs : sauf cas particuliers, les centres portent leur propre dynamique commerciale et lorsque celle-ci est établie, présentent des fondamentaux sains, et affichent un bon dynamisme des enseignes.

Cette forme de distribution totalise aujourd’hui un peu plus de 710 centres et 32 000 points de vente (chiffres de juin 2010) et représente le quart du chiffre d’affaires du commerce de détail. Mais ce segment a connu son heure de gloire, et la grande distribution subit aujourd’hui de plein fouet la mode du rapprochement des commerces vers le consommateur sur laquelle surfent les nouveaux concepts de distribution en centre-ville.

Pas question pour autant de laisser la place libre aux com- merces de proximité, dont une part croissante se structure en puissantes chaînes de franchisés. apparu timidement il y a déjà des années émerge peu à peu le concept de centres commerciaux urbains, de taille nécessairement plus réduite et avec une offre réorientée sur l’alimentaire et le service, au détriment de l’équipement de la maison.

Cette première réponse de la grande distribution à la crise de son modèle se conjugue à une floraison de nouveaux

modes et canaux de vente, présentés comme une améliora- tion du service rendu à la clientèle.

ainsi, l’exemple du drive, qui permet à une clientèle pressée de commander ses courses sur le Net pour les récupérer en voiture le plus rapidement possible, est porteur d’enseigne- ments pour l’avenir.

On pourrait le prendre pour un avatar un tantinet désuet du drive-in des années 1950 ; grave erreur ! Ce serait oublier qu’il ouvre la porte du marché des produits alimentaires à MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT DANS LES HAUTS-DE-SEINE au 30/06/2011

Boutiques taux de rendement net immédiat plancher

Secteurs recherchés Autres secteurs

% Variation en points de base depuis

le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché % Variation

en points de base depuis le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché

Levallois-Neuilly 6,00 – 75 = 7,00 – 75 =

boulogne 6,00 – 75 = 7,50 – 50 =

Issy-les-Moulineaux 5,75 – 75 = 7,50 – 50 =

rueil-Malmaison 6,25 – 25 = 7,25 – 25 =

MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT EN RÉGIONS AU 30/06/2011

Boutiques taux de rendement net immédiat plancher

Secteurs recherchés Autres secteurs

% Variation en points de base depuis

le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché % Variation

en points de base depuis le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché

Lyon 5,50 – 50 = 7,00 – 75 =

Marseille 5,75 – 50 = 7,25 – 25 =

bordeaux 5,00 – 50 k 6,75 – 25 k

toulouse 5,25 – 25 = 7,00 0 =

Nantes 6,00 – 50 = 7,25 – 25 =

Lille 5,50 – 10 = 7,50 – 75 =

source : marche-immo.com

k Hausse = stabilité

42 LE MARCHÉ DES COMMERCES EN FRANCE ÉTUDES 43

(6)

UN INVESTISSEMENT TOUJOURS DYNAMIQUE EN IMMOBILIER COMMERCIAL

L’investissement commercial toujours en état de grâce ? Dans un contexte d’incertitudes croissantes, on retrouve de façon très parallèle les tendances constatées par ailleurs sur l’immobilier tertiaire :

◗ les investisseurs tendent à se concentrer sur les actifs les plus sécurisés (qualité de la signature du preneur, baux à durée ferme, localisation de première qualité, etc.) ;

◗ tandis que le marché des actifs plus secondaires semble se bloquer progressivement.

À fin septembre 2011, 1,4 Md€ ont été investis dans le com- merce, chiffre qui accuse une baisse conséquente par rap- port à 2010 (2,7 Md€ sur l’ensemble de l’année).

Mais la part de marché du commerce dans l’investissement immobilier reste stable, autour de 17 % des montants inves- tis, voire en progression sur la moyenne des dix dernières années. La proportion demeure faible dans l’absolu par rap- port à la situation qui prévaut en Italie (58 %), en allemagne ( 52 %) ou même aux Pays-bas (35 %).

Ce n’est pas tant l’intérêt des investisseurs pour le com- merce qui a faibli, que le volume des transactions d’en- vergure, notamment sur le segment des centres commer- ciaux. La cause en est imputable à la raréfaction de l’offre de centres commerciaux prime, qui favorise par ailleurs la baisse des taux de rendement pour cette classe d’actifs.

LES COMMERCES EN PIED D’IMMEUBLE Les fondamentaux rassurent

Les investisseurs le savent bien et capitalisent sur cette ten- dance de fond : les commerces de centre-ville sont plus que jamais plébiscités par les « enseignes », lesquelles évincent peu à peu les commerçants indépendants, incapables de sup- porter des hausses de loyer trop fortes dans un contexte de chiffre d’affaires stagnant, voire récessif.

bref, un emplacement n° 1 ne représente pas seulement un risque locatif minimisé, mais aussi la quasi-certitude d’une amélioration du loyer à moyen ou long terme, et donc d’une plus-value. Pas étonnant, dans ces conditions, que les bou- tiques de centre-ville et de pied d’immeuble aient profité

des liquidités sur le marché pour continuer de s’échanger à un rythme soutenu, néanmoins plus modéré qu’en 2010. Et, conséquence d’une distribution de crédit moins abondante que par le passé, ce sont les investisseurs les mieux dotés en fonds propres qui ont animé ce marché avec opportunisme, en particulier les institutionnels ou les sCPI ayant bénéficié d’un bon niveau de collecte.

Pour les meilleurs emplacements parisiens, les taux de ren- dement prime se situent autour de 4,5 % (– 25 points de base par rapport à la fin 2010), surenchère qui traduit l’appétit des investisseurs tout autant que la rareté de l’offre.

sur les emplacements parisiens secondaires, 100 à 150 pb sup- plémentaires sont couramment acceptés, soit des rendements nets de 5,5 % à 6 %, également en baisse sur 2011.

Dans la plupart des métropoles de province, la baisse des taux est spectaculaire sur un an, entre 50 et 75 pb, avec des rendements nets tombés autour de 5,5 % (hors transactions exceptionnelles) pour les situations les plus appréciées, et jusqu’à 6,5 % à 7 % pour les situations secondaires.

au vu des rendements constatés en immobilier tertiaire, pas nécessairement plus sécurisé, on conçoit que les murs de boutique – même dispersés – restent un produit-phare dans tout patrimoine diversifié.

LE SEGMENT DES CENTRES COMMERCIAUX Un secteur en mutation structurelle

Malgré la baisse des volumes investis, les centres com- merciaux restent très recherchés par les investisseurs : sauf cas particuliers, les centres portent leur propre dynamique commerciale et lorsque celle-ci est établie, présentent des fondamentaux sains, et affichent un bon dynamisme des enseignes.

Cette forme de distribution totalise aujourd’hui un peu plus de 710 centres et 32 000 points de vente (chiffres de juin 2010) et représente le quart du chiffre d’affaires du commerce de détail. Mais ce segment a connu son heure de gloire, et la grande distribution subit aujourd’hui de plein fouet la mode du rapprochement des commerces vers le consommateur sur laquelle surfent les nouveaux concepts de distribution en centre-ville.

Pas question pour autant de laisser la place libre aux com- merces de proximité, dont une part croissante se structure en puissantes chaînes de franchisés. apparu timidement il y a déjà des années émerge peu à peu le concept de centres commerciaux urbains, de taille nécessairement plus réduite et avec une offre réorientée sur l’alimentaire et le service, au détriment de l’équipement de la maison.

Cette première réponse de la grande distribution à la crise de son modèle se conjugue à une floraison de nouveaux

modes et canaux de vente, présentés comme une améliora- tion du service rendu à la clientèle.

ainsi, l’exemple du drive, qui permet à une clientèle pressée de commander ses courses sur le Net pour les récupérer en voiture le plus rapidement possible, est porteur d’enseigne- ments pour l’avenir.

On pourrait le prendre pour un avatar un tantinet désuet du drive-in des années 1950 ; grave erreur ! Ce serait oublier qu’il ouvre la porte du marché des produits alimentaires à MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT DANS LES HAUTS-DE-SEINE au 30/06/2011

Boutiques taux de rendement net immédiat plancher

Secteurs recherchés Autres secteurs

% Variation en points de base depuis

le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché % Variation

en points de base depuis le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché

Levallois-Neuilly 6,00 – 75 = 7,00 – 75 =

boulogne 6,00 – 75 = 7,50 – 50 =

Issy-les-Moulineaux 5,75 – 75 = 7,50 – 50 =

rueil-Malmaison 6,25 – 25 = 7,25 – 25 =

MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT EN RÉGIONS AU 30/06/2011

Boutiques taux de rendement net immédiat plancher

Secteurs recherchés Autres secteurs

% Variation en points de base depuis

le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché % Variation

en points de base depuis le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché

Lyon 5,50 – 50 = 7,00 – 75 =

Marseille 5,75 – 50 = 7,25 – 25 =

bordeaux 5,00 – 50 k 6,75 – 25 k

toulouse 5,25 – 25 = 7,00 0 =

Nantes 6,00 – 50 = 7,25 – 25 =

Lille 5,50 – 10 = 7,50 – 75 =

source : marche-immo.com

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42 LE MARCHÉ DES COMMERCES EN FRANCE ÉTUDES 43

(7)

l’e-commerce, et participe à ce titre aux nouveaux canaux par lesquels l’économie de l’Internet investit peu à peu les centres commerciaux de périphérie.

Dans le même temps, ce que l’on appelle peut-être à tort le

« multicanal » prend son essor dans les magasins d’équipe- ment de la personne ou de la maison : le centre commercial

« en 3D » reste ouvert toute l’année 24 h/24, et prend des commandes qui se font au choix en rayon, depuis une borne placée à l’entrée du magasin, dans la rue sur un smartphone ou chez soi depuis un ordinateur.

Il ne s’agit plus, alors, d’anticiper les besoins nouveaux de consommateurs plus volages, mais bien d’une stratégie de défense du commerce non alimentaire face à la cannibalisa- tion annoncée de l’e-commerce, au moment où l’on redoute une érosion des chiffres de ventes de produits d’équipement.

Les investisseurs constatent, pour l’heure, que les valeurs locatives sont mécaniquement en hausse et les taux de vacance en baisse, cela en dépit d’une relative morosité de la fréquentation.

Le repli constaté de l’investissement en centres commer- ciaux ne contredit pas l’intérêt des investisseurs pour le commerce, mais peut s’expliquer par le recul des transac- tions d’envergure, notamment en centres commerciaux.

À l’instar de ce qui se passe sur le marché tertiaire, la rareté des centres commerciaux prime disponibles ne favorise que partiellement le report des investisseurs vers des actifs secondaires, et ne suffit pas à les faire revenir sur les actifs jugés à risque.

La baisse constatée des taux de rendement en centres com- merciaux reflète ainsi une certaine rareté de l’offre et une concurrence tendue entre les investisseurs sur un trop petit nombre de produits.

Quelques-unes des transactions les plus notables de 2011 à ce jour

◗ La cession du portefeuille « Quid 2 » par Unibail- rodamco. Quatre actifs ont d’abord été vendus à divers acquéreurs, puis une seconde tranche, composée de deux centres commerciaux, a été cédée à Grosvenor Fund Management pour 148 M€ et un taux de 4,80 % (ce dernier

rendement constaté sur le centre commercial « Marseille bonneveine »).

◗ Le portefeuille but (15 actifs) cédé à bNP.

◗ Le centre commercial « saint-Jacques », à Metz, acquis par Corio pour 96 M€.

◗ Le centre commercial de Pessac, acquis par Union Invest- ment pour 63 M€.

◗ On ajoutera la restructuration en cours du centre « beau- grenelle », en front de seine, à Paris, les « terrasses du Port », à Marseille, « Plein-air », au blanc-Mesnil, etc.

LES UNITÉS SITUÉES DANS LES PARCS D’ACTIVITÉS COMMERCIALES

Vers une remise en cause du modèle ?

Plus encore que le segment des centres commerciaux dont il est un cousin, ce secteur est de loin plus affecté par la crise : avec 65 M d’engagements relevés au premier semestre 2011 (hors l’opération du futur retail park Costières, à Nîmes (28 500 m2, cédé en VEFa par Icade à altaréa), le marché se situe en retrait de 38 % par rapport à la même période de 2010.

Il faut dire que l’hétérogénéité domine ici ; on y trouve un peu de tout, du meilleur comme du pire.

Les plus anciens parcs, datant des années 1970 et créés par génération spontanée, s’étalent en entrée de ville de façon anarchique, au grand dam des urbanistes et des aména- geurs. sauf que, forts de leur ancienneté et de leur fréquen- tation, ils demeurent aussi les plus vigoureux, à l’image de celui de la « Patte d’Oie d’Herblay », qui forme depuis 30 ans l’une des toutes premières zones commerciales d’Île-de-France.

À cette première génération de retail parks ont succédé des ensembles mieux structurés, plus plaisants et mieux maî- trisés au plan urbanistique. Pourtant, ceux-là n’échappent pas à l’obsolescence et les plus vieillissants font aujourd’hui peau neuve, quand ils ne subissent pas une reconstruction complète comme la « Cerisaie », à Fresnes.

Le souci de la qualité a pris le pas sur le développement à tout prix. C’est aussi le résultat de l’exigence du marché de l’investissement, marqué par l’aversion au risque et la

concurrence accrue des investisseurs sur des actifs plus core que jamais et donc à plus faible rentabilité locative.

C’est ainsi que l’on a vu se conclure quelques transactions sous la barre des 6 % de rendement net, le plus bas se situant autour de 5,75 %, en baisse de plus de 100 pb par rapport à 2010 (le plus préoccupant étant l’écrasement de la prime de risque entre le prime et l’Oat autour de 230 pb).

À l’inverse, les montants investis sur les parcs d’activités commerciales en situation secondaire demeurent très faibles, voire anecdotiques dans certaines régions.

4.4 / les mutations en cours de l’industrie commerciale

NOUVEAUX CANAUX ET NOUVEAUX CONCEPTS DE DISTRIBUTION

Quand la précarité devient source de chiffre d’affaires À chaque période son lot de nouveautés. 2010 et 2011 ont vu naître le concept du magasin d’implantation précaire, dit

« pop-up store » (par exemple : Uniqlo, à l’Étoile).

On connaissait les baux précaires (moins de 24 mois), utiles pour des implantations provisoires sur un secteur de chalan- dise avéré, en attendant des travaux importants ou la libéra- tion d’une surface d’implantation définitive. On connaissait la pépinière d’entreprises dans le secteur tertiaire, formule qui fidélise des tPE ou PME à la recherche d’un bureau local, pourquoi ne pas la transposer à l’immobilier commercial ? Le pop-up store va bien au-delà du concept du « local com- mercial de secours en attendant mieux ». Lorsqu’il est établi

MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT EN RÉGIONS AU 30/06/2011 Parcs d’activités

commerciales taux de rendement net immédiat plancher

Secteurs recherchés Autres secteurs

% Variation en points de base depuis

le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché % Variation

en points de base depuis le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché

Lyon 6,5 – 50 = 7,5 – 50 =

Marseille 6,5 – 50 = 7,5 – 75 =

bordeaux 6,5 0 k 7,5 0 k

toulouse 7,0 – 50 = 8,0 – 50 =

Nantes 6,5 – 50 = 7,5 – 50 =

Lille 6,5 – 50 = 7,5 – 75 =

source : marche-immo.com.

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44 LE MARCHÉ DES COMMERCES EN FRANCE ÉTUDES 45

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l’e-commerce, et participe à ce titre aux nouveaux canaux par lesquels l’économie de l’Internet investit peu à peu les centres commerciaux de périphérie.

Dans le même temps, ce que l’on appelle peut-être à tort le

« multicanal » prend son essor dans les magasins d’équipe- ment de la personne ou de la maison : le centre commercial

« en 3D » reste ouvert toute l’année 24 h/24, et prend des commandes qui se font au choix en rayon, depuis une borne placée à l’entrée du magasin, dans la rue sur un smartphone ou chez soi depuis un ordinateur.

Il ne s’agit plus, alors, d’anticiper les besoins nouveaux de consommateurs plus volages, mais bien d’une stratégie de défense du commerce non alimentaire face à la cannibalisa- tion annoncée de l’e-commerce, au moment où l’on redoute une érosion des chiffres de ventes de produits d’équipement.

Les investisseurs constatent, pour l’heure, que les valeurs locatives sont mécaniquement en hausse et les taux de vacance en baisse, cela en dépit d’une relative morosité de la fréquentation.

Le repli constaté de l’investissement en centres commer- ciaux ne contredit pas l’intérêt des investisseurs pour le commerce, mais peut s’expliquer par le recul des transac- tions d’envergure, notamment en centres commerciaux.

À l’instar de ce qui se passe sur le marché tertiaire, la rareté des centres commerciaux prime disponibles ne favorise que partiellement le report des investisseurs vers des actifs secondaires, et ne suffit pas à les faire revenir sur les actifs jugés à risque.

La baisse constatée des taux de rendement en centres com- merciaux reflète ainsi une certaine rareté de l’offre et une concurrence tendue entre les investisseurs sur un trop petit nombre de produits.

Quelques-unes des transactions les plus notables de 2011 à ce jour

◗ La cession du portefeuille « Quid 2 » par Unibail- rodamco. Quatre actifs ont d’abord été vendus à divers acquéreurs, puis une seconde tranche, composée de deux centres commerciaux, a été cédée à Grosvenor Fund Management pour 148 M€ et un taux de 4,80 % (ce dernier

rendement constaté sur le centre commercial « Marseille bonneveine »).

◗ Le portefeuille but (15 actifs) cédé à bNP.

◗ Le centre commercial « saint-Jacques », à Metz, acquis par Corio pour 96 M€.

◗ Le centre commercial de Pessac, acquis par Union Invest- ment pour 63 M€.

◗ On ajoutera la restructuration en cours du centre « beau- grenelle », en front de seine, à Paris, les « terrasses du Port », à Marseille, « Plein-air », au blanc-Mesnil, etc.

LES UNITÉS SITUÉES DANS LES PARCS D’ACTIVITÉS COMMERCIALES

Vers une remise en cause du modèle ?

Plus encore que le segment des centres commerciaux dont il est un cousin, ce secteur est de loin plus affecté par la crise : avec 65 M d’engagements relevés au premier semestre 2011 (hors l’opération du futur retail park Costières, à Nîmes (28 500 m2, cédé en VEFa par Icade à altaréa), le marché se situe en retrait de 38 % par rapport à la même période de 2010.

Il faut dire que l’hétérogénéité domine ici ; on y trouve un peu de tout, du meilleur comme du pire.

Les plus anciens parcs, datant des années 1970 et créés par génération spontanée, s’étalent en entrée de ville de façon anarchique, au grand dam des urbanistes et des aména- geurs. sauf que, forts de leur ancienneté et de leur fréquen- tation, ils demeurent aussi les plus vigoureux, à l’image de celui de la « Patte d’Oie d’Herblay », qui forme depuis 30 ans l’une des toutes premières zones commerciales d’Île-de-France.

À cette première génération de retail parks ont succédé des ensembles mieux structurés, plus plaisants et mieux maî- trisés au plan urbanistique. Pourtant, ceux-là n’échappent pas à l’obsolescence et les plus vieillissants font aujourd’hui peau neuve, quand ils ne subissent pas une reconstruction complète comme la « Cerisaie », à Fresnes.

Le souci de la qualité a pris le pas sur le développement à tout prix. C’est aussi le résultat de l’exigence du marché de l’investissement, marqué par l’aversion au risque et la

concurrence accrue des investisseurs sur des actifs plus core que jamais et donc à plus faible rentabilité locative.

C’est ainsi que l’on a vu se conclure quelques transactions sous la barre des 6 % de rendement net, le plus bas se situant autour de 5,75 %, en baisse de plus de 100 pb par rapport à 2010 (le plus préoccupant étant l’écrasement de la prime de risque entre le prime et l’Oat autour de 230 pb).

À l’inverse, les montants investis sur les parcs d’activités commerciales en situation secondaire demeurent très faibles, voire anecdotiques dans certaines régions.

4.4 / les mutations en cours de l’industrie commerciale

NOUVEAUX CANAUX ET NOUVEAUX CONCEPTS DE DISTRIBUTION

Quand la précarité devient source de chiffre d’affaires À chaque période son lot de nouveautés. 2010 et 2011 ont vu naître le concept du magasin d’implantation précaire, dit

« pop-up store » (par exemple : Uniqlo, à l’Étoile).

On connaissait les baux précaires (moins de 24 mois), utiles pour des implantations provisoires sur un secteur de chalan- dise avéré, en attendant des travaux importants ou la libéra- tion d’une surface d’implantation définitive. On connaissait la pépinière d’entreprises dans le secteur tertiaire, formule qui fidélise des tPE ou PME à la recherche d’un bureau local, pourquoi ne pas la transposer à l’immobilier commercial ? Le pop-up store va bien au-delà du concept du « local com- mercial de secours en attendant mieux ». Lorsqu’il est établi

MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT EN RÉGIONS AU 30/06/2011 Parcs d’activités

commerciales taux de rendement net immédiat plancher

Secteurs recherchés Autres secteurs

% Variation en points de base depuis

le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché % Variation

en points de base depuis le 01/01/2011

Perspectives court terme

marché

Lyon 6,5 – 50 = 7,5 – 50 =

Marseille 6,5 – 50 = 7,5 – 75 =

bordeaux 6,5 0 k 7,5 0 k

toulouse 7,0 – 50 = 8,0 – 50 =

Nantes 6,5 – 50 = 7,5 – 50 =

Lille 6,5 – 50 = 7,5 – 75 =

source : marche-immo.com.

k Hausse = stabilité

44 LE MARCHÉ DES COMMERCES EN FRANCE ÉTUDES 45

(9)

sur un emplacement n° 1 ou 1bis, il s’adresse à des enseignes qui éprouvent un réel besoin de visibilité ou souhaitent effectuer un test marketing sur une gamme de produits ou un concept de distribution novateur, avant d’engager les frais d’une implantation « lourde ».

Pour la clientèle, l’attractivité reposera sur la nouveauté et l’originalité des produits distribués, mais aussi sur la notoriété et la diversité des enseignes installées. Nul doute que le succès de la formule dépendra surtout de l’habileté du gestionnaire à sélectionner ses locataires et à piloter l’événementiel du « store » sur la longue période.

Faut-il prendre le train en marche pour se rapprocher du consommateur ?

Les kiosques de gare sont, depuis 150 ans, un lieu où se vendent billets, repas, provisions de bouche, souvenirs et cartes postales. À une époque récente (une trentaine d’années, tout au plus) sont arrivées les galeries marchandes, qui filtrent un public pressé sur des passages à « circulation forcée ».

Leur succès considérable – source de ressources annexes pour la sNCF (et désormais pour rFF) – a montré que les gares permettaient le développement de véritables centres commerciaux, calibrés toutefois pour l’exiguïté du site.

sur Paris, l’accent est de nouveau porté sur les zones de flux, avec l’ouverture prochaine de « Cœur saint-Lazare » et de ses 80 boutiques, ou plus modestement avec les espaces commerciaux dans le métro comme « benow », installé à côté de Darty, à la Madeleine.

sur la province, on a remarqué tout récemment le concept

« Monop’station », ouvert à strasbourg, et bientôt à thionville et à Chartres. À terme, ce sont pas moins de 80 gares qui pourraient bénéficier de ce type d’implantations d’extrême proximité.

Small is beautiful

alors que les magasins à très grande surface n’ont plus la cote auprès des consommateurs, une tendance antagoniste se fait jour avec la réduction des surfaces prises en location par les grandes enseignes, qui s’intéressent à des concepts de « coques » plus petites.

Celles-ci nécessitent des investissements moins lourds face à des volumes de consommation incertains, mais présentent toutefois l’inconvénient de limiter la surface d’exposition, et donc la diversité de l’offre.

Des volumes plus réduits participent aussi de l’idée de mul- tiplication des points de vente pour les rapprocher de la clientèle, quitte à jouer davantage la carte de la spécialisa- tion des implantations.

Le Net et ses avatars

Descendant de l’antique VPC, l’e-commerce – « star » du moment – représente aujourd’hui à peine 5 % des ventes, mais progresse au rythme de 15 à 20 % par an. Il se décline désormais en formats adaptés à l’Internet mobile :

◗ le « mobile-commerce », qui connaîtra bientôt l’arrivée du paiement NFC (near field communication) via le portable ;

◗ le « tablet-commerce », variante proche du précédent.

La technologie NFC consiste à embarquer un terminal de paiement dans une puce qui intégrera les smartphones de demain. Certaines études tablent sur un développement exponentiel (un milliard de puces seraient produites d’ici à 2015), qui modifiera de façon considérable l’acte d’achat en mobilité, au détriment de la carte bancaire.

Impossible, également, de passer à côté de la tendance lourde du moment : la distribution multicanale, qui intègre magasins physiques et vente en ligne. au point qu’une fon-

cière spécialisée dans ce type d’actif vient même d’être créée par altaréa-Cogedim, qui s’est récemment illustrée par le rachat du site bien connu « rue du Commerce ». Cette évo- lution est intéressante, car elle ne procède pas de l’adjonc- tion de services Web à un mode de distribution classique en magasin. Le multicanal traduit une inflexion de l’e-com- merce initiée par des sites marchands Internet (dits « pure players ») en recherche de visibilité et de clientèles élargies.

Constatant que des pans entiers de clientèle sont absents d’Internet, ces sites ont fait le pari de prendre à bail des locaux commerciaux « physiques » à loyer de marché, chose nouvelle et culturellement dérangeante pour des entreprises plus habituées à louer de la logistique sur des sites secondaires.

avec le multicanal se profile une évolution majeure qui répond à une demande en mutation : la distribution « phy- sique » en magasin devient peu à peu indissociable du cata- logue en ligne, surtout lorsqu’elle évolue vers le « click n’

mortar » (clic + magasin), au point que l’on ne pourra bien- tôt plus distinguer la provenance du chiffre d’affaires, entre le site et l’offre en magasin. si à des murs de boutique n’est plus associé un chiffre d’affaires déterminé, pourra- t-on encore considérer qu’il y a exploitation d’un fonds et que les conditions du décret de 1953 sont remplies ? En d’autres termes, ne sommes-nous pas en train d’assister à une dématérialisation progressive du fonds de commerce ?

4.5 / Quelles PersPectives À court terme ?

à six mois

La baisse de la consommation des ménages se confirme ; quel que soit le scénario d’évolution de la conjoncture internatio- nale – récession, reprise ou inflation –, nous devons nous attendre à un net ralentissement des volumes distribués.

Cette période plus difficile devrait freiner le développement quantitatif des enseignes, qui chercheront la diversification et testeront des concepts nouveaux, probablement moins dispendieux que les « flagships » des dernières années. Des arbitrages féroces pourraient même être réalisés sur les points de vente insuffisamment performants, ou des situa- tions aux loyers surcotés.

On ne prendra guère de risques en prédisant que le mar- ché de l’immobilier commercial sera plus sélectif dans les prochains mois : ainsi les boutiques de ville en situation secondaire et les zones commerciales moins fréquentées devraient-elles sous-performer en termes de loyers et de vacance locative, avec des rendements en hausse sensible, contrepartie de la charge du risque.

Les investisseurs, confrontés à la perspective de restric- tions sur le crédit, se montreront encore plus exigeants : dans les faits, la majorité continueront de se disputer l’offre très restreinte des immeubles « core », dont les rendements devraient demeurer à leur niveau actuel, et pourraient même encore baisser si les autres classes d’actifs déçoivent. Pas sûr, dans ces conditions, que même le label bbC soit un argument suffisant si la commercialité n’est pas au rendez-vous.

si l’on a déploré le manque d’audace de certains, c’est qu’en réalité, la conjoncture ne permet plus d’avoir une vision de long terme sur les produits à risque et rendement élevés, vision susceptible de fonder un cash-flow stable, fondement d’une politique d’investissement réaliste.

Que l’on soit preneur ou bailleur, de nouveaux défis et de nouveaux enjeux replacent la qualité au centre des projets.

Il faut s’en réjouir : une période d’incertitude ou d’inflation sera toujours une incitation forte au retour vers un investis- sement en immobilier qualitatif, dont la performance de long terme n’a jamais été écornée.

Car telles sont les tendances contradictoires de l’immobilier de commerce.

46 LE MARCHÉ DES COMMERCES EN FRANCE ÉTUDES 47

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sur un emplacement n° 1 ou 1bis, il s’adresse à des enseignes qui éprouvent un réel besoin de visibilité ou souhaitent effectuer un test marketing sur une gamme de produits ou un concept de distribution novateur, avant d’engager les frais d’une implantation « lourde ».

Pour la clientèle, l’attractivité reposera sur la nouveauté et l’originalité des produits distribués, mais aussi sur la notoriété et la diversité des enseignes installées. Nul doute que le succès de la formule dépendra surtout de l’habileté du gestionnaire à sélectionner ses locataires et à piloter l’événementiel du « store » sur la longue période.

Faut-il prendre le train en marche pour se rapprocher du consommateur ?

Les kiosques de gare sont, depuis 150 ans, un lieu où se vendent billets, repas, provisions de bouche, souvenirs et cartes postales. À une époque récente (une trentaine d’années, tout au plus) sont arrivées les galeries marchandes, qui filtrent un public pressé sur des passages à « circulation forcée ».

Leur succès considérable – source de ressources annexes pour la sNCF (et désormais pour rFF) – a montré que les gares permettaient le développement de véritables centres commerciaux, calibrés toutefois pour l’exiguïté du site.

sur Paris, l’accent est de nouveau porté sur les zones de flux, avec l’ouverture prochaine de « Cœur saint-Lazare » et de ses 80 boutiques, ou plus modestement avec les espaces commerciaux dans le métro comme « benow », installé à côté de Darty, à la Madeleine.

sur la province, on a remarqué tout récemment le concept

« Monop’station », ouvert à strasbourg, et bientôt à thionville et à Chartres. À terme, ce sont pas moins de 80 gares qui pourraient bénéficier de ce type d’implantations d’extrême proximité.

Small is beautiful

alors que les magasins à très grande surface n’ont plus la cote auprès des consommateurs, une tendance antagoniste se fait jour avec la réduction des surfaces prises en location par les grandes enseignes, qui s’intéressent à des concepts de « coques » plus petites.

Celles-ci nécessitent des investissements moins lourds face à des volumes de consommation incertains, mais présentent toutefois l’inconvénient de limiter la surface d’exposition, et donc la diversité de l’offre.

Des volumes plus réduits participent aussi de l’idée de mul- tiplication des points de vente pour les rapprocher de la clientèle, quitte à jouer davantage la carte de la spécialisa- tion des implantations.

Le Net et ses avatars

Descendant de l’antique VPC, l’e-commerce – « star » du moment – représente aujourd’hui à peine 5 % des ventes, mais progresse au rythme de 15 à 20 % par an. Il se décline désormais en formats adaptés à l’Internet mobile :

◗ le « mobile-commerce », qui connaîtra bientôt l’arrivée du paiement NFC (near field communication) via le portable ;

◗ le « tablet-commerce », variante proche du précédent.

La technologie NFC consiste à embarquer un terminal de paiement dans une puce qui intégrera les smartphones de demain. Certaines études tablent sur un développement exponentiel (un milliard de puces seraient produites d’ici à 2015), qui modifiera de façon considérable l’acte d’achat en mobilité, au détriment de la carte bancaire.

Impossible, également, de passer à côté de la tendance lourde du moment : la distribution multicanale, qui intègre magasins physiques et vente en ligne. au point qu’une fon-

cière spécialisée dans ce type d’actif vient même d’être créée par altaréa-Cogedim, qui s’est récemment illustrée par le rachat du site bien connu « rue du Commerce ». Cette évo- lution est intéressante, car elle ne procède pas de l’adjonc- tion de services Web à un mode de distribution classique en magasin. Le multicanal traduit une inflexion de l’e-com- merce initiée par des sites marchands Internet (dits « pure players ») en recherche de visibilité et de clientèles élargies.

Constatant que des pans entiers de clientèle sont absents d’Internet, ces sites ont fait le pari de prendre à bail des locaux commerciaux « physiques » à loyer de marché, chose nouvelle et culturellement dérangeante pour des entreprises plus habituées à louer de la logistique sur des sites secondaires.

avec le multicanal se profile une évolution majeure qui répond à une demande en mutation : la distribution « phy- sique » en magasin devient peu à peu indissociable du cata- logue en ligne, surtout lorsqu’elle évolue vers le « click n’

mortar » (clic + magasin), au point que l’on ne pourra bien- tôt plus distinguer la provenance du chiffre d’affaires, entre le site et l’offre en magasin. si à des murs de boutique n’est plus associé un chiffre d’affaires déterminé, pourra- t-on encore considérer qu’il y a exploitation d’un fonds et que les conditions du décret de 1953 sont remplies ? En d’autres termes, ne sommes-nous pas en train d’assister à une dématérialisation progressive du fonds de commerce ?

4.5 / Quelles PersPectives À court terme ?

à six mois

La baisse de la consommation des ménages se confirme ; quel que soit le scénario d’évolution de la conjoncture internatio- nale – récession, reprise ou inflation –, nous devons nous attendre à un net ralentissement des volumes distribués.

Cette période plus difficile devrait freiner le développement quantitatif des enseignes, qui chercheront la diversification et testeront des concepts nouveaux, probablement moins dispendieux que les « flagships » des dernières années. Des arbitrages féroces pourraient même être réalisés sur les points de vente insuffisamment performants, ou des situa- tions aux loyers surcotés.

On ne prendra guère de risques en prédisant que le mar- ché de l’immobilier commercial sera plus sélectif dans les prochains mois : ainsi les boutiques de ville en situation secondaire et les zones commerciales moins fréquentées devraient-elles sous-performer en termes de loyers et de vacance locative, avec des rendements en hausse sensible, contrepartie de la charge du risque.

Les investisseurs, confrontés à la perspective de restric- tions sur le crédit, se montreront encore plus exigeants : dans les faits, la majorité continueront de se disputer l’offre très restreinte des immeubles « core », dont les rendements devraient demeurer à leur niveau actuel, et pourraient même encore baisser si les autres classes d’actifs déçoivent. Pas sûr, dans ces conditions, que même le label bbC soit un argument suffisant si la commercialité n’est pas au rendez-vous.

si l’on a déploré le manque d’audace de certains, c’est qu’en réalité, la conjoncture ne permet plus d’avoir une vision de long terme sur les produits à risque et rendement élevés, vision susceptible de fonder un cash-flow stable, fondement d’une politique d’investissement réaliste.

Que l’on soit preneur ou bailleur, de nouveaux défis et de nouveaux enjeux replacent la qualité au centre des projets.

Il faut s’en réjouir : une période d’incertitude ou d’inflation sera toujours une incitation forte au retour vers un investis- sement en immobilier qualitatif, dont la performance de long terme n’a jamais été écornée.

Car telles sont les tendances contradictoires de l’immobilier de commerce.

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